blason de La Roche

Eglise de La Roche - Autre patrimoine (intérieur)

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L'église Saint-Yves, autres chapitres :
- Construction et entretien
- Le jubé et autres boiseries
- Le vitrail : 1er et 2è chapitre
- Le mobilier
- Autres éléments du patrimoine (extérieur)
- L'ossuaire
- Oeuvres d'artistes

Des lustres et une statuette

Certaines choses de valeur n'existent plus dans l'église de La Roche. Laissons-nous guider par le carnet de notes du recteur Charles Lyvolant, pour essayer de les redécouvrir. Voici ce qu'il a inscrit au chapitre "A propos des choses d'église" :

"Le dimanche 10 janvier 1965, au cours du repas des Conseillers paroissiaux et des Fabriciens, M. Porhel me signale qu'il y avait autrefois un lustre de grande valeur dans l'église. Qu'est-il devenu ? Je réponds qu'après avoir fouillé sacristie et grenier du presbytère, je peux affirmer qu'il n'y en a aucune trace".

"Le lundi 18 janvier 1965, en visite à Judée, la conversation roule sur les vieilles choses qu'on sacrifie et qui sont recherchées par les amateurs. Mme Martin (jeune) me signale ainsi, que M. Cam a vendu à un touriste anglais un beau lustre. Elle l'a entendu dire cela lui-même... et elle devine la valeur d'un tel objet puisqu'elle peut me préciser que les antiquaires recherchent les débris de ces lustres de cristal que nous ne savons pas apprécier".

"Janvier 1966, Jean Tessier de passage à l'église où je me trouve parle des transformations possibles pour les fonds baptismaux... Evoquant tout ce qui a été enlevé de l'église, il me parle des lustres que M. Traon a enlevés... et quelques semaines après, l'abbé Normand me confirmera, tandis que nous roulons vers Treflevenez, que M. Traon a vendu 1 ces lustres, alors que M. Lejeune, recteur de Guiclan, en a acheté pour son église".

1 Naturellement, on ne trouve trace de cette vente sur aucun livre de comptes.

Il est clair que plusieurs lustres de valeur, tel celui que l'on voit sur la carte postale ci-contre, ont disparu de l'église, que ce soit du temps du recteur Joseph Cam que ce soit après, quand le recteur François Traon était en poste à La Roche.

"J'ai entendu ma mère dire que un des lustres a été vendu par Mme Chevillier, une antiquaire habitant à La Roche, à M. Edouard Leclerc. Je pense que chez ma grand mère au bureau tabac beaucoup de choses devaient se dire" (Danielle Le Gall).

L'inventaire, réalisé en 1906, en conséquence de la "séparation de l'Eglise et de l'Etat", dénombrait trois lustres dans l'église.


Lettre à l'évêché La Roche, le 11 septembre 1964

J'ai le regret d'avoir à vous signaler la disparition d'une statuette de 15 centimètres environ représentant le Christ bénissant, fixée à la porte du tabernacle au maître-autel de l'église paroissiale.

J'ai constaté ce vol ce matin, à 7 h, quand je suis monté à l'autel, mais comme je n'ai pas célèbré la messe hier et mercredi, je ne peux fixer exactement le jour de sa disparition.

Nouvellement arrivé dans la paroisse, je n'ai pu pour encore me rendre compte de l'état du mobilier classé ou non classé, mais ce vol me rappelle opportunément combien il faut être sur ses gardes et qu'on ne saurait prendre trop de précaution en face de gens peu scrupuleux.

Ch. Lyvolant

La vierge Marie et sa quenouille

Poursuivons la lecture des notes du recteur de La Roche :

Mardi 1er juin 1965, Mme Chevillier vient m'apporter un honoraire de messe de la part de Mme Le Bihan de Landerneau. Elle admire la petite statue de la Sainte Vierge du salon, me parle de sa place autrefois à l'église, de la quenouille que l'on transmettait chaque dimanche à la statue qui se trouve dans l'escalier 1 et me montrant le bahut et le coffre du salon elle ajoute : "Dire que si j'avais voulu, j'aurais eu ces meubles ; que de fois M. Cam m'a dit : allez, débarrassez-moi tout ça !"

1 Cette quenouille, je l'ai retrouvée à la sacristie à mon arrivée et, ignorant ce que cela pouvait être, je l'ai jetée à la poubelle.
 


Comment étaient ces statues de la Vierge ? Celle du salon, celle de l'escalier.
 La statue qui se trouve actuellement sur l'autel de Keraoul dans l'église n'est peut-être ni l'une ni l'autre, car les deux statues peuvent être demeurées dans le presbytère ?

En tout cas, ce n'est sûrement pas celle de l'escalier à qui on transmettait une quenouille, car cet acte a toute une histoire que nous allons développer ci-après.

1 - Explication internationale :

La Vierge dans la scène de l'Annonciation où l'archange Gabriel vient lui dire qu’elle est l’objet d’une grâce particulière, puisqu’elle a été choisie pour être la mère du Christ, est souvent représentée avec une quenouille. Cette quenouille, ou la corbeille contenant de la laine évoque l'éducation de la Vierge au Temple de Jérusalem où elle filait la laine et tissait les habits des prêtres, ou même le voile du temple.

La transmission de la quenouille à la statue de La Roche avait certainement pour but de rappeler le mystère de l'Annonciation. De ce fait, la Vierge de la photo portant l'enfant Jésus n'est certainement pas la statue dont parlait l'abbé Lyvolant. Ce serait anachronique.

2 - Explication locale, beaucoup plus intéressante :

Cette autre explication est liée à l'activité historique de notre pays "chelgen" : le tissage du lin. Je viens de trouver dans un numéro de la revue Feiz-ha-Breiz de 1912, un article dont voici un extrait :

Eur c'hiz koz e bro Dreger - Ar gest neud

... Gwelet oc'h euz kesterien ha kesterezed o vont etouez an dud [e-pad an overenn], ha ganto en eun dourn eur podik arc'hant pe aour evit degemer ar peziou, ha var ar vreac'h all eun toullad kudennou neud lin kempennet ha dirouestlet brao ha bordet gant bleuniou a bep seurt liou.

Ar gest neud lin a zo eur c'hiz koz, hag e z'eo, a ioa anezi gwechall e kals parreziou, ha n'eo dalc'het mad dezi, a gredan, nemet e bro Dreger.

Hervez am euz lennet en eul leor kaer great gant an aotrou Quiniou, e Sant-Thegonnec edo ive ar c'hiz-ze, hag avechou, zoken en eur ober bloas, e veze roet eno en iliz, e prof neud lin beteg talvoudegez 700 hag 800 lur, ar pez a raje hirio tost da 2.000 lur.
E kostez Ar Merzer hag Ar Roc'h, var am euz klevet, e veze roet ive neud d'an iliz ; breman ne virer eno nemet atao ar memez keiellad neud, hag a vez kinniget d'ar re a dle rei ar bara benniget.

Notre pays de Léon étant jadis grand producteur de toiles de lin, cette précieuse fibre venait donc en bon rang dans la liste des offrandes que l'on relève dans les vieux comptes de nos églises. Près de La Roche, celle de Trémaouézan, aussi, recevait des bottes, des poignées, des paquets, des quenouillades de lin, - ainsi disaient les marguilliers - presque tous les dimanches et fêtes de l'année. Le fil ainsi recueilli était vendu tous les deux ans et produisait une somme variant entre cinquante et soixante livres.

fils de lin

L'usage voulait que chaque famille offrit une petite part de sa réserve de lin à l'église, et les ménagères étaient invitées à faire leur offrande d'une façon assez originale. La vieille coutume existait toujours au début du XXème siècle.
A Tremaouezan, par exemple, chaque année, aux trois premiers dimanches de janvier et d'août, un marguillier qu'on appelle le fabricien de Sainte Anne, prend une quenouille garnie de lin et ornée d'un ruban de soie bleue, et tout en faisant sa quête parmi les fidèles ; il touche légèrement de la hampe de la quenouille quelques-unes des ménagères qui assistent à l'office. C'est ainsi que l'on rappelait jadis que le temps de faire l'offrande de lin était venu.

C'est, depuis que l'activité linière a disparu, une discrète invitation à participer à l'offrande du pain bénit qu'un marguillier distribue tous les dimanches pendant l'office. Cette pratique existait encore au début du XXème siècle, avec quelques variantes dans la forme, dans plusieurs paroisses.

Cependant, vers 1965, la connaissance de cette coutume ayant disparu, l'abbé Lyvolant n'eut aucun scrupule à jeter cette quenouillée à la poubelle.

Les bannières


La Vierge à l'enfant
Le fond date du XIXe siècle et les personnages du XVIIIe siècle.
Inscrite au patrimoine mobilier français comme objet le 17/12/2003 (base Palissy).

 

Saint Yves entre le pauvre et le riche
Le fond date du XIXe siècle et les personnages du XVIIIe siècle.
Inscrite au patrimoine mobilier français comme objet le 17/12/2003 (base Palissy).


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La Vierge

Le Christ

 

Que ton règne arrive

Il y a quelques années, les bannières de La Roche étaient de sortie, tous les ans le 15 août, lors du pardon de Pont-Christ.
Sauf les deux bannières inscrites au patrimoine, bien sûr. Elles y rencontraient les bannières des autres paroisses limitrophes.

  

Autrefois, on pratiquait le "pok ar bannieloù" tel qu'on le montre sur le dessin ci-contre. Le faisait-on à La Roche et à Pont-Christ ?

Il y avait aussi le salut des bannières qui consistait à descendre les bannières presque à l'horizontale pour les relever ensuite. C'était un salut aux fidèles qui suivaient la procession et à la statue du saint que l'on célèbrait. Pour ce faire, il fallait une force herculéenne. Ce défi était pratiqué à Pont-Christ, autrefois, le dimanche et les jours de fête au 19è siècle, ce qui énervait particulièrement, Elie Combot, le recteur de La Roche.

Le portage des bannières a toujours été un défi pour les hommes forts des paroisses. Sur ce sujet, on lira avec bonheur et ravissement, la nouvelle de Jakez Riou : Gouel ar Sakramant dans son recueil intitulé Geotenn ar Werc'hez ha danevelloù all - Emb. Al Liamm - 1957.

Dans cette nouvelle, Herve Bogion, le jeune agriculteur, a été choisi par le recteur pour porter la lourde bannière de Sant Tei. Herve, déjà épuisé par les travaux des champs, peine à tenir la bannière droite dans le vent, mais parvient à faire bonne figure devant les jeunes filles du village et surtout Mari Vazele, sa préférée. Cependant, au carrefour devant le calvaire, en terrain découvert, le vent redouble de force, voilà la bannière plaquée au sol. Déshonneur ! Après les vêpres, Hervé ne reste pas à la fête et rentre chez lui en toute hâte. "Mais, tu pleures ?", lui demande sa soeur.

Le chemin de croix





C'était le chemin de croix de l'église
Saint Yves en 14 stations :

1 - Jésus est condamné à mort
2 - Jésus est chargé de sa croix
3 - Jésus tombe pour la première fois
4 - Jésus rencontre sa Sainte Mère
5 - Simon le Cyrénéen aide Jésus
6 - Sainte Véronique essuie la face de Jésus
7 - Jésus tombe pour la deuxième fois
8 - Jésus console les filles d'Israël
9 - Jésus tombe pour la troisième fois
10 - Jésus est dépouillé de ses vêtements
11 - Jésus est cloué sur la croix
12 - Jésus meurt sur la croix
13 - Jésus est descendu de la croix
14 - Jésus est mis au tombeau

Réalisé avec des photos de Jean,
adaptées pour ce chapitre. Merci à lui.

Lors de l'inventaire, réalisé en 1906, en conséquence de la "séparation de l'Eglise et de l'Etat", Barthélémy Dréau, recteur, présente des factures et reconnaissances desquelles il résulte que Madame Berthelot, née Morvan, serait propriétaire du chemin de croix suivant reconnaissance du 1/11/1905.

Mme Berthelot était l'épouse de François Berthelot, ingénieur, et la mère du futur vice-amiral, Charles Berthelot, qui habita le château de Kernevez.

Des vitraux en plus du grand vitrail


Vitrail côté nord avec les blasons de
Mgr Nouvel de la Flèche (1872-1887) et du pape Pie IX (1846-1878)

Vitrail côté sud avec les blasons de
Mgr Graveran (1840-1855) et Mgr Sergent (1855-1871)

Les deux vitraux, ci-dessus, se trouvent au chevet de l'église de chaque côté de la maîtresse vitre.
Les autres, ci-dessous, sont ceux des bas-côtés (2 x 3).


Orfèvrerie

De gauche à droite - L'origine est écrite en italiques
  1. Ostensoir argent, 1779-1780, J-P. Le Goff, orfèvre, Morlaix - Pencran
  2. Calice argent, 1680. représentation de la Crucifixion sur la patène. P. Roussel (?), orfèvre Paris - La Roche-Maurice
  3. Coffret aux saintes huiles argent, 1767-1774, J-B. Tourot, orfèvre, Brest - Pencran
  4. Calice argent doré, coupe et noeud à arcatures flamboyantes, pied à lobes, inscription : " P. LA CHAPELLE DE SAINT YVES DE LA ROCHE MORICE. FAICT 1610 " et poinçon de l'orfèvre Guillaume Desboys, Morlaix - La Roche-Maurice
  5. Croix de procession argent, XVIè siècle, orfèvre non identifié, Morlaix - Lanneuffret
  6. Ciboire en argent du début du XVIIè siècle, avec les armes de Brezal, orfèvre non identifié - en provenance de Pont-Christ
  7. Calice argent doré, 1653, orfèvre non identifié - Pencran
  8. Châsse reliquaire de Saint Yves en argent du XVè siècle, en forme de chapelle flamboyante, oeuvre probable de l'orfèvre Yves Pleiber de Morlaix - La Roche-Maurice
  9. Ciboire argent, vers 1770, B. Febvrier, orfèvre, Landerneau - Pencran
  10. Couronne et son écrin, 1771, argent et strass, F-R. Poulain, orfèvre Brest - Pencran

4. Calice de Guillaume Desboys X

Argent repoussé et doré ; décor ciselé, repercé, fondu, émaux bleus, mauve et verts. H. 27 cm ; D. pied 18,8 cm ; d. coupe 11 cm ; Pds. 750 g.
Poinçons sur la coupe :
1) maître Guillaume Desboys : lettres G et D déparées par une hermine (?), trois points au-dessus, un grand rectangle arrondi ;
2) communauté de Morlaix, v. 1610 : hermine passante, un M entre les pattes;
3) lettre-date de Morlaix, v. 1610 : lettre B
Inscriptions : P[OUR] L[A] CHAPEL / LE D[E] ST YVES / D[E] L[A] ROCHE / MORICE / FAICT 1610.
M. H. : classement le 10 novembre 1906.

Pour le calice de La Roche-Maurice, Guillaume Desboys a remployé une tige du début du XVIè siècle, bien reconnaissable à son noeud en sphère aplatie rehaussée de boutons émaillés et surmontés d'une collerette à pans, aux arêtes surlignées de torsades, qui rappelle un calice réalisé par Yvon Paillart de Morlaix au tout début du XVIè siècle pour Plounevez-Lochrist.

Au-dessus du sommet du pied, un décor d'arcatures gothiques à fenestrage repercé rappelle celui que l'on trouve sur les calices de Motreff et de Guengat.

La coupe elle-même porte le poinçon de Guillaume Desboys qui a aussi refait le pied en lui donnant une découpe à lobes convexes et un dessus très bombé, ciselé d'un décor de têtes d'angelots aux ailes repliées sous le menton et de chutes de fruits de style bellifontain. A la différence des exemples parisiens contemporains, les visages ne sont pas fondus mais exécutés au repoussé-ciselé et pourvus chacun d'une expression différente. Autre nouveauté, le fond mati au point de ce travail du début du XVIIè siècle, que le premier poinçon de Guillaume Desboys permet de situer vers 1610, remplace les fonds matis à la bouterolle de l'époque précédente.

Les orfèvres de Basse Bretagne - Yves Pascal Castel et ...   
 

X

En plus de cette vitrine d'orfèvrerie, on remarquera une croix de procession placée à gauche du choeur.

Patrimoine provenant de Pont-Christ

Sources des informations

AEQ = Archives Diocésaines (évêché) à Quimper


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 André Croguennec - Page créée le 31/5/2020, mise à jour le 15/10/2021.

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