blason de Brezal

Le moulin à papier de Brezal

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Les chapitres concernant le moulin à papier :
- le moulin à papier (ce chapitre)
- propriétaires et exploitants
- le trésor du moulin à papier
Voir aussi d'autres moulins à Brezal
et les moulins de La Roche

 

Localisation

Le moulin à papier de Brezal se trouvait sur l'Elorn. Le plan ci-contre montre la situation de cet ancien moulin par rapport :

Le 3è moulin de Brezal, celui dit de Brezal-Constançou, se trouve à la limite nord de Plouneventer, sur la rivière La Flèche.














flècheLe moulin à papier se trouvait au lieu qui s'appelle
aujourd'hui "La Fonderie" (cf vue aérienne)
car c'est une fonderie qui l'a remplacé.

 

plan cadastre
Le moulin à papier de Brezal sur l'Elorn près de Pont-Christ - plan du cadastre napoléonien de la commune de Plouneventer - section F

 

Cadastre napoléonien de Plouneventer : matrice des propriétés foncières - table alphabétique des propriétaires - 29/12/1829 (ADQ 3 P 205 / 4)

PropriétaireSectionN° du planLieuNom des parcellesNature
Le Hideux Nicolas à Brest 

puis

Le Hideux Philibert Augustin à Brézal
1849-1850
F86Moulin à papierGarenne du serpentLande
F87Moulin à papierBois de ToulgrallTaillis
F89Moulin à papierLa prairie des grandes palesPâture
F90Moulin à papierLa prairie des grandes palesPré
F91Moulin à papierLa petite prairiePré
F92Moulin à papierIlettePâture
F93Moulin à papierAllée d'ormeauxPâture
F94Moulin à papierAllée d'ormeauxPâture
F95Moulin à papier Papeterie
F96Moulin à papier Maison Sol Bâtiments ruraux
F96Moulin à papier cour et aire
F97Moulin à papierChamp de l'aireTerre labourable
F98Moulin à papierBois de l'îleTaillis
F99Moulin à papierChamp du marronnierFutaie
F100Moulin à papierChamp du marronnierTerre labourable
F101Moulin à papierChamp de la pêcherieTerre labourable
F102Moulin à papierChamp de la pêcherieFutaie

Remarques :

Architecture et principes de fonctionnement

piles à mailletsCe dessin provient de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert et montre le principe de fonctionnement d'un moulin à papier.

La "matière première", c'est le chiffon de chanvre, de coton ou de lin. Après avoir été débarrassée de toute impureté (boutons, élastiques, etc), elle est découpée en fines bandes au "dérompoir", puis subit un "pourrissage" durant quelques semaines, afin d'amollir les fibres. Ensuite, elle va être transformée en pâte à papier par les piles à maillet.

Ces bandes de chiffons, mélangées à de l'eau, vont passer successivement dans chacune des "piles", subissant une lente transformation.

 

Sur le dessin de l'encyclopédie, on voit très bien l'arbre à cames actionné par la roue du moulin, les cames soulevant progressivement tous les maillets. Pour chaque maillet il y a plusieurs cames. Tout le long de l'arbre, ces ergots sont disposés de façon à ce que tous les maillets ne se lèvent pas ensemble. Dans chaque pile, ils frappent l'un après l'autre, ce qui permet à la pâte d'être brassée. De plus, le maillet n'est pas tout à fait perpendiculaire à son manche, ainsi lorsqu'il frappe il imprime à la bouillie de chiffons une rotation pour rendre la pâte homogène.

 

En 1768 à Brezal, il y avait cinq piles. En 1776, il y en avait 4 ou 5 selon les archives consultées. Mais combien de maillets y avait-il par pile ? Sur le dessin de l'encyclopédie, on voit 4 maillets par pile, tandis que sur la photo qui suit, prise dans le moulin de Vallis Clausa à Fontaine-de-Vaucluse, il y en a 3.

 

...Dans la pile la circulation d'eau est continuelle. Pour cela, elle est munie de différents trous et d'une sorte de bonde qui permet l'évacuation des eaux de lavage des chiffons.

Pour être plus précis, disons que c'est surtout dans la première pile que l'eau circule en abondance pour laver les chiffons, dans la deuxième, il y a moins d'eau. Dans les dernières piles, il n'y a pas de circulation d'eau.

 

Les piles possèdent d'autres trous pour recevoir des bras de force pour le transport.

 

On peut voir, plus bas, une pile en granit du moulin de la Sée à Brouains (Manche).

 

Pour réaliser du papier de qualité, il faut une eau pure. Qu'en était-il de celle de l'Elorn ?

Voici ce qu'en disait l'intendant de Bretagne autrefois, le 10/11/1776 : "Outre les rivières du pays de Fougères et d'Antrain, les eaux les plus réputées pour la fabrication du papier fin, propre à l'écriture et à l'imprimerie, sont celles de la Sèvre qui coule à Clisson, du Gouet à Saint-Brieuc, de l'Elorn ou rivière de Landerneau." (cf Hervé Du Halgouet, Coup d'oeil sur l'industrie rurale du papier dans la province de Bretagne et Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine, dossier C.1504). Et, à l'appui de cet avis, on peut rappeler qu'il existait un autre moulin à papier sur la rivière, entre Sizun et Landivisiau, celui de Penn-ar-fers en Ploudiry. Il dépendait aussi de la seigneurie de Brezal. De plus, en 1772, les papetiers Joseph Gigant et François-Joseph Gigant, son neveu, projetèrent de créer, près de La Roche-Maurice sur l'Elorn, une grosse usine qui aurait largement dépassé les capacités de production des moulins existants. Malheureusement, ils ne purent réunir les capitaux nécessaires pour créer la société par actions de 40.000 livres qu'ils projetaient.

 
pile en granit
Une pile à maillets, au moulin de la Sée à Brouains dans la Manche.
pile en granit
L'intérieur de la pile.
 

Remarque sur l'iconographie : Le moulin à papier a été mis en vente en 1879 et transformé en fonderie l'année suivante. Plus tard, il fut démoli après la cessation d'activité de la fonderie : il fallait bien chercher des illustrations ailleurs !

Sur le terrain, aujourd'hui, on trouve quand même quelques vestiges et quelques traces du moulin. Merci Danielle et Jean-Marc pour votre accueil sympathique.

 
canal
Canal d'amenée à l'emplacement de la roue à pales de 3 m. de diamètre.
la base des murs du moulin
La base des murs du moulin, devenus enclos du jardin potager.
Pile à maillets
Pile à maillets - dimensions : 0,85 x 1,62 m.


Disséminées dans le parc du domaine, et renversées, on trouve encore de nombreuses piles à maillets. Leur poids, assez considérable, a permis leur conservation. Il serait intéressant de les retourner pour en examiner l'intérieur.

Pile à maillets

La pile sous la statuette mesure 0,60 x 1,30 m.

Pile à maillets
Pile à maillets
Cette pile à maillets, vue sous deux angles, mesure 0,70 x 1,83 m. (1,79 pour la tablette)
augeCette pierre creusée mesure 0,67 x 0,87 m.

Est-ce vraiment une pile à maillets ou plutôt une auge servant à recueillir la pâte à papier ou prévue pour un autre usage.
Ne serait-ce pas la "cacque de pierre" inventoriée en 1809 et placée dans le moulin (voir plus bas) ?

Le vase en pierre est-il d'époque ? Non, il semble être plutôt une pièce d'ornement.

 

Description du moulin à papier et du domaine au 19è siècle

A - en 1809 :
 

En 1809, le propriétaire du moulin est François Paul Gauchelet, imprimeur à Brest (cf le chapitre sur les propriétaires), qui fait faillite. Le moulin passe aux mains de Jean-Etienne Perrin, qui fait faillite aussi. Ces événéments successifs sont l'occasion de décrire et d'estimer la valeur du moulin par plusieurs inventaires. Voici un extrait que l'on trouve dans "la saisie immobilière des biens de Gauchelet, datée du 21/1/1809 :

... duquel moulin et dépendances la consistance suit, savoir :
- une maison manale construite en moëlon et couverte de genêts, ayant sa porte et deux fenêtres au midy et son pignon au couchant (A)
- au levant de la même maison dans le même alignement et sous la même couverture, un etre (*) appellé la salle qui n'en est séparé que par un mur de refend et a sa porte et une fenêtre au midy (A)
- au-dessus desdites maison et salle, il y a un grenier qui est éclairé par une fenêtre donnant sur la cour aussi du côté du midy (A)

plan : reconstitution en 1809Reconstitution des lieux en 1809 â partir de l'inventaire


- au couchant de la cour un édifice (B) appellé le moulin (*), construit en moëlon et couvert en ardoises, ayant ses deux pignons l'un au midy et l'autre au nord et consistant en trois parties principales, savoir :
1. l'ouvreu (*),
2. le moulin proprement dit dont la porte donne sur la cour,
chacune desquelles parties est éclairée par trois jours ou fenêtres et
3. l'étendeur (*) dans lequel, au bout du midy, il y a une petite chambre éclairée par une fenêtre du côté du couchant ; cet étendeur est fréquenté par un escalier extérieur qui conduit à sa porte pratiquée dans le pignon du midy

- au midy de ladite cour, vis à vis ledit moulin, est une écurie (C) aussi construite en moëlon et couverte de genêts ayant ses deux pignons l'un au levant et l'autre au couchant & sa porte et une fenêtre au midy

- au bout du levant de la dite écurie, un vieux hangard (D) sous pareille couverture de genêts

- au midy de ladite écurie et faisant face au jardin dont il va être fait mention, un bâtiment neuf appellé le fournil (E), construit en moëlon et couvert d'ardoises ayant sa porte et une fenêtre au couchant, deux ouvertures dans son pignon du nord & un jour dans sa cotière du levant

- le fonds sous lesdits édifices et cour contient 12 ares 15 centiares
- au couchant du moulin et de la cour, un jardin contenant 24 ares
- au nord dudit jardin et séparé de lui par le biais, une petite pièce de terre chaude (*) contenant 13 ares
- au levant de la salle, une aire contenant un are 80 centiares
- au levant de ladite aire, une petite pièce de terre chaude contenant 10 ares
- au levant de cette dernière pièce, autre pièce de terre chaude contenant 11 ares
Ces deux pièces sont bornées au midy par le biais qui conduit l'eau au moulin et les sépare des trois pièces qui suivent
- au levant de la partie inférieure de la cour, un champ terre chaude contenant 45 ares
- au levant de cette dernière pièce, autre champ aussi terre chaude contenant 42 ares
- au levant de ce dernier champ, une petite pièce de terre en partie froide et en autre partie marécageuse contenant 10 ares
- à l'extrémité otientale de la pièce qui précède les trois dernières, un pré fauchable contenant 20 ares
Lesdits édifices, cour, aire, jardin et terres s'entrejoignent et sont bornés au levant et midy par la rivière d'Elorn et aux couchant et nord par le chemin qui conduit du bourg de Pont-Christ et du château de Brezal en ladite commune de Plouneventer au passage de La Roche qui est sur le grand chemin de Landivisiau à Landerneau.
 

Les meubles et ustensiles d'attache dudit moulin hypothéqués avec lui par l'acte susdaté consistent en ce qui suit, savoir :
- dans l'ouvreu (*), une cuve en bois garnie de deux cercles de fer et d'un pistolet (*) de cuivre, un cuveau garni de quatre cercles de fer, une cacque (*) garnie de trois cercles de fer, une presse complète, deux bois de lit
- dans le moulin, un marbre (*) avec sa roue, quatre pilles ferrées et une à fleuret (*) avec leur trémiages et maillet, une cacque de pierre et les goutières
- dans la salle, une presse et un lissoir (*)
- enfin, dans le fournil, un fourneau avec sa chaudière de cuivre rouge, une presse et une scelle à mouille (*)
- plus, la vanne et cinq fausses vannes sur le biais, en mauvais état.

 

/!\ Remarque : les termes suivis d'un astéristique trouvent leur explication dans le lexique plus bas, avec des compléments concernant notre moulin.
Pour un accès direct, cliquer sur l'astéristique. Pour revenir au texte d'origine, utiliser la fonction retour-arrière du navigateur.
 

D'autres documents, "scellés suite à la faillite de Perrin" du 8/6/1810 et un "autre inventaire" du 17/4/1811, apportent des précisions supplémentaires pour établir la description suivante :
 

Notre moulin comprend donc en fait 3 parties : Avant que le papier ne soit mis à sécher, les porses passent dans la presse. Il y en a deux, elles ne se trouvent pas dans le moulin : il y en a une dans "la salle", pièce contiguë à la maison manale (A) , ou se trouve aussi un lissoir, et une autre dans le fournil (E).
C'est dans le bâtiment qui abrite le fournil que se trouve la "maison à colle" : l'encollage consiste à tremper les feuilles de papier dans un bain de colle pour les rendre aptes à l'écriture.
 
Voici un essai de reconstitution visuelle du moulin en 1809.
 
N'étant pas doué en dessin, j'ai emprunté à Fons de Kort des éléments de sa représentation du moulin à papier de Pont-Pol. J'ai allongé son bâtiment, supprimé un appentis, rajouté des fenêtres et un escalier extérieur, gardé le toit en ardoises pour arriver au dessin ci-dessous. Notre érudit ne disait-il pas que les moulins à papier de la région étaient construits sur les mêmes principes. Voilà qui justifie mon emprunt à ses dessins et leur utilisation guidée par les descriptions manuscrites d'époque. Merci Fons de Kort. Merci Photoshop. Fermer X
Reconstitution en 1809 [1] Escalier pour monter à l'étendeur et à la petite chambre de l'étage (la fenêtre de celle-ci se trouve de l'autre côté, au couchant)
     L'étendeur comporte une façade à claire-voie pour faciliter le séchage du papier.
[2] Le moulin avec ses 5 piles à maillets (sur ses 3 fenêtres, j'ai considéré que l"une est à l'ouest)
[3] Le bief ou canal d'amenée et la roue à pales à l'intérieur du bâtiment
[4] L'ouvreu où la pâte devient papier (sur ses 3 fenêtres, j'ai considéré que l'une est à l'ouest)

Le moulin est le seul bâtiment de la papeterie qui soit couvert d'ardoises. On comprend cette priorité de bien protéger l'instrument de travail, ainsi que les produits, car c'est dans l'étendeur qu'est stockée la production, les rames de papier :
" Dans l'étendeur ou séchoir, un grand banc, une chaise en bois, un arrosoir fer blanc, une échelle, deux grandes futailles dont l'une pleine de colle et l'autre vuide,
12 piles de papier blanc petit raisin feuilles ouvertes donnant par réduction 20,849 mètres de hauteur,
8 piles de papier bleu petit raisin donnant feuilles ouvertes par réduction 14,591 mètres de hauteur,
3 piles de papier griffon bleu feuilles ouvertes donnant par réduction 5,522 mètres de hauteur,
2 petites piles de papier d'étoupe et de rebut donnant par réduction 1,624 mètre de hauteur,
8 paires de formes à papier, 27 portées de cordages servant à sécher le papier, c'est-à-dire 15 dans l'étendeur et 12 dans le grenier, 9 fertets (*) en bois, plusieurs tas de chiffons tant dans l'étendeur que dans le grenier, deux pelles en fer servant à curer, un râteau à dents de fer, une petite roue à brouette garnie de son cercle de fer, une masse de fer, une vis à pressoir, 9 sous-toile d'emballage, un batin (?), un mauvais drap de lit, deux morceaux de toile à voile, un doubleau bois de hêtre, une paire de ballance en bois avec corde et balancier de fer et un certain nombre de poids réglés au kilogramme" (document du 8/6/1810).
 

Le même document précise l'aménagement de la petite chambre à l'étage :
" Dans le cabinet pratiqué dans l'étendeur, un bois de lit composé de deux matelas de crin, un oreiller de plume, traversier de balle, deux draps de lit et deux couvertures de laine blanche, une table, trois chaises paillées, un tabouret, un petit coffre, 16 bouteilles de verre, une paire de forme à papier, une soupière terre brune avec son couvercle, une douzaine assietes terre de Quimper, deux plats ronds, deux idem ovales aussi terre de Quimper, un saladier fayance blanche, six cuillers d'étain, une fourchette de fer, une idem de cuivre jaune, une pile de feutres (*) de la hauteur de 1,290 mètre, un tas de chiffons et un chandelier de composition. "

 

B - en 1845 :
 

On connaît le type de roue qui faisait fonctionner le moulin et sa dimension par un document produit le 4/6/1845 pour la construction de la minoterie de La Roche-Blanche par les frères Huyot. Il fallait que la nouvelle minoterie ne gêne pas le fonctionnement du moulin à papier situé tout près en amont :
"...la roue à pales du moulin Le Hideux qui a 3,00 m de diamètre, pales comprises, et dont l'extrémité du diamètre vertical est à 0,24 m en contrehaut du radier..."

 

C - dans les années 1870 :
 

Voici un document, trouvé dans les archives notariales, qui décrit le moulin et le domaine. Il n'est pas daté mais on peut estimer l'année où il a été produit, par déduction à partir de son contenu. Le moulin n'était plus en activité et son propriétaire, Auguste Le Hideux, voulait donc le vendre. On en déduit qu'il a été écrit entre 1866, dernier recensement avec des papetiers, et 1878, par ou sous la dictée de Auguste Le Hideux qui est mort au moulin le 27/8/1878.

C'est presque le même texte qu'on retrouve dans le journal "Le Finistère" en février 1879 pour sa mise en vente par ses héritiers.

 

Vente de gré à gré
Le moulin à papier de Brezal et dépendances en Plouneventer à 5 km de la gare de Landerneau
 

Cette propriété située sur la rivière l'Elorn borde la route impériale N° 12 de Paris à Brest, offre par sa belle position et une communication facile tous les avantages pour y établir une grande industrie. Sa contenance d'après le cadastre est de 15 ha en taillis, prairie et terre labourable d'un seul tenant. On pourrait ajouter quelques hectares en plus qui sont à 2 km de l'usine.

L'usine se trouve placée sur un plateau formant l'îlot ayant 2 ha de superficie en terre labourable de 1ère classe et plantation de belles veines. Sur ce plateau on peut construire toutes espèces d'édifices et jardin. Derrière le moulin un très grand jardin couvert d'arbres fruitiers de rapport et une pépinière. Tout ce terrain borde la rivière et la route impériale sur une longueur de plus de 500 mètres. Bon pays de pêche et de chasse, on y prend du saumon. Il y a sur la propriété beaucoup d'arbres de différentes espèces et une grande quantité de jeunes arbres et plants et pépinière.

Le propriétaire ne s'occupant plus d'affaire peut livrer immédiatement une grande partie de la propriété et donner toutes facilités de paiement. Le notaire qui trouvera un acquéreur fera l'acte de vente. S'adresser pour visiter les lieux au propriétaire y demeurant.

Le matériel du moulin à papier étant usé ne sera compté par lui dans le prix de vente.

(source archives de Me Pellan - ADQ 156 J 96)

 

Les propriétaires et exploitants

On lira ce qui les concerne dans un chapitre spécifique (cf le lien ici à droite) qui a pour objet :
  • Les papetiers du moulin de Brezal depuis le 17è siècle et leur famille : de La Broise, Faudet, Barbot, Moulin, Huet, Bonel, Georget, Le Hideux et quelques autres.
  • Contrat des papetiers avec les seigneurs de Brezal
  • Vente du moulin comme bien national : premier acheteur et propriétaires suivants
  • Capacité de production et comparaison avec les autres moulins de la région
  • Transformation du domaine après la cessation de l'activité papetière : nouvelles activités (fonderie, puis élevage) et nouveaux occupants.

Concernant la fonderie, on trouve encore aujourd'hui dans le domaine des souvenirs de l'époque où celle-ci était en activité : de-ci, de-là, on y décèle des restes de mâchefer. Le mâchefer est le résidu solide de la combustion du charbon ou du coke dans les fours industriels. Ici à Brezal, il peut contenir des traces des métaux fondus pour créer divers outils et la fonte moulée. Voir la photo ci-contre.
machefer flècheVoir chapitre suivant.

 

Lexique

CAQUE (source encyclopédie Diderot) :
S. f. (Commerce) que nous appellons communément barril ; c'est un petit tonneau dans lequel on encaque les harengs, c'est-à-dire où on les enferme après qu'ils ont été apprêtés & salés.
Caque se dit aussi des petits barrils dans lesquels on renferme la poudre à canon.
Caque est encore le nom qu'on donne en Champagne à ce qu'on nomme plus communément un quarteau. Voyez QUARTEAU. (G)
Concernant le moulin à papier de Brezal :
(Les cacques sont "garnies de trois cercles de fer", donc probablement en bois, ou en "pierre". Les cacques servent, je pense, à stocker de la colle ou de la pâte à papier, prêtes à être employer. Les cacques se trouvent :
- dans l'ouvreu, où l'on fabrique le papier : "une cacque garnie de trois cercles de fer"
- dans le moulin, où l'on prépare la pâte : "une cacque en pierre et les gouttières".
Je pencherais donc pour voir la "cacque en pierre" comme le réceptacle de la pâte préparée dans le moulin que l'on transporte ensuite dans la cacque en bois de l'ouvreu où elle attend d'être utilisée dans la cuve ou le cuveau, qui sont situés aussi dans l'ouvreu. La cuve est "garnie d'un pistolet de cuivre".
cuve : dessin de Fons de KortDans le dernier descriptif, on trouve 2 cuves et 2 cuveaux, la 2è cuve n'a pas de pistolet. Le pistolet est certainement le manchon de cuivre inséré horizontalement dans le bas de la cuve, dans lequel on introduit du charbon incandescent pour tiédir la pâte pendant son utilisation.

 

CUVE ou CUVEAU : voir plus haut, au sujet des "cacques"
Cuve à ouvrer (voir ici le dessin de Fons de Kort). On y verse la pâte. Autour de la cuve, officient deux ouvriers en tabliers blancs :
- l'ouvreur (puiseur ou plongeur) puise la pâte dans la cuve à l'aide de la forme et donne ainsi naissance à la feuille de papier.
- le coucheur dépose la feuille fraîchement confectionnée sur un feutre en retournant la forme sur le tissu. Ce travail est effectué jusqu'à la constitution d'une porse (100 feuilles et 101 feutres) qui est mise sous presse.

 

ETENDEUR ou SECHOIR (source Moulins à papier et familles papetières de Bretagne) :
Un étendoir de bois surmontait les moulins à papier. Il était très aéré, et sur des fils tendus, les ouvriers mettaient le papier à sécher. Ils disposaient délicatement les feuilles avec un ferlet (instrument en forme de T).
Dans notre moulin, l'étendeur est situé à l'étage et s'étend sur toute sa surface de l'édifice, exception faite d'une petite chambre du côté sud.

 

ETRE : vu l'emploi de ce mot dans les différents textes, concernant le moulin à papier de Brezal, notamment de la façon suivante "les différents etres dudit moulin", je pense qu'il faut l'interpréter comme "les salles ou les pièces" d'un bâtiment.

 

FERTET (ou FERLET ?) :
Instrument en forme de T pour mettre les feuilles de papier à sécher sur des fils tendus dans l'étendeur.

 

FLEURET :
Dans le moulin, il y a quatre piles ferrées et une à fleuret. Les piles ferrées ont pour rôle de réduire les bouts de chiffon "en fibrilles aussi divisées que possible". La dernière pile utilisée dans le processus, la pile à fleuret, appelée aussi parfois "pile affleurante", est destinée à rendre homogène la pâte en y ajoutant le lait de colle fabriqué à partir d'os et de déchets de peau mélangés à de l'eau qu'on fait bouillir. Les maillets ne sont équipés que d'une simple plaque lisse en bois dur. Ils malaxent le mélange sans apport d'eau pendant une heure environ.

 

FEUTRE : C'est sur feutre que le coucheur retourne la feuille qui vient d'être fraîchement réalisée par l'ouvreur dans la forme. Le feutre devient le séparateur des feuilles dans la porse.

 

LISSOIR : Dispositif permettant de lisser le papier. Le lissage doit rendre le papier parfaitement lisse à l'aide d'une pierre.

 

MARBRE :
Fût de bois faisant la jonction entre la roue et l'arbre à cames ; il entraîne ce dernier pour lever alternativement les maillets.
J'avais rencontré ce mot pour la première fois dans l'inventaire après décès du marquis Joseph de Brezal, réalisé en 1735. L'inventaire notait dans le moulin à papier de Brezal, visiblement en plus de celui qui était en fonction, "Un marbre neuf travaillé pour l'uzage dudit moullin bois de fouteau, avec deux auges de pareil bois, estimés quatre cents livres". Ce fut un mot sur lequel j'ai planché avec Jean Caroff. Nous en sommes venus à bout. Plus tard j'ai trouvé le même mot pour la même fonction dans le moulin à farine de Brezal près de l'étang.

 

MOULIN :
Notre moulin comprend en fait 3 parties :
- le moulin proprement dit où les maillets soulevés par l'arbre à cames fabrique la pâte, dans les piles, à partir des chiffons. L'arbre à cames est mis en rotation par le marbre qui le relie à la roue du moulin,
- l'ouvreu, la salle où l'on fabrique les feuilles à partir de la pâte,
- l'étendeur, situé à l'étage au-dessus des deux parties précédentes, où l'on met le papier à sécher.
Avant que le papier ne soit mis à sécher, les porses passent dans la presse. Il y en a deux, elles ne se trouvent pas dans le moulin : il y en a une dans "la salle", pièce contiguë à la maison manale, ou se trouve aussi un lissoir, et une autre dans le fournil.

 

OUVREU : une partie du moulin (voir MOULIN)

 

PISTOLET : voir CUVE

 

POTIN (source wikipedia) :
Le potin est un alliage de cuivre, d'étain et de plomb (avec parfois des traces d'autres métaux) largement utilisé par les peuples gaulois pour fabriquer leurs monnaies. Les pièces de monnaie en potin étaient le plus souvent coulées et non frappées. Cette monnaie gauloise était principalement utilisée dans le nord des Gaules.
L'alliage traditionnellement utilisé en France pour la fonte de cloches et composé de 78 % de cuivre et 22 % d'étain est appelé familièrement "potin" par les fondeurs de cloches.
Fin XVIIIe siècle terme de fontainerie, "le potin est un métal factice composé de l'excrément du cuivre jaune (le laiton) et de quelque mélange de plomb, d'étain et de calamine; il est aigre, cassant, et ne peut souffrir les coups du marteau." C'était un des matériaux employé pour les pompes.
Concernant le moulin à papier de Brezal. "15 tuyaux de pompe en fer de potin" : ils se trouvent dans la maison à colle. S'agit-il de tuyaux de rechange pour l'alimentation des piles en eau ?

 

PRESSE ou PRESSOIR :
Instrument composé d'une vis manuelle qui permet de comprimer une porse et d'éliminer 80 % de l'eau. La porse de 100 feuilles et 101 feutres est l'unité de pressage.

 

QUARTAUT ou QUARTEAU (source encyclopédie Diderot) :
S. m. (Commerce) que l'on écrit quelquefois quarto. Petit vaisseau ou futaille propre à mettre les liqueurs, particulierement le vin. Le quartaut est plus ou moins grand, suivant la diversité des lieux où il est en usage. En France il y en a de deux sortes, lesquels sont du nombre des vaisseaux réguliers marqués sur la jauge ou bâton dont on se sert pour jauger les divers tonneaux à liqueurs ; l'un est le quartaut d'Orléans, & l'autre celui de Champagne. Le quartaut d'Orléans est la moitié d'une demi-queue, ou le quart d'une queue du pays ; il contient treize septiers & demi, chaque septier de huit pintes de Paris, ce qui revient à cent huit pintes. A Blois, à Nuits, à Dijon, à Mâcon, le quartaut est semblable à celui d'Orléans. Le quartaut de Champagne est aussi la moitié d'une demi-queue ou le quart d'une queue de cette province. Il contient ordinairement douze septiers faisant quatre-vingt-seize pintes, ou le tiers d'un muid de Paris. Il y a aussi des demi-quarts qui tiennent aussi à proportion des quartauts. Quelques-uns appellent quartaut ou quarto une sorte de petite futaille à vin, qui est la quatrieme partie d'un muid de Paris, mais c'est improprement qu'on lui donne ce nom, d'autant que ce vaisseau s'appelle ordinairement quart. Il est ainsi que les quartauts d'Orléans & de Champagne, un des vaisseaux réguliers marqués sur le bâton de jauge. Le quart de muid doit contenir neuf septiers ou soixante & douze pintes de Paris. Le muid étant composé de deux cent quatre-vingt-huit pintes ou trente-six septiers. Il y a quelques pays étrangers où l'on se sert de même qu'en France du mot de quartaut. En Allemagne les quatre quartauts font le muid, & en Angleterre le muid contient trente-deux quartauts ; en Espagne les quatre quartauts font le sommer ; les huit sommers l'arrobe, & les vingt-huit arrobes la pipe.
Quartaut ; c'est aussi la mesure de continence dont on se sert en Bretagne, particulierement à Nantes pour mesurer les sels. Cinquante-deux quartauts nantois font le muid de sel à Nantes, & c'est sur ce pié-là qu'on en paie les droits du roi, conformément au chapitre six de la pancarte de la prevôté de cette ville. Diction. de commerce.

 

RAME : Elle comprend généralement 500 feuilles, soit 5 porses.

 

SCELLE A MOUILLE ou PRESSOIR à MOUILLER :
Serait-ce l'instrument pour réaliser l'encollage, qui consiste à tremper les feuilles de papier dans un bain de colle pour les rendre aptes à l'écriture. C'est probable car le document du 21/1/1809 (saisie immobilière des biens de Gauchelet) précise que dans le "fournil" on trouve "la scelle à mouille" et "un fourneau avec sa chaudière de cuivre rouge" qui devait servir à préparer la colle.
Dans un document du 8/6/1810 (scellés suite à la faillite de Perrin), le "fournil" n'est pas cité, on trouve, par contre, "la maison à colle" qui contient "une chaudière de cuivre rouge avec sa couverture en bois, ... un pressoir à mouiller avec plat forme en pierre".
Dans un document du 17/4/1811 (autre inventaire) : "Dans le fournil, un fourneau avec sa chaudière de cuivre, une presse, une scelle à mouiller & une barique cerclée en fer avec sa civière pour passer la colle".

 

TERRE CHAUDE : terre cultivée

 

TERRE FROIDE : terre en friche ou cultivée par intermittence

 

TREMIAGE :
"quatre piles ferrées et une à fleuret avec leurs trémiages et maillets" : Les trémiages correspondraient-ils à des systèmes d'entonnoir pour alimenter les piles et passer les chiffons malaxés de pile en pile ? ou aux circuits d'alimentation en eau des piles ?

 

Sources des informations

ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest
ADQ = Archives Départementales du Finistère à Quimper
ADIV = Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine


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 André J. Croguennec - Page créée le 3/12/2013, mise à jour le 13/9/2016.

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