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Les moulins de La Roche-Maurice

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  1. Description sommaire des moulins
  2. Les moulins sur la carte IGN détaillée
  3. Quelques statistiques sur les moulins
  4. Interdépendance des moulins < ajout le 24/6/21
  5. Sources des informations
Plan de La Roche   Kerantraoñ    Justiçou    Pont ar Bled    Milin Eol    Milin ar Roc'h    Kermeur    Kermadec    Ligoulven    Pont ar Groaz    Kerigeant    La Roche-Blanche    La Fonderie    Brezal    Le Frout / Elorn    Le Frout / St-Jean    Thermes et villa 
 gallo-romaine 
X

1 - Description sommaire des moulins

/!\ Ce qui suit est le résumé, fait en janvier 2021, des études détaillées réalisées depuis
longtemps et publiées sur ce site. Cliquer sur les noms des moulins pour y accéder

Les moulins de La Roche ne sont plus en fonctionnement aujourd'hui. On peut en dénombrer 14 si l'on tient compte des moulins ou minoteries qui sont juste à la limite de La Roche et de Plouneventer ou de Plouedern.

I - Il y a d'abord les moulins très anciens sur la rivière Morbic dont la date de construction est antérieure au 18è siècle. Ces moulins étaient précédés d'un étang pour constituer une réserve d'eau. On avait de l'amont vers l'aval :

  1. Le moulin de Keramer ou de Pont-ar-Groaz :
    Il existait déjà en 1670. C'était un moulin double : le petit moulin servait à suppléer le moulin principal en été quand l'eau se faisait rare. Chacun comportait une roue horizontale, dite roue à pirouette. Le petit moulin fut détruit avant 1852 pour la construction de la route N164 (aujourd'hui D764), l'autre fonctionna jusqu'en 1901. Il n'existe plus rien à l'endroit où se trouvaient ces moulins, si ce n'est un pan de mur qui pourrait être celui du petit moulin. Ci-contre le pont sous la D764.
  2. Le moulin de Ligoulven ou moulin Cochard :
    Il était composé de 3 édifices : le « moulin blanc », « ar vilin greiz » et le « moulin neuf ». Ce dernier avait été construit par Sébastien Cochard probablement vers 1759, car avant cette date le meunier exploitait le moulin de Pont-ar-Groaz. Les 2 autres moulins sont donc antérieurs. Ces moulins étaient équipés chacun d'une roue horizontale, mais au cours du 19è siècle « ar vilin greiz » fut équipé d'un deuxième tournant. Ces moulins se sont arrêtés de tourner entre 1926 et 1931. Ci-contre « ar vilin greiz ».
  3. Le moulin de Kermadec :
    en 1671, Nicolas Nedelec est meunier à Kermadec, mais le moulin est certainement antérieur à 1663, date à laquelle les seigneurs de Kermadec cédèrent leur fief aux Kersulguen de Pencran. En 1809, le moulin comportait une roue horizontale et une roue verticale. En 1899, les deux paires de meules étaient actionnées par une turbine. Le moulin s'est arrêté de tourner entre 1926 et 1931.
  4. Le moulin du Morbic ou de Kermeur ou Milin Glas :
    Ce moulin fonctionnait déjà en 1678 et appartenait à la famille de Gouzabatz, seigneurs de Keropartz, au Trehou. Un peu avant la Révolution, il fut acheté par des roturiers, puis par la famille de Lavillasse qui le vendit à Paul de Dieuleveult de Kernevez. Le dernier propriétaire et meunier fut Alain Kerbrat.
    Jusqu'à la fin du 19è siècle, le moulin est équipé d'une seule paire de meule, et sa production est peu importante. Mais Paul de Dieuleveult le démolit en 1892 pour le reconstruire et l'équiper d'une turbine et de deux paires de meules. En 1939, il est cité parmi les moulins du Finistère dont la production dépasse les 1.500 quintaux, on peut le qualifier de minoterie.
  5. Le moulin de La Roche ou Milin ar Roc'h :
    C'est certainement le moulin le plus ancien de la commune, il est mentionné dans un aveu du duc de Rohan de 1549 : « un moulin banal situé en contrebas du château ». Vers 1730, il est vendu à Jacques René du Vergier de Kerhorlay. Plus tard, il sera acheté par des roturiers. En 1960, il appartenait à la famille Bazin. Le dernier meunier a été Joseph Heliez, époux de Virginie Prigent. Le moulin s'est arrêté de tourner entre 1931 et 1936 (source recensement).
    En 1799, le moulin comporte deux tournants : l'un, le grand moulin, mû par une route verticale et l'autre, le petit moulin, par une roue horizontale, "à pirouette". En 1899, le moulin comporte deux paires de meules entraînées par une turbine.

II - Ainsi que sur le ruisseau de Kerbeneat, qui sépare La Roche de Lanneuffret :

III - Les moulins de Brezal :

  1. Le moulin à farine de Brezal :
    en contrebas de l'étang de Brezal, a été construit en 1520 par Guillaume de Brezal et Marguerite Le Sénéchal, son épouse, en 1520. Il a toujours fière allure avec ses crochets et crossettes, aux figures variées, qui cascadent sur les rampants, ainsi que sa porte majestueuse surmontée d'une arcature à accolade abritant des écussons martelés lors de la Révolution, ainsi que la large pierre portant en relief l'inscription de sa fondation. Son équipement a évolué au cours des siècles mais sur la base de trois tournants : 2 verticaux et une pirouette, ou une grande roue verticale et deux pirouettes. Il s'est arrêté de fonctionner avant 1910. Le dernier meunier a été Mathurin Menez, qui avait signé son bail en 1904.
  2. Le moulin à papier de Brezal :
    Il se trouvait sur l'Elorn à un kilomètre en aval du précédent. Il aurait été construit en 1636, et fut exploité au début par des familles papetières venues de Normandie, comme ce fut le cas, chez nous, pour beaucoup de moulins à papier. En 1870, Léon d'Audibert de Lavillasse, industriel et maire de La Roche, le transforma en forges et fonderie. En 1927, le moulin était ruiné, quand Maurice Jouan s'installa en ce lieu pour créer l'élevage « ar Vro Goz » (animaux à fourures, vaches, etc...).

IV - D'autres moulins vont être construits au 19è siècle :

  1. Il y aura les 2 petits moulins du Frout, l'un sur la rivière St-Jean, dit "Milin a' Frout", et l'autre sur l'Elorn. Construits respectivement vers 1811 et 1828, par Hervé Le Hir, gendre de Jacques Cren, qui avait acheté les terres du Frout comme bien national. Il reste aujourd'hui quelques ruines du premier, mais absolument rien du second.
  2. Sur la rivière des Justices, affluent de l'Elorn, elle sépare La Roche de Plouedern. On y trouve
    • Le moulin de Pont-ar-Bled.
      Il fut construit en 1803 sur des terrains loués par Charles Le Bourg, jurisconsulte à Landerneau, à Pierre Saillour et Marie-Renée Prigent, meuniers bâtisseurs. Il sera abandonné en 1852, année qui vit la construction d'un nouveau moulin par Hervé Le Lann et Sébastien Le Bras. Il deviendra une vraie minoterie avec les familles Cann, Fretaud et Pouliquen. Il s'arrêta de tourner en 1965. C'est un gîte aujourd'hui.
    • Le moulin des Justices, un peu plus en amont sur la rivière, fut d'abord un moulin à papier construit en 1802 par Pierre Anner, imprimeur à Brest. Il était équipé d'une cuve et de vingt maillets ferrés. Dès le 2è quart du siècle, il est transformé en moulin à farine et il tournera jusqu'en 1916.
  3. Le moulin de la Roche-Blanche sur l'Elorn, juste en aval du moulin à papier de Brezal.
    Bâti en 1845 par les frères Huyot, Paul et Isidore. Il sera racheté par Léon de Lavillasse en 1870, c'est déjà une grande minoterie « avec huit paires de meules montées à l'anglaise ». Plus tard, après 1890, l'usine sera équipée de cylindres par Jean-Marie Cann. Elle continuera de fonctionner jusqu'en 1965 environ, dirigée par Emmanuel Martin.
  4. Le moulin de Kerigeant sur l'Elorn
    Il est construit à partir 1828 par Jean-Marie Morvan, riche marchand de draps de Lannilis et père d'Augustin Morvan qui donnera son nom à l'hôpital de Brest. Cependant, à cause de difficultés techniques et environnementales, l'autorisation finale, règlementant le moulin de Kerigeant, ne sera fournie par l'Ordonnance Royale que le 26/7/1838. En 1861, après le décès de Jean Marie Morvan, le moulin est vendu au frères Lacaze de Landivisiau, qui le démolissent pour construire une vraie minoterie. Elle fonctionnera jusqu'en 1981, dirigée par Jean-François Branellec, et puis, la minotière se fit crêpière.
  5. Le moulin de l'Elorn, en face de la station de pompage de Pont-ar-Bled.
    Les débuts de ce moulin sont assez originaux car il a été d'abord un moulin à céréales, mais aussi et surtout à huile. On lui donna donc le nom de « milin-eol », faussement traduit par certains en « moulin du soleil ». Construit en 1821 par un ingénieur originaire du Gers, Jean Moliné, il utilisait un principe complètement nouveau pour extraire de l'huile des graines de lin. Au lieu d'écraser les graines par une meule verticale, il les broyait entre deux paires de cylindres, qui tournait chacun à une vitesse différente pour être plus efficace, et la pâte obtenue était pressée dans un pressoir horizontal.
    Le moulin sera rapidement racheté par Michel Bazin-Drant, puis transformé en minoterie en 1843. En 1864, elle est montée de 12 paires de meules à l'anglaise. Puis viendront les mécanismes à cylindres en 1879. La minoterie sera vendue aux frères Le Verge en 1929. Au milieu du 20è siècle, outre son activité de minoterie, la société fabriquait aussi et vendait des aliments pour le bétail ou l'élevage en général... La minoterie ne tournait plus en 1969. Tous les bâtiments furent rasés en 2002.

 

2 - Les moulins de La Roche sur la carte IGN détaillée

carte
 15. Moulin de Kerantraoñ
 13. Moulin des justices
 12. Moulin de Pont-ar-Bled
 5. Moulin de La Roche
 11. Moulin de l'Elorn
 4. Moulin du Morbic
 3. Moulin de Kermadec
 2. Moulins de Ligoulven
 1. Moulins de Pont-Croix
 10. Minoterie de Kerigeant
 9. Minoterie de la Roche Blanche
 8. Moulin à papier de Brezal
 14. Moulin de Brezal
 6. Moulin du Frout St Jean
 7. Moulin du Frout / Elorn

Les moulins de La Roche

 Cliquer sur le n° pour localiser le moulin
Cliquer sur le lien pour en savoir plus

(1) Ces moulins sont en réalité sur la commune de Plounéventer,
      mais à la limite de celle de La Roche.
(2) Sur Plouedern, mais proches du bourg de La Roche.
(3) Sur Lanneuffret, mais à la limite de La Roche.

Ci-dessus la carte IGN de La Roche-Maurice pour situer les moulins.

/!\ Si votre vieux navigateur n'accepte pas les clics dans le pavé plus haut, essayer ici. Cliquer sur le numéro pour localiser le moulin et sur le lien pour en savoir plus.

01. Pont-Croix ou de Keramer  
02. Ligoulven ou Cochard
03. Kermadec
04. Morbic ou Kermeur
05. Moulin de La Roche   
06. Moulin du Frout
07. Autre moulin du Frout
08. Moulin à papier de Brezal
09. Minoterie de La Roche Blanche  
10. Minoterie de Kerigeant
11. Moulin de l'Elorn ou Milin-Eol  
12. Moulin de Pont-ar-Bled
13. Moulin des Justices
14. Moulin de Brezal
15. Moulin de Kerantraoñ

 

3 - Quelques statistiques sur les moulins

 

4 - Interdépendance des moulins - exemple du Morbic

Quand des moulins rapprochés se succèdent ainsi sur une rivière, et surtout lorsqu'ils possèdent un étang pour disposer d'une réserve d'eau, leur fonctionnement correct impose aux meuniers quelques règles d'exploitation et de bon voisinage.

<< Etangs de Milin-ar-Roc'h
/
/
<< Kermeur (pas d'étang)
<< Etang de Kermadec
Etang de Ligoulven >>
<< Etang de
     Keramer
1 2 3 4 5 6 7 8
Les moulins :
1 Keramer : petit moulin
2 Keramer : grand moulin
3 Ligoulven : moulin blanc
4 Ligoulven : milin greiz
5 Ligoulven : moulin neuf
6 Kermadec
7 Kermeur
8 Milin ar Roc'h

L'exploitation de l'eau

L'étang, par sa fonction de réservoir, assure le stockage de l'eau, la régulation du débit, la réduction des pertes. Il permet la marche du moulin en période d'étiage ou lorsque le débit d'eau moyen est trop faible.

Supposons un moulin qui a besoin de 3.000 m3/h pour tourner alors que le débit de la rivière n'est que de 1.000 m3/h. L'étang ayant une capacité de 3.000 m3, si nous fermons toutes les vannes il se remplira en trois heures et le meunier aura en principe la possibilité de faire fonctionner son moulin durant une heure. En réalité, il fonctionnera plus longtemps car le processus est plus complexe. Il faut tenir compte du fait que, durant la période de travail, l'eau continue d'affluer et qu'au début de la période de travail, si le niveau est très haut, le besoin en eau sera plus faible. Par ailleurs, le processus de fonctionnement des moulins placés en amont intervient aussi.

L'importante succession des moulins au fil des rivières impose des règles d'exploitation. Ces règles de bon voisinage sont à respecter par tous afin que chacun puisse obtenir la meilleure utilisation de l'eau qui passe de l'un à l'autre.

En règle générale, cette interdépendance dans l'exploitation est harmonieuse. Mais, évidemment de temps à autre, quelques conflits surgissent : des problèmes de familles, une concurrence active, un peu de jalousie peuvent attiser le désir d'ennuyer les voisins. ...

Les recettes pour mettre le voisin en difficulté sont nombreuses. Elles sont liées à la capacité des étangs, à leur niveau, à la différence d'altitude entre deux moulins. La transgression des règles peut d'ailleurs conduire au recours en justice. 1

Par exemple, un moulin peut garder son eau au maximum et se mettre à l'utiliser alors que le voisin du dessous vient de quitter son exploitation. Quand le voisin rentrera, une grande partie de l'eau sera passée par l'écluse en pure perte. De même si le moulin en amont n'a pas l'usage de son eau, il peut la libérer toutes vannes ouvertes au grand dam du moulin du dessous qui verra passer une grande quantité d'eau sans pouvoir l'utiliser. Ces procédés sont d'autant plus dommageables que le moulin amont a un grand étang et le moulin aval un petit. Les plus "kintus" (revêches) pouvaient ainsi s'amuser à fermer et ouvrir les vannes de façon intempestives.

Si la dénivellation entre deux moulins est faible, le moulin aval peut aussi ennuyer le moulin amont. 2 En gardant l'eau au maximum, il peut arriver à noyer les roues de son voisin du dessus, les mettant ainsi hors d'état de fonctionner correctement.

Tout cela illustre différentes possibilités de bien orchestrer ou de perturber les règles de bon voisinage. 3 Les cas de mauvaises volonté sont rares mais, de temps à autre, un problème isolé met du piment dans l'existence et alimente les chroniques meunières et locales.

Un autre sujet de litige peut être la route d'accès du moulin dont l'aménagement est tributaire de terrains appartenant au voisin. 4 Source Louis Bothorel


1 Cf le détournement des eaux en amont du moulin de Brezal.
2 Voir les conflits sur l'Elorn entre Morvan et Le Hideux.
3 L'existence de moulins double ou triple sur le Morbic (cf Keramer et Ligoulven) sous la responsabilité d'un même exploitant simplifiait le problème.
4 Lire Du riffifi à Kermadec.
District de Landerneau - Etat des étangs et réservoirs d'eau situés dans le territoire de la commune de La Roche en 1794
Désignation des étangs et réservoirsLeur étendueObservation de la commune de La Roche sur la conservation ou sur leur déssèchement et en ce dernier cas indication du genre d'ensemensement ou de plantation et la quantité de grains ou de légumes nécessaires
Etang du moulin de La Roche8 cordes486,2392 m2

Les étangs dépendants des quatre moulins dénommés sont d'une très grande nécessité à conserver par la raison que dans le courant de l'été il seroit impossible de les faire travailler sans arrêter le peu d'eau qui passe, puisque la rivière qui dévale auxdits moulins prend sa çours de la fontaine de Loguellou en Pencran. Nous n'avons d'autre réservoir ni partie de terre utile à déssécher sur cette commune.

Nombre d'étangs et de réservoirs à conserver : 4

Etang du moulin de K/madec18 cordes 1094,0381 m2
Etang du moulin de La Villeneuve ou Lignouvean6 cordes364,6794 m2
Etang du moulin de K/amer10 cordes607,7989 m2

Certifié le présent état véritable à La Roche le 7 pluviose an 2è de la république une et indivisible : Nicolas Perramant - Jean Marie Cessou, Maire.
(source Capacité des moulins en 1794 : District de Landerneau - ADQ 24 L 52)

5 - Sources des informations

ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest
ADQ = Archives Départementales du Finistère à Quimper


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 André J. Croguennec - Page créée le 29/6/2016, mise à jour 28/8/2021.