blason de Brezal

L'Elorn

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Autres chapitres sur l'Elorn :
- l'Elorn et ses humeurs
- la station de pompage de Pont-ar-Bled
- Le milieu naturel
- Le pont de Pont-Christ
- Les gués de l'Elorn
- La pêcherie "royale"
- Des bateaux appelés Elorn.

L'Elorn et ses affluents

carte de l'élorn
*
*
Station de pompage de Pont-ar-Bled, dans une boucle de l'Elorn
Les affluents de l'Elorn
Rive droiteRive gauche
Mougau4,25
Stain11,475
Dour ar Men Glas5,45
Virvit (ruis. de Locmelar)  3,1
Dour Kamm12
Quillivaron12,25
Lapig5,475
Penguilly7,25
Brezal4,125
Ruisseau de Kerdonnars  .
Ruisseau de Kerbeneat (*).
Justiçou6,875
Forestic3,25
Kergoat3,875

(*) appelé aussi "Dourig Kamm"
Dearun (Kan an Od)5,75
Kerouallon (ruis. de Loc-Eguiner)   5,75
Rivière Saint Jean3,925
Dourig Kamm (ruis. du Cosquer).
Kan Botloïs.
Friantis.
Morbic7,3
Ruisseau de Kerraoul.
Ruisseau de Coat Gueguen.
(source http://educatif.eau-et-rivieres.asso.fr/pdf/elorn.pdf pour les longueurs en km)

"L'Elorn, écrit Arthur de la Borderie, est un petit fleuve, mais une très belle rivière, qui coule dans un pays pittoresque, aux aspects les plus variés, sauvage ici, ailleurs frais et riant, toujours superbe. Le plus souvent elle promène son onde à travers de belles prairies ou entre des bois profonds, parmi des monuments et des ruines historiques. La partie de sa vallée qui va de la chapelle de Pont-Christ et du vieux moulin de Brézal au rocher gigantesque couronné par les ruines du donjon de la Roche-Maurice est un enchantement."

Mais l'hiver, disons-le, la rivière enchantée devient souvent une rivière tourmentée. Encore un autre aspect, on ne s'en lassera jamais... !

Quelques photos de la rivière aux environs de Pont-Christ

  1. Le pont de Kerfaven
  2. Le pont de Pont-Christ
  3. Le barrage "Jouan"

1 - Le pont de Kerfaven :

pont de kerfaven
Le pont de Kerfaven sur l'Elorn (vue amont) - Photo A. Croguennec - 5/10/2011
 

Sa reconstruction a été décidée le 1er juin 1867 à la sous-préfecture de Brest par le sous-préfet assisté de M. Boucher, maire de Ploudiry, de M.M. Rohel, adjoint au maire, et Pouliquen, conseiller municipal, et de M. Labasque, agent-voyer d'arrondissement. Deux entrepreneurs avaient répondu à la demande de l'administration sur la base d'un devis détaillé réalisé par l'agent-voyer et chiffré 4.329,14 F.

N° d'ordreNom des soumissionnairesMontant du devisTaux de rabaisMontant du rabais
1Kerneis Victor4.329,14 F 2 %86,58 F 
2Martin Christophe4.329,14 F 3 %129,87 F 

Quelques caratéristiques de l'ouvrage : 3 voûtes de 4,80 m. ; longueur des parapets : 19,032 m. ; largueur 4 m. Il était convenu que l'adjudicataire devait terminer les travaux pour le 1er septembre. (source ADQ 3 O 725)

On peut penser que les travaux du chemin de fer ont, là aussi comme à Pont-Christ, causé quelques dommages à l'ancien pont. Rappel : la ligne Paris-Brest passe au ras du pont, à gauche, on aperçoit même sur la photo deux poteaux supportant les caténaires.
 

Le vieux pont de Kerfaven
 

Mais avant la construction du nouveau pont, y avait-il vraiment un pont à Kerfaven ? Oui, mais ses caractéristiques étaient très différentes de l'ouvrage actuel.
 

Nos informations sont extraites de quelques "minutes" de la justice de paix de Landivisiau, datant de décembre 1843 et de janvier 1844. En l'occurence des dires d'une dizaine de personnes des environs, appelées à s'exprimer comme témoins dans un conflit de propriété. Celui-ci opposait François Coué de Landerneau à Yves Queinnec de Guiclan sur la possession de la parcelle située immédiatement en amont du pont sur la rive droite de l'Elorn, côté Bodilis donc.


Avant 1843, et donc avant la création de la nouvelle royale, aujourd'hui la D712, le chemin qui passait sur ce pont se dirigeait :

Le chemin était assez peu fréquenté du coté nord : les anciens habitants de Kerfaven y avaient même installé, autrefois, une barrière au-dessus de Menez Bihan. Par contre, au sud, il était utilisé par les habitants de Mescoat qui voulaient se rendre de l'autre côté de la rivière.

Le pont servait aussi à certaines personnes du sud de Bodilis : " Pour aller à la foire de La Martyre ou pour fréquenter le hameau de Pont-Christ lorsqu'on y disait encore la messe, nous passions, moi et d'autres voisins, par le pont de Kerfaven et suivions un sentier par les terres de cette propriété ", précise François Floch, cultivateur au Quenquis en Bodilis, en témoignant dans l'affaire citée plus haut.

Mais, l'utilisation la plus importante du chemin et du pont était le fait des fermiers du manoir de Kerfaven. En effet, ils exploitaient des terres de l'autre côté de la rivière et y faisaient paître leurs bestiaux. C'étaient donc eux qui avaient construit et entretenaient l'ouvrage. Aussi " pour fréquenter le pont il fallait obtenir leur autorisation", affirme Hervé Le Roux, cultivateur à Kerelle. Ils avaient même, un moment, interdit aux fermiers de Mescoat de "faire passer leurs charrettes sur le pont et les obligeaient à passer par la rivière".

Pour son entretien, à chaque fois qu'il avait besoin de réparation, les fermiers de Kerfaven, prélevaient des pierres et des mottes de terre dans la parcelle située en amont du pont. Ils y coupaient des branches d'aulnes et, vers 1840, ils y avaient abattu un bel arbre. Des traces de fouille en terrain rocheux, un affaissement dans lequel séjourne l'eau au milieu de la parcelle et plusieurs souches de bois d'aulne garnies de branches, sont les témoignages de cette activité, notés par le juge de paix, qui instruit l'affaire.

Vu la faible utilisation du chemin et le peu de moyens matériels disponibles pour son entretien (pensez donc, des mottes de terre, des branches d'aulnes !), il est évident que le pont, à cette époque, devait être rudimentaire. Il n'aurait pas supporté, aujourd'hui, le plus petit camion sortant de la carrière Lagadec : il avait déjà du mal à tolérer les charrettes de Mescoat.

 

2 - Le pont de Pont-Christ :

Le pont sur l'Elorn
Le pont de Pont-Christ (vue amont)
voir aussi la page consacrée à ce pont.
 

3 - Le barrage "Jouan" :

barrage dit Jouan
Le barrage dit "Jouan" : début du bief alimentant La Fonderie et la Minoterie de La Roche-Blanche - Photo A. Croguennec - 14/11/2005
Pour situer ce barrage voir la vue aérienne de Pont-Christ.
 

Le barrage a été créé pour l'alimentation du moulin à papier de Brezal autrefois. Il sera consolidé en 1932 par Jacques Cann, après qu'il eût branché le canal d'amenée de sa minoterie de la Roche-Blanche au canal de fuite de l'ancien moulin à papier.
 

La minoterie de La Roche-Blanche a été construite en 1845 par les frères Huyot, Paul et Isidore. Rachetée plus tard par M. de Lavillasse, elle fut ensuite exploitée par la famille Cann-Martin. Elle a cessé de fonctionner à la fin du siècle dernier.
 

La fonderie de Brezal a succédé au moulin à papier de Brezal. Elle a été créée par M.M. Léon d'Audibert de Lavillasse et L. Marchant en 1879. L'établissement passera, ensuite, aux mains d'Eugène Cornec et cessera de fonctionner en 1896.

En 1925, Maurice Jouan s'installe dans le domaine de La Fonderie pour se consacrer à l'élevage. Le barrage fut donc qualifié du nom de son voisin le plus proche. M. Jouan, originaire de Belle-Ile (Le Palais), était très bien connu pour ses élevages de castors, renards argentés, et autres animaux à fourrure. Mais au-delà de cela, ce fut un expert qui publia plusieurs ouvrages sur les activités d'éleveur. Il a été correspondant de l'Ouest-Eclair sur les questions d'élevage pendant de nombreuses années, et président de la "Chambre syndicale des marchands et commissionnaires en bestiaux du Finistère".

 

En descendant l'Elorn de la gare de Landivisiau jusqu'à La Roche

La route D712 longe la rivière à peu de distance, ce qui est bien pratique pour suivre son trajet dans la vallée.

Passerelle de la Roche-Blanche sur l'Elorn
Pont de La Roche-Blanche sur l'Elorn (vue vers l'amont) le 24/3/2013
à gauche le mur de la minoterie - à droite le chemin qui menait au PN 290

 

Le pont de l'Ariagon

A 3,7 km de Pont-Christ, il est un point de départ des courses de kayaks que la presse locale appelle "Poun-al-Lagoun". Quel nom bizarre !

"Poun-al-Lagoun", ce nom aux consonances de breton léonard n'est pas facile à traduire. "Lagoun" évoquerait le mot "lagenn", c'est-à-dire "fondrière". C'est vrai qu'en hiver au moment de la course annuelle de kayaks fin janvier, les lieux peuvent mériter ce qualificatif. Mais, en remontant l'histoire et en se référant au cadastre napoléonien, on trouve en cet endroit un "Pont ar Riagon", dans d'autres documents, on lit "Pont de l'Ariagon". Le pont, en tant que tel permettait de passer de Bodilis à Loc-Eguiner, mais c'était avant la construction du chemin de fer. On trouvera plus bas, dans le chapitre concernant les déviations de l'Elorn, un plan montrant comment la voie ferroviaire a supprimé ce passage et entraîné la déviation de la rivière en ce point. Ce "pont" n'est plus, aujourd'hui, qu'une "passerelle" à l'usage des pêcheurs.

Quelle est la signification de "ar riagon" ou "l'ariagon" ? Les dictionnaires que j'ai pu consulter ne connaissent pas ce mot. "Ariagon" est un nom de famille qu'on trouve de Ploudalmezeau à Locquirec. Seul Pol Potier de Courcy m'a mis sur la piste. Dans son "Nobiliaire et Armorial de Bretagne", en parlant des noms de familles, il cite parmi ceux qui s'inspirent d'une fonction écclésiastique : "Ariagon, Diagon (archidiacre, diacre)".
- Diagon = diacre. Racine : diaconat en français. On connaît le mot "diaconesse". On comprend l'origine étymologique.
- Archidiacre en breton devrait être "Arc'h + Diagon", sans provoquer de mutation de la consonne initiale de la 2è partie du mot. Mais l'usage courant en a simplifié la prononciation et c'est devenu "Ariagon".

"Ariagon" était-il le nom de la personne qui a construit le pont ou de la personne qui passait dessus ?
Autrefois, l'évêché de Léon était divisé en 3 archidiaconés : Ac'h, Kemenet-Ily et Léon (d'ouest en est). C'est celui de Léon qui nous intéresse : il s'étendait, du nord au sud, de l'île de Batz à Commana. Quand l'archidiacre, certainement basé à Saint-Pol, se déplaçait pour rendre visite au recteur de sa paroisse la plus importante, c'est-à-dire Ploudiry et ses trèves, dont Pont-Christ, par où passait-il ? Naturellement, et directement, par Bodilis et Loc-Eguiner. Donc par notre pont, qu'on appela "Pont an Ariagon" ou "Pount an Ariagoun" en bon breton léonard. Et il est devenu au fil du temps "Poun-al-Lagoun".

J'espère que les pêcheurs et les kayakistes qui fréquentent cet endroit ont une pensée émue en passant dans ce lieu chargé d'histoire.

INFORMATION COMPLEMENTAIRE : Depuis que j'ai écrit le texte précédent, je suis tombé aux archives départementales sur un manuscrit (ADB 16 B 580) qui relate un triste événement. Il s'agit de la découverte du corps de Louis Hallegot, employé cloutier à Landivisiau, qui s'est noyé près de ce pont le 18 janvier 1762. A l'époque le pont était plus imposant et permettait le passage de charrettes et autres véhicules.

Une première enquête policière, menée sur les lieux près du pont par les magistrats de la juridiction de la principauté de Léon à Landerneau, identifie ce pont comme le "pont de l'Ariagon", scitué sur la rivière d'Eslorn au bas du village du Quenquis, trève de Bodilis". Alors qu'une autre enquête postérieure, sur le même événement, le qualifie de "pont de l'archidiacre"... C.Q.F.D..
A quand la réhabilitation de son nom ? Pont-an-Ariagon = le pont de l'archidiacre, et oublions Poun-al-Lagoun !

   Ajouté le 16/3/2020

... et encore beaucoup plus tard, j'ai fait une autre découverte dans la revue Feiz-ha-Breiz du 15 mai 1869, qui va dans le sens de ce que je viens d'expliquer. Il s'agit d'un article écrit par M. Roudaut, curé de Ploudiry, dont on pourra lire un extrait sous couvert du petit livre vert  .

Parrez Plouziri, eviti da veza brema unan eus ar parrezou entre, a oa, mare zo bet, ur barrez vraz ; ar vrasa, a c'heller lavaret, eus a escobti Leon, ac unan ar re genta anavezed var ar scridou coz a gomz divar-benn broiou Breiz. Araog ar bloaz 1272, me lavar ouspenn 600 vloaz a zo, e caver merc anezi var ar scridou-ze. Amzer zo bet e d-oa da berson ur Priol eus couent Daoulaz. Ar re muia anavezed a zo :
  • An aotrou Yvon Potin, maro er bloaz 1272, daou vloaz araog an daou zoctor braz S. Thomas ha S. Bonavantur ; un den a zescadurez vraz var bep tra, bete var ar vedicinerez, chaloni eus cathedral Castel.
  • An aotrou Jestin de Launay, maro er bloaz 1462.
  • Olier ar Mesgouez, person Plouziri ac Irvillac, maro er bloaz 1488.
  • Var dro ar bloaz 1600 oa person e Plouziri, an aotrou Christophe de Lesguen a oa chaloni e Castel, chevalier eus a urz Bez Sacr On Zalver, e Jeruzalem, ac Arriagon braz e escopti Leon. An Arriagon a oa ur chaloni en doa da welet, eus perz an Escob, var oll berzonet all dre an escopti. Pont an Arriagon, var ganol Elorn, etre Plouziri ha Landiviziau, a oe graet marteze, da ziverra e ent deza. Eus a beleac'h ken e ve deuet e ano d'ar pont-ze ? An Arriagon-ma, bet person e Plouziri, a oe bet enterred e catedral Castel, ac amzer zo bet e velet eno e vez dindan cantelour an Escob.
  • An ini a oa person e Plouziri var dro ar bloaz a 1644, an Aotrou Herve Botorel, en d-oa ive ur garg dibab, a oa prezegeur anved evit pardouniou braz an Itron Vari ar Folgoat.

Vincent Roudaut, person Plouziri.

   La paroisse de Ploudiry, qui est aujourd'hui une paroisse de taille moyenne, était, il fut un temps, une grande paroisse ; la plus grande pourrait-on dire de l'évêché de Léon, et une des plus citées dans les vieux écrits qui parlent des pays bretons. Avant l'année 1272, il y a donc plus de 600 ans au moment où j'écris, on en trouve mention dans ces vieilles écritures. Il fut un temps Ploudiry avait pour recteur un prieur de l'abbaye de Daoulas. Les plus connus ont été :
  • M. Yvon Potin, mort en 1272, deux ans avant les deux grands docteurs St Thomas et St Bonaventure, un homme de grand savoir sur toutes choses, jusqu'à la médecine, chanoine de la cathédrale de St-Pol-de-Léon.
  • M. Jestin de Launay, mort en 1462.
  • Olivier Le Mesgouez, recteur de Ploudiry et d'Irvillac, mort en 1488.
  • Vers 1600, le recteur de Ploudiry était M. Christophe de Lesguen, chanoine de St-Pol-de-Léon, chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jerusalem, et grand Archidiacre de l'évêché de Léon. Un archidiacre était un chanoine qui avait droit de regard, comme représentant de l'évêque, sur tous les recteurs du diocèse. Le Pont de l'Ariagon, sur l'Elorn, entre Ploudiry et Landivisiau, fut construit peut-être pour raccourcir son chemin. Sinon, d'où serait donc venu le nom de ce pont ? Cet archidiacre, recteur de Ploudiry, a été inhumé dans la cathédrale de St-Pol, et il fut un temps on y voyait encore sa sépulture dans la chapelle commémorative de l'évêque.
  • Celui qui était recteur de Ploudiry dans les années 1644, M. Hervé Botorel, avait aussi une charge choisie, il était prêcheur pour les pardons de Notre-Dame du Folgoët.

Si l'identification des recteurs de Ploudiry et de leur charge semble provenir en partie de l'ouvrage Les vies des Saints de la Bretagne-Armorique d'Albert Le Grand, le commentaire sur le pont est certainement de la main du recteur de Ploudiry. Ce Vincent Roudaut (1817-1885), vicaire puis recteur de Ploudiry de 1851 à 1885, a écrit de nombreux ouvrages en breton et en français.

Dans le livre Ploudiry aux marches de l'Arrée, Yvon Potin est appelé "Potaire", Christophe de Lesguen est indiqué comme recteur de la paroisse de 1615 à 1652, Hervé Botorel n'est pas cité. Dans d'autres sources, notre archidiacre est dit recteur de Ploudiry dès 1602 (Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé ..., vol. 3, de Pierre Le Merre, Desprez) et décédé vers 1642 (site Infobretagne). Fermer X

 

Les déviations de l'Elorn

Comme évoqué plus haut, on sait que l'Elorn a été déviée en plusieurs points, en aval de Landivisiau, pour permettre le passage des voies de chemin de fer, tout en évitant de creuser la colline. On peut lire dans "Itinéraire général de la France : Bretagne" par Adolphe Laurent Joanne, 1867 : "La rivière d'Élorn, dont le cours est très sinueux, a été déviée sur neuf points différents pour éviter la construction d'un nombre considérable de ponts" ou de tunnels pourrait-on ajouter.

Voir la liste des 9 déviations, dans le chapitre qui traite de la construction du chemin de fer.

Quant à l'impact sur l'Elorn, voici trois déviations sur les neuf, depuis le Moulin-Neuf jusqu'au moulin à papier de Brezal, et les plans réalisés à l'époque.
On remarquera que les plans ont une orientation qui n'est pas commune. Habituellement, on représente souvent le nord en haut et le sud en bas. Mais les plans relatifs au chemin de fer, au moins ceux correspondant à sa construction au 19è siècle, sont orientés de façon à avoir le centre du réseau (Paris) à gauche et le terminus à droite (Brest). Dans les plans qui suivent le sud est donc en haut.
 

1 - A 200 mètres du "Moulin Neuf"

Déviation de l'Elorn près du moulin Neuf en Loc-Eguiner
En aval du Moulin-Neuf : voir le tracé du chemin de fer en rouge et la rectification de l'Elorn dessous (source ADQ 5 S 31).

 

2 - Au pont de l'Ariagon

Déviation de l'Elorn au pont de l'Ariagon
En aval de Penguilly, au pont de l'Ariagon (source ADQ 5 S 30).
 

3 - Déviation au moulin à papier de Brezal

Déviation de l'Elorn près du moulin à papier de Brezal
Au moulin à papier de Brezal : voir la rectification de l'Elorn en rouge.
(source ADQ 63 J 97 - fonds Manach - dossier Lavillasse)

 

Autre déviation de l'Elorn, beaucoup plus importante

Elorn - Aulne - Ildut

Il y a très longtemps, avant l'ère quaternaire, l'Elorn ne se déversait pas dans la rade de Brest, car celle-ci n'existait pas.

 

A cette époque et depuis plusieurs millions d'années, un puissant fleuve drainait les Monts d'Arrée, les Montagnes noires, la presqu'île de Crozon et, après avoir traversé ce qui sera plus tard l'actuelle rade de Brest, il rejoignait l'océan à l'emplacement de l'Aber-Ildut. Cet important cours d'eau collectait ainsi les eaux de l'Aulne, de l'Elorn et de la Penfeld, réduits au rôle d'affluents.

 

À l'ère quaternaire, des mouvements tectoniques ont modifié la disposition des lieux, ouvert la rade de Brest et bouleversé l'hydrographie. Le fleuve de première importance se divisa en plusieurs cours d'eau de taille modeste dont l'Ildut actuel.

 

Aux périodes de haut niveau marin, la mer est entrée dans la rade de Brest à la fois par le goulet et par la vallée de l'Ildut, changeant de ce fait le sens de son cours et insularisant même l'extrémité sud-ouest du pays d'Iroise.

 

C'est à partir de 1958 que, grâce aux forages du BRGM et de la Comiren, on a pu analyser et déchiffrer les différents dépôts marins témoins des rôles successifs joués par cette vallée de l'Ildut.

 

Aujourd'hui, ce cours d'eau parcourt une vallée trop grande pour lui. L'Elorn, autrefois rivière est devenue un fleuve côtier.

 

Avant la construction du barrage du Drennec, un barrage à Pont-Christ

barrage à Pont-Christ en 1976Après presque 10 ans de recherche du meilleur site d'implantation, le Syndicat de bassin de l'Elorn a pris la décision en 1979 de lancer la construction du barrage du Drennec sur la commune de Sizun. L'intérêt y était double :

Après 3 ans de construction, le barrage a été mis en eau en 1982. D'une superficie de 110 ha, la retenue contient 8,7 millions de m3 d'eau.

 

En 1976, justement, un barrage provisoire avait été construit à Pont-Christ en amont immédiat du canal d'amenée de l'ancien moulin à papier et de la minoterie de La Roche-Blanche.

Voici ce qu'en disait l'Ouest-France du 3/9/1976 :
"Barrage de Pont-Christ : un procédé simple et efficace - Les travaux d'aménagement du plan d'eau de Pont-Christ ont été réalisés dans les délais prévus par les entreprises de la région, et sous le contrôle du Génie rural et du syndicat mixte du Bassin de l'Elorn et de la rivière de Daoulas. Mercredi soir, on a fermé les vannes, tout en laissant passer suffisamment d'eau pour l'alimentation de la station de Pont-ar-Bled. S'il pleut le bassin devrait se remplir rapidement, sinon il faudra attendre quelques jours, voire peut-être une semaine, avant qu'il ait récupéré ses 80.000 m3 d'eau.
C'est un nouveau procédé de barrage qui a été mis en place "simple, mais efficace" disent les ingénieurs. Il a déjà fait ses preuves donc pas de danger. Le principe utilisé est celui du "barrage de masse". Recouvert d'une toile imprégnée de bitume, rien de spectaculaire, donc. Le déversoir se trouve à un mètre plus bas que le niveau maximum. Tout a été prévu pour que les poissons puissent remonter la rivière normalement. On installera une échelle et le dispositif de comptage installé par l'A.P.P.S.B. pourra fonctionner".

Oui, pour permettre la remontée des saumons, ce dispositif était indispensable. Deux échelles furent installées.

Mais, ce barrage ne durera pas longtemps et va subir, très très rapidement, quelques avanies.

1 - Pollution : Le vendredi 8 octobre, on s'aperçoit que l'Elorn est polluée.

L'eau du fleuve avait pris une couleur noirâtre et ressemblait à de l'encre. Il ne semblait pas que le produit colorant fut toxique, " car aucune mortalité ne fut constatée dans la faune de la rivière. Et le lendemain de l'incident, le garde-pêche, M. Lanneval, avait vu deux saumons dans le piège de Pont-Christ (dispositif de comptage). S'ils étaient là, c'est qu'ils avaient réussi à remonter la rivière et à survivre dans cette eau polluée. N'empêche que dès le vendredi l'usine de traitement des eaux de Pont-ar-Bled ne connaissant pas l'origine du rejet, dut se résoudre à vider le contenu de la réserve de Pont-Christ " (d'après Le Télégramme du 12/10/1976).

Le 22 octobre, Le Télégramme annonçait que "les analyses prouvent qu'il s'agirait d'un épanchement de tanin, déversé par la fabrique de maroquinerie Ledan, de Lampaul-Guimiliau. Toutefois ce colorant non toxique n'a eu aucune répercussion sur la flore et la faune de la rivière".

    2 - Destruction : Le barrage ne va pas supporter les crues de l'automne.

Le Télégramme annonçait dans son édition du mercredi 8/12/1976 : " C'est vraisemblablement au cours de la nuit de dimanche à lundi que le barrage de Pont-Christ, construit au mois d'août, a cédé sous la pression des crues. Cette réserve de 80.000 mètres cubes avait été édifiée au moment de la sécheresse afin d'alimenter l'usine de Pont-ar-Bled en cas de pénurie d'eau.

Hier matin, la brèche qui s'est produite dans la digue atteignait 75 mètres de large et 3.000 mètres cubes s'étaient déjà échappés par cette ouverture. L'Elorn, à cet endroit, avait pris l'allure d'un torrent boueux ".

Heureusement, le barrage du Drennec
deviendra une solution pérenne en 1982.

La qualité des eaux et du milieu naturel

Constat entre 1950 et 1970 :

Depuis la fin des années 50, la transformation de l'économie rurale : disparition des moulins, diminution de la main-d'oeuvre dans les campagnes, faible valeur marchande du bois, a entraîné l'abandon des rives et des rivières.

Ainsi la végétation qui envahit les rives forme un véritable écran sur nos ruisseaux et nos rivières, de taille généralement modeste. En l'absence de lumière les herbes aquatiques ne pourront plus se développer. Au fil des saisons, les branchages obstruent le lit de ces cours d'eau et freinent le courant. En automne, les feuilles mortes se décomposent sur les fonds d'où : dégradation de la qualité des eaux, envasement des zones de reproduction (frayères) des salmonidés.

La pollution : L'urbanisation croissante, notamment à Landivisiau, principale ville importante en amont de Pont-Christ, s'est faite pendant une vingtaine d'années sans la création de station d'épuration des eaux usées, qui se déversaient directement dans le Lapic, affluent de l'Elorn. Les élevages industriels et autres usines (abattoirs, carrière de Kerfaven) n'avaient pas non plus mis en place ce type d'équipement.

Reconquête du milieu depuis 1970 :

Du côté de la pollution, la situation s'est grandement améliorée, par la création de stations d'épuration (ville de Landivisiau en 1971, abattoirs Gad à Lampaul en 1972) mais on constate encore, sur les affluents de l'Elorn, de nombreuses pollutions accidentelles qui « dévalent dans les cours d'eau proches en quelques heures, tuant toute vie piscicole sur plusieurs kilomètres. Des centaines d'élevages et des stations de traitement constituent pour beaucoup d'entre eux de véritables bombes à retardement, ... par négligence, insouciance, incompétence, défaut d'entretien... » (Jean-Yves Kermarrec - 2019).

L'entretien du milieu. Depuis 1970, pour délivrer l'Elorn et ses affluents d'une végétation qui les étouffait, des dizaines de volontaires consacrent chaque année des milliers de journées de nettoyage sur ces cours d'eau.
Le résultat : aujourd'hui une rivière dégagée au fond caillouteux où les herbes opulentes réapparaissent. L'Elorn a retrouvé ses capacités d'oxygénation et les salmonidés des zones optimales de reproduction et de croissance. Sur ses rives, les plus beaux arbres sont mis en valeur et certains parcours aménagés en lieux de promenade.

 

La surveillance de la qualité des eaux à Pont-Christ

L'usine de traitement des eaux de Pont-ar-Bled est un dispositif stratégique pour l'alimentation en eau potable d'une grande partie de l'ouest du Léon, et notamment de l'agglomération brestoise, mais aussi de la rive sud de l'Elorn vers Plougastel.

Réseau de distribution

Aspect distribution

Depuis 2015, un "plan de sécurisation de l'alimentation en eau potable court sur cinq ans. L'idée, « c'est de transformer un réseau en étoile en réseau maillé, de telle sorte que si on coupe une branche, on puisse toujours passer », résume Christian Clément, directeur d'Eau du Ponant, société publique locale en charge de la gestion de l'eau. Plusieurs connexions entre canalisations existantes sont ainsi prévues.
Au programme également, la création, en 2017, d'un réservoir d'eau brute supplémentaire à Pont-ar-Bled. D'une contenance de 35 000 m3, soit une journée de production, il permettra de pallier une éventuelle pollution de l'Élorn. « Car actuellement, l'autonomie de l'usine n'est que de six heures. » Enveloppe globale ? Environ 20 millions d'euros". (Ouest-France du 01/10/2015)

Il faut noter que la canalisation franchit l'Elorn au pont de l'Iroise dans le tablier du pont. En effet, du fait de la profondeur du fleuve à cet endroit, les coûts d'une conduite souterraine ont été jugés prohibitifs.

Aspect qualité de l'eau

Il est évident que, dans le cadre d'un dispositif aussi stratégique, il faut garantir la qualité de l'eau en luttant contre les pollutions accidentelles.

Par arrêté préfectoral du 29 février 2016, le préfet du Finistère a ordonné l'ouverture, sur le territoire des communes de Plouédern, Bodilis, La Martyre, La Roche-Maurice, Lanneuffret, Loc-Éguiner, Ploudiry, Plounéventer et Saint-Servais, d'une enquête publique relative à la protection de la prise d'eau de Pont ar Bled. Cet arrêté a établi des périmètres de protection (autour de l'Elorn en amont de l'usine jusqu'à Loc-Eguiner, et autour des principaux affluents que sont le Morbic et le Justiçou. Plusieurs ouvrages sont prévus dont :

Usine de Pont-ar-Bled

L'usine de Pont-ar-Bled : le réservoir d'eau brute supplémentaire remplacera, le bâtiment Point P (à l'arrière-plan, ici ; démolition en janvier 2015).

 

L'Elorn et les pêcheurs

 

carte de l'élorn

Parcours de pêche et situation des "trous à saumons" (Merci Bernard). ...

Les trous à saumons sont suivis de la désignation RD ou RG (rive droite ou rive gauche).
Exemple : RD = pêche uniquement sur la rive droite ; RD-RG = pêche préférable sur la rive droite
Attention : certaines zones précises sont interdites à la pêche et signalées, sur place, par des panneaux. FERMER X

1 - Les crins - RD
2 - Le trou noir (Toull du) - RG-RD
3 - Le Forestic - RD-RG
4 - Le trou de l'Oré - RD-RG
5 - Le trou de l'Ozone - RG
6 - Le Verge - RD+RG
7 - La "vieille rivière de La Roche" ou Pont ar Bled - RG
8 - La prairie du Barrage - RG-RD
9 - Trous du parcours Branellec - RG-RD
10 - Bief du moulin de Branellec "Les Plants" - RD-RG
11 - Parcours de La Fonderie - RG
12 - Prairie de Brezal - RD-RG
13 - Toull ar Boullier ou Poull Huon - RD-RG
14 - La pêcherie (ruines) - RD-RG
15 - Trou du Rocher - RG
16 - Toull Bergot (pêcheur noyé, voir plus bas) - RG-RD
17 - Le trou du Forgeron - RD
18 - Le trou du Plant
       Parcours du Quinquis - RD-RG : 200 m. en amont
       de la pisciculture jusqu'à la passerelle en fer.

19 - Pont de l'Ariagon - RD-RG
20 - Bas de la prairie de Penguilly - RG-RD
21 - Le Moulin Neuf - RG
22 - Prairie du Canardig - RD-RG
23 - Les trous du bois de la Gare - RD-RG
24 - Les trous du moulin de la Gare - RG
25 - Carrière Goarnisson - RD-RG
26 - Milin Creis - RD
27 - Bief de Pont ar Zall - RG
28 - Milin Goasmoal
29 - Prairie du Pontic - RD-RG
30 - Toull al Lanig - RD
31 - Boscornou - RD
 

L'explication de la plupart des noms est claire (cliquer sur le lien quand il existe), celle de quelques autres reste à rechercher : "Toull ar Boullier ou "Poull Huon". Ces trous correspondraient-ils à l'endroit d'une bonne prise ?

 

Il faut le souhaiter et que ce ne soit pas le lieu d'un événement malheureux. Ce qui est, par contre, le cas de "Toull Bergot", où Louis Bergot de Landerneau, perdit la vie le 12 mars 1907, selon Le Courier du Finistère : "Noyé. M. Louis Bergot, 56 ans, s'était rendu, mardi, à La Roche aux environs de Pont-Christ. Le soir venu sa famille, ne le voyant pas revenir, contrairement à ses habitudes, s'inquiéta avec juste raison, et fit faire des recherches, qui aboutirent à la découverte de sa gaule de pêche, près du lieu de Kerfaven. Les recherches continuèrent toute la nuit, et, dans la matinée, le malheureux Bergot fut retrouvé noyé, accroché à une branche, baignant dans la rivière Elorn, à environ 150 mètres de l'endroit où l'on avait retrouvé sa gaule".
Le périodique Ar Bobl du 16/3/1907 dit aussi : "M. Louis Bergot, 57 ans, ancien commis de la maison Radiguet, s'est noyé accidentellement aux environs de Pont-Christ, où il s'était rendu pour une partie de pêche".
Jean Louis Claude Bergot, propriétaire, époux de Marie-Françoise Le Roux, habitait boulevard de la gare à Landerneau. Il était né le 06/06/1850 à Daoulas.

 

De nombreuses années plus tôt, on eut un autre cas à déplorer. Il n'y laissa pas son nom, mais cela arriva au Frout encore à Jean Grall de Pont-Christ :
L'an 1836, le 19 mai à 3 heures de relevée, nous Julien Marie Cruzel, juge de paix du canton de Ploudiry, arrondissement de Brest, département du Finistère, officier de police judiciaire. Sur l'avis que nous a donné M. le Maire de La Roche par sa lettre de ce jour qu'un individu a été trouvé mort d'une manière violente, nous nous sommes transporté dans le lieu désigné par M. le Maire au Frout en ladite commune de La Roche, assisté de Vatrain, gendarme à la résidence de Landerneau, et de Jean-Marie Le Jean, charbonnier, demeurant à Pont-Christ, dite commune de La Roche, où etant nous avons vu étendu au bord de la rivière d'Elorn, un corps humain du sexe masculin qui paraît sans vie et qui nous est inconnu et qui est de la taille de cinq pieds un pouce, teint brun, cheveux foncés châtain grisonnant, barbe grise, vêtu d'un habit de toile, d'un gilet de laine, un pantalon de toile grise, nu pieds, lequel corps a été reconnu par Yves Le Hir du Frout en La Roche pour être celui de Jean Grall, journalier, âgé de 62 ans, demeurant à Pont-Christ, commune de La Roche, nous n'avons remarqué aucune blessure sur ce cadavre, et pour nous assurer positivement des causes de la mort de cet individu, M. le Maire de La Roche a requis les sieurs Bionard et Marchand, docteurs médecin et chirurgien à Landerneau, qui se sont trouvés absents. Il paraît que c'est par accident que cet individu s'est noyé en pêchant un saumon et qu'en voulant retirer le saumon à terre, il a glissé et a été asphyxié.

Alors, pour complèter nos recherches, nous avons entendu comme témoin Michel Coatenlem, du bourg de Pont-Christ, et Jean K/baul de K/faven, qui ont déclaré n'avoir aucune connaissance de l'accident arrivé audit Grall, que de l'avoir retiré de l'eau ; et sera le présent procès verbal envoyé en minutte à M. Le Procureur du roi à Brest, après en avoir été adressé un extrait sans délai à l'officier de l'état-civil de La Roche.

Fait et rédigé le présent procès verbal au lieu du frout en la commune de La Roche, lesdits jour, mois et an que devant et ont les témoins et autres déclaré ne savoir signer à l'exception de M. Vatrain qui signe avec nous. Vautrain - Cruzel. (source archives de La Roche-Maurice - ADB 592 E DEPOT 25)


La passerelle de Kerfaven inaugurée en 1962

Une passerelle construite à Kerfaven par les soins de la Société de pêche a été inaugurée hier après l'immersion de 42.000 truitelles dans l'Elorn.

Il y avait beaucoup de monde sur le pont à l'inauguration de la passerelle de Kerfaven

Hier, a eu lieu l'inauguration de la passerelle de Kerfaven, construite par la société de pêche et de pisciculture de l'Elorn. La journée avait commencé dès 7 heures par l'immersion de 42.000 truitelles dans l'Elorn, entre Landivisiau et Landerneau. Ces truitelles ont été élevées par les soins du garde Morin dans les bassins d'alevinage gracieusement mis à la disposition de la société par M. Tréanton.

A 16 h., les membres du bureau et les gardes fédéraux se sont retrouvés Au rendez-vous des pêcheurs, chez Mme Jézégou. Non loin de là, la nouvelle passerelle franchit l'Elorn. Elle est l'oeuvre de MM. Hernot et Cassol, de Landerneau, et du garde Lanneval. Deux poteaux de bois déclassés de l'E.D.F., solidement ancrés dans deux socles en béton, en constituent l'armature. Un plancher de bois et un garde-fou en tubes de fer permettent de traverser la rivière en toute sécurité.

La passerelle de Kerfaven est le premier ouvrage construit par la société dans le secteur de Landerneau. Elle est la réalisation de la promesse faite par M. Russuaouen aux sociétaires du secteur landernéen. M. Pouliquen, président de la société, a coupé le ruban symbolique, tandis que Mme Jezegou, la marraine, brisait la bouteille de champagne traditionnelle sur l'ouvrage.

La nouvelle passerelle, située dans un très bon coin à saumons 1, permettra aux pêcheurs de remonter les rives gauche puis droite de l'Elorn, de Pont-Christ à Kerfaven, sans utiliser la voie de chemin de fer Paris-Brest.

Après l'inauguration, un vin d'honneur a été servi chez Mme Jézégou. M. Pouliquen a remercié tous ceux qui ont permis ce magnifique travail. Il espère, d'autre part, que l'année prochaine la société sera en mesure de doubler le nombre d'alevins. Dans l'assistance, on notait, outre les personnes déjà citées, la présence de MM. Demeule, directeur adjoint de l'E.D.F. à Landerneau ; Quéré et Mével, trésoriers de la société ; Gourmelen, vice-président ; Tréanton, vice-président d'honneur ; les gardes fédéraux, Léran de Morlaix et Cosquéric de Brest. M. J.-L. Rolland, maire de Landerneau, s'était fait excuser. (source Le Télégramme du 3/10/1962)

1 Voir, notamment, le trou du forgeron plus haut.

 


Dans l’Élorn, le saumon est en voie d’extinction par Laurent Aquilo / Le Télégramme du 8/3/2024

Alors que la saison de la pêche s’apprête à ouvrir ce samedi 9 mars 2024, le saumon, poisson emblématique de l’Élorn, se fait rare.
Au point de bientôt disparaître ? À la station de comptage de Kerhamon, le compteur est encore à zéro en ce début mars 2024,
alors que les premiers saumons devraient commencer à remonter la rivière.

Il faut aimer cela, « avoir la saumonite » comme en souriait l’un des participants à la réunion de rentrée, dimanche à La Roche-Maurice, pour continuer à y croire et préparer ses leurres avec le même entrain. « Il y a de moins en moins de pêcheurs, il en reste encore qui sont acharnés, on doit être une quarantaine aujourd’hui », comptabilise Jean-Yves Kermarrec, le président de l’association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique de l’Élorn (AAPPMA). Contre une centaine il y a quelques années. Parce que les prises se font désormais bien rares, aussi rares que le poisson migrateur emblématique de la rivière. « Sur l’Élorn, il y a eu sept saumons de pris l’année dernière, déclarés, six saumons de printemps et un castillon. C’est ce que l’on prenait avant en une demi-journée, le matin de l’ouverture. »

Des quotas sans effet
Face à cet implacable constat, les pêcheurs ont eux-mêmes poussé à la prise de mesures drastiques, avec une limitation à deux saumons de printemps par personne, et un quota global de 20 saumons de printemps pour l’ensemble de l’Élorn. Des mesures déjà rendues presque caduques par la pénurie de poissons, comme le confirme le président. « Dans le Finistère, à la demande des pêcheurs, ce qui est rarissime, on a divisé par deux, voire par trois, les quotas de capture. Mais on s’est rendu compte que, même en divisant par deux les quotas, on n’arrivait pas à les atteindre. » Faut-il aller encore plus loin dans la contrainte ? « Ce que je crains, c’est qu’il n’y aura même pas besoin d’interdire, puisqu’il n’y aura plus rien à pêcher », déplore Jean-Yves Kermarrec.

Des remontées en chute libre
Quand un millier de saumons remontait chaque année la rivière à la belle époque, la passe de Kerhamon, à Plouédern, qui comptabilise les poissons migrateurs grâce à la vidéo, affiche des chiffres alarmants. « Au stade où on en est, on est sur le chemin de la disparition. Jusqu’à il y a cinq ans, sur l’Élorn, qui est une bonne rivière, la population moyenne était composée de 600 à 800 saumons qui remontaient à Kerhamon. Si on continue comme ça, dans deux ans, on sera à 200. » Une chute brutale qui n’est pas spécifique à l’Élorn, mais bien générale, touchant même des bastions de la pêche parfaitement protégés, en Irlande ou en Ecosse, comme l’a souligné à l’automne dernier le colloque international de Brioude (Haute-Loire). « Partout, tous les indicateurs sont en train de clignoter à l’orange, pour ne pas dire au rouge. C’est une tendance qui s’inscrit dans l’érosion, pour ne pas dire la chute, de la biodiversité. »

          

La surpêche en question ?
Difficile de trouver des explications très précises à cette disparition des saumons, il faut plutôt aller chercher dans les océans. La communauté scientifique avance des hypothèses. Le changement climatique, entraînant une modification des courants et de la température de l’eau dans l’Atlantique, en est une. La surpêche des poissons fourrages, qui servent de nourriture aux carnassiers, une autre, aux dires du président de l’AAPPMA de l’Élorn. « Quand on prélève les poissons fourrages par centaines de milliers de tonnes pour faire de l’aliment pour les poulets ou les saumons d’élevage, on enlève la bouffe pour les prédateurs, les bars et les saumons ». Les chiffres, eux, sont sans ambiguïté. « Dans les années 70-80, quand il descendait 100 petits saumons à la mer, il revenait 25, voire 30 saumons adultes. Depuis quelques années, on est tombé à cinq et, dans certaines rivières, on est même descendu à trois. »
 

Pas de miracle en vue
Aujourd’hui, alors que le mois de mars est déjà là, le compteur de Kerhamon n’a pas encore commencé à tourner. Il est encore très tôt dans la saison mais les augures ne sont pas les meilleures. « Maintenant, il y a beaucoup d’éléments que l’on ne maîtrise pas, mais je ne vois pas d’où pourrait venir le miracle », s’interroge Jean-Yves Kermarrec face à ce déclin qui paraît inexorable. « On est au pied du mur. Pour les scientifiques, il y aura toujours des saumons. Oui, mais ça va devenir des reliques, il en remontera quelques dizaines. Cela veut dire que l’on aura quasiment vu l’espèce s’écrouler, une espèce qui est sur la Terre depuis que la Terre existe. »

Sources principales des informations

ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest
ADQ = Archives Départementales du Finistère à Quimper


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 André J. Croguennec - Page créée le 2/2/2012, mise à jour le 8/3/2024.