Elevage "Ar Vro Goz", domaine de La Fonderie |
La fondation de l'Elevage Ar-Vro-Goz remonte au début de l'élevage des animaux à fourrure en Europe. Ardents pionniers de l'élevage, M. et Mme Jouan, par leurs écrits, par leur exemple, par leurs animaux reproducteurs recherchés aujourd'hui par les principaux éleveurs français et étrangers, ont su convaincre et prouver que l'élevage des animaux à fourrure était une branche importante de l'activité et de la prospérité nationale.
Au creux de l'étroite vallée si riante de l'Elorn, le long de la route nationale Paris-Brest, s'élève une coquette maison au milieu d'une vaste propriété boisée, coupée en maints endroits de ruisseaux dont le gazouillis se mêle à celui des jolis oiseaux exotiques que M. Jouan élève également.
C'est dans cette maison que sont centralisés les services généraux de l'Elevage. Ce qui frappe en premier lieu le visiteur, c'est l'ordre qui règne dans tous les bureaux.
Aux murs, des tableaux contenant un nombre impressionnant de médailles, plaquettes, palmes, rappelant les succès remportés par l'Elevage aux grandes expositions.
Accueilli par un hôte souriant, ma visite commence par la basse-cour : Wyandottes, Canards coureurs et Khaki-Campbell, Lapins polonais. Les plus beaux sujets sont cédés comme reproducteurs. Des Vaches bretonnes, un grand potager, des ruches : on voit que propriétaire aime la nature dans toutes ses manifestations.
Précédés de merveilleux Lévriers russes, nous nous dirigeons vers une vaste clairière où sont parqués, par catégorie, les animaux à fourrure : Putois, Fouines, Martres, qui, à notre approche, viennent quémander quelques friandises.
M. Jouan a voulu être de ceux qui recherchent l'industrialisation de nos sauvagines indigènes, et son grand succès : "la reproduction de la Martre" constatée officiellement, mérite d'être rappelé.
Plus loin, se trouvent les parquets de Visons, d'Opossums et la plus belle collection de Skungs "Star-black" qui existe en Europe. Nous devons visiter ces derniers au nid, car les femelles ont mis bas et ne quittent pas leurs petits.
Au fond de la clairière, une série de 30 parquets : Ratons Laveurs, noirs, noirs du Nord, 3/4 blacks, sont tous très aimables : à travers le grillage, il nous tendent leurs petites pattes ; là encore, c'est au nid que nous voyons les femelles qui veillent sur leurs petits nouvellement nés.
Comme je m'étonne de l'importance donnée à cette partie de l'élevage des animaux à fourrure, M. Jouan me dit : "Du jour où je me suis consacré à l'élevage des animaux à fourrure, j'ai compris tout l'intérêt commercial que représente l'élevage du Skung, du Raccoon et de la Martre, et mes vues sont aujourd'hui pleinement justifiées.
Nous poursuivons notre chemin et nous arrivons à l'extémité de la propriété. Dans une vaste prairie entourée d'eau, voici de magnifiques Ragondins : Islas, Paranas, Flores, etc. Plusieurs accourent en nous voyant, cherchant le pain que nous leur lançons et sollicitant aussi des caresses.
Il y a plus de 50 parquets arrosés par l'eau fraîche des ruisseaux. M. Jouan nous explique comment il eut ses premiers reproducteurs, grâce à un trappeur argentin connaissant parfaitement les fourrures, et il nous dit l'admirable avenir réservé à cet élevage.
Mais où je suis véritablement surpris, c'est quand M. Jouan me montre une série de cages avec petits bacs, où des Ragondins sont élevés "en cage". "Voyez, me dit mon aimable cicerone, le Ragondin peut s'élever comme le Lapin. Mon expérience le prouve ; cet élevage est désormais à la portée de tous. J'avais l'espace nécessaire, certes, pour édifier de nouveaux parquets, mais j'ai voulu prêcher l'exemple et prouver que l'élevage en cage du Ragondin était possible. N'oubliez pas que bien des éleveurs ne disposent que de peu de place ; il fallait donc que j'aie à leur disposition des reproducteurs déjà nés en cage, habitués par conséquent à ce nouvel habitat".
Plus loin, je reste en contemplation devant une pièce d'eau où évoluent des superbes oiseaux aquatiques d'ornement : Oies rieuses ou Bernacles, Guinées, Carolins, Mandarins, Formoses, Sarcelles gracieuses, etc...
Nous retournons vers la maison et, en route, je rencontre deux troupeaux de Moutons Boukhara. J'ai pu photographier des bêtes superbes qui revenaient du Concours Général Agricole de Paris, où elle avaient obtenu le grand prix d'ensemble.
L'impression que j'emporte de cette visite est excellente et combien réconfortante. Au cours de mes entretiens avec M. et Mme Jouan, j'ai compris que c'est grâce aux soins attentifs et raisonnés de ces parfaits éleveurs, à leur science également, que l'élevage français marche de succès en succès...
D'après le comte de La Calamine le 15 juin 1931,
dans La Vie à La Campagne numéro spécial.
La presse locale disait déjà : "Landerneau, 14 juin 1930 (de notre rédaction) : ... le beau domaine de la Fonderie habité par Mme et M. Maurice Jouan qui depuis quelques années l'ont transformé en un très important centre d'élevage et de reproduction d'animaux à fourrure, peut-être le plus beau de France. ... Nous sommes allés admirer la faune magnifique qu'ils entretiennent avec sollicitude et labeur poursuivant une oeuvre d'étude et de vulgarisation digne des plus vifs éloges.
L'élevage des animaux à fourrure en France presqu'inconnu il y a quelques années, sous l'impulsion que lui ont donnée les propriétaires d'Ar Vro Goz a pris une extension remarquable favorisée par les recherches, les expériences, les instructions et les conseils de Mme et M. Jouan. L'importance de cette oeuvre à laquelle ils se sont consacrés a été si bien comprise dans les milieux compétents que notre confrère "La Vie à la Campagne" a fait du domaine de la Fonderie sa station expérimentale de l'Elevage des animaux à fourrure. Les hommages rendus aux sympathiques éleveurs dans toute la presse agricole, les prix et les récompenses décernées à de nombreuses expositions et plus encore en eux-mêmes, les résultats obtenus témoignent des mérites de Mme et M. Jouan qui doivent être soutenus et encouragés dans leur entreprise. Ils ouvrent en effet la voie dans un domaine qui peut et doit constituer pour notre pays une nouvelle source de richesse que sa situation et son climat lui permettront d'exploiter avec de gros avantages dans l'avenir. ..."
Le putois (Mustela putorius), aussi connu sous le nom de putois commun, noir ou putois forestier, furet européen, ou furet sauvage, est un animal sentient de la famille des mustélidés voisin de la belette, du vison, de la loutre et de l'hermine. Le furet (Mustela putorius furo), forme domestique du putois est, comme lui, une sous-espèce du putois d'Europe. Ces animaux ont une glande qui libère une puanteur en cas de peur ou de menace.
Le putois d'Europe a une couleur proche du brun foncé avec une tête plus claire. Il est sensiblement plus grand que la belette et l'hermine, mesure 50 cm de long et pèse entre 0,7 kg pour les femelles et 1,7 kg pour les mâles. (wikipedia)
L'élevage du putois est facile, sa reproduction suivie : il donne, par an, une portée de quatre à dix petits, et si l'on croise du putois pur avec du putoisé, on peut obtenir, dans l'année, deux portées de six à onze petits. L'élevage du putois est une bonne école avant d'entreprendre celui d'animaux étrangers comme celui du vison et du skungs, dont les prix sont élevés (M. Jouan dans l'Ouest-Eclair du 24/08/1930).
Dans l'usage populaire, le putois est parfois confondu avec la mouffette qui, elle, est rayée de bandes blanches (voir plus bas).
Sa gorge est blanche, sa fourrure d'un beau gris brun très estimée. Comme tous les animaux à fourrure, il ne faut pas s'éloigner, en élevage, de leur vie naturelle : efforçons-nous de leur donner l'illusion de leur liberté perdue. La nourriture est, comme pour le putois, composée de laitages, de fruits, légumes cuits, etc... (source fiche de M. Jouan)
Les martes ou martres sont un genre de la famille des Mustélidés. Celles-ci sont les plus caractéristiques de cette famille de petits mammifères carnivores : digitigrades à cinq doigts, oreilles arrondies, queue longue et touffue (wikipedia).
L'élevage de la martre, en vue de sa reproduction en captivité, présente un intérêt incontestable en raison de la valeur de la fourrure de cet animal en voie de disparition (Ar Vro Goz en 1931).
Plus bas, les cages pour les martres au domaine de la Fonderie.
Ce n'est en réalité ni un castor, ni un rat, quoique par ses constructions, il serait plus proche parent du premier. ... Le journal Elevage et fourrure dans son numéro d'octobre, signalait que nous étions dans l'avant-garde des producteurs français, principalement d'Ondratas et en effet, à notre connaissance, nous sommes les premiers en France à avoir fait naître. Il faut se monter qu'avec des reproducteurs de premier ordre, et nés en France, déjà acclimatés ; les sujet foncés ont plus de valeur et tout particulièrement les canadiens. Pour la création de nos parcs d'élevage, nous avons recherché les meilleures origine canadiennes et de Tchécoslovaquie. ... (source fiche de M. Jouan).
L'ondrata ou rat musqué s'habitue à la captivité et peut être élevé dans maintes situation. Ne montez votre élevage qu'avec des sujets garantis nés en captivité étroite, reproduisant ces conditions, et à fourrure de préférence très foncée (Ar Vro Goz en 1931).
Son élevage est des plus recommandés ; s'apprivoisant aisément, il plaît par son caractère tranquille, ne craignant pas de venir prendre une friandise dans la main des personnes qu'il connait (source fiche de M. Jouan).
Maurice Jouan a écrit un opuscule de 32 pages consacré à l'élevage du ragondin, voir ICI.
Voir aussi le chapitre sur le milieu naturel à Pont-Christ.
LES TERRIERS DE RAGONDINS (D'après les constations faites dans notre élevage).
Les ragondins établissent généralement leur terrier très profondément. Lorsque leur parc comporte de l'eau courante, ils creusent jusqu'au niveau de l'eau. L'animal agit ainsi vraisemblablement, pour se mettre soigneusement à l'abri des intempéries et du climat de notre pays beaucoup plus froid que celui de son pays d'origine. Donc, si le ragondin ne peut creuser son terrier, assurez-lui un logement très chaud et parfaitement isolé, sans quoi vous risquez fort de perdre les jeunes qui naissent en hiver.
Nous voulons surtout ici attirer votre attention sur ce fait que les terriers de ragondins peuvent atteindre des dimensions relativement importantes, fait dont il est bon que vous teniez compte pour l'aménagement de vos propres parquets. Nous avons découvert un de ces terriers qui atteignait près de 8 m. de longueur et dont nous vous donnons ici la disposition. Celui-ci, décrivant une sorte d'ellipse où l'eau pénétrait, par infiltration, comportait quatre embranchements, dont l'un constituait l'entrée, tandis que l'autre, et c'est le fait important, passant sous le grillage de séparation avec un parc voisin, s'en allait rejoindre le terrier de ce 2è parquet. La conséquence, vous le devinez, est que, les uns pénétrant chez les autres, des batailles pouvant être mortelles se seraient engagées si nous n'étions pas intervenus.
Pour remédier à ce grave inconvénient, il ne suffit pas d'enterrer profondément le grillage de séparation, car, même pour une profondeur de 80 à 90 cm, le fait se produit encore. Considérez donc comme indispensable, en plus de cette mesure de précaution, de grillager, à une profondeur de 50 ou 60 cm, le dessous de l'abri en terre que vous réservez à chaque couple de ragondins. Peut-être serait-il possible ainsi d'empêcher ces animaux de creuser de longues galeries. Si, comme c'est le cas dans mon élevage, vous établissez vos parcs le long d'un ruisseau, ou d'une nappe d'eau au lit non cimenté, tapissez ce dernier d'un grillage, celui-ci étant relié à son tour, d'une part, au grillage de clôture et, d'autre part, à celui que vous avez établi sous l'abri. Si vous établissez un bassin cimenté, noyez l'extrémité du grillage dans le ciment. Ainsi vous limitez les possibilités d'évasion et autres risques.
Nous avons encore beaucoup à apprendre des moeurs de ces rongeurs. C'est par les observations de chacun, que la direction de cette revue accueille toujours dans l'intérêt de tous, que se formera une expérience indispensable à la réussite de nos entreprises. Je n'y manquerai pas pour ma part.
R. J. - paru dans La Vie à la Campagne du 1/9/1930
Skungs ou mouffettes. L'élevage de cet animal en captivité est normalement praticable dans toutes les régions. Débutez avec des sujets de choix, principalement de la variété noire, la plus appréciée et constituez-vous des lignées qualifiées par une sélection méthodique.
Le Skung se reproduit normalement en captivité. Omnivore, il vous permet de composer facilement ses menus ; paisible et peu irritable il se familiarise très vite (Ar Vro Goz - 1931).
Le therme "vison" désigne plusieurs espèces de petits mammifères appartenant à la famille des Mustélidés. On compte quatre espèces de visons : le vison d'Amérique, le vison d'Europe, le vison de Sibérie, et le vison de mer (aujourd'hui éteint). Ces animaux présentent tous un corps allongé, de petites pattes, et une longue queue.
L'élevage "Ar-Vro-Goz" produisait des visons français et canadiens.
LE VISON EST BELLIQUEUX. Un éleveur nous signale la perte d'un beau vison. Il possédait un joli couple de visons du Québec, habitués à vivre ensemble dans la même cage. La femelle semblait un peu farouche, mais le mâle était très doux et familier. Or, il y a quelques temps, le mâle fut trouvé mort dans la cage, tué par la femelle ! Ayez donc bien soin de ne mettre mâles et femelles ensemble qu'au moment des chaleurs, tenant compte de cet instinct belliqueux qui, d'ailleurs, règne parfois aussi entre femelles, comme nous l'avons constaté pour deux sujets de ce sexe qui, de très doux et très sociables qu'ils étaient, sont devenus agressives au point que nous avons dû les séparer.
Renée Jouan in La Vie à la Campagne du 1/4/1930.
Ci-contre : vison d'EuropeLe pékan (Martes pennanti) est une belette à la face habituellement pointue et aux oreilles arrondies. Au Canada, le pékan habite les forêts boréales et tempérées de presque toutes les provinces et tous les territoires, à l’exception de Terre-Neuve-et-Labrador et l’Île-du-Prince-Édouard.
Le Raccoon, raton laveur ou marmotte du Canada, est un animal doux et sociable. Il en existe plusieurs variétés se différenciant par la coloration de la fourrure, mais le raccoon noir au poil très fin est le plus apprécié.
Installations : 1. Détail d'une niche. Large d'un mètre, haute de 50 à 60 cm, elle est divisée intérieurement en 2 compartiments l'un servant de couloir d'entrée, l'autre constituant le nid proprement dit. 2 et 3. Les niches sont placées dans des cages mesurant 2,50 m X 2,50 m x 2 m. grillagées de tous côtés (Ar Vro Goz en 1931).
Couple d'opossums. Pas plus coûteux à nourrir et à élever que le Lapin, cet animal promet d'être d'un rapport supérieur. L'Opossum d'Australie, à poil laineux, très fourni et gris bleuâtre, donne la fourrure la plus appréciée, mais elle est presque impossible à trouver. Les 2 variétés d'Amérique du Sud, l'une à sous-poil beige clair, aux poils jarre foncés avec pointe claire, l'autre entièrement noirs, fournissent jusqu'à présent le gros de l'approvisionnement du marché des fourrures en Europe (Ar Vro Goz en 1931).
Le renard argenté est une forme mélanistique du renard roux (Vulpes vulpes). Le renard argenté présente une grande variété de pelage allant du noir au gris bleuté en passant par le gris cendré. Historiquement la fourrure du renard argenté était très recherchée, elle était portée par les nobles de l'Empire russe, de l'Europe occidentale et de Chine. Dans la nature, les renards argentés ne se reproduisent pas exclusivement entre eux mais également avec des renards roux communs, aussi des populations captives exclusivement constituées de renards argentés furent élevées et reproduites pour leur fourrure (wikipedia).
"Ar-Vro-Goz" élevait des renards argentés et bleus.
On se souvient que Maurice Jouan récupéra les renards argentés de Michel Henriot, fils du procureur de Lorient, lorsqu'il fut condamné au bagne pour l'assassinat de sa femme.
Le mouton Astrakan ou de Boukhara est une des premières espèces ovines qui ait été domestiquée et sélectionnée, son élevage a toujours été orienté vers la production de la fourrure qui porte son nom ; celle-ci n'est belle et n'a de réelle valeur qu'à la naissance de l'agneau et jusqu'à son 15è jour ; peu à peu ensuite la fourrure de l'agneau perd son merveilleux bouclage, son ton moiré et son brillant, et à l'âge adulte, sa toison ne se différencie plus des autres races, sauf qu'elle se rapproche plutôt du crin que de la laine.
Les pays européens ont toujours convoité cette race et essayé de se l'approprier. Mais les tribus Boukhariennes, jalouses de cette richesse, avaient interdit l'exportation de ces animaux dont la fourrure de luxe faisait l'objet d'un commerce considérable...
On a cru que hors des Steppes Boukhariennes, cette race devait perdre cette fourrure qui fait son originalité et sa fortune ; c'est une erreur contredite par les faits ; après de longues négociations, avant la guerre [la 1ère guerre mondiale] 3 puissances avaient réussi à se procurer quelques reproducteurs. Or, les descendants de ces sujets n'ont pas dégénéré et grâce à une sélection intelligente, produisent des sujets dont la fourrure à l'Exposition de Vienne en 1926 fut estimée supérieure à celles exposées dans le pavillon des Soviets, de provenance Boukharienne.
L'élevage du mouton Astrakan est aussi facile que celui des races de notre pays. Il est sobre de tempérament, et très rustique s'acclimatant facilement. Les pâturages humides favorisant la douve qu'un mouton commun attrape aussi facilement, il est facile d'éviter celle-ci par un épandage annuel de chaux sur les pâturages. Au printemps (vous pouvez aussi en donner à l'automne), une pilule à base éthérée de fougère mâle, tue radicalement les germes de ce parasite... (Extrait d'une fiche recto-verso de Maurice Jouan).
Vue d'ensemble d'une partie de l'Elevage Ar-Vro-Goz en 1931. De part et d'autre d'une large percée gazonnée, très ombragée, en bordure d'une route 1, se succèdent les cages de Skungs, Ratons laveurs, Opossums, Fouines, putois et Martres.
1 Cette route est évidemment la RN12 (aujourd'hui D712) qui vient de Pont-Christ et s'en va vers La Roche-Maurice.
Sur la gauche, entre les cages et deux ruches, on aperçoit le bief qui conduit au moulin de La Roche-Blanche et
alimentait autrefois le moulin à papier de Brezal et plus tard celui de la Fonderie.
Vaches bretonnes pies noires dans nos pâturages
Les vaches bretonnes
Placé en plein centre d'élevage, connaissant toutes les origines, il m'est facile de vous procurer... vaches et chevaux bretons. Depuis de nombreuses années, notre maison est spécialisée pour l'exportation de Vaches et chevaux bretons que nous expédions dans toute la France et à l'étranger à la tête ou par wagons complets, animaux de toutes catégories intéressant châtelains, éleveurs, particuliers, syndicats agricoles, laitiers, herbagers, commissionnaires et revendeurs.
Les vaches et les chevaux bretons, les expéditions
Si certaines races de vaches possèdent quelques-unes des qualités des "vaches bretonnes", aucune ne les réunit toutes à la fois. La vache bretonne est très intéressante pour celui qui ne dispose que d'un peu de terre ou ne peut mettre que peu de prix et elle n'est pas plus déplacée à la ferme que sur les pelouses du château.
Sobriété, rusticité, acclimatation. - Sobre de nature, élevée sur des pâturages souvent arides, d'un caractère très doux, elle a acquis dans son milieu d'origine une rusticité qui manque aux autres races ; sa facilité d'adaptation la rend précieuse aussi bien sous les climats rigoureux ou humides, que sous les climats chauds et secs, de plus elle est très précoce : le vélage d'une bretonne bien conformée est toujours facile, même couverte par de gros taureaux.
Il existe toute une gamme de tailles divisées en 3 catégories : la petite bretonne (en général Morbihanaise), la moyenne et la forte bretonne. A qualité égale, le rendement est étroitement lié à la taille et toute cette gamme de taille à qualité égale nous donne toute une gamme de prix.
Dans chaque taille, il existe toute une série intermédiaire. Les Petites Bretonnes ont un rendement de 6 à 12 litres, un poids jusqu'à 300 et 350 kg, et appartiennent généralement aux variétés pie-noires et pie-rouges.
Les moyennes d'un rendement de 12 à 18 litres atteignent jusqu'à 400, 450, même 500 kg. Comme la petite bretonne, c'est non seulement une bonne laitière, mais aussi une bonne beurrière ; nous trouvons dans cette taille, la pie-noire, la pie-rouge, la Froment du Léon et l'Armoricaine qui est une très bonne vache à deux fins : lait, beurre et viande.
Les fortes tailles donnent de 16 à 25 litres ; leur poids peut atteindre 550, même 600 et parfois 650 kg, poids d'une forte Normande. Les variétés que l'on rencontre dans cette taille sont des fortes Froment et des Armoricaines.
Les deux premières tailles conviennent particulièrement aux régions où un sol ingrat ne permet pas une forte culture ; à noter que la bretonne dans un pays plus riche donnera un rendement supérieur alors qu'une autre race habituée à des pâturages riches sera naturellement grosse mangeuse et trouvant difficilement un pâturage égal à celui de son pays d'origine (c'est ce qui se passe pour la Normande), donnera un rendement inférieur à ce qu'elle aurait donné chez elle.
Laitières. - Au concours de la meilleure vache, une Froment a donné 3.945 litres de lait et 165,900 kg de beurre. C'est donc toutes proportions gardées une laitière et une beurrière de premier ordre ; au concours général de Paris, le beurre en 48 heures a été de 100 kg de poids vif : Flamande, 401 gr, Normande, 333 gr, Bretonne (une Froment), 529 gr.
(Extrait d'une fiche recto-verso de Maurice Jouan).
Création d'un syndicat en janvier 1941
En plus de son activité d'éleveur de vaches, Maurice Jouan était donc aussi expéditeur de vaches et de chevaux. Au début de la guerre, il constata une mauvaise organisation de la profession, due essentiellement à l'arrivée de nouveaux concurrents ignorant les bases mêmes du métier. "Nous avons assisté à des achats fantaisistes correspondant à une véritable destruction : vaches pleines, vaches qui auraient donné un rendement double si elles avaient été « finies ». Tout était bon. La situation actuelle est aggravée de toutes ces erreurs".
Il décida donc de réunir les professionnels éclairés afin de créer un syndicat, la Chambre Syndicale des marchands et commissionnaires en bestiaux du Finistère, et éviter ainsi les dérives. Désormais, il fallut être en possession de la carte professionnelle pour se livrer à cette activité, tant pour les vaches que pour les chevaux. Voir les articles de presse de l'époque.
C'est en raison de cette activité, certainement, que Maurice Jouan fut nommé administrateur du Groupement d'achat et de répartition des viandes du département du Finistère, créé en 1942 pour organiser le ravitaillement pendant la durée de la guerre.
Poule : la poule wyandotte blanche :
Les poules qui paient : "La poule Wyandotte blanche". C'est la meilleure des poules à deux fins, se plaçant au premier rang de toutes les races de poules ; les grands élevages industriels s'en sont bien rendu compte et l'adoptent de plus en plus.
Elle remporte les plus beaux prix dans les plus importants concours.
C'est en effet une excellente pondeuse donnant annuellement de 250 à 300 oeufs très fins.
C'est un excellent poulet très fourni, chair "très délicate".
Son beau duvet blanc est très estimé.
S'acclimatant parfaitement ; très décorative, et familière, elle recherche bien sa nourriture sans être vagabonde.
Nos sujets "continuellement sélectionnés" appartiennent aux meilleures origines...
Nous cédons nos oeufs aux prix suivants : parquet N° 1, 50 fr. la douzaine ; parquet N° 2, 35 fr. la douzaine; parquet N° 3, 25 fr. la douzaine. Ces parquets sont laissés ensemble en juin et à partir de cette époque, les oeufs sont cédés à 25 fr. la douzaine.
(Extrait d'une fiche animalière de Maurice Jouan).
Canard : le "coureur indien"
Les canards qui paient : "Le coureur indien". Il est depuis longtemps reconnu comme étant la meilleure race de canards de ponte, donnant de 250 à 300 oeufs par an. A l'opposé des autres variétés, ses oeufs sont "très délicats" et dépassent en qualité l'oeuf de la poule. Ils sont énormes, pesant de 85 à 110 grammes, la coquille est très blanche. Moins gras que les canards de chair, il est plus délicat au goût, sa chair est bien tassée et à 2,5 mois, il pèse 1,5 kg.
Très décoratif, il est doué d'une mémoire et d'une intelligence surprenante. Disposant de pâturages sillonnés de jolis ruisseaux, et longés d'une rivière, nous laissons chaque jour, à tour de rôle, un parquet en complète liberté. Toute la journée, ils s'ébattent dans la rivière et rentrent "toujours" avant la nuit ; nous ne les lâchons que le lendemain matin, à 9 heures, et trouvons généralement autant d'oeufs que nous avons de canes. Dans un de nos parquets, nous avons une cane remarquable qui, en bonne saison, donne couramment une ou deux fois par semaine 2 oeufs dans la même nuit.
Elevés dans des conditions aussi favorables, ils sont doués d'une vitalité "extraordinaire" et tous les oeufs sont fécondés. Un gros avantage c'est qu'il n'est pas besoin d'eau pour la reproduction comme pour les races lourdes. Les coureurs indiens ont encore une grande supériorité, leur ponte restant très élevée jusqu'à 5 ans, à l'opposé des poules que l'on est obligé de renouveler tous les ans.
Afin d'avoir plus de facilité pour leur sélectionnement et étant trop occupés pour faire de l'élevage industriel, nous ne disposons que d'une centaine de reproducteurs entre coureurs et wyandottes... (Extrait d'une fiche animalière de Maurice Jouan).
Canard : la cane "khaki-campbell" (à compléter)
Lapins polonais (à compléter)
Le Barzoï, lévrier russe. Ce magnifique lévrier, le plus beau de tous, se présente comme un animal d'appartement et de promenade, c'est un très agréable compagnon. Allongé devant la cheminée du salon, semblable à un beau marbre, il assiste aux visites d'un oeil indifférent et quelque peu dédaigneux, mais il voit tout, il attend et le dernier visiteur parti, il présente sa tête aux caresses de sa maîtresse. Il fait tout avec élégance et jamais ne se départit de sa noblesse native. Par ses attitudes il tente les statuaires animaliers. Très froid avec son tempérament et son air aristocratique, il est dédaigneux avec les étrangers, mais très caressant avec son maître, c'est un gardien vigilant, brave, hardi, courageux au possible, d'une vigueur et d'une force extraordinaire, le seul chien capable de lutter avec un loup.
... Bondir dans les herbes
Les lévriers superbes...
C'est un excellent coursier : La Revue Cynégétique et Canine signalait à juste raison la supériorité du Barzoï sur le Greyhound, mais le Greyhound est le chien national de l'Angleterre. Par orgueil, les Anglais n'admettront jamais l'infériorité de leur race préférée. Les véritables amateurs, les vrais connaisseurs, les éleveurs de Barzoïs ont défendu avec raison ce roi de la race canine.
Le Barzoï c'est un idéal et si on a élevé une fois un lévrier on ne peut plus s'en passer.
Nos lices sont de sang différents, issues des meilleurs champions connus. Les reproducteurs sévèrement sélectionnés donnent la meilleure garantie pour les amateurs sur les sujets à céder. Nous cédons nos jeunes à 500 fr. après sevrage complet. Le nombre étant limité, nous engageons vivement les personnes intéressées à s'inscrire à l'avance. (source fiche animalière de M. Jouan)
Une photo de Mme Renée Jouan (1894 - 1988), élevage de Ar Vro Goz.
Ar Vro Goz a été un élevage de Barzoïs bien connu en son temps. Il est d’ailleurs le seul élevage à avoir « enjambé » la 2ème Guerre Mondiale et sa production a duré de 1927 (première portée avec deux importés de l’élevage belge du Zwaenhoek : Pilaï et Katucha) à 1953 (dernière portée entre deux Ar Vro Goz : Volsky et Walta).
Mais l’élevage de Mme Jouan, situé à La Roche dans le Finistère (Domaine de la Fonderie), n’a pas été uniquement un élevage de lévriers russes. Avec son mari, Maurice Jouan, ils ont été aussi des éleveurs reconnus d’animaux de races diverses (particulièrement à fourrure) sur leur vaste domaine de La Fonderie.
Mme Jouan est représentée ici devant le Château de Versailles avec Esky van Marcolid (*), alors âgé de 15 mois et décrit en mue au moment de la photographie, venant de remporter le 1er prix CAC à Versailles 1947.
(*) Esky van Marcoldi : né en Hollande le 03.06.1946
de Chita van der Horde x Carla van Marcolid.
(source Facebook, Dans les archives du Barzoï)
Plus bas, au domaine de la Fonderie, deux enfants (Alain, à gauche, et Pierre Jouan, fils des éleveurs) s'amusent avec un lévrier sur une pile à maillet. Cette pile est un souvenir de l'ancien moulin à papier.
Au salon de l'aviculture de Paris en mars 1931 (source La Vie à la Campagne)
RAGONDINS ALBINOS. Geoffroy de St-Hilaire, le grand naturaliste, écrit entre autre au sujet des Ragondins : "Dans un grand nombre de peaux que nous avons examinées, nous en avons vu quelques-unes qui ont appartenu à des animaux atteints de la maladie albine..." Le Ragondin albinos, par conséquent, le Ragondin blanc ou de teinte tendant au blanc, existerait donc. Certes, la chose, si étrange qu'elle vous paraisse, ne vous en semblera pas moins possible, si vous tenez compte du fait que, les animaux vivant par colonie d'une vingtaine de sujets, comme les Castors du Canada (le père généralement avec sa lignée), il résulte infailliblement une consanguinité notable. On m'a d'ailleurs signalé qu'un éleveur canadien avait eu, dans une portée, des Ondratas blancs. Il y aurait ainsi espoir d'obtenir des variétés blanches de Ragondins, et, une fois la nouvelle variété fixée, il est à prévoir qu'elle serait appréciée. Il faudrait alors fixer et revivifier les sujets qui seraient la base de telles lignées. Des éleveurs de Lapins reprochent au Ragondin comme à l'Ondrata de n'être que d'une seule couleur, avec des variations de nuances, alors que le Lapin est doté de toute une gamme de teintes. La Ragondin blanc serait précisément la disparition de cet inconvénient, et cette mutation permettrait d'espérer l'obtention d'autres teintes. Cette éventualité n'est pas impossible. Donc, éleveurs, si vous avez la chance de découvrir un sujet blanc, gardez-le précieusement et tâcher de fixer la nouvelle variété, car vous devinez le bel avenir qui s'offre à vous si vous réussissez.
1 - Dans Ouest-Eclair
A - Le mouton Astrakan (26/9/1928)
26/09/1928 : LE MOUTON ASTRAKAN PEUT FORT BIEN S'ACCLIMATER EN FRANCE ET - MIEUX - DANS NOTRE RÉGION
Grâce à la complaisance d'un de nos amis, éleveur spécialiste d'animaux à fourrures, nous pouvons donner à nos lecteurs la primeur d'une étude fort intéressante et documentée sur le mouton d'Astrakan ou de Boukhara. Cette étude fait suite, d'une façon heureuse, aux articles de notre excellent collaborateur A. Philippon qui, dans sa chronique des Chasseurs, a parlé avec compétence de l'élevage des animaux à fourrure :
La race des moutons Astrakan ou de Boukhara est l'une des premières espèces ovines que l'homme ait domestiquées ; c'est aussi la première à laquelle, dès les premiers temps, il ait appliqué une méthode de sélection.
Originaire des steppes de l'Asie centrale, le mouton astrakan s'est répandu seulement dans l'Afghanistan. Il est donc un produit asiatique.
Dès les temps les plus reculés, l'élevage a été spécialisé et orienté vers la production de la fourrure qui porte ce nom. Mais, ce qui est tout à fait spécial à la race, la fourrure n'est belle et n'a de valeur qu'à la naissance de l'agneau : pendant une quinzaine de jours. A partir de cette date, peu à peu la fourrure du mouton perd son merveilleux bouclage, son ton moiré, son brillant, et à l'âge adulte, le mouton astrakan ne se différencie plus des autres races par sa toison, qui se rapproche peut-être plus du crin que de la laine.
C'est en raison de cette particularité que les pays européens ont toujours convoité cette race et essayé de se l'approprier. Mais les tribus boukhariennes, jalouses de cette richesse, avaient interdit l'exportation de ce bétail et fermé leurs marchés aux étrangers. Cette fourrure de luxe faisait l'objet d'un commerce considérable, monopolisé par des négociants d'Allemagne. A Leipzig, il était traité chaque année, 800.000 peaux d'agneau qui faisaient l'objet d'un commerce de 14 à 15 millions de francs.
La France qui, ici encore, était tributaire de l'Allemagne, d'où elle tirait la fourrure d'Astrakan, ne pouvait donc pas s'affranchir de cette tutelle ?
Une erreur
L'élevage du mouton astrakan est une source de richesse pour l'éleveur et pour le pays. On a cru que, hors les steppes de l'Asie centrale, cette race devait dépérir et perdre cette fourrure qui fait son originalité et sa fortune. C'est là une erreur contredite par les faits.
Malgré l'opposition des propriétaires éleveurs de l'Asie centrale, et à la suite de longues négociations, dès avant la guerre l'Autriche, la Russie et les Etats-Unis avaient pu se procurer quelques reproducteurs, en nombre fort restreint d'ailleurs. Or, les descendants de ces sujets n'ont point dégénéré et, grâce à des soins méthodiques et à une sélection intelligente, fournissent des reproducteurs de race très pure, dont la fourrure a même été jugée supérieure à celle des moutons de Boukhara et d'Astrakan qui, grâce à l'incurie du régime soviétique, sont dégénérés par des croisements intempestifs ou par suite de négligence. Ce fait a été constaté à l'exposition de Vienne en 1926, où les peaux du pavillon des Soviets de provenance boukharienne furent jugées inférieures.
L'exemple à suivre
L'exemple de ces étrangers a été suivi par quelques éleveurs audacieux, même en France. Le premier importateur fut le marquis d'Aigneau, et de bonne heure, son exemple a été suivi, malgré les difficultés et la cherté des produits. Ne faut-il pas mettre de 8 à 15 mille francs pour se procurer un reproducteur de premier ordre ?
Sans doute, cet élevage en est encore a ses débuts et l'éleveur soucieux de la durée de son troupeau et de l'extension d'une race de plus en plus demandée, ne sacrifie pas les premiers produits pour la fourrure, et c'est là pour lui une lourde charge, mais les frais seront vite couverts par les bénéfices, car l'élevage du mouton est peu coûteux, et la fourrure se vend facilement.
Qu'on en juge. Un de nos amis, éleveur dans la région de Landerneau, a pu se procurer un magnifique couple de reproducteurs. De ses observations, il résulte que ces animaux sont rustiques, sobres, susceptibles de s'acclimater dans les pays non humides et d'y passer les nuits hors de l'étable. Il prospère là où les autres animaux ne trouvent que péniblement leur vie. Par ailleurs, il est facile d'éviter la maladie de la douve provenant de pâturages humides en y épandant de la chaux, et de la guérir également par l'administration, au printemps et à l'automne, d'une pilule à base éthérée de fougère mâle.
Le bénéfice
Outre le bénéfice que procure la peau de l'agneau astrakan qui peut être estimée jusqu'à 600 francs, l'éleveur retire du mouton une chair fine et excellente, très estimée, un cuir destiné à la fabrication du maroquin ; la brebis fournit un lait propre à la fabrication des fromages genre Roquefort, et ici la production du lait est presque tout entière destinée à la consommation, puisque l'agneau peut être sacrifié entre le 1er et le 21è jour.
Quelques éleveurs effrayés par les frais nécessités par l'importation de couples d'astrakans ont imaginé de faire des croisements du bélier astrakan avec nos races à laine blanche. Ce procédé a réussi, notamment dans les Ardennes. Sans doute, le produit obtenu n'est plus que du demi-sang, mais il porte toutes les caractéristiques de la race Astrakan : couleur noire, queue grasse, bouclage des peaux d'Astrakan, et la peau a été estimée par des pelletiers français jusqu'à 175 francs l'une. Il faut ajouter, de plus, que la société des animaux à fourrure oblige ses adhérents à sacrifier de suite les mâles nés de ces croisements et l'éleveur sérieux le comprendra facilement.
Cette méthode dite de dominance appliquée rigoureusement permet à l'éleveur, au bout de quelques générations obtenues par le croisement du bélier astrakan pur, de se créer un troupeau de femelles presque de race pure.
M. JOUAN.
B - Les animaux à fourrure 15/8/1929)
15/08/1929 : L'ELEVAGE DES ANIMAUX A FOURRURE EN FRANCE - Il est possible, mais il exige une longue pratique
L'élevage des animaux à fourrures a pris, en France, surtout, depuis la guerre, une grande extension, et il est peu de contrées où l'on ne se livre à l'exploitation des fourrures provenant de certaines races de lapins. En Bretagne, des braconniers se sont spécialisés dans la chasse aux putois, fouines, martres, etc., et en retirent un profit assez élevé, la fourrure de ces animaux étant recherchée et fort chère.
Un de nos amis à l'initiative duquel il est juste de rendre hommage, nous adresse quelques conseils autorisés par une longue pratique sur l'élevage des animaux à fourrure, ses avantages et ses déboires.
M. Jouan, de La Roche {Finistère) a installé dans son domaine de la Fonderie un parc considérable où il se livre à l'élevage de diverses races d'animaux à fourrure indigènes et d'importation. Il a obtenu déjà un succès tel qu'il a pu, à l'exposition internationale d'aviculture, présenter un stand qui a été fort remarqué et que nous avait signalé notre correspondant agricole de Paris.
Quelques conseils
« L'élevage des animaux à fourrure peut présenter de gros bénéfices, maïs il faut se méfier tout d'abord des conseils parus dans certaines revues ou journaux même spécialisés, conseils auxquels il manque le fondement principal : la pratique. N'a t-il pas été affirmé qu'avec un mâle et 4 femelles de putois un éleveur est assuré d'un bénéfice annuel de 1.700 francs !!!! Car ces 5 sujets demandent environ pour 50 francs de nouriture par an ou 0,12 par jour soit 250 francs par an. Or on oublie qu'il faut se procurer, des reproducteurs dont le cours d'achat est au minimum de 200 francs par tête ; il faut ensuite des cages ; il faut compter avec la maladie, la mortalité, les évasions, etc... ; il faut compter de plus, non pas 0,12 par tête, mais au moins 0,50 de frais quotidiens pour la nourriture, soit 182,50 par an et enfin, si l'on peut espérer vendre une belle peau de putois 120 francs au maximum, il faut plutôt tabler sur un cours moyen de 90 à 100 francs, soit donc, pour les cinq sujets, un rapport brut de 500 francs contre 700 à 800 et 900 francs de dépenses.
Il faut donc se mettre en garde contre ces mirages d'or que font briller des éleveurs en chambre. Le but de cette étude est de mettre les choses au point, d'inciter à l'élevage des animaux à fourrure tout en évitant autant que possible les écueils qui attendent ceux qui se lanceraient inconsidérément dans une mauvaise voie.
C'est une passion
D'une façon générale, pour réussir il faut avoir de l'amour, je dirai la passion de cet élevage : c'est-à-dire comprendre, savoir, deviner même, s'il le faut, ce que désirent ces animaux ; il faut observer assidûment leurs moeurs, améliorer constamment les conditions d'élevage, étudier les nouvelles méthodes, en un mot il faut se livrer entièrement à son travail, c'est la première condition du succès. En second lieu, et ce n'est pas le plus facile pour un débutant, il faut savoir choisir les sujets, surtout lorsqu'il s'agit d'animaux d'importation. Il peut y avoir là une source de déboires et l'on doit avant d'acheter s'entourer de tous les renseignements possibles.
Le choix du terrain et l'installation
Une troisième condition du succès gît dans le choix du lieu de l'élevage et l'installation des cages. On conseille un terrain éloigné du bruit des villes, des trains, des autos, des routes, clôturé d'un grillage de fil de fer 0,16 et de maille de 0,22 ; cette clôture sera surmontée d'une bande de tôle de 0 m. 50 de hauteur, afin de protéger les animaux contre les chiens, chats et les voleurs, et aussi contre les évasions possibles des cages. Le terrain sera ombragé, sans être humide, protégé contre les grands vents.
Les cages seront de 1 m. 50 à 2 mètres de large et séparées par le même espace pour éviter les contaminations en cas de maladies contagieuses ; ceci s'entend pour les grands élevages où les cages peuvent être fabriquées en série. Pour débuter, il vaudra mieux adopter des cages plus vastes, afin de faciliter la reproduction au cas où les sujets ne seraient pas des animaux d'élevage, mais des sujets encore à demi-sauvages. Plus tard il sera toujours temps de réduire le volume des cages.
On nous objectera peut-être qu'i1 n'est point besoin de cages puisque le terrain est enclos. Nous répondrons seulement par les chiffres suivants ; la dépouille de vison sauvage se vend 10, 20 à 25 dollars au maximum : celle de vison de cage de 10 à 100 dollars, soit 2.560 francs ; le raccoon de liberté de 8 à 10 dollars : le raccoon de cage de 10 à 100 dollars ; de même en est-il pour le pecan.
La hauteur de la cage varie suivant les races ; les grimpeurs comme la martre, le pecan, le raccoon exigent une cage de 2 mètres de hauteur ; pour le vison, 0 m. 80 suffiront.
A l'intérieur de la cage, il y aura lieu de réserver la place du nid. Il faut que l'animal se sente chez lui, sinon il ne rapportera pas. D'autre part comme, en général, ces animaux ne sont pas d'une grande propreté, il faudra étudier leurs habitudes et s'ingénier à trouver un dispositif permettant un nettoyage périodique sans toucher les sujets. J'ai imaginé une grande caisse formant toit, s'ouvrant sur le devant, avec double fond doublé de tôle galvanisée et mobile. A mi-hauteur de la caisse, est installé le nid : une trappe mobile permet aux animaux de monter ou de descendre à volonté, et cette trappe permet le nettoyage du nid.
Quelle que soit la disposition adoptée, il faut éviter de manipuler les animaux, sous peine d'insuccès.
Quelques races
Parmi les variétés à élever, nous citerons d'abord le mouton Astrakan, déjà connu et dont l'Ouest-Eclair a déjà parlé. Notons seulement qu'il est plus rustique que le mouton ordinaire et aussi facile à élever. Parmi les animaux à fourrure, nous distinguerons les sujets indigènes et les sujets d'importation. Dans la première catégorie, nous indiquerons le putois, la fouine ; celle-ci coûte moins cher à nourrir que le putois : 10 francs par mois en moyenne. La fourrure se vend en bonne saison, 450 francs et comme un couple rapporte environ 3 à 5 sujets, le bénéfice peut être intéressant, surtout si l'on y ajoute le commerce des reproducteurs. L'élevage de la martre serait encore plus recommandé surtout si l'on peut croiser avec la martre zibeline. Le produit du croisement peut donner une fourrure valant de 1.000 à 2.000 francs, tandis que la martre française vaut au maximum 600 à 700 francs. Nous ne parlons pas de l'hermine, dont l'élevage comporte trop de risques. Certains prétendent que le blaireau de France, amélioré par un croisement avec le Canadien, pourrait donner de bons résultats. L'expérience reste à faire et coûte cher.
Parmi les races d'importation nous indiquerons : l'Ondatra brun ou noir dont l'élevage en cage a été expérimenté et donne de bons résultats ; ajoutons que l'élevage en liberté en petits parquets de 16 à 20 mètres carrés par couple est beaucoup plus facile. Le Ragondin ou Castor du Chili se reproduit en petit parquet, se nourrit comme le lapin, consomme comme le Géant des Flandres. Les qualités communes, les seules importées en France, donnent une fourrure bien supérieure à celle du lapin.
Ajoutons le Pecan, le Skung, le Vison, le Raccoon, l'Opossum, qui ont donné toute satisfaction. Pour les amateurs de nouveautés, nous indiquerons le blaireau argenté, dont la fourrure se vend de 700 à 1.000 fr. ; les renards argentés et les renards bleus, etc..
Le choix du sujet
Un dernier conseil : veiller toujours à la qualité des sujets. Il vaut mieux acheter un beau couple de visons ou de raccoons que dix couples inférieurs. Car la belle fourrure se vend toujours mieux que la qualité inférieure. Si vos moyens ne vous permettent pas d'acheter des sujets de race pure ; par exemple, si vous ne pouvez vous procurer un couple de raccoons foncés, faites un effort, prenez le mâle de couleur foncée, et une femelle de robe plus claire, le mâle améliorera les descendants, et vous pourrez arriver avec la sélection à de bons résultats ; tandis qu'avec un couple de couleur claire la sélection ne produira jamais qu'une fourrure moins prisée dans le commerce.
La dégénérescence est une grosse objection faite à l'élevage des races importées. Pour le moment l'expérience n'est pas concluante. En fait l'élevage se fait en Amérique sous des climats aussi doux que celui de France. De plus la dégénérescence, si elle se produit au bout de quelques générations, peut être combattue par l'importation de sujets purs qui renouvelleront le sang des dégénérés.
Depuis plus de 80 ans, le Canada poursuit cet élevage avec le plus grand succès. Voilà déjà longtemps, plus de dix ans avant nous, que les Allemands ont compris l'intérêt de cette nouvelle production ; en France, depuis quelques années, les élevages d'animaux à fourrure s'établissent de tous côtés ; de grosses maisons avicoles transforment leur matériel, réduisent même leur cheptel avicole pour donner leurs soins aux animaux à fourrure. C'est là une initiative à encourager, car elle nous évitera d'importer chaque année des milliards de francs de fourrures qui seront produites sur notre sol même, et formeront une nouvelle richesse nationale.
R. JOUAN, Elevage « Ar Vro Goz », La Roche (Finistère)
C - L'élevage des animaux à fourrure en France (24/8/1930)
24/08/1930 : L'ELEVAGE DES ANIMAUX A FOURRURE EN FRANCE
Les débuts
Il n'y a guère plus de trois ans que l'on a commencé d'une façon sérieuse, en France, à s'occuper de l'élevage des animaux à fourrure. Les débuts furent rapides, trop peut-être, car certains connurent quelques désillusions. Cette période dure encore ; elle sera sans doute suivie d'une réaction ; puis il y aura une reprise générale sur des bases plus solides. Beaucoup de gens n'ont, en effet, vu dès l'abord, dans l'élevage des animaux à fourrure, qu'une occasion de « gagner rapidement de l'argent », alors qu'il s'agissait, au contraire, d'une affaire de longue haleine. D'autre part, il s'est trouvé des personnes, qui n'ayant réussi nulle part, ont voulu là, sans plus d'éléments de succès, tenter une chance nouvelle. Enfin quelques-uns, voyant le gain immédiat, ont élevé des espèces donnant tout de suite un résultat... qui ne peut pas se prolonger. Ces mauvais éleveurs feront peut-être tort aux autres, mais ils finiront par s'éliminer d'eux-mêmes.
Les autres, au contraire, ayant des années d'expérience, travaillent avec persévérance, organisent leurs élevages, expérimentent les divers animaux dont la pelleterie emploie les dépouilles. Et parfois, il faut le dire, en consentant de lourds sacrifices, ils voient le succès couronner leurs efforts. On ne saurait trop recommander leur exemple particulièrement encourageant, et qui confirme les espoirs que l'on fonde sur ces nouveaux élevages.
Les principaux animaux à fourrure
Quelles sont les variétés à élever ? Quelles sont celles qui « payent » et celles qui reproduisent ? II semble logique de penser que les variétés indigènes sont les plus intéressantes. Parmi celles-ci, il faut principalement signaler : le putois, la martre, le vison, dont les fourrures se vendent à des prix rémunérateurs. L'on trouve, en effet, des avantages sérieux à élever les variétés indigènes : D'abord, les prix d'achat sont moins élevés ; puis, si l'on nourrit bien, on n'a pas à craindre de dégénérescence : les animaux étant déjà acclimatés, les risques de perte sont réduits au minimum ; enfin, pour la vente, on doit noter que plusieurs importants marchés français achètent toujours - et à des cours soutenus - les peaux de nos sauvagines indigènes, alors que celles des variétés étrangères sont plus difficilement vendables sur nos marchés, et qu'il faut chercher des débouchés à Londres ou à Leipzig.
Voici, sur ces divers animaux, quelques renseignements qui peuvent être utiles.
LE PUTOIS
La peau de ce petit mammifère atteignait, en 1929, 130 francs. Les frais de nourriture annuelle s'élevant environ à 70 francs, il restait à l'éleveur un bénéfice. Par suite du crack américain, les cours sont tombés et la marge des bénéfices sérieusement réduite. Toutefois, il faut bien remarquer que le putois sera toujours demandé, que son élevage est facile, sa reproduction suivie : il donne, par an, une portée de quatre à dix petits, et si l'on croise du putois pur avec du putoisé, on peut obtenir, dans l'année, deux portées de six à onze petits.
D'ailleurs les cours remonteront. Enfin l'élevage du putois est une bonne école avant d'entreprendre celui d'animaux étrangers comme celui du vison et du skungs, dont les prix sont élevés ; un bon couple de visons Nord de Québec valant jusqu'à 400 et 500 dollars.
Il est bon, aussi, de rappeler un autre intérêt de la question : Il ne faut pas oublier que tous les animaux sauvages ont augmenté de qualité du jour où ils ont été sélectionnés et élevés en captivité ; voyez les lapins à fourrure, dont l'ancêtre n'est qu'un vulgaire « garenne » ; quelle différence comme finesse de chair, comme taille, comme fourrure, en faveur du lapin sélectionné.
Un exemple plus récent est celui du vison, très proche parent du putois. En quelques années, les canadiens ont accru considérablement la valeur de sa fourrure, puisque la peau d'un vison sauvage est payée de 7 à 10 dollars, 15 au plus, alors que celle du même animal, soigné dans un élevage, a connu, en 1929, aux enchères de New-York, des cours moyens de 42 à 65 dollars (certaines peaux ont même été vendues 82, 87 et jusqu'à 115 dollars). Il n'y a aucune raison pour que, par la sélection, on ne parvienne pas à tripler ainsi la valeur de la fourrure de notre putois.
LA FOUINE
Les cours, en 1929, ont porté, les bonnes peaux d'hiver de cet animal, de 300 à 425 francs. Mais, ici, il y a une grosse difficulté : la reproduction, jusqu'ici, est exceptionnelle. Nous avons cependant, pour la deuxième fois, obtenu, cette année, la reproduction de quatre sujets, dont deux avaient déjà reproduit l'année précédente ; et nous savons que d'autres éleveurs ont obtenu des résultats semblables.
Or, il est remarquable que lorsque l'on a obtenu la reproduction d'un sujet les descendants reproduisent également. Une loi de zootechnie, fréquemment vérifiée, veut, en effet, que ce soit pendant la période de croissance des jeunes que les embryons se forment, ceux-ci donnant à leur tour des jeunes entièrement adaptés aux conditions de vie du lieu où les embryons ont été formés.
LA MARTRE
Le même inconvénient se retrouve pour la martre. Depuis plusieurs années des éleveurs essaient, sans succès, d'en obtenir la reproduction. Mais nous n'ignorons pas que, au Canada, cette reproduction a déjà été obtenue et l'on connaît d'autres exemples : il a fallu 5 ans avant de faire reproduire le pecan, et 7 ans pour le vison. Pour la première fois en Europe, nous avons cette année obtenu la reproduction de la martre en captivité ; deux petits magnifiques, actuellement presque aussi grands que les parents. Quelques jours après ce grand succès, signalé par la presse agricole spécialisée, française et étrangère, un second éleveur français arrivait au même résultat. Un bel avenir est donc ouvert dans cette voie. Et l'on pourra, lorsque la reproduction sera suivie, améliorer encore les splendides fourrures de la martre de France, dont les peaux ont été vendues jusqu'à 860 francs l'année dernière, en la croisant avec les martres canadiennes et les zibelines dont les dépouilles valent jusqu'à 250 dollars.
Les variétés étrangères.
Certaines variétés étrangères sont élevées avec succès en France :
LE MOUTON DU BOULAHARA-KARAKUL, dont la peau, du moins celle de l'agneau, est vendue sous le nom de Persianer, d'Astrakan... ou de Brietch-Wanz quand il s'agit d'un agneau mort-né.
Il est actuellement reconnu qu'il n'y a aucune dégénérescence à craindre et que cette bête peut prospérer en France, partout où l'on élève du mouton. D'ailleurs, pour la première fois, le concours général agricole de Paris comprenait une classe pour les « moutons à fourrure ».
LE CASTOR EN CHILI, est l'animal à fourrure pour le moment le plus à la mode et le plus recherché.
Cet animal, appartenant à la famille des Myocastors, présente cette particularité unique, l'apparentant aux animaux de l'époque tertiaire, d'avoir des mamelles sur les flancs.
Il donne annuellement de deux à trois portées de 4 à 8 petits; c'est un herbivore se nourrissant comme le lapin ; mais un bassin d'eau, ou tout au moins un bac où il puisse se tremper, lui est indispensable. C'est à l'élevage Ar-Vro-Goz que revient l'honneur d'avoir obtenu, il y a quelques années, pour la première fois en Europe, dans un but industriel, la reproduction de cet animal, en captivité.
Actuellement, plus de 1.500 élevages de castor du Chili existent en France, et cet élevage s'est étendu en Allemagne et dans la plupart des pays d'Europe. L'Amérique du Nord commence à s'y intéresser, même les éleveurs canadiens - fait unique - s'adressent à la France pour des achats de fourrure.
Le castor du Chili, dont la peau était vendue autrefois sous le nom de Ranonda, et actuellement sous celui de Ragondin ou de Nutria, est originaire de l'Amérique du Sud. Or, quelle n'a pas été notre surprise de recevoir récemment une note officielle du ministère de l'Agriculture de l'Argentine, nous signalant que des élevages s'établissent en ce pays, et qu'ils sont encouragés par le dit ministère (ce n'est pas comme en France !...). Il a donc fallu que des Français aient l'idée d'élever ces animaux pour que, dans leur pays d'origine, on se décide à expérimenter cet élevage, l'animal devenant de plus en plus rare à l'état sauvage et sa dépouille, par contre, étant de plus en plus recherchée : les derniers cours, au marché de Buenos-Ayres, ont été de 500 à 700 pesos papier la douzaine de peaux (origine Teccas et origine Entrerio), les peaux d'hiver de grande taille s'élevant de 400 à 520 dollars la douzaine.
L'ONDATRA a été, lui aussi, expérimenté. Bien qu'on l'ait très critiqué, il resté, malgré tout, la base de la pelleterie (c'est pourquoi on l'a appelé : « le pain du fourreur »). Il sera repris avec succès tôt ou tard. Déjà de nouveaux élevages se montent - et réussissent - un peu partout.
En France, et même en Bretagne, on a pu voir, pour la première fois, naître aussi, des magnifiques skungs de Californie et des Raccons noirs du Nord de Québec (ratons laveurs), animaux de bel avenir et de grande valeur, qui sont toujours très demandés.
LE VISON FRANÇAIS, ainsi que les visons canadiens, reproduisent bien et d'importantes visonneries se sont montées, principalement dans l'Est.
D'autres variétés, sans doute, seront encore élevées avec succès en Europe, mais il ne semble pas qu'elles présentent, pour le moment, un intérêt pratique.
Actuellement, la France est annuellement tributaire de l'étranger pour près d'un milliard et demie de fourrures.
Mais le moment semble proche ou notre pays s'affranchira de cette tutelle et où l'on produira la plupart de ces fourrures « chez nous », soit en élevages industrialisés, soit en élevages familiaux.
Il est d'ailleurs indispensable den arriver là : la vogue des fourrures croissant sans cesse - et les sauvagines - traquées - étant chaque année de moins en moins nombreuses, à cause de la destruction acharnée que crée le besoin, le seul remède à la situation réside dans la production des peaux par un élevage raisonné des animaux à fourrure, auquel le plus magnifique avenir semble réservé.
M. JOUAN, Elevage Ar-Vro-Goz, LA ROCHE (Finistère).
2 - Plusieurs opuscules sur l'élevage et le commerce de différents animaux :
3 - Des fiches animalières recto-verso sur plusieurs bêtes (reproduites en grande partie dans les textes plus haut)
Maurice Jouan, 28 ans, éleveur, demeurant à la Fonderie, en Plouneventer, se rendant à Guipavas dans la nuit du 21 au 22, arrêta sa voiture hippomobile sur le côté droit de la route, au lieu dit la Grande-Palue. Survint un tracteur automobile très faiblement éclairé, venant à vive allure de la direction de Guipavas. Il était conduit par M. Quillivéré, marchand de vin à Saint-Pol-de-Léon. Le véhicule heurta violemment la voiture de M. Jouan. On évalue les dégâts à 1.000 fr. Il n'y a pas eu d'accident de personnes.
LANDERNEAU, 16 mai (De notre correspondant particulier) :
Lorsque L'Ouest-Eclair nous apporta les premiers échos de la terrible tragédie qui ensanglanta la côte morbihannaise, et plus particulièrement la villa de Kerbennec, isolée dans les dunes, nous étions bien loin de soupçonner que Landerneau y serait mêlé ! Force nous est cependant de nous rendre à l'évidence, car ce matin même en parcourant l'Ouest-Eclair, nous avons appris que les fameux renards argentés de Michel Henriot, l'assassin de sa jeune femme, Georgette Deglave, ont trouvé asile à Landerneau. C'est en effet, un de nos concitoyens, ou plus précisément un de nos voisins, M. Jouan habitant la propriété de la Fonderie, en La Roche-Maurice, à dix kilomètres de Landerneau, qui a mis un terme aux glapissements des renards et aux préoccupations de la Société Protectrice des Animaux.
De Kerbennec à l'Ar-Vro-Goz
M. Jouan, ardent pionnier de l'élevage des animaux à fourrures, est un éleveur de classe, et pour s'en rendre compte, il suffit de parcourir, comme nous l'avons fait aujourd'hui, sous la conduite du propriétaire, l'élevage d'Ar-Vro-Goz. Voici deux jours, le procureur Henriot adressa à M. Jouan un télégramme pour lui proposer les renards de son fils, abandonnés dans leur enclos du Loch. M Jouan n'hésita pas. Il se mit hier en route au volant de sa voiture, pour Lorient. où il fit confectionner des caisses. Puis, sous la conduite du procureur, il atteignit Kerbennec. La capture des renards, irrités par la visite d'innombrables curieux et non pas affamés comme certains ont voulu le dire, ne se fit pas sans mal. L'un d'eux brisa net le couvercle de sa caisse. Enfin, au bout d'une demi-heure, les douze renards trois mâles et neuf femelles, étaient prisonniers et prenaient le chemin de Landerneau, où ils arrivaient tard dans la soirée.
Dans leur nouvelle demeure de la Fonderie, les renards argentés sont un peu plus dans leur élément. Ce ne sont plus les dunes de la côte morbihannaise, mais la riante vallée de la rivière Elorn, toute boisée. C'est là, dans une clairière, que seront parqués désormais les hôtes du Loch. A notre approche, des renards sautent à bas de leurs niches, qui leur servent d'observatoire. Quelques-uns se terrent au fond de leurs logis, d'où, il est vrai, M. Jouan sait les déloger prestement.
Des renards affamés ? Non, certes ! car ils font encore des bonds formidables, dans le but de s'échapper. Mais le grillage les repousse. D'ailleurs. M. Jouan a deviné notre question : - Ils n'avaient peut-être pas leur ration de poisson, nous dit-il, mais ils étaient suffisamment nourris. D'ailleurs ils se contentent de la nourriture des chiens.
Une petite fortune
« Michel Henriot, nous précise M. Jouan, a payé 5.000 francs chaque renard, et encore il a bénéficié d'une forte réduction, parce qu'il a fait un stage d'un an dans un centre d'élevage A l'heure actuelle, ces renards valent 15.000 francs la paire ». C'est donc une petite fortune que M. Jouan a rapportée hier soir de Kerbennec...
André BERTHOU.
Création de la Chambre Syndicale des marchands et commissionnaires en bestiaux du Finistère
Ouest-Eclair du 11/01/1941 - ... On tient a rappeler aux marchands de bestiaux qu'une importante réunion aura lieu prochainement pour la constitution d'un syndicat. Il est de leur intérêt d'indiquer des maintenant leur nom et adresse à M. Jouan, La Roche (Finistère). Ce syndicat sera affilié à la Chambre Syndicale des Marchands de Bestiaux de France, qui groupe environ 200.000 membres.
On nous prie d'insérer cet appel : Dimanche 26 janvier, à 11 heures, à l'Hôtel de Bretagne de Landerneau, aura lieu la première réunion des marchands de bestiaux du Finistère, sous la présidence de M. de Broqua, directeur de la Chambre syndicale des Marchands de Bestiaux de France, conseiller du commerce extérieur. Le directeur départemental du ravitaillement général du Finistère prévoit y assister.
Cette réunion a pour but la création pour le Finistère d'un syndicat de marchands de bestiaux qui sera affilié à celui de France. D'importantes questions y seront discutées, les marchands de bestiaux ayant quelques suggestions à faire dans l'intérêt de la corporation, doivent les adresser immédiatement à M. Jouan, éleveur commissionnaire, La Roche, Finistère.
Les trains de la ligne de Quimper venant d'être supprimés le dimanche, il est trop tard pour changer le jour de la réunion. Cette difficulté risque de contrarier les projets des marchands de bestiaux du Finistère Sud qui désireraient y assister ; j'insiste pour qu'ils fassent l'impossible pour venir ou qu'ils envoient une délégation soit par le dernier train samedi soir ou viennent en auto dimanche matin.
Les marchands et commissionnaires finistériens ont attiré dans nos régions les herbagers, les éleveurs, les marchands bouchers ou les marchands de bestiaux de toutes les régions de France. Cette clientèle fait la fortune du Finistère et ne doit pas passer dans les mains d'expéditeurs nés d'événements récents et qui ne se sont jamais occupés de commerce de bestiaux, ne sont patentés que pour un commerce très différent et s'arrogent déjà des droits qui nous obligent à nous unir. D'importantes questions sont à discuter : les marchés de bestiaux et leur répartition dans les groupements d'achat ; l'interdiction d'expédier hors département, les autorisations, le 7 du 1.000, les expéditions des saucisses, des boucheries, des vaches prêtes ou laitières, des herbagères, les achats en campagne, la liste des marchands de bestiaux patentés qui, seuls, auront le droit d'achat sur nos marchés, etc...
Cette réunion sera suivie d'un banquet ; le nombre des places étant limité, s'inscrire immédiatement à M. Jouan et prévoir les tickets. M. JOUAN.
Hier, à 11 heures, s'est tenue à l'hôtel de Bretagne, à Landerneau, la réunion des marchands de bestiaux du Finistère, sous la présidence de M. Abord, secrétaire général de la Chambre syndicale des marchands de bestiaux de France, représentant M. de Broqua, directeur, empêché. Une centaine de marchands de bestiaux des diverses parties du département avaient répondu à l'appel de M. Jouan, de la Roche-Maurice, organisateur de la réunion.
On remarquait au bureau et dans la salle, autour des personnalités ci-dessus désignées : MM. Henry, président de la Chambre syndicale des marchands de bestiaux de France ; le lieutenant Le Guen, représentant l'intendant directeur du ravitaillement général à Quimper ; Nédélec, de Quimper, président du groupement d'achat du Finistère ; Aumont, vice-président du groupement de Brest ; Feunteun, de la commission de réception de Quimper ; Floch, de Landivisiau, président du Syndicat des marchands de chevaux du Finistère, etc... En ouvrant la séance. M. Jouan remercie les assistants d'être accourus nombreux, malgré les difficultés de transport, et salue la présence du secrétaire général de la Chambre syndicale de France, ainsi que les autres personnalités.
L'EXPOSÉ DE M. JOUAN
M. Jouan expose ensuite en quelques mots les raisons de cette réunion et les buts qu'il se propose d'atteindre, le tout en regard des circonstances.
" Les marchands de bestiaux et commissionnaires, dit-il, ont de tout temps, eu le droit d'acheter sur foires et en campagne les vaches de toutes catégories. Ces marchands sont patentés et se sont fait une clientèle à force de connaissances, de travail et d'honnêteté.
" Quand il n'y a pas de marchands étrangers sur les foires, en période normale, les transactions sont calmes ou en baisse ; les cultivateurs le savent bien. Or, ce sont les marchands du pays qui attirent tous ces acheteurs.
" A la déclaration de guerre, il eût été logique de tirer parti de l'expérience des expéditeurs de bestiaux ; mais, la plupart du temps, on s'est adressé à des personnes tout à fait étrangères à notre métier, et nous avons assisté à des achats fantaisistes correspondant à une véritable destruction : vaches pleines, vaches qui auraient donné un rendement double si elles avaient été « finies ». Tout était bon. La situation actuelle est aggravée de toutes ces erreurs.
" Le 20 août dernier, par arrêté préfectoral, ont été créés les groupements d'achat, mais, à de rares exceptions près, les marchands de bestiaux n'ont pas été consultés. Il n'y a cependant aucune raison pour que des personnes qui n'ont jamais expédié une bête prennent la place d'expéditeurs expérimentés et patentés qui ont fait leurs preuves. C'est pourquoi on signale un peu partout en France d'importants déficits pécuniaires dans ces groupements.
" Nous ne voulons pas entrer en guerre avec ces groupements, mais simplement faire valoir nos droits. Notre tort a été de rester trop indépendants.
" Beaucoup de nos collègues ont eu à se plaindre de certains abus. Pour l'instant, ceci ne touche que les bêtes "à saucisse" ou les bêtes à viande, mais risque de s'étendre aux herbagères et aux vaches de service.
" Les achats actuels correspondent à une véritable destruction. Nous voyons, dans le Sud-Finistère, acheter des vaches pour des usines de conserves, des vaches qui auraient donné le double de poids en viande si elles avaient été vendues, comme elles le sont normalement, comme vaches d'herbage à des herbagers qui ne font que l'engraissement.
" D'autres collègues ne sont pas satisfaits d'avoir à payer la patente et des taxes à la production alors que certains qui n'ont jamais payé un centime achètent et revendent avec bénéfice. D'autres encore ont eu à se plaindre des achats à la campagne. "
Et M. Jouan de conclure : " Pour terminer, je signalerai les notes officielles parues récemment et prescrivant de redonner la libre circulation des bestiaux aux départements qui en avaient interdit la vente. "
LE SECRETAIRE DE LA CHAMBRE SYNDICALE DE FRANCE
M. Abord prend ensuite la parole et fait un exposé des marchés de la viande. La demande, malgré le rationnement, est considérable, et quant à l'offre, elle est moins importante qu'avant-guerre. Le récent recensement du bétail a fait apparaître une diminution notable des animaux de boucherie. Le ravitaillement de la population a été laissé tantôt au commerce, tantôt aux groupements d'achat. Il y a eu des difficultés en raison de la situation excédentaire ou déficitaire dans certains départements. C'est ainsi qu'ici ou là on a tué n'importe quel bétail, et jusqu'à des vaches pleines et des boeufs de travail, alors qu'en d'autres endroits on regorgeait de viande. Devant toutes ces difficultés, le gouvernement a dû créer le Bureau National de la Viande, groupant toutes les activités qui gravitent autour de ce marché, à l'exception toutefois des représentants des marchands de bestiaux. On peut espérer cependant que cette lacune sera bientôt comblée. Il est d'autre part prévu que, pour devenir marchand de bestiaux, il faudra une autorisation du préfet, sur avis du président de la Chambre de Commerce. L'orateur demande également que la Chambre syndicale des marchands soit obligatoirement consultée. Une carte professionnelle sera délivrée à partir du 1er février par le bureau du Ravitaillement. Cette carte sera obligatoire. Parlant des groupements d'achat M. Abord dit qu'ils ont été créés pour aider le commerce. Puis il ajoute que leur action n'a peut-être toujours pas été coordonnée comme il l'eut fallu. La circulaire du ministre prévoyait que ces groupements devaient être ouverts à tous les répartiteurs ; il faut que les marchands de bestiaux y soient compris. Mais dans aucun cas ces groupements ne doivent se substituer au commerce libre.
M. Nédélec, de Quimper, signale à ce propos que, dans le groupement de Quimper, les marchands de bestiaux sont représentés.
M. LE GUEN, REPRÉSENTANT LE DIRECTEUR DU RAVITAILLEMENT GÉNÉRAL
M. Le Guen, délégué du directeur du Ravitaillement général du Finistère, apporte ensuite quelques précisions sur la situation du commerce en viande et bétail dans le département et sur l'action du service du ravitaillement. Il donne des chiffres et expose toutes les difficultés auxquelles le service du ravitaillement général s'est heurté et desquelles il a jusqu'ici triomphé.
M. Le Guen parle surtout de la nécessité de ravitailler Paris et les gros centres. Il signale, en termes émus, les vicissitudes de la capitale en matière de ravitaillement et ajoute qu'il s'agit d'une question de solidarité nationale. Si tous les départements avaient agi comme le Finistère, dit-il, les Parisiens n'auraient pas manqué de viande. L'orateur ajoute que, depuis samedi, toutes les usines de conserves de viande sont fermées.
La direction du Ravitaillement général doit contrôler aujourd'hui six fois plus de quantité de viande à la sortie des départements qu'en octobre dernier. Pour terminer, M. Le Guen déclare qu'à partir du 1er février, les expéditions en dehors du département pourront être effectuées, à condition toutefois d'obtenir l'autorisation du Ravitaillement général. Il ne sera pas nécessaire de faire partie des groupements d'achat pour faire ces expéditions.
A l'issue de la réunion, un repas a été servi à l'hôtel de Bretagne et le bureau a été constitué, qui sera chargé de veiller aux intérêts des marchands de bestiaux du Finistère.
LE BUREAU DÉPARTEMENTAL
Voici la composition du bureau des marchands de bestiaux du Finistère, tel qu'il a été établi hier en fin de soirée : Président, M Jouan, de la Roche-Maurice ; vice-présidents, MM. Kerdoncuff, de Lanneufret, pour le groupement de Brest ; Maurice Begou, de Morlaix, pour le groupement de Morlaix ; Jean Sinquin, de Quimperlé, pour le groupement de Quimperlé ; Louis Dorval, de Kerfeunteun, pour le groupement de Quimper ; trésorier et secrétaire, MM. Roudaut, de Plabennec, et François Morvan, de L'Hôpital-Camfrout.
M. Jouan, président, nous communique : - A la suite de l'importante réunion d'hier à Landerneau, les marchands de bestiaux doivent retenir que d'après le décret ministériel paru au Journal Officiel du 1er novembre 1939, page 12.498, concernant les groupements d'achats et de répartition, les marchands sont placés en priorité pour faire partie de ce groupement. Nous aurons prochainement à revenir sur ce sujet. Voici quelques passages de ce décret adressé aux préfets : « Il vous appartiendra de provoquer immédiatement la constitution de tels groupements par les répartiteurs de votre département : commerçants en gros ou demi-gros, coopératives, sociétés à succursales multiples.
« Il est indispensable que ces sociétés mettent le plus grand nombre possible de répartiteurs comme actionnaires. « Vous ferez valoir aux intéressés que le système envisagé a pour unique objet de laisser au commerçant le maximum de liberté. « Ces groupements ne devront, en aucun cas, se substituer au commerce libre.
« Il s'agit seulement, dans l'organisation économique du temps de paix, d'un organisme supplémentaire étroitement soumis à l'action administrative, mais qui n'a pas pour effet de bouleverser les situations à venir.
« Nous prévoyons, dès maintenant, une prochaine réunion strictement privée qui pourrait avoir lieu prochainement, soit à Quimper, soit à Landerneau, avec les principaux marchands du Finistère.
« La réunion de dimanche était surtout une réunion d'information et de constitution de syndicat.
« Déjà, comme point d'acquis, nous devons remercier chaleureusement M. Le Guen, représentant la direction du Ravitaillement général.
« Nous enregistrons aussi que le commerce est libre, ce qui ne correspond plus à une note parue récemment et émanant d'un groupement d'achats. Il est, en effet, libre entièrement, d'après un arrêté paru fin décembre et selon lequel il n'y a même aucune autorisation à demander.
« Mais M. Le Guen nous ayant signalé qu'aucune expédition ne peut être faite en dehors du département sans autorisation du ravitaillement général de Quimper, nous nous inclinons volontiers, sachant que cette mesure n'a été prise que dans un but d'intérêt général.
« En résumé, ce n'est plus aux groupements que les demandes d'expéditions doivent être faites, mais directement au Ravitaillement général du Finistère, à Quimper, ou par l'intermédiaire des vice-présidents ou du président des marchands de bestiaux du Finistère.
« De plus, il faut prendre note que M. Le Guen, chef du bureau de la vente au Ravitaillement de Quimper, a bien précisé qu'un membre ou un président d'un groupement d'achats n'a pas le droit de réquisitionner, mais seul possède ce droit le directeur du Ravitaillement général ou les présidents d'une Commission de ravitaillement à qui il a dévolu ce pouvoir et qui sont au nombre de 24 pour le Finistère.
« Un fait nouveau : M. Le Guen nous a confirmé que le 7 pour 1.000 n'était applicable qu'à ceux qui font partie du groupement d'achats et font des expéditions de bêtes de viande. Enfin, il nous a promis de nous adresser prochainement les renseignements concernant les achats en campagne.
« C'était un des voeux des conseillers généraux et nous avons sollicité de la bienveillance de l'intendance que la liberté des achats en ferme sera rétablie prochainement, tout au moins pour les marchands de bestiaux comme cela se pratique dans les Côtes-du-Nord.
« Prochainement, la carte professionnelle sera délivrée.
« D'après le décret de septembre 1939, il est prévu qu'aucun commerçant ne peut créer un nouveau commerce ou en augmenter l'importance par l'adjonction d'une nouvelle branche, ceci afin de garder aux mobilisés leur situation pour le jour de leur retour.
« Cela veut dire, comme l'a expliqué M. Marcel Henry, président des marchands de chevaux de France, à la fin de la réunion de dimanche, que pour acheter des chevaux, il faudra une carte de chevaux, comme pour acheter des vaches, il est indispensable d'avoir sa carte d'acheteur de bestiaux, mais il est possible d'acheter les deux, à condition de l'avoir fait avant septembre 1939.
« Ce décret semble devoir atteindre les bouchers qui ne s'occupaient que de leur boucherie et qui ne se sont faits expéditeurs de bestiaux qu'à la suite des récents événements. Les bouchers qui s'occupaient d'achats de bestiaux avant cette date seraient en droit de continuer.
« M. Abord, secrétaire général de la Chambre syndicale des Marchands de bestiaux de France nous a laissé entendre qu'il fallait prévoir prochainement que, pour être expéditeur de bestiaux, il faudrait faire partie d'un syndicat de marchands de bestiaux.
« Nous prévoyons que dans chaque région, un service de contrôle sera désigné par les syndicats ayant pour but d'éliminer les éléments indésirables.
« Pour terminer, signalons que la constitution du syndicat a dépassé toutes prévisions. Déjà 9.600 francs de cotisations ont été versées et il reste encore de nombreux marchands à inscrire. »
CARTES PROFESSIONNELLES ET CARTES DE PRODUCTEURS. La Chambre Syndicale des marchands et commissionnaires en bestiaux du Finistère vient de recevoir du Bureau National de la viande les différentes circulaires concernant les commentaires du règlement sur les "cartes professionnelles". Comme aucun imprimé ne doit être établi par les groupements départementaux, seuls sont valables les imprimes "fournis et agréés" par le Bureau National de la viande. La Chambre Syndicale des marchands et commissionnaires en bestiaux du Finistère doit recevoir incessamment des renseignements complémentaires et des imprimes "agréés" qui seront expédiés directement à tous les adhérents dès leur réception. La date de mise en vigueur du règlement est le 1er avril, mais il est probable que pour cette date les marchands de bestiaux auront à peine reçu leurs imprimés nécessaires, ces imprimés une fois remplis seront à expédier avec les pièces complémentaires (trois photos duplicatum de la dernière patente certifiée conforme par le maire où le commissaire de police, extrait d'immatriculation au registre du commerce à demander au greffe du Tribunal de Commerce). L'établissement de la carte demandant un certain délai, le groupement d'achat, dés qu'il est saisi de la demande, adressera un accusé de réception qui servira de carte provisoire. Nos adhérents auront a nous avertir au cas où ils seraient inquiétés avant la réception de la carte professionnelle. M. JOUAN, Président de la Chambre syndicale des marchands commissionnaires en bestiaux du Finistère.
L'intendance nous communique que les exportations de bestiaux hors du département du Finistère sont suspendus provisoirement probablement jusqu'au ler avril.
Cette importante réunion avait attiré à Quimper une nombreuse affluence et c'est devant une salle comble que M. Jouan président de la Chambre syndicale des marchands de bestiaux, ouvrit la séance. On remarquait la présence ce MM. Le Hénaff et Le Folcalvez, du Ravitaillement général ; Aumont et Garln, du Groupement d'achat et de répartition ; Goar et Dumazeau, présidents de la boucherie et de la charcuterie ; Beyou, Kendoncuff, Dorval, Sinquin, Morvan et Roudaut, membres du bureau de la Chambre syndicale, etc...
Le président a rappelé les circonstances qui motivèrent la constitution du syncJicat : le commerce du bétail accaparé par des étrangers à la profession ; les marchands de bestiaux éliminés des commissions et des groupements d'achat.
Il indiqua ce qui avait été fait depuis, ce qui reste à faire et termina la première partie de son exposé en constatant que : grâce à la bonne entente, à l'esprit corporatif qui y règne, le Syndicat des marchands de bestiaux du Finistère est actuellement une force qui a déjà rendu de grands services à ses membres et à la communauté.
Le président exposa le fonctionnement du syndicat. Les renseignements reçus par lui concernant les marchands de bestiaux, continueront, comme par le passé, à être transmis directement aux adhérents. Les renseignements particuliers sont transmis au membres du bureau, dont chacun a juridiction sur un certain nombre de cantons. Ces renseignements, le cas échéant, sont portés à la connaissance du président, qui, s'il le juge utile, en réfère à la Chambre syndicale des marchands de bestiaux de France.
Les autres principales questions exposées furent : l'imposition de 1%, qui n'est plus applicable dans le Finistère ; celle des 7 du mille, appliquée arbitrairement, il y a deux ans, par un groupement actuellement en liquidation.
On parle ensuite de la nouvelle législation et des conditions à remplir pour exercer régulièrement le commerce du bétail ; des non-patentes ; de ce qui a été fait pour éliminer les trafiquants marrons ; de la possibilité d'admettre de nouveaux marchands dans le syndicat départemental ; d'une proposition du Groupement d'achat d'admettre les marchands de bestiaux à l'achat des vaches à saucisse. A ce sujet, MM. Le Hénaff et Aumont donnèrent des précisions complémentaires.
M. Jouan, président, reprit la parole pour s'exprimer en faveur du libre achat à la campagne et pour situer la position des marchands de bestiaux achetant également des chevaux. Il fut ensuite question des démarches faites par le syndicat en ce qui concerne les expéditions de bestiaux hors du département.
Un repas en commun fut servi chez M. Quéau, restaurateur. Une quête faite au profit des prisonniers rapporta 2.000 francs. Y. D.
M. Constant Morice, comptable à l'entreprise industrielle, accompagné de deux de ses meilleurs amis, s'en allaient pêcher - jour dominical - la truite dans notre belle rivière de l'Elorn. Avec autorisation de notre sympathique ami, M Jouan, grand éleveur, demeurant à La Fonderie, en La Roche-Maurice, les disciples de Saint-Pierre s'en allèrent exercer leur talent, lorsque M. Morice sentit une grande résistance au bout de sa ligne. Il ferra immédiatement croyant avoir accroché un superbe saumon. Ses efforts furent vains et il se résigna à descendre dans la rivière. Quelle ne fut pas sa surprise de se trouver en présence d'un magnifique veau qui s'étant échappé de la propriété de M. Jouan, s'était noyé. M. Morice appela au secours. Ses vaillants camarades abandonnèrent immédiatement leurs gaules sur la berge et tous trois se mirent en oeuvre de sortir de la rivière, la capture inattendue (pour le moins) de M. Morice. Comme méprise, c'est une des plus belles que nous puissions enregistrer. Et ce n'est pas une galéjade, croyez-le bien, mais une histoire authentique, tout ce qu'il y a de plus authentique !...
I. - Suivant acte reçu par Me Manière, notaire à Quimper, le 4 novembre 1941, M. Louis NEDELEC, marchand boucher, demeurant à Quimper, place du 118è ; M. Louis GOAR, marchand boucher, demeurant à Guipavas, et M. Alain LE GRIGNOU, marchand boucher, demeurant à Morlaix, rue Carnot, ont établi les statuts d'une société anonyme à capital variable. Cette société prend la dénomination : Groupement d'achat et de répartition des viandes du département du Finistère
La société est constituée conformément au décret du 27/10/1939, dans l'intérêt général, le ravitaillement de la population civile en denrées alimentaires et en produits agricoles pendant la durée de la guerre. La société a pour objet :
a) L'acquisition pour le compte des commerçants en gros ou demi-gros et des détaillants y assimilés du département du Finistère, ou en cas de besoin l'acquisition directe : des viandes frigorifiées ou de bêtes et viandes réquisitionnées et nécessaires au ravitaillement du département du Finistère.
b) La répartition des denrées et produits sus-visés aux commerçants ou industriels intéressés du département ou leur revente entre ces derniers proportionnellement à leurs besoins et dans la limite des disponibilités existantes.
c) Eventuellement la constitution et l'entretien des stocks des denrées et produits sus-visés.
d) Eventuellement l'achat ou la cession des denrées et produits sus-visés à d'autres groupements d'achat et de répartition ou au service du ravitaillement général, ainsi que la surveillance et le contrôle, avec le concours de l'administration, des exportations de bêtes et viandes dans d'autres départements.
Elle peut se livrer aux diverses opérations commerciales, financières, industrielles, mobilières ou immobilières, nécessaires à l'accomplissement de sa mission.
La société se conformera pour toutes ses opérations aux instructions qui pourront à tout moment lui être données par le ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement ou par les fonctionnaires, officiers ou agents désignés à cet effet, notamment en ce qui concerne les denrées ou produits sur lesquels portera son activité, les marchés à conclure, les conditions d'exécution de ses transports ou de ses livraisons, les prix de vente et les commissions ou courtages à appliquer.
La répartition des denrées et produits livrés ou acquis par son intermédiaire devra être soumise à l'approbation du directeur départemental du ravitaillement général.
Le siège social est à Quimper, 19, rue St-Mathieu. ... ... La durée de la société est limitée à la période de guerre ... ...
II. Aux termes d'un acte reçu par Me Manière, notaire à Quimper, le 12 janvier 1942, MM. Nedelec, Goar et Le Grignou ont déclaré : 1) que 1.000 actions de 100 francs chacune, représentant le capital de fondation de la société, à capital variable, ont été entièrement souscrites par diverses personnes ; 2) et qu'il a été versé en espèces par chacun des souscripteurs une somme égale aux 4/10 du montant des actions par lui souscrite ... ...
III. Par délibération du 20 janvier 1942, dont une copie a été déposée pour minute à Me Manière, notaire à Quimper, suivant acte du 14 février 1942, l'assemblée générale de la société ...
1° a reconnu la sincérité de la déclaration de souscription et de versements sus-énoncée ;
2° nommé comme premiers administrateurs dans les termes de l'art. 14è des statuts :
M. Louis GOAR, marchand boucher à Guipavas ; M. françois NAOUR, agriculteur à Kerangoé, en Rosporden ; M. Paul DUMAZEAU, charcutier à Brest, rue Neuve ; M. Alfred LE MERCIER, marchand de porcs à Kerfeunteun ; M. Alain CUEFF, charcutier salaisonnier à St-Martin-des-Champs ; Jean-Louis QUEINNEC, éleveur agriculteur à Penn-ar-C'hoat Guiclan ; M. TINEVEZ, maire de Plabennec ; M. Joseph SOURIMANT, 48 rue de Paris, Morlaix ; M. Sylvestre LE MEUR, boucher, rue de Kéréon, Quimper ; M. Louis SINQUIN, agriculteur, Kergéré, en Scaër ; M. Maurice JOUAN, commerce de bestiaux, à La Roche, près Landerneau, lesquels ont accepté ces fonctions ... ...
Encore un accident au virage de la Fonderie sur la RN 12. Jeudi, en fin d'après-midi, un camion appartenant à la maison Goachet, peinture, Kergaradec, à Brest, en serrant à droite pour laisser le champ libre à un semi-remorque qui le croisait, a quitté brusquement la chaussée. Ses roues droites s'enfoncèrent dans le fossé qu'elles labourèrent sur une vingtaine de mètres. Le véhicule grimpa ensuite sur le pont reliant la route à la propriété de M. Jouan, puis s'enfonça à nouveau dans le fossé où il se renversa, sa partie arrière occupant la moitié de la chaussée. Le chauffeur, fort heureusement, pu se dégager indemne de sa cabine. "Cet accident, nous dit M. Jouan, en nous montrant le mur de sa maison éraflée en plusieurs endroits, n'est que la suite d'une série. Ce virage a certainement quelque chose d'anormal. Les services compétents devront le plus tôt possible se pencher sur ce problème".
André J. Croguennec - Page créée le 13/1/2023, mise à jour le 25/3/2023. | |