Joseph de BREZAL

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sa signature dans un acte de 1692
  • Marquis de Brezal
  • Capitaine général des gardes-côtes et colonel de l'arrière ban de l'évêché de Léon en 1693
  • Né vers 1665
  • Décédé le 25 novembre 1734, St-André-des-Arts, Paris
  • Enterré à St-André-des-Arts, Paris
  • A l'âge de 69 ans

De gueules
à 6 besants d'or 3.2.1

Parents

Mariages et enfants

Relations

Blason de Brezal dans un armorial de 1639
par Jean Robin (source Tablettes Rennaises)


D'azur a remplacé de gueules, le bleu a remplacé le rouge. Une brisure ? Mais quel membre de la famille, avant 1639, concerne-t-elle ?


Une brisure est un élément qui modifie un blason hérité. Elle est utilisée pour distinguer aînés, cadets ou bâtards. Les brisures les plus pratiquées sont : Le chef d'une lignée porte généralement les armes pleines de sa famille à titre personnel. Les autres membres de la famille (y compris les aînés, avant la mort de leur père) n'y ont pas pleinement droit, et doivent en principe y apporter une brisure pour composer leurs armes personnelles (ou se contenter de porter les armes de la lignée, mais pas à titre personnel).

Notes

  1. Famille :
    Vincent de Brézal, fils de Guillaume, est né le 15 février 1586. Le 6 juillet 1617, il épousa la belle et spirituelle Marie de Coskaer. Ils n'eurent qu'un enfant, Guy, qui épousa Suzanne de Pentrez. Leur fils, Joseph, épousa Françoise Antoinette de Marnière. Il mourut le 25 novembre 1734 sans laisser d'enfant du sexe masculin, si ce n'est un fils de 22 ans, mais qui décèdera le 15 janvier suivant. Avec eux s'éteignait le nom des "de Brézal" qui avait brillé pendant 400 ans en ce château. Pour plus de détails, voir la généalogie synthétique des "de Brezal".

  2. Mariage (source BMS de Guer 1692 - archives Morbihan en ligne - vue 309) : Le 12è jour d'octobre 1692 s'est fait le mariage de haut et puissant seigneur messire Joseph de Bresal, chevalier seigneur marquis dudit lieu de sa paroisse de Guiniventer, évesché de Leon et de damoiselle Françoise de Marnière, demoiselle de Guer, de la paroisse de Guer, évesché de St-Malo, authorisée de haut et puissant seigneur messire Julien de Marnière, chevalier seigneur marquis de Guer, son père, ledit seigneur de Bresal ayant banni une foys à saditte paroisse de Guiniventer et en dispense des deux autres bannies par monseigneur évesque de Léon en datte du 5è octobre ditte année et à l'égard de la demoiselle de Guer on a banny une foys à Guer ledit 5è octobre et à la dispense des deux autres bans par monseigneur de St-Malo en datte du 7è octobre audit an et ledit mariage fait et célébré en la chapelle du chasteau de Coebo par moy noble et discret missire Marin de Marnière, sieur recteur de Bruc et en présence des soussignants. Françoise de Marnière - Joseph de Bresal - Julien de Marnière - Suzanne de Bresal - ... du Boisbaudry de Guer - tomase de bresal - du curru - anne de bresal - gilles de marnière - jan de marnière - ... auguste de Grave - marie de marnière - françois joseph du Boisbaudry - guillaume du Camerru - Marin de Marnière Rr de Bruc.

    Chapelle et château de Coetbo (source 'http://voiciquelquesphotos.free.fr/guppy/articles.php?lng=fr&pg=129') : A coté de Guer (56380) se trouve le château de Coëtbo construit en 1647, composé de deux pavillons symétriques séparés par un corps de logis avec un grand escalier central. De chaque coté de cette belle bâtisse, se trouvent une chapelle vouée à Sainte Anne et un colombier.
     
  3. Fonctions occupées par Joseph de Brezal :
     
    • En Bretagne :
      - capitaine général des gardes-côtes et
      - colonel (ou commandant) de l'arrière ban de l'évéché de Léon en 1693.

      Description de ces fonctions par la fille ainée du marquis (ADIV C.3770) quand elle veut démontrer que le vrai domicile de son père est à Brezal et non pas à Paris : "Une autre preuve de la vérité de ce domicile ce sont les charges dont le feu Sr de Brezal étoit pourvu et qu'il exerçoit en Bretagne : il étoit commandant de noblesse de l'évêché de Léon en vertu de lettres patentes qui lui avoient été accordées par Sa Majesté. Il étoit en outre pourvu de la charge de capitaine général garde-côtes de l'évêché de Léon au département d'Aberwrac'h, en cette qualité il étoit obligé de faire sa résidence en Bretagne. Il ne pouvoit s'absenter de la province sans une permission expresse de l'amiral parce que ces sortes d'officiers sont obligés de faire des revues et de pourvoir aux charges vacantes des capitaines et autres officiers en chaque paroisse lorsqu'elles viennent à vacquer, ils doivent encore veiller par eux mesmes à ce que la discipline soit observée dans la milice et donner les ordres nécessaires pour le service de la garde-côtes.
      Cela laisse supposer que, lorsque le marquis habitera en permanence à Paris à partir de 1715, il aura abandonné ses charges en pays de Léon.

      - prévôt de la foire de La Martyre : le marquis de Brezal avait la garde de la foire et la charge d'y faire règner l'ordre.

      On trouvera une description plus précise de ces trois fonctions dans un chapître consacré au rôle des seigneurs de Brezal vis à vis de la défense du territoire et du maintien de l'ordre.
       
    • A Paris :
      Gentilhomme ordinaire servant par quartier, dans la maison de MONSIEUR. Monsieur était Philippe, duc d'Orléans (1640-9/6/1701), le frère unique du roi Louis XIV (1638-1715). Le marquis de Brezal avait acheté cette charge en mai 1700. Il ne devait normalement servir qu'un trimestre sur quatre, par quartier donc. Il n'est pas certain qu'il y ait servi longtemps, d'autant plus que le duc d'Orléans est décédé un an après l'achat de la charge par le marquis de Brezal. De plus, la fille aîné du marquis affirme que l'achat de cette charge "n'eut d'autres vues que de se mettre à couvert des tutelles et nominations de tutelles et qu'il n'a jamais fait aucune fonction de cette charge pour toutes sortes de raisons".

  4. La vie du marquis et de la marquise à Paris :

    • A propos des années où ils ont été présents à Paris et des faits marquants de leur séjour, voir la page concernant la marquise.
      Notons, quand même dès à présent, que le 11/06/1717 Joseph de Brezal fait partie du groupe de 39 seigneurs et gentilshommes qui signent la protestation contre l'attribution donnée à une commission issue du Conseil d'Etat de trancher dans l'affaire des princes du sang et des princes légitimés.

      On est sous la régence du duc d'Orléans. Les princes du sang demandent l'abrogation de l'édit de juillet 1714, par lequel Louis XIV avait accordé à deux de ses fils naturels le droit à la succession à la couronne. Ils demandent aussi l'annulation de la déclaration du 23 mai 1715, qui avait conféré à ces deux fils légitimés le titre et les honneurs de princes du sang. Suite à ces demandes, le Régent institue une commission de six membres qui doit se prononcer sur ce sujet.

      Nos 39 seigneurs et gentilshommes, dont Joseph de Brezal, prétendant, à eux seuls, représenter l'ordre de la noblesse, s'élevèrent contre cette manière de faire, qu'ils jugeaient contraire aux règles du droit public, et déclarèrent protester "de nullité contre tous les jugemens qui pourroient estre rendus sans l'assemblée des Estats généraux, directement ou indirectement, sur l'édit de 1714". Le Régent donna ordre de faire arrêter six des signataires, qui furent enfermés, les uns à la Bastille, et les autres à Vincennes.


      (source La Conspiration de Cellamare, épisode de la Régence, par Jean Vatout. TOME I - 1832.
      le texte qui suit est extrait des PIECES JUSTIFICATIVES DU CHAPITRE III)

       

      Les soussignez de l'ordre de la noblesse, estant instruits de la contestation formée entre les princes légitimes et les princes légitimez au sujet de l'édit de 1714, et de la déclaration de 1715 ; ensemble de la requeste présentée par les princes légitimez, dans laquelle ils ont demandé le renvoy à la majorité ; et en cas que le Roy juge à propos de décider pendant sa minorité, il luy plaise ne rien prononcer sur la succession à la couronne, avant que les estats du royaume juridiquement assemblez, n'ayent délibéré de l'interest que la nation peut avoir aux dispositions de l'édit du feu Roy, concernant la succession à la couronne, et s'il luy est utile et avantageux d'en demander la revocation, au préjudice de laquelle demande il a esté rendu un arrest qui ordonne que les requestes et mémoires des princes seront remis entre les mains des avocats et procureurs généraux du parlement de Paris, pour, après les avoir entendus en son conseil, estre pourvu sur lesdites requestes et mémoires, lequel arrest a esté suivi d'un autre, qui ordonne que les requestes et mémoires seront remis entre les mains du sieur de Saint-Contest, conseiller d'Estat, ensemble les autres requestes, mémoires et pièces qui pourront estre présentées au Roy, dans le vingtième du présent mois, pour, après que lesdites requestes, mémoires et pièces auront esté vues et examinées par le sieur de Saint-Contest, avec les sieurs Pelletier, Amelot, Nointel, d'Argenson et de la Bourdonnaye, aussi conseillers d'Estat, en estre délibéré au conseil d'Estat, ainsi qu'il appartiendra : ce qui fait presumer que l'on veut rendre un jugement sans assembler la nation.

      Comme la noblesse est capitalement intéressée dans une question qui regarde la succession à la couronne, et que le plus beau de ses privilèges seroit anéanti, si elle n'estoit appelée suivant les règles du royaume à cette décision, en attendant qu'il luy soit permis de s'expliquer par les formes ordinaires par ses députez. Comme il ne seroit pas juste qu'elle n'eust aucunes voix pour réclamer dans une occasion aussi importante, où il s'agit de la conservation du plus grand de ses droits, nous soussignez, protestons de nullité contre tous les jugemens qui pourroient estre rendus sans l'assemblée des Estats généraux, directement ou indirectement, sur l'édit de 1714. En ce qui concerne la succession à la couronne, déclarant que nous nous pourvoirons devant le Roy majeur, pour faire reparer tout ce qui pourroit estre fait au préjudice de la présente protestation ; en foy de quoy avons signé le présent acte. FAIT à Paris ce onzième jour de juin mil sept cens dix-sept.

      Signé sans distinction, ni difference des rangs et maisons, afin que personne n'y puisse trouver à redire.
      Guillaume Alexandre de Vieuxpont, Anne Pierre Davy de la Pailleterye, Louis Benigne de Beaufremont, Hector de la Tour du Pin de Montauban, Pierre de Jaucourt, Jean Severe de Rieux, Matthieu de la Rochefoucault, Louis François de Marans, Jean Christin de Wateville Conflans, Alexis Henry de Chastillon, commandeur des ordres du Roy, le chevalier François Marye Dogareiz de Saint Germain, Jules Depas Feuquier, Henry Louis de Caumont, Claude de Polignac, Jean François Mauclere Muzanchere, Louis de Mailly, Charles Louis Culy de Marsillac, Anne Louis Henry Dubois de Daubrey, Louis Mailly de Rubempré, Nicolas Joseph Baltazard de Langlade du Chaila, Louis Vincent de Goisbriand, chevalier des ordres du Roy, Jean Henry Fourcher marquis de Circé, le chevalier Henry Perrot de Saint-Dié, commandeur de Liège, Jean-Baptiste Darrot marquis de Poupéliniere, Louis Vincent de Belloy de Franciere, René Brandelis Champagne marquis de Villaines, de Vallée Champfleur, Paul Victor Auguste le Fevre de Caumartin, Chevalier de Malte, Joseph de Bresal, Anne Charles de la Rouere, Louis Joseph d'Alencourt de Baulenviliers, François de Valcroissant, Pierre de Clerment Gallerande, Claude Charles de Laval, François de Briqueville la Luserne, Charles le Tonnellier Breteüil, Scipion de Polignac, Guillaume Antoine de Chastelux.

      X

       
    • Estimation de leur niveau de vie par l'inventaire après décès du marquis

      Bien que le couple de Brezal ait vécu à Paris de nombreuses années, ils n'étaient pas propriétaires de leur résidence. "Le marquis de Brezal n'a jamais eu de maison à Paris, il y a toujours été logé comme un voyageur qui n'y étoit qu'en passant, qu'il n'y a jamais fait d'acquisition".
      Au moment de son décès, le marquis vivait avec la marquise "rue Guenegault en une maison garnie" tenue par "le Sieur Ayma appelée l'Hôtel d'Abbeville". Ils lui payaient un loyer de 150 livres par mois. Pour cette somme, ils disposaient de trois chambres ayant vue sur la cour : au second étage, une petite chambre et au premier une autre petite chambre et une autre plus importante. berlineIls avaient aussi une écurie pour abriter leur cheval, la berline qu'il tirait était rangée sous la porte cochère.
      De l'ensemble des biens possédés par le marquis et la marquise, il n'apparaît pas qu'ils vivaient dans le luxe :
      - le cheval est décrit ainsi : "un cheval sous poil noir ayant queue, crin et oreilles et hors d'âge, deux vieux harnois garnis de plaques de cuivre en couleur, prisés ensemble la somme de soixante livres".
      - quant à la berline : "une berline sur ses quatre roues, le corps en dedans garny de vieux velours couleur cramoisy ainsy que les deux coussins et siège remplis tant de plumes que de crin, prisée comme vieille et de peu de valeur, laditte berline armoriée aux armes du deffunt garnie aussy de ses trois glans (?), prisée deux cents vingts livres".
      Parmi les effets du couple, on peut remarquer quelques vêtements caractéristiques :
      - appartenant au marquis :
      • un justaucorps, veste et culotte de drap couleur ventre de biche garny en partie de son bouton de fil d'or, un autre justaucorps et veste de camelot petit gris, une culotte de drap couleur marron, un autre justaucorps et veste de drap rouge garny de boutons de cuivre doré, une vieille redingote de ratine rouge avec son bouton de poil de chèvre de la même couleur, une paire de souliers, deux mauvaises paires de bas de laine de différentes couleurs, une perruque nouée de cheveux châtains clairs, un vieux chapeau castor, une canne de jay (?) à pomme de coco, prisé le tout ensemble comme tel quel la somme de quatre vingt livres
      • dix neuf chemises à usage d'homme de toile blanche garnies de grosse baptiste, lesdites chemises élimées (?) et partie rapiècées, trois mauvaises cravattes de mousseline, quatre paires de chaussons, prisé le tout ensemble avec un bonnet tricotté et une paire de bas étrillés (?) la somme de vingt livres
      - appartenant à la marquise :
      • "trois chemises de toile blanche garnies de mousseline rayée, six mouchoirs de coton de différentes couleurs, deux garnitures de mignonnette avec leurs fonds, une paire de bas soye couleur de feu, prisés ensemble comme de peu de valeur six livres"
      • "deux robes dont une de taffetas bleu et l'autre de toile de couleur doublée de toile de coton, prisé ensemble aussy comme de peu de valeur la somme de seize livres"
      • "un couvre-pied brodé sur coton des Indes, une toilette composée de son dessous de mousseline brodée soye et or à petits bouquets détachés et son dessus de velours doublé de taffetas couleur cramoisy garny de sa frange d'or fin, un autre dessus de toilette d'esté de taffetas des Indes brodé à bouquets détachés, un miroir de dix-huit pouces de glace de large sur vingt-deux dans sa bordure cintrée de bois en façon de la Chine, deux quarrés, une boîte à poudre, deux amouches (?), une ???, un autre petit coffre avec sa pelote de velours le tout façon de la Chine, prisé ensemble la somme de quatre-vingt dix livres"
      Le montant de l'inventaire atteint la somme de 1.415 livres 14 sols 15 deniers, dont 655 livres 14 sols 6 deniers pour l'argenterie.

      Mais le marquis et la marquise ne payaient pas immédiatement leurs fournisseurs, il est noté quelques ardoises importantes tant chez le Sr Ayma, leur logeur, que chez la dame Gallien, bouchère ; Riquet, rotissier ; Lia, apothicaire ; Lepaule, boulangère ; Langlois, bourrelier ; Bordier, sellier ; Blanchard, marchand de paille ; Guerin, marchand de drap ; Lamaire, maréchal ; Gidois, épicier ; Vergues, ??? parfumeur ; et puis à la blanchisseuse et aux "médecins et chirurgiens, pour les visites et pansements par eux faits audit deffunt Sr Marquis de Brezal pendant sa dernière maladie et précédemment".
      Ils avaient également des engagements du fait des constitutions de rentes faites précédemment à des tiers en échange de versement d'un capital :
      - au Sr et Dame de Resuon leurs arrérages depuis le 19 may 1734 jusqu'après de la rente viagère de 2.000 livres par année
      - au Sr le Marquis de Trecesson les arrérages de 750 livres de rente depuis le mois d'avril 1733 jusqu'à présent
      - au Sr de Sorel, chef d'escadre de la marine, une rente au principal de 10.000 livres et des années d'arrérages de ladite rente dont ladite Dame ignore le nombre
      - à M. Onezime de Raucourt, chirurgien de la marine à Brest, ou à sa succession 1.200 livres de rente,
        sçavoir 600 livres de rente au principal de 12.000 livres et 600 livres de rente viagère.
      - à Monsieur de Kervazegan 300 livres de rente au principal de 6.000 livres dont des arrérages en sont deus que depuis le mois de septembre dernier.

      Par l'acte d'inventaire, on apprend que le marquis et la marquise avaient plusieurs domestiques :
      - la demoiselle Guillemin, femme de chambre de ladite Dame de Brezal
      - Jean Herbin, domestique sur gages depuis le 1er juin 1733
      - Sautour, aussy domestique
      - Pauguin, cocher
      - Louison, cuisinière
      - le Sr Niel, valet de chambre du feu monsieur de Brezal, depuis 1729, que l'on retrouvera à Brezal, nommé dès décembre 1734 gardien des meubles du château, car les deux filles du marquis en étaient absentes.
      - le Sr Goguetel, serviteur du marquis et de la marquise depuis 1729 également, qui semble avoir été régisseur de la Ville aux Oiseaux.
      Tout cela signifie que Elizabeth Mahoudeau de Kerboulas, qui avait quitté le pays de Landivisiau pour suivre ses maîtres à Paris n'habitait plus avec eux. Elle habitait pourtant dans ce même hôtel en 1729 quand le marquis lui constitua une rente viagère de 300 livres pour ses bons et loyaux services. Elle avait depuis épousé le sieur Etienne Joseph Goguetel, que l'on retrouvera en mai 1735 pour l'inventaire à Brezal, comme procureur de la marquise.
      Les domestiques habitaient-ils avec eux dans cet hôtel ?

      Quel était l'usage ds 3 pièces occupées par le marquis et la marquise ? Comme cet hôtel était un hôtel "garny", les meubles ne sont pas cités comme appartenant au marquis et à la marquise, il n'est donc pas facile de déduire quel était l'usage des trois pièces. Néanmoins par certains éléments de décoration ou de vaisselle, on peut penser que la chambre du 2ème étage pouvait peut-être être occupée par un domestique, que la petite pièce du 1er était la chambre des seigneur et dame de Brezal et que l'autre pièce du 1er était la pièce de réception et la salle à manger. En effet, dans cette pièce, on trouve 23 garnitures de chaises et des garnitures de 6 fauteuils, de la vaisselle d'argent composée de 12 cuillères et 12 fourchettes, une petite cafetière et 4 petites cuillères à café. Les murs sont décorés de tapisseries à l'aiguille, appartenant donc au couple, et représentant "tant fruits des Indes que pavots et mosaïques" qui rappellent la garniture des fauteuils.
  5. Un beau meuble ayant appartenu à Joseph de Brezal (source www.chateauxetjardins.com/ambleville - texte et photos)  :

    A propos de cabinets (source www.chateauxetjardins.com/ambleville)
    Les cabinets et leur histoire au XVIIème siècle - Olivier Coutau-Bégarie.

    C'est au XVIème siècle que le meuble en cabinet apparaît en Europe, en France et principalement en Allemagne et en Italie. Dès le siècle précédent il existait des coffres avec un abattant qui dissimulait des tiroirs. Alphonse V, roi d'Aragon, lors de son inventaire de 1424 en possédait quatre. Le cabinet a toujours été posé sur une table devenu piètement avec le temps. En 1610 Pyrard de Laval parle dans ses chroniques de cabinets importés des Indes et du Japon "à la mode de ceux d'Allemagne". Le cabinet d'ébène sur son piètement est typiquement français, réalisé par des menuisiers en ébène d'origine des pays du nord et installés à Paris.

    C'est au début un meuble de rangement, puis avec l'évolution de la curiosité, un meuble de "collectionneur" rempli de tiroirs fermant à clef et contenant les curiosités ramenées des voyages dans le monde. Au XVIIème il se transforme en meuble d'apparat affichant le goût et la fortune de son possesseur. On achète un cabinet comme on achète un tableau. Ce meuble de collectionneur trouva naturellement sa place dans les cabinets des palais et châteaux d'où leur nom. Ils étaient fabriqués par des artisans spécialisés qui, pour leur riche clientèle, employaient de nouveaux matériaux tel l'ébène, l'écaille et l'ivoire. L'ébène était un bois très coûteux. Les menuisiers d'Augsbourg marquaient "EBEN" sur leur meuble pour indiquer la différence avec les cabinets en poirier noirci fabriqués à Munich. Ainsi qui disait cabinet d'ébène disait cabinet d'Allemagne, signe de qualité. L'ivoire était utilisé comme l'ébène, en placage d'une épaisseur de plusieurs millimètres. Baumgartner, en 1646, a signé deux cabinets exécutés pour Maximilien de Bavière. En Italie, vers 1550 les cabinets dits "Stipo" en forme de secrétaire sont fabriqués en Lombardie ou à Venise. Ils sont en noyer et comportaient un intérieur imitant les façades d'édifices Renaissance avec de multiples tiroirs et subtils secrets. L'un d'eux, aux armes Farnèse est conservé au Victoria & Albert de Londres.

    X
    cabinet ariane



    Cabinet d'ébène d'Ariane dit "de Fouquet".
    (Collection particulière)
    Haut. 2,07 m. - Larg. 1,91 m. - Prof. 64cm.

     

    Le cabinet d'Ariane est conservé dans le même château depuis cinq générations. Il proviendrait de Joseph de Brézal qui vécut vers 1670 et qui l'aurait, selon la tradition familiale reçu de Fouquet. Il échut par testament à M. de Kerdrel, seigneur de Kéruzoret (29 mai 1788).

     

    Il a été minutieusement restauré en 1992 par Jean-Baptiste Chapuis, ébéniste. Il est intéressant de remarquer qu'il avait été déjà restauré au XVIIIème siècle. Le poids important du cabinet lui-même entrainait obligatoirement une restauration du piètement. Il a été modernisé dans la première partie du XVIIIème remplaçant les pilastres, sans doute les colonnes ou des termes par ce piètement galbé.

    Déjà à cette époque, chose rare, on prenait soin de ce meuble déjà démodé, il y avait donc une tradition importante quant à sa provenance et à la connaissance de sa valeur artistique.

     A gauche, vantaux fermés, la façade du cabinet de Fouquet est proche dans sa composition du cabinet de Windsor et bien sûr des autres cabinets de Pierre Gole  : Louvre, Ambleville, Fontainebleau, San Francisco, Windsor etc... Deux grands panneaux sculptés, sont encadrés et séparés par des niches garnies de statues encadrées de pilastres, reposant sur une frise en bas relief.
     
    Pierre Gole, né en Hollande vers 1620, apprit le métier de menuisier- ébéniste à Paris auprès d'un autre Néerlandais, Garbrandt, dont il épousa la fille et auquel il succéda à partir de 1650. Fournissant de riches particuliers et la famille royale, il reçut le titre d'ébéniste du Roi à la majorité de Louis XIV en 1651. X
     Détail du panneau du vantail de gauche représentant l'une des scènes principales du roman de l'Ariane de Jean Desmarets de Saint-Sorlin : "Mélinte tient Ariane sur son cheval et s'enfuit à travers les flammes, suivis par Aristide, Palamède et Epicaris".

    A droite, la gravure originale ayant servie de modèle au sculpteur. Quinze gravures d'Abraham Bosse, illustrant ce célèbre roman serviront au décor de ce cabinet, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur.
    Au-dessus, le décor des portes intérieures des caissons est très proche sur ces trois cabinets de San Francisco, Mercure et Fouquet (à droite), proche d'un dessin d'André Mollet, gravé en 1651 et représentant un parterre d'un jardin. Mais la date de 1651 correspond-elle à ces cabinets qui sont peut-être de quelques années antérieures.
    Au-dessus. A gauche, détail l'intérieur des vantaux des moulures ondée et des fleurs gravées. Au milieu, une femme gravée toujours sur l'intérieur des portes. Et à droite l'une des trois niches de la façade extérieure représentant la "Force". Les moulures ondées sont préfabriquées à la machine à l'époque, décrite dans le Roubo, puis collées pour constituer le décor. Elles étaient vendues au menuisier en ébène au mètre et ce dernier devait les couper et les ajuster selon l'effet recherché.
     A droite, détail du vantail intérieur illustrant une scène de l'Ariane dans un encadrement octogonale ondé.







    Plus bas, le caisson de ce cabinet est presque entièrement plaqué de plaques d'ivoire ou d'os peintes façon écaille, avec une statuette en bois sculpté représentant Junon. L'escalier central dissimule des tiroirs comme sur celui de Mercure. Lors de la restauration de ce cabinet (voir Estampille Objet d'Art n° 29 juin 1992) les miroirs ont été refaits par Patrick Desserme, maître verrier, ainsi que deux colonnes manquantes en ivoire teintes façon écaille.


    Ci dessus, détail du portique de ce cabinet, marqueté d'un vase et plaqué des mêmes plaques d'ivoire peintes façon écaille.
     

    A gauche, détail de la statuette de Junon, bois sculpté (restaurée).

     


    Ci-dessus, détail de l'arrière du caisson, en peuplier, on aperçoit la balustrade du bas encadrant l'escalier sous la niche les glaces ont été ici, sorties pour la restauration. La partie supérieure ouvre par 10 tiroirs, dont les 9 et 10 peuvent être considérés comme dissimulés par l'épaisseur.


    Mes commentaires :
    - Je ne crois pas que le cabinet ait été offert à Joseph de Brezal, ainsi qu'il est dit, plus haut, dans le texte trouvé sur Internet. Nicolas Fouquet fut arrêté en 1661 et passa le reste de sa vie en prison, où il mourra, au fort de Pignerol, en 1680. En 1661, notre marquis n'était pas né. Il est plus vraisemblable que le surintendant des finances l'ait offert à Guy de Brezal, le père de Joseph.
    - Ce cabinet n'est pas signalé dans l'inventaire après décès du marquis de Brezal à Paris, ce qui se comprend bien. Mais il n'est pas non plus indiqué dans l'inventaire réalisé au château de Brezal en mai 1735. On y trouve bien "un petit cabinet ou bureau d'ebenne resté dans les archives duquel ouverture faite il ne s'est rien trouvé, estimé 4 livres", mais le montant, aussi faible, de son estimation ne nous permet pas d'identifier le cabinet de Fouquet. Avait-il déjà été vendu ou bien l'expert n'a-t-il pas su estimer correctement le meuble dans sa prisée ? L'ébène était (et est toujours) un bois rare et coûteux, et donc évaluer à 4 livres seulement un meuble fait de ce bois paraît largement insuffisant !

    La Dépêche de Brest du 28/08/1936 parle aussi de ce cabinet de Fouquet de la façon suivante :
    PLOUVORN. FETE DU 30 AOUT. - Dimanche prochain, 30 août, aura lieu la kermesse de Plouvorn, dans le site merveilleux de Kéruzoret. En plus des diverses attractions ordinaires des kermesses, il y a lieu de noter, pour cette fête, la visite de l'esplanade du château et du cabinet Fouquet. Ce meuble unique en son genre et d'un prix inestimable, remis par Fouquet à un seigneur de Brézal, échut par testament à M. de Kerdrel, seigneur de Kéruzoret, le 29 mai 1783. Ce cabinet est curieux par la richesse sculpturale de ses panneaux d'ébène, où l'artiste fait revivre quelques-unes des scènes de la Rome de Néron.
    Beaucoup de mouvement et d'harmonie dans chacun de ces tableaux où vivent des personnages, des femmes surtout, aux draperies somptueuses dans des décors tantôt tragiques, tel celui de l'incendie de Rome, tantôt idylliques, comme ce lieu enchanteur où Ariane retrouve le bien-aimé qu'elle croyait à jamais disparu dans la tourmente néronienne.
    Le meuble ouvert est non moins intéressant : une niche en forme de tabernacle, enrichie de pierreries et de bois exotiques qui forment un ensemble de coloris très séduisant.
    Tout cet ensemble est le merveilleux exemple des oeuvres de patience et d'art prestigieux qui sont sorties abondantes de nos anciennes corporations, pour la plus grande gloire de l'art français. Par une faveur spéciale de M. le comte de Menou, tous les visiteurs de la kermesse pourront admirer ce chef-d'ouvre.
 
Annexe : sources principales des informations

ADB = Archives Départementales du Finistère à Brest
ADIV = Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine
AD56 = Archives Départementales du Morbihan (archives en ligne)
AN MC = Archives nationales - Minutier Central des notaires de Paris


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 André J. Croguennec - Page créée le 10/12/2009, mise à jour le 29/12/2014.

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