Le vitrail de l'église Saint Yves |
L'église Saint Yves de La Roche est bien connue pour les superbes éléments d'architecture qui la composent : l'enclos, le clocher à jour de la renaissance léonarde, le portail sud, le magnifique jubé en bois polychrome, les sablières sculptées représentant des scènes de la vie quotidienne autrefois, la voûte bleutée décorée d'angelots, d'étoiles, ... Arrêtons-nous un moment devant l'immense vitrail, 21,05 mètres carrés, qui représente la passion du Christ avec un luxe de détails.
Dans sa partie supérieure, on admirera aussi les blasons résultant des alliances matrimoniales des vicomtes de Rohan au début du XVIè siècle. Ceux-ci nous intéressent particulièrement, dans le cadre de nos études historiques sur Pont-Christ et La Roche, pour situer les membres de cette famille qui avait hérité, en 1373, des domaines appartenant autrefois à la branche cadette des vicomtes de Léon.
De ce fait, les Rohan sont devenus les propriétaires de nombreux biens et les suzerains directs ou indirects des seigneurs de la région, dont les seigneurs de Brezal. Ils ont fondé des églises, dans lesquelles ils ont apposé leurs blasons en signe de prééminences, comme dans celles de Ploudiry et de La Roche.
Les deux cloches portent la date de 1889 et proviennent de la fonderie A. Havard de Villedieu-les-Poêles. Elles portent également les mêmes mentions : le nom du recteur de l'époque, Gabriel Breton ; celui du maire, Léon d'Audibert de Lavillasse ; celui du trésorier du conseil de fabrique, Victor Bazin, et de ses collègues fabriciens : F. Eleouet, A. Coloigner, JM. Miossec, J. Abgrall.
La première cloche acquise en 1852, a été refondue en 1889 pour être en harmonie avec sa "soeur". Elle porte le nom de Victoire-Fanny-Appoline, elle a pour parrain Victor Bazin, trésorier du conseil de fabrique et futur maire de La Roche, et pour marraine Fanny Augustine Lamarque. La marraine était la petite-fille de l'ancien maire de La Roche, Jean-Baptiste Lamarque, et la fille de Charles Lamarque, notaire à Brest, né à La Roche, et d'Appoline Viel.
La deuxième s'appelle Paule-Alice-Louise-Marie, elle a pour parrain Paul de Dieuleveult et pour marraine Alice-Louise-Marie Le Noan, épouse de Léon de Lavillasse. Sur son sommet et en façade, on voit nettement, moulées dans le bronze, des scènes bibliques, comme celle de l'annonciation.
Elles furent bénies par l'évêque de Quimper et de Léon, Jacques-Théodore Lamarche, le samedi 7 septembre 1889. D'après JY. Choquer et autres sources.
1 - Description des armoiries par P.F. Broucke et Michel Maugin
1 De gueules à neuf macles d'or : de Rohan
2 Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : de gueules à l'escarboucle de chaîne d'or. Ce sont les armoiries des commanditaires de la verrière. René Ier (1516-1552), vicomte de Rohan, vicomte puis prince de Léon. A la mort de sa mère, en 1529, son héritage avait été mis sous la tutelle de Marguerite de Navarre, soeur du roi de France François Ier et petite-fille de Marguerite de Rohan et de Jean d'Orléans. Cette dernière le maria en août 1534 à sa belle-soeur Isabelle d'Albret, bâtarde légitimée du roi Jean II d'Albret et lointaine descendante d'Alain IX de Rohan par les femmes. Cette alliance avec les Navarre-Albret resserra les liens entre les Rohan et la famille royale de France. Egalement grand-tante du roi Henri IV, Isabelle porte ici les armes de sa mère adoptive, Catherine de Navarre.
3 Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : d'hermines plein. Ces armoiries sont celles d'Alain IX, vicomte de Rohan et de Léon, décédé à 80 ans le 20 mars 1462, et de Marguerite de Bretagne, dame de Guillac, fille du duc Jean IV de Bretagne et de Jeanne de Navarre, morte en avril 1428, époux par contrat en date du 19 avril 1407.
4 Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : écartelé aux 1 et 4 : de gueules à la tour d'or, aux 2 et 3 : de gueules au lion d'argent, armé, lampassé et couronné d'or. Au premier quartier du parti sont les armes d'Alain VIII de Rohan, sire de Léon, fils de Jean Ier de Rohan et de Jeanne de Léon, mort vers 1429. Au deuxième quartier, son épouse Beatrix de Clisson, comtesse de Porhoët, fille et héritière du connétable de France Olivier de Clisson et de Catherine de Laval, décédée vers 1448, écartèle les armes de Clisson et de Porhoët.
5 Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : coupé de deux traits, formant trois quartiers, au 1 : d'azur semé de fleurs de lys d'or, au 2 : de gueules à trois léopards d'or, au 3 : de gueules à l'écusson d'or et à la bordure d'argent. Cet écusson marque une volonté honorifique et politique, en mettant en avant l'ascendance illustre de l'épouse de Jean II de Rohan, Marie de Bretagne (1447-1507). Le deuxième quartier du parti est un condensé symbolique particulièrement astucieux et flatteur des armoiries de ses grands-parents maternels : celles de Jacques Ier Stuart, roi d'Ecosse (1406-1437), d'or au lion de gueules enclos dans un double trescheur fleurdelysé et contrefleurdelysé de même, sont figurées au quartier inférieur, schématiquement réduites au seul trescheur. Cette simplification s'explique par la faible surface disponible dans l'écoinçon à la pointe de l'écu. Les armes du quartier supérieur, d'azur à trois fleurs de lys d'or, et du quartier central, de gueules à trois léopards d'or, sont celles de France et d'Angleterre : elles appartiennent à l'épouse du roi Jacques Ier Stuart, Jeanne Beaufort, fille du comte Jean de Somerset, morte en 1445, qui les portait écartelées et brisées d'une bordure composée d'argent et d'azur.
6 Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : d'azur semé de fleurs de lys d'or, à la bordure cousue de gueules besantée d'argent de huit pièces. Ces armes appartiennent vaisemblablement à Jeanne de Rohan, fille de Jean Ier de Rohan et de Jeanne de Léon, et à son premier époux Robert Ier d'Alençon, comte du Perche et de Porhoët, fils de Charles II d'Alençon et de Marie d'Espagne, dont l'union date d'avril 1374. Les armes de Jeanne de Rohan auraient dû figurer au second quartier et non au premier, selon l'usage pour les femmes mariées.
7 Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : écartelé, aux 1 et 4 : de gueules à l'escarboucle de chaînes d'or (Navarre), aux 2 et 3 : d'azur à trois fleurs de lys d'or (France), à la bande d'argent brochante sur le second quartier du parti. Ces armes sont celles de la vicomtesse Anne de Rohan, comtesse de Porhoët, dame de Léon, fille et héritière de Jean II de Rohan et Marie de Bretagne, et de son époux Pierre de Rohan, vicomte de Carentan, seigneur de la Marche et de Gié, mariés en 1517. Second fils de Pierre de Rohan et de Françoise de Penhoët, il est l'arrière-arrière-petit-fils de Jean Ier de Rohan et de Jeanne de Navarre. Tué à la bataille de Pavie en février 1525, il arbore les armes de Gié additionnées d'une brisure de juveignerie.
8 De gueules au lion d'argent. : Jeanne de Léon, fille d'Hervé VII de Léon et de Marguerite d'Avaugour, première épouse en 1349 du vicomte Jean Ier de Rohan, fils d'Alain VII et de Jeanne de Rostrenen. A sa mort, en 1372, elle apporta le Léon aux Rohan, après en avoir hérité de son frère Hervé VIII, en 1363. De cette union est issue la branche aînée des vicomtes de Rohan. Du remariage de Jean Ier avec Jeanne de Navarre en 1377 sont issues les branches de Guéméné et Gié.
8.2 Concernant ce blason, le texte, écrit par Broucke et Mauguin en 2006, a été revu en 2012 dans un article de P.F. Broucke (cf source des informations).
En collaboration avec notre ami Michel Mauguin, nous avons publié en 2006 un article sur le tympan héraldique de la maîtresse-vitre de l’église de La Roche-Maurice et ses quatorze écus. Nous supposions alors que les armes « de gueules au lion d’argent » avaient pu appartenir aux seigneurs de Léon en brisant par changement d’émaux. Nous pouvons maintenant affirmer que cette hypothèse est erronée. L’identification des autres prééminences des Rohan reste valable au demeurant.
Voici un résumé de l'article de 2012 : On sait que les armoiries des seigneurs de Léon étaient « d’or au lion de sable ». Comment donc expliquer cet écu ? En fait, il faut considérer que la verrière de La Roche, comme celle de l'abbatiale de Daoulas, contient des reprises de verrières plus anciennes avec ajout d'armes plus récentes. Il ne faut donc pas considérer que tous ces blasons étaient contemporains, concernant ceux de Daoulas on voit qu'ils appartenaient à des personnages ayant vécu sur une amplitude de plus de deux siècles.
La maîtresse vitre de Daoulas, [aujourd'hui disparue mais dont nous possèdons un dessin], posée vers 1530, reprend en filigrane les prééminences d’une verrière plus ancienne, datable de la décennie 1440, qu’elle a remplacée. Dans cette première verrière, l’écu « de gueules au lion d’argent » ne pouvait appartenir qu’à une seule personne : Beatrix de Clisson, femme d’Alain VIII de Rohan (+ 1429 env.), mère d’Alain IX, décédée en 1448, dont les armes étaient représentées pleines et mi-parties de celles de son époux. ...
Le scénario fut identique à l’église de La Roche-Maurice : au tympan de la maîtresse-vitre, l’analyse des prééminences révèle la pose d’un premier vitrage dans les années 1440 [dans l’ancienne église de La Roche-Maurice, dont on ignore à peu près tout par ailleurs] par Alain IX de Rohan et sa mère, remplacé et réactualisé vers 1539, millésime écrit sur la baie ... .
Un siècle plus tard, une nouvelle verrière fut commandée à l’atelier Le Sodec : on y restaura les prééminences qui figuraient dans l’ancienne baie, en ajoutant les armes des vicomtes de Rohan depuis Alain IX.
Ajout le 26/3/2022. Les textes en italiques sont de Paul-François Broucke.
9 Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : d'hermines plein. Ces armes sont celle du vicomte Jean II de Rohan (1452-1517), sire de Léon, fils d'Alain IX de Rohan et de sa seconde épouse Marie de Lorraine, et de sa femme Marie de Bretagne (1447-1507), fille du duc François Ier de Bretagne et d'Isabelle Stuart, dont l'union date de 1462.
10 Parti, au 1 : d'hermines plein (ce qui est Bretagne) ; au 2 : de Rohan. Jean II de Rohan, beau-frère du duc par son mariage avec Marie de Bretagne, prétendit à la succession du duché lorsque François II mourut sans héritier mâle en 1488. Ces armoiries, en mettant les hermines de Bretagne au premier quartier, n'ont pas le même sens que les précédentes et doivent être comprises comme une allusion à cette prétention politique.
11 Parti, au 1 : écartelé, aux 1 et 4 : d'azur à trois fleurs de lys d'or (Albret) ; aux 2 et 3 : de gueules plein ; au 2 : d'argent au lion couronné de gueules (Armagnac). Ces armoiries font allusion à l'ascendance Albret-Navarre de l'épouse de René Ier de Rohan, Isabelle d'Albret. Son père, Jean II d'Albret, roi de Navarre (1469-1516), était petit-fils de Jean Ier d'Albret et de Catherine de Rohan, fille d'Alain IX de Rohan et Marguerite de Bretagne. Les descendants de Jean Ier d'Albret portèrent écartelées les armes des parents de ce dernier, Charles II d'Albret et Anne d'Armagnac. Il faut voir dans cet écusson une nouvelle évocation de la part des Rohan de leurs liens avec les Albret-Navarre et la couronne de France.
12 Parti, au 1 : de Rohan, au 2 : de gueules au lion contourné et couronné d'argent. Alain de Rohan, mort en 1449, avait épousé, en 1443, Yolande de Laval, fille de Guy XIII de Laval et d'Isabelle de Bretagne, dame de Vitré dont elle arbore ici les armes.
13 Parti, au 1 : d'azur à trois fleurs de lys d'or brisées d'un lambel d'argent, au 2 : de Rohan. Jean II d'Orléans, comte d'Angoulême et de Périgord, fils puîné du duc d'Orléans Louis de France et de Valentine de Milan, d'abord promis par contrat à Jeanne de Rohan, fille d'Alain IX de Rohan et de Marguerite de Bretagne, épousa finalement le 31 aoüt 1449 sa soeur cadette Marguerite de Rohan. Sa brisure, un croissant de gueules sur chaque pendant du lambel, n'est pas représentée.
14 Parti, au 1 : d'azur à trois fleurs de lys d'or, à la barre de gueules brochante chargée de trois besants d'argent ; au 2 : d'azur à trois fleurs de lys d'or, à la bordure cousue de gueules besantée d'argent de huit pièces. Cet écusson n'a pu être attribué, et seul le second quartier est partiellement identifié : il arbore les armes des ducs d'Alençon et appartient probablement à une fille issue de cette branche royale.
Source : Dessin et texte, abrégé, de Broucke et Mauguin.
2 - Description des armoiries faite en 1714 par Goulven Nedelec
Goulven Nedelec fut curé de La Roche-Maurice de 1708 à 1716, avant d'être curé de Pont-Christ de 1716 à 1720. En 1714, alors qu'il était donc curé de La Roche, il insère le texte qui suit dans le cahier des B.M.S. de cette trève. La référence de ce texte m'a été gentiment communiquée par Paul-François Broucke.
Remarques curieuses sur la grande vitre de l'église St Yves trefvialle de La Roche en Ploudiry et sur l'érection de ladite église en treffviale
par Goulven Nedelec, curé de La Roche in B.M.S de 1714
La grande vitre de l'église trefvialle de La Roche Morice dans la paroisse de Ploudiry, mérite d'autant plus d'attention qu'elle a esté construite par les seigneurs de Rohan lors qu'ils résidoient dans ce chasteau, dont cette église estoit la chapelle ; comme il appert par un contract de fondation qui se trouve dans les archives de l'église St Julien de landerneau, datté de l'an 1432, par lequel Jean, vicomte de Rohan, après avoir dotté l'hospital de Landerneau, assigne par le même contract une rente annuelle de quatre livres cinq sols monnoye comme elle avoit alors cours, pour l'entretien d'un preste qui diroit la messe pour luy et ses parens tant vivants que trépassés dans la chapelle de La Roche Morice tous les lundy.
Cette vitre est dans la même disposition que celle de Daoulas, dans le même temps et par le même, ces seigneurs n'ont pas oublié d'y mettre toutes leur alliances de ce temps-là, c'est ce qui la rent tout à fait curieuse et historique, comme on peut le voir dans les traits et blazons qui sont dessinés dans la page qui suit, pour en éterniser la mémoire, et contenter la curiosité du lecteur bénévole. Elle est dattée de 1539, lors fabrique Allain Jocé comme on voit écrit en lettres gottiques tout en bas de ladite vitre.
Explication des armoiries
Cette vitre fut descendue, lavée et réparée au mois d'aoust de l'année 1715 pour la somme de 95# suivant l'accord fait avec le sieur Bodolec, maistre vitrier de Brest en présence de Mr l'abbé Pinson parisien, prieur recteur de Ploudiry et chanoine régulier de l'abbaye de Daoulas, et le sieur Goulvin Nedelec, curé de ladite trefve de La Roche, qui a dessiné cette vitre par ordre du sieur prieur.
L'église de La Roche, dédiée à St Yves, fut érigée en trefve l'an 1641, Missire Robert Cupif
lors évêque de Léon. M. Yves K/erriou, prieur recteur de Ploudiry.
Mr Michel Guyadeur, 11è curé en avril 1716
Mr René Marie Perrot, 12è curé, l'an 1752 et qui y fut jusqu'à l'an 1753 et lors se leva discussion
Mr Guillaume Rogues, curé en l'an 1754 qui est le 13è
Mr Goasduff, 14è qui a été de 7 à 8 ans, il a quitté en 1783
Mr François Laot, 15è curé, le 16 8bre 1783
M. Yves Lené, premier curé en 1641.
Mr Nicolas K/rriou, 2è curé en 1645
Mr Hervé Meuzec, 3è curé en 1649
Mr Yves Abgral, 4è curé en 1657
Mr Jean Quillien, 5è curé en 1660
Mr Yves Jamin, 6è curé en 1691
Mr Philippe Huguen, 7è curé en 1694
Mr François mahé, 8è curé en 1698
Mr Olivier Cann, 9è curé en 1702
Mr Goulvin Nedelec, 10è curé en 1708.
La dédicace de cette église de La Roche se célèbre le 4è dimanche de juillet. Cf sources des informations
Famille "de BRETAGNE"
Jean IV de MONTFORT, né en 1339, décédé le 9/11/1399 à Nantes, duc de Bretagne,Dans le cadre de l'histoire de Pont-Christ et de La Roche nous aurons l'occasion de traiter des aveux de Henri Ier de Rohan et de ses successeurs, aveux fournis au Roi,
ainsi que d'autres événements où ils sont partie prenante.
Nous avons déjà noté les aveux que les seigneurs de Brezal ont fourni aux Rohan, comme suzerains et princes de Léon.
René 1er de Rohan et Isabelle d'Albret sont donc les commanditaires des armoiries de la verrière de l'église de La Roche.
René Ier, qui s'était vaillamment montré au siège de Metz, par Charles-Quint, mourut jeune, le 20 octobre 1552, dans une rencontre imprudemment engagée par le duc d'Aumale, contre l'armée bien supérieure d'Albert de Brandebourg.
Malgré ses difficultés financières, René Ier était un important mécène : il fut aussi commanditaire de la maîtresse-vitre de La Martyre. Il y est figuré sous l'effigie d'un chevalier en armure et cotte à ses armes, agenouillé en prières et présenté par son saint patron. Certains ont cru le voir dans la maîtresse-vitre de La Roche-Maurice, sous l'aspect du cavalier présent au pied de la croix du Christ, près du mauvais larron, mais il n'en est rien .
Il s'était marié, en 1534, à Isabelle d'Albret, seconde fille de Jean d'Albret, roi de Navarre, et grand'tante de Henri IV. Isabeau, qui, pendant sa jeunesse, avait été prédisposée par sa belle-soeur Marguerite de Navarre à embrasser les nouvelles doctrines religieuses, s'était contenue du vivant de son mari ; mais, à sa mort, déterminée vraisemblablement par les conseils de sa famille du Béarn, elle montra un penchant de plus en plus prononcé pour la réforme, et finit par abjurer vers 1558. Blain, sa résidence ordinaire, devint alors, en Bretagne, le foyer du protestantisme que, malgré la rigueur des édits, elle obtint la permission de pratiquer, ainsi que ses gens.
Jean II d'ALBRET, né en 1469, décédé en 1516 (à 47 ans).On lit dans Les prééminences armoriées des Rohan au tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves, La Roche-Maurice par Paul-François Broucke et Michel Mauguin à propos de René 1er de Rohan : "A La Roche-Maurice, il est représenté à cheval au pied du Christ en croix, près du mauvais larron, vêtu d'un long manteau rouge semé de macles d'or, et coiffé d'un turban violet (*)".
(*) Source Y. COATIVY, "La Roche-Maurice. Eglise Saint-Yves. Une représentation ancienne du château", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, t. CXXIX, 2000, p. 79-81.
Il ne sera pas donc utile de rechercher ces quartefeuilles dans les armes de la noblesse bretonne, il n'est pas de chez nous.
C'est un soldat, mais pas un soldat romain, comme on aurait pu s'y attendre. A cause de son turban, j'ai pensé à un sarrasin. Je sais que l'islam n'existait pas du temps du Christ. Mais le vitrail de La Roche-Maurice a été créé après les croisades, qui devaient être encore présentes dans la mémoire des gens. Peut-être l'artiste a-t-il voulu mettre en évidence, un de ces sarrasins qui s'étaient approprié le tombeau de Jésus, et l'a représenté venant le narquer sur sa croix ?
Pourquoi ce n'est pas Joseph d'Arimathie, non plus, comme l'a suggéré René Couffon. Suivre le lien.
La Martyre : Comme on l'a vu au paragraphe précédent René 1er de Rohan est représenté en prière sur le vitrail de La Martyre.
Les commanditaires de l'oeuvre sont René 1er de Rohan et Isabelle d'Albert, comme à La Roche. "L'importance de ces commenditaires justifie la qualité remarquable de leur don. Les modèles utilisés sont en partie identiques à ceux de la verrière de La Roche-Maurice (1539), mais l'exécution est ici bien plus soignée. L'oeuvre porte la date de 1535, comme l'a découvert René Couffon,qui, déchiffrant sur une même pièce de la Crucifixion l'inscription JOST et le monogramme de Jost de Negcker, en a attribué les cartons à ce graveur anversois actif à Augsbourg. L'argumentation de l'historien est développée dans son article de 1945 ; il a considéré que le vitrail avait été importé d'Allemagne, comme celui de l'abbé Charles Jegou autrefois à Daoulas, les commandes en ayant été passées auprès de l'un des nombreux étrangers qui fréquentaient la foire de La Martyre. Il semble plus judicieux de songer à l'utilisation locale de quelque gravure signée de cet artiste. . . . . La verrière peut avoir été réalisée autour de 1540. Il paraît désormais plus fructueux d'orienter la recherche vers la question du grand atelier quimpérois qui monopolisa tant de commandes en Cornouaille et en Léon, dans les décennies 1530 à 1550, vraisemblablement celui des Le Sodec".
Les blasons des Rohan, qui existaient dans les soufflets, ont été détruits à la Révolution.
Ploudiry : Les blasons des Rohan dans les vitraux de Ploudiry ont disparus lors de la reconstruction de l'église en 1700. Des dessins de ceux-ci ont été conservés, cf le chapitre "droits honorifiques de la seigneurie de Brezal".
En outre, on a conservé le dessin ci-contre :
Le vitrail de droite était "la grande vitre de l'autel de Saint Aimé" et contenait les armes de Rohan et celles de "K/angouarch ou le Rochglas avec leurs alliances".
Les armes de celui de gauche pourraient être celles de Botlavan.
Les prééminences des Rohan "en supériorité" aux deux autres montrent bien que le seigneur de K/angouarch ou Rochglas, était un vassal des seigneurs de Rohan, tout comme le marquis de Brezal.
Yves Elleouet, artiste rochois, a décrit, à sa manière, la maîtresse vitre de La Roche dans son roman Falc'hun. A cet endroit du roman, Mlle Hervelina conduit les enfants à l'église pour le catéchisme, ce qui donne l'occasion à l'auteur de décrire le chef-d'oeuvre. Cliquer sur le petit livre vert pour afficher le texte, et suivre les liens pour zoomer sur les détails. On peut aussi cliquer directement sur une scène de la passion pour voir un agrandissement. ... et je recommande la lecture du chapitre consacré à ce chef-d'oeuvre, sur le blog de Jean-Yves Cordier. Les textes sont très détaillés et les photos sont superbes, avec de très gros plans qui dévoilent toute la beauté du vitrail. | ||
Maîtresse vitre de La Roche | La Martyre : un des trois vitraux de l'abside. Celui où se trouve René 1er de Rohan. |
... la grande vitre qui flamboie, bleue vers le haut, vers la pointe, flamme du gaz, et sur laquelle est racontée par l'image l'histoire de l'entrée à Jérusalem, triomphale, sur les manteaux jonchant le sol, alors que sont brandis les rameaux d'olivier et les palmes au-dessus du Galiléen (il lève la main en signe de bénédiction) et de la sainte bourrique, jusqu'à la résurrection, incluse, en passant par la Cène, le lavement des pieds, l'attente angoissée au jardin des Oliviers (devenus - en tout cas en ce qui concerne leurs branches - témoins de l'horreur après l'avoir été de la liesse), dont l'entrée va vomir un flot de soldats romains, cuirassés et casqués, tandis que les disciples n'arrivent pas à se réveiller ; le baiser de Judas ; la comparution devant les sacrificateurs Anne et Caïphe (ici on ne voit que l'un d'eux, et lequel ?) ; les coups, les injures et les crachats ; la flagellation, le couronnement d'épines accompagné de quolibets et de la dérisoire mise en main du sceptre de roseau ; la présentation devant le procurateur de Judée : Ponce Pilate, suivie des ablutions manuelles de ce dernier après l'Ecce Homo ; le portement de croix ; la crucifixion sur la colline du crâne entre deux sacripants, dont l'un, repenti, voit son âme, sous l'apparence d'un poupon aux menottes jointes, être enlevée vers le ciel par un ange en robe jaune, au milieu des nuages, tandis que celle de l'autre - qui a persisté dans son iniquité - se débat, nain difforme, entre les griffes d'un diable rosâtre et grimaçant à la peau parsemée de poils.
Sous les jarrets grotesquement liés du "bon larron" se présente un groupe formé de Jean l'Evangéliste, l'Apocalyptique, le "disciple préféré" ; de Marie, en grande affliction et manteau bleu : le visage caché dans les mains ; ployant sur ses jambes (ce qui se devine au mouvement de sa longue robe lie-de-vin), soutenue sur sa droite par l'apôtre déjà nommé, en rouge et vert olive, et sur sa gauche par une des saintes femmes, probablement, mais laquelle ? En robe violette et manteau jaune safran, coiffée d'un bonnet à oreilles brodé.
La croix centrale supporte le corps supplicié du Galiléen dont un cavalier perce le côté droit du thorax à l'aide d'une lance tenue à deux mains. De part et d'autre de la potence se trouve deux oriflammes : l'une verte, l'autre rose, entortillées autour de leurs hampes respectives. Sur le sol herbu (près du trou dans lequel s'enfonce le bois vertical de la croix) sont visibles quelques gros cailloux, des tibias croisés et le crâne du squelette d'Adam ? Ces derniers éléments étant appelés à figurer plus tard sur le pavillon noir des pirates : le "Jolly Rogers". Un genou en terre, derrière la croix, et le visage levé vers les pieds du crucifié, on peut reconnaître Marie-Madeleine en robe bleue à manche verte, très décolletée, et manteau rouge ; ses cheveux blonds déployés sur ses épaules : elle a les mains et la bouche ouvertes, marquant tout ensemble un sentiment d'horreur et de supplication. Derrière elle s'apercoit une cuirasse, de trois quarts dos surmontée d'un casque de type salade orné d'un plumet blanc arrondi - le visage de son habitant n'étant pas visible.
Au pied de la troisième croix, un cheval et son cavalier barbu et de profil prennent la "pose", à la façon d'une statue équestre (on pense à Bartolomeo Colleoni, par Verrochio). Le cavalier est coiffé d'un turban dont une extrémité retombe sur son épaule droite ; un manteau à fond rouge rehaussé de motifs d'or l'enveloppe jusqu'au talon du pied gauche engagé dans l'étrier (l'ensemble est vu, également, de trois quarts dos ; le cheval blanc est lui-même harnaché d'or). Une épée courte et large, un baudelaire, pend à la ceinture du cavalier ; plus loin, un personnage mitré et un autre personnage enturbanné se font face. (Princes, dignitaires ?) Toutes ces figures se détachent sur un fond de lances et de hallebardes entrecroisées, laissant apercevoir des lointains montagneux traversés de nuages blancs. Enfin, la mise au tombeau est suivie de la Résurrection, qui donne la signification ésotérique de l'ouvrage.
La partie ogivale proprement dite du vitrail est partagée en dix-sept larges mailles de pierre formant médaillons dans certains desquels, sur un fond plus ou moins soutenu, sont figurés les armes de diverses familles nobles ; celles des donateurs de l'ouvrage et de leurs alliances : soit quatorze armoiries au total.
(Falc'hun - Yves Elleouet) X
On attribue la réalisation de la maîtresse-vitre de La Roche-Maurice aux ateliers Le Sodec de Quimper. "Elle est datée de 1539, lors fabrique Allain Jocé, comme on voit, écrit en lettres gothiques tout en bas de la grande vitre", indique un vieux manuscrit de la fabrique de La Roche. On peut lire, en effet, sous le compartiment de la Cène : En lan mil V CC XXXIX fut fet cette vitre et estoet de fabricque portant lors allen Ioce L.S."
"Cette vitre fut descendue, lavée et réparée au mois d'août 1715 pour la somme de 95 livres suivant l'accord fait avec le sieur Bodolec, maître verrier de Brest en présences de Me l'abbé Pinsson, parisien, prieur recteur de Ploudiry et chanoine régulier de l'abbaye de Daoulas et le sieur Goulvin Nédélec, curé de ladite trefve de La Roche en Ploudiry, qui a dessiné cette vitre par ordre dudit sieur prieur".
Le tympan armorié actuel ne date pas de la construction : il a été refait à l'identique au milieu du XIXè siècle par le peintre vitrier brestois Mathieu Rosuel, après sa destruction durant la Révolution.
La grande vitre a été nettoyée, restaurée et replombée par un maître verrier, en 1858 et en 1870.
Pendant la 2è guerre mondiale, le vitrail est mis en sécurité à Valy-Nevez : "Révisé en 1937, il fut déposé et soustrait aux pillages des allemands en 1942, aux pillages et sans doute aussi aux risques de bombardements et de mitraillages. Il fut remonté du 11 au 20 juillet 1950 après avoir été entreposé à Valy-Nevez".
Yves Coativy a signalé, en 2000, dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère , que le château qui est dessiné dans la scène n° 12 dite "Le Portement de la croix" est le château de La Roche-Maurice : "On distingue nettement, écrit-il, un donjon massif à droite, prolongé d'une courtine qui se termine par une tour d'angle ronde, sur fond de ciel rougoyant. Le donjon est sommé d'une toiture à double pente, reposant sur des hourds hérissés de créneaux. Si l'on s'en tient au plan publié par H. Sicard en 1968, il ne peut s'agir que d'une représentation du château de La Roche-Maurice, vu de l'ouest. On ne saurait trop faire remarquer que c'est une représentation des plus anciennes d'un château breton, et de surcroît réaliste".
Depuis 1968 et 2000 surtout, le château a été bien exploré lors de fouilles qui se sont déroulées de 2001 à nos jours, ce qui a permis aux archéologues et historiens d'établir encore plus précisément le plan de l'ensemble de la forteresse. Je ne pense pas que le dessin du vitrail représente le donjon, car on y voit une tour ronde alors que le donjon a un forme trapézoïdale. Par ailleurs, les plans récents ne permettent pas d'y voir ce donjon "prolongé d'une courtine qui se termine par une tour d'angle ronde", surtout selon l'orientation "vu de l'ouest" proposée par l'historien.
Par contre, la tour d'artillerie, mise en évidence par les fouilles effectuées de 2013 à 2020, semble correspondre tout à fait au dessin présent sur le vitrail. Voir le plan en suivant le lien : nous y voyons une courtine placée entre la tour d'artillerie et la première des deux tours semi-circulaires (notée 1) qui encadraient le portail d'entrée de l'enceinte basse, accessible en passant sur le pont-levis.
André J. Croguennec - Page créée le 27/3/2017, mise à jour le 10/9/2022. | |