blason de La Roche

La Roche-Maurice

accueil

La commune de La Roche-Maurice

Plan de La Roche   Justiçou    Pont ar Bled    Milin Eol    Milin ar Roc'h    Kermeur    Kermadec    Ligoulven    Pont ar Groaz    Kerigeant    La Roche-Blanche    La Fonderie    Brezal    Le Frout / Elorn    Le Frout / St-Jean    Kerlys    Roc'h Morvan    Le Pontois    Kernevez    Keraoul    Kerfaven    Thermes et villa 
 gallo-romaine 
X
  Chateaux et manoirs      Moulins

Plan d'ensemble de la commune

Depuis la révolution La Roche-Maurice faisait partie :
- du canton de Ploudiry et
- de l'arrondissement de Brest,
ainsi que La Martyre.

Alors que les autres communes limitrophes Plouneventer, St-Servais et Bodilis se trouvaient
- dans le canton de Landivisiau
- et l'arrondissement de Morlaix,
Pencran et Plouedern étaient dans le canton de Landerneau.

 

Depuis 2014, La Roche-Maurice fait partie du canton de Landerneau qui comprend : La Forest-Landerneau, Landerneau, Lanneuffret, Pencran, Plouédern, La Roche-Maurice, Saint-Divy, Saint-Thonan, Trémaouézan.
Le canton de Landivisiau comprend : Bodilis, Commana, Guiclan, Guimiliau, Lampaul-Guimiliau, Landivisiau, Loc-Éguiner, Locmélar, Plougar, Plougourvest, Plounéventer, Plouvorn, Plouzévédé, Saint-Derrien, Saint-Sauveur, Saint-Servais, Saint-Vougay, Sizun, Trézilidé.

La Roche-Maurice fait partie de la Communauté de Communes du Pays de Landerneau Daoulas, comme Ploudiry, La Martyre, Pencran, Plouedern.
Alors que Plouneventer, St-Servais, Bodilis, se trouvent dans la Communauté de Communes du Pays de Landivisiau.

Total : 50.108  
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Diminution progressive
suivie d'un plateau
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Accroissement
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Création d'un lotissement communal inauguré en 1982
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Rattachement du sud
de Plouneventer le 15/7/1948

Un lotissement communal fut inauguré en 1982. A la fois la conséquence de la croissance de la population, il en est aussi surtout la cause car il a permis à de nouvelles familles de venir s'installer à La Roche. Il était découpé en 12 lots et situé entre Pesmarc'h et Kerguinou.

Agrandissement de la commune de La Roche

Le 15 juillet 1948 1 la commune de Plouneventer perd 200 hectares au profit de la Roche-Maurice, qui incorpore la partie au nord de la commune soit les villages de Kéravelloc, Créac'h-Miloc, Ty-Carré, Traon-Lez, Le Lez, Lez-Elorn, Lez-ar-Ster, Ker-Gabrielle, Ty-Ménez, Minoterie Branellec, Kerlys et les Plants. Voir sur la carte plus haut toute la zone de La Roche au nord de l'Elorn. Le moulin de Kerigeant et Kerlys, aujourd'hui à La Roche, étaient donc avant 1948 en Plouneventer.

La demande de rattachement à La Roche de la vallée de l'Elorn avait fait l'objet d'une délibération du conseil municipal le 9/12/1945, qui expose les raisons de cette demande.  .

Précédement une pétition avait été proposée, le 20/6/1945, à la signature des 120 électeurs de ces villages, 117 se déclarèrent pour leur rattachement à La Roche. Deux personnes de Creac'h-Miloc n'ont pas signé la pétition car elles appartenaient au conseil municipal de Plounéventer. Mais le maire de La Roche, Hervé Marie Morvan, affirmait qu'elles étaient favorables à ce rattachement. La pétition fut adressée à la préfecture le 23/11/1945, après des négociations avec Plouneventer, qui s'y opposa formellement, et la décision du conseil municipal de La Roche (source Fonds du cabinet du Préfet - ADQ 200 W 294).

La marquise de Lavillasse à Kerlys signa cette pétition, cf l'extrait des signatures plus bas :

Le moulin de La Roche-Blanche et le domaine de La Fonderie restèrent attachés à Plounéventer, pour la raison, dit-on, que Jacques Cann, était propriétaire de ces deux domaines et maire de Plouneventer jusqu'en 1938.

Conseil municipal de La Roche - Délibération du 9/12/1945 - Rattachement de la Vallée d'Elorn.

Monsieur le Maire donne lecture au Conseil d'une pétition signée par les habitants de la Vallée d'Elorn et demandant le rattachement de leur territoire à la commune de La Roche. Le maire fait ressortir l'intérêt des arguments présentés par les intéressés et notamment l'éloignement de la Vallée d'Elorn du chef-lieu de la commune de Plounéventer (6 km), éloignement qui a pour conséquence d'obliger les habitants à de longs déplacements chaque fois qu'ils doivent se rendre à la mairie. Il rappelle que cette situation a été reconnue par la Poste qui a rattaché la vallée d'Elorn au Bureau de La Roche.

Considérant, d'autre part, les sacrifices consentis par la commune pour les habitants de la Vallée d'Elorn en ce qui concerne les services suivants :
1 - Electrification,
2 - Service d'eau,
3 - Fréquentation de nos écoles par les enfants,
4 - Services religieux et inhumations dans nos cimetières,
qu'aucun profit ne vient compenser ces dépenses supportées par la commune de La Roche, à l'encontre de la commune de Plounéventer qui n'en retire que des avantages, qu'en conséquence la mairie ne peut continuer à consentir des sacrifices pour des habitants qui ne font pas partie de sa commune,

Vu la pétition adressée à la Préfecture le 23 novembre 1945 et signée à l'unanimité des intéressés.

Vu la délibération du conseil municipal du 3 juin 1945 votant en principe une subvention pour l'établissement des plans nécessaires au rattachement.

Considérant que par la situation géographique, économique et administrative cette vallée fait partie de La Roche, que, du reste, ce projet de rattachement existe depuis plusieurs années, qu'une pétition a déjà été soumise au Conseil en août 1925 et que des délibérations ont été prises à ce sujet,

Le Conseil demande instamment au Gouvernement, en vue de l'intérêt général, la reconnaissance légale de cette annexion qui existe en fait. Fermer X

Quelques dizaines d'années plus tard, le rattachement maintenu de La Fonderie et de la Roche-Blanche à Plouneventer pose toujours problème. Une demande des habitants pour un rattachement à La Roche avait été acceptée en octobre 1984 par le conseil municipal. Mais Plouneventer s'y est opposé. Pourtant les arguments avancés par Michel Caroff, informaticien habitant l'ancien moulin à papier, à cette date, ne manquent pas de poids :

1 Cette modification communale sera suivie d'une modification paroissiale comme l'indique l'Ouest-France du 22/11/1948 : "Nouvelles religieuses. Agrandissement de paroisse. - En vertu d'une ordonnance épiscopale, en date du 18 novembre, les villages de Plouneventer, qui ont été rattachés au civil par décret ministériel du 15 juillet 1948 à la commune de La Roche-Maurice, le sont également au religieux. La partie de la paroisse de Plouneventer rattachée à La Roche-Maurice comprend : les villages de Keravelloc, Creac'h Miloc, Ty-Carré, Traon-Lez, Lez-Elorn, Lez-ar-Ster, Ker-gabrielle, Ty-menez, Minoterie Branellec, Kerlys et Les Plants."

Plus tard, en 1963, le quartier de Pont-ar-Bled et les maisons qui bordent la D712 jusqu'au Forestic, maintenus à Plouedern du point de vue communal, seront intégrés à la paroisse de La Roche (BM déc. 1985).

La paroisse de La Roche

 

Le bourg de La Roche

1
1
2
2
3
3
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4
5
Pour monter au bourg :
1
Rue des remparts
2
Le "Riboulic"
3
Ancien chemin abrupt (supprimé)
4
Rue du Morbic
5
Route du Château
A
A
A
Place du Château, ex Place aux Porcs
B
B
Grand' Place, ex Place Publique
C
C
Place de l'église, ex Place aux Vaches
D
D
Pl. Bishopsteignton, ex Place aux Veaux
E
E
Premier emplacement de la bascule

Cadastre napoléonien de 1811 Cadastre renové de 1934-1936 (229 W 197)

En comparant ces deux plans du cadastre, quelques questions peuvent se poser :

Voir un plan intéressant, celui de 1905, dans un autre chapitre.

1 - Quand la route qui monte aujourd'hui du passage à niveau vers le bourg, en contournant le château, a-t-elle été construite ? Cette route qui est appelée "chemin vicinal ordinaire n° 1" sur le plan du cadastre rénové, aujourd'hui "route du château". Lire la réponse

2 - Comment s'appelaient autrefois les places du bourg ? Lire la réponse

3 - Le cimetière : le plan de 1811 montre que le cimetière était très petit et se limitait aux abords immédiats de l'église. Quand a-t-il été agrandi ? Lire la réponse

1 - Quand a été construite la route qui monte aujourd'hui du passage à niveau vers le bourg, en contournant le château ? Cette route qui est appelée "chemin vicinal ordinaire n° 1" sur le plan du cadastre rénové, aujourd'hui "route du château".

Premiers travaux :

Voici ce que disait Max Radiguet dans son livre A travers la Bretagne publié en 1865. L'auteur, parti de Landerneau, venait de traverser l'Elorn sur le pont de La Roche :
"Une route et un sentier conduisent au bourg. Par le premier qui est ardu et raboteux, l'on monte : l'on peut même arriver en voiture ; par le second qui semble le lit d'un torrent desséché, l'on grimpe : il n'est donc accessible qu'aux piétons".

Pour plus de détail, lire son paragraphe LXIII. Si le livre a été publié en 1865, Radiguet a visité les lieux avant cette date et ce qu'il a vu correspondait au plan ci-contre. La route dont il parle est certainement l'actuelle "rue des remparts", que la municipalité voulait faire élargir en 1848, comme le montre la ligne de pointillés sur le plan ci-contre  . Le plan du cadastre rénové, plus haut, confirme que cet élargissement a été réalisé.

Construction de la nouvelle route :

Mais le passage par le bas de la rue des remparts pour rejoindre la nouvelle route nationale 12, créée quelques années plus tôt en 1843, ne s'avérait pas très direct et un peu étroit. La municipalité décida donc de construire la nouvelle route qu'on voit sur le plan du cadastre rénové.

Au 1er trimestre 1882, elle achète à Olivier Person de St-Servais le terrain nécessaire sur les parcelles n° 18, 19, 23, 24, 26 et 29 et à Mme veuve Vincent Perramant du Bas-bourg, le terrain sur la parcelle n° 20.

Le 4/1/1882, Mathurin Colin, entrepreneur à La Roche, est retenu comme adjudicataire des travaux à réaliser, de préférence à 3 autres soumissionnaires rochois, Joseph Le Rumeur, Jean Gourhant et Eugène Louis. C'est lui, en effet, qui proposa le rabais le plus important (19%) par rapport au prix proposé par l'administration, qui fut donc ramené à 4.927,23 francs.

Mais l'agent-voyer cantonal ayant voulu, dans son projet, faire quelques économies sur les murs de soutien du remblai, il se vit obligé, à la demande des riverains, de compléter la longueur des murs pour un montant de 4.229,05 francs (moins le rabais de 19 % qu'il voulut appliquer d'office) selon son rapport du 18/9/1882.

En 1902, le CVO n°1 ainsi que le CVO n°2 (du bourg vers La Martyre) étaient terminés, il ne restait plus qu'à améliorer la traversée du bourg en élargissant la jonction et en abattant deux maisons qui débordaient sur le passage. Le CVO n°1 avait une largeur réglementaire de 7 mètres et le CVO n°2 une largeur qui avait été "fixée à 6 mètres lors de la rectification par contournement de la côte de Kerhuella".

Elargissement de la route : On sait aussi que la route a été élargie en 1968 en même temps que le pont sur l'Elorn.

... un problème assez délicat dut être résolu. Il le fut grâce à l'extrême amabilité de la propriétaire actuelle du château, Mme la duchesse de Rohan. En effet, dans un virage extrêmement dangereux, il était nécessaire d'élargir considérablement la chaussée, laquelle devant passer de 15 à 21 mètres de large. Pour ce faire, il était nécessaire de "rogner" sur une partie du terrain appartenant à la duchesse. Celle-ci ne mit qu'une unique condition à son accord : "Je veux, dit-elle, que l'on fasse une belle route". Son voeu est exaucé, car la voie fut exécutée d'une manière réellement impeccable. André Rivier dans Le Télégramme des 6 et 7/1/1968.

Elargissement de la rue des remparts en 1848. "Par délibération du conseil municipal de La Roche en date du 29 8bre 1848, approuvé par M. le préfet du Finistère à Quimper le 7 9bre 1848, M. Lucien Gabriel Bazin, maire, est autorisé en ladite qualité à acquérir, au nom de ladite commune et pour l'élargissement du chemin vicinal n°1 1, conduisant du bourg de La Roche à l'ancienne route nationale, des propriétaires riverains, les terrains nécessaires à ladite route, savoir :
  1. de M. Yves Colloigner, cultivateur, demeurant au Quilloc en La Roche, agissant comme trésorier de la fabrique de l'église de La Roche, à ce autorisé par arrêté de M. le Préfet en date du 10/11/1848, la cession de 101 mètres superficiels de terrain à prendre dans les parcelles 35 et 55 moyennant l'indemnité de 30 francs ;
  2. de M. Jean Person, cultivateur de Crimiloc'h en Plouneventer 112 mètres superficiels de terrains à prendre dans les parcelles 34 et 53 moyennant l'indemnité de 33 francs ;
  3. de M. Piriou et consorts, représentés par M. Ollivier Le Bras, cultivateur à Lanneuffret, 62 mètres superficiels à prendre danns la parcelle 56 moyennant l'indemnité de 18,60 francs.
M. le maire s'oblige à payer auxdits propriétaires les indemnités convenues aussitôt que l'acte de vente aura été approuvé par M. le Préfet, en fournissant aux vendeurs des mandats sur le Receveur Municipal de la commune. Le maire de La Roche s'engage en outre à rétablir les clôtures de ces terrains en bon état et à l'alignement déterminé par l'état de classement des chemins vicinaux. La Roche, le 15 Xbre 1848. Le Maire, L. Bazin.

(source CVO n°1 La Roche - ADB 592 E DEPOT 37)

1 A cette date, la route contournant le château n'existant pas, c'est la rue des remparts qui portait la dénomination de "chemin vicinal n°1". X

2 - Comment s'appelaient autrefois les places du bourg ?

La maisonnette qui abrita la bascule et servit de "prison".
Entre celle-ci et l'église, la rue qui mène au chemin vicinal n° 3, dit de "Pont-Christ".

   Cliquer sur les petits livres verts, car il y a des explications sur les sujets  
 correspondants, et des photos du plan de la bascule

Autrefois, La Roche-Maurice était un bourg bien connu pour ses foires. Il n'était donc pas étonnant d'y trouver : la Place aux Porcs, la Place aux Vaches, la place aux Veaux. Mais où se situaient-elles ? Quel était l'ancien nom de la Grand' Place ? Y avait-il une place aux chevaux ?
Voir ici quelques éléments de réponse, en plus des plans ci-dessus :

Les foires de La Roche ont perduré jusqu'en 1957, et elles étaient très anciennes. Déjà, en 1407, des lettres patentes du duc de Bretagne Jean V autorisent la translation de la foire de La Roche-Maurice, du premier dimanche au premier mardi d'octobre. En 1642, Marguerite de Rohan "déclare avoir droict de lever minoges et de mesure sur tous les bleds quy se vandent à touttes les foires quy se tiennent au bourg de La Roche Morice". En 1681, dans un aveu de Louis de Rohan-Chabot, on apprend que ces foires sont au nombre de 7 par an. Au 19è siècle, L'Annuaire de Brest et de Finistère de 1835 et 1845 indique que les foires de La Roche ont lieu "le premier jeudi des mois de janvier, avril, juillet et octobre".

Depuis 1842 au moins (cf Nicolas Cornec), il y avait une grande foire mensuelle, le 1er jeudi du mois.
" Très fréquentée et animée, cette foire occupe tout le bourg : « place aux vaches » au centre bourg ; « place aux veaux » près de la bascule municipale  ; « place aux cochons » près du Château. Déjà en déclin suite à la 2ème guerre mondiale et à cause de la suprématie des foires aux chevaux de La Martyre et de Landivisiau, la foire de La Roche est supprimée en 1957 " (Roger Bras).

Voici, sous couvert des petits livres verts, quelques extraits de presse décrivant les foires de La Roche  et d'autres extraits relatant des événements perturbateurs de la foire et des fêtes  , que l'on dit avoir été assez nombreux.

X

Quelques foires

Ce qui me frappe particulièrement c'est le nombre d'animaux, cf la foire du 3/11/1921, par exemple. Cependant, il faut comprendre que ces animaux n'étaient pas présents sur les places simultanément. Il n'y a visiblement pas de foire aux chevaux au 20è siècle à La Roche. Mais celle-ci a existé au 19è, voir les droits de place à la fin de l'article du 02/02/1939.


Les foires de La Roche-Maurice et de Daoulas comptaient autrefois parmi les plus célèbres de cette région, qui marquait la séparation entre deux terroirs, jadis aussi étrangers l'un à l'autre que peuvent l'être aujourd'hui la France et l'Angleterre, par exemple. . . . . Si, après guerre, la foire de La Roche put maintenir assez facilement sa réputation, bien placée qu'elle continuait d'être à ce point de vue, il n'en fut pas de même de Daoulas, située désormais trop à l'écart des grandes voies de communication aboutissant à des centres importants de consommation. . . . . D.    (La Dépêche de Brest du 23/02/1939).

03/11/1921 - Malgré le mauvais temps, il y avait beaucoup de monde à la foire mensuelle de La Roche, surtout des acheteurs étrangers au pays. C'est ce qui explique la hausse qui s'est fait sentir sur les bêtes à cornes. Il y avait 350 à 400 vaches en foire, dont seulement 40 à 50 vaches de boucherie. La hausse était de 80 à 150 francs par bête selon les espèces. Environ 200 veaux, vendus 2,60 à 2,75 la livre sur pied, 300 à 350 cochons, environ 2,75 la livre sur pied. Les cochons de lait étaient peu nombreux. Ils se vendaient 60 francs la pièce, alors qu'il y a un mois il valaient 40 francs le couple à la foire de Landerneau. Espérons que cette hausse n'est que passagère et que grâce à la pluie, les cultivateurs pourront donner à leurs bêtes à cornes une nourriture plus abondante, plus variée et à meilleur marché. (Ouest-Eclair du 5/11/1921)

01/06/1922 - Malgré la chaleur accablante, la foire de La Roche-Maurice fut importante, mais beaucoup de cultivateurs furent dans l'obligation de quitter la place du bourg servant de champ de foire pour mettre leurs bêtes à l'abri des rayons du soleil, le long des talus des routes avoisinantes. La foire fut bonne pour le producteur. On constatait une hausse de 100 à 150 fr., suivant qualité, par vache laitière, sur les derniers cours ; la pie noire valait de 400 à 600 fr., l'armoricaine de 800 à 1.100 fr. Les veaux n'étaient pas très nombreux : une centaine à peine, vendus à raison de 1,75 à 2 fr. la livre sur pied, suivant qualité. Le marché aux cochons fut dans son ensemble bon, bien qu'une légère baisse se soit enfin produite sur les cochons de lait. La couple de ces petits porcs, de cinq à sept semaines, se vendait de 200 à 210 fr. Les gros cochons pour la charcuterie, au nombre de 60 à 80, atteignait le prix de 2 fr. la livre sur pied ; quant aux porcs d'élevage ou pour l'exportation, les demandes étaient nombreuses. On payait de 250 à 270 fr. un cochon de 70 à 80 livres. (Dépêche de Brest du 3/6/1922)

La vache bretonne "pie-noire" (tachetée blanc et noir) est célèbre pour sa petitesse, car elle ne pèse que 300 kg environ, sa sobriété et son lait abondant (2.500 litres de lait annuellement).

En croisant la minuscule "pie-rouge" avec de grands taureaux de Durham, on a obtenu une seconde race, dite "armoricaine", beaucoup plus développée (750 kg) qui triomphe chez le boucher, mais qui est moins bonne laitière.

01/12/1938 - Premier jeudi du mois : rassemblement sur la place de l'une des bourgades les plus pittoresques du Finistère, de nombreux bovins à vendre et des porcelets d'élevage.

Une vingtaine de cages à claire-voie où, dans la paille, sont rassemblés environ 150 petits et moyens cochons. A six semaines, ils se vendent 400, 450 et 475 fr. les deux ; à trois mois, de 600 à 750 fr. ; quelques unités seulement, âgés de cinq mois environ, ont atteint 550 et 575 fr. la pièce. Aucun emballement, d'ailleurs, de part ni d'autre.

Quelques veaux figuraient également à la foire. Ils ont été cédés à 4 fr. et 4,25 la livre sur pied. Ces prix, s'ils avaient porté sur un nombre important de sujets, auraient pu être considérés comme une baisse sensible, mais ce n'est pas le cas. Dans cette région, la plupart des veaux de qualité sont, d'ailleurs, conservés pour l'élevage.

Sur la place des vaches, il a passé environ 250 animaux, entre 10 et 14 heures. Moins que d'habitude, en somme. Quelques génissons seulement, bien conformés, en général, valaient de 1.000 à 1.200 fr. Assez peu de vaches laitières. Les bonnes de cette catégorie furent prestement vendues entre 2.500 et 3.000 fr.

Les amouillantes (terme qui désigne soit la vache prête à vêler, soit la vache ayant déjà vêlé, mais qui dans notre région, semble s'appliquer davantage aux vaches prêtes), étaient plus nombreuses. Dans cette section les cours sont toujours fermes. Mais la vente comporte souvent des tractations fort laborieuses. La bonne bête de 4 à 7 ans, sur le point de mettre bas, se marchandait autour de 3.000 fr. Certaines ont été vendues plus cher : 3.200 et 3.400 fr. Deux ou trois ont atteint 4.600 et une seule, d'une qualité tout à fait exceptionnelle, est arrivée au petit record de 3.800 fr. Plus bas dans l'échelle des prix, on pouvait se procurer une amouillante moyenne, quelque peu sur le déclin, pour 2.500 et même 2.300 fr. Au-dessus de 10 ans, les prix descendaient rapidement, pour tomber à 1.700 et 1.500 fr. en vaches ayant encore un peu de lait, mais assez loin du vêlage.

En résumé, baisse légère sur les porcelets ; petite baisse également sur les veaux ; baisse encore sans doute sur les vaches de moyenne et médiocre qualité, mais tendance ferme quoique demande calme sur les bonnes amouillantes.

La plupart des acheteurs ne sont pas encore familiarisés avec les très hauts prix constatés dans certaines catégories. La sagesse paysanne, lente à se décider, agit, ici instinctivement. Et puis, il y a toujours à la clef l'incertitude du temps présent.

La foire mensuelle de La Roche-Maurice mérite d'être plus suivie encore par les éleveurs en quête de bons animaux de rapport. Cette réunion se tient, en effet, au centre d'une région où l'élevage est très développé et très en progrès. Dans tout le canton de Ploudiry, dont cette commune fait partie, ainsi qu'à Pencran, Dirinon, Plouédern, Plounéventer, saint-Derrien, etc..., il existe, en effet, de nombreuses étables d'animaux sélectionnés, participant régulièrement aux concours, soumis au contrôle laitier, qui sont, comme on sait, de puissant facteurs d'amélioration. plusieurs échantillons de ces étables sont amenés aux foires de La Roche.

D'autre part, on y trouve, outre des "armoricaines", quelques "normandes" plus ou moins caractérisées, sans doute, mais bien acclimatées, et toujours aussi quelques "pies noires" importées du Sud-Finistère ou provenant des châteaux environnants. Les éleveurs et les revendeurs de la région lesnevienne le savent bien, car on en trouve toujours un certain nombre aux réunions mensuelles de La Roche. (Dépêche de Brest du 2/12/1938)

02/02/1939 - Quoique le temps fut très beau, il n'y eut qu'un arrivage moyen à cette foire. On pouvait dénombrer une quinzaine de vaches armoricaines amouillantes de très bonne qualité et une dizaine d'excellentes laitières. Le reste était constitué par du tout venant, vaches tardives ou très loin du vélage, ou encore vaches populaires destinées à la casse. Quelques génisses et taurillons maigres étaient également exposés, ainsi qu'un certain nombre de sujets pouvant devenir des animaux d'herbage. mais la demande sur cette catégorie était à peu près nulle.

Assez peu de porcelets et une seule truie maigre représentait l'espèce porcine.

Dès le début de la foire, étant donné l'intensité de la demande, les transactions furent actives. Et on peut affirmer qu'une reprise, accentuée surtout en ce qui concerne les bonnes laitières, commence à se manifester. Cette reprise a débuté dans notre région par la foire de lundi dernier, à Lesneven. On pense généralement que les cours monteront désormais assez rapidement, et c'est pourquoi plusieurs éleveurs ont préféré attendre quelques jours encore avant d'exposer leurs animaux en foire.

Une seule armoricaine de cinq ans, devant vêler dans quelques jours, était offerte autour de 3.000 francs. Une dizaine d'autres, de même catégorie, furent vendues entre 2.500 et 2.600 francs. Les moyennes relatives faisaient 2.200 et 2.000, suivant âge et indices laitiers. Les vieilles vaches, avec un pis avantageux, trouvaient assez facilement preneur autor de 1.500 francs. Une certaine quantité de vaches plus ou moins miséreuses, dites "populaires", on ne saurait trop pourquoi, avaient aujourd'hui une vente relativement facile, entre 500 et 1.000 francs.

Les génissons de 7 à 8 mois ou plus valaient autant de fois 100 francs que de mois d'âge. Les petits veaux, accompagnant leurs mères, trop jeunes et d'assez pauvre apparence, furent vendus ente 2,25 et 2,75 la livre sur pied.

Une cage de tout-petits porcelets de six semaines au plus fut vendue à raison de 400 francs la couple. En sept et huit mois, les deux gorêts trouvaient encore preneur à 550 et 600 francs ; en trois et quatre mois, il fallait mettre 750 francs et plus pour avoir une paire. L'unique truie maigre exposée fut vendue 900 francs et revendue peu après, croyons-nous avec un certain bénéfice.

La foire mensuelle de La Roche compte parmi celles qui se maintiennent le mieux. Cette foire est, au moins, centenaire. Nous relevons, en effet, dans le cahier des charges (droits de place) pour l'année 1839 : chevaux = 0,10 ; vaches = 0,05 ; porcs et moutons = 0,02 etc... Autrefois, elle comportait aussi des animaux gras, dont le poids était évalué à l'aide d'une antique bascule, dont il ne reste plus que quelques vestiges. D.     (Dépêche de Brest du 3/2/1939)

05/10/1939 - Premier jeudi du mois. Disons immédiatement que cette réunion fut bien meilleure qu'on ne l'espérait. De nombreux animaux, vaches amouillantes et laitières, dont une grande partie d'excellente qualité ; veaux de boucherie en surnombre en regard de la demande. Bon achalandage de porcelets également et tendance de plus en plus ferme, surtout dans le secteur des laitons.

On vendit quelques armoricaines de forte corpulence et belle apparence laitière au-dessus de 3.000 fr. Certaines génisses prêtes dépassèrent 2.500 fr. et des vaches déjà âgées, mais bien mamelées, furent vendues entre 2.000 et 2.400 fr. Même les très vieux sujets, donnant encore quelque lait, se vendirent plus facilement que d'habitude.

Autour des nombreux veaux amenés, deux ou trois marchands-bouchers de la région tournèrent assez longtemps et finirent par acheter à des prix allant de 3,50à 4,25, avec une moyenne aux environs de 3,75 la livre vive.

Les génissons et les taurillons, plus ou moins gras, étaient aussi relativement nombreux à La Roche. Peu d'amateurs sur cette catégorie où une assez forte relève fut constatée en fin de foire. On cédait quelques sujets de cette variété entre 800 et 1.700 fr.

En résumé, moyenne foire à Lannilis ; excellente réunion à La Roche. Tendance générale orientée vers la hausse. Y.D. (Dépêche de Brest du 6/10/1939)

07/12/1939 - Bonne foire moyenne, assez bien équilibrée, aussi bien du côté de la demande que de l'offre, en ce qui concerne les bovins, car pour les porcs, ce ne fut pas la même chose, mais cette foire n'est porcine qu'à titre accessoire.

Il n'y avait guère de marchands venus de très loin. C'est pour cela que l'activité était moyenne. On vendit les bonnes vaches armoricaines, prêtes et pas trop vieilles, entre 3.000 et 3.800 francs. Plusieurs dépassèrent 4.000 francs, en grand format. Quelques très bonnes génisses firent, comme hier à Lannilis, de 3.000 à 3.500 francs.

Assez peu de vaches fraîchement vêlées ; elles étaient pour cette raison, très entourées. Dans ce compartiment, les prix s'échelonnaient, en animaux marchands, entre 2.500 et 3.800 francs.

Une quinzaine de taurillons furent assez rapidement vendus. Certains firent 3 francs de la livre sur pied.

Les quelques veaux exposés à La Roche se vendirent, suivant qualité, entre 4 et 4,75 du demi-kilo vif. Assez bonne tenue des cours dans ce rayon, semble-t-il.

On parlait, à La Roche, mais d'une manière assez imprécise, de nouveaux foyers de fièvre aphteuse dans la région. Souhaitons que ce n'est là qu'une fausse alerte, parce que, s'il en était autrement, il y aurait péril d'autant plus grand que nous manquons de vétérinaire, ceux-ci étant, pour la plupart mobilisés.

Le marché porcin continue de rester dans l'incertitude. A certaine réunion se manifeste une amélioration que la foire du lendemain ne confirme pas. Ce fut encore le cas aujourd'hui à La Roche, où une forte relève fut constatée tant sur les coureurs que sur les laitons. Ces derniers se défendent encore le mieux et se vendent entre 200 et 250 francs la pièce, pendant que les 3-4 mois font 300 et 325. On demandait entre 550 et 650 des quelques truies délaitées exposées à La Roche.

Le devoir patriotique commande de ne pas trop forcer les prix, de part et d'autre. L'intérêt bien compris également. Car le jour où le gouvernement serait amené - ce qu'à Dieu ne plaise - à fixer des prix limite, personne, probablement, n'y trouverait son compte. Y. D. (Dépêche de Brest du 8/12/1939)

03/10/1940 - Cette foire mensuelle du premier jeudi, où l'on ne voit d'ordinaire que des bovins et des porcins, n'a fait que confirmer la tendance générale des prix pratiqués aux dernières foires de Lesneven et Lannilis.

Très fréquentée par les marchands et revendeurs de la région, la foire de La Roche se classe dans les meilleures du Nord-Finistère, pour sa régularité, pour les vaches pleines ou laitières. On y trouve aussi, habituellement, quelques taurillons et génissons, ainsi qu'un certain nombre de veaux de boucherie.

Le gros de l'achalandage est constitué par des vaches de toutes catégories : grosses armoricaines de qualité ou plus ou moins mâtinées de Durham ; pies rouges communes, froments du Léon oubliées comme telles, mais dont les qualités laitières restent de premier ordre ; pies noires provenant plus ou moins directement de la région quimpéroise ou des élevages spécialisés dans cette race aux environs : Uchard, Landerneau ; Vacheront, La Forest ; Croc, Ploudaniel ; Priser, Plabennec, etc...

Ce qui attire surtout l'attention des acheteurs extra-régionaux sur la foire de La Roche, c'est qu'ils savent que dans les environs plus ou moins immédiats il peuvent toujours trouver en réserve des animaux de complément chez de nombreux marchands de vaches professionnels, comme Isidore Kerdoncuff à Lanneuffret, Ambroise Abiven à Saint-Eloi-Ploudaniel, Le Floch et Rolland à Pencran, etc...

Disons en passant que ces professionnels, payant toutes les contributions afférentes à leur métier, se trouvent actuellement de plus en plus handicapés par une nuée de trafiquants sans aveu, dont il serait plus que souhaitable de réfréner les agissements en marge de toute légalité et dont l'action est éminemment nuisible aussi bien à l'offre qu'à la demande régulières.

Aujourd'hui, à peu près toutes les vaches et génisses furent vendues de très bonne heure à La Roche. On y a payé de bonnes grosses armoricaines, prêtes à vêler, plus de 6.000 francs pièce ; la bonne laitière de même format faisait couramment de 4.000 à 5.200 francs. Le sujet, plutôt réduit comme format, s'enlevait littéralement entre 3.800 et 4.500 francs. Une pie noire d'assez grand format, mais peu caractéristique de la race, fut vendue, pleine de huit mois, 3.500 francs.

Il y avait sur la place un certain nombre de veaux de boucherie, dont quelques-uns de bonne qualité, qui furent vendus sur le pied de 6 francs la livre. Les moyens veaux, en général, prématurément voués à la boucherie, se payaient entre 4,50 et 5 fr. la livre.

On peut dire que tous les porcins exposés en foire furent vendus. Les tout jeunes de 6-7 semaines valaient 550 et 600 francs la couple. On vendait les coureurs de 3-4 mois, en qualité ordinaire, autour de 1.400 fr. les deux. Un jeune porc de qualité charcutière, pesant 110 livres, fut vendu 950 francs, et on demandait 1.700 francs d'une moyenne truie délaitée et prête pour l'engraissement.

S'il existait un vrai dieu du commerce animalier, sa plus grande préoccupation du moment serait, sans doute, de freiner cette hausse continuelle des prix. Puisque Mercure, en l'occurence, est sans prestige, souhaitons qu'acheteurs et vendeurs sachent modérer leurs prétentions mutuelles, dans cette pensée salutaire que plus on tombe de haut plus on a mal. Y. DUIGOU     (Dépêche de Brest du 4/10/1940)

05/12/1946 - La Roche a sa foire le premier jeudi du mois. Et ce jour-là on ne chôme guère dans les débits et restaurants du lieu dont les abords immédiats sont tellement garnis de bestiaux qu'ils en bouchent littéralement les issues.

Pourtant aujourd'hui la présentation est plus restreinte que d'habitude. Dans le compartiment des vaches laitières, la qualité est plutôt clairsemée. Il faut mettre 40.000 fr. pour avoir une bonne bête fraîchement vêlée, dans le grand format. . . . . Y. DUIGOU     (Le Télégramme du 6/12/1946)

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La bascule municipale

Photos
plus bas

La première bascule publique se trouvait autrefois dans le local qui abrite aujourd'hui les toilettes publiques près de l'église.
La bascule fut déplacée ensuite place Bishopsteignton (source JYC et HLB in BM automne 2016).

La première bascule avait été achetée en 1868, cf les délibérations du conseil municipal qui suivent :

N° 81 Achat d'une bascule (14/5/1868) :
M. le président [M. Léon d'Audibert de Lavillasse, maire] a encore exposé ce qui suit : depuis longtemps je pensais à une chose, mais avant de m'y arrêter, j'ai voulu sonder un peu l'opinion publique ; j'en ai donc parlé à quelques notables, à quelques maires des environs et tous ont trouvé bon mon avis. Dès lors, je formai le projet de doter la commune d'une bascule assez forte pour peser les boeufs gras. Vous savez combien on en vend à La Roche, et je sais aussi que plusieurs des éleveurs font peser leurs boeufs avant de les envoyer à la foire. La dépense à faire est un peu forte, il est vrai, mais la bascule, garantie pour 5 ans, se sera fait payer, je pense, pour lors, et après cela tout sera bénéfice pour la commune. En conséquence, je prie le conseil de voir si la commune peut entreprendre cette acquisition, qui, pont à bascule et maison pour l'y mettre compris, pourra coûter de 12 à 1300 francs.

Le conseil après avoir mûrement délibéré, considérant que nos foires sont celles où l'on vend dans les environs le plus de boeufs gras, considérant que la commune a fini de payer ses dettes et que si l'état prospère de ses recettes continue, elle peut entreprendre quelque chose dans son intérêt, et n'en voyant pas qui soit plus avantageuse que la possession d'un pont à bascule de ce genre, vote à l'unanimité, la somme de 1200 fr tant pour l'achat de la bascule que pour la construction d'une maison pour la mettre à l'abri du temps, et prie Monsieur le Préfet de vouloir bien allouer ladite somme sur notre budget additionnel, et autoriser M. le Maire à passer le marché avec quelque fabricant qui présenterait la meilleure garantie. Fait et délibéré en mairie à La Roche ... etc.

N° 84 Maison pour le pont à bascule (9/8/1868) :
M. le Président [M. Léon d'Audibert de Lavillasse, maire] a déclaré la séance ouverte et a exposé ce qui suit : Par délibération de 14 mai dernier, le conseil municipal désirant doter la commune d'un pont à bascule, a voté à cet effet une somme de 1200 francs. Mais pour le mettre à l'abri du temps et à même de fonctionner, je dois bâtir une maisonnette ; je viens de vous montrer l'emplacement où il convient, je pense, qu'on la bâtisse. Mais pour l'y faire construire, je serai obligé de faire disparaître 7 mauvais arbres. Un particulier m'en propose 30 francs avec l'obligation de les déraciner. En conséquence, je vous prie de délibérer si je dois céder ces arbres à ce prix, le plus haut qu'on m'en a offert, et y bâtir une maisonnette pour le pont à bascule.

Le conseil municipal après avoir mûrement délibéré, trouvant que ce prix de 30 fr. est avantageux, eu égard aux arbres et à l'obligation de les déraciner, prie l'administration supérieure d'autoriser M. le Maire à les livrer à ce prix et d'y faire construire la maison en question, le plus tôt possible.
Délibérant ensuite sur la nécessité de fixer les prix de pesage des animaux le conseil, pour ne pas y revenir plus tard, les établit comme suit :

1° Pour chaque paire de boeufs, soixante-quinze centimes, ci ...0,75 fr.
2° Pour un boeuf seul, cinquante centimes, ci ...0,50 fr.
3° Pour chaque vache, trente-cinq centimes, ci ...0,35 fr.
4° Pour chaque porc, vingt-cinq centimes, ci ...0,25 fr.
5° Pour chaque veau, dix centimes, ci ...0,10 fr.
et 6° Pour chaque voiture chargée ou non, vingt-cinq centimes, ci ...0,25 fr.

Fait et délibéré en mairie à La Roche, les jour, mois et an que devant, à l'unanimité des membres présents qui ont signé après lecture : Kerbaol - Gueguen - Elleouet - Peron - Miossec - Taconnet - Le Maire, d'Audibert de Lavillasse.

N° 89 Construction d'une maison pour la bascule (6/12/1868) :
Session extraordinaire du conseil - L'an 1868, le 10 décembre à trois heures du soir, le conseil municipal de La Roche-Maurice, s'est réuni à la mairie, sous la présidence de M. d'Audibert de Lavillasse, maire, qui l'a convoqué en session extraordinaire, en vertu de l'autorisation de M. le Sous-Préfet en date du 27 novembre 1868. Furent présents MM. Elleouet, Miossec, Maguet, Péron et Gueguen. Lesquels forment la majorité des membres en exercice. Absents : MM. Taconnet et K/baol, pour cause d'affaire. M. Maguet a été nommé secrétaire.

M. le Président a ouvert la séance et a exposé ce qui suit : Je mets sous vos yeux le devis estimatif dressé par M. Rivoalin pour parvenir à la construction d'une maisonnette destinée à recevoir notre pont à bascule, ainsi que le marché que j'ai passé à ce sujet avec le sieur Herry, maître maçon, que plusieurs d'entre vous connaissent bien : car en agissant ainsi, j'ai compté abréger le temps et m'assurer d'un bon ouvrage. En conséquence, j'engage le conseil à prendre une délibération à ce sujet, après avoir bien examiné le pour et le contre de ma manière de voir.
Le conseil, après avoir mûrement délibéré, considérant que, pour parvenir à une adjudication, il faudrait beaucoup de temps à cause de la publication préalable qu'il faudrait y donner, considérant en outre que vu la modicité du prix de la construction pas un entrepreneur sérieux ne se présenterait à l'adjudication, et qu'ainsi l'on se verrait peut-être obligé de livrer l'entreprise à une personne insolvable et peu consciencieuse, émet le voeu qu'il plaise à l'autorité supérieure de confier ces travaux au sieur Herry que nous connaissons pour être bon ouvrier et très consciencieux qui ne manquera pas à ses engagements. Fait et délibéré, d'une voix unanime, en mairie... etc.


1 - Plan du pont à bascule :


Le plateau (ou tablier) sur lequel sont placés les charrettes et les animaux mesure 2,00 m. sur 1,10 m.
L'ensemble du support en maçonnerie mesure 4,71 m. de long sur 2,12 m. dans sa plus grande largeur.


2 - Plan du support en maçonnerie à construire :


3 - Premiers pesages dans le carnet du maire, Léon d'Audibert de Lavillasse, à partir de novembre 1868 :

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Les événements perturbateurs de la foire et des fêtes

Les foires de La Roche ont laissé dans la mémoire populaire, de façon assez marquée, chez les Rochois eux-mêmes, le souvenir d'événements perturbateurs. Leurs voisins des communes proches s'en souviennent aussi. Témoin Louis Elegoet, qui rapporte dans son livre Saint-Meen page 187, en parlant des habitants des communes avoisinantes : "Les Rochois, eux, étaient regardés comme particulièrement "bagarreurs" : D'ar pardoun Roc'h, glao pe bahadou, disait-on. (A l'occasion du pardon de La Roche-Maurice, pluie ou bagarre)".

Déjà en 1827, le recteur Herve Calvez évoque quelques troubles : "... le jour de la fête patronale, dit le Pardon, à tort parce qu'il y a tous les ans des désordres à cette occasion, ..."

La presse ancienne aussi en témoigne :

Si bien que, dans la maisonnette qui abritait la bascule, "on avait aménagé une "petite prison" qui devait servir à calmer ou à isoler les fauteurs de troubles qui se manifestaient un peu trop les jours de foire.

Dès l'installation d'une nouvelle bascule à l'emplacement de l'ancienne garderie, place Bishopsteignton, le bâtiment, dont on a muré la porte Ouest, est devenu une véritable prison. Garnie de barreaux, de grillage, elle a, au pignon Est, été dotée d'une lourde porte avec un impressionnant verrou. Elle a été en fonction jusqu'à la fin des années 1950, sous la responsabilité du garde champêtre et de la maréchaussée très présente les jours de foire" (JYC et HLB in BM automne 2016).

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3 - Le cimetière : le plan de 1811 montre que le cimetière était très petit et se limitait aux abords immédiats de l'église. Quand a-t-il été agrandi ?

a Le premier agrandissement du cimetière a été réalisé en 1882. On en parlait déjà depuis une petite dizaine d'années, mais il faut du temps pour réunir les fonds en vue de l'achat du terrain et pour avoir l'accord de la préfecture donné le 28/1/1882 au bas du rapport de l'expert, que voici :

Aujourd'hui le cimetière s'étend aussi à droite de l'allée visible sur la photo

" Je soussigné Prosper Simon, notaire à Landerneau, expert choisi pat M. le maire de La Roche-Maurice, à l'effet de mesurer et estimer une portion de champ située au bourg de La Roche-Maurice destinée à l'agrandissement du cimetière de la dite commune. ... ... Le champ ... appartient à M. Paul de Dieuleveult, propriétaire demeurant au château de Kernevez... Il figure au cadastre section A n° 276 et contient en totalité 91 a 70 ca. ... La portion qu'il s'agit d'acquérir ... mesure 28 ares et est estimée à 36 francs l'are un capital de 1.008 francs.

Ce terrain d'après les fouilles auxquelles j'ai fait procéder en ma présence, m'a paru complètement propre à la destination qu'on se propose de lui affecter. Outre qu'il borde le cimetière actuel, c'est le seul champ qui puisse convenir à cet objet eu égard à la position topographique de la commune, à moins de le transférer à une grande distance du bourg. Il est d'ailleurs distant de plus de 300 mètres de toute habitation et domine le vallon qui se trouve assaini par les vents d'est et d'ouest qui règnent presque constamment dans le pays.

Le cimetière actuel est notoirement insuffisant, il ne contient, allées comprises, que 12 a 90 ca, ce qui ne laisse pas un espace de plus de 8 ares pour les sépultures et la nature rocheuse du sous-sol ne permet pas la plupart du temps de creuser les fosses à plus de 1,20 m. ... Le 22 décembre 1879. Signé : Simon. "

b La décision de suppprimer les tombes trop proches de l'église a été prise par délibération du conseil municipal, le 3/6/1900 :
"Enlèvement des tombes aux abords de l'église - M. le Président [M. Le Roux, adjoint] expose aussi au conseil qu'il y aurait lieu pour éviter l'humidité des murs de l'église et pour embellir ses abords, de faire enlever les vieilles tombes qui entourent cet édifice religieux. Depuis plus de trente ans, il n'y a pas eu d'inhumations aux endroits précités et il n'y a aucun inconvénient à procéder à l'enlèvement des dites tombes. Le conseil, après avoir délibéré, adopte l'avis de M. le Président et décide que les tombes qui bordent actuellement les murs de l'église seront enlevées par les soins des intéressés, dans un laps de temps d'une année, après qu'on aura donné au public connaissance de la présente décision."

Séance du 23/5/1901 : "Surveillance des travaux du cimetière : M. le Président demande ensuite à l'assemblée de vouloir bien désigner une commission chargée de surveiller les travaux d'enlèvement des tombes aux alentours de l'église et à l'aplanissement du terrain. Le Conseil désigne à cet effet MM. Miossec et Elleouet qui acceptent."

c En 1935-1936, le cimetière a encore été agrandi sur la parcelle libre que l'on voit sur la carte postale, à droite (source DLG).

d En 2020, la décision a été prise de l'étendre. Article de l'Ouest-France du 22/10/2020 : "Des travaux vont être entrepris au cimetière. Le conseil municipal, qui s’est tenu lundi, s’est déroulé en présence du maire Lénaïc Blandin. Cimetière : Deux parcelles, la AA84 et la AA92 composent le cimetière. Des travaux d’aménagement ont déjà été réalisés dans la parcelle AA92, pour y accueillir de nouvelles tombes. Ces aménagements vont se poursuivre en vue de pallier un manque de place, tant dans le columbarium que pour les concessions en pleine terre. Ainsi, au regard des aménagements existants, « 18 cases supplémentaires peuvent être réalisées dans le columbarium. Des travaux de terrassement et d’aménagement dans la partie haute du nouveau cimetière seront aussi effectués pour permettre la réalisation de quatre rangées de 14 concessions en pleine terre, dont deux permettant la construction de caveaux. » Le maire est autorisé à signer les devis d’un montant de 29 627 € HT. ..."

e Question subsidiaire : quand le cimetière a-t-il été créé ?
Autrefois, on inhumait les défunts dans l'église et quand la place manquait les reliques anciennes étaient transférées dans l'ossuaire, probablement tous les six ou sept ans. Pour des raisons de salubrité, un édit de 1776 interdira les inhumations dans les églises. Le cimetière fut donc problablement créé vers cette date au 18è siècle.

 

Photos aériennes de l'église et d'une partie du bourg vers 1975

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Photo 1     X
(source AD29)
Ci-contre :

- la forge de Louis
  Berthou

- la maison qui sera la
  pharmacie en 1985
Photo 2     X
(source AD29)
A l'extrême gauche :

- la "maison Lamarque"

- à sa droite, le
  le "Bar des Sports" de
  Robert et Françoise
  Davis
Photo 3     X
(source AD29)
Au centre :
- la forge de Louis
  Berthou

Il y a donc 50 ans. Bien des choses ont changé, saurons-nous les repérer ?

Quand les villages changent de nom

On connaît bien le processus qui entraîne parfois l'ajout d'un qualificatif au nom d'un village. La création d'une nouvelle habitation fera que le premier hameau sera qualifié de "huella" (le plus haut) ou "izella" (le plus bas) selon le cas et inversement pour le deuxième. Idem pour "bras" et "bihan", ou naturellement pour l'ajout de l'adjectif "koz" au plus ancien. Exemples : Valy-Cloître est devenu "Valy-Goz" quand "Valy-Nevez" a été créé. Le Frout est devenu le "Frout Bras" à la création du "Frout Bihan". Cependant, le changement complet de nom, avec disparition du premier, est plus étonnant et exceptionnel.

Le village de "Judée", situé dans l'est de la commune de La Roche entre "Pesmarc'h" et "Botloïs", ne s'est pas toujours appelé ainsi.

Il portait autrefois le curieux nom de "Kermabarguiriec". Et ceci depuis des temps immémoriaux, car on le trouve déjà sous ce nom dans les vieux actes BMS ou autres, au 17è siècle. Sur le cadastre napoléonien de 1811, ci-contre, il a été un peu malmené, sous la forme "K/mabarguillec".

"Ker mab ar giriek" en breton bien orthographié, c'est le village du fils de la coupable. Il s'agit d'une femme car le "k" de "kiriek" a subi la mutation, marque du féminin. Nous ne saurons, sans doute, jamais ce qu'a fait cette femme. Mais le doute d'une mauvaise action sous-entendue a peut-être été la cause de ce changement de nom.

Le changement apparaît dans les actes d'état-civil entre 1865 et 1867. Dans le recensement de 1861, le village est appelé "Kermabarguiriec dit Judée", dans celui de 1866, il est appelé "Judée", tout court.

Mais pourquoi "Judée" ? On a dit que le terroir de "Judée" en Lampaul-Guimiliau fut appelé ainsi à cause de sa richesse qui faisait penser à la Judée de Palestine. Notre village à La Roche est-il particulièrement riche ? Ou son nom a-t-il quelque lien avec Judas qui lui aussi fut un "coupable" bien connu ?

A Pencran, un autre exemple, une modification étonnante

Elle est étonnante car elle porte sur un nom quasi identique : "Kerarguiriec". Ce lieu a été reconnu dans les baux et inventaires après décès relevés par l'Association Dourdon comme étant un lieu de production de fils de lin avec un kanndi. Mais où se trouvait-il ? Il n'apparaît plus sur le cadastre napoléonien de 1828 pour Pencran.

Par contre, on y trouve le village de Poulran comprenant les parcelles n° 908 à 923, appartenant à Alain Vaillant et consorts. La parcelle 913 est nommée "ar candy coz". L'étude de la famille VAILLANT et autres familles à travers les BMS nous permet de dire :

  1. il n'y a plus de décès ni de naissances à Keranguiriec depuis 1782, sauf deux exceptions (on va en reparler)
  2. le lieu de Keranguiriec n'existe plus à Pencran depuis 1828 au moins : non cité dans le cadastre napoléonien, ni sur les plans, ni sur les listes des sections
  3. pas de naissance ni décès à Poulran avant 1787
  4. on note pour la famille VAILLANT, des naissances et des décès nombreux à Keranguiriec jusqu'en 1782, ensuite les naissances et les décès sont notés à Poulran.
  5. deux exceptions :
    - Marie-Yvonne Vaillant est décédée à Keranguiriec en 1816 (mais les noms peuvent avoir la vie un peu dure)
    - La 2è exception est plus intéressante : décès le 19/nivo/An13 (9/1/1805) à Pencran (Kerarguiriec) de ADAM Marie Louise, née à Ploudaniel, célibataire, décédée chez Alain VAILLANT. Or on sait par les actes que Alain Vaillant habite Poulran depuis 1787.
  6. Conclusion : je pense donc jusqu'à preuve du contraire que Keranguiriec et Poulran à Pencran sont un seul et même village.
    Voir la carte actuelle de Pencran pour situer Poulran, et donc Keranguiriec.

L'étymologie nous permettrait-elle d'oser imaginer que le village de La Roche aurait été créé, il y a très longtemps, par un homme originaire du village de Pencran ? "mab ar giriek", "le fils de la coupable". Je crains que les archives ne nous permettent jamais de répondre à cette question.

Sources des informations

ADB = Archives départementales à Brest
ADQ = Archives départementales à Quimper


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 André Croguennec - Page créée le 10/12/2016, mise à jour le 25/1/2021.