Eglise de La Roche - Inventaire de 1906 |
Par la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905, les fabriques sont supprimées. La loi prévoit la création, au niveau communal, d'associations cultuelles de fidèles, pour subvenir aux frais, à l'entretien et à l'exercice public du culte. À ces associations seront confiés les bâtiments destinés au culte et les biens des fabriques nécessaires à l'exercice du culte.
Il fallait donc inventorier les biens qui allaient changer de propriétaire. Même si, l'Église catholique va refuser de créer les associations cultuelles telles que prévues dans la loi de 1905.
Les fabriques en France de la Révolution à la Loi de séparation
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_de_fabrique sauf texte en blanc
Article 9 de la loi du 9/12/1905 :
1. Les biens des établissements ecclésiastiques. qui n'ont pas été réclamés par des associations cultuelles constituées dans le délai d'un an à partir de la promulgation de la loi du 9 décembre 1905, seront attribués par décret à des établissements communaux de bienfaisance ou d'assistance situés dans les limites territoriales de la circonscription ecclésiastique intéressée, ou, à défaut d'établissement de cette nature, aux communes ou sections de communes, sous la condition d'affecter aux services de bienfaisance ou d'assistance tous les revenus ou produits de ces biens, sauf les exceptions ci-après :
1° Les édifices affectés au culte lors de la promulgation de la loi du 9 décembre 1905 et les meubles les garnissant deviendront la propriété des communes sur le territoire desquelles ils sont situés, s'ils n'ont pas été restitués ni revendiqués dans le délai légal ;
2° Les meubles ayant appartenu aux établissements ecclésiastiques ci-dessus mentionnés qui garnissent les édifices désignés à l'article 12, paragraphe 2, de la loi du 9 décembre 1905, deviendront la propriété de l'Etat, des départements et des communes, propriétaires desdits édifices, s'ils n'ont pas été restitués ni revendiqués dans le délai légal ;
.... ....
Mais cette intrusion des représentants du gouvernement dans des édifices, construits et entretenus par des paroissiens et avec leur argent, et ce depuis fort longtemps, pour en transférer la propriété à d'autres, suscita un mouvement de révolte dans toute France. Dans certaines régions, cette révolte fut parfois très violente.
Chez nous, elle fut plutôt calme, mais ferme, comme le montre quelques articles publiés dans Le Courrier du Finistère :
03/03/1906 : L'inventaire des églises dans le Finistère - A La Roche-Maurice, le délégué du gouvernement s'est présenté le mercredi 21 février, dans l'intention de faire l'inventaire ; mais la population a fermé les portes de l'église ; aussi l'opération inventoriale a été ajournée.
10/03/1906 : A Plounéventer. M. Normand, percepteur à Landivisiau, se présenta lundi pour procéder à l'inventaire. A la porte de l'église, devant laquelle stationne une foule de monde, M. le Recteur lit sa protestation conçue en termes très énergiques. La lecture faite, l'agent du gouvernement veut ouvrir la porte ; elle est fermée à clef. Il demande aux fidèles qui se trouvent dans l'église, au nombre d'un millier, d'obéir à la loi et de lui accorder l'accès du lieu saint. Une immense clameur retentit alors : « Nous n'ouvrirons pas ! Vive la Liberté ! » Le percepteur impassible et froid insiste. C'est en vain. La porte s'obstine à rester fermée. « Nous sommes ici chez nous ! L'on n'entrera pas » crient à tue-tête les hommes massés derrière la porte.
L'agent, visiblement contrarié, se retire. Les portes s'ouvrent alors devant le recteur qui va unir ses prières à celles de ses paroissiens rassemblés dans l'église. Ceux qui ont assisté à la tentative d'inventaire regagnent ensuite lentement leurs demeures en se communiquant leurs pénibles impressions.
M. Normand, resté au bourg où il a choisi ses témoins, profitant du départ de la foule accourt en toute hâte à l'église et s'apprête à faire l'inventaire, mais il a compté sans la vigilance de deux vaillantes jeunes filles qui se font un devoir de déjouer sa manoeuvre en sonnant elles-mêmes le tocsin. En moins de cinq minutes l'église est de nouveau remplie par la foule absolument indignée et trépignant de colère. L'agent le sent bien et se retire prudemment.
17/03/1906 : Saint-Servais - Une tentative d'inventaire a été faite mardi. Une heure avant l'arrivée du délégué du gouvernement, toute la population est réunie au bourg. Certains esprits sont très surexcités. On récrimine violemment contre la loi qui aux yeux des habitants de la paroisse, consacre le vol le plus sacrilège qui se puisse imaginer. Devant le porche se tiennent huit cents fidèles chantant le cantique : "Truez, va Doue." C'est un spectacle impressionnant.
L'agent arrive. M. Guivarch recteur, veut le conduire jusqu'à la porte de l'église. La population n'entend pas de cette oreille. Force lui est donc de rester dans le cimetière. Il s'arrête non loin du tombeau de Yan Dargent, et là, il refuse au percepteur l'entrée de l'église. Le moment est solemnel, quand M. Guivarch évoque l'ombre du grand peintre se dressant tout à coup devant les spoliateurs et leur disant : "Mes tableaux, je les ai donnés à St-Servais ; ils en forment le patrimoine sacré. N'y touchez pas ! A ces paroles la population frémissante et dans un mouvement unanime s'écrie : "Vive M. le Recteur !"
Ce que voyant, l'agent demande : "Il est impossible de procéder à l'inventaire ?" "Oui ! oui !" répond la foule. "Eh bien ! je reviendrai" dit froidement M. Normand.
Mais, finalement, les inventaires furent réalisés
sous la protection d'une force armée disproportionnée.
Elles sont décrites succinctement dans Le Courrier du Finistère du 24/11/1906 :
La Roche-Maurice. Mercredi matin, à 8 heures, MM.Terrène, commissaire de police et Roppert, receveur des domaines, partaient de Landerneau pour la Roche-Maurice, escortés d'un peloton du 15è hussards, d'un caporal et quatre sapeurs et de quelques gendarmes. Une centaine de personnes se trouvent rassemblées au bourg, contemplant avec tristesse l'arrivée de cette troupe.
MM. Terrène et Roppert se rendent au presbytère où le commissaire demande au recteur, M. l'abbé Dréau, les clefs de l'église et de la sacristie. M. le recteur répond que son devoir est de ne rien faire directement ou indirectement pour concourir à l'inventaire. Il déclare que la fabrique possède une mense curiale et que toutes les pièces se trouvent entre les mains du percepteur.
Dans le cimetière où il se rend ensuite, le commissaire demande au vicaire, qui s'y trouvait également, de lui indiquer quelle porte il convenait d'enfoncer. "Je sais que vous avez une consigne à exécuter, répond le vicaire, mais j'ai aussi des devoirs et je ne puis rien dire." Les sapeurs attaquent alors à coups de hache la porte que leur désigne M. Terrène, et ensuite la porte de la sacristie. M. Roppert a bientôt fini de dresser son inventaire. Aucune manifestation n'a eu lieu.
La Dépêche de Brest du 22/11/1906 est beaucoup plus précise :
La Roche-Maurice. MM. Ropert, receveur des domaines, et Terrène, commissaire de police, chargés de procéder aux inventaires dans le secteur de Saint-Urbain, ont quitté, hier matin, à huit heures, Landerneau pour se rendre à La Roche-Maurice. La calèche dans laquelle ils avaient pris place était précédée d'un peloton du 14è hussards, commandé par un maréchal des logis. Dans une seconde calèche, se trouvait un caporal et quatre sapeurs du génie.
La ravissante route de Landerneau à La Roche-Maurice est trop connue des Brestois et paticulièrement des pêcheurs, pour qu'il soit, ici, besoin de la décrire. Une pluie fine ne cessait, depuis la nuit, de tomber.
Le cortège arrive, quelques minutes après, devant La Roche-Maurice, et gravit l'aride côte qui mène au bourg. Quelques habitants se mettent, en entendant le bruit des chevaux, à leurs fenêtres, ou viennent sur le seuil de leurs portes. Quelques femmes accourent au bourg. Il en est qui ont de jeunes enfants sur les bras.
A l'approche des hussards, quelques femmes se mettent à courir à toutes jambes, comme épouvantées. M. Terrène les rassure en leur disant de ne pas avoir peur, qu'on ne va leur faire aucun mal.
Bientôt, une trentaine de femmes viennent s'abriter sous les arbres situés en face du presbytère. Des hommes - une cinquantaine - stationnent sur différents points du bourg, très calmes et observant ce qui va se passer.
Vingt gendarmes à cheval, sous les ordres du maréchal des logis Marais, arrivent peu après au bourg de La Roche-Maurice, et entourent le presbytère, l'église et le cimetière.
M. Terrène va frapper à la porte du presbytère, qui est fermé. Personne ne lui répond. Comme il quitte pour aller à l'église, l'abbé Dréau, recteur, apparaît à la fenêtre de sa chambre, située au premier étage du presbytère. La commissaire de police le salue et lui fait connaître le but de sa visite. Le recteur lui répond qu'il va descendre ; ce qu'il fait aussitôt.
Dans son antichambre, il reçoit MM. Terrène et Ropert. L'abbé Dréau a à côté de lui son vicaire. "Je ne puis rien faire pour vous, Monsieur", dit-il au commissaire ; puis, au receveur des domaines : "Ma conscience m'empêche ! Non, non, je ne puis rien !"
M. Terrène fait connaître au recteur de La Roche-Maurice qu'il est obligé de lui remettre une mise en demeure de M. le préfet du Finistère. L'abbé Dréau refuse d'abord d'accepter la pièce puis finit par la prendre.
M. Ropert demande au recteur si l'église possède une mense curiale. Ce dernier répond affirmativement et dit que le percepteur possède toutes les pièces.
Il fait connaître que M. de Dieuleveult, président du conseil de fabrique, habite le château de Kernevez. MM. Ropert et Terrène jugent inutile de se rendre auprès de lui.
A la demande du commissaire de police, l'abbé Dréau déclare qu'il ne veut point ouvrir son église. M. Terrène se rend dans le cimetière et appelle les sapeurs du génie. Le commissaire demande au vicaire de la paroisse, qui vient se placer tête nue, près des soldats, quelle porte il y a lieu d'enfoncer afin de causer moins de dégâts.
L'abbé ne répond d'abord pas, puis il dit : "Je sais, Messieurs, que vous avez des devoirs à accomplir ; j'en ai aussi, et je ne puis rien vous dire." M. Terrène désigne la porte aux sapeurs, qui l'enfoncent à coup de hâche. Le vicaire pendant ce temps reste immobile.
Le recteur intervient et s'entretient avec le receveur des domaines, qui lui pose quelques questions. M. Ropert pénètre dans l'église, qu'il inventorie, tandis que les sapeurs, sur l'ordre du commissaire de police, enfonce la porte de la sacristie.
Les habitants assistent, de loin, à cette opération. Pas le moindre cri n'est poussé.
Il est est 9 h 20. M. Terrène fait reconstituer le cortège, qui quitte peu après La Roche-Maurice pour se rendre à Lanneuffret. Les six kilomètres qui séparent La Roche-Maurice de Lanneuffret sont effectués en 35 minutes. A proximité du bourg, on entend sonner le tocsin.
A Lanneuffret, la rencontre sera moins calme.
A Lanneuffret
1
Toute la population de la petite commune, qui ne compte d'ailleurs que 230 habitants, est réunie autour de l'église, dans le cimetière. Une trentaine d'hommes se tiennent sous le porche, entourant leur recteur, l'abbé Richard, qui est d'une extrême pâleur et paraît très vivement impressionné. L'abbé Richard est un homme de 45 ans environ, d'une taille moyenne, très maigre. Il est vêtu d'une soutane toute rapiécée et chaussé de gros sabots. Le recteur de Lanneuffret harangue ses paroissiens. Il leur parle de la foi, se frappe sur la poitrine, lève les bras au ciel, mais le bruit du tocsin nous empêche de saisir ses paroles. Les gendarmes pénètrent dans le cimetière et refoulent au dehors les habitants, qui protestent vivement. Les hussards restent sur la route, qu'ils barrent des deux côtés. Sur l'ordre de M. Terrène, quelques gendarmes mettent pied à terre et pénètrent sous le porche de l'église, en vue d'expulser les paroissiens qui entourent le recteur. Un corps-à-corps a lieu entre un gendarme et un robuste campagnard, mais force reste au représentant de l'autorité. L'abbé Richard reste seul sous le porche. Il est adossé à la porte de l'église et semble la défendre de son corps comme un rempart. Ses bras sont tendus en croix. Le visage du recteur est livide. Les gendarmes refoulant les habitants en dehors du cimetière, l'abbé Richard leur crie : "Restez ici ! Restez ici !" Le tocsin continue à tinter. Une dizaine d'hommes sont montés dans le clocher, d'où ils narguent les gendarmes. Ces derniers les invitent à cesser de faire sonner le tocsin, mais l'abbé Richard, qui entend leur injonction, crie : "Sonnez ! Sonnez toujours !" |
2
M. Terrène, suivi de M. Ropert, vient se placer devant le recteur de Lanneuffret et, après lui avoir décliné ses qualités et fait connaître la mission dont il était chargé, lui a demandé de dégager la porte de l'église. Le commissaire de police invite de nouveau, mais en vain, le recteur à dégager la porte de l'église. Il lui fait une première sommation, puis une seconde. M. Terrène fait une troisième sommation à l'abbé Richard. Comme celle-ci demeure encore sans effet, il donne l'ordre au brigadier de gendarmerie Pulteau, de la brigade de La Martyre, et à un autre gendarme de l'appréhender et de l'expluser du porche de l'église. Les gendarmes exécutent l'ordre du commissaire de police et saisissent chacun par un bras le recteur, qu'ils obligent à passer dans le cimetière. L'abbé Richard oppose une légère résistance et proteste. Ses paroissiens sont très émotionnés. Quelques femmes pleurent. Les gendarmes conduisent le recteur dans l'allée centrale du cimetière, à plusieurs mètres de la porte de l'église. S'adressant à l'abbé Richard, M. Terrène lui dit à haute voix :
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3
Le commissaire et le receveur des domaines se rendent alors à la mairie, où ils ne trouvent personne ; puis à l'école communale, où M. Terrène remet à l'institutrice, qui est en même temps secrétaire de l'état civil, la mise en demeure du préfet du Finistère. Pendant ce temps, l'abbé Richard est resté dans le cimetière, encadré des deux gendarmes, qui l'ont constamment tenu par un bras. Un peu calmé, le recteur de Lanneuffret n'a cessé de parler, à voie haute, à ses gardes : Tout ce qui précède est dit par l'abbé Richard sur un ton paisible. Le recteur de Lanneuffret fait, peu après, connaître à ses gardes qu'il est le fils d'un homme qui a été maire de sa commune depuis 25 ans, qu'il a eu bien de ennuis, mais qu'il veut défendre sa foi, et qu'il la défendra. MM. Terrène et Ropert reviennent, après dix minutes d'absence, au cimetière. S'adressant au commissaire, l'abbé Richard lui dit qu'il n'est pas difficile d'être énergique, dans les conditions présentes, qu'il voudtait le voir devant les Prussiens. La bravoure n'est plus ce qu'elle était autrefois. |
4
M. Terrène répond au recteur qu'il a su, en d'autres circonstances, faire son devoir ; qu'il a passé par l'armée et a, à son actif, plusieurs campagnes. Le recteur reconnaît que sa parole a dépassé sa pensée. Les sapeurs enfoncent la porte de l'église. M. Ropert procède à l'inventaire, qui est des plus simples à faire, étant donné que l'église est des plus pauvres et ne contient presque rien. L'abbé Richard demande à M. Terrène d'assister à l'inventaire. Le commissaire asquiesce à son désir et donne l'ordre aux gendarmes de le laisser pénétrer dans l'église. M. Kerambloc'h, président du conseil de fabrique, vient rejoindre son recteur. M. Terrène demande à l'abbé s'il veut ouvrir la porte de la sacristie. Ordre est aussitôt donné aux sapeurs du génie d'enfoncer cette porte, qu'on est obligé de briser par le milieu à coups de hache. Pendant ce temps, l'abbé Richard est venu s'agenouiller sur une chaise à droite et auprès du maître-autel où il a prié et pleuré. Comme dans les autres églises du 2è secteur, M. Ropert a pénétré dans la sacristie de Lanneuffret. L'abbé Richard et M. Kerambloc'h l'y suivent sans dire un mot. La sacristie contient quelques ornements sacerdotaux, et c'est tout. L'église de Lanneuffret ne possède, par ailleurs, rien ou presque : 75 francs de rente. Quelques femmes, une dizaine, ont assisté, dans l'église, où elles s'étaient préalablement enfermées, à l'inventaire. Elles récitent le chapelet. A 10 h. 25, MM. Terrène et Ropert quittaient la pauvre église de Lanneuffret, tandis que le recteur venait, sur le seuil de la porte, inviter ses paroissiens à assister à une cérémonie de réparation. |
Pour recevoir les représentants de l'Etat, Barthélémy Dréau, le recteur de La Roche, avait préparé un texte de protestation :
Vous avez l'intention d'entrer, Monsieur, dans cette église bâtie par les seigneurs de Rohan d'illustre mémoire, et entretenue par les deniers des bons paroissiens de La Roche.
Mais il est bon de vous rappeler, Monsieur, que cette porte dont vous allez franchir le seuil, a été construite en 1530 par les "de Rohan", d'illustre mémoire. Les registres le disent hautement.
Et comment se fait-il donc, Monsieur, que le gouvernement, dont vous êtes le représentant, ose réclamer cette élégante église, cette maîtresse-vitre, une des plus belles pages de la peinture sur verre dans notre pays ? Ose réclamer ce jubé, oeuvre en chêne sculpté du 16è siècle ? Ose réclamer ce clocher qui est le type le plus parfait et le plus orné du pays ? Pourquoi cette confiscation ? Parce que maintenant la force prime le droit.
On parle en France de liberté, égalité, fraternité, mais on ne les met pas en pratique. Ce sont des rêves qui ne se réaliseront pas encore. Aujourd'hui le chrétien est forcé de baisser la tête, nous espérons qu'il la relèvera bientôt et fièrement.
En vous laissant entrer dans cette église, nous le disons hautement, nous cédons à la force et nous subissons cet inventaire contre lequel nous protestons.
Nous réclamons l'insertion de cette protestation au procès-verbal.
Dréau, recteur
Ce texte n'a pas été inséré au procès-verbal (voir plus bas). Mais peut-être a-t-il été joint à celui-ci ? En tout cas, la copie de cet inventaire, signée de la préfecture, se trouve aux archives diocésaines de Quimper, accompagnée du brouillon (ce qui explique les ratures) de Barthélémy Dréau (AEQ 2 P 237/2).
DIRECTION GENERALE DES DOMAINES INVENTAIRE des biens dépendant de la fabrique de l'église paroissiale de La Roche-Maurice dressé en exécution de l'article 3 de la loi du 9 décembre 1905. L'an 1906, le 21 novembre, à 9 heures du matin. | ||
Chapitre I - Biens de la fabrique | ||
N° | Description des biens | Estimation |
1 | Le maître-autel - 2 autels latéraux - 10 stalles - 1 siège pour le célébrant - 6 tabourets | 120 |
2 | Un harmonium | 150 |
3 | Une balustrade en bois - un jubé - une chaire à prêcher | 200 |
4 | Un catafalque avec six chandeliers en bois | 40 |
5 | Deux confessionnaux, fonts baptismaux | 120 |
6 | Un Christ entouré de la Sainte Vierge et de Saint Jean - Deux anges adorateurs | 40 |
7 | St Pierre et St Joseph - ND de Bon Secours | 50 |
8 | St Yves avec le riche et le pauvre | 60 |
9 | ND de Grâces - ND de Lourdes | |
Ornements | ||
10 | Une chape d'or | 150 |
11 | Une chape blanche | 100 |
12 | Une chape rouge | 120 |
13 | Une chape verte | 125 |
14 | Une chape violette | 120 |
15 | Une chape noire | 120 |
16 | Une chasuble d'or | 40 |
17 | Trois chasubles blanches | 25 |
18 | Trois chasubles rouges | 25 |
19 | Deux chasubles vertes | 20 |
20 | Deux chasubles violettes | 25 |
21 | Trois chasubles noires | 25 |
22 | Huit étoles aux couleurs liturgiques | 16 |
23 | Un dais, 1 voile de bénédiction, quatre voiles de tabernacle (blanc, violet, vert et rouge) | 120 |
24 | ||
25 | 18 surplis - 40 amicts - 8 nappes d'autel | 45 |
26 | 2 nappes de communion et quatre tapis d'autel | 16 |
27 | Une garniture pour le maître-autel | |
28 | Quatre bannières : St Yves, Ste Anne, Ste Vierge et Sacré-Coeur | 200 |
29 | Quatre aubes, 4 cordons, 4 piles (?) | 10 |
30 | Quatre vases, 2 croix, 6 chandeliers | 10 |
31 | Deux calices, 1 ciboire dans le tabernacle, 1 ostensoir | 120 |
32 | Une boîte en plomb pour les stes huiles, 3 sonnettes | 12 |
33 | Deux croix de procession, encensoir et navette détériorés | 100 |
34 | Six chandeliers et une croix au maître-autel | 25 |
35 | Quatre chandeliers et deux croix aux autels latéraux - 24 feux à cierges | 25 |
36 | Une lampe de sanctuaire, deux candélabres, 3 lustres | 15 |
37 | Deux appliques et une veilleuse à Notre-Dame de Lourdes, 6 lampes à pétrole | 15 |
38 | Un bénitier et un goupillon, plats pour quêter, 1 reliquaire | 6 |
39 | Un reliquaire imitant une chapelle gothique flamboyante | 5 |
40 | Deux statues avec leurs brancards pour procession | 45 |
41 | Une statuette de la Sainte Vierge | 12 |
A la chapelle de Ste Anne | ||
42 | Maître-autel, deux statues | 160 |
43 | Deux chandeliers avec deux feux cierges, canons d'autel, 1 crucifix | 20 |
44 | Linges d'autel. Il paraît exister un calice en argent doré XVI et XVIIè siècles, mais je ne l'ai pas vu | 8 |
Meubles de la sacristie | ||
45 | Une crédence avec ses tiroirs, 4 boîtes en fer blanc pour le pain d'autel, armoires pour chapes, aubes, surplis | 75 |
46 | Un bureau, 1 glace, un christ | 150 |
47 | Un lavabo, 3 pupitres pour missels, 2 porte-manteaux | 120 |
48 | Une coquille, quelques bouquets de fleurs, quelques vases | 20 |
49 | Un crucifix, 4 boîtes en fer blanc pour le pain d'autel | 25 |
50 | Trois chandeliers | 3 |
Au presbytère | ||
51 | Une caisse à 3 clefs ne contenant pas d'argent | 50 |
52 | Deux missels, 3 petits missels pour défunts | 25 |
53 | Trois livres de chant pour les offices Cinq petits livres pour enterrements et services | 25 5 |
54 | Un rituel | 2 |
55 | Rentes sur l'Etat 3 % | |
1° Une inscription de rente de 237 fr. série 6 n° 0.459.714 au nom de la fabrique A charge de services religieux (décret du 6 mars 1865) 2° Une inscription de rente de 14 fr. série G n° 0.605.292 au nom de la fabrique | ||
56 | Immeubles : | |
En Plouedern : 1° au lieu de Keranfloc'h : 2 champs dits "Parcou Sant Eozen" section B n° 167 de 42,20 a et n° 141 de 33,50 a Loués à Pierre Juzeau, prix et charge 87,50 | 1500 | |
2° au territoire de Quinquis Meur : 1 champ en labour dit "Parc ar parc" n° 710 de 61,10 a Loué à Joseph Cornec, prix et charges 50,50 | 900 | |
En La Roche-Maurice : 1° Kermabiguirinan la Judée : Labour dit "Parcou verglam" section A n° 216 de 25,72 a ; Labour dit "Parc Robel" n° 335 de 17,33 a ; labour dit "Parc an Traoñ", n° 394 de 38,76 a pré, dit "Foennec Daouanter", n° 226 de 42,40 a ; 1/2 de "Parc Rohel", n° 356 de 21,06 a ; champ "Parc an Traoñ" n° 390 de 15,60 a | 3000 | |
2° au territoire de Bolloïs : Deux courtils dits "Jardin Douanter", avec ruine, section A n° 193 et 201 de 1,40 a Un champ de terre chaude dit "Tarqueir ar feunteun", n° 600 de 13,11 a ; Une garenne n° 638 de 1,92 a Les n° 1 et 2 loués à François Le Gall moyennant impôt et charges 112 fr. | 2500 | |
3° Au lieu de l'Isle : section A, n° 588 et 589 "Parc an otel" de 88,23 a ; n° 591 "Parc huella" de 22,40 ; n° 608 taillis "Clos Guillerm" de 44,81 a ; n° 627 taillis "Goarem izella" de 70,84 a ; n° 630 lande "Goarem ar han" de 57,38 a Loués à Jean-Marie Combot, cult. à Cosquer Bras en Ploudiry, pour prix et charges 158,30 | 2500 | |
4° Terroir de la Judée : Un champ "parc ar poul" et un courtil section A n° 316 et 321 de 86,25 a Loués à Michel Crenn, moyennant le prix et charges de 56 fr. | 900 | |
5° Territoire de Kernevez : Labour dit "Parc Kernevez", section B n° 730 Loué à François Faou, moyennant prix et charges de 28,50 fr. | 600 | |
6° aux dépendances du bourg : Section A n° 55 de 5,11 a ; n° 35 de 4,77 a et n° 116 et 117 de 4,53 a Loués à Yves Ladan moyennant 28,50 fr. | 700 | |
7° à Pont-Christ : Section A, n° 417 de 40,64 a ; n° 472 de 10,70 a ; n° 473 de 4,35 a et n° 474 de 30,50 a Loués à Yves Guevel 28,50 fr. | 500 | |
8° à Pont-Christ : Section A n° 424 de 58,15 a ; n° 425 de 39,22 a ; n° 680 de 13,58 a ; n° 682 de 27 a Loués à Barthélémy Le Gall, Yves Guevel et François Guivarch pour prix et charges 133 fr. | 2800 | |
9° à Pont-Christ : Prairie section A, n° 434 de 12,12 a loué à Barthélémy Le Gall, prix et charges 23 fr. | 500 | |
10° au terroir de Botloïs : Section A n° 154 prairie de 14,21 a louée à Jean Cloarec, prix et charges 42,80 fr. | 1000 | |
En Saint-Servais : Territoire de Penhoat, le "Parc Moan" section B n° 924 de 65,90 a | ||
En Bodilis : Territoire de Penhoat, une garenne dite "Goarem an hent", section C n° 434 de 78,30 a Ces deux pièces louées à François Derrien et Jacques Le Hir, prix et charges 34 fr. | 600 | |
Revendications | ||
Monsieur Le Dréo, curé, me présente des factures et reconnaissances desquelles il résulte que : 1° Madame Berthelot, née Morvan, serait propriétaire du chemin de croix suivant reconnaissance du 1/11/1905. 2° Le vicomte Gabriel de Kermenguy revendique : 1. les statues de Saint Eloi et Saint Herbot, placées aux côtés du jubé ; 2. un calice ordinaire 3° Madame Bazin, de La Roche, réclame la propriété du catafalque, de ses tentures, draperies, chandeliers et montants, suivant reconnaissance en date au Moulin d'Elorn, du 8 décembre 1900. 4° M. de Vincelles, du château de Keraoul en La Roche, a fait don à M. le Curé de la statue de Saint Antoine. | ||
Chapitre II - Biens de la commune dont la fabrique n'a que la jouissance L'église de La Roche-Maurice semble appartenir à la commune, c'est une belle église (monument historique) de la renaissance (1535-1575) renfermant une maîtresse-vitre de 1539, un élégant jubé en bois de 1575 et de vieilles statues. A l'extérieur de l'église existent les statues de pierre de St Yves, St Antoine de Padoue, St Vincent Ferrier et d'un abbé. Ossuaire également de la renaissance mais datant de 1639, sculptures figurant une danse macabre. Ruines de la chapelle de Pont-Christ. | ||
Nous avons clos le présent inventaire contenant 8 roles, sans renvoi et sans mots rayés, le 21 novembre à 10 heures du matin, et, après lecture faite, nous l'avons signé avec MM. Terrène, commisaire de police de Brest, Joseph Pellé, publiciste, mes témoins. Signé : Ropert, Terrène et Pellé. |
1 - Concernant les terres :
Les parcelles 417, 472, 473, 474, 424, 425, 434, 680 et 682, ainsi que les terres sur St-Servais et Bodilis, appartenaient à la fabrique de Pont-Christ, bien sûr !
(voir ici). Et pour une valeur, donc, de 4.400 francs. Je me demande encore comment certaines personnes essaient d'expliquer qu'il n'y avait pas d'argent pour entretenir l'église de Pont-Christ.
2 - Certaines pièces de mobilier, inventoriées en 1906, n'existent plus aujourd'hui :
- le vieil harmonium,
- les 3 lustres,
- le catafalque,
- il n'y a plus qu'un seul confessionnal,
- les statues St Herbot et de St Eloi, qui étaient placées aux deux côtés du jubé.
Sur cette photo de Pierre Petit "Voyage en Bretagne, été 1900", six ans avant l'inventaire donc, on peut apercevoir les statues de St-Herbot et St-Eloi (St Herbot, avec son boeuf et St-Eloi avec son cheval).
L'occupation de l'église à cette date est conforme à celle que nous connaissons aujourd'hui, à la différence près que les chaises ont été remplacées par des bancs.
Par contre, il en va tout autrement sur les deux photos qui suivent. Elles nous montrent que quelques années auparavant les paroissiens assistaient à la messe derrière le jubé. Car devant il y avait l'harmonium, des stalles, ... et peut-être d'autres choses encore.
Ceci était logique quand le prédicateur officiait depuis le jubé ou, plus tard, depuis la chaire à prêcher. Cela ne le sera plus quand le prêtre prêchera depuis le choeur.
Ces deux photos, avec d'autres de La Roche, prises par Félix Martin-Sabon, sont inventoriées dans un catalogue imprimé en 1899. Aucune photo de La Roche n'apparaît dans le catalogue de 1896. Ces deux photos sont donc antérieures à 1899. Sont-elles postérieures à 1896 ?
En tout cas, elles nous permettent de dater approximativement le changement d'occupation de l'espace entre le jubé et le choeur.
Il serait donc intervenu dans les toutes dernières années du 19è siècle.
Comparons les chemins de croix sur les deux photos de droite :
- sur la photo de Pierre Petit en 1900, c'est celui d'aujourd'hui, offert par Mme Berthelot.
- sur la photo de Félix Martin-Sabon, c'est un chemin de croix très rudimentaire.
Des chaises, près du jubé, portaient le nom de personnes importantes de la paroisse : Lavillasse et Berthelot.
André J. Croguennec - Page créée le 17/10/2021, mise à jour le 18/10/2021. | |