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Louis Le Guennec

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Louis Le Guennec (né le 4 août 1878 à Morlaix, décédé le 22 septembre 1935 à Quimper) est un archéologue et historien breton qui a laissé une abondante oeuvre littéraire et artistique centrée essentiellement sur le Finistère et les départements limitrophes.

 

Dès 1893, n'ayant même pas son certificat d'études, il entre comme apprenti lithographe à l'imprimerie Lejat de Morlaix. Il se passionne déjà pour le patrimoine et commençe à publier articles de journaux et dessins. En 1910, il épouse à Morlaix Renée Huitric dont il aura quatre enfants. Il était bègue, ce qui explique sans doute en partie sa passion pour les archives.

Dès 1902, il adhère à la Société archéologique du Finistère ; il écrivit de nombreux articles pour le bulletin de cette société, dont il devint le trésorier en 1919, ainsi que les comptes-rendus de son activité pour le journal La Dépêche de Brest.

Il vit à Brest entre 1914 et 1919 (mobilisé comme auxiliaire dans un service médical), année où il s'installe à Quimper, reprenant une librairie du centre ville à l'angle des rues Keréon et de la Halle. En 1924, il succède à Frédéric Le Guyader comme archiviste, puis comme conservateur de la bibliothèque de Quimper, consacrant désormais une bonne partie de son temps à l'écriture et à l'inventaire des chapelles, manoirs et châteaux bretons.

 

Voici quelques dessins et croquis de Louis Le Guennec, réalisés en Finistère et en relation avec les sujets traités dans le site de Pont-Christ Brezal. Des liens renvoient, d'ailleurs, vers les chapitres du site pour des explications complémentaires.

 

Quelques oeuvres

 

Pont-Christ Brezal

Pont-Christ d'après Lesage par L. Le Guennec

A tout seigneur, tout honneur, comme on dit : voici Pont-Christ pour commencer. Dessin réalisé d'après un croquis de Charles Lesage, datant de 1848.
Pour plus de précisions, voir les artistes que Pont-Christ a inspirés.

Dans Le Finistère Monumental, le dessin est accompagné du texte suivant : " A la limite de la commune [de La Roche], sur la rive gauche de l'Elorn, en face du moulin de Brézal, auquel elle est reliée par un pont en pierre, se trouve la chapelle de Pont-Christ, ancienne trève de Ploudiry, aujourd'hui en ruines. Dans le cadre agreste de sapins et de rochers qui l'environnent de toute part, la jolie chapelle de Pont-Christ, envahie par le lierre et la mousse, forme un charmant paysage. mais il est regrettable qu'on n'ait pas songé à restaurer ce gracieux édifice dont la fondation, à ne juger que par son vocable, doit remonter aux premiers temps de l'introduction du christianisme en Armorique".

 


Pont-Christ en Plounevez-Lochrist

Louis Le Guennec, a publié ce dessin dans le chapitre traitant de Pont-Christ Brezal (oeuvre précédente) avec la mention : Chapelle près Pont-Christ, dessin d'après Mayer, 1832. Il pensait donc que c'était l'antique chapelle du château de Brezal, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit, en fait, de la vieille chapelle de Pont-Christ en Plounevez-Lochrist, près du Kernic.

Voir mes explications dans le chapitre adhoc

Quand à l'antique chapelle du château de Brezal, on en voit une partie à droite sur le dessin qui suit. Les chapelles de Brezal, la nouvelle et l'antique, sont décrites sous couvert d'un chapitre dédié.

 


Brezal

Notre historien-artiste a réalisé ce dessin du vieux château de Brezal à partir d'un tableau qui représentait l'édifice au 18è siècle. Il en donne l'explication suivante :

"Mme de Dieuleveult, née de Tinténiac, a bien voulu me procurer obligeamment la photographie d'une peinture de 1843 qu'elle conserve au manoir de Ménec près Lesneven, et qui représente la demeure de ses puissants ancêtres telle qu'elle existait vers 1770. Brézal se composait de trois corps de logis inégaux, accolés en ligne droite. Le plus important était un grand pavillon à trois étages, coiffé de combles mansardés. Le bâtiment situé à l'est semblait être l'ancien manoir gothique. Quelques lucarnes de pierre coupaient les toitures, mais le château, quoique assez vaste, n'avait rien d'imposant, et sa seule partie monumentale était le long bâtiment bas qui en formait l'aile gauche, avec sa décorative série de treize lucarnes à frontons ouvragés. Une ferme, un grand jardin aux parterres "en broderie", un portail décoré sur ses piliers d'urnes de granit et flanqué de pavillons, une levée, des bois, composaient à la résidence du marquis de Kersauzon un cadre plein d'agrément".

dans Nos vieux manoirs à légendes.

 

Louis Le Guennec a-t-il réalisé un dessin du moulin de Brezal ? Je n'en ai pas trouvé. Il a un peu parlé du moulin, sans trop préciser sa fonction, sauf une fois : "Les seigneurs de Brézal afféageaient à un papetier leur romantique moulin féodal, qui est, en face des ruines enlierrées de l'église de Pont-Christ, un des charmes de la vallée de l'Elorn". (dans Choses et gens de Bretagne p. 237).

C'est cette petite phrase qui a induit en erreur bien des historiens après lui. Non, le moulin à papier de Brezal ne se trouvait pas devant l'église de Pont-Christ, mais un kilomètre en aval sur l'Elorn. A l'époque de Louis Le Guennec, tout le monde savait cela, il suffit de lire les articles de La Dépêche de Brest : "Le trésor du moulin à papier" par exemple. Voir aussi ce chapitre.

Cependant, nous n'en voudrons pas à notre illustre historien : on ne peut pas s'intéresser à tout un département, et même plus, et être pertinent sur tous les points.


La Roche-Maurice

Le château de Kernevez du temps de la famille de Dieuleveult.

Croquis extrait du livre "Le Finistère Monumental - Brest et sa région". Le dessin n'est pas documenté : dommage !

L'antique chapelle de Keraoul autrefois.

On a dénombré trois chapelles à Keraoul, il en reste deux. Celle-ci serait la plus ancienne, détruite aujourd'hui. Mais les explications de Louis Le Guennec sur cette chapelle ne sont pas très claires.

(source Fonds Le Guennec aux archives départementales).

 


Pencran

Le château de Chef-du-Bois à Pencran.

Croquis extrait du "Finistère Monumental - Brest et sa région".

Le manoir de Kermadec

Dessin extrait du "Guide illustré du touriste dans le pays de Landerneau, Lesneven" par Louis Le Guennec.


Trebabu, près du Conquet

Le manoir de Kerjan-Mol, à Trebabu, vu du côté Nord.

Dessin présent dans le fonds Louis Le Guennec aux archives départementales.

 


Coat-Lestremeur en St-Derrien

Le manoir de Coat-Lestremeur, autrefois en Plouneventer, aujourd'hui en St-Derrien, appartenait dans les temps anciens, au XVè siècle, à l'illustre famille de Coativy.

C'est là que naquit Alain de Coativy (1407-1474), qui devint cardinal à Rome et usa de son influence pour permettre à Alphonse Borgia de monter sur le siège de Saint-Pierre en 1455. Alphonse Borgia, devenu pape, prit le nom de Calixte III.

 


Quimper

Nous avons évoqué l'abbé de Boisbilly à l'occasion des veillées de Brezal. Voici son hôtel particulier à Quimper, 5 rue Ar Barz Kadiou, dessiné par Louis Le Guennec.

Quelque peu délabré il y a une dizaine d'années, l'hôtel de Boisbilly a depuis, à diverses reprises, fait l'objet d'importants travaux de restauration. Les derniers préparaient l'installation des services du Patrimoine de la ville. C'est chose faite depuis le 3 juin : animateur du patrimoine et guides-conférenciers désormais vous accueillent en ce lieu. La bâtisse est remarquable : façade du XVIIè à corniche denticulée, belle ferronnerie du XVIIIè au deuxième étage, hautes souches de cheminées en pierre de taille, épis de faîtage en plomb en forme de chapiteaux corinthiens. A l'intérieur subsistent quelques beaux éléments de boiserie de XVIIIè. C'est un des rares exemples quimpérois d'hôtel particulier entre cour et jardin, témoignage architectural de ce courant qui, au XVIIè siècle, se détache de l'exemple italien pour inventer un dispositif à la française : la rue longe la construction mais ne l'encadre pas, la distribution des pièces devient plus rationnelle... Le nom qui reste attaché à cet hôtel est celui de Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786) chanoine du chapitre cathédral. Son grand-père avait fait fortune dans le commerce maritime à Morlaix. A Quimper, il était voisin de sa nièce, mariée à Monsieur Jacquelot de Boisrouvray. Docteur en théologie de la Sorbonne, Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly, possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper. Il dressa un plan de la cathédrale, il s'agit là d'une des sources les plus importantes sur le monument avant la révolution. Le chanoine fut le dernier descendant direct des de Boisbilly.

Couleurs, magazine de la ville de Quimper n° 71 de juillet-août 2005

 


Botsorhel

Des statues dans l'église Saint Georges de Botsorhel, dont un Christ en robe rouge sur la croix. L'église de Pont-Christ possédait aussi un crucifix de ce type, voir l'inventaire finistérien.

Sur cette planche, on voit aussi :

une belle statue de saint Brandan, provenant de sa chapelle ruinée en Botsorhel. Les orfrois de sa chape sont chargés de personnages sculptés.

et une statue équestre de saint Georges. Armé de toutes pièces, avec casque, cuirasse, brassards et jambières, et chevauchant un coursier somptueusement harnaché, il plonge sa lance dans la gueule d'un affreux dragon vert à demi couché à ses pieds, et qui déchire de l'une de ses pattes le poitrail du cheval. L'un des coins de la selle de saint Geor­es porte un écusson : d'azur à la croix d'argent. L'esprit populaire a localisé dans le pays même la légende du saint patron de la paroisse. Non loin de la chapelle du Fouennec, dans un taillis dit Coat-ar-Sarpent, on voit une pierre portant l'empreinte grossière du fer d'un cheval, et l'on dit que saint Georges combattit en cet endroit un féroce dragon qui se nourrissait de victimes humaines et avait, ce jour-là, réclamé la fille du roi du pays. Saint Georges, qui traversait justement le canton, s'enquit des causes de la désolation universelle, et accompagna lui-même la jeune fille jusqu'à l'antre du dragon, qu'il tua après une lutte terrible. Le roi et ses sujets se convertirent au christianisme. Cette tradition est calquée sur les actes de la vie de saint Georges, d'après lesquels il tua, dans les mêmes circonstances, un monstrueux dragon près de Sylène, en Lybie (MM. Peyron et Abgrall, 1903).

 


Guimaec

La chapelle de Christ à guimaec est une jolie chapelle du XVIè siècle, elle a vu célébrer son dernier office en 1948, puis elle s'est dégradée progressivement. Heureusement, son retable aux personnages en bois polychrome, sa magnifique poutre de gloire et sa statue du Christ en robe rouge, à laquelle la chapelle doit son nom ont été sauvés et mis dans l'église paroissiale.

Derrière la chapelle coule la fontaine de dévotion sous son édicule à fronton aigu. Tout près, à l'entrée d'un chemin creux qui n'est autre chose que la voie gallo-romaine reliant autrefois les postes de Toul-an-Héry et de Primel, se dresse une grande croix, sur un socle formé de quatre marches. Parmi ses statuettes, on voit un Christ en robe couronné et un saint Paul Aurélien, vénéré à Kerbaul, debout sur son dragon. On raconte qu'à l'époque de la Terreur, quand l'ordre vint d'abattre les croix, les patriotes de Guimaëc s'attaquèrent d'abord à celle-ci et, pour la jeter bas, nouèrent au fût un gros cable qu'ils firent tirer par douze chevaux. Mais tous les efforts de cet attelage ne réussirent pas à ébranler la croix, que maintenait en place une puissance surnaturelle, et la corde finit par se rompre, blessant plusieurs iconoclastes, lesquels jugèrent plus prudent d'arrêter là leur entreprise sacrilège. (Louis Le Guennec, Consortium breton, mai 1928, page 450 - AD29)

 


Plougonvelin

Le manoir du Predic tout près de l'abbaye de la pointe St-Mathieu.
Dessin présent dans le fonds Louis Le Guennec aux archives départementales.


Le 29 juin 1718, le manoir fut le théâtre d'un affrontement entre le locataire des lieux, l'avocat François Le Duff, et son clerc, Jacques Debrix, dans une dispute qui les opposèrent au propriétaire, Vincent de Kernatous, sieur du Predic, et son beau-frère, Hervé de Kersulguen, sieur du Bislou, manoir tout proche.

La dispute se termina par la mort de l'avocat et des blessures importantes pour le clerc, avec une grande effusion de sang.

La juridiction de l'abbaye de Saint-Mathieu était compétente pour juger l'affaire et ses archives (Procédures criminelles 1671-1789 - 11 B 88) gardent un détail impressionnant de l'interrogatoire des témoins et des personnes du voisinage.

Kernatous et Kersulguen furent condamnés à avoir la tête coupée, mais ne restèrent pas sur les lieux pour assister au jugement, ni attendre la sentence et l'exécution. On ne les a plus jamais revus.

La sentence sera donc "exécutée par effigie en deux tableaux qui seront attachés à une potence qui sera dressée en la dite place publique de Saint Mathieu par l'exécuteur de la haute justice".


Vincent Corentin de Kernatous  né en 1675, époux de Marie de Kerven, était le neveu de Jean-Baptiste de Kernatous qui épousa Françoise du Mescam (1653-1694), voir aussi la famille Le Gac de Keraoul de La Roche-Maurice.

Herve de Kersulguen, né en 1685, était membre d'une grande famille, dont nous avons parlé à propos d'une de ses branches installée à Pencran.

Jean de KERNATOUS, décédé le 28 avril 1668, Plougonvelin, enterré - Saint-Mathieu-de-Fine-Terre.
Marié avec Françoise de KERMENO, décédée le 27 avril 1666, St-Renan, enterrée - Saint-Mathieu-de-Fine-Terre, dont

Pour voir le manoir aujourd'hui, photo prise du haut du phare de Saint-Mathieu, cliquer sur le livre vert

On distingue la tourelle au centre de la photo. Fermer X

Quelques détails sur l'affaire

Motif du meurtre :

Bien que les interrogatoires avaient surtout pour objet de démontrer la culpabilité des deux accusés, et non la raison du meurtre, les nombreuses pages manuscrites qui en résultent laissent deviner la situation suivante :

  • L'avocat François le Duff, qui demeurait souvent à Brest, avait loué, à Vincent de Kernatous, le manoir du Predic et ses terres environnantes.
  • Au manoir, était installé en permanence le sous-fermier Gabriel Le Moign et sa famille qui exploitaient les terres.
  • Visiblement, bien qu'ayant loué son manoir, Vincent de Kernatous continuait de l'occuper et voulait, de plus, en interdire l'accès à François Le Duff.
  • Des actions en justice avaient été initiées.
  • Depuis plusieurs mois au moins, les rencontres du propriétaire et du locataire donnaient déjà lieu à des affrontements verbaux, avec menace de mort, et parfois même ils en venaient aux mains.
  • Tout ceci devait aboutir à l'assassinat final.

Description de l'assassinat :

Dans les archives, on trouve au moins deux descriptions précises de l'assassinat, je ne reproduis pas ici celle du clerc, qui est pourtant la plus complète et la plus effroyable, car Jacques Debrix était partie prenante dans l'affaire.

Voici la version de Marie Cam, 10 ans, fille de Bernard Cam et d'Anne Perenez, le dit Cam, laboureur de terre à St Merzin en Plougonvelin :

... la déposante s'étant rendue au manoir du Prédic avec la dite Reyne [fille de Kernatous] et ayant monté toutes deux dans la chambre au dessus de la cuisine, elle y trouva le dit sieur du Prédic et du Bizlou ...

... dans la chambre arrivèrent, incontinent après, le dit défunt Le Duff et son clerc dont elle ne sait le nom, lequel Le Duff entrant le premier dans la chambre suivi de près de son clerc, et après qu'ils se furent salués les uns et les autres de leurs chapeaux, le sieur défunt Le Duff se jeta sur le sieur du Bizlou le prenant à la cravatte, le mit sous lui et le sieur du Bizlou lui ayant donné un coup du bout de son genouil l'ayant fait se relever et s'étant bien débattu sans pouvoir se terrasser ni l'un, ni l'autre, le sieur du Prédic tenant un bâton en main, le mit entre les jambes du défunt Le Duff par le moyen duquel il le fit tomber à la renverse, et le sieur du Bizlou s'étant jeté sur lui, le prit à la cravatte, lui mit un genouil sur l'estomac et lui serra la cravatte au col, si bien qu'il demeura mort sur la place et en même temps les sieurs du Prédic et du Bizlou lui fouillèrent les poches et le jetèrent aussitôt au haut du degré [dans l'escalier, donc] et se retirèrent tout incontinent dans la dite chambre, dépose de plus qu'à l'entrée des dits Le Duff et de son clerc, le sieur du Prédic ayant un baton à la main, en déchargea un coup sur le visage du clerc qui le mit tout en sang, après quoi le clerc se retira et se rendit à l'abbaye de Saint Mathieu, et la déposante suivit les sieurs du Prédic et du Bizlou jusqu'au champ de Lochrist où ils semblaient aller environ les 7 heures du soir, ... (déposition du 08/08/1718).

 

Sources


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 André J. Croguennec - Page créée le 21/6/2019, mise à jour le 10/4/2020.

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