Les prééminences et droits honorifiques de la seigneurie de Brezal

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A - Définitions

Les seigneurs possédaient des armoiries et ils ont toujours voulu marquer leur pouvoir et la possession de leurs terres au moyen d'écussons. Ils les apposaient sur leur château ou manoir, sur les calvaires et les églises, ou encore sur d'autres édifices comme les colombiers. En effet, les terres nobles ou fiefs conféraient à leurs propriétaires des droits, des privilèges, des honneurs. Il fallait donc y imprimer sa marque.

L'église était certainement le lieu privilégié où ils pouvaient afficher leurs prééminences par rapport à leurs vassaux et leur puissance sur le peuple. Hervé Du Halgouet, qui a étudié en détail les "Droits honorifiques et prééminences dans les églises de Bretagne" dans une publication de 1923 (*), l'explique ainsi : "Les droits honorifiques, les préséances et toutes les prééminences en général tirent leur origine de l'organisation hiérarchique de la société et de l'ambition des hommes, naturellement avides d'honneurs et de distinctions. La subordination des individus et des classes sociales, qui constituait une des lois fondamentales de la féodalité, a développé, d'une manière inconnue jusqu'alors, l'importance des droits honorifiques ; ils s'exerçaient avec une émulation manifeste, non seulement dans les réunions profanes, mais encore dans les cérémonies religieuses. Le désir de paraître aux premiers rangs dans l'église et la recherche de certains honneurs rendus par le clergé amenèrent, entre seigneurs et gentilhommes, des querelles parfois ridicules, dans un lieu d'où les invectives et les violences auraient dû être à jamais bannies."
(*) Voir Du Halgouët (Hervé). - Droits honorifiques et prééminences dans les églises de Bretagne. - Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. IV, 1923, p. 31-87.

Les droits honorifiques dans les églises étaient les suivants :

1 - droits majeurs ou majores honores

2 - droits mineurs ou minores honores

Nous allons rechercher les traces des droits honorifiques de la seigneurie de Brezal. Sur les monuments anciens, mais pas seulement dans les églises, quand ils ont gardé leurs armoiries : cela peut paraître mission impossible quand on sait que l'église de Pont-Christ, dont Guillaume de Brezal était le fondateur, a brûlé et que bien d'autres églises ont été reconstruites à neuf, que l'oeuvre destructrice de la Révolution est passée par là : les écus ont été "martelés" pour effacer les armoiries. Nous nous appuierons donc également sur les traces laissées dans les archives, documents d'époque et dessins anciens conservés.

On trouvera, ici également, deux documents d'archives qui montrent à quel point le marquis et la marquise de Brezal (Joseph de Brezal et Françoise Antoinette de Marnière) se préoccupaient de leurs droits honorifiques au début du XVIIIè siècle :
1 - Lettre du 8/8/1699 de la marquise, à son régisseur Corentin de Carné de Kerdaniel, concernant ses prééminences à Ploudiry et notamment la place d'un banc dans l'église (ADB 1 E 1199).
2 - Acte notarié de février 1722 tendant à assurer qu'il n'y a, dans l'église de Loc-Eguiner et dans celle de Ploudiry, que les armoiries de la maison de Brezal, exceptions faites à Loc-Eguiner des armes de Rosnivinen et à Ploudiry de celles du duc de Rohan. Les terres de Rosnivinen ayant été transmises à la maison de Brezal par héritage et le duc de Rohan étant le suzerain de Brezal, l'acte notarié permet de conclure que le seigneur de Brezal peut se prévaloir des droits honorifiques attribués au fondateur de ces églises. Dans ce but, il faut remarquer tout au long de l'acte l'insistance pour mettre en évidence l'ancienneté des constructions. (ADB 1 E 1199)

 

B - Inventaire

à Pont-Christ - Plouneventer - Tremaouezan - Ploudiry - La Martyre - Saint-Urbain - Loc-Eguiner - Lampaul-Guimiliau - Guiclan
Plourin-les-Morlaix - Hôpital-Camfrout - Primelin - Carantec (voir carte des lieux cités)


à Pont-Christ :
Objets mobiliers - Ciboire :

D'après les spécialistes de l'orfèvrerie locale, il daterait du 1er quart du 17e siècle.

Par ailleurs, dans les archives du corps politique de Pont-Christ, on trouve un "inventaire des biens, ornements et trésors de la fabrice" réalisé le 25 janvier 1706 et qui cite explicitement "un ciboire d'argent et en dedans doré avec une petite croix d'argent au-dessus".

Le ciboire n'est plus à Pont-Christ, bien sûr. Il a été recueilli dans la sacristie de La Roche, par un des recteurs de cette paroisse.

Beaucoup plus tard, le 14/06/1955, il sera classé au titre d'objet par l'administration des "Monuments historiques" (réf. PM29000956).

Il se trouve actuellement dans la vitrine d'orfèvrerie de l'église de La Roche.

Merci J.Y Choquer pour les photos  

Le pied du ciboire avec le blason de Brezal

Le métal n'a sans doute pas permis de mettre en évidence les couleurs de l'écu "de gueules à six besants d'or 3-2-1" ni probablement le dessin des besants qui ressemblent plus ici à des "annelets", mais le fait qu'il ait été retrouvé à La Roche et cité dans l'inventaire de 1706 ne laisse aucun doute sur son origine.

Objets mobiliers - Banc à queue dans l'église :

Le banc à queue est une espèce de coffre, avec dossier et accoudoir, où peuvent prendre place plusieurs membres d'une famille. Il peut être fermé au moyen d'une serrure. Sa caractéristique est d'être privatif et permanent.
En droit, tous les sièges de l'église doivent être publics, hormis le banc propre du patron et du haut justicier ; en fait, le grand nombre de seigneurs, petits et grands, qui se partagent les revenus féodaux de la paroisse, réussissent à obtenir une place réservée. Les uns établissent un banc à queue sur l'emplacement de la sépulture de leur seigneurie ; d'autres introduisent, dans le haut de la nef ou près d'un pilier, un siège individuel et portatif qu'on appelle "escabeau" ; d'autres encore apportent un simple "carreau". (source Hervé Du Halgouët - op. cit.)
Ce banc à queue a-t-il connu la famille de Brezal ou plus tardivement les Kersauzon et Tinténiac ?

L'illustration présentée ci-contre est un zoom sur une oeuvre de Léon-Augustin L'hermitte (1844-1925) réalisée en 1876.
Attention : l'artiste peintre ayant trouvé l'église vide, il y a ajouté des personnages qu'il avait vus à Landerneau au "Marché aux Pommes" : des femmes de Plougastel avec les coiffes de là-bas !!! Pour des explications complètes, voir ICI.
Inscription sur le chevet de l'église : En l'an mil Vcc XXXIII (1533) Guille de Brézal et Marguerite Le Séneschal firent faire ceste chapelle en l'honneur de Dieu et de Notre Dame de secours. Voir une photo de l'inscription.
Armoiries sur un pilier de l'église :

M. l'abbé Thomas, instituteur à Landivisiau, ..., a relevé les armoiries de cette famille : de gueules à 6 besants d'or, sur un des piliers de la nef (source Ouest-Eclair du 4/4/1931)

Il y a, aujourd'hui, trois blasons sur les piliers et un à l'extérieur de l'église. Ces blasons sont probablement fortement érodés : n'oublions pas que l'église a connu l'effondrement de sa toiture et qu'elle est en ruine depuis la fin du 19è siècle. De plus, la pierre utilisée, contrairement aux calvaires où nous voyons encore très distinctement les armes de la seigneurie, n'est pas le kersanton qui résiste bien au temps et aux intempéries, mais le granite de kersaint. Le seul blason qui laisse encore deviner les 3 besants du bas est celui présenté ici.
Moulin de Brezal : inscription et écussons au-dessus de la porte du pignon ouest.

L'inscription est toujours visible, mais les écussons ont été martelés à la révolution.
L'an mil cinq cent vingt, Guillaume de Bresal et Marguerite Le Senechal, seigneur et dame de Bresal, firent faire cet estanc et moulin au dyvys d'Olivier Garric.

Voir une photo de l'inscription.
Colombier de Brezal : Au-dessus de la porte d'entrée, il existe un blason tellement érodé par le temps, que les traces des 6 besants ne sont plus discernables. Voir une photo du colombier.

 

à Plouneventer :
N'y aurait-il plus d'armoiries à Plouneventer ?

Pourtant il y en eut autrefois dans l'église paroissiale comme le montre cet extrait des BMS de 1710.

Il en existait encore le 12 germinal l'an second (1/4/1794) de la république française, comme le montre un extrait du registre des délibérations du conseil municipal, reproduit plus bas (source ADB 585 E DEPOT 2). Et ainsi que précise cet extrait, il a été "enjoint et ordonné aux dits officiers municipaux, sous leur responsabilté personnelle et d'être punis conformément à la loy, de faire disparaître et enlever en totalité les dits signes de féodalité".

Une très importante rénovation fut réalisée de 1872 à 1874, elle peut aussi expliquer la disparition des armoiries.

"Ce jour 13è febvrier 1710 a esté inhumé en cette église de Plouneventer le corps de deffunct Françoise LE DUFF, maistre jardinier du château de Bresal i décédé le jour d'hier, de l'ordre de Messire Joseph DE BRESAL, chevalier seigneur marquis dudit lieu, en sa voulte et tombe eslevée sous la première et plus haute arcade, joignante le balustre du grand autel et entrante d'un bout dans le sanctuaire de cette dite église, vis à vis la porte de la sacristie du costé de l'épistre, comme se prétendant premier préminancier d'icelle à cause de sa seigneurie de Bresal après Monsieur le Duc de Rohan en vertu de la possession immémoriale où il dit estre à luy, et les feus seigneurs ses prédécesseurs de disposer de laditte tombe et d'y faire faire des enterremens, et dans sa chapelle prohibitiffve du Rosaire et attenante à icelle, en vertu de ses titres authentiques qu'il m'a soussigné, curé de cette ditte parroisse à l'endroit apparu, et que je luy ay remis -attandu que je suis sans intérest dans lesdites préminances- avec le présent extrait mortuaire et de sépulture sous son signe et le mien, réservant ledit seigneur DE BRESAL ses autres préminances tant en bosse qu'en plat et dans les vitres aux endrois les plus éminans de cette dite esglise, comme fondateur d'icelle. Et ont assisté audit enterrement les soussignés, présante la veuve dudit LE DUFF." (les ratures sont réelles et approuvées)


à Tremaouezan :
Autrefois (en 1614) la maîtresse vitre de l'église de Tremaouezan comportait les pleines armes de Brezal. Comme on le voit sur le dessin ci-contre, elles étaient placées au 1er niveau sous les armes des Rohan et du côté de l'évangile.

Ce dessin a été publié dans le "Guide illustré du touriste dans le pays de Landerneau, Lesneven" de Louis Le Guennec.
La coloration de l'écu a été rajoutée par l'auteur de cette page.

 

à Ploudiry :

L'église de Ploudiry (XVIIè siècle) fut reconstruite en 1854-1857 par Joseph Bigot. La reconstruction a conservé l'abside et le bas-côté sud daté de 1700 : le bas-côté sud porte l'inscription "Cette église a été rebâtie de nevee l'an 1700 lors fabriques Jean Kerbrat Joseph Hellouet" . Le porche sud date de 1665.

Porte :
Une porte intérieure, plus vieille d'un siècle, était décorée des armes en alliance d'Olivier de Brézal, sieur dudit lieu et de Rosnivinen, et de Jeanne de Névet, sa compagne, en 1560.

Vitraux :
Dans le devis de la rénovation de l'église en 1700, il était prévu que les vitraux de l'ancienne église seraient replacés dans la nouvelle. C'est pourquoi, pour garantir l'authenticité des vitraux remis en place des dessins en ont été réalisés, et le 22 avril 1700, le procureur fiscal de la principauté de Léon à Landerneau, représentant Louis de Rohan-Chabot, et Corentin de Carné de Kerdaniel, régisseur de Brezal, sont présents dans l'église de Ploudiry pour attester de la conformité de ces dessins.

Les armoiries du duc de Rohan figuraient en première place dans quatre vitraux.
Ceux de la famille de Bresal dans 6 vitraux au-dessous de celle de Rohan, le cas échéant. La famille de Rosnivinen ne se voyait que dans une fenêtre. Les armes pleines de Brezal sont ici représentées avec une couronne, cette couronne n'existait pas dans les vitres réelles : il s'agit certainement d'une volonté du seigneur de mettre en évidence le récent marquisat de Brezal. D'autres armoiries figuraient dans les vitraux : celles de Botlavan, de K/angouarch ou le Rochglas.

1er vitrail : Rohan - Jeanne de Leon - Brezal
2è vitrail : Rohan - Brezal - Brezal/Louet de Coatjunval - Brezal/Du Coskaer - Brezal/Senechal
3è vitrail : Rohan - Brezal/Du Coskaer - Brezal/?
4è vitrail : Brezal - Brezal/Du Coskaer - Brezal/Louet de Coatjunval - Rosnivinen - Brezal/De Nevet - ?/?
5è vitrail : Brezal/Louet de Coatjunval
6è vitrail : Brezal - Brezal/Du Coskaer - Brezal/Diarnelez - Brezal/Senechal - Brezal/De Nevet - ?

Louet de Coatjunval : Vers 1515, Pierre du Louet épouse Marguerite de Coetmenec'h, dame de Coatjunval dont il prit les armes, "Fascé de vair et de gueules". Deux de ses arrière-petits-enfants épousent des "de Brezal". Une autre Marguerite, dame de Coetmenec'h, était la femme de Derien de Brezal au 15è s.

Du Coskaer : En 1617, Vincent de Brezal épouse Marie du Coskaer, c'était une descendante des seigneurs de Barac'h à Louannec, dont le blason était "écartele d'or et d'azur"

Rosnivinen : L'origine de la famille de Rosnivinen est l'ancien château-fort dominant l'Elorn dans la paroisse de Loc-Eguiner. Ce domaine est tombé dans le fief des seigneurs de Brezal. Le marquis, dernier du nom, était seigneur de Rosnivinen, sa soeur Thomase, dame de Rosnivinen. Les armes de cette famille étaient "D'or à la hure de sanglier arrachée de sable".

Le Senechal : En 1506, Guillaume de Brezal épouse Marguerite Le Senechal, de Coetelan en Plourin-les-Morlaix. Marguerite apporte en héritage ce domaine ainsi que celui de Rosnivinen. Leurs armoiries portaient "De sable à cinq fusées d'argent, accolées en bande, accostées de six besants de même, trois de chaque côté".

De Nevet : : Olivier de Brezal, fils des précédents, épouse Jeanne de Nevet, "D'or au léopard morné de gueules" - Ici, sur 2 vitraux, une brisure par changement d'émaux pour Jeanne de Nevet ?

Diarnelez : : Jeanne de Brezal, fille de Guillaume et Jacquette du Louet, épouse Jean Le Rousseau de Diarnelez, de la prestigieuse famille du Faouet. qui porte "d'argent à trois fasces de gueules". Voir le contrat de partage consenti, en octobre 1619, par Vincent de Brezal à Jeanne de Brezal, sa soeur aînée, depuis le décès de Mauricette, la religieuse.

Situation des vitraux en 1700 :
- Grand autel : vitraux 2, 4 et 6
- Chapelle de la Trinité : vitraux 1 et 5
- Chapelle du Rosaire : vitrail 3


Les dessins de ces blasons, aux archives, n'étaient pas accompagnés du nom des familles qu'ils représentent. Il a donc fallu faire quelques recherches héraldiques guidées par la généalogie des familles.

En 1722
Au-dessus de la porte du reliquaire : écusson de Brezal
Au-dessus de la porte de la tour : autre écusson de Brezal (sous les armes de Rohan)
Au pignon de pignon de la lanterne : autre écusson de Brezal (sous les armes de Rohan)
Voir procès verbal de constat d'armoiries et intersignes de la maison de Brezal à Loc-Eguiner et Ploudiry en février 1722 (ADB 1 E 1199)
Calvaire de Primel :

Granite + kersanton. 4 m. XVIè s. Dans un petit enclos. Trois degrés de ciment. Socle cubique : MISSION 1926 1955. Fût à pans. Croisillon, cordon perlé, écu à six billettes, statues : Vierge, Jean. Croix à branche ronde, crucifix.
(source http://www.croix-finistere.com)

Cette croix était anciennement à St-Jean ; elle fut transférée près de Primel, lors de la mission de 1955, en remplacement d'une croix en bois, datant de la mission de 1926. L'écu à 6 billetes est celui de la famille de Brésal.

 

à Loc-Eguiner-Ploudiry :
Bénitier dans l'église :

Bénitier à godrons en pierre, autrefois dans le porche et portant l'inscription : "COGITA:MORI:RESPICE:FINEM" et les armoiries de Brezal avec un lambel.
A la base, le lambel servait de brisure aux fils aînés du vivant de leur père. À la mort du père, le fils aîné prenait possession de l'héritage, y compris des armoiries. Le lambel allait alors sur le blason du fils cadet. Par la suite, les familles issues de cadets prirent l'habitude de porter le lambel sur leur blason. Cela fit du lambel la brisure la plus utilisée en France.

En héraldique, un lambel est un meuble formé d'un filet horizontal assorti de pendants rectangulaires ou trapézoïdaux, généralement placé en chef. Dans "lambel" on retrouve le mot "lambeau", ces héritiers ou futurs héritiers ne disposant que des lambeaux de l'héritage.

Voir un autre exemple de brisure pour Brezal par modification de couleur.



L'église est une ancienne chapelle de la terre de Rosnyvinen, érigée en église tréviale de Ploudiry par Mgr Cupif le 2 avril 1640. Devenue paroisse lors du Concordat.
   NB - Dans l'église se trouve aussi une cuve baptismale à godrons en granit à gros grains qui porte l'inscription : "QVI.CREDIDERIT.ET.BAPTIZATVS.FVERIT.SALVVS.ERIT./ 1641." et des armoiries. Celles-ci sont très effacées mais on peut deviner dans le bas de l'écu trois besants correspondant à la disposition qu'on rencontre sur les calvaires avec les deux besants de la deuxième ligne plus écartés (différente donc de la disposition plus connue et plus triangulaire que l'on voit ici sur le bénitier).



Photo A. Croguennec 

En 1722
Vitraux : écussons de Rosnyvinen et de Brezal
Au-dessus de la porte de la sacristie : écusson de Brezal
Au-dessus de la porte de la tour : autre écusson de Brezal
Dans le mur de pignon de la lanterne : autre écusson de Brezal
Voir procès verbal de constat d'armoiries et intersigne de la maison de Brezal à Loc-Eguiner et Ploudiry en février 1722 (ADB 1 E 1199)
Calvaire :

1169. Loc-Eguiner N. kersanton. 5 m. XVIè s. Deux degrés. Autel reposoir. Socle cubique: MISSION 1958. Fût à pans, chapiteau évasé, armoiries, dont Rosnivinen à la hure de sanglier. Croix, section octogonale, crucifix, Vierge à l'Enfant. Sommet occupé par des anges à banderoles : IN ADIVI- - -. AMO DEV- -
(source http://www.croix-finistere.com)

Armoiries : Rosnivinen + Le Sénéchal + Brezal

 

à La Martyre :
Calice aux armes de Brézal et de Pentrez :

Pierre du Perron, maître orfèvre à Landerneau (créateur également d'une statuette en argent de l'Enfant Jésus, datée de 1667) façonna en vermeil un calice et sa patène.
Autour de la coupe, du noeud et du pied ressortent très en relief, trois têtes d'anges encadrées d'ailes déployées.
Entre les figures de la coupe et du pied les instruments de la Passion sont liés ensemble par des rubans.
Sur la coupe sont représentés une échelle et une colonne, des verges et un fouet à quatre lanières et deux clous.
Sur le pied :
1) la croix, une éponge au bout d'une pique et une lance ;
2) une échelle et colonne ;
3) un roseau avec ses feuilles et le glaive avec lequel Saint-Pierre coupa l'oreille de Malchus.
Ailleurs, des fleurs et des feuillages couvrent la surface.

Sur le pied, encadrant une tête d'ange, deux écussons portent l'un "de gueules à six besants d'or", armoiries de Guy de Brezal ; l'autre "d'or à une trompe de chasse d'azur liée d'argent en sautoir", qui sont celles de Suzanne de Pentrez qu'il épouse en 1650. (source Michel de Mauny - Le pays de Leon - 1977).


Je n'ai pas vu les armes de Brezal et de Pentrez sur le calice. Elles étaient probablement placées du mauvais côté. Merci à M. le curé de présenter le calice dans sa vitrine du bon côté lors de mon prochain passage.


  Photos A. Croguennec (à travers la vitrine)

 

à Saint-Urbain ? :
Calvaire :

2881. Saint-Urbain S-E, Croas-Madec, kersanton. 4m. XVè s., 1570. Soubassement, table reposoir, écu Brézal-Coatelan. Socle cubique, pans: LAN M: V: LXX: SEL PEVLET: HANNA: SALVDET:. Fût à pans. Croix, base tronconique, fleurons carrés, crucifix (XVè s.)
(source http://www.croix-finistere.com)

Bien que l'auteur des lignes précédentes ait vu sur le calvaire l'écu de Brezal, j'ai des doutes. L'écu est aujourd'hui très érodé, mais la représentation ci-contre est exacte. Il s'agit donc de 6 annelets et non de 6 besants. Dans ce cas, ce serait l'écu de Buzic : "de gueules à six annelets d'argent, 3. 2. 1.", Buzic seigneur en autres lieux de Kerdaoulas, paroisse de Dirinon.

 

à Guiclan :
Calvaire :

619. Kerhervé. Calvaire, kersanton. 4 m. Vers 1550. Deux degrés. Socle cubique: - -ERITE MADEC. TALLEC AN BIHAN. S. HERVE (en gothique bâtard). Fût à pans. Croisillon, statues de saint Herbot et de saint Hervé, écu. Croix à fleurons-boules godronnés, crucifix, Vierge à l'Enfant.
(source http://www.croix-finistere.com)

Eglise Saint Pierre :

Une pierre armoriée aux six besants de la maison de Brézal est située au-dessus du vitrail Est (source Michel Mauguin).

à Lampaul-Guimiliau :
Chapelle Sainte-Anne :

L'étendue de la paroisse de Lampaul-Guimiliau et l'implantation excentrée vers le nord de son bourg éloignaient les habitants des villages du sud de leur église. Cette situation a sans doute contribué à l'édification d'une chapelle dans ce quartier appelé Judée. La chapelle est un édifice en forme de croix latine bâtie en moellons de schiste, les ouvertures étant encadrées de granit. Le blason de la famille de Brézal est gravé sur les pignons est et ouest, ainsi que sur le calvaire voisin, rappelant l'influence de cette famille, dans le fief de laquelle devait se trouver la chapelle. (source http://fr.topic-topos.com/chapelle-sainte-anne-lampaul-guimiliau)

Calvaire :

934. Sainte-Anne, granite + kersanton. 6,50 m. XVIIè s. Trois degrés, corniche. Socle cubique, chanfrein. Fût à pans, griffes en creux. Croisillon, culots, écu, statues géminées: Vierge-saint personnage, Jean-sainte femme. Croix à branches rondes, fleurons godronnées, crucifix, sainte Anne.
(source http://www.croix-finistere.com)

 

à Plourin-les-Morlaix :
Vitraux disparus :

Eglise Notre-Dame. Dans un procès-verbal de prééminences en 1679, on relève que dans la chapelle des "du Coatelant" il y avait deux fenêtres.
Dans la première du côté évangile, il y avait les armoiries des Le Sénechal et celles des Brézal en alliance avec du Louët.
L'autre fenêtre contenait les armoiries des Le Sénechal et de Brézal, timbrées d'une couronne. (source http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-34056541.html)
 

 

à l'Hôpital-Camfrout :
Sablière de l'église : armes pleines de Brezal

Deux explications :
1 - Jean de Kéraliou, du dit lieu, en la trève de l'Hôpital-Camfrout, épouse par contrat du 17 avril 1426, Marie de Brézal, fille de Derrien du dit lieu, et de Marguerite de la Roche.
2 - Le seigneur de Brezal achète, le 20è décembre 1595, le lieu et manoir noble de Keroullé, en la même trève. Ce contrat de vente par Allain le Forestier et damoiselle Perinne le Guiriec, sa veuve, est cité par Rosmorduc dans les preuves de noblesse de Le Forestier.
(Merci à Michel Queran)

à Primelin (Sud-Finistère) :
Blason : Ecartelé Yves du Menez et Marie de Brezal avec collier d'ordre de Saint-Michel dans la chapelle de Saint-Tugen. En 1623, Yves du Menez de Lezurec épousa Marguerite de Brezal, fille de Guillaume et de Jacquette du Louet de Coatjunval.

MENEZ (DU), sr dudit lieu, par. d'Esquibien, - de Lezurec, par. de Primelin, - de Prémaigné, par. de Trébry.
Anc. ext., réf. 1669, neuf gén. ; réf. et montres de 1481 à 1562, par. d'Esquibien et de Primelin, év. de Cormouailles.
D'azur à la croix pleine d'or, cantonnée au premier canton d'une main dextre d'argent ; voyez GUENGAT et KERNICHER. Devise : Et fide et opere.
Gestin, vivant en 1427, épouse Catherine de Lezongar ; un page du roi en 1712.
La branche aînée fondue au XVIè siècle dans Scliczon puis Rospiec ; la branche de Lezurec fondue de nos jours dans Bizien du Lézard. (source Pol Potier de Courcy).

A la fin du 17è siècle, M. de Lezurec, peut-être le fils d'Yves, fut capitaine des gardes-côtes, comme Joseph de Brezal. Alors que le département de Joseph de Brezal, assigné par Vauban, allait de la rivière de Morlaix à celle de l'Aber-Benoist, celui de M. de Lezurec allait de Landerneau à la rivière de Douarnenez.

à Carantec :
 Calice : dans l'église de Carantec, il y a un calice en argent, de la seconde moitié du 18ème siècle ; sous le pied, une inscription : « Donné par Madame de Brésal pour la chapelle St Joseph » ; avec armoiries en alliance de Brézal.

Il faudra que j'aille à Carantec pour photographier en gros plan le calice offert par Mme de Brezal.
Mais, qui était cette Madame de Brezal ? Surtout en cette 2ème moitié du 18è siècle !
Dans la première moitié, j'aurais dit "Françoise Antoinette de Marnière, épouse de Joseph de Brezal".

 

C - Localisation des lieux cités

 


En dehors de la carte : Hôpital-Camfrout - Carantec - Primelin.

 

D - Documents d'archives

1 - Lettre de Mme de Brezal, Françoise de Marnière, à Corentin de Carné, sieur de Kerdaniel (Fonds Brezal - ADB 1 E 1199 ex 1 E 834/6)
 

De Paris, ce 8è aoust 1699.

Je vous prie instamment, Monsieur, de vouloir bien me faire le plaisir de vous donner la peine de vous transporter à Ploudiry le jour que Monsieur le Procureur fiscal s'y trouvera pour dresser son procès verbal des préminenciers d'un chacun conformément aux ordres qu'il en a reçu de Monsieur le duc de Rohan. Cette lettre, monsieur, servira de procure pour agir pour moy aux maintiens de mes droits en préminancière immédiatement après Monsieur de Rohan et devant qui que ce soit, comme seigneur fondateur de cette église. J'approuve fort, Monsieur, votre dessein touchant les pierres transversantes à mettre des deux costés du grand autel, aussy bien que pour la place du banc dont vous me parlez. Je vous prie de faire mil compliments de ma part à Monsieur le procureur fiscal et à Monsieur le prieur de Ploudiry à qui je leur recommande mes droits et que je compte les remercier incessamment des honnestetés qu'ils auront pour moy. Enfin, Monsieur, tout ce que vous ferez sera bien fait et je l'approuverai avec plaisir en cette occasion et en toute autre estant fort persuadée, Monsieur, de l'attention que vous aurez la bonté d'avoir pour tout ce qui me regarde. ...
... ...
 

2 - Acte notarié établi en février 1722 (Fonds Brezal - ADB 1 E 1199 ex 1 E 834/6)
 

Ce jour second du mois de février 1722 après-midy, nous soussignés notaires royaux [...] de Léon jurés et reçus au siège royal de Lesneven [...] faisons que nous nous sommes transportés de notre demeure que nous faisons en la parroisse de Plouneventer en cet évêché de Léon, à la requête d'escuier Jacques de Coatnempren, sieur de G/saint demeurant au château de Bresal mesme parroisse faisant pour le seigneur Marquis de Bresal absent depuis plusieurs années en la ville de Paris, jusques au bourg trevial de Pont-Christ, parroisse de Ploudiry, au mesme évêché, en estant en compaignie rendus environ les deux heures et avant les vespres, y aurions à l'issue trouver le sieur de G/saint suivant l'assignation qu'il nous avait donné, lequel nous a requis de prendre la déclaration de Louis Chappalain, maistre architecte du lieu du Frout en ladite trève de Pont-Christ qui a eu le marché avec défunct François Gourvez, son associé, en l'année 1718 pour la démolition des murs de l'ancienne lanterne de l'église tréviale de Logueguinaire en ladite parroisse de Ploudiry et pour la réédification d'icelle et la construction d'une sacristie neuve en ladite église [...] aussy la déclaration de Pierre Glandon, maistre tailleur [de pierres ?], et d'Yvon Gloria, maistre masson, demeurant les [... (deux lignes sont rongées) ...] St-Houardon, et [...] en la paroisse de Plouedern, [...] aussy la déclaration de Guillaume Abgrall dudit bourg de Pont-Christ, manoeuvrier ou darbareur, sur l'estat où ils trouvèrent l'ancien mur de la lanterne de ladite église de Logueguinaire, et s'ils y remarquèrent dans la démolition aucunes pierres armoiées ni intersignées de préminance en bosses ni autrement, sur lesquelles réquisitions lesdits susnommés, qui s'estoient trouvés et rendus au bourg de Pont-Christ pour les affaires de leur société ordinaire, ledit sieur de G/saint audit nom les ayant fait mander dans la sacristie de l'église dudit bourg de Pont-Christ et après leur avoir fait lecture et explication en leur vulgaire langage breton, même en françois audit Glandon dit La Rose, ils nous ont unanimement déclaré qu'après avoir démoly à l'aide dudit défunt Gourves, l'un des adjudicataires du marché, les murs de l'ancienne lanterne de ladite église de Loguéguinaire, même sous les anciens fondements, ils n'y trouvèrent qu'une seule pierre du grain vis à vis du grand autel chargée d'armoiries, laquelle ayant levé dehors et l'ayant posée sur le bord du parapet du fondement en présence des charpentiers qui avaient le marché du boisage et de plusieurs autres particuliers, à ladite démolition fondamentale, des noms desquels ils ne se souviennent point autres que des nommés Lesquellen, adjudicataires du marché du boisage. Ils nous ont déclaré qu'ils ne trouvèrent dans les anciens fondements autres pierres armoiées ni intersignes de préminances que celle-là, laquelle estoit chargé de six formes d'escus en bosse rangées trois, deux et un qu'on leur dit estre les armes de la maison de Bresal, et qu'en effet elles leur parurent telles, les mesmes armes estants aussy seules en bosses au-dessus de la porte en la tour de ladite église de Logueguinaire et scellées en peinture dans les vitres de l'ancienne église ; nous ont de plus déclaré lesdits susnommés que, quelques dimanches après ladite démolition, ayant esté question, après les vespres de ladite église de Logueguinaire, de faire poser, suivant l'usage commun et pratiqué dans le diocèse, des pierres marquées en croix dans la nouvelle fondation de ladite lanterne, ils rétablirent dans le même endroit que dessus la mesme pierre marquée et empreinte aux armes de la maison de Brezal sans y avoir fait aucun changement en présance de messieurs leurs prestres et de tout le peuple qui assistèrent à la cérémonie publique, lesquelles déclarations lesdits susnommés affirment contenir vérité, et après leur en avoir fait derechef lecture et explication de mot à autre, chacun en son vulgaire langage, ils nous ont déclaré n'avoir rien à y changer, diminuer, ny augmenter, et qu'ils offrent le répéter en justice si requis est ;

De quoy nous avons rapporté acte en présance et sous le signe dudit sieur de G/saint audit nom, à luy valloir et servir ainsy qu'il appartiendra et sous les signes desdits Chapalain et Gloria chacun pour soy, et pour ledit Glandon et ledit Grall qui nous ont déclaré ne sçavoir signer, ont signé à leur prière et requeste sçavoir pour ledit Glandon René Sousset demeurant lesdits (?) près le bourg dudit Pont-Christ, et pour ledit Grall Jullien Limon de ladite trève de Pont-Christ, ô les nostres susdits notaires.

Depuis se sont aussy présentés, dans la mesme sacristie, Hervé, François et Joseph Lesquellen, maitres menuisiers de ladite parroisse de Ploudiry, adjudicataires du boisage de ladite lanterne de Logueguinaire, mandés de la part dudit sieur de G/saint auxquels l'un de nousdits notaires, l'autre présent, ayant aussy fait lecture et explication en langage françois et en leur vulgaire langage breton en tout ce qui dessus ils nous ont déclaré unanimement y adhérer et corroborer de point en point, circonstances et dépendances pour avoir esté présents à la démolition de ladite ancienne lanterne, et qu'on n'y trouva vis à vis du grand autel qu'une seule pierre aux armes cy dessus marquées, qui en furent aussy présents à l'établissement d'icelle en la nouvelle fondation, et qu'il ne leur a jamais paru autres armes que celles de la maison de Brezal dans ladite église ni dans la tour de Logueguinaire ny en bosse ny en peinture, laquelle déclaration ils affirment aussy contenir vérité avec offre de la répétter pareillement en justice si besoin est, sous leur signes lesdits jour et an que devant.

De tout quoy nous avons pareillement rapporté acte à valloir et servir ainsy qu'il appartiendra. Ainsy signé sur l'original Jacques de Coatnempren K/saint, Louis Chapalain, Yves Gloria, Hervé Lesquelen, Joseph Lesquelen, René Soucet, Julien Limon, François de Lesquelen, L:Hezon, notaire royal et G:Corre autre notaire royal qui garde la minutte. Controllé à Landiviziau, l'onzième feuvrier 1722 par Boucher qui a marqué reçu sept livres treize sols sept deniers.

G:Corre, notaire royal.

 

Et advenu ce jour 20è du mois de feuvrier 1722, nous susdits notaires nous estants rendus de nos susdites demeures par continuation de nostre dite commission à la requeste dudit sieur de G/saint audit nom et en sa compaignie jusqu'au bourg parroissial dudit Ploudiry environ une heure après midy, il nous auroit requis de prendre la déclaration de Jean Berthélé, maistre tailleur de pierres de la ville de Landerneau, à présant occupé à tailler des pierres pour la construction de la tour neuve dudit Ploudiry dans le reliquaire en dépendant, sur les motifs de nostre précédent procès verbal, duquel lui ayant fait lecture et explication de mot à autre en son vulgaire langage breton, il nous a déclaré qu'il estoit aussy présent et occupé à la démolition de l'ancien fondement de la vieille lanterne de ladite église tréviale de Logueguinaire avec les autres dénommés en nostre susdit procès verbal, et qu'il est véritable qu'on ne trouva dans ladite ancienne fondation qu'une seule pierre armoiée en bosse aux armes qu'on disait estre de la maison de Brezal en forme de six escus sçavoir trois, deux et un, laquelle pierre fust rétablie seule dans la nouvelle fondation aussy en présence par l'un de ses caramarades lors de la cérémonie qui fust faite pour cet effet un certain jour de dimanche après, et de sa déclaration de laquelle après lui avoir fait lecture aussy et explication en son vulgaire langage breton, il nous a déclaré persister et offrir la répétter en jugement si requis est et a signé, ainsy signé sur l'original Jan Berthelé.

S'est aussy présenté François Madec, maistre masson, demeurant au lieu de G/balanec, trève de Pencran, dite parroisse de Ploudiry, lequel nous a fait pareille déclaration dans cette chambre du reliquaire dudit Ploudiry comme ayant aussy esté présent en ladite qualité de masson à la démolition du fond[ement] de ladite ancienne lanterne de Logueguinaire, après luy avoir pareillement fait lecture et explications en son vulgaire langage breton de tout ce que dessus avec offre de la répetter en justice si requis est, et affirmant ne sçavoir signer après a signé pour luy missire Nicolas de Lesquelen, sieur curé de ladite parroisse de Ploudiry, ainsy signé sur l'original N: de Lesquelen, prest. curé de Ploudiry.

 

Et estant sortis de la maison du reliquaire sur le cimitière d'attache à icelle, ledit sieur de G/saint nous avoit demandé pour assurer premièrement qu'il n'y a qu'un seul escusson en bosse aux armes dudit seigneur de Brezal en escartelé dans le massonage en pierres de grain au-dessus de la porte dudit reliquaire ni en bosse ni en peinture, ledit reliquaire estant proche de la tour de l'église dudit Ploudiry, secondement nous estant rendus vis à vis de ladite tour et principalle entrée d'icelle, qu'il y a au-dessus de la porte un autre escusson en bosse aux pleines armes dudit seigneur de Brezal, comme elles sont cy-devant spécifiées, et au-dessus de cet escusson en supériorité un grand trou dans le massonnage d'environ deux pieds et demy de longueur et deux pieds de largeur, que ledit sieur de G/saint nous a déclaré avoir esté fait et préparé pour recevoir l'escusson en bosse de Monsieur Le Duc de Rohan, seigneur supérieur de ladite église, suivant l'ordre donné aux architectes qui avoient le marché de la construction de ladite tour, troisièmement nous estant en compaignie rendus vis à vis du pignon de la lanterne de ladite église en dehors, qu'il y a au haut dudit pignon deux escusson en bosse, l'un en suitte de l'autre sçavoir en supériorité un escusson aux armes de mondit sieur Le Duc de Rohan qui nous ont paru estre neuff macles posées par trois, et au-dessous un autre escusson aux pleines armes dudit seigneur de Brezal que sont six bezants, trois, deux et un.

Après quoy, estant entrés dans ladite église, ledit sieur de G/saint nous ayant conduits au bas d'icelle, nous avoit aussy demandé pour assurer et pour constant qu'il y a un autre escusson en bosse aux mesmes armes dudit seigneur de Brezal dans la face du mur au-dessus de l'arcade prochaine et d'attache à ladite tour dans l'aisle du costé de l'évangile.

De tout quoy et desquels assurements (?) comme constants et véritables, nous avons rapporté acte audit sieur de G/saint à luy valloir et servir ainsy qu'il appartiendra sous son signe et les nostres susdits notaires lesdits jour et an que devant. Ainsy signé sur l'original Jacques de Coatnempren K/saint - L:Hezon, notaire royal et G:Corre, notaire royal registrateur. Controllé à Landiviziau le 25 feuvrier 1722 par Boucher qui a marqué Reçu 52 sols.

G:Corre, notaire royal.

 

Ensuite de quoy, ledit sieur de G/saint en ladite qualité nous avoit encore requis de nous transporter en sa compaignie jusqu'au bourg trévial de Logueguinaire situé en la mesme parroisse pour luy rapporter pareillement des assurements qu'il res??? de nous demander des escussons et armoiries qui sont tant en bosse qu'en peinture en dedans et en dehors de l'église de Logueguinaire et dans la tour d'icelle, où estant cedit jour rendus environ les trois heures et demy de l'après-midy et ayant entré ensemble dans ladite église après avoir visité, veu et examiné toutes les vitres et les murs d'icelle du haut en bas, ledit sieur de G/saint nous a demandé pour assurer qu'il n'y a dans lesdites vitres autres escussons que ceux de la maison de Rosnivinen et ceux dudit seigneur de Brezal, et un seul escusson en bosse aux pleines armes du seigneur de Brezal immédiatement au-dessus de la porte de la sacristie avec un seul banc à queue au haut du choeur du cotté de l'évangile sans aucun intersigne de préminances d'autre seigneur préminancier ni en bosse ny en peinture, et estant sortis de ladite église, ayant aussy veu et examiné le dehors des murs d'icelle, ledit sieur de G/saint nous avoit pareillement demandé pour assurer qu'il n'y a qu'un seul escusson en bosse aux pleines armes dudit seigneur de Brezal en tout cas de ses ayeuls au-dessus de la porte de la tour qui est au bas d'icelle, laquelle tour nous a paru vieille et ancienne et un autre escusson aux mesmes armes à quatre pieds ou environ aussy en bosse dans le mur de pignon de la lanterne de [...] église en face du maistre-autel sans autres armoiries ny escusson ny en bosse ny en peinture.

De quoy, nous avons pareillement rapporté acte audit sieur de G/saint audit nom à luy valloir et servir ainsy qu'il appartiendra en présence de vénérable missire Joseph Mazé, curé, et François Ottard, prestre de ladite trève de Logueguinaire, sous leurs signes et celuy dudit sieur de G/saint et les nostres susdits notaires lesdits jour et an, ainsy signés sur l'original Jacques de Coatnempren G/saint, Joseph Mazé, ptre curé, François Ottard, ptre, L:Hezon, notaire royal et G:Corre, notaire royal registrateur.

 

En l'endroit ledit sieur de G/saint audit nom attendu la présence desdits sieurs Mazé et Ottard, prestres, les a interpellé de déclarer s'ils n'estoient point présents à la démolition du vieux fondement de l'ancienne lanterne de ladite église de Logueguinaire, à quoy ils ont répondu sçavoir, ledit Maze, curé, qu'il y estoit présent et que les massons y trouvèrent une pierre de grain en face du maistre-autel, laquelle ayant levé et ba??, ledit sieur Mazé remarqua qu'elle estoit armoiée en bosse aux pleines armes dudit seigneur de Brezal comme elles sont cy-devant spécifiées, et qu'il estoit aussy présent lorsque les artisans l'ont rétablie ans la nouvelle fondation de ladite lanterne en mesme hauteur et proportion, sans qu'on eut trouvé autre escusson ni intersigne d'armoirie dans l'ancienne fondation, et au regard dudit sieur Ottard, il nous a déclaré qu'il ne fust pas présent à la démolition des fondements de ladite ancienne lanterne, mais que s'estant rendu sur les lieux une heure après ou environ, les artisans luy firent voir ladite pierre aux armes dudit seigneur de Brezal, à laquelle ils luy dirent qu'ils avaient trouvé seule dans lesdits fondements, et avoir esté aussy présent lors du rétablissement d'icelle dans la nouvelle fondation en mesme hauteur et alignement que les artisans luy avaient rapporté qu'ils l'avaient trouvée dans lesdits anciens fondements.

De tout quoy, nous avons pareillement rapporté acte à valloir et servir audit sieur de G/saint audit nom ainsy qu'il appartiendra, sous les signes desdits sieurs Mazé et Ottard, prestres, et dudit sieur de G/saint, ô les nostres sudsit notaires, lesdits jour et an. Ainsy signés sur l'original Jacques de Coatnempren G/saint, Joseph Mazé ptre curé, François Ottard ptre, L:Hezon notaire royal et G:Corre notaire royal registrateur, controllé à Landiviziau le 25 feuvrier 1722 par Boucher qui a marqué reçu 52 sols.

 

3 - Destruction des signes de féodalité (Registre des délibérations du conseil municipal de Plouneventer - ADB 585 E DEPOT 2)

 

Ce jourduy 12 germinal l'an second (1/4/1794) de la république française une et indivisible, nous les citoyens Charles Pierre Vaumouse, Jean Falhun, Charles Simon, André Eno, Thomas Vien, Sébastien François L'herminié, Louis Tetel, nommés commissaires par la société régénérée de Lesneven et autorisés de pouvoirs de l'administration du district de Lesneven, nous sommes rendus au bourg de Plouneventer

... ils y effectuent la mission qui leur incombait, le recensement des bleds battus et non battus, mais ... par harsard ?...
Nous les susdits commissaires, ayant fait une visite dans l'église paroissiale de la ditte commune de Plouneventer, avons vus avec la dernière indignation qu'il y subsistait tant dans l'extérieur que dans l'intérieur de la ditte église des signes de féodalité, sçavoir des tombeaux qui servaient à inhumer les cy-devant seigneurs ; des vitrages sur lesquelles il existe des armoiries légèrement masquées avec du blanc ; des croix de Malte aux confessionnaux ; le plat fond (sic !) d'une chapelle rempli de fleurs de lys ; les armoiries papales au-dessus d'un autel ; des tombes sépulcrales dans le cimetière, couvertes d'armoiries ; les ban[c]s de distinction des cy-devant seigneurs dans la ditte église. De tout quoy avons raporté le présent procès-verbal et, après une mûre délibération entre nous commissaires, avons enjoint et ordonné aux dits officiers municipaux, sous leur responsabilité personnelle et d'être punis conformément à la loy, de faire disparaître et enlever en totalité les dits signes de féodalité. De tout quoy, nous avons inscrit le présent procès-verbal au registre des délibérations de la ditte commune de Plouneventer les mêmes jour et an que dessus. [???] - Vaumousse - Falchun - Simon - Vien Cadet - andré Enoz - l'hermignié.

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"On trouva malheureusement des ouvriers pour faire disparaître ce qu'ils demandaient et ce fut fait presqu'immédiatement car aux archives départementales existe un reçu de 90 livres daté du 29 germinal an 11, signé Luc Cam et Yves Cabon, ouvriers du bourg de Plouneventer, pour avoir dégradé toutes les armoiries, fleureries (sic) existant dans cette église, des tombes, poutres, vitraux et croix du cimetière, plus une somme de 15 livres pour les matières. (AD fonds L. 186)" - source Auguste Soubigou dans son Histoire de Plouneventer.

E - Sources des informations

ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest
ADQ = Archives Départementales du Finistère à Quimper


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 André Croguennec - Page créée le 17/07/2011, mise à jour le 10/2/2019.