Guillaume de BrezalBâtisseur du moulin de Brezal et de l'église de Pont-Christ |
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Guillaume de Brezal avait été placé fort jeune à la cour d'Anne de Bretagne, reine de France, "où l'on avait formé son coeur à toutes les vertus. On lui avait donné les manières les plus affectueuses et les plus élégantes, on lui avait inspiré le goût de la piété, et, de plus, on lui avait appris à défendre et à soulager le peuple" (source Mdk777 pièces diverses).
Au mois de janvier 1502, Guillaume recueillit la succession de son père et devint seigneur de Brezal ; du Rest et de Mestiniou en Plouenan ; de Roc'hfily et des Salles, des deux côtés de l'Elorn sur Lampaul-Guimiliau et Ploudiry.
Le 3è février suivant, il obtint de la Reine Anne de Bretagne l'office de Capitaine des Francs-Archers et écuyers de l'évêché de Léon vacant par le décès de son défunt père. Les actes, rédigés à cette occasion, portent témoignage des services rendus de tout temps, tant par le père de Guillaume à la Reine Anne et à son père le duc François II, que par ses ayeuls aux prédécesseurs de la duchesse de Bretagne. On peut penser également que le passage de notre seigneur de Brezal à la cour avait laissé également une bonne impression.
Guillaume avait épousé, en 1506, au manoir de Coatelant en Plourin-les-Morlaix, "la belle Marguerite Le Senechal, femme fort entendue et bonne ménagère" (source Mdk777 pièces diverses).
C'est avec elle qu'il employa les premières années à règler les affaires de la maison de Brezal. Il augmenta son revenu de quelques acquets. En 1510, il rendit aveux de ses terres. En 1512, il paya ses dettes en s'acquittant de plusieurs sommes notables empruntées par son père pour le service des princes. Il réforma la juridiction de Brezal en 1517.
Et en 1520, "il rebâtit 1 les moulins de sa maison estimés les plus beaux de Bretagne" en créant la chaussée de Brezal et son étang . Et puis, bien sûr, à partir de 1533, il fit construire l'église de Pont-Christ , au statut de chapelle au début mais qui sera érigée, quelques années plus tard, en église tréviale de Ploudiry par Rolland de Neufville, évêque de Léon.
Il passait alors pour le chasseur le plus adroit de toute la Bretagne et qui excellait dans l'art assez précieux d'élever les chiens de chasse. Il en avait de toutes les espèces dans son château de Brezal, ainsi que nous l'apprend le jurisconsulte Baron : Venaticos canes, dit celui-ci, cujuscumque generis clarissimos vidimus in Baronia Leonensis Britanniae Armoricae, quum in amaenis aedibus viri genere, moribusque nobilis Gulielmi Brezalii ageremus, viri omnium quos novi in venatu felicissimi.
Mais outre ces occupations locales, une carrière peut-être encore plus honorable s'ouvrit à notre seigneur de Brezal, avec plusieurs responsabilités, par exemple :
1 - organisation de la défense des côtes :L'an 1524, le roi François 1er, en conflit avec l'empereur Charles Quint, Henry VIII d'Angleterre et ayant presque de toute l'Europe liguée contre lui, demanda d'organiser la défense et la sécurité du pays.
Guy, comte de Laval, lors gouverneur de Bretagne, assigna les montres générales par tous les évêchés et par lettres données à Saint-Malo le 2è mars 1524, il explique que pour résister aux entreprises des Anglais sur ce pays et empêcher toute descente, il est nécessaire d'en assembler le ban et l'arrière-ban et pour ce faire il compte sur des personnes fiables à sa cause. Sachant la loyauté et l'expérience de Guillaume de Brezal, il lui demande d'organiser la "montre" des troupes de l'évêché de Leon, le 1er avril. Il lui donne le pouvoir de recevoir le serment et de vérifier les armes et accoutrement des soldats, de faire les promotions qu'il jugera utiles, et même de saisir les terres et héritages de ceux qui seront défaillants ou qui ne seront armés suffisamment.
Le comte de Laval lui écrit une missive qui porte ce commandement et en outre l'informe qu'il est sur le point d'aller à Orléans trouver Louise de Savoie, Madame la mère du Roy , et assure qu'il lui parlera des services rendus par le seigneur de Brezal et, pour le récompenser, demandera de l'inscrire sur l'état ordinaire.
Louise de Savoie, mère de François 1er.
Son influence auprès de celui-ci est immense. Elle est deux fois régente de France pendant les campagnes italiennes de son fils : en 1515, lorsqu'il partit battre les Suisses à la bataille de Marignan, puis à nouveau en 1525-1526.
La régence de Louise de Savoie est de première importance après la capture du roi lors de la bataille de Pavie car, du fait de son expérience, elle peut organiser la continuité du royaume et une contre-offensive diplomatique contre l'empereur Charles Quint.
François 1er fut prisonnier de Charles Quint du 24 février 1525 au 17 mars 1526.
2 - armement de plusieurs vaisseaux de guerre dans les ports de Brest et de Concarneau :
"L'année suivante 1525, malheureuse à la France à raison de la journée de peine où le Roy perdit la bataille et la liberté, le mesme comte de Laval, gouverneur de Bretaigne, fit par le commandement de Louise de Savoie, mère du Roy, régente en France, équiper quelques vesseaux de guerre aux havres de Brest et de Conquerneau soubs le commandement sieur de Martigue, vice-admiral de Bretaigne, mais la principale charge de l'armement fut commise audit seigneur de Brezal par deux mandements :
Le premier, lequel a donné à Vitré le 18è 10bre 1525 porte que obéissant aux lettres de Madame la Régente donnée à Saint-Just-sur-Lion le premier jour du mesme mois, il députte et commet noble homme Guillaume, sieur de Brezal, pour avecq luy, sieur de Martigue, vice-admiral, faire armer et avituailler les deux navires du Roy, nommés la Bonnaventure et le Jaguar ensemble avec les trois galions que ledit Martigue avoit fait construire en Bretaigne.
L'autre mandement de mesme datte, adressé audit sieur de Brezal et à Raoul de Maurice, sieur dudit lieu, capitaine de Concq, porte pouvoir [de] visiter, priser et estimer les trois gallions que Pierre Bidoux, sieur de Martigue, vice-admiral de Bretaigne, avoit fait construire de neuf et que Madame la Régente veut achepter de lui pour les joindre à son armée navalle, donne pouvoir audits de Brezal et de Maurice d'appeller avecq eux les maistres charpantiers, marchants, mariniers et grutes (?) expérimantés et en leur présence visiter les munitions et artilleries, leur donner prix et estimation et envoyer au gouverneur ladite prisée signée d'eux pour estre procurée audit sieur vice-admiral de la valeur d'iceux." (source Mdk777 induction)
3 - organisation de la garnison en Bretagne :
Les emplois de Guillaume de Brezal dureront aussi longtemps que la guerre et même plus, vu qu'en l'an 1540 il reçut encore plusieurs ordres pour le service du Roi. Le 11/6/1540, une commission lui est adressée de la part de Jean de Laval, sieur de Châteaubriant, gouverneur et lieutenant général du roi, dans laquelle il est dit que le roi avait ordonné à un nombre de gens de guerre de tenir garnison en Bretagne, et notamment la compagnie du Baron de Curton, qui doit s'installer dans l'évêché de Léon. Cependant les habitants de cet évêché ne peuvent supporter cette charge ni fournir vivres et munitions nécessaires, il est donc décidé que ladite compagnie s'établira en garnison dans les villes de Morlaix, Lannion et Tréguier et lieux circonvoisins. En exécution de l'ordre dudit sieur de Châteaubriand, Guillaume de Brezal fit la conduite de la compagnie du Baron de Curton en l'évêché de Tréguier. Il assembla les principaux officiers de la justice dudit évêché en la ville de Guingamp, où il fut décidé que les troupes seraient basées à Lannion et que "les paroisses voisines fourniroient des vivres à sçavoir les paroissiens de ... [une trentaine de paroisses sont citées]" (d'après Mdk777 induction).
4 - conduite de 400 hommes d'armes et 6000 hommes à pied traversant la Bretagne pour s'embarquer à Brest :
Le 28/3/1544, une commission de Jehan de Bretagne, duc d'Estampes, comte de Penthièvre, chevalier de l'ordre, gouverneur et lieutenant général du Roy,
"ordonne audit sieur de Brezal de faire les estapes et la conduite de 400 hommes d'armes et 6000 hommes à pied [que le Roi envoie en Ecosse, pour un secours], passant par la province de Bretaigne pour aller s'ambarquer au port de Brest soubs la charge de Monsieur de Lorges, luy donne pouvoir de mettre aux vivres, de loger les gens de guerre aux villes maritimes attandant la commodité de leur ambarquement, et si les gens de guerre faisoient insolance, il luy donne toutte juridiction de les faire aprehender et mettre entre les mains du provost des mareschaux pour les faire punir,
luy enjoint de faire procès-verbal de tous les munitions qu'il sera délivré audites troupes et de le luy envoier signé et garanti, mande à tous gens de guerre, officiers des compaignies, capitaines, trésoriers et suites du Roy d'estre obéissant audit de Brezal et de luy tenir main forte en tout ce qu'il pourra requerir pour l'exécution des commandements de sa majesté" (source Mdk777 induction).
Enfin, ce seigneur de Brezal étant parvenu à vivre une honorable vieillesse, pleine d'honneurs et de gloire, décéda en l'an 1555, regretté de ses concitoyens et surtout de Martin Prigent, poète de Bodilis, qui lui écrivit une chanson élégiaque.
André J. Croguennec - Page créée le 1/3/2024. | |