L'Elorn - Station de pompage |
Usine de traitement des eaux : dans la boucle de l'Elorn, à gauche de la carte.
Vue aérienne de l'IGN montrant l'usine en 1952, donc avant la
rénovation de 1953. On la distingue entre la RN 12 et l'Elorn,
à gauche du chemin rectiligne menant à la minoterie Le Verge.
1923 : | Mise en service de la 1ère usine (capacité 10.000 m3 par jour) |
1953 : | Rénovation de l'usine |
1959 : | La capacité passe à 17.500 m3 par jour. |
1966 : | Transformation complète de l'usine et extension - Les études réalisées en 1961 visaient une production de 30.000 m3/j pouvant atteindre 60.000 m3/j dans les futures décades - Pose de la première pierre en avril 1966 - Fin des travaux en 1968 |
1977 : | La capacité atteint 35.000 m3 par jour. |
1982 : | Mise en place d'une pré-ozonation, de décanteurs lamellaires, automatisation des réactifs et de la filière de traitement, mise en service de la filière de traiement des boues. |
1992 : | Installation de la Supervision Panorama, logiciel d'automatisation et de contrôle, créé par la société Codra. |
1995 : | Mise en service de la reminéralisation et des deux filières d'ozoneurs tubulaires. |
1997 : | Interconnexion avec le Syndicat du Bas-Léon. |
1999 : | Le charbon actif en grain (CAG) remplace le sable dans les filtres. |
2002 : | Le mangagran remplace les gravillons dans les filtres. |
2007 : | Réfection complète de l'injection d'ozone. |
2012 : | Rénovation du traitement des boues avec filière de chaulage. |
2017 : | Capacité nominale : 53.000 m3 / jour Volume prélevé dans l’Elorn : 10.844.570 m3 Vol. produit : 9.979.088 m3 Volume moyen journalier : 29.712 m3/j Vol. jour de pointe : 44.230 m3/j |
Processus de purification de l'eau :
Explication résumée en 1986 (source CdB)
1 - floculation : l'eau est mélangée à des produits chimiques qui permettent aux impuretés de se regrouper en petits flocons.
2 - décantation : l'eau est tranquilisée dans de grands bassins où se déposent les flocons.
3 - filtration : débarrasée de ces impuretés, l'eau traverse une barrière de sable de 1 mètre d'épaisseur pour élimination des autres impuretés
4 - stérilisation : il faut détruire les microbes par l'action de l'Ozone
Synoptique en 2017
1 Préozonation | 2 Décantation | 3 Filtration | 4 Postozonation | 5 Correction de l'agressivité | 6 Désinfection finale | 7 Stockage usine | 8 Distribution et stockage |
De l'ozone est injectée pour optimiser l'étape suivante de décantation et éliminer les algues | Les matières en suspension forment des boues qui sont séparées de l'eau par décantation | Un filtre à charbon actif en grains retient les particules fines ayant échappé au traitement précédent et les éventuels pesticides | Un nouvel apport d'ozone permet d'éliminer les micro-organismes présents dans l'eau et d'en améliorer les qualités organoleptiques | L'eau est rendue non agressive par adjontion d'un neutralisant, la soude | La désinfection au chlore assure la qualité bactériologique de l'eau à la sortie de l'usine et sur le réseau de distribution | L'eau potable est stockée avant pompage dans les réservoirs | L'eau est distribuée aux usagers, au travers d'un réseau qui alimente également les réservoirs de stockage |
Le dessin représente un extrait de la façade de l'ancien bâtiment (celui que l'on voit, le long de la route, sur la photo du projet de 1966).
Le premier projet porte la signature du directeur des travaux et la date du 19 juillet 1922. Il ne montre que le centre de la façade. Celle-ci se poursuivait de chaque côté par 4 fenêtres supplémentaires identiques (soit 10 fenêtres en tout, plus la porte centrale).
La légende est "Briquetage de la façade avant".
Voir quelques photos des travaux de 1923, en cliquant sur le petit livre vert.
Quelques photos des travaux de 1923 (source Archives Municipales de Landerneau)
Vue vers le sud-est - Le grand bâtiment au fond est la minoterie Bazin
Vue vers le nord-ouest
XPhoto des personnalités lors de l'inauguration de la station (source AMB)
En bas, au bord de la photo, le moulin Le Verge. En haut, de l'autre côté de l'Elorn, la ferme de Stangolc'h.
Les bâtiments de l'extrême gauche (Point P) n'existent plus.
Photo prise de la vieille route de Landerneau - A. Croguennec - 25/2/2016.
Une nouvelle usine d’eau potable pour 2023-2024. Un gros chantier de 25 millions d’euros est prévu. L’usine sera plus puissante, plus moderne et mieux sécurisée.
Le tout sera par ailleurs mené dans une volonté de limiter l’impact de l’usine sur son environnement et de satisfaire les attentes des consommateurs. L’usine de Pont-ar-Bled nouvelle génération doit être mise en service début 2024 au plus tard.
Le projet de reconstruction de l’usine de Pont-ar-Bled a été présenté aux riverains
le samedi 19 mars 2022 à La Roche-Maurice, étaient présents Lénaïc Blandin et Bernard Goalec.
En 1961, un projet avait été élaboré (voir plus haut) pour permettre l'accroissement de la production d'eau jusqu'à 60.000 m3 par jour. Ce projet a été mis en oeuvre de 1966 à 1968.
Mais, dès 1962, les ingénieurs imaginaient qu'à terme la production nécessaire devrait aller vers les 120.000 m3/j.
Dans ces conditions, le débit de l'Elorn serait insuffisant pendant les mois d'été. D'où l'idée de pouvoir constituer des réserves. Après avoir étudié différentes solutions, ils se portèrent vers la vallée du Morbic, avec le projet d'y créer un barrage, en cas de besoin.
"En effet, la vallée du ruisseau aboutissant à l'Elorn à La Roche-Maurice (vallée de la route de Sizun) est une vallée ancienne, encaissée, pratiquement inhabitée dans la partie susceptible d'être immergée.
Le barrage dont le réservoir serait arasé aux environs de la cote 52,00 NGF 1 permettrait de retenir de l'ordre de 4 millions de m3 d'eau. Une formule de barrage plus économique pourrait consister en l'implantation de ce dernier au point de resserrement du thalweg 2, à 400 m environ en amont de l'emplacement prévu dans la formule précédente, mais dans ce cas le volume de la retenue ne serait plus que l'ordre de 3 millions de m3". (mémoire technique, 1962-1964 - AMB 2 N 132).
Le mémoire explique aussi que l'excédent d'eau de l'Elorn, pendant certaines périodes, pourrait être refoulé en partie dans ce barrage réservoir.
Cette photo provient des Archives municipales et communautaires de Brest avec ce texte explicatif :
"Projet de barrage sur le ruisseau de la Roche-Maurice, près de l'usine de Pont-ar-Bled, pour captage d'eau potable. Vers 1962".
On y reconnait la vallée du Morbic, vers le nord et l'aval, avec le moulin de Kermadec dans le fond. La photo représente la formule la plus économique, tandis que le plan, qui suit, se base sur la version la plus importante où l'on voit le moulin de Kermadec sous les eaux.
Ce projet de 1962 n'a jamais été réalisé. Fort heureusement pour notre vallée du Morbic.
Mais la problématique de la réserve d'eau resta posée. Lors de l'été 1976, on créa un barrage provisoire sur l'Elorn en aval de Pont-Christ, mais il fut détruit par la crue de décembre de la même année.
Le choix final fut donc de construire, beaucoup plus en amont sur l'Elorn, le barrage du Drennec, opérationnel en 1982.
Pour la sécurisation de la qualité de l'eau, on a projeté la construction d'une station d'alerte à Pont-Christ.
Capacité de production en 2017 en m3 par jour | ||
Pont-ar-Bled | Plouedern | 52.500 |
Moulin-Blanc | Le Relecq-Kerhuon | 8.000 |
Kerleguer | Bohars | 8.000 |
Source "Eau du Ponant - Société Publique Locale - Rapport 2018 aux actionnaires" |
Le réseau est alimenté aussi par deux captages situés à Plougastel-Daoulas (Breleis et Kergonnec) qui produisent chacun 700 m3 par jour.
L'usine de traitement des eaux de Pont-ar-Bled est un dispositif stratégique pour l'alimentation en eau potable d'une grande partie de l'ouest du Léon, et notamment de l'agglomération brestoise, mais aussi de la rive sud de l'Elorn vers Plougastel.
Depuis 2015, un "plan de sécurisation de l'alimentation en eau potable court sur cinq ans. L'idée, « c'est de transformer un réseau en étoile en réseau maillé, de telle sorte que si on coupe une branche, on puisse toujours passer », résume Christian Clément, directeur d'Eau du Ponant, société publique locale en charge de la gestion de l'eau. Plusieurs connexions entre canalisations existantes sont ainsi prévues. (Ouest-France du 01/10/2015)
Il faut noter que la canalisation franchit l'Elorn au pont de l'Iroise dans le tablier du pont. En effet, du fait de la profondeur du fleuve à cet endroit, les coûts d'une conduite souterraine ont été jugés prohibitifs.
L'interconnexion avec le Syndicat du Bas-Léon est évidente, sur ce plan.
°L'usine de Pont-ar-Bled est
située 5 km en aval de Pont-Christ
La commune de La Roche-Maurice, une partie au moins, est branchée sur le circuit depuis 1975. Auparavant elle était alimentée par les sources de Kerguinou (voir en annexe).
Un tour de force - La captation d'une rivière à sec - Dépêche de Brest du 17/10/1921
On nous écrit de Landerneau : L'habitant de Brest, de passage à Landerneau et qui jette un coup d'oeil sur la rivière de l'Elorn, peut remarquer que pas une seule goutte d'eau ne coule dans le port à marée basse, le lit est complètement à sec. S'il veut bien se donner la peine d'interroger un des flâneurs qui stationnent le long des quais, il apprendra bien vite que depuis plus de trois mois la situation est la même, et alors ce Brestois doit forcément penser à l'eau ozonée de l'Elorn, qui a fait couler bien plus d'encre qu'il ne coule actuellement d'eau dans la rivière.
Comment, la municipalité de Brest promet à ses administrés l'eau d'une rivière qui est à sec ! Non seulement elle promet, mais elle tient...
Brestois, si tu venais plus fréquemment au pays de la lune, tu aurais pu constater que les travaux sont commencés, et que, pendant les huit à dix derniers jours du mois passé, un camion automobile faisait régulièrement le service de la gare à des points déterminés, sur la route de Brest à Landerneau, transportant des tuyaux en fonte de près de quatre mètres de longueur et de 0,60 de diamètre. C'était les tuyaux devant servir à la canalisation que l'on déposait le long du parcours projeté.
Il n' y aura pas d'eau en rivière en période d'été ; on fait les travaux quand même. Quand il y aura de l'eau, la compagnie en fournira, mais, en juillet, août et septembre, les Brestois se brosseront. Il faudra bien que ceux-ci s'y résignent.
Il existe sur l'Elorn quantité de moulins à farine, sans compter quelques moulins à tan et quelques tanneries du côté de Landivisiau ; mais à 50 mètres exactement de la future usine de l'ozone, l'on trouve une importante minoterie appelée "moulin de La Roche" ; pour marcher, ce moulin emploie la force hydraulique, lorsque sa réserve d'eau le lui permet, mais comme le débit de la rivière est très faible, le propriétaire se voit journellement dans l'obligation d'arrêter sa fabrication pendant huit à neuf heures sur vingt-quatre. A ce moment, l'on ferme toutes les vannes, pas une goutte d'eau ne passe, tout est à sec à l'exception des trous ou flaques. Comme l'usine de l'ozone sera située en aval, elle ne recevra rien et pas de réserve de liquide possible, la minoterie est juste au-dessus. De plus, en cours normal, c'est-à-dire lorsque le moulin marche, toutes vannes ouvertes, la quantité d'eau qui passe doit être assez considérable ?
Erreur : sais-tu, Brestois, quel est le débit actuel de l'Elorn par 24 heures, chiffres officiels ? Je vais te le confier, mais ne le répète pas aux contribuables de la ville. Il est de 1.400 à 1.500 mètres cubes, tu as bien compris ; c'est bien loin des 10.000 mètres cubes par jour promis, et encore comme la compagnie n'est autorisée, je crois, qu'à prendre le dixième du débit normal de la rivière, elle ne pourra donc fournir pendant trois à quatre mois qu'un maximum de 140 à 150 mètres cubes d'eau par 24 heures, à condition que le moulin ne ferme plus ses vannes. Chose presque impossible.
De plus, te rappelles-tu où sera puisée cette eau ? Je te l'ai déjà dit, mais permets que je te le répète : "C'est à 50 mètres au-dessous du moulin de La Roche, lequel occupe une vingtaine d'ouvriers et vide directement à la rivière non seulement ses eaux résiduaires, mais aussi le contenu de ses water-closets."
Comme tu le vois, Brestois, le résultat ne semble devoir être brillant à aucun point de vue. Qu'importe, il faut que le travail se fasse, paraît-il !
La captation d'une rivière dans eau - Dépêche de Brest du 18/10/1921
On nous écrit de Landerneau : Ce matin un entrepreneur de Brest est arrivé à Landerneau, vers les 11 heures, et quelques minutes plus tard le bruit circulait rapidement en ville qu'on embauchait au café Armoricain, tous ceux qui désiraient travailler aux travaux de terrassement, nécessités pour l'enfouissement de l'énorme canalisation des eaux de l'Elorn destinées à l'alimentation en eau potable de la ville de Brest. Les premiers coups de pioches de cet important travail seront donc donnés demain dans la matinée au haut de la côte de Saint-Divy, où les travailleurs seront journellement conduits en camions automobiles.
Erratum. - Une erreur de virgule s'est glissée dans l'article paru hier au sujet du débit de la rivière l'Elorn. Il faut lire 14 à 15.000 mètres cubes en débit normal par 24 heures, c'est-à-dire toutes vannes ouvertes, aucun moulin situé en amont ne faisant de réserve d'eau, ce qui amènerait fatalement à leur arrêt complet - condition presque impossible à réaliser. - A cette seule condition, la Compagnie pourrait fournir le dixième du débit normal, soit 1.400 à 1.500 mètres cubes pendant le même laps de temps. C'est bien peu. L'on pourrait ajouter qu'en hiver la prise de 10.000 mètres cubes d'eau par 24 heures dans la rivière ne soulèvera aucune difficulté, mais en été c'est autre chose. Et c'est surtout en été, qu'à Brest, comme dans beaucoup d'autres endroits, l'eau fait défaut.
L'adduction des eaux de l'Elorn - Dépêche de Brest du 13/11/1923
Inauguration de l'usine d'ozonisation de Pont-ar-Bled
Photo prise le jour de l'inauguration (source AMB)
Nous annoncions, en août dernier, que l'usine élevée sur la route de Landivisiau, à Pont-ar-Bled, et destinée à refouler vers Brest les eaux traitées par le procédé d'ozonisation, devait fonctionner sans tarder. Elle fonctionne, en effet, depuis quelque temps déjà, mais elle n'était officiellement inaugurée qu'hier.
A cet, effet, de nombreuses personnalités s'étaient rendues à l'invitation de la municipalité. Ou y remarquait la présence de MM. Vacquier, sons-préfet de Brest, représentant M. Desmars, préfet du Finistère ; Nardon, maire de Brest ; Chastong, médecin général, directeur du service de santé de la marine ; Goude et Masson, députés ; Corre, président du tribunal de commerce ; Le Fraper, président de la Chambre de commerce ; Postel-Vinay, président du conseil d'administration de la compagnie d'ozone ; le docteur Kerrien, maire de Saint-Pierre-Quilbignon ; Hervé, maire de Lambézellec ; Madec, maire de Saint-Marc ; Bernard, directeur du Crédit Foncier ; le docteur Bigot, médecin inspecteur départemental du service d'hygiène ; le docteur P. Bodros, directeur du bureau d'hygiène de Brest ; Coyne, ingénieur des Ponts et Chaussées ; Messager, Le Gall, Quiniou, Puzin, adjoints au maire de Brest ; Lucas, secrétaire en chef de la sous-préfecture ; L'Haridon, secrétaire général de la mairie ; Hervagault, ancien maire intérimaire ; Richard, receveur municipal ; Milineau, architecte de la ville de Brest ; Marfille, Stéphan, Bergot, membres du bureau de la Chambre de commerce ; Guépard, directeur des travaux ; Heitz, chef des travaux de la compagnie de l'ozone à Brest ; Farey, directeur du laboratoire municipal ; Geneuil, expert chimiste de la compagnie ; Le Guell Marc, Le Cordenner, entrepreneurs ; André, Roquin, Croullebois, Dubois, Toullec, Kermorgant, Derrien, Le Lay, conseillers municipaux ; Eucat, chef de bureau à la mairie ; Daguin, Delor, Prigent, etc.
Toutes ces personnalités étant réunies sous le vaste hall des machines, M. Nardon les remerciait d'avoir bien voulu répondre à son invitation et donnait la parole à M. Otto, docteur ès-sciences, ancien attaché au laboratoire des recherches de la Sorbonne.
Après avoir parlé de la nécessite d'augmenter les disponibilités en eau de la ville de Brest, l'orateur expose les caractéristiques de la méthode employée. Elle consiste tout d'abord à débarrasser, par une filtration rapide, l'eau des matières solides qu'elle tient en suspension ; puis, en y injectant de l'air électrisé ou ozone, à détruire une partie, des matières organiques qu'elle contient et à brûler à froid et éliminer tous les germes malfaisants.
Et M. Otto continue :
La prise d'eau est constituée par un barrage protégé par plusieurs séries de grilles à mailles différentes pour arrêter les corps flottants. Un canal réunit la prise d'eau à la galerie d'aspiration des pompes d'eau brute placée dans les sous-sols de l'usine. Ces pompes refoulent l'eau sur les bassins filtrants.
Les filtres sont divisés en quatre groupes composés chacun de un bassin de décantation et un filtre clarificateur.
L'eau à filtrer est traitée par un coagulant dont la distribution à débit constant est assurée automatiquement par des appareils simples, robustes et inoxydables.
L'eau, après avoir séjourné quelques heures dans les bassins de décantation arrive sur les bassins filtrants.
La filtration se fait de haut en bas. A la surface du sable se déposent toutes les matières en suspension dans l'eau, sauf une notable proportion de germes et de microbes dangereux qui passent à travers les interstices du sable.
L'eau qui sort des bassins filtrants est en quelque sorte épurée mécaniquement ; elle est prête à subir l'action de l'ozone.
Dans les anciens systèmes de bassins filtrants, des hommes munis de pelles et de brouettes grattaient périodiquement la couche filtrante encrassée, lavaient le sable et le remettaient en place après lavage. Cette opération était longue, fastidieuse et très onéreuse.
Nous avons imaginé un dispositif beaucoup plus simple et plus rapide, qui consiste à insuffler sous la couche filtrante de sable un courant d'air comprimé. La masse se met à bouillonner, les crasses et les matières solides qui sont déposées à la partie supérieure du filtre sont arrachées et l'eau, chargée de boue, est décanté automatiquement.
Lorsqu'on juge que l'opération de netoyage est terminée, on arrête le courant d'air comprimé et les matériaux filtrants se remettent automatiquement en place, par ordre de densité et de grosseur, le sable grossier restant au bas de couche filtrante et le sable fin se déposant à la partie supérieure.
L'eau, une fois débarassée des matières solides qu'elle contient, est traitée par l'ozone. Pour arriver au résultat recherché, deux problèmes étaient à résoudre : Le premier consistait à produire, d'une manière industrielle, l'ozone nécessaire ; le second, à mettre l'ozone une fois préparée en contact intime avec l'eau.
La construction des appareils, dont le fonctionnement est aujourd'hui si sûr, a donné lieu à de longues et patientes recherches. Il a fallu produire des courants à la tension voulue, les maîtriser, les adapter aux besoins de notre industrie ; cela a coûté beaucoup de peines et beaucoup d'efforts.
Nous n'entrerons pas dans les détails techniques de construction des appareils que vous avez sous les yeux, mais nous vous dirons qu'ils sont réglés d'une manière suffisamment parfaite pour qu'ils puissent fonctionner des années entières, nuit et jour, sans interruption et sans nettoyage d'aucune sorte.
Après avoir précisé certains points de construction, parlé des résultats des analyses aux points de vue bactériologique, physique, chimique et organoleptique, dit que l'air électrisé agit comme un agent d'épuration de premier ordre, M. Otto ajoute :
L'ensemble de l'installation pourra assurer par la suite le refoulement de 20.000 mètres cubes quotidiens d'eau pure.
Cette installation de force motrice est complétée par un groupe moteur à gaz avec génératrice à courant continu de 50 HP, pour assurer les services extérieurs de l'usine.
Les pompes refoulent à 120 mètres de hauteur à travers une canalisation en fonte de 600 m/m de diamètre et de 22 kilomètres environ de longueur. Une colonne d'équilibre située sur le point le plus haut, constituée par une cheminée en ciment armé, sert de ventouse naturelle principale.
Les réservoirs de distribution établis au Petit-Paris ont une capacité totale de 10.000 mètres cubes ; ils sont munis de déversoirs et équipés de façon à permettre une surveillance facile. Sur ces réservoirs est branchée la conduite maîtresse de distribution du réseau de la ville.
Dans le présent comme dans l'avenir, l'alimentation de la ville de Brest en eau potable pourra donc être assurée dans les meilleures conditions de quantité, de qualité et de sécurité.
M. Otto remercie tous ceux qui ont apporté leur part de collaboration à l'oeuvre entreprise et dit : " Au point de vue des finances municipales, les dépenses, que l'on avait envisagées comme devant s'élever à une vingtaine de millions, ne dépasseront pas 14 millions." Sans revenir sur les raisons qui militent en faveur d'une organisation plus économique, raisons qui ont été exposées longuement ici même par des écrivains et des hygiénistes autorisés, il nous faut, cependant insister sur la somme de 14 millions que M. Otto considére comme suffisante — Dieu merci ! — pour couvrir les frais considérables d'une installation qui, au moyen de l'utilisation des eaux de la Penfeld, par exemple, eût coûté trois ou quatre fois moins. Les contribuables brestois seront certainement de notre avis.
La caption des eaux de l'Elorn - Dépêche de Brest du 3/8/1923
L'usine doit fonctionner avant la fin du mois.
On nous demande de divers côtés où en est l'affaire des eaux de l'Elorn. Voici les renseignements que nous avons recueillis à ce sujet :
Dans cette vallée si pittoresque où sinue l'Elorn, au bord de cette route de Landivisiau qu'il fera si bon de suivre lorsque les innombrables et profondes crevasses qui la mutilent seront comblées, se dresse aujourd'hui, à Pont-ar-Bled, l'usine destinée à refouler vers Brest les eaux traitées par le procédé d'ozonisation.
L'oeuvre vraiment utile sera achevée dans quelques jours et, avant la fin du mois, affirme M. Heitz, ingénieur de la compagnie, chef des travaux, les appareils seront en mesure d'entrer en fonctionnement.
On sait que la captation maximum est limitée au dixième du débit de la rivière. Afin d'assurer la régularité de l'opération, on termine en ce moment la construction d'un barrage répartiteur de faible hauteur qui a été soumis à l'approbation des ponts et chaussées. Ce barrage déversoir doit permettre l'exécution automatique du décret ministériel ayant pour but de sauvegarder les droits des usagers d'amont.
Là se trouve la prise d'eau protégée par un système de grilles aux mailles de différents diamétres où seront, arrêtés les objets qu'entraîne le courant : feuilles, branchages, etc.
L'opération, en toute simplicité, est, la suivante : l'eau ainsi canalisée passe en des bassins de décantation, puis sur des filtres, gagne des réservoirs de 500 mètres cubes pour être ensuite enyovée dans une colonne de stérilisation par l'ozone et être enfin refoulée sur Brest.
Dans les bassins de décantation, construits en ciment et à l'air libre, l'eau, en raison de la faiblesse de la déclivité, doit demeurer plusieurs heures afin de pouvoir se débarrasser des impuretés qu'elle porte en suspens. L'intervention d'une solution d'alun doit avoir pour but à ce moment de précipiter la chute de ces impuretés.
Les filtres sont destinés à clarifier l'eau ainsi obtenue. Chaque cellule filtrante se compose de quatre couches de galets de différents diamètres allant des plus gros à la partie inférieure aux plus fins à la partie supérieure puis, enfin, de sable.
La filtration s'opère de haut en bas et, comme bien l'on pense, sables et galets s'encrassent assez rapidement. Leur nettoyage réclamerait, on le conçoit, une main-d'œuvre et une perte de temps considérable s'il ne s'opérait mécaniquement. Pour cela, on provoque une inversion du courant, projetant l'eau de bas en haut en même temps qu'on insuffle de l'air comprime.
La production de l'ozone, issue, d'un courant à haute tension et à haute fréquence, est assurée par trois générateurs à quinze éléments chacun. L'effluve, ayant été provoqué entre des plaques de verre, l'air ozoné est aspiré directement en passant dans une canalisation de grès par les émulseurs de la colonne de stérilisation.
Un laboratoire, où sont réunis tous les appareils nécessaires, permettra le contrôle permanent de la qualité de l'eau ainsi obtenue.
Devant le grand hall des machines, une coquette villa destinée au chef mécanicien, complète la série des édifices.
Mais quelle peut être la production de cette usine ? Dès que les opérations de lavage des canalisations seront terminées, elle sera en mesure de remplir chaque jour les deux nouveaux réservoirs du Petit-Paris de 5.000 mètres cubes. On sait que ces réservoirs sont directement reliés avec les anciens.
La production quotidienne assurée normalement par deux groupes de 5.000 mètres cubes chacun peut être portée à 15.000 mètres cubes à condition de mettre en marche le troisième groupe de rechange.
De plus, des dispositions ont été prises et des emplacements ménagés pour que deux nouveaux groupes de machines et gazogènes, deux nouveaux groupes ozoneurs et une colonne de stérilisation soient construits lorsque le besoin se fera sentir.
Dès lors, l'usine serait en mesure de fournir quotidiennement 25.000 mètres cubes, soit de quoi satisfaire aux besoins d'une population 160.000 habitants, à raison de 150 litres par jour et par tête.
C'est en vue de permettre pareil débit qu'une canalisation de 600 millimètres de diamètre a été établie jusqu'à Brest. Et c'est pour éviter les coups dits "de bélier", capables de déterminer la rupture de cet énorme tuyau qu'on a dressé au sommet de la côte de Saint-Divy, la colonne d'équilibre qui, pour bon nombre de non avertis, représente un phare.
Voilà ce que la ville de Brest se paie pour la somme modique d'une vingtaine de millions ! L'eau sera bientôt tirée. On ne sera pas forcé de la boire - mais il faudra bien la payer, bonne ou mauvaise.
Brest - La municipalité annonçe que l'eau ozonée est excellente - Dépêche de Brest du 9/11/1923
En vue de la réception définitive de l'installation d'eau ozonée, le laboratoire municipal a procédé, depuis déjà plusieurs semaines, à toute une série d'essais, destinés à vérifier si la qualité de l'eau fournie par la Compagnie générale de l'Ozone était conforme aux conditions fixées par le Conseil supérieur d'hygiène de France.
Il résulte des prélèvements effectués, tant à l'usine de Pont-ar-Bled qu'à l'arrivée aux réservoirs du Petit-Paris, que la qualité de l'eau fournie à la ville de Brest est rigoureusement conforme aux conditions du cahier des charges (absence de colibacille et d'espèces suspectes ; nombre de bactéries banales très inférieur au maximum toléré, bien que ce dernier soit extrêmement réduit).
Le laboratoire municipal a dû également suivre la marche de la substitution dans les canalisations de la ville de l'eau ozonée à l'eau précédemment fournie par l'usine élévatrice de Stangalar. Les prélèvements effectués journellement aux extrémités des diverses conduites, ainsi qu'en divers points intermédiaires, ont permis de suivre de façon très précise cette substitution, par la disparition progressive des germes conformes.
Les observations ont été, en effet, facilitées par ce fait que, l'on s'en souvient, il y a quelques semaines, l'eau arrivant au Petit-Paris s'était trouvée assez gravement contaminée. Ce fait, assez fréquent au début de chaque automne, était dû aux pluies abondantes inondant les captages des sources. Afin d'éviter tout accident, la population avait d'ailleurs élé invitée, par les soins du bureau d'hygiène, à faire bouillir l'eau destinée à la consommation.
Cette situation a cessé dès à présent d'exister, l'eau des anciennes sources ayant été remplacée en totalité par de l'eau ozonée, que la populalion peut consommer sans la moindre crainte. Le directeur du laboratoire, L. FARCY.
Accident grave dans les chantiers de l'ozone - Dépêche de Brest du 11/4/1923
Hier soir, vers les 4 h. 45, un ouvrier, de la maison Léger, de Brest, était occupé, dans les chantiers de l'ozone, à La Roche-Maurice, à des travaux de moulage, sur un échafaudage suspendu à 5 ou 6 mètres du sol. Le malheureux perdit tout à coup l'équilibre et, vint s'écraser sur un tas de cailloux. M. Bazin, maire de La Roche, qu'on était allé prévenir de l'accident, mit aussitôt sa voiture automobile à la disposition du directeur des travaux pour conduire le blessé à Landerneau, où des soins lui furent donnés par le docteur Le Flammauc. L'état, de la victime, qui se plaint de douleurs internes, est grave.
La Roche désormais alimentée en eau potable par l'Ozone - Le Télégramme des 3 et 4/5/1975
La Roche-Maurice est désormais alimentée en eau potable par l'Ozone et non plus par des sources. Depuis 50 ans, la commune de La Roche était alimentée en eau potable par deux puits de captage que l'on trouvait à Kerguinou. Cette eau de source était à coup sûr peu onéreuse mais n'offrait pas de garantie aux 330 abonnés d'aujourd'hui. Elle arrivait, de plus, à manquer les années de sécheresse.
Il fallu donc trouver une autre solution. C'est désormais chose faite grâce au SIVOM de Landerneau qui a raccordé le réseau à l'usine de Pont-ar-Bled. Avant d'arriver au robinet de la ménagère, l'eau effectue un circuit assez compliqué puisque, captée à Pont-ar-Bled, elle est refoulée vers le réservoir de Kernoster (en Dirinon) avant de parvenir à La Roche par une canalisation de retour. Tout comme à Landerneau, la municipalité a signé un contrat d'affermage avec la Compagnie des Eaux et de l'Ozone qui gèrera le réseau. ...
Pour marquer la mise en service de cette réalisation du SIVOM, M. Bonniou, maire de La Roche-Maurice, ses deux adjoints MM. Amiry et Léon, et la commission des eaux avaient organisé une réception. Elle a eu lieu Mercredi à la mairie. Etaient présents : MM. Grall, adjoint au maire de Landerneau, président du SIVOM ; Abeguille, maire de La Martyre, conseiler général du canton ; Malléjac, conseiller général, maire de Plougastel ; Diverres, conseiller municipal de Pencran et représentant de l'Ozone ; La Fontaine, chef de secteur, et son adjoint, M. Josni, et M. Mesanstourm, ingénieur divisionnaire du génie rural.
Mise en service d'un surpresseur sur le réseau d'eau à La Roche - Le Télégramme du 26/11/1975
M. Jousni, adjoint au chef de secteur de la Compagnie des Eaux et de l'Ozone, accompagné de M. Rault, chef de travaux, a procédé à la mise en service d'un surpresseur à Ker-Huella pour la desserte en eau des quartiers situés au-dessus.
Depuis le 15 mai dernier, la commune est alimentée par la Compagnie des Eaux et de l'Ozone grâce au SIVOM de Landerneau, mais les habitants de Kerguinou et de Pesmarc'h continuaient à recevoir l'eau d'une source qui alimentaient précédemment toute l'agglomération. Après la sécheresse de l'été, l'eau se faisait si rare dans certaines maisons qu'une autre solution devait être recherchée. La pose d'un surpresseur, à mi-hauteur de la colline, permettra sans risques pour les canalisations anciennes du bourg de faire monter l'eau avec une pression suffisante dans toutes les habitations.
Eau potable en pays de Brest : la côte d’alerte est proche - Le Télégramme du 4/8/2022 (Yann Le Gall)
La capacité de production de l’usine de Pont-ar-Bled (Plouédern) a été augmentée, afin de compenser la baisse de production des autres usines du territoire autour de Brest métropole.
Avec le déficit pluviométrique de ces derniers mois, les capacités en eau potable en pays de Brest se réduisent comme peau de chagrin. Quelle est la situation dans les usines de production ? Le point avec Eau du Ponant :
Depuis le mois d’octobre 2021, le Finistère connaît un déficit pluviométrique. Avec les fortes chaleurs de cet été, la situation s’est tendue encore un peu plus, justifiant que le département du Finistère soit placé en situation d’alerte renforcée sécheresse en application de l’arrêté du 16 juillet 2022.
Des usines de production quasiment à l’arrêt
Quelle est la situation aujourd’hui dans les usines gérées par Eau du Ponant ? « Globalement, on constate un mois d’avance sur la situation hydrique habituelle avec plusieurs usines de production à l’arrêt », explique-t-on chez Eau du Ponant. Ainsi, l’unité de production de Kerleguer est quasiment à l’arrêt pour respecter le débit réservé de la Penfeld. La production de l’usine du Moulin-Blanc a diminué, les disponibilités de ses ressources ayant fondu comme neige au soleil. La vigilance est aussi de mise à l’unité de Kermorvan, où l’étang amont dispose encore d’un stock correspondant à environ quinze jours d’autonomie.
Brest Métropole au secours des territoires voisins
Seule l’usine de production de Pont ar Bled, à Plouédern, fonctionne à plein régime et a même vu sa capacité de production augmenter (43.000 m3), en prélevant un volume dans l’Élorn permettant de respecter son débit réservé grâce au soutien d’étiage du barrage du Drennec. Lequel conserve, à ce jour, un stock d’environ quatre mois. Au-delà de la couverture des besoins de Brest métropole et de la Communauté d’agglomération du Pays de Landerneau-Daoulas, cette unité est donc sollicitée actuellement par le syndicat du Bas Léon pour les besoins du pays d’Iroise, mais aussi par ceux des communautés de communes de Plabennec Pays des Abers et de Lesneven Côte-des-Légendes. Les volumes sont transportés par des interconnexions reliant ces territoires avec les infrastructures propriétés de Brest métropole qui joue pleinement son rôle en termes de solidarité territoriale.
« Chacun doit s’impliquer à son niveau »
À quoi doit-on s‘attendre si la sécheresse persiste ? « Tout est mis en oeuvre pour éviter la rupture d’alimentation », indique Eau du Ponant. Ainsi, une réunion de coordination technique hebdomadaire se tient avec l’ensemble des structures intervenant sur l’eau potable. Elle permet à chaque fois de faire un état de la situation, de se coordonner et de gérer au mieux les ressources.
Eau du Ponant prévient : « Aujourd’hui, il est devenu urgent de prendre toutes les dispositions nécessaires pour remédier aux besoins d’adduction en eau potable du territoire, en particulier pour les usages domestiques. Chacun doit s’impliquer à son niveau et s’investir dans la préservation de la ressource pour garantir une capacité de production en eau potable suffisante jusqu’aux pluies de l’automne. La restriction d’eau est devenue primordiale pour tous pour éviter des ruptures d’alimentation en eau sur le territoire, dans les prochaines semaines ».
Eau potable en pays de Brest : la côte d’alerte est proche. Dossier :
- Le pays de Brest à court d'eau ?
- Eau potable en pays de Brest : la côte d’alerte est proche
- Besoin de nouvelles sources d’eau potable en pays de Brest
- Pays de Brest : la solidarité joue à plein sur l’eau potable
- Eau potable : le pays de Brest dispose encore de réserves
- Dans les champs du pays de Brest, « on ne rattrapera pas le manque de pluie »
André J. Croguennec - Page créée le 8/5/2020, mise à jour le 25/1/2024 | |