Pont-Christ - Histoires vraies

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Pont-Christ en 1848 d'après Charles Lesage (voir aussi)

Un père inquiet et stressé

 Cuve baptismale de Pont-Christ, à présent
sur le placître de l'église de La Roche

Le 2 novembre 1726, la famille s'est agrandie chez Goulven Ropars, tisserand au bourg de Pont-Christ. Sa femme, Jeanne Keruzore, qui exerce le même métier, vient d'accoucher d'une petite fille, Anne. Mais, cette enfant paraît bien chétive, Goulven craint qu'elle ne survivra pas. Il est d'autant plus inquiet que l'année précédente leur fille Jeanne n'avait survécu qu'une journée. Goulven a appris au catéchisme qu'un enfant qui décède sans être baptisé ne peut entrer au Paradis. Heureusement, Jeanne avait pu être baptisée avant de mourir, mais qu'en sera-t-il de la petite Anne ?

Il faut, tout de suite, appeler Monsieur le Curé de Pont-Christ, Renan Floc'h, qui habite tout près dans la grande longère qui borde le cimetière du côté sud. Mais il est encore tôt, le soleil n'est même pas levé, le curé dort encore. Eh bien, il va le réveiller... comment ? ... en faisant sonner la cloche de l'église... ce qui fut fait ! Mais où sont les parrain et marraine ? Dans l'urgence Maître Yves Le Roux, sous-diacre, qui loge dans la maison réservée habituellement au second prêtre (vous savez l'une des deux petites maisons qui bordent le cimetière du côté ouest), sera un bon parrain improvisé.

Le curé 1 notera sur l'acte de baptême de la petite, qu'il vient de baptiser, je l'ai fait d'urgence me "requérant son père à coup de cloche pour baptiser attendu la faiblesse de son enfant craignant le temps de n'avoir recours à d'autre prêtre d'ailleurs".

Anne Ropars survécut, se maria avec un homme venu de Treflevenez qui s'appellait Jean André. En 1757, ils eurent une petite fille, qu'ils appelèrent Anne comme sa mère. Anne Ropars, la mère, vécut pendant 44 ans, décéda le 19 mars 1771 et fut enterrée dans le cimetière de Pont-Christ.

J'ai rédigé cette histoire en m'appuyant sur l'acte de baptême du bébé, ainsi que d'autres B.M.S. et ma connaissance supplémentaire de l'histoire du village. Lire les informations complémentaires en cliquant sur le petit livre vert    .

1 A cette époque, Pont-Christ était une trève de Ploudiry, comme La Roche-Maurice. Le desservant de ces trèves était appelé "curé". Le titre de "recteur" était réservé au prêtre qui dirigeait la paroisse-mère, Ploudiry.

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Complément d'informations


Un homme désespéré... mais prévoyant

Etang et moulin de Brezal, vus de la rive côté Saint-Servais (source AML)

1876 : le 1er mai, on a trouvé un noyé inconnu dans l'étang de Brezal (source hebdomadaire Le Morlaisien du 7/5/1876 sur Gallica) :

Saint-Servais. - Le lundi 1er courant [1876], des enfants aperçurent surnageant sur l'étang de Brezal, en la commune de Saint-Servais, quelque chose qu'ils crurent être le cadavre d'un homme noyé. Ils allèrent en avertir les habitants du village le plus voisin, nommé Coat-al-Lenn  , et les sieurs Le Hir (Olivier), Manac'h (Guillaume) et la femme Toudic, dudit village, les ayant accompagnés jusqu'à l'étang, reconnurent qu'il s'y trouvait en effet un homme privé de vie. Ils s'empressèrent de le retirer de l'eau.

Le juge de paix de Landerneau et le docteur Martin furent aussitôt avertis et se hâtèrent d'accourir sur les lieux, où étant, ils constatèrent que le cadavre, qui paraissait avoir fort longtemps séjourné dans l'eau, avait un bout de guide autour du cou, passant par-dessous l'aisselle droite et dont les extrémités étaient nouées sur la poitrine. La tête, par suite de cette ligature, était fortement infléchie sur l'épaule droite. Ses effets d'habillement, qui étaient à moitié pourris, consistait en un pantalon et une cravate de marin, une redingote de drap noir et fin, un gilet de drap gris, une chemise de civil, et une chemise de santé en molleton blanc. On a également trouvé sur lui une tabatière contenant du tabac, un bout de cigare, des allumettes et un mouchoir de poche marqué aux initiales K. D., quelques morceaux de papier ne fournissant aucune indication, et enfin une petite bourse en drap attachée au cou et dans laquelle il n'y avait aucune valeur. On n'a découvert ni sa coiffure, ni sa chaussure. Dans ces circonstances, l'identité du cadavre n'a pu être constatée. M. le docteur Martin ayant déclaré, après un examen minutieux, qu'il n'y avait pas lieu d'imputer la mort de cet homme à autrui, et qu'il n'y reconnaissait aucune trace de violence, M. le juge de paix a donné l'ordre de faire inhumer le cadavre ce qui a été fait.

En conduisant leurs investigations, les gendarmes ont recueilli les renseignements suivants : trois femmes ont déclaré avoir vu dans le pays, il y a environ trois mois, un homme revêtu d'effets d'habillement qui ressemblaient beaucoup à ceux trouvés sur le cadavre, si toutefois ce n'étaient pas les mêmes. Ces femmes  sont : Le Fur (Catherine), veuve Caër, habitant le moulin du Camp, à Lampaul [moulin du Can près de la gare de Landivisiau] ; Guevel (Marie-Yvonne), femme Cleac'h, du village de Pont-Christ, commune de La Roche ; Cleac'h (Perrine), femme Caër, habitant le même village.

X Yves CAER, né le 13 octobre 1803, Grande Palue, La Forest-Landerneau, décédé le 28 juillet 1875, Restancaroff, Commana (à 71 ans), meunier.
x1 Marié le 28 juin 1831, Ploudiry, avec Marie Françoise PIRIOU, née le 12 mai 1806, Ploudiry, décédée le 2 février 1846, Ploudiry (à 39 ans), dont x2 Marié le 4 octobre 1846, Ploudiry, avec Catherine LE FUR, née le 11 mai 1822, Pont-Christ, décédée le 18 mars 1903, Pont-Christ (à 80 ans), dont
Laurent CLEACH, né le 20 juin 1806, Plouneventer, décédé le 17 février 1883, Pont-Christ, La Roche-Maurice (à 76 ans), charbonnier.
Marié le 22/11/1834, La Roche-Maurice, avec Marie-Françoise CORCUFF, née le 3/2/1809, Pont-Christ, La Roche-Maurice, décédée le 3/2/1880, Pont-Christ, La Roche-Maurice (à 71 ans), dont

Elles ont déclaré qu'il y a environ trois mois, un mercredi matin, de 6 h 1/2 à 7, elles ont rencontré un homme à elles inconnu et âgé de 50 ans, près de la porte de la chapelle de Pont-Christ. Cet étranger était triste, hagard, pâle, et leur demanda qui était le sacristain de la chapelle. Elles lui répondirent qu'il n'y avait pas de sacristain, mais que les clefs étaient entre les mains de la dénommée Le Fur, demeurant dans le village.
- Voilà, dit-il à cette femme, trois francs pour faire dire une messe à mon intention, dans cette chapelle ; et il lui remit trois pièces de un franc.
- Ce n'est pas suffisant, lui fit observer la femme Le Fur, car je ne trouverai pas de prêtre qui, pour trois francs, consente à venir dire une messe à Pont-Christ.
- Faites-la dire ailleurs, alors, reprit l'inconnu.
- A La Roche, on la dirait pour 2 fr.
- Eh ! bien faites-la dire à La Roche et gardez le reste de l'argent pour vous.
On lui demanda son nom et lieu de sa naissance. Il garda le silence sur la première question, et répondit à la seconde qu'il était de Landerneau. Et en effet, il parlait breton et dans le dialecte de cette région.
L'inconnu quitta alors les trois femmes et se dirigea vers l'étang de Brezal, portant sous son bras un petit paquet, dans un mouchoir de poche. Depuis les susdites femmes ne l'ont pas revu, mais elles sont persuadées que c'est le même dont le cadavre vient d'être retrouvé dans l'étang de Brezal, et qui leur parut avoir l'esprit dérangé, selon leur expression.


Après l'effort... le réconfort ? Non, pas du tout !

Saint-Servais en 1904 - Mordu par une vipère.

Un domestique, Louis Grall, demeurant à Saint-Servais, s'endormit dans un champ de blé près de Pont-Krist. A son réveil, il constata avec effroi que, pendant son sommeil, une vipère s'était introduite dans son pantalon. Il se mit à crier au secours, et une femme l'aidait à chasser le reptile, qui l'avait mordu à la jambe droite. Les premiers soins lui ont été donnés par les personnes de Kerfaven. Son état est très grave. (Lu dans La Dépêche de Brest du 1/7/1904)

Accident de voiture... à cheval

1924 - Un grave accident de voiture. Trois personnes blessées dont deux très grièvement.

Avant-hier matin, vers huit heures, six membres de la famille Ménez, habitants le cabaret de Pont-Christ, près Brézal, rendez-vous si bien connu des nombreux pêcheurs à la ligne de Landerneau et Brest, qui fréquentent les bords de la rivière l'Elorn, se rendaient en voiture à La Roche-Maurice pour assister à un service célébré à l'église du bourg, à la mémoire d'un parent décédé depuis quelque temps.
[Le parent était fort probablement le grand-père Mathurin Menez, décédé au début du mois, les six membres sur fond bleu plus bas]

Arrivés près de l'endroit appelé « Moulin de Le Cann », sur la route de Landivisiau, le cheval, un peu ombrageux, attelé au véhicule, prit peur d'une automobile et partit à fond de train dans la direction de Landerneau, malgré tous les efforts du conducteur. Les cinq femmes qui avaient pris place dans la voiture s'affolèrent aussitôt et l'une d'elles réussit à sauter à terre sans se faire de mal ; malheureusement, deux autres voulurent l'imiter mais, lancées avec force, elles tombèrent la tête la première sur la route et se blessèrent très grièvement l'une et l'autre ; dans leur chute, elles se fracturèrent la base du crâne.

L'état de la vieille grand'mère, âgée de 65 ans, donne surtout de vives inquiétudes à tout son entourage, car jusqu'aujourd'hui elle n'a pas encore repris ses sens ; sa fille, âgée d'une trentaine d'année, employée à Paris à la gare des chemins de fer d'Orléans, est aussi sérieusement blessée, mais elle a recouvré toutes ses facultés ; quant au conducteur, le fils Ménez, employé à la compagnie du Nord à Paris, il a reçu des contusions multiples sur la jambe droite.

Des soins immédiats furent prodigués aux trois victimes de l'accident par M. Le Cann, minotier sur la route de Landivisiau, en attendant l'arrivée du docteur Tanguy, de Landerneau, appelé d'urgence par téléphone. Nous avons appris, ce matin, que l'état de santé des deux femmes était toujours très sérieux ; quant au conducteur il sera d'ici quelques jours à peu près rétabli.
(Lu dans La Dépêche de Brest du 16/8/1924)


Mathurin MENEZ, né le 13 mai 1856, Moulin de Kersauson, Guiclan, décédé le 6 août 1924, Pont-Christ, La Roche-Maurice (à 68 ans), meunier, débitant, cultivateur.
Mathurin Menez fut le dernier meunier du moulin de Brezal, voir ici.
Marié le 12/1/1885, Plouvorn, avec Françoise TANGUY, née le 24/10/1857, Rusquec, Plouvorn, décédée le 2/12/1935, Pont-Christ, La Roche-Maurice (à 78 ans), débitante, dont

(A SUIVRE)

Source des informations

AD29 = Archives Départementales du Finistère
AML = Archives Municipales de Landerneau
RECIF = Relevés d'Etat-civil du Finistère par le CGF


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