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Les seigneurs de Brezal, défenseurs du territoire | |
Introduction
L'un des rôles de la noblesse était la défense de ses terres et la protection de ses vassaux, nobles ou roturiers. Les nobles devaient également contribuer à ce rôle auprès de leur suzerain et, en cas de besoin, jusqu'au niveau le plus haut, c'est-à-dire le Duc de Bretagne (et plus tard le Roi de France). Des "montres militaires" étaient organisées pour exposer les capacités des seigneurs à défendre le pays, comme on le verra plus bas.
Les nobles, en tout cas à un certain niveau, étaient aussi les gardiens de l'ordre public sur leur fief.
En outre, ils exerçaient souvent un rôle effectif en ce qui concerne la justice. Selon l'importance de la seigneurie, celle-ci avait un droit de basse, moyenne et haute justice :
- haute justice : le seigneur (ou plus exactement le juge seigneurial) peut juger toutes les affaires et prononcer toutes les peines, dont la peine capitale. La haute justice jouit de la plénitude de juridiction au civil comme au pénal.
- moyenne justice : le seigneur peut juger les rixes, injures et vols. Les délits ne peuvent être punis de mort. Pratiquement, la moyenne justice joue un rôle important au civil, notamment en matière de successions et de protection juridique des intérêts des mineurs : apposition de scellés, inventaire des biens des mineurs, nomination des tuteurs, etc.
- basse justice : le seigneur peut juger les affaires relatives aux droits dus au seigneur, cens, rentes, exhibitions de contrats et héritages sur son domaine. Il s'occupe aussi des délits et amendes de faibles valeurs (dégâts des bêtes, injures, amendes faibles. Il doit posséder sergent et prison afin d'y enfermer tout délinquant avant de le mener au haut justicier.
Nous allons voir, ici, comment les seigneurs de Brezal s'acquittaient de ces trois fonctions. On pourra consulter la généalogie synthétique du nom de Brezal pour situer les différents intervenants. Les successeurs du marquis de Brezal ne semblent pas s'être investis dans des fonctions locales du même genre : Jacques-Gilles de Kersauson était, lui, conseiller au parlement de Bretagne.
Détail des fonctions exercées par les seigneurs de Brezal au cours des siècles
- Montres :
Montres : C'étaient des revues militaires de la noblesse : elles rassemblaient les nobles, regroupés par paroisse et en armes afin d'établir et de corriger la capacité militaire de la noblesse locale. Il s'agit alors de s'assurer que la noblesse est suffisamment équipée pour participer à la défense du duché. Cet équipement est défini selon un barème qui tient compte de la fortune. L'ordonnance du 7 mai 1477 définit longuement les obligations de chacun, les possibles motifs d'exemption mais surtout les peines auxquelles s'exposent les défaillants.
1378 : Yvon de Brezal est signalé à la montre de la noblesse de Gouesnou, près de Brest, le 15/10/1378
Revue du Sire de Léon (1378)
La revue du sire de Léon, baron, deux chevaliers bacheliers et 22 escuyers de la compagnie dudit sire, estant aux gages du roi nostre sire en ces présentes guerres au païs de Bretagne, faite à la bastide de St-Goueznou près Brest le 15è jour de fevrier l'an 1378.
Chevaliers
Premièrement, le dit sire de Léon, banneret
Monsieur Pregent de Trelener
Monsieur Hervé de Leheuc
Escuyers
Guillaume de Leheuc Guillaume Riou Olivier Telener Salmon Lemenven Guyomar Huon Maurice Kerasquer Jean Guyomar |
Nouel Rosseuf Bernard de Mescouez Hervé Cozic Derien de Bernel Jean Kerliner Morice Lohan Olivier Le Moyne Jean Pen |
Yvon Brezal Olivier de Cornouaille Guillaume Kerbellami Hervé de Rest Guyon Seneschal Yvon Guenaut Hervé Guernoualan |
Histoire de Bertrand Du Guesclin par Christophe-Paulin de La Poix Fréminville. X
- 1383 : Yvon de Brezal est, de nouveau, signalé à la montre d'Alain de Rohan, sire de Léon, chevalier banneret et 30 écuyers de sa chambre, reçue à Therouanne, le 28 septembre 1383.
Le seigneur de Brezal était donc présent à ces deux montres de son suzerain, le duc de Rohan, prince de Léon.
- 1481 : Yvon de Brezal, fils de Guillaume et de Isabelle de Kerazret, est présent à la Montre générale du Léon, avec Yvon Nuz, son beau frère.
- 1503 : Guillaume, seigneur de Bresall en Plouneventer, noté aux "montres généralles des nobles annoblis et tenants fief noble en l'évesché de Léon" à Lesneven le 25 septembre 1503. Mais il doit briller par son absence car "l'on dit qu'il est au service de la Royne pour ce excusé". C'est vrai que Guillaume de Brezal était "page à la garde de la Duchesse Anne". Sont cités également Me Hervé Bresal de Lanhouarneau, garde de son fils, en brigandures espées salades et javelines ; Jehan Bresal de St-Vougay, en brigandures, injunction de gorgellets.
- 1557 : Le Sr de Bresal, homme d'armes, à Saint-Renan le 24 août 1557. Sont cités aussi les archers : Guillaume Bresal de Plouescat et Pierre Bresal de Lanhouarneau.
- Rôles et titres des personnes :
Francs Archers : C'était une milice levée parmi les « gens de commun » pour veiller à la garde et à la défense du pays. Elle fut institutée par Jean V, duc de Bretagne, dans son ordonnance du 20 mars 1425.
Celle-ci stipulait que 3 à 6 personnes ou plus devaient être choisies dans chaque paroisse, selon sa taille, pour assurer, en plus des nobles, la protection du duché. Ces personnes devaient être choisies en fonction de leurs aptitudes, par des commissaires mandatés pour cela, puis armées aux frais des fabriques. Cet armement était différent selon que l'individu savait ou non tirer à l'arc. Les Francs Archers étaient enregistrés sur des rôles communiqués au duc pour qu'il ait connaissance des moyens sur lesquels il puisse compter. Ils étaient exonérés de l'impôt.
Pour mettre en place cette organisation, le duc nomma "en l'évesché de Léon, noz amiral et president, les sires du Chastel, de Carmaouan et chascun".
Le rôle de cette milice devint essentiel. "Le capitaine général des francs-archers était une des plus importantes fonctions militaires du duché. A la fin du XVIè siècle, vers 1580, il n'est plus question de francs-archers".
Yvon de Brezal (ca 1450-1502) :
- Capitaine des Francs Archers de l'Evêché de Léon en 1479 et
en 1499 (par lettre du Roi, cf ADB 1 E 1199)
- Capitaine aux Compagnies d'Ordonnance du Duc de Bretagne en 1481.
- Guillaume de Brezal (ca 1485-1555), fils du précédent :
- Capitaine des Francs Archers de l'évêché de Leon en 1502
(par lettre de la reine Anne, cf ADB 1 E 1199)
- Guillaume de Brezal (ca 1562-1609), petit-fils du précédent :
- Capitaine d'une compagnie de 50 hommes d'infanterie
- Vincent de Brezal (1586-1625), fils du précédent :
- Capitaine de huit paroisses riveraines de l'Elorn en 1623
- Chevalier de l'Ordre du Roi en 1623
- Guy de Brezal (ca 1620-1691), fils du précédent :
- Capitaine gouverneur et surintendant pour la conservation et la sureté du pays et côtes maritimes
Ban et arrière-ban : terme féodal utilisé à partir du XIIème siècle. Le "ban" désignait les vassaux directs du seigneur et "l'arrière-ban" représentait les vassaux indirects, à savoir les vassaux des vassaux.
Les vassaux, titulaires de fiefs, devaient au seigneur, donc au roi en particulier, un temps de service militaire, le service d'ost : ils formaient le ban.
En cas de grand péril, les seigneurs procèdaient à la levée en masse de tous les hommes, vassaux et paysans : c'était l'arrière-ban.
Joseph de Brezal (ca 1665-1734), fils du précédent :
- Colonel de l'arrière ban de l'évêché de Léon et
- Capitaine général des gardes-côtes en 1693
- Prévôt de la foire de La Martyre
Le marquis de Brezal avait été nommé commandant de la noblesse de l'évêché de Léon par une commission du Roi et une lettre du Maréchal d'Estrées ; et capitaine des gardes-côtes par un ordre du Maréchal d'Estrées (source ADB 16 B 742). Jean II d'Estrées (1624-1707) fut maréchal de France de 1681 à 1707.
On trouvera plus bas, une section consacrée au rôle de Joseph de Brezal en tant que "capitaine général des gardes-côtes" à l'époque de Vauban.
- Tenues du ban et de l'arrière ban de l'Evêché de Léon (de 1525 à 1642) :
Dans son inventaire des actes à fournir pour preuve de noblesse en 1666, Guy de Brezal cite : "Onze piesses qui sont commissions du Roy et des lieutenants généraux de la province de Bretaigne données aux seigneurs de Bresal tant pour la tenue du ban et arrière ban de l'évêché de Leon, pour la levée de gens de guerre que receu de la solde au château de Brest pour équipement des vesseaux du Roy". Ces pièces s'étalent sur la période de 1525 à 1642. (ADB 1 E 1199).
- Les seigneurs de Brezal, prévôts de la foire de La Martyre.
Si grande était l'affluence des gens qui venaient à la foire de La Martyre, qu'on avait établi une garde pour le maintien de l'ordre. C'était le marquis de Brezal, qui avait, donc, la garde de la foire et la charge d'y faire règner l'ordre.
Pourquoi les seigneurs de Brezal étaient-ils prévôts de cette foire ? La réponse est peut-être dans cette information relevée par Hervé Torchet : " La chapelle de la Martire dédiée de Notre Dame qui est fort belle et renommée à cause d'une célèbre foire qui s'y tient chaque année et commence le (blanc) juillet et dure huit jours, elle est dans la terre du sr de Brésal à cause de Kerfaven ".
- Interventions remarquables (militaires ou assimilées) :
- Gabriel de Brezal (frère de Guillaume, époux de Marguerite Le Senechal) meurt lors du combat de la "Cordelière" contre les anglais, près de la pointe St-Mathieu, en 1512.
- Guillaume de Brézal (1485-1555), époux de Marguerite Le Senechal, mène de nombreuses actions, par exemple : l'organisation de la défense des côtes (1524) - l'armement de plusieurs vaisseaux de guerre dans les ports de Brest et de Concarneau (1525) - l' organisation de la garnison en Bretagne (1540) - la conduite de 400 hommes d'armes et 6000 hommes à pied traversant la Bretagne pour s'embarquer à Brest (1544).
- Guillaume de Brézal (1562-1609), époux de Jacquette du Louët et fils d'Olivier, prend part aux guerres de la Ligue sous la bannière de la Sainte-Union et assiste au siège de Kerouzere en 1590
Nous soubsignants Vincent, sieur de Ploeuc, capitaine du ban et arrière-ban de l'Evesché du Léon ; Olivier de Kercoent, seigneur de Kergournadec'h, enseigne dudit arrière-ban ; François, seigneur de Kersauson, commissaire dudit arrière-ban ; Guillaume, seigneur de Brezal ; Hervé Parcevaux, seigneur de Mezarnou ; François Barbier, seigneur de Kercoent ; Alexandre Le Borgne ; seigneur de Lesquiffiou ; Jehan Le Ny, seigneur de Coadelez ; Tanguy de Botigneau, seigneur de Pleuven ; Claude de Kerguilliau, seigneur de Kerscau ; François Dourdu, sr de Coatcren, sénéchal de Léon ; Alain Kercrist, sr de Kerbreder, procureur du Roy en Léon ; Hervé de Kersaintgily, sr de Keryvoaz ; François de Kersaintgily, sr de Traonjulien ; Alain Barbier, sr de Lescoat ; Hierosme Ryouallon, sr de Froutguen ; et plusieurs autres gentilhommes estant tous assemblés au camp du sieur de Kerouzere, soubz l'autorité et commandement de Monsieur Le Duc de Mercoeur, gouverneur et lieutenant général de Sa majesté, et cheff du party de la Sainte Union en pays et duché de Bretagne. Envoyé à Mr de Missirien.
Histoire ecclésiastique du Léon X
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La famille de Brezal semble très liée aux célèbres ligueurs qu'étaient Gabriel de Goulaine, Sr dudit lieu, et son frère Jean, Sr du Faouët, qui ont mené l'attaque contre le château de Kerouzere. Guillaume de Brezal, époux de Jacquette du Louët, était parrain d'Anne de Goulaine, fille de Jean ; alors que Mauricette de Goulaine, soeur de Gabriel et de Jean, était la marraine de Mauricette de Brezal, fille dudit Guillaume.
- Lors de ces guerres, Jean de Brézal, seigneur du Rest et de Mestiniou à Plouenan, oncle de Guillaume de Brezal, est fait prisonnier doit payer une rançon pour sa libération, au gouverneur Louis Le Prestre, nommé par le duc de Mercoeur à Concarneau.
La Martyre avec la maison du guet au premier plan
Dessin de Fons de Kort
Procès du guet de la foire de La Martyre (1718-1723) : Le seigneur de Brezal exerçait le commandement du guet de la foire. Mais en 1718, alors qu'il était à Paris, la garde, au lieu d'être faite par des hommes choisis par chaque fabricien, "fut composée de vagabonds et de gens sans aveu, en partie même domestiques du seigneur de Brezal qui, au lieu d'empêcher le désordre et de veiller à la sécurité des marchands, mettaient au contraire tout en usage pour les vexer et en exiger des droits excessifs, et qui surpassent au triple les droits que l'église doit percevoir."
Les fabriques de la trève commencèrent par présenter une requête à ce sujet en 1718 aux juges de Landerneau, par l'intermédiaire de maître Penven, "le vaillant avocat". Puis, le corps politique, après une délibération le 25 juin 1719, "fit démolir l'escalier en pierre du calvaire, boucher et maçonner les portes et fenêtres de la chambre de l'organiste de laquelle les soldats du guet prétendaient jouir en forçant les portes et fenêtres." De plus ils assignèrent devant la cour royale de Lesneven messire Joseph, marquis de Brezal, et Jacques de Kersaint, seigneur de Coatnempren, qui commandait la garde en l'absence du marquis.
Une ordonnance judicielle, rendue le 23 avril 1720, et un arrêt définitif en date du 14 janvier 1723 furent défavorables au corps politique. Il fut établi devant la cour, d'après les enquêtes de 1608 et 1616, que "le marquis de Brezal était en possession, par lui et par ses auteurs, du droit de guet et de garde et du droit de choisir leurs archers qui portaient bandolières garnies de leurs livrées et armoiries desquelles du reste le corps politique était chargé." On fit état de plusieurs documents, sur quoi, la cour reconnaissant le seigneur de Brezal commandant né de la foire, condamna la partie adverse à rétablir l'escalier en pierre, à remettre en état le corps de garde, à déboucher les portes et fenêtres de la chambre y attenant, à payer une amende de 20 livres. (source Michel de Mauny - Le pays de Leon - 1977).
- Justice :
- Guy de Brezal déclare en 1666 : " La seigneurie de Brezal est le siège de juridictions de basse et moyenne justices exercées pendant près de deux cents ans, discontinues depuis les 50 à 60 ans vérifié par les cahiers d'audience juridiciaires faits par devant les officiers de ladite juridiction de Bresal". (source Actes fournis pour preuve de noblesse - Fonds Brezal - ADB 1 E 1199)
Effectivement, les jugements de la juridiction s'étant, donc, progressivement espacés à partir du début du 17è siècle, cela explique qu'on ne trouve aucun acte de ce type dans l'inventaire après décès du marquis de Brezal, réalisé en 1735.
- Exécution de sentences capitales : En 1679, sous Louis XIV, on trouve une lettre comminatoire du commissaire-réformateur du domaine royal, reprochant au seigneur de Brézal de l'époque, Guy, de manquer aux devoirs de sa charge, et lui enjoignant d'y remédier. Il s'agissait de la charge de veiller à l'exécution des sentences capitales de la ville de Morlaix en l'occurrence, de fournir, à l'occasion, un bourreau, une potence et des cordes. Guy de Brézal lui répondra qu'il n'a plus les moyens d'assurer celle-ci, ayant déjà en charge la prévôté de la Foire de La Martyre, pour y faire monter la garde "contre les larrons, chalands et vendeurs" (sic), et y organiser, pour clôturer la fête, la traditionnelle ripaille où il convenait de convier la très nombreuse noblesse d'alentour. (source Joël Le Bras)
Joseph de Brezal, capitaine général des gardes-côtes
Les informations qui suivent proviennent essentiellement des manuscrits du fonds Vauban et du livre Les oisivetés de Mr de Vauban (cf sources plus bas).
Dès 1685, Louis XIV avait chargé Vauban d'inspecter le littoral de Dunkerque à Bayonne. Une des priorités était la défense du port de Brest, depuis que Richelieu en avait fait un port militaire et décidé d'y installer des arsenaux ainsi que la flotte du Ponant. Le 18 juin 1694 eut lieu la bataille de Camaret, au cours de laquelle Vauban mit en déroute les troupes anglaises et hollandaises débarquées par une importante flotte d'invasion.
Mais la menace restait permanente, Vauban continua donc son oeuvre pour accentuer la défense du littoral de la pointe bretonne. C'est dans ce cadre qu'il faut lire les renseignements présentés ici.
1 - Domaine d'intervention et de commandement du marquis de Brezal :
Outre son rôle de colonel de l'arrière ban de l'évêché de Léon, le marquis Joseph de Brezal commandait l'une des neuf capitaineries de gardes-côtes qui assuraient la protection de la pointe ouest de Bretagne. Des Côtes d'Armor au sud du Finistère, elles étaient réparties ainsi :
- De la rivière du Guildo à celle du Legué près St-Brieuc, c'était le département de M. de la Provostaye
- De la rivière du Legué à celle de Pontrieux ou de Lysle au bois, c'était le département de M. de la Sourdière
- De la rivière de Pontrieux ou de Lysle au bois à celle de Lannion, cétait le département de M. de Lezerdot
- De la rivière de Lannion à celle de Morlaix, c'était le département de M. de Lomaria
- De la rivière de Morlaix à celle de l'Aber-Benoist, c'était le département de M. de Brezal.
Il y avait deux enclaves dans cette distance dépendantes de M. de Trofagan qui sont St-Paul et Roscof.
- De la rivière de l'Aber-Benoist à Landerneau, c'était le département de M. de Coataudon
- De Landerneau à la rivière de Douarnenez, c'était le département de M. de Lezurec
- De la rivière de Douarnenez à celle de Benodet, c'était le département de M. de Minevin
- De la rivière de Benodet à celle de de Quimperlé, c'était le département de M. de Bienassis
Autres précisions (source Les oisivetés de Mr de Vauban), qui semblent traduire une évolution après 1694 :
" A l'égard de la côte, elle sera beaucoup plus exposée qu'elle ne l'était auparavant, parce qu'elle ne sera plus gardée par les troupes règlées ; mais, outre qu'elle n'est pas de la conséquence du Goulet à beaucoup près, on pourra la départir aux milices garde-côtes, faisant un peu resserrer la capitainerie de Brézal sur la gauche et celle de Mineven (1) sur la droite, afin de remplir le vide de capitaineries de Coataudon (2) et de Lezurec (3), dont on a tiré quantité de canonniers de milice pour les batteries.
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(1) Le manoir de Kervern, appartenant aux Boisguehenneuc, dont l'un des membres participera à l'expédition de Kerguelen vers les mers australes, est situé à Mineven, siège de la capitainerie garde-côtes dans l'actuelle commune de Pouldergat.
(2) Coataudon à l'est de Brest (aujourd'hui Guipavas).
(3) Le manoir de Lezurec appartint du XIVè siècle jusqu'à la révolution à la famille Menez de Lezurec et était situé dans l'actuelle commune de Primelin. On voit donc que deux de ces capitaineries sont situées dans l'évêché de Léon et deux dans celui de Cornouaille ".
Règle pour le département de M. le marquis de Bresal, capitaine garde-coste dans l'Evesché de Léon
annotés le nombre des corps de garde de la coste, les gardes ordinaires, les paroisses qui y sont sujettes, celles qui ne sont qu'aux allarmes, le nom des capitaines de paroisses, le nombre de gens choisis et commandés pour le secours du port de Brest et des autres endroits du département en cas d'attaque.
M. le marquis de Brezal garde-coste commandant à tout le département.
M. de Tromelin, son lieutenant. |
Nom des corps de garde | Gardes ordinaires | Paroisse sujette à la garde | Nom des capitaines | Nb des mousquets et fusils | Piques | Le 1/3 des fusils pour le secours de Brest... (*) | Paroisse simplement sujette aux allarmes | Nb de fusils et mousquets | Piques |
Taulet | 12 | Taulet | M. Leusornou | 250 | 190 | 83 | Lesneven | 80 | 80 |
Plougoulm | 12 | Plougoulm Sibiril | Guillaume Henry M. de Marot | 80 40 | 60 40 | 26 13 | Kernilis Tregarantec | 60 60 | 40 40 |
Cleder | 12 | Cleder | M. de St-Gilles | 230 | 200 | 83 | Lestrec ou Guicquello | 60 | 40 |
Plouescat | 12 | Plouescat | M. de Kerneuck | 130 | 80 | 43 | Kernoues | 30 | 10 |
Sous-gardes dans corps de garde | 12 | Guineves | M. de Kerrennou | 200 | 150 | 66 | Languengar | 10 | 5 |
Plouneour-Tres | 12 | Treflez Goulven Plouneour | M. du Bodon Yves de Cref Jean Simon | 60 30 130 | 40 30 100 | 20 10 43 | Lanouarno Plouneventer Ploudaniel | 30 200 200 | 30 130 200 |
Plouider | 12 | Plouider | M. de Lamarche | 180 | 150 | 60 | St-Vougay | 60 | 40 |
Kerlouan | 12 | Kerlouan | Vincent Castel | 150 | 50 | 50 | Guicar et Bodilis | 120 | 80 |
Guicseny | 12 | Guicseny | M. de Kergouniou | 200 | 150 | 66 | Guicourvest | 150 | 100 |
Tromenech | 12 | Tromenech | M. du Mouster | 30 | 20 | 10 | | | |
Plouguerneau | 12 | Plouguerneau | 200 | 150 | 66 | | | |
Lannilis | néant | | | | | | | | |
Crozon | 30 | Lanilis | M. de Villeaubray | 200 | 90 | 66 | | | |
Landeda | M. de Rosveny | 100 | 30 | 33 | | | |
Brouennou | Pas de capitaine | 30 | 10 | 10 | | | |
Landeda | 6 | | | | | | | | |
14 | | 17 | 15 | 2.240 | 1.640 | 740 | 12 | 1.060 | 735 |
(*) Le 1/3 des fusils choisis et commandés pour le secours de Brest ou autres endroits attaqués du département.
Les corps de garde de ce département ont ordinairement 18 pieds de long sur 10 de large, dans autres un peu plus un peu moins, quelques voûtes sans autre couverture, tous ??? à la pluye et n'ont ny plancher ny lit de camp ny table et beaucoup sont mal placez et pas un ?? de guérittes pour mettre ses sentinelles à couvert. Le mémoire particulier instruira de leur besoing. |
Taulet | Réparer sa couverture et y mettre des portes et fenestres |
Plougoulm | En assez bon estat |
Cleder | Sa voûte perce |
Plouescat | En asssez bon estat |
Guineves | Point de corps de garde cependant très nécessaire pour les signaux |
Plouneour-Tres | Réparer sa couverture |
Plouider | Sa voûte perce |
Kerlouan | Idem |
Guicseny | Idem |
Tremenech | Bâty à neuf cependant prest à tomber |
Plouguerneau | Sa voûte perce |
Lanilis | Point... sa garde est supprimée pour l'isle de Crozon |
Landeda | Très méchant, fort petit et n'est couvert que de gazon qui n'empêche pas la pluye. Ce sera un détachement de Crozon de 6 hommes. |
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Devant l'état de délabrement des corps de garde, le Sr Garengeau, ingénieur ordinaire du roy, mandaté par Monsieur de Vauban, lieutenant général des armées du Roy, commandant en Basse-Bretagne sous l'authorité et en l'absence de Monsieur le Duc de Chaulnes, gouverneur général de la province, fit pendant le mois d'août 1694 un examen des corps de garde de la côte nord. Il en déduisit les réparations et constructions à faire, entre autres, dans le département de M. de Brezal, et dans les deux enclaves dépendantes de M. de Trofagan :
Lieu | Coût en livres | |
Corps de garde de Tolée | 70 # |
Le corps de garde de Meneham en Kerlouan aujourd'hui En 1694, sa voûte était percée. Il était prévu de la réparer pour 58 # seulement !!! Il est, donc, fort probable que le corps de garde ait été reconstruit plus tard, pour être dans un tel état de conservation maintenant. |
Lenez dans la rivière dudit nom, près St-Paul : on ny monte plus la garde | 10 # |
St-Paul | 120 # |
Roscof | 78 # |
Chasteau Large | 45 # |
Pleider | 82 # |
Plouescat | 82 # |
Un corps de garde à faire à neuf en la paroisse de Guinevez sur la hauteur où l'on monte la garde et où il n'y en a jamais eu | 730 # |
Pontdusval | 62 # |
K/louan | 58 # |
Guiseny | 60 # |
Tremanech | 150 # |
Plougarnau | 150 # |
Landeda est de nul valeur et il y en faudroit un neuf | 730 # |
TOTAL | 2.427 # |
2 - Rôle du marquis de Brezal, en tant que capitaine :
A - Description sommaire faite par sa fille :
" Il étoit pourvu de la charge de capitaine général garde-côtes de l'évêché de Léon au département d'Aberwrac'h, en cette qualité il étoit obligé de faire sa résidence en Bretagne. Il ne pouvoit s'absenter de la province sans une permission expresse de l'amiral parce que ces sortes d'officiers sont obligés de faire des revues et de pourvoir aux charges vacantes des capitaines et autres officiers en chaque paroisse lorsqu'elles viennent à vacquer, ils doivent encore veiller par eux mesmes à ce que la discipline soit observée dans la milice et donner les ordres nécessaires pour le service de la garde-côtes (source ADIV C.3770)."
B - Son rôle d'après les instructions de Vauban, valables pour tous les capitaines :
- Faire évoluer l'armement des gardes : "faire changer les piquiers en mousquets et fusils".
- Faire travailler le quart de la compagnie à l'achèvement et réparation des retranchements.
- Assurer la discipline et l'obéissance des hommes à leurs supérieurs.
- Mettre en oeuvre la formation militaire des paysans des paroisses.
- Faire "assembler les compagnies les festes et dimanches pour leur faire faire l'exercice et leur aprendre à marcher et à garder les rangs, leur file, et à se bien servir de leurs armes".
- Vérifier que des gens aisés ne soient pas dispensés de la garde ni d'avoir des fusils... ni qu'ils "emploient des paysans de la garde à leurs ouvrages particuliers".
- Créer un détachement perpétuel avec le tiers des meilleurs fusiliers et mousquetaires de chaque paroisse. Avec ces détachements, former un bataillon dans le département commandé par le capitaine garde-côte. Ces bataillons devant servir au secours de Brest en cas de besoin ou en " tel autre endroit de ladite coste qu'il sera jugé à propos par l'officier général qui commandera en Basse-Bretagne".
- Tenir un rôle des hommes de ces détachements
- Rendre compte "à celuy qui commandera en Basse-Bretagne non seulement des gardes et de tout ce qui se passera le long des costes, mais encore de ceux qui s'acquitteront de leur devoir et de ceux qui le négligeront, afin que s'il y en a qui se négligent de leur faire payer une amende arbitraire au profit des pauvres de la parroisse et à celuy des réparations et entretiens des corps de garde".
C - Instructions spécifiques au marquis de Brezal :
On trouve, dans les archives du "fonds Vauban", un brouillon de lettre adressée à M. de Brezal qui traite de la mise en place et de la réparation de retranchements spécifiques. Sa lecture est très difficile : je crois y avoir deviné quelques noms de lieux : Quernich, Plounevez, le port de Tremenech, ...
Annexe 1 - Etat de la défense de Brest et de ses environs en 1694
Cet état, pièce du fonds Vauban, nous permet de situer l'intervention du marquis de Brezal dans le cadre général de la défense de la pointe de Bretagne. On déduit notamment qu'en tant que colonel de l'arrière-ban de l'évêché de Léon, il commandait environ 120 hommes. Quant à sa fonction de capitaine des gardes-côtes, il dirigeait une des 9 capitaineries, on en trouvera le détail plus haut.
Estat présent de Brest, de son port et des rades de la côte, avec celui des troupes commises à sa garde pendant l'année dernière 1694. Pour rendre compte à sa majesté.
Six bataillons d'infanterie de troupes réglées sçavoir : | |
- le régiment de Vauge de | 600 hommes |
- le régiment d'Orléannois d'environ autant | 600 hommes |
- deux bataillons de Salis de | 1.200 hommes |
- les deux de Boissière et de la Rochefourbon | 1.200 hommes |
16 compagnies franches de la marine faisant environ | 1.500 hommes |
La garnison du chasteau consistant en 7 compagnies ne faisant que | 300 hommes |
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Total | 5.400 hommes |
Cavallerie | |
- le régiment Duplessy | 480 hommes |
- le régiment de Verrüe, dragons | 480 hommes |
L'un et l'autre en bon estat. |
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Total de la cavallerie des troupes règlées | 960 hommes |
Milices | |
- les compagnies bourgeoises de Brest, quelques ... | 1.400 hommes |
- les 9 capitaineries gardes-costes des quatre éveschés composées de plusieurs paroisses | |
faisant à tout compter et le fort portant le faible 5.000 hommes chacune | |
et pour les neuf environ | 45.000 hommes |
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Total de l'infanterie milice du pays | 46.400 hommes |
qui n'est obligée qu'aux gardes de la coste et aux allarmes. La sixième partie de ce monde | |
seroit assez bonne si elle estoit en règle et disciplinée. | |
Arrière-bans | |
- La noblesse des quatre évêchés fait autant de régiments qui peuvent être de 120 ms chacun | |
La plus grande partie mal montés et en très méchant estat. Les quatre ensemble sont : | 480 hommes |
- Les arrières-bans de la prévosté de Paris, Orléannois, Chartres, Blois et Touraine faisant | |
quatre escadrons et quelques 100 ms chacun sont au plus les plus grandes parties mal | |
montés et le tout très mauvais faisant pour les quatre | 400 hommes |
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Total des arrière-bans | 880 hommes |
Abrégé de toutes les troupes : | |
- Infanterie des troupes règlées | 5.400 hommes |
- Cavallerie | 960 hommes |
- Milices de Brest et de la province | 46.400 hommes |
- Arrière-bans des quatre éveschés | 480 hommes |
- Arrière-bans des provinces éloignées | 400 hommes |
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Total général | 53.640 hommes |
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Outre et par dessus cela, il y a eu dans les batteries jusqu'à 12 à 1300 canonniers à la solde du Roy, tous bons hommes.
Annexe 2 - Ordre de Vauban aux capitaines gardes-côtes (imprimé)
DE PAR LE ROY
LE SIEUR VAUBAN LIEUTENANT GENERAL
des Armées du Roy, Commandant pour le service de Sa Majesté en Basse-Bretagne, en l'absence de Monsieur le Duc de Chaulnes.
Ayant été informé que nonobstant l'Ordonnance que nous avons rendue, tant pour les signaux qui se doivent faire le long de la côte, que de la garde qui s'y devoit monter pendant cette campagne, la plupart des Capitaines Gardes-Côtes y faisoient si peu d'attention & les paroisses étoient si négligentes à y envoyer le nombre d'hommes portez par les règlements, qu'on a trouvé les corps de garde entièrement dégarnis d'hommes, & étant nécessaire de remédier à un abus aussi préjudiciable à la sûreté de la province & au bien du service de Sa Majesté,
Nous avons ordonné & ordonnons que les Capitaines Garde-Côtes répondront en leur propre & privé nom de la garde qui se doit faire chacun dans son département. Nous envoyerons incessament un état de leur corps de garde, du nom des paroisses qui la doivent faire & du nombre d'hommes qui la doivent monter, visiterons souvent lesdits corps de garde, pour pouvoir nous informer de ceux qui auront manqué à s'y rendre, lesquels seront condamnez pour la première fois à 20 sols d'amende, la moitié applicable aux pauvres de la paroisse & l'autre moitié à la réparation du corps de garde, & en cas de récidive à une plus grosse peine que nous ordonnerons.
Défendons de souffrir que les habitans des paroisses fassent monter leurs gardes par des enfants ou gens sans avû, ainsi qu'il s'est pratiqué jusqu'à présent, & seront obligez de la monter eux-mêmes ou de mettre à leur place gens connus & d'âge à faire le service.
Ordonnons aux sergens ou caporaux de garde lorsqu'ils la deffendrons d'avertir les Capitaines Gardes-Côtes de ceux qui auront manqué ou qui se seront absentez pendant la garde & de leur en donner un rôlle qui nous sera aussitôt envoyé à peine de prison & d'une amende de 5 livres contre lesdits sergens ou caporaux, applicable comme il est dit cy-dessus.
Et comme nous sommes informé que la plupart desdits sergens & caporaux donnent des permissions à leurs parents & amis de s'absenter après avoir monté la parade, il sera permis à tous les habitans de nous dénoncer, & aux Capitaines Gardes-Côtes, ceux qui n'auront point monté la garde ou qui l'auront quittée avant d'avoir été relevez, auxquels cas ils profiterons de l'amende ordonnée contre les sergents, caporaux & défaillans.
Et sera la présente ordonnance publiée au prône de la grande-messe, affichée aux églises & corps de garde & exécutée sans difficulté.
Fait à Brest, le 7è juillet 1694. Vauban
Annexe 3 - Sources principales des informations
ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest
ADQ = Archives Départementales du Finistère à Quimper
ADIV = Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine
AN = Archives Nationales
- Actes fournis pour preuve de noblesse par Guy de Bresal en 1666 (ADB 1 E 1199)
- Inventaire après décès de Joseph de Brezal - 24/5/1735 (ADB 16 B 742)
- Etats de Bretagne - Procedures diverses (ADIV C.3770)
- Fonds Vauban - Brest (AN - archives privées)
- Les oisivetés de Mr de Vauban, par Sébastien Le Prestre de Vauban
- Histoire de Bertrand Du Guesclin par Christophe-Paulin de La Poix Fréminville.
- La réformation des fouages de 1426 - Diocèse ou évêché de Léon par Hervé Torchet
- Définition d'une montre (http://www.tudchentil.org/spip.php?rubrique36)
- Ordonnance de création de la milice des Francs-Archers par le duc de Bretagne Jean V du 20 mars 1425 (http://www.huchehault.com/diell/fa-f.htm)
- Histoire ecclésiastique du Léon, manuscrit sur Gallica
- La défense des côtes de Bretagne au 16è et 17è siècles par Charles de La Lande de Calan - Revue Bretagne et Vendée, 1892
- Les milices garde-côtes de Bretagne en 1766 par Charles de La Lande de Calan - Revue Bretagne et Vendée, 1891
- Le pays de Léon par Michel de Mauny - 1977
- Le château de Brezal en Plouneventer par Joël Le Bras (in Cartouest n° 93 janvier 2003, n° 94 avril 2003 et n° 95 juillet 2003)
- ... etc...
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André J. Croguennec - Page créée le 16/11/2015, mise à jour le 23/11/2015. |
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