blason du Finistère

Famille de Coativy

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La famille de Coativy, apparentée aux seigneurs de Brezal

Dans l'induction des preuves de noblesse fournies par Guy de Brezal aux commissaires de la Chambre de réformation, en 1666, on trouve comme premier document, ce qui suit :

En date du "28 janvier 1413 : Adveus fournis à seigneurie de Rohan à cause de la baronnie de Leon à Landerneau par Yvon de Bresal et Sibille de Rodalvez, sa compaigne, tant à cause de la terre et seigneurie de Bresal, fieff et domaine dudit seigneur de Bresal, que celle de Pen du Ferz, fieff et domaine appartenant à ladite Rodalvez par partaige de la maison de Couativy don[t] elle étoit fille, sa mère. Signé et deubmant garanty".

Effectivement, Sybille de Rodalvez était la fille d'Alix de Coativy.

Pen du Ferz : il s'agit de Pen-ar-Fers en Ploudiry. En effet :

 

 Prigent de COATIVY, né en 1280, décédé en 1354 (à 74 ans).
Marié avec Sybille de COATIVY, dont

Le cardinal Alain de Coativy

Le mois dernier, je suis allé, avec M. Le Guennec, voir s'il restait encore debout à Coat-Lestremeur quelque chose des temps anciens ; nous ne nous attendions pas à voir la moitié de ce que nous avons trouvé. Le vieux manoir appartient maintenant à M. de la Villebenoist et il est habité par quatre familles, celles de F. Colliou, F. ar Bihan, Th. Tygreat et F. ar Bras. Là, il y a des puits, des portes, des fenêtres, de beaux pans de murs, des escaliers en pierre et des cheminées, qui ont la couleur du XVè siècle. Alanig Coativy grandit près d'eux. Au lieu de les abattre comme on l'a dit, ce qui serait un péché, on devrait les restaurer avec esprit en gardant ce qui vaut la peine, et s'il faut construire des choses neuves qu'elles soient bâties, mon Dieu ! non à la place des vieilles choses mais à côté. Il eut été superbe de voir le blason du cardinal avec sa devise Bepred au-dessus de la porte de son vieux manoir.

Les personnages importants comme les seigneurs de Coativy, s'ils sont semés abondamment dans notre pays ne germent que rarement, et on doit être économe envers les choses qui nous rappellent leurs noms.     J.-M. P.

C'est durant le XVè siècle, on peut le dire, que notre pays a été le plus prospère. Le plus beau soleil que l'on peut voir c'est avant qu'il aille se coucher ; ainsi de la Bretagne, avant qu'elle ne perde son autonomie, on a vu fleurir en elle un grand nombre de Bretons remarquables à différents titres, des militaires, des ingénieurs, des juristes, des enseignants, des ecclésiastiques. Parmi ces derniers on doit nommer Monseigneur Alain de Coativy ; c'est le seul cardinal qui soit natif du pays de Léon, et il a été à la fois un légat de choix et un des meilleurs évêques qui soient, et sans aucun doute, un des plus célèbres enfants de Basse-Bretagne.

 

Alain de Coativy descendait d'une des familles les plus anciennes et les illustres du pays de Léon. Elle portait le nom du manoir qu'elle possédait dans la paroisse de Plouvien (le manoir de Coativy, entre Bourg-Blanc et Coat-Meal. Aujourd'hui avec les modifications des limites communales, le lieu est sur Bourg-Blanc). Un de ses aïeuls, Prigent de Coativy avait suivi le roi Saint Louis aux croisades. Lui-même était le fils d'Alain et de Catherine du Châtel. Son frère aîné, Prigent de Coativy, un militaire des plus valeureux devint amiral et maréchal des armées françaises. Il fut tué lors du siège de Cherbourg en 1450, par un coup de canon, après avoir combattu les Anglais aux côtés de Jeanne d'Arc.

Celui qui sera cardinal est né le 8 novembre 1407, à Coat-Lestremeur, un des manoirs de son père. Ce village est bâti au milieu d'une forêt qu'il y avait sur la paroisse de Plouneventer, tout près de Saint-Derrien. C'était un gars intelligent et dévot qui montrait bien, tout petit, ce qu'il serait une fois grand.

 

Il fut ordonné prêtre en 1438, et peu après il s'en alla à Rome. Le pape Nicolas V, l'ayant connu, le nomma archevêque d'Avignon et cardinal de l'église Sainte Praxède en 1448.

A la mort de Nicolas V, qui eut lieu le 25 mars 1455, ce fut lui qui empêcha, avec d'autres, le cardinal Bessarion, archevêque de Nicée, de se retrouver sur le siège de Saint Pierre. Il dit aux autres cardinaux, ses confrères : "Comment se fait-il donc, qu'il n'y ait plus personne dans l'Eglise latine capable de devenir pape, c'est sûrement le cas puisqu'on doit offrir cette charge à un grec qui a été schismatique et qui est nouvellement revenu dans le giron de la vraie Eglise. La barbe de Bessarion n'est pas encore tombée sous le rasoir et nous le mettrions à notre tête ! Faites ce que vous voudrez à ce sujet, chers Pères, mais pour moi et pour ceux qui pensent comme moi, nous ferons ce qui est en notre pouvoir pour empêcher qu'il soit mis un évêque grec à la tête de l'Eglise."

Les paroles du cardinal Coativy furent écoutées et au lieu de Jean Bessarion, c'est Alphonse Borgia qui fut nommé pape : il prit le nom de Calixte III. En reconnaissance pour l'évêque breton, le nouveau pape l'envoya comme légat en France pour démêler bon nombre de grandes affaires 1 et en Bretagne afin de diriger les grandes fêtes pour la célébration de la canonisation de Saint Vincent Ferrier.

 

Quinze évêques, huit de Bretagne et sept de l'extérieur, étaient à Vannes le 5 avril 1456, autour du légat du pape. Celui-ci après avoir proclamer la sainteté de Vincent Ferrier et chanté la grand-messe en son honneur fit le tour de la ville en procession. Pierre II et Françoise d'Amboise, le Duc et la Duchesse de Bretagne venaient à sa suite avec tous les princes et les princesses du Duché et plus de 150.000 personnes ; on n'avait jamais vu et on ne vit jamais depuis rien de plus beau dans notre pays !

1 Le 19 mai 1453 Constantinople tomba sous le pouvoir des Turcs infidèles. Cette nouvelle attrista l'Europe entière. Les Papes, les uns après les autres, cherchèrent à créer une entente contre eux, mais hélas les princes chrétiens préféraient s'affronter entre eux plutôt que de prendre les armes pour voler au secours des pays du Moyen-Orient. C'est Alain Coativy qui fut chargé par le pape Calixte III de rencontrer Charles VII, roi de France. Celui-ci, on le sait, dans la crainte que les Anglais n'attaquent de nouveau son royaume préfèra ne pas quitter le pays. La plupart des autres grands chefs d'état européens firent comme lui, et ainsi, par leur paresse, ils laisseront aux Turcs la possibilité d'étendre, petit à petit, leurs griffes sur les pays chrétiens... C'est le 7 juin 1571 seulement qu'on pu casser leur pouvoir sur mer à Lépante ; et sur terre, à Vienne le 12 septembre 1683. Depuis, grâce à Dieu, ils ne feront que reculer. Et, même ces derniers mois, les petits pays chrétiens du Moyen-Orient ont créé une entente pour les combattre, et à chaque coup porté, pour ainsi dire, ils ont obtenu la victoire. Il faut croire que sans tarder nous verrons le jour où le Turcs seront contraints de rester dans leur vieux pays ; Alain Coativy, du haut des cieux, verra aussi avec plaisir l'arrivée de ce jour !     J.-M. P.

Peu après le Pape donna aussi au cardinal Coativy, l'évêché de Dol et le mit à la tête d'églises célèbres, comme la cathédrale de Toulouse, et des grands monastères, comme celui de Redon. Retenu loin de Bretagne, par des problèmes difficiles qu'on lui donnait constamment à résoudre, le cardinal ne pouvait diriger seul son évêché et son monastère, mais il était attentif à prendre garde qu'ils soient bien dirigés, dans tous les aspects, par ceux qui le remplaçaient.

Il embellit l'église de Dol et établit dans cette ville un nouvel évêché. Il aimait le pays de Léon et quand il le pouvait il venait y faire un séjour. Il descendait alors à Penmarc'h, tout près de Lesneven, car le seigneur de ce manoir avait épousé sa soeur Alix. Il aimait aussi beaucoup l'église du Folgoet, qui était alors toute neuve, car il n'y avait que 12 ans qu'elle avait été consacrée (elle le fut en 1419 par Monseigneur Alain Kerastred, évêque de Saint-Pol de Léon) ; c'était son plaisir de s'y rendre pour supplier Notre-Dame Marie ; il voulait que son corps puisse venir se reposer à l'abri des murs de la maison de sa Bonne Mère ; il lui donna des vêtements de cérémonie les plus beaux qui soient ; sur sa demande le pape Sixte IV accorda 100 jours d'indulgence à celui qui irait au Folgoët prier la Vierge le 25 mars, le premier dimanche d'août, à la mi-août, le 8 septembre et pour la fête de la Toussaints ; il fit fit élever près du porche sud de la basilique une belle croix en kersanton. Elle a été mutilée pendant la Révolution par des coups de marteaux antichrétiens. Grâce à Dieu, la statue d'Alain de Coativy, qui est au pied de la croix n'en a pas souffert. Et, c'est un plaisir pour nous de la voir là encore si belle. Elle représente le cardinal agenouillé sur le socle du calvaire, les mains jointes et son chapeau de cardinal rejeté sur ses épaules. On le voit encore dans un des vitraux de l'église avec son chapeau rouge sur la tête.

Il mourut à Rome le 22 juillet 1474 à l'âge de 66 ans et enseveli dans l'église Sainte Praxède. Sur son tombeau, on peut lire un texte en latin qui dit : Au temps de Sixte IV a été enseveli ici, Alain évêque et cardinal. Il descendait de la famille des Coativy, très célèbre chez les Bretons ; il fut envoyé comme légat en France pour démêmer des affaires concernant la foi ; sa vie fut un exemple et ses oeuvres très utiles. Il a vécu 66 ans, 6 mois et 15 jours. Juillet 1474.

Cet écrit n'est qu'un résumé des louanges que l'on faisait au cardinal Coativy en son temps. "C'est un homme d'une grande intelligence, a dit le Pape Pie II, au coeur droit, avisé, sage et fort."

Sa devise était Bepred ("Toujours") et il lui fut fidèle toute sa vie ; il a toujours été solide dans sa foi ; il était toujours debout pour la défendre ; il a toujours aimé son pays d'origine et il a toujours travaillé pour lui faire honneur en tous lieux.

Quelle leçon et quel exemple pour nous !
Dans un temps où nous sommes tourné vers les nouveautés, et où l'on croit toute chose nouvelle est bonne et toute chose ancienne est mauvaise, il est utile de faire savoir à nos compatriotes qu'en vérité ils iront de l'avant en marchant sur les traces des anciens en étant catholiques et bretons toujours !        L. AR GUENNEC.

Le texte qui précède est une traduction d'un article en breton paru dans la revue "Feiz-ha-Breiz" de janvier 1913. Il résulte d'une collaboration de Louis Le Guennec, le célèbre érudit finistérien, et de Jean-Marie Perrot, le non moins célèbre futur recteur de Scrignac et directeur de la revue.

Saint Vincent Ferrier, canonisé par Alain de Coativy


Représentation de
Saint Vincent Ferrier

Vincent Ferrier l'une des 3 statues du
clocher de La Roche-Maurice

Vincent Ferrier (en valencien Sant Vicent Ferrer) est un prêtre de l'Ordre dominicain, né le 23 janvier 1350 près de Valence en Catalogne (Couronne d'Aragon) et mort le 5 avril 1419 à Vannes (Bretagne) qui est resté célèbre pour ses prédications publiques. Une partie de ses reliques sont vénérées à la cathédrale Saint-Pierre de Vannes.

Son charisme et son influence populaire sont tels qu'il devient un personnage-clé dans les troubles politico-religieux liés au Grand Schisme d'Occident. Proche de Pedro de Luna, alors cardinal et futur Benoît XIII, Vincent Ferrier se rallie tout d'abord à la papauté d'Avignon, rejetant la légitimité d'Urbain VI dans son traité De moderno ecclesiae schismate. Il devient par la suite confesseur de Benoît XIII, désormais antipape et figure emblématique de la résistance à Rome. Mais, dans un souci d'union de l'Église, il finit par se résigner à abandonner la cause de Benoît XIII pour reconnaître le pape romain. Son acte de renonciation officiel intervient en 1416, à l'époque où le Concile de Constance s'emploie à mettre fin au schisme.

Infatigable prêcheur et évangélisateur de l'Europe pendant vingt ans, de 1399 à sa mort, il parcourt l'Espagne, l'Italie, la Suisse, et va même jusqu'en Écosse. Il est souvent accompagné d'un nombre impressionnant de disciples, au point qu'il doit essentiellement prêcher dans de grands espaces extérieurs pour pouvoir être entendu de la foule. On lui prête le don des langues, au vu de sa capacité à communiquer avec tant de peuples différents.

La France n'est pas oubliée dans ses missions, il en parcourt tout le Sud avant d'être appelé en Bretagne en 1418 par Jean V, duc de Bretagne. Il sillonne pratiquement toute la Bretagne de ville en ville pendant près de deux ans et revient à Vannes, épuisé, où il meurt le 5 avril 1419.

Après les nombreux miracles constatés sur sa tombe qui lui sont attribués, le duc de Bretagne Jean V (1399-1442) demande que le dominicain soit canonisé. Calixte III proclame sa canonisation le 29 juin 1455. Le pape désigne le prélat breton Alain de Coativy pour lever les reliques du tombeau et diriger la cérémonie qui a lieu à Vannes le 5 avril 1456.

Saint Vincent Ferrier est fêté le 5 avril. Il n'est le patron d'aucune église ni d'aucune chapelle dans le diocèse de Quimper et Léon. On retrouve cependant sa statue dans les églises de Guengat, Confort, Plomeur, Ploudalmézeau, La Roche-Maurice (portail du clocher) et Trémaouézan, et dans les chapelles de Lambader en Plouvorn et de Cuburien en Morlaix.

La statue de l'église de La Roche-Maurice est visiblement amputée de son bras droit. Avant d'être cassé, sans doute avait-il le même geste qu'on lui voit sur le dessin de gauche ? Fort probablement. Et sans accuser quelques dégradations au temps de la Révolution, on se doute bien que ce bras levé vers le ciel était la partie la plus fragile de la sculpture.

Saint Vincent Ferrier


Dans la chapelle de Lambader
à Plouvorn.

Dans l'église de Ploudalmezeau

Dans la chapelle de Cuburien
en Morlaix

A la Vallée des Saints
de CarnoëtFermer X

Alain de Coativy au Folgoet


Le cardinal de Coativy, par Émile Hirsch 1889, Baie n°100, Basilique du Folgoët. Photographie Jean-Yves Cordier lavieb-aile mai 2017.


 Le cardinal de Coativy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie Jean-Yves Cordier lavieb-aile mai 2017.

Le calvaire avec la statue du cardinal avant la révolution.
 

Sources

ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest


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 André Croguennec - Page créée le 13/12/2019.

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