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Pierre Robée, le grand-père de Yan' Dargent | ![]() |
Pierre Robée à Brezal
Pont-Krist el lennegezh vrezhonek
La métairie du manoir de Brezal
Dans l'histoire de Pont-Christ Brezal et de ses environs, j'avais eu l'occasion d'évoquer Pierre Robée plusieurs fois, voir encadré.
Cet homme remarquable, grand-père de Yan' Dargent, méritait un chapitre qui lui soit dédié.
Pierre Robée est né à Plouaret. Son père était tailleur d'habits, ainsi que son oncle Gabriel. Deux fils de Gabriel Robée seront également tailleurs à Plouaret.
Sa famille :
Pierre ROBEE. Marié avec Barbe CONAN, dontPierre Robée quitte Plouaret pour aller à Brest où il travaille pour la marine. Il est "commis de bureau civil de la marine" lors de son premier mariage à Brest en 1794, avec Jeanne Vincente Le Coz.
Née à St-Mathieu de Morlaix, elle était la fille de
- Yves René LE COZ, né le 17 avril 1748, St-Mathieu, Morlaix, décédé le 18 juin 1788, St-Mathieu, Morlaix (à 40 ans) et de
- Renée Marie BONEL, née le 14 avril 1756, St-Mathieu, Morlaix, décédée le 29 mars 1820, Bourg, St-Servais (à 63 ans),
qui s'étaient mariés le 23 novembre 1772, à St-Mathieu, Morlaix.
Dans les actes d'état-civil de leurs enfants, Pierre Robée est aussi qualifié de "employé civil de la marine" (1795), "syndic de marine" (1807), "syndic des marins" (1808).
En 1808, Pierre Robée et son épouse résident Rue de la Loy au n° 7. En 1810, le recensement de la population nous donne quelques informations supplémentaires :
- La rue de Siam était appelée aussi "Rue de la Loi".
- Pierre Robée était logé chez François Baudu et il payait 600 francs de loyer.
- Le logement était constitué de 2 boutiques, 2 chambres, 1 cabinet, une cave et une cour. Il avait 11 portes et fenêtres.
- Pierre, 33 ans, est qualifié de "commis de marine" et son épouse, 34 ans, de "marchande épicière débitante".
- Ils avaient un enfant en bas âge 1 et une domestique.
- Le logement pouvait accueillir des soldats en cas de besoin.
1 On déduit qu'il s'agissait de Marguerite Perrine Clémentine, future épouse de Claude Dargent et mère de Yan'.
Pierre Robée a fait partie de la Garde Nationale sédentaire de Brest .
La garde nationale
La garde nationale sous Napoléon Ier
- Consulat
En 1799, la constitution de l'an VIII consacra l'existence de la garde nationale. L'article 48 distinguait la garde nationale en activité et la garde nationale sédentaire. La première, qui comptait essentiellement les hommes des armées de terre et de mer, était placée sous les ordres du gouvernement (Art. 47). La seconde ne dépendait que de la loi. En septembre 1800, le ministère de l'Intérieur rédigea un projet imposant le service à tous ceux qui exerçaient les droits du citoyen, mais en autorisant le remplacement. L'élection fut écartée et il fut prévu la nomination des officiers par le préfet et celle des sous-officiers par le chef de bataillon.
- Empire
Pendant tout le règne de Napoléon, les gardes nationaux ont servi de réserve à l'armée et ont été mobilisés au gré des guerres de l'Empire. Ainsi, lors de la reprise de la guerre contre la Prusse, le 17 septembre 1806, l'empereur ordonna la levée, le 23 octobre, de 3.000 grenadiers et chasseurs de la garde nationale de Bordeaux pour renforcer la défense des côtes. Le décret du 12 novembre 1806, signé à Berlin, réaffirmait l'obligation de tous les Français âgés de 20 à 60 ans d'effectuer le service de la garde nationale. Il en confirmait également l'incompatibilité pour ceux travaillant dans la fonction publique et dans l'administration ainsi que pour les ecclésiastiques. Les autres pouvaient se faire remplacer.
La garde nationale est historiquement l'ensemble des milices de citoyens formées dans chaque commune au moment de la Révolution française.
Inscrite dans la constitution en 1799, ses officiers sont alors élus par la population et ne peuvent effectuer deux mandats successifs confirmant son statut de force de sécurité nationale et démocratique. Son rôle était d'assurer le maintien de l'ordre dans chaque commune en temps de paix mais également la défense militaire du pays en temps de guerre en complément de l'armée régulière.
Elle a existé sous tous les régimes politiques de la France jusqu'à sa dissolution en juillet 1871.
Recensement de la population du côté de Brest en 1810. - Listes nominatives : tableaux n°4 à 9. Archives en ligne. Cote : 1F51 vue 111
Il semble bien que ce soit l'arrivée de Pierre Robée à Brest qui a occasionné le déplacement d'une partie de sa famille en Finistère.
Avant que Guillaume Le Roux ne détruise l'ancien château de Brezal vers 1860, les fermiers qui exploitaient la "réserve" résidaient dans l'aile ouest.
Cf aussi le château de Brezal et sa métairie (après Robée et Blons).
Puis, Pierre Robée quitte la Marine et vient s'installer à Brezal pour exploiter la ferme du manoir jusqu'en 1818.
Il faudra rechercher aux archives l'acte de location pour connaître la date d'arrivée de notre personnage. Probablement en 1814 : en effet, Maurice Pouliquen, propriétaire jusqu'à cette date, disait exploiter "la réserve" en faire-valoir direct.
En attendant nous avons connaissance de l'étendue de cette ferme par l'acte signé par son successeur, Jean Blons et sa famille, qui stipule :
"... la ferme du manoir de Bresal telle que la manoeuvroit Pierre Robé et consistant dans le logement du fermier 1, à l'ouest de la maison de maître 2, à trois étages, une chambre dit office, la grande cuisine à rez de chaussée de la maison de maître, dit pavillon neuf et le four à l'est de ladite cuisine, avec deux écuries voutées derrière au sud desdites chambres et grande cuisine aussi voutée, formant le triangle au-dessus des susdites écuries, et autre écurie servant d'étable encore plein au sud ayant ouverture de porte sur le chemin charretier faisant le tour des édifices et du jardin clos, lesdits logements bâtis en pierres de taille et moelons, ayant cheminées, plancher au premier, formant deux beaux et grands greniers, deux chambres, entre les premiers et le pavillon couverts de gleds, lesdites chambres ayant quatre lucarnes donnant sur la cour du nord, dans ladite cour à l'ouest une aire et une grange couverte de gleds, et toutes dépendances intérieures et extérieures. Dans l'écurie derrière la grande cuisine une grande auge de pierre appartenant au propriétaire et une autre auge auprès du puits appartenant au même".
Suit la description des terres et autres contenus du bail, dont voici le résumé :
1 - Terres closes de murs et de fossés :Voilà une belle ferme à exploiter qui devait nécessiter de nombreuses personnes. Quand Robée s'y est installé avec sa femme et sa fille, il a dû employer des domestiques, ou au moins des journaliers.
La famille Blons qui succéda à Robée était composé de trois couples : Jean Blons, père, cultivateur et Isabelle K/iven, sa femme ; leurs deux fils François Blons et Anne Pellé, sa femme, et aussi Ollivier Blons et Marie Anne Pellé, sa femme. Ce qui montre bien que la ferme avait bien besoin de tous ces bras pour être bien exploitée.
En 1817, Pierre Robée prit la décision de quitter Brezal pour le bourg de Saint-Servais, afin de s'y installer comme débitant de tabac au bourg. En prévision de ce changement d'orientation dans sa carrière, il voulut débarrasser Brezal de ses outils de cultivateur et en confia leur accueil provisoire à Jean Boderiou, ancien maire de Saint-Servais, demeurant à Leslem Bihan. Celui-ci possédait quelques bâtiments où pouvoir les entreposer.
Mais, quelques mois plus tard, Robée prétend que certains objets ont disparu de chez Boderiou : celui-ci les aurait vendu ou mal utilisés. Robée fait citer Boderiou devant la justice de paix de Landivisiau afin que celui-ci les lui rendre ou lui paye une somme de 99 francs. L'affaire a dû s'arranger à l'amiable car nous n'avons pas trouvé d'autre action en justice sur le sujet.
Minute de la justice de paix de Landivisiau du 25/7/1817 (ADQ 37 U 4/17)
25 juillet 1817 - Audience de la justice de paix du canton de Landivisiau, arrondissement de Morlaix, département du Finistère.
Du vendredi 25 juillet 1817 devant nous Cristophe Guennegan, juge de paix assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, s'est présenté Monsieur Pierre Robé, marchand et cultivateur, demeurant au manoir de Brezale, commune de Plouneventer, lequel a exposé que dans le courant du mois de janvier dernier il donna en dépôt à Jean Boderiou, cultivateur et propriétaire, demeurant au lieu de Leslem Bian, commune de Saint-Servais, les effets ci-après, savoir :
six serrures à double tour, douze barres d'acier de diverses longueurs pouvant peser 20 kg, six poulies neuves et une douzaine de jantes à charrette, mais que celui-ci veut renier, c'est pourquoi ledit sieur Robé, au-dessus de la preuve par témoins, au soutien de son exposé, a par exploit de Le Saint, huissier dument patenté près le tribunal civil de Morlaix et près notre justice de paix, en date du 16 de ce mois, enregistré à Landivisiau le 17, cité à notre audience de ce jour 10 heures du matin, ledit Jean Boderiou pour être condamné à lui payer la somme de 99 francs et par dépens, si mieux il n'aime fournir les articles ci-dessus détaillés et a ledit sieur Robé signé sous toutes réservations. Robée.
Ledit sieur Bodériou, répondant à l'action lui intentée par ledit sieur Robé a dit qu'il a reçu chez lui gratuitement différens effets appartenants au citant, qu'il y ont été déposés partie dans les granges, partie dans la maison et autres logemens tant par ledit Sieur Robé que par ceux qui avoient sa confiance, qu'il a mis à la disposition du sieur citant une huche pour y serrer ses menus effets, que plus tard et à différentes reprises il a repris ses effets tant par lui que par ses domestiques, qu'il a aujourd'hui très mauvaise grâce de venir demander des effets qu'il prétend non seulement avoir resté en la possession du Cité, mais encore qu'il insinue dans le public qu'il a disposé de ses effets et qu'il a même vendu une partie et semble vouloir nier le reste, ...
... en conséquence ledit Boderiou venant par demande reconventionnelle conclut à ce que ledit Sieur citant soit tenu de se rétracter en audience publique des imputations calomnieuses qu'il met sur son compte, qu'il convienne aussi en audience publique avoir repris ses effets en totalité, qu'il lui fasse réparations d'honneur offrant, en cas de dénégation de la part dudit Robé qu'il a en sa possession les objets qu'il réclame, qu'il les a ou égaré ou négotié ou qu'ils lui ont été enlevés autrement par ceux dans lesquels il plaçoit sa confiance, d'en faire la preuve par témoins, si ce n'est de cinq jantes à charrette dont il a disposé avec l'agrément dudit Sieur Robé, offrant enfin d'outrer le serment si requis est qu'il n'a en sa possession aucun effet au Sieur Robé et qu'il n'a pas mésusé du dépôt qui lui a été fait et a ledit Boderiou signé sous toutes réservations et protestations. Boderiou.
Ledit Sieur Robé répliquant au plaidé dudit Jean Bodériou a dit que jamais il ne lui a permis de dispenser de jantes à charrette ni d'aucun des autres objets qu'il lui avoit déposés, qu'il persiste dans les fins et conclusions de sa demande, qu'il offre la preuve de ses maintiens et qu'il ne croit pas être dans le cas de se rétracter des prétendues imputations calomnieuses qu'on l'accuse de débiter sur le compte dudit Boderiou et a ledit Sieur Robé signé sous les mêmes réservations que devant. Robbée.
Nous, juge de paix, attendu que les parties sont contraires en fait, avons admis ledit sieur Robé à faire preuve par témoins de ses maintiens, en conséquence avons ordonné qu'il administrera ladite preuve à notre audience du 1er août prochain, 10 heures du matin, auxquels jour, lieu et heure avons averti lesdites parties de se rendre et ledit Sieur Robé d'y faire trouver ses témoins par les voies de droit, sauf audit Boderiou à faire la preuve contraire.
Ainsi jugé et ordonné au bureau de nos audiences sous notre seing et celui de notre greffier à Landivisiau les jour, mois et an que devant.
Guénégan, juge de paix - Pierre Gme Le Pivain, greffier.
Plus tard, une vente aux enchères des outils de Pierre Robée est organisée à Brezal pendant deux jours, les 20 et 21 octobre 1817. La procédure de la vente, avec le nom des derniers enchérisseurs, a fait l'objet d'un compte-rendu dans une minute de la justice de paix de Landivisiau.
Vente des meubles de Pierre Robée au manoir de Brezal (ADQ 37 U 4/17)
20 et 21 8bre 1817 - N° 138 - Extrait du registre des déclarations pour vente de meubles du Bureau de l'Enregistrement de Landivisiau.
Du 20 octobre 1817 a comparu le Sieur Le Pivain, greffier de la jutice de paix du canton de Landivisiau, lequel a déclaré que ce jour il procèdera à Brezale en Plouneventer à la vente volontaire de meubles et effets appartenants à Monsieur Pierre Robé, ce dont il a requis acte et a signé. Signé Pre Gme LePivain. Pour ampliation Signé Duval.
Ce jour 20 octobre 1817 je soussigné Pierre Guillaume Le Pivain, greffier de la justice de paix du canton de Landivisiau, arrondissement de Morlaix, département du Finistère, certifie et rapporte qu'à la requête de Monsieur Pierre Robé, débitant de tabac au bourg de Saint-Servais et y demeurant, fermier sortant du château de Brezal en la commune de Plouneventer, me suis, ayant préalablement fait la déclaration conformément à la loi au Bureau de l'Enregistrement de landivisiau et fait faire par ailleurs les publications d'usage, transporté jusques et audit château de Brezale à l'effet de procéder à la vente publique et volontaire de quelques meubles et effets mobiliers dont il est dans l'intention de se défaire argent comptant.
En conséquence et étant rendu aus susdit château de Brezale, commune de Plouneventer, sur les 10 heures du matin de ce dit jour, j'ai sur la mise à prix et criée de Yves Gueguen, demeurant à Creachhiller, commune de Bodilis, et en présence dudit sieur Robé requérant, procédé à ladite vente publique et volontaire de meubles comme suit :
Et attendu qu'il est tard et que le Sieur Robé a déclaré qu'il se propose de vendre d'autres objets mobiliers à lui appartenants au château de Brezale, j'ai, du consentement dudit Sieur Robé, fait publier par ledit Yves Gueguen, crieur, la continuation de la vente pour demain 21 de ce mois 10 heures du matin et arrêté la présente journée sous le seing dudit Sieur Robé et le mien greffier audit château de Brezale, commune de Plouneventer, les jour, mois et an que devant. Robee - Pre Gme LePivain.
Et avenu ce jour 21 du mois d'octobre 1817, j'ai, greffier soussigné, à la même requête que devant et sur la criée dudit Yves Gueguen, procédé au château de Brezale, commune de Plouneventer, où je me suis transporté environ les 10 heures du matin, à la continuation de la vente mobiliaire, dont est cas comme suit :
Et attendu que le Sieur Robé a déclaré n'avoir pas d'autre objets mobiliers à exposer à l'enchère que ceux ci-dessus et des autres parts adjugés, j'ai procédé au gel et calcul de la totalité de la vente qui monte, sauf erreur à la somme de 253,87 francs, de laquelle somme comptée et énumérée ledit Sieur Robé s'est saisi et emparé et dont il donne ici bonne et valable décharge. De tout quoi j'ai fait et conclut le présent procès-verbal de vente qui a eu lieu sans opposition, sous le seing dudit Sieur Robé et le mien dit greffier audit château de Brezale, commune de Plouneventer, les jours, mois et an que devant.
Notes personnelles : il est intéressant de relever les Monsieurs de cette minute :
Monsieur Gennegan : certainement Jacques Guennegan, maire de St-Servais à cette époque
Monsieur Dugoasvin : Du Goasven ?
Monsieur Dubreuil : Louis Dodin-Dubreuil, époux de Joséphine Malin, propriétaire du château de Brézal
Mais il y a aussi d'autres personnes que nous connaissons bien : Jean Boderiou, Nicolas Abhervé-Gueguen, Yves Berthelé de Runpoulzic, ...
X
X = Possessions de Pierre Robée
108 : maison
109 : bâtiment rural
110 : maison, cour et courtil
111 : sol d'id.
Où l'on s'aperçoit que Pierre Robée, qui possédait la maison dite "Ti Robée" au bord de la voie royale, près de Kerivin, avait conservé les maisons qu'il avait acquises au bourg, et qu'il louait sans doute. Une preuve supplémentaire de la richesse de celui-ci. Il n'avait donc aucun problème pour payer les études de Yan' Dargent au collège de St-Pol-de-Léon.
Voir les précisions pour l'ensemble
des parcelles du bourg
Le plan du bourg en 1828
Voir diverses
informations
sur St-Servais.
Tableau des propriétés foncières - 1/4/1829 vue 39 et suivantes aux AD29 en ligne
Propriétaire | Parcelle (n°, lieu et nom) | Nature | ||||
Commune | 159 | 96 | Bourg | Ar presbytal | presbytère, cour, dép. | |
Commune | 159 | 97 | Bourg | Jardin ar presbytal | jardin | |
Marquise Breuilpont à Paris | 33 | 98 | Le Stréjou | Pc ar bourg | T. lab. | |
Vve Yves Pouliquen à Landerneau | 116 | 99 | Bourg | Pc ar bourg | T. lab. | |
Yves Rolland, marchand à Landerneau | 126 | 102 | Bourg | Goarem an ty forn | lande | |
Fabrique de St-Servais | 64 | 103 | Bourg | Jardin ar peuns | courtil | |
Fabrique de St-Servais | 64 | 104 | Bourg | Jardin ar peuns | maison, cour et 2 courtils | |
Commune | 105 | Bourg | Glazen ar bourg | vague | ||
Commune | 159 | 106 | Bourg | église | ||
Commune | 159 | 107 | Bourg | cimetière | ||
Mr Robé, aubergiste à St-Servais | 122 | 108 | Bourg | maison | ||
Mr Robé à St-Servais | 122 | 109 | Bourg | B. rural | ||
Mr Robé à St-Servais | 122 | 110 | Bourg | maison, cour et courtil | ||
Mr Robé à St-Servais | 122 | 111 | Bourg | sol d'id. | ||
Fabrique de St-Servais | 64 | 112 | Bourg | Jardin bihan | courtil | |
Fabrique de St-Servais | 64 | 113 | Bourg | bt rural | ||
Jean Boderiou, cult. à Leslem Bihan | 17 | 114 | Bourg | maison | ||
Fabrique de St-Servais | 64 | 115 | Bourg | Jardin ar melchen | courtil | |
Mathieu Le Bras à Landivisiau | 26 | 116 | Le Strejou | Foennec ar bourg | pré | |
Mr Le Guen, notaire à Landerneau | 75 | 117 | Bourg | Foennec nevez | pré | |
Jean Piriou et consorts, cult. à Goulven | 111 | 193 | Le Strejou | Foennec ar bourg | pré | |
Guillaume Guéguen, cult. à Pencran | 74 | 194 | Bourg | Goarem ar person | lande | |
Guillaume Guéguen, cult. à Pencran | 74 | 195 | Bourg | Ar jardin | courtil | |
Hervé Caroff et consorts, cult. à Plouénan | 36 | 196 | Bourg | ar jardin | courtil | |
Hervé Caroff et consorts, cult. à Plouénan | 36 | 197 | Bourg | maison et 2 crèches | ||
Guillaume Guéguen, cult. à Pencran | 74 | 198 | Bourg | maison | ||
Yves Rolland, marchand à Landerneau | 126 | 199 | Bourg | maison | ||
Yves Rolland, marchand à Landerneau | 126 | 200 | Bourg | maison | ||
Yves Rolland, marchand à Landerneau | 126 | 201 | Bourg | Ar jardin | courtil | |
Guillaume Guéguen, cult. à Pencran | 74 | 202 | Bourg | Jardin ar voarem | courtil | |
Yves Rolland, marchand à Landerneau | 126 | 203 | Bourg | maison | ||
Yves Rolland, marchand à Landerneau | 126 | 204 | Bourg | maison | ||
Marie Jeanne Corre | 44 | 205 | Bourg | maison et courtil | ||
Yves Rolland, marchand à Landerneau | 126 | 206 | Bourg | Liors an ty forn | T. lab. | |
Jean Piriou et consorts, cult. à Goulven | 111 | 207 | Le Strejou | Liors ar bourg | T. lab. | |
Mr Robé | 122 | 438 | Maison isolée | sol de maison, cour et bt | ||
Mr Robé | 122 | 438 | Maison isolée | le jardin | courtil |
Au début de l'année 1817, Pierre Robée réside au bourg de Saint-Servais et le 5/2/1817, il signe le serment requis pour exercer la profession de débitant de tabac Il renouvellera son serment plusieurs fois, comme le 7 mars 1822 et le 22 septembre 1830.
Serment de Pierre Robée - 5/2/1817 (ADQ 37 U 4/17)
Ce jour 5 février 1817 devant nous Christophe Guennegan, juge de paix du canton de Landivisiau, arrondissement de Morlaix, département du Finistère, assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, s'est présenté le sieur Pierre Robée, demeurant au bourg de Saint-Servais, lequel en sa qualité de débitant de tabacs audit bourg nous a requis, pour se conformer à la circulaire de Monsieur le Directeur Général des contributions indirectes du 17 janvier dernier, numéro 19, de recevoir son serment conformément à la loi.
En conséquence et déférant à ladite réquisition nous avons à l'instant reçu le serment dudit sieur Robée qu'il a prêté en nos mains de la manière suivante :
"Je jure d'être fidèle au Roi, d'observer les lois, les règlements du royaume et la charte constitutionnelle donnée par le roi à ses peuples et de bien et fidellement remplir les fonctions qui me sont confiées. Je promets en outre de distribuer, sans altération et aux prix fixés, les tabacs qui me seront confiés par l'administration ; de faire connaître à la Régie les fraudeurs et les contraventions qui viendraient à ma connaissance et de coopérer à tous procès-verbaux, saisies et arrestations des contrevenans, dès que j'en serai requis par les préposés ou agens publics ayant droit de verbaliser."
De laquelle prestation de serment nous avons fait et rédigé le présent procès-verbal pour servir et valoir ce que de raison sous le seing dudit sieur Robée, le nôtre et celui de notre greffier à Landivisiau, le jour, mois et an que devant : Guennégant, juge de paix - Robée - Pre Gme Le Pivain, greffier.
Quelques épisodes de la vie à Saint-Servais :
Pierre Robée / Jean Le Roux de Leslem pour un cheval 8/4/1819 (ADQ 37 U 4/19)
2 avril 1819 - n°41, 49 - Audience de la justice de paix du canton de Landivisiau, arrondissement de Morlaix, département du Finistère. Du vendredi 2 avril 1819 devant nous Cristophe Guennegan, juge de paix du canton de Landivisiau, assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, s'est présenté le Sieur Pierre Robé, débitant de tabac demeurant au bourg de Saint-Servais, lequel a exposé que jeudi 18 mars dernier il confia ou prêta son cheval à Jean Le Roux, meunier, demeurant au moulin de Leslem, commune de Saint-Servais pour faire soi disant le voyage de Lesneven : effectivement d'après le rapport qui a été fait à l'exposant, Le Roux s'était servi du cheval pour faire deux fois le voyage de Lesneven et de Saint-Servais à Landivisiau le même jour, de sorte que ledit exposant, voulant aller à Morlaix le vingt même mois, partit de chez lui monté sur son cheval, mais avant d'arriver à Landivisiau le voyant chanceler et vouloir tomber à tout pas, il le présente au Sieur Olivier Cozanet, maréchal audit Landivisiau, lequel pour réponse lui dit et affirma que le cheval avait un tour de reins presqu'incurable attendu l'âge avancé du cheval qui fut estimé valoir sans ce défaut une somme de 72 francs. Le Sieur Robé, instruit de la fatigue et des courses excessives qu'avait faites son cheval au service dudit Le Roux, est persuadé, à n'en pas douter, que le tour de reins de son cheval provient du fait dudit Le Roux, lequel invité à s'arranger à l'amiable se refuse à toutes compositions. C'est pourquoi ledit Sieur Robé a, par exploit de Le Saint, huissier près le tribunal civil de Morlaix et près notre justice de paix, en date du 30 mars dernier, enregistré à Landivisiau le 1er de ce mois, cité à notre audience de ce jour 10 heures du matin, ledit Jean Le Roux, demeurant et qualifié comme devant, pour s'ouïr condamner à payer au citant la somme de 72 francs pour le prix du cheval, à prendre à son compte le même cheval et à payer en sus audit citant à titre d'indemnité une somme de 24 francs, offrant le citant de prouver par témoins que le cité a fait faire audit cheval des courses excessives et fait porter des charges aussi excessives et a ledit Sieur Robé signé. Robée.
S'est aussi présenté ledit Jean Le Roux, lequel répondant à l'action lui intentée par ledit sieur Robée a dit qu'il a vraiment reçu de lui à titre de prêt à usage son cheval ledit jour 18 mars dernier, qu'il l'avait reçu en bon état et qu'il l'a rendu de même le soir du même jour, qu'il ne l'a ni surchargé ni surmené, que par conséquent il ne doit point répondre de ce qui peut être arrivéplus tard audit cheval, il proteste donc de nullité et d'inutilité de la demande et conclut à son renvoi hors d'assignation avec dépens. Et a ledit Sieur Le Roux signé sous toutes protestations. jan roux.
Ledit Sieur Robé répliquant au plaidé dudit Le Roux a dit qu'il persiste dans les fins et conclusions qu'il a prises demandant à ce qu'il plaise à monsieur le Juge de Paix l'admettre à faire la preuve par témoins de ses maintiens à telle audience qu'il lui plaira de fixer et a signé. Robée.
Nous juge de paix, attendu que les parties sont contraires en faits, avons admise le Sieur Robé, demandeur, à faire preuve par témoins de ses maintiens, en conséquence avons ordonné qu'il administrera ladite preuve à notre audience de vendredi 16 avril courant 10 heures du matin, auxquels jour, lieu et heure avons averti les parties de se rendre et ledit demandeur d'y faire trouver ses témoins par les voies de droit.
Ainsi jugé et ordonné aux bureau de nos audiences à Landivisiau sous notre seing et celui de notre greffier les jour, mois et an que devant. Guennégan, juge de paix - Pre Gme Le Pivain, greffier.
Du vendredi 16 avril 1819 devant nous Cristophe Guennegan, juge de paix du canton de Landivisiau, assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, s'est présenté le Sieur Pierre Robée, débitant de tabac demeurant au bourg de Saint-Servais, lequel a déclaré qu'en exécution de notre ordonnance du 2 de ce mois dûment enregistrée à Landivisiau le lendemain, il a fait comparaître volontairement et sans citation à notre audience de ce jour 10 heures du matin Marie Messager, épouse de Joseph Le Guevel, François Uguen, Louise Lagatu, épouse de ce dernier, Jean Le Saout, Hervé Castel, Jean Guillerm, Yves Caroff et Hervé Le Scanff, à l'effet de donner comme témoins leurs déclarations sur ce qui peut être à leur connaissance relativement à son affaire contre Jean Le Roux, meunier, demeurant au moulin de Leslem dite commune de Saint-Servais.
En conséquence nous avons tant en présence dudit Sieur Robée, demandeur, qu'en celle dudit Jean Le Roux, défendeur, procédé à la réception des délarations desdits témoins comme suit :
S'est présentée Marie Messager, âgée de 44 ans, épouse de Joseph Le Guevel, meunière, deleurant au Moulin Nuz, commune de Saint-Servais, laquelle n'étant ni parente ni alliée, servante ni domestique d'aucune des parties et après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance, a déposé que lundi 29 mars dernier se trouvant au marché de Lesneven, place aux bleds, Jean Le Roux du moilin de Leslem en St-Servais qui se trouvait aussi dans ladite place au bled lui fit la confidence que le cheval du Sieur Robée dont il s'étoit servi pour prendre du bled de Lesneven avoit tombé sous sa charge en route, ce qui l'avait forcé à le décharger et à déposer la charge chez un particulier.
Sur la réquisition du Sieur Robée nous avons interpellé le témoin de déclarer si le lundi 12 de ce mois, lorsqu'elle retournoit des vêpres de Saint-Servais pour se rendre en sa demeure, Jean Le Roux auquel elle parla sur la chaussée dudit moulin de Leslem de l'affaire d'entre lui et le Sieur Robée, ne lui dit pas de ne point déposer sur tous les faits qui étoient à sa connaissance, notamment de ne pas dire qu'elle eut entendu que c'étoit le cheval du Sieur Robée qui avait tombé sous sa charge.
A répondu que vraiement en parlant de l'affaire ledit Le Roux lui recommanda de ne pas déclarer quel cheval avait tombé sous sa charge.
Telle est la déposition de ladite Messager, lecture et explication lui en faites en breton elle a déclaré y persister et n'avoir rien a y ajouter ni en retrancher et ne savoir signer de ce interpellée, requérant taxe de justice que nous lui avons fixé à la somme d'un franc payé par le demandeur.
Le précédent témoin retiré s'est présenté François Uguen, âgé de 47 ans, tisserand, demeurant à Croaspren, commune de Plouneventer, lequel n'étant ni parent ni allié, serviteur ni domestique d'aucune des parties et après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance, a déposé en breton que le jeudi 18 mars dernier environ les 3 heures de relevée Jean Le Roux du moulin de Leslem en Saint-Servais s'en retournant vers chez lui avec deux chevaux dont l'un chargé et l'autre s'en retournait lors à vide, c'est-à-dire sans charge, entra chez lui déposant pour faire la ???? et lui dit qu'il avoit été dans l'Armorique prendre deux charges de bêtes à somme d'orge, mais que la charge qu'il avoit mise sur le cheval qu'il lui avait été prêté par le sieur Robée de Saint-Servais et qui étoit de quatre boisseaux comme celle qu'il avoit sur son propre cheval, il avait été obligé de la laisser sans une maison près de la chapelle de Jésus à une demie lieue de Lesneven ; que le lendemain ledit Le Roux étant venu avec son propre cheval pendre cette charge qu'il avait déposée dans une maison près de la chapelle de Jésus, entra encore en allant prende ladite charge en lademeure dudit déposant pour allumer sa pipe, ajoute ledit déposant que le Roux lui avait déclaré qu'il avait été obligé de marcher en se retournant de la chapelle de Jésus jusqu'à Saint-Méen, mais que depuis Saint-Méen jusqu'audit lieu de Croaspren il s'étoit servi pour se faire porter du cheval du Sieur Robée ; ledit témoin croit devoir observer que ledit cheval du Sieur Robée chanceloit au-devant de sa porte pendant que Le Roux faisait sa pipe chez lui.
Telle est la déposition dudit François Uguen, lecture et explication lui en faite en breton, il a déclaré y persister et n'avoir rien à y ajouter ni en retrancher et ne savoir signer de ce interpellé, requérant taxe de justice que nous lui avons fixé et octroyé à la somme d'un franc payé par le demandeur.
Le précédent témoin retiré s'est présentée Louise Lagatu, épouse de François Uguen, âgée de 35 ans, ménagère, demeurant à Croaspren, commune de Plouneventer, laquelle n'étant ni parente ni alliée, servante ni domestique d'aucune des parties et après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance, a déposé en breton que le 18 mars dernier dans l'après-diner Jean Le Roux du moulin de Leslem en St-Servais s'en retournant vers chez [lui] avec deux chevaux dont un lui appartenoit, disoit-il, et qu'il déclaroit être chargé de quatre boisseaux d'orge, l'autre qu'il disoit appartenir au Sieur Robée du bourg de Saint-Servais s'en retournait lors à vide, c'est-à-dire sans charge, entra chez la déposante pour faire la pipe et là déclara qu'il avait été à l'Armorique prendre deux charges d'orge qu'il avait laissé l'une dansune maison près la chapelle de Jésus, c'est-à-dire la charge de quatre boiseaux qui étoit sur le cheval du sieur Robée.
Telle est la déposition de ladite Louise Lagatu, lecture et explication lui en faiteds en breton, elle a déclaré y persister et n'avoir rien à y ajouter ni en retrancher et ne savoir signer de ce interpellée, requérant taxe e juqtice que nous lui avons fixée et octroyée à la somme d'un franc payé par le demandeur.
Le précédent retiré, s'est présenté Jean Le Saout, âgé de 32 ans, charpentier de moulin, demeurant au bourg de Saint-Servais, lequel étant mi-cousin germain allié de Jean Le Roux et n'étant par ailleurs serviteur ni domestique d'aucune des parties, après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance, a déposé.
En l'endroit Jean Le Roux déclare reprocher ledit Jean Le Saout comme témoin attendu la proche affinité de son épouse avec le reprochant.
Nous, juge de paix, avons décerné acte audit Le Roux du reproche fourni contre ce témoin, ordonnons toutefois qu'il sera entendu dans sa déclaration sauf à y avoir tel égard que de raison.
Le dit Jean Le Saout a donc déposé en breton que le jeudi 18 mars dernier Jean Le Roux s'étoit servi du cheval du Sieur Robée et que le jour suivant ce cheval ne fut point mis en usage.
Telle est la déposition dudit Jean Le Saout, lecture et explication lui en faites en breton, il a déclaré y persister et n'avoir rien à y ajouter ni en retrancher et a signé et a signé requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payé par le demandeur. jean le Saout.
Le précédent témoin retiré s'est présenté Hervé Castel, âgé de 42 ans, cultivateur demeurant à Rufily commune de Saint-Servais, lequel n'étant ni parent ni allié, serviteur ni domestique d'aucune des parties et après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance a déposé en breton.
En l'endroit Jean Le Roux a déclaré reprocher comme témoin ledit Castel en ce qu'il est habituellement employé comme journalier par le Sieur Robée.
Nous juge de paix avons décerné acte audit Le Roux du reproche par lui fourni contre ledit témoin et néantmoins avons ordonné que nous passerons outre à sa déposition pour y avoir tel égard que de raison.
Ledit Hervé Castel a donc déposé en breton qu'un certain jeudi dans le caresme dernier le Sieur Robée prêta son cheval à Jean Le Roux du moulin de Leslem en Saint-Servais, que depuis cette course qu'il fit avec ledit Le Roux le cheval n'a point travaillé et il juge même qu'il n'est point en état de le faire, attendu qu'il dépérit quoique cependant on en ait le même soin depuis qu'auparavant.
Telle est la déposition dudit Hervé Castel, lecture et explication lui en faites en breton, il a déclaré y persister et n'avoir rien à y ajouter ni à retrancher et a signé, ne requérant aucune taxe de justice. H. CASTEL.
Le précédent témoin retiré s'est présenté Jean Guillerm, âgé de 29 ans, cultivateur demeurant à K/bignon commune de Saint-Servais, lequel n'étant ni parent ni allié, serviteur ni domestique d'aucune des parties et après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance a déposé en breton que hier il y eut quatre semaines sur le soir il vit Jean Le Roux du moulin de Leslem en Saint-Servais qui s'en retournait chez lui avec son cheval chargé et monté sur le cheval du Sieur Robée du bourg de Saint-Servais, dernier cheval qui ne portait qu'autre charge que ledit Le Roux lui-même.
Telle est la déposition dudit Jean Guillerm, lecture et explication lui en faites en breton, il a déclaré y persister et n'avoir rien à y ajouter ni en retracher et ne savoir signer de ce interpellé, requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à un franc payé par le demandeur.
Le précédent témoin retiré s'est présenté Yves Caroff, âgé de 31 ans, tisserand, demeurant à Runepoulsic, commune de Plouneventer, lequel n'étant ni parent ni allé, serviteur, ni domestique d'aucune des parties et après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance a déposé en breton qu'il y eut hier quatre semaines qu'environ les sept heures à sept heures et demi du soir il vit Jean Le Roux du moulin de Leslem en Saint-Servais qui s'en retournoit chez lui avec son cheval chargé et monté sur le cheval du Sieur Robée du bourg de Saint-Servais, dernier cheval qui ne portoit d'autre charge que ledit Le Roux lui-même.
Telle est la déposition dudit Yves Caroff, lecture et explication lui en faites, il a déclaré y persister et n'avoir rien à y ajouter ni en retrancher et a signé, requérant taxe de justice qui nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payé par le demandeur. YCAROFF
Le précédent témoin retiré s'est présenté Hervé Le Scanff, âgé de 42 ans, meunier demeurant au moulin de K/even, commune de Saint-Servais, lequel n'étant ni parent ni allié, serviteur ni domestique d'aucune des parties et après serment de dire la vérité sur les faits dont nous lui avons donné connoissance, a déposé en breton qu'un certain jour au commencement du carême dernier le cheval du Sieur Robée fut attelé à une voiture avec deux autres chevaux dont l'un au déposant, l'autre à Jean Le Roux pour prendre des pommes de terre de Saint-Pol-de-Léon, le cheval dudit Sieur Robée fit le service du cheval de timon pendant ce voyage et lors le cheval était fort bien.
Telle est la déposition dudit Hervé Le Scanff, lecture et explication lui en faites, il a déclaré y persister et n'avoir rien à y ajouter ni en retrancher et ne savoir signer de ce interpellé, requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payé par le demandeur.
En l'endroit Jean Le Roux croit devoir observer que les témoins François Uguen et sa femme n'ont point dit la vérité en disant qu'il avait déchargé le cheval du Sieur Robée au retour de l'Armorique dans une maison près de la chapelle de Jésus. Il leur avoit dit et il est vrai que ne jugeant pas le cheval du Sieur Robée assez fort pour porter une charge de blé, il avoit en allant laissé ce cheval dans la maison près de la chapelle de Jésus, que lors il fut avec son propre cheval prendre à l'Armorique une charge de blé qu'il dépose au retour dans la maison près de la chapelle de Jésus où il avait en allant laissé le cheval du Sieur Robée et qu'ensuite il fut encore avec son propre cheval à l'Armorique prendre une seconde charge de blé et s'en retourna che lui le même jour ne s'étant servi du cheval du Sieur Robée que pour se faire porter par intervalles. Et a ledit Le Roux signé. jean roux.
Le Sieur Robée est bien surpris des tours et détours dont veut se servir Le Roux, il est de la plus insigne mauvaise foi. Jamais il n'a dit qu'il n'eut point mis une charge de blé sur le cheval dudit Robée, loin de là il en a même convenu devant Uguen et femmeen leur disant que le trouvant surchargé et trop faible qu'il avait été obligé de laisser sa charge dans une maison près de la chapelle de Jésus. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'il lui est venu dans l'idée d'inventer un nouveau stratagème et de s'envelopper du manteau de l'imposture en voulant insinuer dans l'esprit du juge une chose tout-à-fait impossible : en effet, comment Le Roux qui étoit à 6 heures même à 6 heures et demi du matin au bourg deSt-Servais le jeudi 18 mars dernier auroit-il eu le temps d'aller deux fois à l'Armorique bien au-delà de Lesneven avec son propre cheval prendre deux charges de blé et d'être rendu à 3 heures du soir du même jour au lieu de Croaspren en Plouneventer en la demeure d'Uguen et femme. Il se fait donc fort de confondre l'imposture de Le Roux, de dévoiler à justice ses manoeuvre en demandant à être admis à faire preuvre par surerogation qu'il a chargé son cheval à lui Robée et qu'il a déposé cette charge dans une maison près de la chapelle de Jésus et a ledit Sieur Robée déclaré persister dans les fins et conclusions par lui prises et a signé sous toutes réservations. Robée.
Nous, juge de paix, avons admis le Sieur Robée à faire preuve par témoins des fais contestés par Le Roux, l'avons licentié à administrer ladite preuve à notre audience du vendredi 23 avril courant 10 heures du matin auxquels jour, lieu et heure avons arresté les parties de ce rendre et ledit demandeur de faire trouver ses témoins par les voies de droit.
Ainsi jugé et ordonné au bureau de nos audiences à Landivisiau sous notre seing et celui de notre greffier, les jour, mois et an que devant. Guenégan, juge de paix - Pre Gme Le Pivain, greffier.
XPierre Robée et la carrière de pierres 2/7/1819 (ADQ 37 U 4/19)
2 juillet 1819 - n° 97, 100, 109 - Audience de la justice de paix du canton de Landivisiau, arrondissement de Morlaix, département du Finistère. Du vendredi 2 juillet 1819, devant nous Cristophe Guennégan, juge de paix, assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, se sont présentés François Guinche et Guillaume Richart les deux journaliers demeurant à Lessougar, commune de Bodilis, lesquels ont exposé qu'ils sont chargés de travailler à extraire des pierres pour la Route Royale de Paris à Brest dans les carrières indiquées par le gouvernement au compte de Monsieur Vauthier, ingénieur de cet arrondissement, et ce dans les parages de K/yven sur la commune de Saint-Servais, qu'ayant été occupés pendant un mois environ à extraire des pierres de la carrière dite de Menez Saint-Servais près la grande route sur la commune de Saint-Servais, carrière qui leur a été indiquée, que Monsieur l'Ingénieur susdit ayant fait transporter treize charretées de pierres sur la grande route, leur fit recommander de les mettre en mètres, que pendant qu'ils se trouvèrent occupés ainsi à mesurer ou mettre en mètres lesdites pierres, le Sieur Pierre Robée, débitant de tabac demeurant au bourg de Saint-Servais, de son autorité privée et sans l'avis de personne, s'est permis de prendre possession de ladite carrière, d'en faire extraire des pierres par les nommés Pierre Quellennec et Yves Migraan de Queléré en Saint-Servais, de faire jetter sur le tas restant extrait par les exposants, tas qui pouvait contenir encore de 10 à 12 charretées, les pierres qu'ils étoient chargés d'extraire par ledit Sieur Robée, lequel a fait transporter non seulement les pierres extraites par ses ouvriers, mais encore la majeure partie des pierres extraites par les susdits exposants, que le lundi 21 du mois de juin dernier s'étant transportés à la carrière en question pour devoir continuer leur extraction, ils furent surpris de trouver opposition de la part dudit sieur Robée qui avait fait défense de les laisser extraire dans cette dite carrière, que lesdits exposants ayant rendu compte audit Sieur Vauthier des démarches du Sieur Robée, Monsieur Vauthier leur donna une lettre pour le Sieur Jean Boderiou et invita ce dernier à communiquer cette lettre audit Sieur Robée qui l'ayant prise en communication l'a gardée et se refuse à s'en dessaisir. C'est pourquoi lesdits François Guinche et Guillaume Richart ont par exploit de Le Saint, huissier près le tribunal civil de Morlaix et près notre justice de paix, en date du 26 juin dernier, enregistré à Landivisiau le 28, cité à notre audience de ce jour 10 heures du matin ledit Sieur Pierre Robée pour s'ouïr condamner à payer aux citants la somme de 48 francs à titre d'indemnité de l'enlèvement de leurs pierres extraites et attendu qu'ils ne peuvent remplir leurs obligations au vis à vis de Monsieur l'ingénieur et qu'ils restent sans occupation, offrant, en cas de contestation, d'administrer la preuve par témoins au soutien de leur exposé, le tout par dépens, et a ledit François Guinche signé, ledit Guillaume Richart ayant déclaré ne savoir signer de ce interpellé. F:guiNCHe.
S'est aussi présenté ledit Sieur Robée lequel répondant à l'action lui intentée a dit que les citant ne disent pas vrai dans leur exposé, qu'on ne les a pas empêché de travailler et qu'il ne leur a pas enlevé de pierres ni par lui cité ni par ses ouvriers, qu'on n'a pas du tout touché aux pierres qu'ild avaient extraites et que ce n'est point de son autorité privée, comme lesdits citants l'ont insinué dans l'exploit, qu'il a fait extraire des pierres de la carrière en question, qu'il en a été autorisé par Monsieur le Maire de Saint-Servais et a ledit sieur Robée signé demandant son renvoi d'assignation avec dépens. Robée.
Les citants répliquant au plaidé du cité ont dit qu'ils persistent dans les fins et conclusions de leur demande et a ledit François Guinche signé, ledit Richart ayant déclaré ne le savoir faire. F:gUINCHe.
Nous, juge de paix, attendu que les parties sont contraires en fait, avons admis les demandeurs à faire preuve par témoins de leurs maintiens, en conséquence avons ordonné qu'ils administreront ladite preuve à notre audience du vendredi 9 de ce mois 10 heures du matin auxquels jour, lieu et heure avons averti lesdites parties de se rendre et lesdits demandeurs d'y faire trouver leurs témoins par voie de droit.
Ainsi jugé et ordonné au bureau de nos audiences à Landivisiau sous notre seing et celui de notre greffier les jour, mois et an que devant? Guennégan, juge de paix - Pre Gme Le Pivain, greffier.
n°100 - Du vendredi 9 juillet 1819 devant nous Cristophe Guennégan, juge de paix du canton de Landivisiau, assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, se sont présentés François Guinche et Guillaume Richart, journaliers demeurant à Lessougar, commune de Bodilis, lesquels en exécution de notre ordonnance du 2 de ce mois, ont fait comparoitre volontairement et sans citation Jean Boderiou fils, Jean Letty, François Peron et Yves Riou à l'effet de donner leurs déclarations comme témoins sur ce qui peut être à leurs connaissances relativement au différend né entre Lesdits Guinche et Richart, demandeurs, et le Sieur Pierre Robée, débitant de tabac au bourg de Saint-Servais, défendeur. Nous avons donc tant en présence des demandeurs qu'en celle du défendeur entendu dans leurs déclarations les témoins susdénommés, lesquels, après serment de dire la vérité sur les faits dont nous leur avons donné connoissance, ont déclaré n'être parents ni alliés, serviteurs ni domestiques d'aucune des parties.
Jean Boderiou fils, âgé de 22 ans, cultivateur demeurant à Leslem Bian, commune de Saint-Servais a déposé.
En l'endroit le Sieur Robée déclare reprocher le témoin Boderiou fils attendu que sa déposition pourroit être suspectée de faveur en ce que les demandeurs Guinche et Richart sont des ouvriers exploitant dans la carrière dont est cas pour le compte de Boderiou père entrepreneur des travaux sous ledit Sieur Vauthier ingénieur.
Nous, juge de paix, avons décerné acte audit Sieur Robée du reproche par lui fourni contre Boderiou fils témoin comparaissant volontairement et disons que non obstant le reproche fourni, ce témoin sera entendu dans sa déclaration pour ensuite y avoir tel égard que de raison.
Ce témoin a donc déposé qu'il a différentes fois été employé par son père à transporter avec voiture sur la grande route des pierres extraites de la carrière ouverte dans la montagne dite de Saint-Servais par Guinche et Richart, qu'il n'en a pas transporté depuis 20 jours, que lors il restait sur les lieux au bord de la carrière environ une toise ou dix charretées des pierres extraites par lesdits Guinche et Richart, que les ouvriers employés par le Sieur Robée à extraire des pierres dans cette même carrière de Saint-Servais ont non deulement jetté leurs pierres à côté du tas qui restoit sur les lieux à Guinche et Richart, mais encore ont comblé d'attraits une grande partie de cette carrière et qu'aujourd'hui passant sur les lieux et observant le restant de pierres qui avoient demeuré sur lesdits lieux à Guinche et Richart, après le dernier transport par lui fait, il juge qu'il y a diminution d'environ un cinquième dans le tas de pierres qui restoit lors sur les lieux, mais qu'il ignore qui les auroit enlevé ou si elles auroient été jettées avec les attraits dans la carrière.
Telle est sa déposition, lecture lui en faite il a déclaré y persister et a signé requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payable par les demandeurs. Jean Boderiou.
Jean letty, âgé de 23 ans, cultivateur demeurant comme domestique chez Jean Boderiou père au lieu de Leslem Bian, commune de Saint-Servais, a déposé.
En l'endroit le sieur Robée a déclaré reprocher le témoin Letty dont la déposition pourrait être suspectée en ce que les demandeurs Guinche et Richart sont des ouvriers employés par Boderiou père entrepreneur sous le Sieur Vauthier ingénieur. Nous, juge de paix, avons décerné acte du reproche fourni contre ledit témoin et disons que non obstant ce reproche le témoin sera entendu dans sa déclaration pour y avoir tel égard que de raison.
Ledit Letty a donc déposé que depuis qu'il est au service de Jean Boderiou père il a été différentes fois employé à transporter avec voiture des pierres sur la grande route, ces pierres extraites par Guinche et Richart de la carrière ouverte dans la montagne dite de Saint-Servais, qu'il y a 20 jours depuis qu'il a la dernière fois été employé en même temps que Jean Boderio fils à transporter de ces pierres sur la grande route, que lors il resta après sur les lieux au bord de la carrière environ une toise extraite par Guinche et Richart, c'est-à-dire environ dix charretées, qu'aujourd'hui en passant à côté de cette carrière il a examiné le tas de pierres qui avoit resté il y a vingt jours sur les lieux après le dernier transport et estme que ce tas a diminué de deux charretées, c'est-à-dire d'un cinqième environ, que la carrière n'est plus la même qu'elle étoit lors en ce qu'alors elle étoit ouverte et qu'aujourd'hui elle est encombrée d'attraits et que sur ces attraits il y a un petit tas de pierres extraites qui n'y existoit pas à cette époque-là, qu'il ignore qui a extrait ces pierres et comblé la carrière, mais que le bruit constant et journallier est que ce sont les ouvriers du Sieur Robée qui l'ont fait.
Telle est sa déposition, lecture en breton lui en faite, il a déclaré y persister et a déclarer ne savoir signer, requérant taxe de justice que nous li avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payable par les demandeurs.
François Peron, âgé de 44 ans, journallier demeurant au K/roux commune de Bodilis, a déposé en breton qu'ayant été occupé pendant plusieurs semaines à extraire des pierres à Allain Abhervé-Gueguen dans un champ manoeuvré par ce dernier près la queue de l'étang du moulin de Leslem en Saint-Servais, il a eu occasion de voir plusieurs fois en passant et repassant pour aller à son ouvrage et s'en retouner la carrière ouverte dans la montagne dite de Saint-Servais par Guinche et Richart employés dans cette carrière à extraire des pierres pour le service de la grande route, qu'il y a environ cinq semaines que les nommés Pierre Quellennec et Yves Faujour dit Migraan de Queleré en Saint-Servais et Bodilis vinrent de la part du Sieur Robée extraire des pierres dans cette carrière ouverte par Guinche et Richart, qu'il les a vu plusieurs fois combler à divers reprises cette carrière d'attraits et pratiquer une excavation sous le tas de pierres qui restoit sur les lieux extraites par Guinche et Richart, que sur ces attraits qui comblent aujourd'hui la carrière existe un petit tas de pierres extraites par Quellennec et Faujour.
Telle est sa déposition, lecture lui en faite en breton, il a déclaré y persister et ne savoir signer, requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payable par les demandeurs.
Yves Riou, âgé de 60 ans, journalier demeurant au K/roux commune de Bodilis, a déposé en bretonqu'il a plusieurs fois passé et repassé en allant à son ouvrage et en s'en retournant chez lui à côté de la carrière ouverte dans la montagne dite de Saint-Servais exploitée par Guinche et Richart, que lorsqu'il passait à côté de cette carrière c'étoit pour aller extraire des pierres à Allain Abhervé-Guéguen dans un champ manoeuvré par ce dernier près la queue de l'étang du moulin de Leslem et en s'en retournant de son ouvrage qu'il a vu plus d'une fois Pierre Quellennec et Yves Faujour dit Migraan de Queleré en Saint-Servais et Bodilis occupés a extraire des pierres dans ladite carrière por le compte du Sieur Robée, qu'ils ont extrait ces pierres en pratiquent une excavation sous le tas de pierres qui restait à Guinche et Ricart sur le bord de la carrière qui lors de l'entrée de Quellennec et de Faujour en icelle étoit ouverte et qui aujourd'hui se trouve par eux encombrée d'attraits et sur ces attraits existe encore à présent un petit tas de pierres extraites par lesdits Quellennec et Faujour.
Telle est sa déposition, lecture lui en faite en breton, il a déclaré y persister et ne savoir signer, requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payable par les demandeurs.
en l'endoit le Sieur Robée a dit qu'il désireroit être admis à faire une contre preuve tendant à sa justification, c'est-à-dire à faire preuve que Guinche et Richart mêmes ont non seulement permis aux ouvriers dudit Sieur Robée d'extraire des pierres de cette carrière mais encore de la combler en disant qu'ils n'entendaient plus en extraire des pierres et a ledit Sieur Robée signé. Robée.
Lesdits guinche et Richart répliquant au plaidé dudit Sieur Robée ont dit qu'ils n'ont jamais autorisé les ouvriers du Sieur Robée à extraire des pierres dans la carrière en question encore moins de la combler de pierres, qu'il est faux qu'ils ayent jamais dit qu'ils n'entendaient plus se servir de cette carrière pour extraire des pierres, qu'au contraire leur intention était d'y retourner pour continuer leur exploitation et qu'ils ont été bien surpris de la trouver comblée d'attraits ce qui leur porte un préjudice réel en ce qu'ils ont été obligés de discontinuer leur dite exploitation et par opposition venant même du fait du Sieur Robée. Et a ledit Guinche signé, ledit Richart ayant déclaré ne le savoir faire, ajoutant même que Monsieur Robée et Monsieur le Maire de Saint-Servais se présentèrent au bord de la carrière de Saint-Servais pour autoriser l'extraction par les ouvriers du Sieur Robée quelques jours après que Guinche et Richart s'étoient retirés sur la route pour disposer en mètres les pierres charroyées, qu'à l'audience du 2 de ce mois Yves Faujour dit Migraan a annoncé cette apparition de Monsieur le Maire et de Monsieur Robée sur le bord de la carrière, que d'ailleurs la Dame Robée et le neveu dudit Sieur Robée se présentèrent un certain jour du matin qui étoit le 21 juin dernier sur le bord de la carrière et en joignirent à Guinche et Richart d'en sortir et de laisser la carrière livres aux ouvriers du Sieur Robée. F:GuINCHe
Le sieur Robée répliquant quant au plaidé de Guinche et Richart a dit qu'il est faux que Madame Robée ni son neveu leur ayant jamais dit de se retirer, au contraire ils leur ont dit de continuer leur exploitation si cela leur convenoit et a ledit Sieur Robé signé, persistant dans le plaid" ci-dessus. Robée.
Nous, juge de paix, avons admis ledit Sieur Robée a faire la contre preuve qu'il désire établir, en conséquence avons ordonné qu'il administrera ladite contre preuve à notre audience du vendredi 16 de ce mois 2 heures de relevée auxquels jour, lieu et heure nous avons averti les parties de se rendre et ledit sieur Robée d'y faire trouver ses témoins par les voie de droit.
Ainsi jugé et ordonné au bureau de nos audiences à Landivisiau sous notre seing et celui de notre greffier les jour, mois et an que devant. Guennegan, juge de paix - Pre Gme Le pivain, greffier.
16 juillet 1819 - n°109 - Du vendredi 16 juillet 1819, devant nous Cristophe Guennegan, juge de paix du canton de Landivisiau, assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, greffier, s'est présenté le Sieur Pierre Robée, débitant de tabac au bourg de Saint-Servais, lequel, en exécution de notre ordonnance du 9 de ce mois, enregistrée le 13, a fait comparaître volontairement et sans citation, Jean Jacques, Jean François Cren et Anne Millour à l'effet de donner comme témoins leurs déclarations sur ce qui pourroit être à leur connaissance relativement aux faits maintenus par ledit Sieur Robée dans l'affaire lui intentée par François Guinche et Guillaume Richart, les deux journaliers demeurant à Lessougar, commune de Bodilis.
Nous avons donc en présence des parties entendu dans leurs déclarations les témoins susdénommés, lesquels, après serment de dire la vérité sur les faits dont nous leur avons donné connoissance, ont déclaré n'être ni parents, ni alliés, serviteurs ni domestiques d'aucune des parties.
Jean Jacques, cultivateur, âgé de 52 à 53 ans, demeurant à Poul a' Mignenec, commune de Bodilis, a déposé en breton que depuis que les gens de Jean Boderio ont cessé de transporter des pierres de la carrière dite de la montagne de Saint-Servais, il ne juge pas que le restant du tas de pierres qui restoit à Guinche et Richart sur le bord de la carrière soit diminué et que même ledit Richart lui a fait la confidence que lui et Guinche avait permis aux ouvriers dudit Sieur Robée d'extraire des pierres dans ladite carrière ouverte de la montagne de Saint-Servais.
Telle est sa déposition, lecture lui en faite en breton, il a déclaré y persister et ne savoir signer de ce interpellé, requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc, payée par le Sieur Robée.
Jean-François Cren, cultivateu, âgé de 42 ans, demeurant à Lanven, commune de Bodilis, a déposé en breton que le 2 du mois de juillet courant dans la vêprée Guinche et Richart, accompagnés de Jean Boderiou, le vinrent trouver à la carrière dite du Marchaland où il étoit occupé à travailler et lui dirent d'observer le restant des pierres par eux extraites et restées après le charrois sur le bord de la carrière dite de la montagne de Saint-Servais et c'est ce qu'il observa en y passant le dimanche suivant comme il l'avait observé lui-même le dimanche précédent et comme il l'a encore depuis observé et il juge que ce restant de pierres ne lui paraît pas diminué depuis le dernier dimanche du mois de juin qu'il l'avait vu pour la première fois. Ledit témoin par nous questionné sur la réquisition du Sieur Robée si Guinche et Richart ne lui auroient pas déclaré avoir donné aux ouvriers dudit Sieur Robée la permission d'extraire des pierres dans la carrière dite de la montagne de Saint-Servais, a répondu négativement.
Telle est sa déposition, lecture lui en faite en breton, il a déclaré y persister et ne savoir signer de ce interpellé, requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payé par le Sieur Robée.
Anne Millour, épouse de François Le Lann, cultivatrice, âgée de 30 ans, demeurant à Lanven, commune de Bodilis, a déposé en breton qu'elle étoit présente au bord de la carrière de la montagne dite de Saint-Servais lorsque Guinche déclara avoir permis aux ouvriers du Sieur Robée d'extraire des pierres dans ladite carrière.
Ledit témoin par nous questionné sur la réquisition du Sieur Robée s'il est à sa connoissance quel pourrait être le volume du tas de pierres qui restoit au bord de la carrière de Saint-Servais les jours qui suivirent immédiatement celui auquel les gens de Jean Boderiou cessèrent le transport des pierres extraites par guinche et Richart sur la grande route et s'il auroit fait attention que le volume de ce restant de pierres qui demeurait sur les lieux ait ou non diminué à son avis.
A répondu qu'elle n'a fait nulle attention au restant de pierres qui avait demeuré sur les lieux après le charrois cessé par les gens de Boderiou.
Telle est sa déposition, lecture en faite en breton, elle a déclaré ne savoir signer de ce interpellé, requérant taxe de justice que nous lui avons octroyé et fixé à la somme d'un franc payé par le Sieur Robé.
Nous, juge de paix, considérant qu'il résulte des dépositions uniformes de François Péron et d'Yves Riou, témoins entendus à notre audience du 9 de ce mois, qu'en passant et repassant pour aller à leurs ouvrages et s'en retourner ils ont vu plusieurs fois Pierre Quellennec et Yves Faujour, dit Migraan, employés par le Sieur Robée occupés à extraire des pierres pour le compte dudit Sieur Robée dans la carrière qu'exploitoient précédemment pour le compte du gouvernement les citants Guinche et Richart, que ces mêmes témoins ont ajouté avoir aussi vu plusieurs fois, en passant et repassant ladite carrière, lesdits Quellennec et Faujour combler d'attraits ladite carrière et qu'ils ont vu sur lesdits attraits un petit tas de pierres extraites par lesdits ouvriers du Sieur Robée en pratiquant une excavation sous le restant de tas de pierres desdits Guinche et Richart, considérant que des dépositions de Jean Boreriou fils et Jean Letty, témoins reprochés par le sieur Robée, il résulte que les ouvriers employés par le Sieur Robée à extraire dans la carrière de la montagne de Saint-Servais ont jettés leurs pierres à côté du restant des pieres extraites par Guinche et Richart, que ce restant leur a paru diminué sur les lieux d'environ un cinquième depuis la cessation du transport par eux fait des pierres sur la grande route et qu'ils ont ajouté que cette carrière étoit encombrée d'attraits, considérant que le Sieur Robée pour se soustraire à l'inculpation élevée contre lui, par Guinche et Richart, de s'être ingéré et immiscé de son autorité privée dans l'exploitation de la carrière dite de la montagne de Saint-Servais, a répondu qu'il ne l'a pas fait de son autorité privée mais d'après une autorisation expresse et par écrit du Sieur Le Bras, maire de la commune de Saint-Servais, considérant que le Sieur Robée s'est fait fort de prouver qu'outre l'autorisation qu'il avait par devers lui de Monsieur le Maire de Saint-Servais que Guinche et Richart ont donné la permission à ses ouvriers non seulement d'extraire des pierres dans cette carrière, mais même de la combler en ce que lesdits Guinche et Richart disoient qu'ils n'entendoient, dit-il, pas se servir désormais de cete carrière pour y extraire des pierres, considérant que de la déposition de Jean Jacq il résulte qu'il estime que le restant de pierres demeuré sur les lieux après la cessation du transport par les gens de Boderiou ne lui paroit pas diminué et qu'il a ajouté qur Richart lui avait fait confidence que lui Richart et Guinche avaient permis aux ouvriers du Sieur Robée d'extraire des pierres dans ladite carrière ouverte de la montagne de Saint-Servais, considérant que de la déposition de Jean François Cren il résulte qu'ayant examiné le restant des pierres demeurées sur le bord de la de la montagne de Saint-servais, il estmie que ce restant n'est point diminué depuis qu'il l'a observé la première fois le dimache 27 juin dernier, considérant que de la déposition d'Anne Millour, femme Le Lann, il ne résulte autre chose si ce n'est que Guinche avait déclaré en sa présence sur le bord de la carrière de Saint-Servais avoir permis aux ouvriers du Sieur Robée d'extraire des pierres dans ladite carrière, considérant que la contre preuve administrée par le Sieur Robée est incomplète en ce qu'elle ne s'étend qu'à la plus faible partie des faits qu'il s'étoit fait fort d'attester, considérant que le ??? échapatoire du Sieur Robée de répondre que ce n'étoit que d'après la permission de Monsieur le Maire que ses ouvriers avoient extrait des pierres dans la carrière de la montagne de Saint-Servais ne peut être admis dans l'espèce en ce qu'il ne nous paroit pas que le pouvoir d'un maire soit assez étendu pour autoriser en sa qualité de maire un particulier quelconque à extraire d'une carrière déjà en exploitation pour le compte du gouvernement et qui n'a pas été déclaré propriétécommunale, d'ailleurs aurait-elle été déclarée telle, le maire ne pourroit tout au plus en disposerque pour le compte de la commune et non pour le compte d'un particulier, que par conséquent cette prétendue autorisation ne peut être réputée d'aucun poids, considérant que, si Guinche et Richart se sont plaints que leur restant de pierres sur le bord de la carrière ouverte sur la montagne de Saint-Servais s'st trouvé diminué comme l'ont attesté les témoins reprochés Boderiou fils et Letty, cette diminution ne peut plus naturellement être mise au compte de qui que ce soit plutôt qu'au compte du Sieur Robée en ce que ses ouvriers, d'après la déposition de plusieurs témoins, ont jeté les pierres par eux extraites à côté du restant de pierres de Guinche et Richart et qu'il est de principe que is fecit cui prodest, considérant que non seulement le Sieur Robée s'est introduit sans qualité dans la carrière dite de la montagne de Saint-Servais, mais que ses ouvriers du fait desquels il répond au lieu d'estraire des pierres de ladite carrière, ont poussé la malice soit de leur propre mouvement soit d'après les sollicitations du Sieur Robée au point de combler ladite carrière d'attraits de telle manière qu'il paroit qu'elle ne serait plus exploitable qu'après un déblayement dispendieux.
Par tous ces motifs faisant droit entre les parties déboutons le Sieur Robée de la contre preuve incomplette par lui tentée et considérant en point de droit " que tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé a le réparer" (article 1382 du code civil) condamnoms par jugement en dernier ressort le sieur Robée à payer dans trois (?) jours à compter de la notification du présent jugement auxdits Guinche et Richart à titre d'indemnité pour cessation et privation de travail et pour l'encombrement de ladite de ladite carrière la somme de 18 francs, le condamnons enfin aux frais et dépens de l'instance par nous liquidés à la somme de 21,65 francs retrait et notification outre.
Ainsi jugé et prononcé en présence des parties au bureau de nos audiences à Landivisiau sous notre seing et celui de notre greffier les jours, mois et an que devant. Guennegan, juge de paix - Pre Gme Le Pivain, greffier.
XPierre Robée et sa maison - 21/7/1820 (ADQ 37 U 4/20)
21 juillet 1820 - n°77 C. le 21 - Audience de la justice de paix du canton de Landivisiau, arrondissement de Morlaix, département du Finistère. Du vendredi 21 juillet 1820, devant nous Cristophe Guennegan, juge de paix du canton de Landivisiau, asisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, d'est présenté Pierre Robée, débitant de tabacs, demeurant et domicilié au bourg de Saint-Servais, lequel a exposé que Jacques Le Roux, maçon, avoit pris l'engagement envers ledit Sieur Robée de lui bâtir une maison de 40 pieds de long de dehors en dehors, sur 18 pieds de large de dehors en dehors, ayant 5 ouvertures au rez-de-chaussée et 5 au premier, 8 pieds francs sous les poutres de chaque étage, ayant deux cheminées au rez-de-chaussée et deux au premier, le tout pour la somme de 450 francs payables en deux termes à la moitié et à la fin de l'ouvrage.
Jacques Le Roux paraissoit s'être conformé à son engagement et avoit reçu la somme de 225 francs, moitié du prix convenu, lorsque tout à coup le nouvel édifice a croulé par suite de sa mauvaise construction.
Dans cette circonstance ledit Jacques Le Roux, Jean Cariou et François Cariou, ses consorts, ont contracté envers le Sieur Robée l'engagement de lui rebâtir la même maison dans les mêmes dimensions moyennant la somme de 263 francs que le Sieur Robée leur compteroit, savoir moitié lorque l'ouvrage seroit parvenu à moité et l'autre moitié à l'époque de son entière confection qui devoit avoir lieu sous le 30 juin dernier.
Le 30 juin expiré et Le Roux et les Cariou n'ont en aucune manière rempli leurs obligations, il en résulte un très grand préjudice pour le Sieur Robée qui les a vainement stimulés de s'exécuter. C'est pour quoi il a, par exploit de Paul Le Saint, demeurant à Landivisiau huissier près le tribunal civil de Morlaix et près notre justice de paix, en date du 15 de ce mois, enregistré audit Landivisiau le 17, cité à notre audience de ce jour 10 heures du matin, lesdits Jacques Le Roux, Jean Cariou et François Cariou, maçons, demeurant tous au bourg de Lampaul, commune du même nom, pour se concilier, si faire se peut, avec le citant sur l'action qu'il se propose d'intenter vers eux en tribunal compétent aux fins d'être condamnés de lui payer une somme de 1.200 francs à titre de dommages-intérêts, résultant de l'inexécution des obligations par eux contractées à son égard et vu le tort considérable qu'il en souffre par dépens de l'instance et a ledit Sieur Robée signé sous toutes réservations. Robée.
Se sont aussi présentés lesdits Jacques Le Roux, Jean et François Cariou, lesquels répondant à l'action leur intentée par le Sieur Robée ont dit qu'ils ne se présentent que pour obéir à justice et protester de nullité et d'inutilité contre la citation et les menaces qu'elle renferme sous la réserve formelle de tous dus, droits, actions et conclusions et ont lesdits Jacque Le Roux et François Cariou signé, ledit Jean Cariou ayant déclaré ne le savoir faire de ce interpellé. IROV+ - francois cariou.
Nous, juge de paix, attendu que nous n'avons pu concilier les parties sur l'objet de leur différend, les avons renvoyées se pourvoir en tribunal compétent pour leur être fait droit ainsi qu'il appartiendra.
Ainsi fait et arrêté au bureau de nos audiences sous notre seing et celui de notre greffier, les jour, mois et an que devant. Guennégan, juge de paix - Pre Gme Le Pivain, greffier.
XPlan du cadastre napoléonien de Saint-Servais en 1828
Ti Robée dessinée par Yan' Dargent | Ti Robée - photo ancienne |
La "maison de Robée" était un corps de logis important avec étage et comble, une façade percée de nombreuses ouvertures, et de vastes dépendances permettaient d'y loger à pied et à cheval. Pierre Robée, on l'a vu, y débitait du tabac. De son vivant le lieu-dit s'appelait "Maison-Neuve" ou "les Maisons Neuves de Kerivin" ; "Maison isolée" dans les recensements et sur le cadastre ancien. Plus tard, on l'appela "Ti Robée".
La maison existe encore et si les transformations qu'elle a subies la rendre méconnaissable, elle porte encore le toponyme qu'on lui avait attribué. Et, le panneau indicateur routier est là pour le rappeler.
Vers 1821, après avoir fait construire sa maison près de Kerivin, dans lieu isolé, mais au bord de la grande route royale qui traverse Saint-Servais, Pierre Robée s'y installe avec sa femme et sa fille.
Dans cette maison, ils exercent la profession d'aubergiste, de relais de poste et, bien sûr, de débitant de tabac... et de cultivateur. En effet, Pierre Robée a loué quelques terres aux alentours (voir, plus bas, les inventaires après décès). Pour le travail de la terre, il est aidé par Yves Le Manach, son neveu.
Quelques années plus tard, Claude Dargent corroyeur lorrain, de 29 ans, s'arrête au relais de poste. "Clémentine, la fille de l'aubergiste, l'accueille et le sert : elle a 20 ans à peine, elle est joilie, elle lui plaît ; il la courtise et lui demande sa main" (Jean Berthou). Ils se sont mariés le 11 janvier 1824 à Saint-Servais, bien évidemment. Yan' Dargent naîtra de cette union le 15 octobre de la même année.
Deux ans plus tard, le malheur survient : Clémentine meurt en 1826. Son mari n'a plus guère de raison de demeurer à Saint-Servais. Il reprend sa musette et sa route, après avoir confié son fils à ses grands-parents. Mais la grand-mère, Jeanne Vincente, décède aussi le 22 octobre 1828.
Le 3 décembre, Pierre Robée est nommé subrogé-tuteur de Yan' Dargent .
Lors de la même réunion, le conseil de famille désigne l'expert chargé d'estimer la valeur des biens présents à Ti-Robée, lors de l'inventaire après décès de Clémentine Robée et de sa mère. La lecture de cet inventaire est particulièrement intéressante.
Minute de la Justice de paix de Landivisiau : le 3/12/1828 subrogée-tutelle de Yan' Dargent (ADQ 37 U 4/28)
3.xbre.1828 - Ce jour 3 décembre 1828, devant nous Paul Le Saint, juge de paix du canton de Landivisiau, arrondissement de Morlaix, département du Finistère, assisté de Pierre Guillaume Le Pivain, notre greffier, s'est présenté Monsieur Claude Dargent, fabricant tanneur, demeurant à la Maison Isolée à K/iven, commune de Saint-Servais, veuf de Dame Marguerite Perrine Clémentine Robée, décédée le 15 juin 1826, et tuteur légal de Jean Edouard Dargent, âgé de 4 ans, enfant mineur et unique issu de son mariage, lequel a déclaré avoir convoqué par devant nous, afin de nommination d'un subrogé tuteur à sondit enfant mineur, le conseil de famille qui de trouve composé des parens ci-après dénommés :
Au paternel :
Guillaume Hamon, tanneur, demeurant à Landivisiau,
Yves Marie Monfort, tanneur, demeurant à idem,
Le Sieur Thomas Le Pivain, secrétaire de la mairie de Landivisiau, et y demeurant.
Les trois susdénommés comme bienveillants à défaut de parens à la distance de deux myriamètres.
Au maternel :
Monsieur Pierre Robée, débitant de tabac, demeurant à la Maison Isolée à K/iven, commune de Saint-Servais, ayeul du mineur,
Monsieur Yves Manach, cultivateur, demeurant à ladite Maison Isolée de K/iven, oncle au 5ème degré du mineur,
Monsieur François Marie Huc, notaire demeurant à Ploudiry, bienveillant à défaut d'un autre parent à la distance de deux myriamètres.
Lesquels parens et bienveillants assemblés devant nous et sous notre présidence, ayant délibéré sur l'objet de leur convocation, ont dit et déclaré être tous d'avis de nommer, comme de fait ils nomment pour subrogé tuteur du mineur, ledit Sieur Robée, son ayeul, à l'effet de prendre ses intérêts quand ils seront en opposition avec ceux de son père et tuteur légal, charge qu'il a dit accepter.
En l'endroit ledit Sieur Robée, en sa qualité de subrogé tuteur, a déclaré nommer et affider le Sieur Christophe Guennegan, expert demeurant au lieu de la Villeneuve, commune de Bodilis, à l'effet de procéder à la prisée et estimation des meubles et autres effets dépendants tant de la communauté dudit Sieur Dargent avec ladite Dame Robée, sa défunte épouse, que de la succession de Dame Jeanne Vincente Le Coz, ayeule maternelle dudit mineur Dargent, décédée récemment.
Dont et de tout ce que dessus nous avons fait et rapporté le présent procès-verbal que les parens et bienveillants composant le conseil de famille ainsi que ledit Sieur tuteur légal ont, après lecture, signé avec nous et notre greffier à Landivisiau les jour, mois et an que devant.
Cle Dargent - Robée - Gme hamon - y:m: monfort - T.Le Pivain - y:manach - Le Saint, juge de paix - Pre Gme Le Pivain, greffier.
Inventaire à K/yven St-Servais après décès de Mmes Robée et Dargent - 11 et 12/12/1828 (ADQ 4 E 106/72)
Ce jour 11 décembre 1828, 9 heures du matin, à la requête et en présence de :
1° M. Pierre Robée, débitant de tabacs, demeurant à la maison isolée à K/yven, commune de Saint-Servais, canton de Landivisiau, agissant en son nom personnel, comme veuf de Dame Jeanne Vincente Le Coz, et encore comme subrogé-tuteur de l'enfant mineur ci-après nommé ;
2° M. Claude Dargent, fabricant tanneur, demeurant avec le sieur Robée, son beau-père, en son nom personnel, comme veuf de Dame Marguerite-Perrine-Clémentine Robée, et encore au nom et en la qualité de tuteur légal de Jean-Edouard Dargent, son fils mineur ;
En présence et sur l'estimation de M. Cristophe Guennégan, demeurant au lieu de la Ville-Neuve en Bodilis, affidé par M. Robée, subrogé-tuteur et ayeul, prêté le serment prescrit dans la circonstance, ainsi qu'il résulte du procès-verbal de M. le juge de paix de ce canton, en date du 3 courant, enregistré,
Nous, Gabriel Le Férec et notre collègue, notaires à Landivisiau, arrondissement de Morlaix, épartement du Finistère, sousssignés,
Avons procédé, en la demande des requérants, à l'inventaire général, didèle et complet de tous les biens meubles et autres objets en général, dépendant, en premier lieu, de la communauté qui a subsisté entre le sieur Robée et sa défunte épouse, à laquelle le mineur Dargent, son petit-fils, est seul habile à hériter, et en second lieu, de celle qui a existé entre ledit Sieur Dargent et feue Marguerite-Perrine-Clémentine Robée, son épouse, qui n'a laissé qu'un enfant unique (Jean-Edouard Dargent).
Le mobilier qui compose la communauté Robée sera décrit au chapitre premier et les biens meubles de la communauté Dargent seront portés au chapitre deux ci-après.
Description et estimation du mobilier
Chapitre 1er - Communauté Robée
=== Dans la cuisine ===
une double crémaillère, estimée ... | 8,00 |
cinq trépieds et deux triangles | 9,50 |
une pelle à feu avec pinces | 0,75 |
quatre poëles à frire | 10,00 |
une paire de landiers avec broche et tourne-broche | 12,00 |
un grill en fer | 0,80 |
cinq casseroles en cuivre rouge | 18,00 |
une tourtière dito avec couverture | 4,50 |
une couverture de casserole en dito | 2,00 |
une petite marmite avec couvercle et anse | 3,00 |
une casserole ?? ??? | 1,50 |
un mauvais chauff-lit ?? bassinoire | 1,00 |
un moulin à café et un idem à poivre | 4,00 |
une paire de pinces | 0,30 |
huit marmittes | 27,00 |
quatre baillets | 5,00 |
le ??? à lait | 1,50 |
un fusil | 4,50 |
deux chandeliers en cuivre, plus quatre dito | 8,00 |
une petite grecque, un petit bassin, un passe-lait et une caffière | 2,40 |
deux rotissoires avec une broche | 3,00 |
une lampe en fer blanc | 1,80 |
une douzaine de plats à soupe | 3,00 |
une fontaine en fayence avec sa cuvette | 4,00 |
la pendule avec sa boîte et ses poids | 36,00 |
six terrines à lait | 2,40 |
le croc à viande avec corde et poulie | 4,50 |
un pot de terre pour le miel | 0,40 |
une cuillère à pot | 0,50 |
deux hachoirs | 1,00 |
trois ??? bassin | 7,50 |
trois soupières | 2,50 |
trois douzaines d'assiettes en fayence | 10,40 |
seize plats idem | 8,00 |
six ??? brunes | 2,25 |
deux saladiers | 1,40 |
trois ??? blanches | 0,50 |
une boîte à sel | 1,20 |
une cruche | 1,25 |
un sucrier avec une ??? | 1,00 |
une petite dame-jeanne | 0,60 |
une table avec son ??? | 3,75 |
un petit comptoir, bois de sapin | 4,50 |
une petite table ronde | 2,00 |
un vieux fauteuil sur le foyer | 0,60 |
quatre vieilles chaises | 1,80 |
la table au-dessus des marmites et une petite ??? | 5,00 |
deux garde-mouches | 4,25 |
un lit de sapin avec accoutrement | 18,00 |
une autre chaise empaillée | 1,00 |
une petite table carrée avec tiroirs | 4,00 |
un buffet avec vaissellier | 30,00 |
un salloir avec cercle de fer | 5,00 |
une grande armoire | 20,00 |
un ??? de ??? | 50,00 |
une mauvaise paire de balances avec poids et deux pots en fayance | 3,50 |
=== Dans la salle ===
une armoire | 90,00 |
un buffet à deux corps | 60,00 |
une commode à trois tiroirs | 12,00 |
une glace | 18,00 |
une bergère | 6,00 |
deux tables | 5,50 |
deux fauteuils et cinq chaises empaillées | 4,75 |
une pendule sur la cheminée | 60,00 |
une grande grecque, six tasses avec leurs sous-coupes | 5,00 |
un porte huillier, un ???? avec huit verres | 2,50 |
une tasse en porcelaine avec sa sous-coupe | 1,50 |
la bibliothèque | 16,00 |
dix tableaux | 5,00 |
un baromètre | 4,00 |
=== Dans l'arrière-cuisine ===
une table | 4,25 |
un flot de balances, avec plateau et poids | 15,00 |
un fer à repasser avec son grill | 3,00 |
une huche | 7,00 |
les accoutrements d'un lit d'attache | 12,00 |
deux fûts de barrique | 4,50 |
un baril avec la cendre | 2,25 |
cent cinquante bouteilles, gros verre | 37,50 |
un fanal | 0,50 |
une enclume avec son marteau | 3,00 |
deux tarrières | 2,75 |
un marteau à maçon | 0,60 |
une petite scie à main | 0,40 |
trois coins de fer | 2,40 |
cinq crocs à sarcler | 1,75 |
=== Dans la vieille huche ===
une huche | 32,00 |
autre dite | 21,00 |
autre dite | 35,00 |
un coffre | 12,00 |
autre dito | 4,50 |
un petit paitrin | 5,00 |
une mesure à grain | 1,20 |
un panier à semer | 0,40 |
deux fûts de barrique | 6,00 |
la procision de vins et eau-de-vie | 172,00 |
une herminette | 1,50 |
une vieille scie à main | 0,30 |
une scie à refendre | 1,25 |
une crémaillère | 1,50 |
deux cents bouteilles de graie | 15,00 |
une coignée | 2,80 |
trois fourches de der | 3,00 |
deux tranches de fer | 5,25 |
trois petits râteaux de fer | 0,90 |
deux vieilles pelles | 1,40 |
deux liens à charrette | 0,75 |
une corde à la doublure | 1,50 |
un petit baril | 1,25 |
un grand bassin d'airain | 16,50 |
=== Dans l'écurie ===
les créneaux et les râteliers | 5,00 |
un bâts à porter avec sa sangle | 4,75 |
le bâts à timon avec reculoir | 6,00 |
un dossier en cuir | 4,25 |
deux étrilles | 0,80 |
quatre colliers | 2,90 |
un vieux dossier | 1,30 |
deux traits courts | 3,20 |
un trait à cheville avec ses fourreaux | 3,75 |
un trait courant avec ses fourreaux | 2,65 |
deux bridous | 1,60 |
un lien en cuir | 0,70 |
une gratte | 0,40 |
un seau et deux mesures à grains | 1,75 |
deux crocs à trois doigts | 3,00 |
trois pelles | 5,50 |
trois marres | 4,75 |
une auge en pierre | 9,00 |
la doublure | 2,00 |
deux liens à charrette | 2,25 |
=== Dans la grange ===
deux échelles | 3,25 |
une grande échelle | 4,50 |
une charrue acec son soc, coultre et avant-traie (?) | 27,00 |
la grande charrette | 140,00 |
une petite voiture | 8,00 |
un grand ratelier et les arceaux | 16,00 |
une autre échelle | 1,75 |
le tarare | 40,00 |
vingt-sept fûts de barrique | 40,50 |
une moyenne charette | 72,00 |
un établi à charpentier | 0,50 |
=== Dans la paillée ===
la paille d'avoine | 39,00 |
la paille de froment | 60,00 |
la paille d'orge et autres menues pailles | 25,00 |
la meule de foin | 100,00 |
le bois de chauffage et rondins | 30,00 |
le fumier ramassé et à ramasser | 15,00 |
un petit tas de fagots | 12,00 |
des bouts d'ormeau et deux madrioers | 17,00 |
=== Dans la chambre au-dessus de la salle ===
une table en sapin | 2,50 |
un buffet à deux corps | 40,00 |
un bonheur du jour | 20,00 |
les accoutrements de deux lits d'attache | 135,00 |
deux rideaux de fenêtres avec leurs gaules | 15,00 |
un grand fanal | 3,00 |
une cuvette | 0,60 |
une petite glace | 4,00 |
une chaise empaillée | 0,25 |
=== Dans le petit cabinet au-dessus de l'entrée ===
une petite table carrée | 0,50 |
les accoutrements de deux lits d'attache | 54,00 |
une chaise empaillée | 1,00 |
=== Dans la chambre au-dessus de la cuisine ===
une table | 1,00 |
un fusil | 10,00 |
les accoutrements de deux lits d'attache | 0,75 |
une paire de lau??? | 3,00 |
un pot de chambre | 1,00 |
un banc | 0,60 |
une boîte à ??che | 2,00 |
un baril pour la farine d'avoine | 1,50 |
six bouts de planches de sapin | 2,25 |
=== Dans le grenier de la maison neuve ===
dix dames-jeanne | 10,00 |
cent bouteilles de grace | 7,50 |
quatre lèche-frites | 1,75 |
une futaille de barrique | 1,50 |
quatre serpes | 5,00 |
six faucilles à bled | 3,60 |
quatre douzaines et demie de lin en baton | 6,75 |
un grand drap à vanner (?) | 4,50 |
=== Dans la chambre au-desus de l'arrière-cuisine ===
une table ronde | 3,00 |
quatre couchettes de lits avec leurs accoutrements, je dis trois lits l'un étant d'attache | 42,00 |
=== Dans le grenier de la vieille maison ===
les outils à ??? | 2,00 |
une poulie | 1,50 |
un mauvais coffre | 2,25 |
une mauvaise broie | 0,50 |
un baril | 1,20 |
un vieux matelas | 2,00 |
=== Grains secs ===
la provision de froment | 288,00 |
la provision d'orge | 60,00 |
la provision de seigle | 42,00 |
la provision de bled-noir | 27,00 |
la provision de vieille avoine | 72,00 |
la provision de nouvelle avoine | 26,00 |
=== Linge ===
trente-deux serviettes | 24,00 |
trois nappes | 3,00 |
vingt-huit draps de lit | 112,00 |
douze taies d'oreillers | 12,00 |
deux couvertures de traversins | 1,50 |
quatre poches à grains | 5,00 |
douze draps de lit, grosse toile | 24,00 |
=== Chevaux et bestiaux ===
deux chevaux | 150,00 |
deux vaches | 135,00 |
trois pourceaux | 96,00 |
une chèvre | 7,00 |
une brouette dans l'issue | 3,00 |
une auge en pierre dans le refuge | 3,50 |
=== Au dehors ===
les bois sur les fossés nord et moitié de celui au levant de Prat-Bian | 3,50 |
les bois sur moitié des fossés levant et midi et treillis en entier au couchant de Prat-Bras | 4,75 |
l'avoine dans Parc-Tosta, la ??? et les bois sur la moitié des fossés fors au levant | 24,00 |
les choux, panais et navets dans Parc-Moan, et les bois sur la moitié des fossés fors du levant, couchant et nord et sur la moitié du fossé midi | 27,00 |
l'avoine dans Parc-ar-Roch-plat et bois sur les fossés midi et nord et sur un fossé au midi | 21,00 |
l'avoine dans Parc-Moan-Creis et bois sur les fossés levant et nord et mi-fossé au midi | 19,50 |
l'avoine dans Parc-ar-Besquellou et bois sur ses fossés levant et nord et mi-fossé au midi | 20,00 |
les choux et panais dans Parc-Hous (?) et bois sur ses fossés levant et nord et mi-fossé au midi | 42,00 |
les bois sur les fossés fors au couchant de Parc-ar-Croassant | 1,75 |
les genêts dans Goarem Vian | 2,00 |
les landes sur le fossé levant et mi-fossé couchant de l'aulnai | 0,75 |
le seigle dans Menez-Bian Beautemps, les bourgeons de landes et les jeunes genêts sur les fossés midi et nord, partie du couchant | 22,50 |
la terre égobuée et marrée ??? idem | 10,50 |
les genêts dans Menez Sant Servais et bourgeons de landes sur les fossés fors au nord | 156,00 |
suites de ??? après froment dans Liors Reun Glas et les bois sur les fossés au cerne dudit et de Prat Reun Glas | 4,50 |
le froment dans Parc Reun Glas et la terre marrée | 42,00 |
les bois sur fossés midi et couchant de Foennec ar Pont et le taillis au levant | 28,50 |
les panais dans Liors Pont-Gilete et les renaissances sur ses fossés fors en petite partie au couchant | 8,50 |
les navets et treffles dans Parc-ar-Poul-lin et les renaissances sur ses fossés couchant et nord | 16,50 |
les choux dans Parc-an-ent-menn et les renaissances sur ses fossés au cerne | 4,25 |
A trois heures de relevée, nous avons arrêté notre opération et renvoyé à la continuer demain 10 heures du matin. Fait au lieu de K/yven en Saint-Servais, demeure énoncée en l'intitulé des présentes et ont les requérans et le sieur expert signé avec nous notaires après lecture.
Et le jour 12 décembre 1828, 10 heures du matin, en conséquence du renvoi porté en la clôture de la vacation précédente, nous Me Gabriel Le Férec et notre collègue, notaires à Landivisiau, à la requête et en présence des requérans ci-dessus dénommés, qualifiés et domiciliés, en présence et sur l'estimation du même sieur expert, avons procédé par continuation, en la demeure des requérans, à l'inventaire dont il s'agit.
=== Argenterie ===
une grande cuillère potagère, deux dito à ragoût, six couverts appelés au chiffre C.D., quatre dito au chiffre J.G.D., une cuillère marquée E.G. et dix cuillers à café pesant ensemble 2,60 kg | 508,60 |
=== Numéraire ===
une pièce de cinq francs | 5,00 |
monnoie | 40,00 |
cautionnement de débitant de tabacs, 300 francs, ainsi qu'il résulte d'une reconnaissance du receveur principal de Morlaix en date du 13 juillet 1816, ci-inventoriée et paraphée par Me Le Férec l'un des notaires soussignés | 300,00 |
=== Hardes ===
les hardes du veuf | 100,00 | les nippes de la défunte | 120,00 |
Total de l'actif de la communauté Robée : 4.874,85
=== Passif de ladite communauté ===
M. Robée a déclaré que sa communauté doit :1° à Me Le Guen, notaire à Landerneau, pour la levée dernière de terres à Reun-Glas | 72,00 |
2° à la commune de Saint-Servais, pour trois levées de ferme | 102,00 |
3° à M. Guennegan, pour la même cause | 108,00 |
4° à M. Durumain Le Bris, négociant à Landerneau, pour même cause | 100,00 |
5° à la fabrique de l'église de Plouneventer pour la même cause | 21,00 |
6° à M. Thoraval, receveur des contributions indirectes | 165,26 |
7° aux héritiers Gourdin pour prêt | 1.260,00 |
8° à Mme veuve Sauvé, négociante à Landerneau, pour boissons | 600,00 |
9° à M. Aiguepartz, marchande de vin à brest, pour la même cause | 66,00 |
10° à Nicolas Lorein de Morlaix, pour prêt | 800,00 |
11° à Jean Le Saout du moulin de K/yven, pour reste du principal du contrat du 11/10/1821 cf ci-après | 96,60 |
12° à M. Le Férec, marchand de vin à Landivisiau, pour reste de boissons | 8,00 |
13° à Mlle La Boixière, pour planches | 100,00 |
14° à M. La Mothe, chirurgien, pour frais de la dernière maladie, par apperçu | 100,00 |
15° à M. Hébrard, pour médicaments et sirops, fournis à la défunte | 12,00 |
16° à Paul Le Roux de Quéléré Saint-Servais, pour reste du prix de genêt | 12,00 |
17° à Madame Guillemain, pour abonnement de lecture | 6,00 |
18° au vitrier, pour ouvrage | 6,00 |
19° à M. Mazé, marchand à Landerneau, pour draps | 17,00 |
20° à Jacques Demeuleun, de Landivisiau, pour verres et plats | 14,00 |
21° pour l'assurance de la maison | 18,70 |
22° à Jean Cocheat, couvert, demeurant au Streajou | 12,00 |
23° à nous Me Le Férec, l'un des notaires soussignés, pour le coût du bail à ferme du 26/10/1826 | 20,00 |
24° à Me Huc, notaire à Ploudiry, pour prix d'un cheval | 96,00 |
Total | 3.801,56 |
l'excédent actif : | 1.062,29 |
Acquets de la communauté
Au cours de la communauté qui a subsisté entre M. et Mme Robée, il a été acquis :
Testament de défunte Mme Robée
M. Robée a représenté l'expédition de l'acte de dépôt du testament olographe de son épouse : ledit acte passé devant Me Huc, notaire à Ploudiry, le 10 août dernier, dument enregistré. Il a été donné lecture de ce testament au Sieur Dargent, qui en sa qualité de tuteur légal de son fils, a déclaré consentir à son exécution pleine et entière. Enfin par ce testament Mme Robée donne à son époux sa portion disponible. L'expédition dudit acte de dépôt a été remise au légataire après avoir été, comme toutes les autres titres sus-analisées, paraphée par Me Gabriel Le Férec, l'un des notaires soussignés.
Chapitre deux - Communauté Dargent
=== Dans l'attelier ===
deux tables à travailler les cuirs | 36,00 |
différents outils à idem, tels que leucettes, pomelles, couteaux à revers et lyre, formes à cambrer et pommelles à rayer ... ... ... | 150,00 |
trois ??? de barrique d'huile | 310,00 |
couperose et noir de fumée | 50,00 |
neuf fûts de barrique | 13,75 |
trois fûts de barils | 3,50 |
trois seaux et une barratte avec cercles de fer | 4,75 |
ventrages de cuir, travaillés et non travaillés | 120,00 |
huit peaux de cheval, dont deux travaillées | 115,00 |
dix-huit peaux de génisse non travaillées | 270,00 |
quatre idem travaillées | 56,00 |
une boête de cuir fort à semelle, contenant cinq côtés | 150,00 |
quatre douzaines de veau fort | 210,00 |
une douzaine de veau léger | 20,00 |
trois douzaines de basane blanche | 54,00 |
quatre douzaines de basane jaune | 36,00 |
quatorze côtés, cuir de baudrier | 240,00 |
deux paires de balances avec poids et brancards | 24,00 |
tiges de bottes, bottines et avant-pied | 36,00 |
un gré et une demi-douzaine de pierres douces à affûter les outils ... ... | 13,00 |
un bât à timon, bât à porter, deux sangles, deux brides et une poche à ???? ... ... | 14,50 |
deux autres côtés, cuir fort à semelle | 61,00 |
une demi-douzaine de chaises | 9,00 |
deux glaces ??? brisée | 2,00 |
cinquante-cinq kilogrammes fil de ménage | 110,00 |
deux montres dont l'une d'or et l'autre d'argent | 42,00 |
une tabatière en écaille, garnie dans l'intérieur en argent doré ... ... | 15,00 |
trois aigrettes dont deux en or et une en argent | 3,50 |
trois bagues en or | 25,00 |
une paire de grandes boucles d'oreille, à l'ancienne mode, avec une petite chaîne de montre aussi en or | 21,00 |
une guitare | 12,00 |
une selle | 3,00 |
une vache | 60,00 |
le cheval | 24,00 |
=== Numéraire ===
trente-trois pièces de cinq francs quatre-vingt centimes faisant | 191,40 |
quinze pièces de cinq francs | 75,00 |
trente pièces de deux francs | 60,00 |
=== Hardes ===
les hardes du veuf | 130,00 |
les nippes de la défunte Madame Dargent | 60,00 |
=== Crédits ===
il est dû pour divers, pour marchandises vendues et livrées | 2.999,70 |
Total de l'actif : 5.897,10
=== Passif ===
M. Dargent a déclaré que sa communauté doit :1° à Nicolas Laurent, jardinier à Morlaix, pour prêt | 1.100,00 |
2° à Guillaume Abgrall de K/vanous, pour marchandises | 515,00 |
3° à M. Hamon de Landivisiau, pour idem | 536,00 |
4° à MM. Bachelerie et Rivière de Brest, pour idem | 630,00 |
5° à M. Lau???, de Brest, pour idem | 320,00 |
6° à M. Dauchez de Landivisiau, pour idem | 226,00 |
7° à M. Chrevrel de Morlaix, pour prêt | 500,00 |
8° à M. Montfort de Landivisiau, pour marchandises | 125,00 |
9° et à divers, pour restant de compte | 237,00 |
Total du passif : | 4.189,25 |
Ledit sieur Dargent nous a déclaré, sur l'interpellation lui faite, qu'il ne lui est rien dû par son fils.
Tous les objets décrits et inventoriés sous le chapitre premier du présent inventaire, ensemble les titres de propriété, sont demeurés, par continuation, en la garde et possession de M. Robée ; quand aux objets portés sous le chapitre deux ils restent aussi par continuation en la possession de M. Dargent, sous les charges de droit.
Messieur Robée et Dargent nous ont affirmé, par serment, de n'avoir plus rien à inventorier, de n'avoir rien détourné, vu ni su qu'il ait été détourné aucun objet dépendant soit de la communauté de l'un ou l'autre d'eux ; en conséquence, nous avons clôturé le présent inventaire, auquel nous avons été occupé ce jour jusqu'à quatre heures de relevée, par double vacation.
Fait et conclu à la maison indiquée en l'intitulé, et ont les sieurs requérans et expert signé avec nous notaires, après lecture. Robée - Cde Dargent - Guennégan, expert - Gel Le Férec, notaire - ?? Leconte.
X
"Yan' Dargent a grandi, il est temps qu'il apprenne le rudiment". Il est envoyé par Robée chez un membre de la famille, instituteur à Plouaret. Qui était cet instituteur ? Beaucoup se sont posé la question. Après quelques recherches, j'en ai déduit qu'il s'appelait Jean-Marie Le Thomas (voir en annexe).
En 1830, Pierre Robbé devient l'adjoint du maire de Saint-Servais, Claude Mével. Sous son mandat, Robé remplit ponctuellement la fonction d'officier de l'état-civil. Pierre Robée a-t-il été maire de St-Servais ? On peut dire qu'il a accompli cette fonction par intérim car Claude Mevel est décédé le 21/5/1831 et Jean Kerdiles, le maire suivant, n'a pris ses fonctions de maire qu'en février 1832. Entre temps, il fallait bien que quelqu'un assume le rôle de maire. C'était Robée le mieux placé.Cependant, sur les actes d'état-civil il se qualifiera toujours comme "adjoint au maire, faisant les fonctions d'officier de l'état civil de la commune". Il ne pouvait pas écrire le mot "maire" dans les actes officiels car il n'avait pas été élu. Sa famille n'avait bien sûr pas cette retenue sur une plaque funéraire (voir plus bas).
En 1832, Robée se remarie à Brest avec Marie Hyacinthe Martin , veuve de Claude Fournioux.
Elle vient, bien sûr, résider à St-Servais avec ses deux enfants en bas-âge, Emile et Elisa. Pierre et Marie Hyacinthe auront une fille en 1835, mais elle ne survivra pas. L'épouse de Robée décède en 1844. Pierre sera recensé à Ty-Robée jusqu'en 1846, avec une domestique et deux pensionnaires cette année-là.
Puis, on le retrouve à Quimper au 8, rue René Normant, chez son beau-fils Auguste Baptiste Fournioux, où il est recensé en 1861. Il y décèdera en 1862.
Recensement de 1861 à Quimper - Rue Normand, n° 8 (AD29 en ligne)
8 4 14 | Fournioux | Auguste | Conducteur des Ponts et Chaussées | 43 ans |
8 4 15 | Guittot | Françoise | Sa femme | 38 ans |
8 4 16 | Fournioux | Auguste | Leur fils | 12 ans |
8 4 17 | Fournioux | Emile | Leur fils | 10 ans |
8 4 18 | Fournioux | Marie | Leur fille | 6 ans |
8 4 14 | Robée | Pierre | Leur beau-père | 84 ans |
Acte de décés à Quimper
L'an 1862, le 30 mars, à 10 heures du matin, devant nous François Veisseyre, adjoint maire, délégué pour remplir les fonctions d'officier public de l'état-civil de Quimper, ont comparu Auguste Baptiste Fournioux, âgé de 43 ans, et Pierre Lamendant, âgé de 70 dix ans, tous deux conducteurs des Ponts et Chaussées, domiciliés en cette ville, lesquels nous ont déclaré que Pierre Robée, âgé de 85 ans, ancien chef de timonerie pensionné, né à Plouaret, Côtes du Nord, et domicilié à Quimper, veuf 1° de Jeanne Vincente le Coz et 2° de Marie Hyacinthe Martin, fils légitime de feus Pierre Robée et de Françoise Le Roux, est décédé ce matin à une heure, en sa demeure sise René Normant, ainsi que nous nous en sommes assuré ; et ont, après lecture, les comparants signé avec nous.
G. Hanciau dans son livret Yan' Dargent sa vie et ses oeuvres, publié en 1889, nous dit que Yan' Dargent à la mort de sa mère fut confié "à l'un de ses oncles nommé Thomas, vieux chouan, maître d'école à Plouaret ...", sans plus de précision. Certains, comme dans le catalogue des oeuvres présentées en 1989, n'ont pas hésité à dire que "Pierre Robée confie l'enfant à Thomas Robée, son oncle instituteur à Plouaret".
En travaillant sur la famille de Pierre Robée, de façon très étendue, je n'ai de point trouvé quelqu'un qui se serait appelé "Thomas Robée", ni même quelqu'un qui porte le prénom "Thomas".
En recherchant un instituteur à Plouaret sur ces nom et prénom, je ai fait "chou blanc". Par contre, le recensement de 1836 à Plouaret le plus ancien connu (AD22 en ligne vue n°6), nous donne ceci :
227 46 | Le Thomas | Jean-Marie | instituteur | marié | âge 52 ans | => né vers 1784 |
228 46 | Guyomar / femme Le Thomas | Françoise | débitante de tabac | mariée | âge 31 ans | => née vers 1805 |
229 46 | Le Thomas | Virginie | enfant | âge 11 ans | => née vers 1825 |
Ce Jean-Marie Le Thomas serait-il le "vieux chouan" cité pas Hanciau, "nommé Thomas", sans plus de précision. Serait-il peu ou prou parent à Pierre Robée ?
Jean LE BLANCHE +1726 &1710 Vincente GUIASTRENNEC +1726 |
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Françoise LE BLANCHE 1711-1771 & François LE ROUX |
Vincente LE BLANCHE 1722-1761 & Claude LE LUYER |
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Françoise LE ROUX 1747-1800 &1775 Pierre ROBEE 1750-1818 |
Jeanne LE LUYER 1754-1831 &1779 Louis LE THOMAS 1749-1836 |
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Pierre ROBEE 1776-1862 | Jean-Marie LE THOMAS 1783-1865 |
Jean-Marie Le Thomas est donc le petit-cousin de Pierre Robée.
Voir le détail plus bas.
Extraits de Si Plouaret m'était conté par Jean Piriou
p. 114 et 115 :
... après l'effondrement de l'Empire, ... la Première Restauration ... l'ordonnance royale du 29 février 1816 organise l'instruction... l'instituteur primaire breveté pour la commune fut Jean-Marie Le Thomas, ancien officier de la Grande-Armée, qui ajoutera à ses fonctions de maître d'école, la charge de commandant de la Garde Nationale de Plouaret (en 1822) et le commerce de débitant de tabac (1826)". p. 119 (vue 60) : Le premier instituteur dont il est fait mention dans les archives municipales en 1816 est M. Bonville qui enseignait au bourg et le sieur Le Prieur dans le hameau du Vieux-Marché. En 1817, c'est le sieur Jean-Marie Thomas, ancien officier de Napoléon 1er, le conseil municipal lui allouant 200 F par an tant pour son loyer que pour l'enseignement gratuit donné aux indigents. Les élèves plus fortunés devaient payer personnellement : pour apprendre les lettres et épeler, 0,50 F par an ; pour lire en français et en latin, 0,75 F par an ; pour apprendre à traduire le français en breton, 1,25 F ; pour apprendre à écrire sous la dictée, 1,50 F. La grammaire, l'arithmétique, la géographie et l'arpentage, il fallait payer 2 F par an. En 1830, le 16 novembre, le sieur Thomas est légalement autorisé à Plouaret ; le 26 novembre, le conseil municipal sans augmenter son traitement décide qu'aucun enfant ne suivra gratuitement l'école sans avoir eu au préalable un certificat d'indigence du maire. En 1841, M. Thomas démissionne et est remplacé par M. Louis Constant Payart, ... p. 133 et 134 (vue 67) : La médaille de Sainte-Hélène, au lieutenant Jean-Marie Le Thomas, chevalier de la légion d'honneur. ... un ancien lieutenant des Armées de Napoléon 1er : Jean-Marie Le Thomas. Il avait sans doute tiré un mauvais numéro, à moins qu'il n'ait accepté d'être "suppléant", c'est-à-dire le remplaçant d'un autre selon un arrangement de gré à gré. Il était certainement astucieux, robuste et courageux, avec en plus des qualités de chef qui lui feront gravir les échelons de la hiérarchie militaire puisque c'est comme lieutenant qu'il recevra la Croix de chevalier de la légion d'honneur des mains du maréchal Ney, après le passage de la Bérésina en décembre 1812, lors de la retraite de Russie. C'est certainement le premier Plouaretais décoré de notre grand ordre national à l'âge de 29 ans. Cette prestigieuse décoration était assortie d'une rente annuelle de 2.000 francs or (ce qui correspond à 4.000 de nos francs "lourds"). Selon un conte de François-Marie Luzel écrit en 1868, cette rente lui "permettait de joindre les deux bouts et de coucher avec sa bonne". Après Waterloo, la restauration des Bourbons et le retour de Louis XVIII, les militaires ayant servi l'Empereur furent mis en disponibilité et ne reçurent qu'une demi-solde. Le lieutenant Le Thomas avait alors 32 ans. Il revint au pays et devint instituteur public à Plouaret avec l'autorisation de l'évêché. Il eut parmi ses élèves un autre Plouaretais célèbre, François-Marie Luzel, qui nous a laissé sur son maître d'école quelques savoureuses appréciations. Comme il arrivait parfois au jeune écolier, qui en cette époque romantique aimait vagabonder dans la campagne, d'arriver en retard en classe, il devait subir la dure discipline de l'ancien soldat de la grande armée : une demi-heure de piquet à genoux. Et plus tard, dans un conte intitulé "Henora Lestrezer", Luzel dépeint ainsi son maître, qui exerçait aussi les fonctions de chantre au lutrin de la paroisse : "Vieux magister de village à la trogne enluminée et accidentée d'énormes mamillaires, comme un tumulus gaulois labouré par les taupes". La contestation, comme on le voit, ne date pas d'aujourd'hui ! Par la suite, on octroya à Jean-Marie Le Thomas un bureau de tabac installé dans une grande chaumière construite en 1815, à l'angle des routes de Ploumilliau et de Lanvellec. ... ... Ce solide baroudeur qui fut à Austerlitz, en Espagne, en Russie et à Waterloo 1, était né en 1783. ... ... Il mourut à 82 ans, le 21 février 1865. Il est enterré dans le cimetière de Plouaret. Sa tombe se trouve à droite du côté du calvaire. Une plaque sur la stèle porte son épitaphe : Jean-Marie Le Thomas, lieutenant de Napoléon, |
1 Waterloo, c'était en 1815. Jean-Marie Le Thomas y était-il vraiment ? Je ne l'ai pas trouvé dans les 850.000 noms de soldats napoléoniens dans "Mémoire des hommes". Ni, par ailleurs, dans Leonore pour les décorés de la Légion d'Honneur.
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André J. Croguennec - Page créée le 8/5/2025. | |