Le moulin de Kerigeant

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Sommaire
des moulins de La Roche
 

Situation et plans

 Le moulin de Kerigeant, en haut à droite de carte, dont la maison du meunier est devenue crêperie sous le nom breton de "Milin an Elorn", ne doit pas être confondu malgré ce nom avec "le moulin de l'Elorn" situé plus en aval.
Moulin de
l'Elorn
Moulin de Kerigeant et
crêperie "Milin an Elorn"

 


Plan du cadastre napoléonien de Plouneventer - 1828.
 

PropriétaireN° parcelle LieuNom parcelleNature
Mr de Kermenguy à St-Pol09La Roche  Goarom ar menez  Lande
Mr de Kermenguy à St-Pol10La Roche Goarom ar menezLande
Mr de Kermenguy à St-Pol11La Roche Parc ar menezLande
Mr de Kermenguy à St-Pol12La Roche Parc ar menezT. Lab.
Héritiers Tinteniac Paris + Le Guen notaire Landerneau 13La Roche MenezLande
Mme Ve Duporzic à St-Pol14K/antraon Goarom nevezLande
Mr Pillet à Landerneau103La Roche Clos bihanLande
Mr Pillet à Landerneau104La Roche Clos bihanT. Lab.
Mr Pillet à Landerneau105La Roche Clos creisT. Lab.
Mr Pillet à Landerneau106La Roche Clos creisPré
Mr Pillet à Landerneau107La Roche Parc brasT. Lab.
Mr Le Febvre à Nancy108La Roche PlantLande
Mr Pillet à Landerneau120La Roche Lost ar menezVague
Mr Pillet à Landerneau121La Roche Clos tostaT. Lab.
Mr Pillet à Landerneau122La Roche Clos tostaPâture
Mr Morvan à Lannilis123La Roche Jardin ar pontPâture
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Le moulin de Kerigeant n'apparaît pas sur le cadastre napoléonien de Plouneventer en 1828  . En effet, il a été construit plus tardivement sur la parcelle n° 122. Notons, qu'en 1828 et jusqu'en 1948, cette partie de la rive droite de l'Elorn appartenait à la commune de Plouneventer. Elle a été transférée à la commune de La Roche par décret ministériel du 17 juillet 1948.
 

 

Le chemin représenté entre les parcelles 122 et 103 est un accès au gué qui permettait de franchir la rivière en cet endroit. Le gué sera conservé encore pendant de nombreuses années.

 

 

Voici maintenant le moulin sur le cadastre rénové de La Roche.

  


La Roche - Plan du cadastre rénové 229W197 - 1936 ? - Kerigeant
 

 

Construction et modification ultérieure du moulin

 


Premier projet du sieur Morvan, signé Frimot
 

FRIMOT Jacques-Joseph, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées.
Né le 10.06.1790 à St-Germain le Gaillard (Manche)
Marié le 02.08.1827 à Landerneau avec Caroline Honorine ROUSSEAU
Décédé le 03.06.1866 à Landerneau

Il entre à l'Ecole Polytechnique en 1808 puis à l'école des Ponts et Chaussées et s'installe à Landerneau le 17 juin 1820. Il va créer une usine qui sera un modèle et produira des machines à vapeur en 1826, en particulier une pompe pour l'élévation de l'eau et l'épuisement des bassins de radoub de Pontaniou. Deux machines à vapeur marines équipèrent le "Flambeau" et l'"Ardent", mais ces machines sans doute en avance sur leur temps ne furent pas retenues. En 1834, il quitte Landerneau pour Paris où il enseigne à l'Ecole des Ponts et Chaussées, en 1841-1842. En 1848 il reprend ses recherches sur les machines marines à l'Arsenal de Toulon.

On retrouve Jacques Frimot, dans la conception de nombreux ouvrages autour de Pont-Christ et La Roche :
- en 1822, il dessine le nouveau pont de Pont-Christ qui a été détruit par des crues de l'Elorn, l'année précédente,
- en 1827, il élabore les plans du moulin du Frout, sur l'Elorn.
- en 1832, il crée un nouveau projet pour reconstruire le pont de Pont-Christ qui s'est écroulé une nouvelle fois en juin 1831.
Voir le chapitre qui lui est consacré sur ce site. Fermer X

Le 15 juillet 1826, Jean-Marie Morvan, marchand de draps à Lannilis, projette de créer un moulin à blé et à tan sur une parcelle lui appartenant près du pont de La Roche. Il en demande l'autorisation à la préfecture du Finistère.

Cette autorisation lui est refusée pour un certain nombre de motifs : non seulement son canal d'amenée traverse des propriétés pour lesquelles il n'a pas fourni l'autorisation des propriétaires, mais de plus sa longueur de 900 mètres paraît invraisemblable du point de vue du coût induit pour le creuser. Par ailleurs, le plan montre bien qu'il traverse et détruit le chemin vicinal de Pont-Christ à Landerneau.

En novembre 1828, Morvan réitère sa demande, mais après l'avoir considérablement modifiée. Il prévoit de construire son moulin plus en amont ce qui réduit le canal d'amenée à 500 mètres et lui évite d'empièter sur le chemin vicinal de Pont-Christ. Dans ce nouveau projet, son moulin va être construit à la place de l'actuel moulin de Kerigeant, sur la parcelle n° 122.

" M. Morvan obtint d'abord la faculté d'établir le barrage du moulin de Françoise Le Breis, veuve de François Gérin, et de Jean Castel, contre des terres appartenant à ces derniers, suivant acte passé le 14 novembre 1826, devant Malléjac, notaire à Landerneau.
Il acquit ensuite un champ, dit "clos tosta" sur lequel fut construit le moulin, de Mr Emmanuel Claude François Pillet, en vertu d'échange passé le 29 mai 1830, devant Mallejac, notaire sus-dénommé.
Il acquit le lit du chenal ou conduit d'eau du moulin du même sieur Pillet, suivant contrat passé le 20 mai 1830, devant le même Mallejac.
Enfin, il acquit du même sieur Pillet trois pièces de terre dites "Parc creis tosta", "Parc creis pella" et "Parc bras" suivant contrat passé le 9 septembre 1834 devant Onfrey, notaire à Landerneau.

Il acquit aussi de la commune de Plouneventer un terrain vague sis audit terroir, et ce de moitié avec le Sr Le Hideux (Auguste) suivant procès-verbal d'adjudication en date du 30 novembre 1843, au rapport de Le Conte, notaire à Landivisiau, approuvé en préfecture à Quimper le 16 mars 1844, et partagea ce terrain avec ledit Sr Le Hideux, suivant acte non représenté aux notaires soussignés mais dont les acquéreurs [les frères Lacaze acquéreurs en 1861] ont déclaré avoir parfaite connaissance ".

Source acte de vente du moulin par les héritiers Morvan aux frères Lacaze - notaire Rolland, Lannilis - 19/10/1861 (4 E 12/65) Fermer X

Le moulin construit, Morvan se livrera à des modifications diverses et nombreuses de son environnement, pendant une dizaine d'années. Et ceci sans en demander l'autorisation à l'administration, et en provoquant l'irritation de Le Hideux, son voisin papetier, en amont (le moulin des frères Huyot à la Roche-Blanche n'était pas encore bâti).

Enfin l'autorisation finale, réglementant le moulin de Kerigeant, sera fournie par l'Ordonnance Royale du 26/7/1838.

 

Quelques dizaines d'années plus tard, le 26 décembre 1861, le propriétaire suivant, Lacaze, décide de reconstruire le moulin. Il pensait d'abord le faire un peu plus bas en aval. Mais finalement, pour éviter des tracasseries administratives, il le reconstruit au même endroit que le moulin de Morvan, et donc aussi à l'endroit où nous le voyons aujourd'hui.

Le 20 juin 1862, pour le bâtir, Augustin Lacaze demande à la préfecture l'autorisation "d'extraire des moellons (mais pour les besoins de cette construction seule) dans un talus ou terrain en pente bordant au nord la route impériale n° 12, terrain dont il est propriétaire". Il s'agit de la parcelle n° 13 et la carrière va être située, sur une largeur de 26 mètres, entre le pont de La Roche et le moulin.

Le 30 juin, il est autorisé à reconstruire son moulin et le plan établi à cette occasion pour préciser l'alignement à respecter lui concède une bordure de 22 mètres carrés sur la voie publique.

Le 30 août 1865, il est autorisé à construire un bâtiment supplémentaire qui lui servira de magasin. Ce bâtiment est aujourd'hui la crêperie "Milin an Elorn".


Plan de 1862 élaboré en prévision de la reconstruction de la minoterie (ADQ 7 S 26)

Rappel : il était de coutume autrefois d'établir les cartes et plans ayant pour objet les cours d'eau en positionnant l'amont à gauche (de même, pour le chemin de fer, l'amont étant alors dans notre cas la gare Montparnasse à Paris). Ici, sur les deux plans précédents et le suivant, nous avons donc le sud en haut.


Plan de 1865 élaboré pour la construction du magasin (ADQ 2 S 48)

 

Les propriétaires du moulin de Kerigeant

1829-1861Jean-Marie MorvanJean-Marie MORVAN, né le 11 avril 1790, Guisseny, décédé le 19 avril 1861, Lannilis (à 71 ans), marchand de draps.
Marié le 8 janvier 1818, Lannilis, avec Louise Marie Prudence FLOCH, née vers 1797, décédée le 16 décembre 1864, Bourg, Lannilis (à 67 ans), dont
  • Augustin Marie MORVAN, né le 7 février 1819, Lannilis, décédé le 20 mars 1897, Lannilis (à 78 ans), médecin, maire de Lannilis, député du Finistère. L'hôpital de Brest porte son nom.
    Marié le 8 juin 1868, Plouarzel, avec Marie Laurence Rosalie KERMAIDIC, née le 4/4/1844, Plouarzel, décédée le 7/12/1881, Lannilis (à 37 ans).
    Augustin Marie Morvan, médecin et homme politique, maire de Lannilis, député du Finistère, est aussi l'auteur d'un mémoire sur le myxoedème de la Basse-Bretagne, ou maladie de Morvan, il a attaché son nom à plusieurs découvertes scientifiques et médicales.
    Fils de Jean-Marie Morvan et de Louise Marie Prudence Floch, cultivateurs puis marchands de draps à Lannilis, élevé dans une famille de huit enfants, après ses études primaires et secondaires au collège de Lesneven (Finistère), il commence ses études de médecine à l'École de médecine de la Marine à Brest, avant de les poursuivre à la Faculté de médecine de Paris. Reçu comme interne aux hôpitaux de Paris, il présente une thèse inaugurale consacrée à l'anévrisme variqueux. Il est alors dans le service de Nelaton, chirurgien de l'Empereur. Bien que s'étant créé des relations et en dépit de l'attrait de Paris, il préfère s'installer en Basse-Bretagne. Après avoir hésité à ouvrir un cabinet à Brest, il choisit de s'installer chez lui, à Lannilis. C'est alors un bourg de 3000 habitants, à la campagne environnante très peuplée.
    Il mènera une carrière politique et une carrière médicale, sur un double front. Élu maire de Lannilis, en 1857, puis conseiller général et député à l'assemblée législative, en 1871, il est à l'origine de la loi sur la protection de l'enfance malheureuse, dite loi Morvan-Roussel, et d'une loi sur l'assistance publique obligatoire. Il soigne gratuitement, durant toute la durée de son mandat parlementaire. Bravant l'opinion de l'époque, il se penche sur le cas des filles-mères, inaugurant une approche nouvelle de la question. Il se retira ensuite de la vie politique locale.
    Augustin Morvan oeuvra énormément à l'hygiène en matière opératoire. Il publia de nombreux articles dans la Gazette hebdomadaire. Il rédigea des travaux, tirés d'observation, sur la parésie analgésique, sur la chorée fibrillaire, etc. ; son ouvre scientifique ayant été dense. Il est nommé correspondant de l'Académie de médecine de Paris, à la 10e division.
    Il continue d'exercer la médecine, jusqu'à la fin de sa vie. Il s'éteint le 20 mars 1897, à l'âge de 78 ans. En 1945, l'hôpital de Brest reconstruit, est placé sous son patronage. Une plaque commémorative est apposée sur le fronton de sa maison de Lannilis (toujours debout), sur décision du conseil municipal en août 1951. (d'après wikipedia).
    Voir aussi sa biographie sur le site de Lannilis. Fermer X
  • Charles Marie MORVAN, né le 25 janvier 1821, Lannilis, décédé le 24 janvier 1888, Lannilis (à 66 ans).
  • Victor MORVAN, né le 12 février 1830, Lannilis, décédé le 14 juin 1833, Lannilis (à 3 ans).
  • Edouard Charles Marie MORVAN, né vers 1832, décédé le 9 mai 1887, Lannilis (à 55 ans).
  • Louise Marie Prudence MORVAN, née le 26/4/1834, Lannilis, décédée le 12/9/1874, Plogastel-St-Germain (à 40 ans).
    Mariée le 9/11/1873, Lannilis, avec Victor HELO, né le 12/4/1836, Pont-Aven, décédé le 20/3/1904, Plogastel-st-Germain (à 67 ans), notaire.
  • Marie Euphrasie Victorine MORVAN, née le 20 mai 1836, Lannilis, décédée le 11 octobre 1903, Lannilis (à 67 ans).
    Mariée le 25 août 1861, Lannilis, avec Edouard Victor Fortuné LAPORTE, né le 18 décembre 1827, Rosporden.
  • Martial René MORVAN, né le 3 août 1837, Lannilis, décédé le 1er avril 1868, Quimper (à 30 ans).
  • Léonard MORVAN, né le 6 novembre 1838, Lannilis, décédé le 9 août 1850, Lannilis (à 11 ans).
1861LacazeVoir aussi le chapitre "Les meuniers".

En octobre 1861, le moulin passe "des Morvan aux Lacaze, pour 12.000 francs, devant Maître Rolland, notaire à Lannilis" (cf article de Ouest-France, plus bas). Il s'agit des frères Louis, notaire, et Auguste, propriétaire, demeurant tous deux à Landivisiau. Augustin Morvan, le docteur, est présent et agit en son nom et au nom de ses frères et soeurs.

1872-1887Adolphe René Duchateau

Voir aussi le chapitre "Les meuniers".

Le 6 février 1872, M. et Mme Duchateau achètent le moulin à Auguste Lacaze, par contrat chez Me Marchadour, notaire à Concarneau. Ils le revendront à François Elleouet en avril 1887.

Après avoir vendu le moulin, Adolphe René Duchateau, reprend son métier d'architecte à Brest et fonde un journal ayant pour titre la Défense commerciale et industrielle. En 1889, il est victime d'une tentative d'assassinat de la part de son collaborateur, Célestin Dutertre.

Voir Affaire Dutertre dans "La Dépêche" du samedi 3/8/1889. Tentative d'assassinat. - Le nommé Dutertre (Célestin-Honoré), âgé de 23 ans, publiciste, né à Lambezellec, demeurant à Brest, est accusé d'avoir à Brest, le 14 mars 1889, volontairement et avec préméditation, tenté de commettre un homicide sur la personne du sieur Duchateau, laquelle tentative, manifestée par un commencement d'exécution n'a été suspendue ou n'a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur.
Au mois de décembre dernier, le sieur Duchateau fonda, à Brest, un journal ayant pour titre la Défense commerciale et industrielle, à la rédaction duquel il préposa le nommé Dutertre (Célestin). Des contestations relatives à des questions d'intérêts ne tardèrent pas à s'élever entre eux. Quelques numéros seulement du journal avaient paru lorsque Duchateau refusa à son collaborateur l'entrée de ses bureaux et fit insérer, dans les journaux de Brest, une note informant le public que Dutertre avait cessé d'être rédacteur de la Défense commerciale.
Celui-ci en conçut un vif ressentiment. Le 10 mars il acheta, chez un arquebusier de la rue de Siam, un revolver et six cartouches à balles. Le 14, dans la matinée, en sortant du débit tenu, rue de Paris, par le famille Pérusse, il a dit à cette dernière ces paroles significatives : "Je vous dis au revoir, car, ce soir, M. Duchateau et moi nous serons morts". Une heure après, en effet, Dutertre se présentait au bureau de la Défense, place de la Halle, 9. Y ayant trouvé le sieur Duchateau, il lui demanda de l'argent qu'il prétendait lui être dû. Duchateau lui en ayant refusé, Dutertre prit son revolver dans sa poche et en tira 5 coups à bout portant sur celui-ci. Une balle, rasant le crâne, traversa le chapeau que Duchateau avait sur la tête. Une deuxième, amortie par l'épaisseur des vêtements, toucha la victime à la hauteur du sein gauche, sans occasionner de blessure. Les autres se perdirent dans l'appartement, ayant été tirées pendant que Duchateau s'enfuyait dans une autre pièce.
Dutertre paraît sujet à des crises nerveuses. Il a été, pendant sa détention préventive, l'objet d'un examen médical approfondi, duquel il résulte qu'il n'a point exécuté son crime sous l'influence d'un délire épileptique et que sa rsponsabilité demeure entière au point de vue pénal.
En 1883, tout jeune encore, Dutertre a été condamné à 3 mois de prison pour escroqueries. Intelligent, ayant beaucoup lu, il fait grand étalage des ses doctrines socialistes.
L'interrogation de Dutertre est terminée à six heures. L'audience est renvoyée à demain matin, dix heures. Ministère public : M. Fretaud, procureur de la république. Défenseur : Me de Chamaillard, avocat.

Dutertre sera condamné à 5 ans de travaux forcés. Fermer X

1887François Elleouet

Voir aussi le chapitre "Les meuniers".

Le 26 avril 1887, François Elleouet, aubergiste à La Roche-Maurice, veuf de Marie-Jeanne Cessou, acquiert le moulin de Kerigeant, pour 40.000 francs.

La mise à jour du cadastre ancien de Plouneventer sur les fiches de propriétés bâties donne ceci :

(case 361)EntréeSortieNb ouvertures imposables
Eleouet Olivier Jean-Marie à K/igeant F 122 bisMoulin neufmoulin18931895 82
F 122    id.    id1895 82
F 104K/igeantmaison1895 13

1891-1937Marie-Jeanne Le BrisMarie-Jeanne Le Bris, veuve Elleouet, puis veuve Gallou, minotière, voir aussi le chapitre "Les meuniers".
1937-1978Jean-Dominique Branellec et Madeleine-Marie-Françoise GallouVoir aussi le chapitre "les meuniers".

La Dépêche de Brest du 14 janvier 1937 publie cet encart : "Etudes de Me François LEON et de Me René LE MOAL, notaires à Landerneau.
Suivant acte reçu par Me François Léon et Me René Le Moal, notaires à Landerneau, le 9 janvier 1937, Mme Jeanne LE BRIS, veuve en premières noces de M. Jean-Marie ELLEOUET et en deuxièmes noces de M. Jean-Michel GALLOU, demeurant à Landerneau, place de la Mairie, a cédé et transporté à M. Jean-Dominique BRANELLEC, minotier, et Mme Madeleine-Marie-Françoise GALLOU, son épouse, demeurant ensemble à Kérigeant, en la commune de Plounéventer, tous ses droits, parts et portions indivis dans le fonds de commerce de minoterie exploité au moulin de Kérigeant, ensemble moitié indivise de tous les éléments incorporels et du matériel servant à la dite exploitation.
Cette cession a eu lieu moyennant un prix qui a été payé comptant aux termes du dit acte qui en contient quittance.
Il a été convenu qu'au moyen de ladite cesion, M. et Mme BRANELLEC seraient propriétaires des droits cédés à compter du 9 janvier 1937, et qu'ils profiteraient des intérêts et bénéfices y afférents à partir rétroactivement du 31 décembre 1936.
Les oppositions, s'il y a lieu, devront être faites dans les dix jours qui suivent la seconde insertion et seront reçues au domicile de M. et Mme BRANELLEC, à Kerigeant en Plouneventer.
Pour première insertion : F. LEON. "
Après 1978 ?Jean-François Branellec Voir aussi le chapitre "Les meuniers".

 

Les meuniers du moulin de Kerigeant

Ne sont présentés ici que les meuniers patrons ou assimilés et leur famille. Il y a eu, en plus, ponctuellement des aides-meuniers qui résidaient non loin du moulin, au bourg de La Roche ou ailleurs.

 

1835-1836François Donnars et Marie-Jeanne CorreFrançois DONNARS, né le 13 novembre 1785, Plabennec, décédé le 6 avril 1848, Landerneau (à 62 ans), meunier.
Marié le 25 août 1814, Lannilis, avec Marie-Jeanne CORRE, née le 25 avril 1793, Porspoder, décédée le 1er juin 1858, Landerneau (à 65 ans), dont
  • Jean-Marie DONNARS, né le 7 juillet 1815, Pen-ar-Bez, Lannilis.
  • Virginie DONNARS, née le 28 janvier 1832, Bourg, Lannilis.
  • Marie-Louise DONNARS, née le 10 janvier 1834, Pen-ar-Bez, Lannilis, décédée le 6 mars 1835, Moulin Neuf de l'Elorn, Plouneventer (à 13 mois).
Famille présente à Kerigeant lors du recensement de 1836 à Plouneventer (AD29 - vue 19)
On voit qu'au début, Jean-Marie Morvan, installa dans son moulin une famille originaire de Lannilis, sa commune de résidence. Rien de surprenant.
1841-1843Olivier Le Dall et Marie-Yvonne Caer

Pierre François Le Dall et Marie-Anne Le Dall
Jean LE DALL, né le 27 mars 1778, Moulin de Ligouvean, La Roche-Maurice, décédé le 24 septembre 1832, Moulin de Ligouvean, La Roche-Maurice (à 54 ans).
Marié le 8 novembre 1803, La Roche-Maurice, avec Marie-Anne CESSOU, née le 22 février 1781, La Roche-Maurice, dont
  • Olivier LE DALL, né le 9/9/1811, Moulin de Ligouvean, La Roche-Maurice, décédé le 31/7/1886, Landerneau (à 74 ans).
    Marié le 31/1/1837, La Roche-Maurice, avec Marie-Yvonne CAER, née le 24/2/1809, Moulin de Brezal, Plouneventer, décédée le 5/11/1898, Landerneau (à 89 ans), dont
    • Marie-Angèle LE DALL, née le 15 décembre 1837, Moulin de Traonperenez, La Martyre.
    • Jean-Pierre LE DALL, né le 26 mai 1840, Moulin de Traonperenez, La Martyre.
    • Anne Claudine LE DALL, née le 17/12/1841, Moulin de Kerigeant, Plouneventer, décédée le 4/3/1901, Landerneau (à 59 ans).
    • Marie Anne LE DALL, née le 3 août 1843, Moulin de Traonperenez, La Martyre.
    • Yves Marie LE DALL, né le 1er septembre 1845, Moulin de Traonperenez, La Martyre.
    • Jean-Marie LE DALL, né le 28 mai 1848, Moulin de Traonperenez, La Martyre, décédé le 13 juin 1851, Landerneau (à 3 ans).
  • Pierre François LE DALL, né le 2/11/1819, Moulin de Ligouvean, La Roche-Maurice, décédé le 29/6/1854, Pointe-à-Pitre (à 34 ans), meunier, soldat d'infanterie de marine.
    Marié le 31/1/1837, La Roche-Maurice, avec Marie-Anne LE DALL, née vers 1818, Ploudalmezeau, décédée le 18/2/1843, Moulin de Kerigeant, Plouneventer (à 25 ans), dont
    • François LE DALL, né le 18/3/1840, Moulin de Ligouvean, La Roche-Maurice, décédé le 13/6/1845, Bourg, La Roche-Maurice (à 5 ans).
1844-1854Alain Bechen et Catherine Le VennAlain BECHEN, né le 18 janvier 1814, Plouvorn, décédé le 11 mai 1854, Moulin de Kerizien, Plouneventer (à 40 ans), meunier.
Marié le 25 juillet 1842, La Roche-Maurice, avec Catherine LE VENN, née le 16 juillet 1806, Richou Bras, St-Servais, décédée le 10 novembre 1861, Richou Bras, St-Servais (à 55 ans), dont
  • Louise BECHEN, né le 10 mai 1843, Moulin de La Roche, La Roche-Maurice.
  • François BECHEN, né le 24/4/1847, Moulin de Kerigeant, décédé le 6/1/1848, Moulin de Kerigeant, Plouneventer (à 8 mois).
  • Jean Louis BECHEN, né le 26 avril 1849, Moulin de Kerigeant, Plouneventer.

Avant son mariage avec Alain Bechen, Catherine Le Venn était veuve de Jacques Le hier, meunier du Frout puis du moulin de La Roche. En décembre 1844, la veuve de Jacques Le Hir paye la patente à La Roche, pour le moulin de Kerigeant à Plouneventer. Catherine Le Venn est présente à Kerigeant lors des recensements de 1846, 1856 et de 1861.
1845-1861Catherine Le Venn
1845-1846Jacques Corre et Marie ColliotJacques CORRE, né le 10 juin 1818, Landivisiau, décédé le 9 novembre 1869, Brest (à 51 ans), tanneur, meunier.
Marié le 11/11/1842, La Roche-Maurice, avec Marie COLLIOT, née le 16/12/1820, Morlaix, décédée le 18/1/1881, Brest (à 60 ans), dont
  • Joseph Marie CORRE, né le 15/11/1843, Bas-Bourg, La Roche-Maurice, décédé le 28/11/1843, Bas-Bourg, La Roche-Maurice.
  • Jacques Elie CORRE, né le 25/2/1845, Bas-Bourg, La Roche-Maurice, décédé le 21/3/1846, Moulin de Kerigeant (à 12 mois).
  • Catherine CORRE, née le 29 août 1846, Moulin de Kerigeant, Plouneventer.

Non présents à Kerigeant au recensement de 1851, ni dans les environs.
1866-Charles Crenn et Marie CalvezCharles Antoine CRENN, né le 10 juillet 1834, St-Servais, décédé le 7 février 1898, Pont Pinvidic, Lampaul-Guimiliau (à l'âge de 63 ans), meunier, contre-maître minotier.
Marié le 19/7/1859, St-Louis, Brest, avec Marie Michelle CALVEZ, née en 1838, St-Marc, décédée le 20/8/1879, Landivisiau (à 41 ans), dont
  • Charles CRENN, né le 17 avril 1860, Pont-L'Abbé.
  • Alexandre CRENN, né le 27 avril 1862, Rue du moulin, Rosporden.
  • François Marie CRENN, né le 1er avril 1864, Pont de La Roche, Plouneventer.
  • Marie Françoise Renée CRENN, née le 24 février 1866, Moulin de Kerigeant, Plouneventer.
  • Henri CRENN, né vers 1866.
1861-1866Louis Lacaze et Stéphanie Le PivainLouis Raymond LACAZE. Marié avec Anne-Marie GUILLOU, dont
  • Louis Mathurin LACAZE, né le 2 mars 1835, Cleder, notaire, minotier.
    Marié le 31 janvier 1864, Landivisiau, avec Stéphanie LE PIVAIN, née le 2 mars 1846, Landivisiau, dont
    • Louise LACAZE, née le 1er mars 1866, Moulin de Kerigeant, Plouneventer.
    • Raymond Gabriel LACAZE, né le 8 avril 1868, Landerneau.
    • Louise Marie LACAZE, née le 20 janvier 1874, Landerneau.
  • Auguste LACAZE, né le 30 mars 1836, Bourg, Cleder, propriétaire, minotier associé.
    Marié le 10 août 1868, Brest, avec Adolphine Marie DUCHATEAU, dont
    • Charles François LACAZE, né vers 1869.
    • René LACAZE, né vers 1873.
    • Auguste Adolphe LACAZE, né le 24 mars 1873, St-Louis, Brest.
    • Marie-Alice LACAZE, née le 9 janvier 1882, Kerigeant, Plouneventer, décédée le 28 mars 1948, Auxerre (à 66 ans).

Recensement de 1866 : à Kerigeant, Charles Crenn et Louis Lacaze ; à Ty-Lima : Auguste Lacaze.
Recensement de 1872 : à Minoterie de Kerigeant, Auguste Lacaze et Adolphe Duchateau.
Recensement de 1876 : à Kerigeant, Adolphe Duchateau et Auguste Lacaze.
Recensement de 1881 : à Kerigeant, Adolphe Duchateau et Auguste Lacaze.
Recensement de 1886 : à Kerigeant, Adolphe Duchateau.
1861-1882Auguste Adolphe Lacaze, époux d'Adolphine Duchateau
1872-1887Adolphe René DuchateauAdolphe René DUCHATEAU, né le 9 juillet 1822, Brest, décédé en mai 1902 à Quimper (à 79 ans), architecte voyer, minotier, puis architecte.
Marié le 26 avril 1846, Quimper, avec Louise PINARD, née le 18 janvier 1823, Lorient, dont
  • Adolphine Marie DUCHATEAU, née le 1er octobre 1850, Quimper.
    Mariée le 10 août 1868, Brest, avec Auguste LACAZE, né le 30 mars 1836, Bourg, Cleder, minotier, dont
    • Charles François LACAZE, né le 6 mai 1869, St-Louis, Brest.
    • René Louis LACAZE, né le 26 février 1873, St-Louis, Brest.
    • Auguste Adolphe LACAZE, né le 24 mars 1873, St-Louis, Brest.
    • Pierre Louis LACAZE, né le 24 mars 1873, St-Louis, Brest.
    • Marie-Alice LACAZE, née le 9 janvier 1882, Kerigeant, Plouneventer, décédée le 28 mars 1948, Auxerre (à 66 ans).
1887-1891François ElleouetFrançois ELLEOUET, né le 7 avril 1819 à La Roche-Maurice décédé le 17 septembre 1891, Ty Menez, Plouneventer, minotier.
Marié avec Marie-Jeanne CESSOU, décédée le 20 octobre 1883, Bourg, La Roche-Maurice, dont
  • 6 enfants nés de 1845 à 1856, Le Verger, La Roche-Maurice
  • Olivier Jean Marie ELLEOUET, né le 13 octobre 1858, Le Verger, La Roche-Maurice, décédé le 7 février 1896, Kerigeant, Plouneventer (à 37 ans), minotier.
    Marié le 5 octobre 1891, Quimerc'h, avec Marie-Jeanne LE BRIS, née le 16 octobre 1869, décédée le 29 mars 1958, enterrée à La Roche-Maurice (à 88 ans).
  • Marie-Jeanne ELLEOUET, née le 15 juin 1863, Le Verger, La Roche-Maurice.

Recensement de 1891 : à Kerigeant, François Elleouet, minotier.
1891-1896Olivier Elleouet et Marie-Jeanne Le BrisMarie-Jeanne LE BRIS, née le 16 octobre 1869, décédée le 29 mars 1958, enterrée à La Roche-Maurice (à 88 ans).
Mariée le 5 octobre 1891, Quimerc'h, avec Olivier Jean Marie ELLEOUET, né le 13 octobre 1858, Le Verger, La Roche-Maurice, décédé le 7 février 1896, Kerigeant, Plouneventer (à l'âge de 37 ans), minotier, dont
  • Anonyme ELLEOUET, née le 15 septembre 1892, Kerigeant, décédée le 15 septembre 1892, Kerigeant.
  • Olivier Jacques Marie ELLEOUET, né le 14 avril 1894, Kerigeant, décédé le 7 septembre 1918, Kerigeant (à 24 ans).
  • François Marie ELLEOUET, né vers 1895, décédé le 26 décembre 1901, Kerigeant (à 6 ans).
Mariée le 11 août 1902, Plouneventer, avec Jean Michel GALLOU, dont
  • Jeanne GALLOU, née en 1903, Rennes, décédée le 22 novembre 1953, enterrée à La Roche-Maurice (à 50 ans).
  • Madeleine GALLOU, née le 17 octobre 1904, Rennes, décédée le 19 juillet 1988, enterrée à La Roche-Maurice (à 83 ans).
    Mariée le 9 juillet 1923, Plouneventer, avec Jean Dominique BRANELLEC, né le 24 juin 1898, St-Louis, Brest, décédé le 17 avril 1978, enterré à La Roche-Maurice (à 79 ans), minotier, dont
    • Jean Olivier Dominique BRANELLEC, né le 2/1/1925, Plouneventer, décédé le 28/9/1933, Kerigeant (à 8 ans).
    • Georges BRANELLEC, né le 24/4/1928, Plouneventer, décédé le 10/1/1983, enterré à La Roche-Maurice (à 54 ans).
    • Marie-Claire BRANELLEC, née en 1935.
    • Jean-François BRANELLEC, né le 11 mai 1941, Plouneventer, minotier. Marié avec Nicole MADEC.

En 1981, le meunier et la meunière se sont reconvertis. Jean-François s'est fait intermédiaire pour livrer ses anciens clients en farine. Nicole est devenue crêpière et a ouvert sa crêperie dans une dépendance du moulin (voir l'article de Ouest-France plus bas).
1896Marie-Jeanne Le Bris, veuve Elleouet
1909-1918Marie-Jeanne Le Bris, veuve Gallou, et son fils Olivier
1918-1923Marie-Jeanne Le Bris
1923-1933Marie-Jeanne Le Bris et son gendre Jean Branellec
1933-1981Jean-François Branellec et Nicole Madec

 

Description du moulin

 

 

La mort d'un moulin artisanal (Ouest-France du 12/8/1981)

 


Un pincement au coeur devant les rouages
 

Jean-François surveillant la passe à poissons

Le vénérable moulin de Kerigeant, tapis au creux du vallon verdoyant, était le dernier sur l'Elorn à moudre de la belle farine blanche. Ses propriétaires Jean-François et Nicole Branellec, non sans pincement de coeur, viennent d'arrêter son cliquetis. Un signe des temps... Vouloir lutter indéfiniment contre les géants, les trusts, les multinationales, les gigantesques "Grands Moulins", amène immanquablement l'usure, la brisure, voyez ce qui est arrivé au pot de terre qui avait relevé le défi du pot de fer. Pas fous, M. et Mme Branellec arrêtent les frais. C'est dommage, car il s'avère, une fois de plus, que l'industrialisation à outrance arrache les derniers fragments de vie artisanale, à l'échelle humaine.

L'Elorn faisait marcher sa turbine neuf mois sur douze, l'élecricité fournissant l'appoint durant la sécheresse estivale. Turbine, arbres et couroies de transmission, broyeurs cannelés, convertisseur, tamis plat oscillant, boisseaux, goulottes, appareils d'ensachage et balances se sont arrêtés, comme dans le moulin d'Alphonse Daudet, Maître Cornille retroussera-t-il ses manches ?

 

Reconversion par la force des choses
Jean-François et Nicole Branellec s'adaptent. Ils ne sont pas du genre à jeter la manche après la cognée. Jean-François, qui a trimbalé des milliers de lourds sacs de farine lorsqu'elle tombait de ses goulottes est toujours en plein trimbalage. "Je fournis mes clients comme auparant mais je ne suis plus qu'un intermédiaire, le blé étant moulu à Nantes selon les règles de l'art."

La charmante Nicole, quant à elle, accueille aimablement ses clients à la crêperie "Milin an Elorn" surplombant les passes à poissons. Le royaune des salmonidés (saumons et truites) en quelque sorte... Crêpes succulentes, poésie, onde pure et pêche plus ou moins miraculeuse ne vont-elles pas de pair ? Ce n'est pas le Pérou, mais on est bien dans sa peau... Le "droit d'eau fondé en titre", cette survivance de l'ancien Régime, leur reste acquis, noir sur blanc. La machinerie est toujours là. Elle peut fournir à tout moment, l'électricité à usage domestique. c'est toujours ça de gagné. Un futur hôtel, qui ferait "tilt", pour sûr ? C'est écrit dans le ciel...

 

Une page d'histoire
Dire que la meunerie était parmi les premières industries françaises il y a cent ans ! Qu'en reste-t-il ? Avant la guerre de 1939-1945, il existait environ 350 moulins dans le Finistère. Il n'en reste plus qu'une vingtaine. Le moulin du Morbic (Kerbrat) qui a "fermé" il y a un lustre ne nous contredira pas. Les Gallou (la maman de Jean-François Branellec, Madeleine Marie, âgée de 76 ans, toujours en vie est une Gallou) sont devenus propriétaires du moulin de Kerigeant au début de ce siècle. Un long cheminement...

L'histoire du moulin vaut la peine qu'on s'y attarde succintement. Elle date de 1838. Ci-après l'ordonnance du roi Louis-Philippe, le fils de Philippe Egalité : "Vu la demande du sieur Morvan en date du 20 octobre 1835, tendant à obtenir l'autorisation d'exhausser le barrage du moulin qu'il a établi sur la rivière de l'Elhorn, commune de Plouneventer, en vertu d'un arrêté préfectoral du 7 octobre 1829, nous avons ordonné et ordonnons que le Sieur Morvan est autorisé à établir un moulin à blé et à tan sur un terrain bordant la rivière d'Elhorn, commune de Plouneventer (Finistère). Fait au Palais de Neuilly, le 28 juillet 1838. Signé : Louis Philippe" Et contresigné, "par le Roi", par Martin Dunoid, ministre secrétaire d'Etat des travaux publics, de l'agriculture et du commerce. Rien que ça... Remarquons que l'Elorn s'appelait alors "L'Elhorn" et que le moulin en question se trouvait à Plouneventer et non pas à La Roche-Maurice.

Par la suite, Napoléon III, en octobre 1861, et timbre impérial à l'appui, avec cette entrée en matière plutôt tonitruante : Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français, à tous présents et à venir, Salut !", autorise la vente du moulin, des Morvan aux Lacaze, pour 12.000 francs, devant Maître Rolland, notaire à Lannilis.

Quand on voit l'épaisseur et la solidité des murs de ce moulin à la belle histoire, son cheminement, sous d'autres formes sans doute, est loin d'être terminé. mais ce ne sera plus jamais qu'un "ancien" moulin.

Armand Joseph.

 

Photos du moulin de Kerigeant



Photo A. Croguennec
14/11/2005.

Le moulin transformé en crêperie. On remarquera son changement de nom, qui apporte la confusion avec le "Moulin de l'Elorn".
Ce dernier, appelé aussi "moulin Bazin" puis "Le Verge" est situé plus en aval, sur la rive gauche, en face de l'usine de l'Ozone à Pont-ar-Bled.
 


Façade est.      Photo A. Croguennec - 14/11/2005.

Façade est.      Photo A. Croguennec - 14/11/2005.
 
Engrenages pour manoeuvrer les vannes.      Photo A. Croguennec - 14/11/2005.
 


Côté sud.      Photo A. Croguennec - 14/11/2005.


En-tête de papier à lettre

Bief en amont avec le canal de décharge à droite
 

Canal de décharge
 

Un sac de farine portant la marque de "J. Branellec"
(Ph. A. Croguennec au moulin du pont à Daoulas)

Diaporama - Intérieur du moulin de Kerigeant aujourd'hui

 Diaporama : photos    
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 Avance
manuelle
 



Les 5 niveaux du moulin, du rez-de-chaussée au 4è étage, sans compter le sous-sol où se trouvait la turbine.


1 - Au rez-de-chaussée, au fond de la salle, à l'intérieur du cercle de pierres de taille, le mécanisme central de transmission du mouvement de la turbine.

 

Documents d'archives

 

Réclamation de Nicolas Le Hideux, du moulin à papier de Brezal, aux Ponts-et-Chaussées - 27/9/1837 (ADQ 54 S 12)

Brézal près Landerneau le 27 7bre 1837

Monsieur l'ingénieur en chef,
Lorsque j'eus l'honneur de vous voir, à mon dernier voyage à Quimper, vous me prometiez de donner suite à mes réclamations concernant le barrage que Monsieur Morvan de Lannilis a fait construire sur la rivière d'Elorn. Et d'après vos conseils, je me présentai chez Monsieur l'ingénieur Poirée à Landerneau pour le prier, de votre part, de s'occuper sur le champ de cette affaire qui traîne depuis 10 ans. J'ignore encore si vos ordres ont été exécutés, mais je dois vous prévenir que Mr Marvan fait faire de nouveaux travaux ; construire et reconstruire ; comme bon lui semble ; et sans l'autorisation de l'administration et du génie, dont il a toujours méconnu les ordres. dans cet état des choses, je persisterai toujours dans mes réclamations jusqu'à ce que l'administration et le génie qui ont fixé la hauteur de son barrage, le fassent rentrer dans les limites qui lui ont été prescrites, autrement l'intervention de ces autorités serait illusoire dans l'espèce.

Lors de votre tournée dans notre arrondissement vous avez pu vous convaincre par vous-même, Monsieur l'ingénieur en chef, que le rocher quartzeux qui se trouve au milieu de la rivière était couvert, tandis qu'il doit être découvert de 50 centimètres, que la rivière refluait sur mon terrain et me causait dommage réel, par la perte d'une chute d'eau que je suis dans l'intention d'utiliser d'instant à autre.

Mon fils qui se rend à Quimper vous remettra une lettre. Veuillez bien, je vous prie, lui dire si je dois encore écrire à Monsieur le Préfet ; il me serait beaucoup plus agréable d'apprendre que vous ferez terminer cette affaire sans son intervention.

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monsieur l'ingénieur en chef, votre très humble et très obéissant serviteur. Lehideux.

 

Procès verbal de recolement (archive privée) :

 

Ce jourd'hui 19 mai 1840, nous Elève, Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, chargé du service de l'Arronfissement de LANDERNEAU, accompagné de M. PRIVOT, conducteur des Ponts-et-Chaussés, nous sommes rendu à l'usine construite par le Sr MORVAN sur la rivière de l'Elorn en vertu de l'ordonnance du roi du 26 juillet 1838. Nous avons trouvé sur les lieux MM. Lucien BAZIN, Maire de la commune de La Roche, Yves PRIGENT, Maire de la commune de Plouneventer, Nicolas LEHIDEUX, propriétaire de l'usine à papier de BRESAL, Nicolas PHILIBERT, Auguste LEHIDEUX, propriétaires riverains, Jean-Marie MORVAN, avons procédé en leur présence à la vérification de l'exécution des clauses comprises dans ladite ordonnance, nous avons reconnu :

  1. Que le couronnement du déversoir est établi à 0,5 m. en contrebas du rocher quartzeux situé à 500 mètres du moulin et pris pour repère provisoire.
  2. Que la largeur dudit déversoir était de 20,60 m.
  3. Que le pertuis servant de décharge de fond avait 2,41 m. partagé en 3 ouvertures de vannes de 88 cm, 75 cm et 78 cm.
  4. Nous avons choisi et indiqué comme repère définitifs solides et invariables deux rochers quartzeux en saillie sur le sol.
    Le premier est situé sur la rive droite de L'Elorn à 18 mètres du banoyer du barrage et à 14 mètres en amont de son arrête d'aval ; son point culminant est élevé de 2,41 m au-desus de la crête du déversoir.
    Le second est situé aussi sur la rive droite, au milieu du pertuis de décharge et à 7,50 m. en aval du déversoir, son point culminant à l'aplomb du mur qui le surmonte est à 57 cm en contrebas de la crête du déversoir.

Nous avons donné lecture du présent procès-verbal aux parties ci-dessus désignées et elles l'ont signé en même temps que nous. A BREZAL, les jour, mois et an que dessus.
Le Conducteur Signé : Grimot - L'élève Ingénieur Signé : DEGLIN - Le Maire de La Roche Signé : L. BAZIN - Le Maire de Plouneventer Signé : Yves Prigent
Signé JM. MORVAN - Signé : LEHIDEUX - Signé : LEHIDEUX Fils

 

 

Sources des informations

 

ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest
ADQ = Archives Départementales du Finistère à Quimper
AML = Archives Municipales de Landerneau


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 André J. Croguennec - Page créée le 12/2/2016, mise à jour le 17/8/2019.

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