Construction de la route n° 12 passant à Pont-Christ |
Autrefois, comme nous l'avons vu dans un autre chapitre la route nationale de Brest à Paris, ne passait pas à Pont-Christ. Venant de Landerneau par la rive gauche de l'Elorn, au sud de la rivière, elle la franchissait au pont de La Roche, et grimpait sur le plateau pour se diriger vers St-Servais et atteindre Landivisiau en ligne droite.
En 1837, on est sous le règne de Louis-Philippe, l'administration nationale se préoccupe sérieusement de l'état des routes royales "sur un crédit de 64.000.000 fr. affecté à ces routes le Finistère était compris pour 1.783.000 fr.".
Concernant la portion de la route royale n° 12 de Landivisiau à Landerneau, un groupe d'entrepreneurs privés, Le Roux, Le Jeune, Radiguet, Goury et Michel (on reconnaît là une partie des futurs fondateurs de la Société Linière en 1845, dont Guillaume Le Roux qui achètera Brezal en 1847), fait une proposition particulièrement novatrice.
Au lieu de réparer la route et de atténuer les pentes particulièrement dangereuses, ils suggèrent de créer une nouvelle route dans une autre direction longeant l'Elorn sur sa rive droite. Elle serait réalisée à leur frais, sachant que "ces particuliers auraient été remboursés de leurs avances au moyen de l'abandon des sommes que le gouvernement destine à l'amélioration de la direction actuelle et de la concession d'un péage à percevoir sur la nouvelle direction. Après un examen attentif de cette affaire en Conseil général des Ponts-et-Chaussées, [l'administration centrale a reconnu] que l'ouverture d'une portion de route neuve entre Landivisiau et Landerneau présentera au commerce des avantages que n'offrirait pas la rectification partielle de quelques unes des pentes les plus fortes de la route actuelle, avantages qui feront plus que compenser l'augmentation de dépense d'environ 111.000 francs qu'exigera la construction de la nouvelle portion de route ; que la dépense de cette amélioration doit être supportée par l'état, et qu'il y a lieu de renoncer à l'établisssement d'un péage sur une route aussi importante et aussi fréquentée que celle de Paris à Brest" (extrait de la lettre du Conseiller d'état Directeur Général des Ponts-et-Chaussées et des Mines au Préfet du Finistère le 20/6/1838 - ADQ 2 S 34).
7/1/1838 - Lettre des habitants de La Roche au préfet du Finistère.
Les Rochois s'opposent à la construction de cette nouvelle route, du moins pour la partie reliant La Roche à Landerneau, qui ne passerait donc plus sur les terres de la commune (voir leur lettre en annexe).
2/2/1839 - Avant-projet avec plan et mémoire
L'avant-projet, dans son introduction, définit globalement le trajet et met en évidence la suppression des pentes.
Le mémoire explique les raisons pour lesquelles le trajet de La Roche à Landerneau par la rive gauche n'est pas réalisable : nécessité de construire un autre pont que celui de La Roche (qui est perpendiculaire à la nouvelle route) et difficulté d'entrer dans Landerneau de ce côté. Néanmoins, cette solution de trajet par la rive gauche sera quand même soumise à la commission d'enquête.
Le plan n'apporte pas d'informations particulières par rapport à la voie que nous connaissons aujourd'hui, sinon qu'il prévoyait de la faire passer en amont du moulin de Pont-ar-Bled et de son étang.
25/3/1839 - Lancement par le préfet de l'enquête auprès des personnes intéressées
Affichage des modalités de l'enquête et dépôt des rapports et plans aux sous-préfectures de Brest et de Morlaix pendant un mois, avec un registre destiné à recueillir les observations. Sont nommés membres de la commission d'enquête :
Danniellou, Président de la Chambre de Commerce à Morlaix qui présidera ; Le Roux, Membre du Conseil général du Département ; Amelin de Cadeville, Membre du Conseil général du Département ; Le Férec, Membre du Conseil d'Arrondissement de Morlaix ; Alexandre, fils aïné, Négociant à Morlaix ; |
Mazurié, Commissaire du roulage à Morlaix ; Duval, Propriétaire à Landerneau ; Le Marchand, Propriétaire à Landerneau ; Audibert de la Villasse, Propriétaire à La Roche. |
Ajouté le
8/9/2019
avec la
carte et les
annexes
Le 28 mai 1839, la commission se réunit pour examiner les observations collectées et trancher entre plusieurs solutions :
Ces différentes solutions sont explicitées par des documents conservés aux archives dont une copie est placée en annexe, On y trouvera les qualificatifs de ligne rouge, jaune et bleue. 5 personnes sur 9 choisiront le tracé jaune, mais la situation de la route aujourd'hui montre que l'administration conserva sa première proposition, c'est-à-dire le tracé rouge.
Malheureusement n'ayant pas trouvé le plan avec ces trois lignes de couleurs, j'ai essayé de le reconstituer en lisant très attentivement
les documents présents ici en annexe et j'y ai inclus la future ligne de chemin de fer de 1865.
28/2/1840 - Ordonnance du roi Louis-Philippe qui ordonne la rectification de la route royale entre Landivisiau et Landerneau.
Sept. 1840 - Conseil général du Finistère : séance de septembre 1840.
Route royale N° 12. - Cette route, de Paris à Brest, présentait, dans tout son parcours, les pentes les plus dangereuses. L'administration s'occupe de la rectifier comme suit :
1° On étudie en ce moment le moyen de tourner la côte du Ponthou ;
2° Un projet pour la rectification de l'entrée de Morlaix, sur une longueur de 2.711 mètres, et dont la dépense d'élèvera, non compris les indemnités, à 26.958,69 fr. a été remis le 7 décembre 1839 ; l'adjudication en a été immédiatement passée, et a reçu l'approbation de l'administration supérieure le 27 janvier dernier. L'exécution des travaux serait commencée s'il n'avait fallu recourir à la voie de l'expropriation judiciaire, dont les formalités ne sont pas encore terminées. Il a été ouvert, pour cette entreprise, sur les fonds de l'exercice courant, un crédit de ... 40.000,00
3° Le projet pour la sortie de Morlaix, sur une longueur de 952 mètres et dont les travaux sont évalués, non copris les indemnités, à 15.837,73 fr. a été approuvé le 26 octobre 1839. L'adjudication en a été aussitôt passée, et les indemnités ayant été règlées à l'amiable, les travaux sont en cours d'exécution depuis le printemps. Il a été ouvert, pour cette entreprise, sur l'exercice 1840, un crédit de ... 45.038,15
4° Un projet pour la rectification complète de la route, par changement de direction, entre la sortie de Morlaix et de Saint-Thégonnec, est à peu près terminé. L'avant-projet a reçu l'approbation du ministère le 20 avril dernier.
5° L'avant-projet pour le changement de direction entre Landivisiau et Landerneau, sur une longueur de 17.000 mètres, a été également approuvé le 13 mars dernier ; le projet définitif ne tardera pas à être remis.
6° Le changement de direction à la sortie de Landerneau, sur une longueur de 6.758 mètres jusqu'au pont Mesgrall, dont le devis s'élève à 62.110,67 fr. est en cours d'exécution et marche avec activité. Il a été ouvert, pour ce travail, sur l'exercice courant, un crédit de ... 40.000,00. (L'Armoricain du 1er octobre 1840).
16/4/1841 - Adjudication pour un montant estimatif de 203.515 francs. Les travaux ont été adjugés au Sieur François Queinnec de Bailleguen en St-Thegonnec, pour 177.058 francs, l'administration ayant obtenu un rabais de 26.457 francs. Voir, sous couvert du petit livre vert, son cautionnement signé à Quimper le jour même (source ADQ 2 S 34).
Dans son livre Les Juloded, Louis Elegoet, indique que l'entrepreneur de travaux publics de Plouneventer, Yves Prigent, associé à Yves Queinnec et à Jacques, frère de ce dernier, emporte le beau chantier de 150.000 F pour la rectification de la route royale 12 entre Landivisiau et Landerneau. Cette information provient, dit-il, de notes manuscrites rédigées par Jean-Pierre Soubigou en 1887 et complétées par d'autres documents de même provenance.
On peut donc conclure que François Queinnec a fait appel à son ami de Plouneventer pour renforcer son équipe.
1841 et plus tard - Expropriations. En 1841, débutent les expropriations de terrains, totales ou partielles, et parfois de maisons. Du côté de Pont-Christ, Louis Véron de Brezal cèdera des terrains sur Plouneventer et Saint-Servais, Nicolas Le Hideux, le long de son moulin à papier. Jean-Marie Morvan du moulin de Kerigeant, contraint et forcé, cèdera des portions de "Clos Tosta", "Clos Bian", "Clos Creis" et "Parc Bras'.
Août 1841 - Conseil général du Finistère : rapport de M. le préfet d'août 1841. Route royale N° 12.
1° L'étude de l'avant-projet des rectifications aux abords du Ponthou se poursuit avec activité ;
2° L'ouverture des travaux à l'entrée de Morlaix a été retardée par des formalités qu'il a fallu remplir pour parvenir à l'expropriation des terrains dont l'administration est enfin en possession et qui seront soldés sous peu de jours. Rien donc ne retardera désormais ces travaux. Sur les 26.958,69 fr. auxquels s'en élèvera la dépense, il a été crédité sur cet exercice 15.000,00
3° Pour la construction du pont du Jarlot, dans la traverse de Morlaix, dont les travaux vont être exécutés avec la plus grande activité, il a été crédité 20.000,00
4° On achève les ouvrages de la sortie de Morlaix, qui seront soldés sur l'exercice courant pour payer les indemnités dues aux divers propriétaires des maisons à abattre pour effectuer la nouvelle traverse, un crédit de 118.661,43
5° Un projet définitif a été rédigé pour la partie comprise entre la sortie de Morlaix et le croix de Kervenarc'han ; ce projet, dont la dépense s'élève à 112.000 fr. est approuvé ; mais il n'a pas été ouvert de crédit pour commencer les travaux ;
6° La rectification entre ladite croix de Kervenarc'han et Landivisiau est étudiée avec activité ; le projet définitif sera remis avant la fin de l'année ;
7° Les travaux du changement de direction entre Landivisiau et Landerneau sont commencés. Sur les 240.000 fr. que coûtera cette entreprise, en y comprenant les indemnités de terrains, il a été crédité sur l'exercice 1841 ... 70.000,00 fr.
8° Un acqueduc et des pavés aux abords sont en cours d'exécution dans la traverse de Landerneau, moyennant un crédit de 1.500,00
9° La rectifiction à la sortie de Landerneau est terminée ; la dépense en sera soldée au moyen d'un crédit de 40.000,00
10° On étudie la rectification de la rampe des oliviers entre Landerneau et Brest. (L'Armoricain du 28/8/1841)
Sept. 1842 - Conseil général du Finistère - Rapport de M. le Préfet.
ROUTES ROYALES. Route royale n° 12 de Paris à Brest.
1° Les travaux de rectification de la partie de cette route, à l'entrée de Morlaix se poursuivent avec activité, ils seront terminés cette année. Il a été ouvert pour ces travaux un crédit de 28.151,88 fr.
2° Les travaux du pont du Jarlot ... 3° ... 4°... 5° ...
6° Tout le parcours entre Landivisiau et Landerneau pourra être terminé en 1843, s'il est ouvert un crédit suffisant. Le crédit de cette année est de 65.000,00 fr.
(L'Armoricain du 1/10/1842)
25/7/1843 - Rectification de rampes.
Par décision du 25 juillet 1843, M. le ministre des travaux publics vient d'accorder, au département du Finistère, pour les travaux de rectification de rampes assimilées aux lacunes, une somme de 182.000 fr. répartie ainsi qu'il suit :
Route royale n° 12. | Construction entre Traoñ-ar-Vilin et le Resgrall | 12.000,00 | ||
Route royale n° 12. | Construction entre le Resgrall et Kernevenachant | 20.000,00 | ||
Route royale n° 12. | Construction entre Landivisiau et Landerneau | 50.000,00 | ||
Route royale n° 165. | Rctification à la sortie de Quimperlé | 30.000,00 | ||
Route royale n° 170. | Construction entre Quilinen et Châteaulin | 30.000,00 | ||
Route royale n° 170. | Construction aux abords du Pont-de-Buis | 40.000,00 | ||
Total | 182.000,00 |
(L'Armoricain du 1/8/1843)
25/7/1843 : Inauguration de la route royale n° 12 par le prince de Joinville au pont de La Roche-Maurice.
Le prince de Joinville et le duc de Nemours sont
les fils du roi Louis-Philippe.
Publication de L'Armoricain du 1/8 : "On sait que le prince de Joinville devait inaugurer, à Landerneau, la nouvelle rectification de la route royale jusqu'au pont de La Roche, et l'on devait penser que l'autorité municipale de Landerneau saisirait cette heureuse occasion de complimenter notre royal marin à son passage dans cette ville. M. le maire de Landerneau, il est vrai, présidait alors, à Brest, le conseil d'arrondissement ; mais ses adjoints et tous les conseillers municipaux n'étaient sans doute pas absens, et la nombreuse population qui encombrait les abords de la nouvelle route, s'est montrée, nous écrit-on, aussi étonnée que mécontente de leur absence qui a blessé les sentimens de la masse des citoyens, et porté un notable préjudice à la partie malheureuse des habitans, lesquels, privés d'intermédiaires, n'ont pas pu participer aux actes de générosité que le prince a semés sur son passage.
M. Le Helloco, ingénieur de l'arrondissement, se conformant aux intentions de M. le préfet, et quoique livré à son propre zèle, a procédé de la manière la plus convenable à l'inauguration de cette utile et belle route. Il s'est présenté devant le prince, et, au milieu d'un silence respectueux, a prononcé les paroles suivantes :
"PRINCE, il m'est agréable de satisfaire aux intentions de M. le préfet, en vous priant d'inaugurer la rectification de la route royale de Paris à Brest. La richesse et la prospérité du Finistère se sont puissamment accrues par l'exécution des travaux publics dont il a été doté depuis douze ans. Avec l'appui bienveillant de l'administration, secondé par le zèle infatigable et éclairé de M. le préfet, nous sommes encore appelés à rendre au département de grands et nombreux services. Plusieurs routes de première nécesité demande d'immédiates améliorations ; les cinq mille mètres que vous allez parcourir ont commencé l'oeuvre de perfectionnement. Permettez-nous, prince, de regarder l'inauguration que vous allez faire, comme un heureux présage du prompt achèvement de nos voies de communication ; le succès qui couronne toutes les entreprises auxquelle s'attache votre glorieux nom, nous laisse le droit de nous bercer de ce doux espoir."
Puis, avec l'agrément de LL. AA., il est monté monté à cheval pour les accompagner jusqu'au pont de La Roche, où le prince a eu la bonté de s'arrêter quelques instants pour s'entretenir avec M. l'ingénieur, sur les avantages de ces rectifications, non seulement utiles aux moyens de circulation, mais si avantageux au pays en mettant en relief les beautés pittoresques de notre Bretagne.
S. A. R. s'est informée des autres rectifications réclamées par l'intérêt de département, et surtout du changement si désirable de la route entre Le Faou et Landerneau. M. l'ingénieur lui a répondu qu'il faisait travailler activement au projet définitif de cette route, dont les travaux pourraient s'ouvrir dès la campagne prochaine, si le gouvernement accordait des fonds, et a demandé la permission d'invoquer, au besoin, le témoignage de S. A. R., si l'on pouvait douter des difficultés et même des dangers que présente l'ancienne route.
M. le maire de La Roche, au nom de ses administrés, et M. le curé, au nom des fidèles de sa paroisse, sont venus présenter leurs hommages aux augustes voyageurs, et les ont quittés, emportant le souvenir des paroles les plus bienveillantes et les marques du généreux intérêt qui les animent en faveur des indigens qui se trouvent sur leur passage.
Les cantonniers, échelonnés sur la route nouvelle, ont également reçu des marques de la libéralité du prince. Les pauvres de Landerneau sont les seuls qui n'aient rien reçu, personne ne s'étant présenté sur son passage, pour servir d'intermédiaire ente S. A. R. et ces malheureux.
= = =
Mgr le prince et Madame la princesse de Joinville, se rendant de Brest à Paris, ont traversé Morlaix mardi dernier. On savait que LL. AA. RR. ne devaient pas s'y arrêter ; cependant les autorités de la ville s'étaient réunies devant la poste aux chevaux pour les saluer à leur passage. ... (L'Armoricain du 1/8/1843)
29/8/1843 - Le duc et la duchesse de Nemours à La Roche-Maurice.
LL. AA. RR. Mgr le duc et Mme la duchesse de Nemours sont arrivés le 29 à midi un quart à l'entrée de l'arrondissement de Brest ; elles étaient accompagnées d'un grand nombre de cultivateurs à cheval, des dernières communes de l'arrondissement de Morlaix.
A l'entrée de la commune de La Roche-Maurice, sur la nouvelle route et au bord de la rivière, on avait élevé, sous la protection des ruines qui dominent le pont pittoresque de cette commune, un arc de triomphe formé par les branches de quelques arbres qui se réunissaient par le sommet, et sur le fronton duquel étaient écrits en gros caractères les mots : Arrondissement de Brest ;
à droite, sur un écusson, étaient les inscriptions suivantes : Au Roi, gardien des libertés publiques et de l'honneur national, fidélité et dévoûment ; au comte de Paris, espoir de la France, comme à son père : Amour ;
à gauche, on lisait les inscriptions : A S. A. R. le duc de Nemours, comme à notre prince de Joinville, confiance entière, affection respectueuse. A la Reine et à toute la Famille Royale, honneur, reconnaissance, vénération !
M. le sous-préfet de l'arrondissement, accompagné du juge de paix, des maires, adjoints, conseillers municipaux, desservans et autres fonctionnaires du canton de Ploudiry, a complimenté le prince ; après ce magistrat, M. le maire de La Roche, a exprimé à LL. AA. RR. les sentimens de fidélité et de dévoûment dont toute la contrée est animée pour le Roi et pour sa patriotique dynastie. Le prince a fait, avec un à-propos parfait, à ces félicitations, une réponse qui a été saluée par les cris répétés de vive le Roi. Après s'être entretenu quelques instants avec MM. les maires et MM. les desservans et les avoir remerciés de la visite qu'ils étaient venus lui faire, le prince est monté en voiture et a pris la route de Landerneau, précédé par plus de 60 cultivateurs du canton et des communes voisines, à cheval, portant des bannières tricolores, sur lesquels étaient inscrits les noms de leurs communes.
A une heure, le prince entrait à Landerneau. ... ... (L'Armoricain du 31/8/1843)
Oct. 1843 - Conseil général du Finistère - routes royales. Route n° 12. Le conseil voit avec intérêt les travaux utiles qui s'exécutent sur la route royale n° 12, de Paris à Brest. Il exprime le voeu que cette route soit également améliorée dans le département des Côtes-du-Nord, notamment entre le Pontou, Belle-Isle et Saint-Barthélémy. Ces parties de route sont des écueils qui paralysent le bon effet des améliorations obtenues dans le Finistère. (L'Armoricain du 28/10/1843)
23/7/1844 - Conseil d'arrondissement de Brest
Informé que l'on s'occupe de rectifier la route n° 12, entre Guipavas et Brest, le conseil émet le voeu que des études soient faites pour s'assurer s'il n'y aurait pas avantage à ce que ce soit de Guipavas même et non pas du Pont-Nuf que parte le route rectifiée, qui suivrait le plateau du Vijac, passerait par Kervao et au-dessous de Pontanézen, et, après avoir laissé à gauche le Clos-Neuf, aboutirait à Brest par Coatarguéven. (L'Armoricain du 8/8/1844)
Août 1844 - Conseil général du Finistère - Rapport du préfet. Route royale n° 12. On s'occupe activement de la rédaction du projet définitif pour la rectification de cette route entre la limite du département et les abords du Ponthou. Ce projet sera présenté assez à temps pour être mis à exécution en 1845, si les fonds sont accordés.
Les aqueducs substitués aux cassis qui gênaient la circulation dans la traverse de cette route à Morlaix, sont terminés ; il a été accordé pour solde de ces travaux un crédit de 1.777,91 fr.
L'administration a approuvé tout récemment un projet de pavage dans la même traverse, entre la maison Lavache et la pôste aux chevaux.
La rectification entre le pont de Bourette et Traoñ-ar-Vilin est terminée ; elle se poursuit entre Traoñ-ar-Vilin et le Resgrall. pour comprimer les empierrements déjà terminés sur cette partie et la garnir de bourrelets de sûreté, il a été accordé un crédit de 9.998,84 fr.
La rectification entre le Resgrall et Kervénarchan est terminée et livrée au public.
Deux projets de rectification, le premier entre Kervénarchan et Prat-Guen, le second entre Prat-Guen et Landivisiau, sont depuis longtemps approuvés. Nous n'attendons que les fonds pour les mettre à exécution.
La traverse de Landivisiau a été complètement repavée à neuf ; il a été ouvert pour ce travail un crédit de 3.236,98 fr.
La belle rectification de Landerneau à Landivisiau est terminée ; il a été crédité pour cette entreprise 23.050,19 fr.
La démolition des édifices en saillie sur la voie publique, dans la rue de l'Evêque à Landerneau, vient d'avoir lieu. On s'occupe en ce moment du pavage sur leur emplacement ; il a été ouvert pour ces travaux un crédit de 30.000,00 fr.
On exécute en ce moment la rectification sur place, entre le pont de Mesgrall et celui des Oliviers, pour laquelle il a été crédité 20.000,00 fr.
On rédige un projet définitif de rectification entre le pont des Oliviers et le bourg de Guipavas.
Il a été présenté un projet de démontage et de macadamisage de la chaussée, sur quelques parties conservées de la route entre Brest et Landerneau. (L'Armoricain du 7/9/1844)
Conseil général du Finistère - budget pour 1849. Service général des Ponts et Chaussées. Routes nationales. - On s'occupe activement de la restauration des cinq routes nationales que possède le Finistère. Route nationale n° 12. - La plus importante de ces routes est celle de première classe n° 12, de Paris à Brest. Une dernière rectification reste à entreprendre, c'est celle du Ponthou, qui a été adjugée cette année. Les travaux n'ont pu recevoir encore une impulsion convenable, ils exigent des dépossessions de terrains assez considérables, qui absorberont la presque totalité des premiers fonds crédités sur l'exercice 1848.
Les rectifications sont terminées entre Pratguen et Landivisiau sur une longueur totale de 3.285 mètres. La nouvelle direction établie vient d'être livrée à la circulation. (L'Armoricain du 3/2/1849)
1 - Mendicité et accidents sur la route royale n° 12 à La Roche-Maurice le 13/12/1843
Actes administratifs. M. le Préfet du Finistère vient encore de prendre un arrêté d'une haute moralité, afin d'empêcher la mendicité sur les routes royales et départementales, laquelle est rarement l'expression du besoin, mais l'occasion du développement de la paresse et de la démoralisation des enfans de la campagne habitant dans le voisinage des routes. Moins on trompera la charité publique par de faux semblans de misère, plus elle s'exercera libéralement envers les véritables pauvres. Nous ne saurions trop engager nos concitoyens à concourir à la nouvelle mesure de M. le préfet, en ne donnant leurs aumônes qu'à de véritables malheureux. Voici cet arrêté :
"Nous Préfet du Finistère, officier de la légion d'honneur, considérant que la police des routes royales et départementales et des chemins vicinaux de grande communication appartient à l'autorité préfectorale et vu les lois y relatives ; considérant que sur quelques routes du Finistère, des familles indigentes ont l'habitude d'envoyer leurs enfans, souvent dans l'âge le plus tendre, suivre les voitures publiques ou particulières, pour solliciter la charité des voyageurs ; que cette coutume a de très graves inconvéniens ; qu'en effet, de deux choses l'une : ou les voyageurs ne donnent rien et alors ces malheureux enfans, espérant les y déterminer à force d'importunité, s'excèdent et s'épuisent par des courses rapides et longues, à chaque instant répétées, ou les voyageurs cédant soit à la pitié, soit à l'obsession, jettent sur la route quelques pièces de monnaie, et alors les enfans en se précipitant pour se les arracher, s'exposent à être broyés sous les roues des voitures ; que le 13 de ce mois, sur la route royale n° 12, dans la traverse de la commune de La Roche-Maurice, une petite fille de sept ans a été ainsi écrasée par une diligence ; considérant qu'il importe de prévenir le retour de pareils accidens et de préserver les enfans de tous les inconvéniens qui résultent pour eux, par ailleurs, du mode de mendicité ci-dessus rappelé, avons arrêté et arrêtons :
Art. 1er. Il est défendu d'envoyer des enfans mendier et spécialement courir à cet effet après les voiturs publiques ou particulières, sur les routes départementales et sur les chemins vicinaux de grande communication.
Art. 2. Il sera rapporté procès-verbal contre les pères, mères ou tuteurs des enfans trouvés mendiant sur les routes royales ou départementales ou sur les chemins vicinaux de grande communication, pour lesdits pères, mères ou tuteurs être traduits devant les tribunaux de police.
Art. 3. MM. les Sous-péfets et Maires, la gendarmerie, les agents des ponts-et-chaussées et les agens-voyers sont, chacun en ce qui le concerne, chargés de l'exécution du présent, qui sera inséré au Bulletin administratif et publié par trois dimanches consécutifs, dans toutes les communes du département traversées par les routes royales ou départementales ou par des chemins vicinaux de grande communication. Cette publication sera, au surplus, renouvelée chaque année, le premier dimanche du mois de janvier.
En préfecture, à Quimper, le 18 décembre 1843. (L'Armoricain du 4/1/1844)
2 - Création de trois auberges ou cabarets entre La Roche et Kerfaven
- deux auberges à Kerfaven : voir ce lien
- un cabaret au pont de La Roche :
Photos ci-contre
Cette maison n'existait pas à l'époque de la création de la route royale n° 12 en 1843 (D712 aujourd'hui). En 1845, François Coué (1798-1875), négociant en vins à Landerneau, se rend acquéreur de la zone en rouge au bord d'un terrain lui appartenant dans le but de construire cette maison et d'en faire un cabaret. Voir le plan de l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées Le Helloco réalisé pour définir les alignements (source ADQ 2 S 48).
En 1856, on y trouve un cabaretier et son épouse. Il s'agit de François Guedon et de Marguerite Cloarec, sa femme. François Guedon est un ancien papetier et fils d'ancien papetier du moulin de Brezal. Cf autre chapitre.
Son frère, Guillaume Guedon, ancien papetier de Brezal également, avait déjà ouvert l'auberge de Kerfaven une dizaine d'années auparavant. Cf ici
C'était l'époque où la fabrication du papier à partir des chiffons commençait à péricliter. Les papetiers changeaient de métier.
Plus tard, le tenancier sera Joseph Castel et sa femme Marguerite Gourves. Voici la maison vers 1900, elle portait l'enseigne "A la descente des chasseurs, Castel vend à boire et à manger". En 1896, Joseph Castel, auparavant cultivateur à La Roche, devient débitant de boissons en ce lieu avec son épouse. Il y décède en 1899. Puis Joséphine, la soeur de la veuve, qui a épousé un charpentier, continue à faire tourner l'établissement. Sur l'agrandissement qui suit, on peut très bien lire l'enseigne : "A la descente des chasseurs, Castel vend à boire et à manger". La descente est évidemment celle de la route de Kerbeneat juste en face, et non celle des chasseurs au moment où ils se désaltèrent.
Puis jusqu'aux années récentes, le bar s'appelait le "Chupen".
1 - Réclamation des habitants de La Roche-Maurice
Monsieur le Préfet,
Venant d'apprendre qu'un plan a été arrêté pour changer la direction de la route royale n° 12 et la faire passer sur la rive droite de la rivière d'Elorn au lieu de la rive gauche qu'elle suit actuellement, nous nous empressons de vous exposer que si ce changement venait à s'effectuer les intérêts de la commune de La Roche en éprouveraient un très grand dommage. La commune y perdrait la plus grande partie de ses octrois ; tous les établissements du bas bourg seraient anéantis et tous les autres établissements et terreins qui bordent la route existante en éprouveraient de très grands dommages et une très forte dépréciation dans leurs valeurs.
La rive droite n'offre aucune économie ni avantage sur la rive gauche qui possède un terrain très solide, tandis que la rive droite n'offre dans la majeure partie de son parcours que terreins marécageux et sans fonds, et de plus il faudra établir plusieurs ponts et ponceaux, ce qui occasionnera des dépenes très considérables.
La route actuelle ne présente que deux montagnes de La Roche à Landerneau qu'il seroit facile de couper, ce qui offrirait une grande économie ; ou si on le préfère, on pourrait descendre quelques mètres sur la droite de la route actuelle où l'on trouverait un terrein solide et plat, et ouvrir une nouvelle route par l'ancien vieux chemin pour arriver au bas de la montagne de K/amon, sans allonger la route, il y auroit à peine un quart de lieu de route neuve à faire. L'économie qui en résulterait serait plus que suffisante pour construire un nouveau pont sur la rivière de l'Elhorn à La Roche, si on ne trouve pas l'ancien suffisant et alors les intérêts de toute une commune ne seraient pas lésés.
Confiants dans votre sollicitude pour les intérêts de vos administrés, nous osons espérer, Monsieur le Préfet, que vous prendrez à coeur les intérêts d'une des plus pauvres communes de votre département, et que vous ne la laisserez pas dépouiller de ses droits actuels et des avantages de sa position.
Si de plus amples renseignements vous étaient nécessaires, nous nous empresserions de vous les fournir.
Comptant sur votre sollicitude paternelle pour les intérêts de notre commune, nous sommes avec les sentiments distingués de la plus haute considération, Monsieur le Préfet, vos très humbles et très obéissants serviteurs et administrés.
La Roche-Maurice, le 7 janvir 1838.
Lamarque, maire - L:Bazin, membre du conseil municipal - J. Elleouet, adjoint - j.h. Le menn - y: Coloigner
MBazindrant, propriétaire de l'usine de l'Elhorn - De Lavillasse (ADQ 2 S 34)
2 - Introduction de l'avant-projet
Le tracé que je propose pour la rectification de la route royale N°12 entre Landivisiau et Landerneau présentera les dispositions suivantes.
La route sortira de Landivisiau par la traverse actuelle, passera le ruisseau de l'abreuvoir sur le pont déjà existant, se déturnera à gauche pour rentrer dans le vallon de l'abreuvoir et suivra la rive droite du ruisseau jusquà son confluent dans l'Elorn.
Là, elle entrera dans la vallée de l'Elorn, dont elle suivra la rive droite pour ne plus la quitter jusqu'à Landernau. elle passera en face de Pont-Christ ; auprès du moulin à papier de Brezal ; traversera la route actuelle auprès du pont de La Roche, se développera dans le vallon des Justices ; longera le moulin de Traoñ-Elorn et entrera dans Landerneau à travers la maison appartenant à Madame Colin, en face du quai de St-Houardon.
Dans tout ce trajet les pentes seront de
0,03 m. sur 599,50 m. de longueur 0,01 sur 3097,50 0,0025 sur 900,00 |
0,22 sur 3300,00 0,002 sur 2100,00 0,003 sur 2350,00 |
0,0025 sur 2600,00 0,0022 sur 1400,00 0,0015 sur 660,00 |
La route aura donc 17.007,00 m. de longueur totale, celle de la route actuelle étant de 15.990,00 l'allongement ne sera que de 1.007 mètrss, ce qui est peu de chose sur une aussi grande longueur. Ainsi qu'il sera facile de s'en convaincre en jetant les yeux sur les profils comparés de la route actuelle (feuille de dessin N°2 - non conservée dans l'archive). La route proposée sera partout élevée de 3 mètres, au-dessus des plus hautes crues de l'Elorn.
Je proposerai de donner à la route 14 mètres de largeur totale, savoir 6 mètres sur la chaussée, 5 mètres pour les deux accotements et 3 mètres pour les deux fossés, et de ménager de 50 en 50 mètres du côté qui s'y prêtera le mieux des emplacements susceptibles de recevoir un approvisionnement de 10 mètres cubes de pierres.
J'estime que cette route aura 17.007 m. de longueur, coûtera à raison de 8 francs par mètre courant une somme de | 136.056,00 francs |
L'achat de la maison Colin, et les dépenses imprévues son estimées devoir s'élever à | 23.000,00 francs |
Total de l'estimation | 159.056,00 francs |
Ou en arrondissant la somme | 160.000,00 francs |
Cette estimation s'accorde à peu de chose pès avec celle que Monsieur l'Ingénieur en Chef directeur avait faite a priori. La somme à allouer pour la rectification de la route royale N° 12 de Landivisiau à Landerneau sera donc de 160.000 francs.
Landerneau, le 2 février 1839, l'élève Ingénieur, signé Gojard
Vu et présenté par l'Ingénieur en chef Directeur, Quimper le 5 mars 1839, signé Goury.
Pour l'Ingénieur en chef Direceur, député et par autorisation, l'Aspt Ingénieur, L. Caheuh.
3 - Enquête
Réponse n° 1 - de M. Le Tendre (ADQ 2 S 34)
Ce jour 24 avril 1839, le soussigné Alexis Augustin Michel Hyacinthe Jules LE TENDRE, lieutenant de vaisseau en retraite, propriétaire demeurant et domicilié à Landerneau, arrondissement de Brest, département du Finistère, après avoir pris connaissance du projet de rectification de la route royale n° 12 de Landivisiau à Landerneau, d'après lequel la nouvelle route royale à sa sortie de Landivisiau allant vers Landeneau devrait suivre le côté droit du ruisseau de l'Abreuvoir, se trouvant de ce côté, prendre ensuite sa direction sur la rive droite de la rivière l'Elorn pour ne plus quitter cette rive jusqu'à son entrée à Landerneau par le quai Saint-Houardon, présente contre ce projet les observations suivantes.
Le soussigné, après avoir successivement parcouru les deux rives de l'Elorn, plus particulièrement cells à partir de La Roche-Maurice jusqu'au-dessus du village de K/faven dépendant de la même commune, a remarqué que plusieurs études avaient été faites sur ces rives, et que l'une d'elle, tendant à passer de la rive droite sur la rive gauche ne se trouve pas figurer aux projets soumis à l'enquête.
Après avoir recherché les indications de ces études, examiné la nature des terrains des deux rives, il a reconnu qu'à la sortie de Landivisiau deux directions étaient indiquées par des piquets, dont l'une, sur la droite du ruisseau de l'Abreuvoir susdit, tend à suivre la direction sur la droite de l'Elorn, et se continuer jusqu'à peu près la moitié de la distance se trouvant entre les ponts de K/faven et Pont-Christ en un point où se trouve un piquet portant le numéro 153, que rendu à ce point, abandonnant la direction sur la rive droite de la rivière et passant sur la rive gauche, il s'est convaincu, autant qu'il a pu en juger par les piquets d'indication qu'il a trouvé de ce côté, qu'une étude y avait été faite, laquelle lui a paru d'une exécution plus facile que sur la rive droite, les terrains de la rive gauche étant moins accidentés que ceux de la rive droite et de moindre valeur, qu'en ??? que ??? sur la rive gauche lui a paru plus facile et plus régulière que celle résultant de l'étude sur la rive droite, que la direction de l'étude faite sur la rive gauche passe au milieu du village de Pont-Christ pour suivre toujours de ce côté le côteau vers La Roche, atteindrait le bas bourg de cette commune, arriverait sur la route existante à environ 200 mètres vers Landerneau du pont de La Roche ; suivrait cette route sur une longueur de 2 à 300 mètres pour la quitter ensuite en se dirigeant sur le revers du côteau entre la rivière et la route actuelle jusqu'au chemin de K/aoul à K/hamon, où elle reprendrait de nouveau, à environ 2000 mètres de Landerneau, pour ne plus la quitter la route actuelle, et rien changer à son entrée aboutissant à la rue Neuve.
Cette direction lui a paru plus favorable à l'établissement d'un chemin de fer que celle le long de la rive droite parce que, en suivant cette direction, les pentes pourraient être moins fortes et presque insensibles, de plus que le trajet total de Landivisiau sera de beaucoup plus court que par le projet de la rive droite.
Des pièces de l'enquête, il résulte de l'une d'elle que le projet de rectification par la rive droite de la route royale n° 12 n'est que le résultat de la proposition faite à l'administration des Ponts-et-Chaussées par une Compagnie, qu'il était naturel que cette compagnie, faisant toutes les avances, choisit le côté qui semblait devoir être le plus avantageux et le moins coûteux, mais aujourd'hui que l'administration des Ponts-et-Chaussées appréciant, dans l'intérêt général, les avantages que produirait une nouvelle route, en supporte tous les frais, il devient rationnel que le choix de cette compagnie doit être, en ce moment, considéré comme non avenu ; que l'on doit balancer avec justice les améliorations résultant de chacune des directions étudiées ; qu'un examen sévère et approfondi des études, faites sur les deux rives de l'Elorn, mettra la commission, chargée de prononcer, à même de baser sa décision ; qu'ainsi le tracé sur la rive droite ne saurait être préféré, en tout ou en partie, à celui sur la rive gauche, celui-ci paraissant devoir présenter des avantages plus généraux.
Morlaix, les mois, jour et an que devant. Letendre.
Réponse n° 2 - des notables de Plouneventer (ADQ 2 S 34)
Nous Maire, Adjoint, conseillers municipaux et autres notables soussignés de la commune de Plouneventer, canton de Landivisiau (Finistère). Vu le placard d'enquête pour le changement de la partie de la route royale n° 12 comprise entre Landerneau et Landivisiau, par lequel les interrogés sont invités à présenter dans le courant du mois d'avril leurs observations pour ou contre le changement projeté,
considérons que le tracé déjà pris pour faire passer la Route Royale par la rive droite de la rivière d'Elorn est non seulement avantageux pour notre commune et celles qui y sont connexes, mais même désirable pour l'intérêt général du pays, en ce que les habitants pourront faire facilement par cette route le transport de leurs denrées et autres productions du pays à l'une et l'autre de ces deux villes,
considérons aussi qu'en faisant passer la route depuis Landerneau jusqu'à Landivisiau par la rive droite, l'on éviteroit une dépense très considérable pour la construction d'un nouveau pont qu'on seroit obligé de faire à l'approche de Landerneau pour la traverse de la rivière, que le Gouvernement gagneroit aussi parce qu'il n'auroit à acquérir que des terrains incultes, infructueux et de peu de valeur, que de plus en ne faisant pas de pont sur la rivière, il y auroit moyen un jour à venir de la rendre navigable, ce qui seroit une grande richesse pour le pays ;
considérons enfin que les travaux qui pourroient à l'exécution de ce projet, procurroient aux pauvres de notre commune un moyen d'existence, non seulement pour une année, mais même pendant une longue suite d'années, ainsi que pour ceux de toutes les autres communes par où cette route passeroit, etc, etc.
D'après toutes ces considérations, nous déclarons à la commission, chargée d'examiner les déclarations et observations, réclamer l'exécution du tracé de diriger la route royale n° 12 par la rive droite de l'Elorn, tel est notre voeux et notre plus grand désir et avons signé à Plouneventer, le 22 avril 1839.
Jn Mie Soubigou, adjoint - Lazennec - Prigent, maire - Jean Cabon - Berthelot - joseph Cabon - y:Morry - JeanMarie:Linguinou - françois Simon - C:KVRAN - Jean Marie Abhervé-Guéguen - Martin Léon - hervé Léon - PK/BAOL - O:DERRIEN - y:coffeur - jean mevel - Guy Le Bras - Prigent, fils - jean coat
Réponse d'Audibert de Lavillasse (ADQ 2 S 34)
Dans la supposition que la commission d'enquête pour le changement de direction de la route n° 12 pour la partie entre Landerneau et Landivisiau, décide qu'elle doive suivre celle actuelle depuis Landerneau jusque près la côte de K/hamon, pour la prendre à gauche et aller passer cette rivière sur un pont au point A du plan, je prie messieurs les membres de la commission de vouloir bien prendre en considération l'oppinion que je lui soumets dans l'intérêt de la commune de La Roche, pour que la nouvelle route au lieu de se diriger vers l'Elorn au point A, contourne le côteau au midi de cette rivière, vienne aboutir au bas bourg de cette commune, et que le pont, qu'on propose de construire à ce point A, soit établi où le génie trouvera le local le plus convenable, mais assez près de celui actuel, pour que le bas bourg ne soit pas privé des communications qu'il possède.
Une foule de considérations viennent à l'appui de cette proposition, mais pour qu'elle obtienne quelque crédit près la commission, il faut d'abord la convaincre qu'elle n'a rien qui de ma part puisse la faire suspecter d'être dictée par l'intérêt personnel.
Effectivement, Messieurs, tous ceux qui connaissent la position de ma campagne et les localités, reconnaîtront qu'une fois privé du grand chemin qui passe au bas de mon avenue et forcé d'aller chercher le nouveau, la différence du trajet que j'aurai à parcourir pour m'y rendre sera bien peu importante, soit qu'il passe au point A comme l'indique le plan, soit qu'ainsi que je le demande il contourne le côteau de La Roche, surtout si on fait attention que la pente la plus rapide à franchir est au point le plus rapproché de mon avenue.
Je vous paraîtrai donc j'espère désintéressé Messieurs et dès lors je me sentirai plus fort pour essayer de faire valoir tout ce qui vient militer en faveur de ma proposition.
Avant d'entrer dans cette discussion, établissons quelques considérations de nature à l'éclairer.
Dans tous les travaux de l'espèce de celui qui nous occupe, il faut mettre en première ligne l'intérêt public. Celui-ci garanti, on doit ce me semble avoir égard aux intérêts des localités, et ensuite les concilier s'il est possible avec ceux des particuliers, en ce qui concerne surtout les droits acquis.
L'intérêt public doit donc ici tout dominer, mais il est à couvert si on livre à la circulation une voie aussi courte, aussi unie et aussi sûre, sur la rive gauche que sur la rive droite.
Or, je le demande à tous ceux qui ont examiné les lieux, n'est-il pas aussi facile d'établir sur cette rive gauche une route présentant tous ces avantages depuis K/hamon jusqu'au bas bourg de La Roche, qu'ensuivant la rive droite.
Je dirai plus, elle serait moins coûteuse, puisqu'elle serait plus directe et qu'on éviterait le détour qu'on est forcé de faire sur la rive droite pour aller passer au-dessus du moulin de Pont-ar-Bled, ce qui l'allonge de plusieurs centaines de mètres.
L'intérêt général n'ayant donc rien à réclamer, il devient permis de parler des localités et je demande alors pourquoi on veut priver le bourg de La Roche des avantages dont il a toujours joui.
Il est le seul qui soit situé tant sur la route actuelle que sur celle projettée, il a des foires, un octroi dont les produits souffriraient si le passage et la circulation dont il profite aujourd'hui lui sont enlevés, et s'il arrive que par vétusté ou faute d'entretien le pont actuel s'écroule il est privé de toute communication directe avec la rive droite, et dès lors perd la moitié de son importance.
Si pour faire une route plus directe ou moins coûteuse, on privait un point tel que Landivisiau, par exemple, de celle qui le fait prospérer, on écouterait à coup sûr les réclamations qu'il serait si bien fondé à élever. Et bien, messieurs, tout est relatif, la grande route vivifie La Roche, comme elle fait prospérer Landivisiau, il n'y a de différence que dans l'importance des localités et par suite dans les frais à faire pour les satisfaire. Aussi je ne demande pour La Roche que ce qu'il est juste de lui accorder et ce qui à coup sûr ne nuit à qui que ce soit.
J'ajouterai que les grandes voies de communnication destinées à faciliter les voyages et les transports de toutes marchandises, le sont aussi pour servir aux relations des habitants réunis dans les principales agglomérations, et je l'ai déjà dit, La Roche est le seul bourg qu'on rencontre et qui puisse servir de station, sur les routes qui nous occupent.
Si on trouve que l'intérêt public et celui de la localité, que je déffend, se trouvent également garantis par le plan que j'indique, ce plan, messieurs, vous paraîtra plus digne de votre attention s'il protège mieux les intérêts particuliers.
En effet, toutes les propriétés de la rive gauche, situées entre Landerneau et La Roche, ont une valeur de position que leur donne le voisinage de la grande route actuelle. En la détournant sur la rive droite, durant la moitié de la distance qui les sépare, on fait perdre sans dédommagement à ces propriétés une valeur qu'elles ont toujours eu, pour la donner à celles de la rive droite qui ne devaient pas l'attendre.
On prive une partie de La Martyre, de Ploudiry et tout Pont-Christ, du chemin qu'on vient prendre à La Roche, pour les transports des engrais et des denrées. Aussi La Martyre et Ploudiry ont été réclamer la conservation de la route sur la rive gauche, quoiqu'on y sache qu'on projette un autre grand chemin, qu'ii doit je crois passer entre les deux clochers de ces communes ; attendu que la route actuelle sera toujours plus avantageuse à ceux de leurs habitants limitrophes de La Roche, comme elle est indispensable à ceux de Pont-Christ.
Et à qui ce changement profiterait-il ? A quelques habitations peu nombreuses et éparses dans la vallée du côté de Plouedern, car de celles du plateau on préfèrera toujours la fréquentation établie par le chemin vicinal qui va du bourg de Plouedern à Landerneau, qui évite la chute très prononcée du terrain entre le plateau et la vallée, tandis que du côté de Landivisiau les communications de cette commune ne subiront aucun changement.
Ainsi donc pour l'avantage de quelques propriétés dans la vallée de Plouedern, on viendrait jetter la perturbation dans les intérêts et les communications de La Roche, de Pont-Christ, d'une partie de Ploudiry et de La Martyre, et même de Pencran.
Je n'insisterai pas sur la position des communes de Lanneuffret, Plouneventer et autres avoisinantes, si ce n'est pour faire remarquer qu'elles sont désintéressées dans la question que je soulève, attendu que pour elles l'intérêt ne peut consister que dans la direction qu'aura la route au-delà du pont de La Roche ; on conçoit qu'elles s'opposent à ce qu'elle continue sur la rive gauche jusqu"au moulin du Frout, mais leurs réclamations sont sans objet dès l'instant qu'à partir du pont de La Roche on suit la rive droite.
J'arrive au principal obstacle signalé par le génie pour ne pas prolonger la route jusqu'au bas bourg de La Roche, et qui consiste dans les difficultés d'y faire le pont, qui devrait être de biais, à moins qu'on ne détourne le cours de la rivière.
Mais, messieurs, ce pont de biais aurait-il tant d'inconvénient et le détournement de la rivière serait-il donc si coûteux que pour éviter l'un et l'autre, il fallut renoncer aux avantages et aux convenances que je signale. D'ailleurs est-il indispensable de faire un pont de biais ou de détourner la rivière ? Pourquoi ne pas faire le pont droit. Sur un point (j'avais pensé que le terrain entre le pont actuel et la maison de M. Le Guen pouvait être propre à l'établir, si on n'en trouve pas de meilleur), sur un point dis-je, choisi par le génie, où on put arrondir les deux abords, comme cela se voit dans beaucoup d'endroits, où sans ôter de la grâce à la route on évite tout détour brusque, tout danger dans le passage des ponts.
Sous le rapport de la dépense, j'ai observé que la route que j'indique sera moins coûteuse que l'autre et peut-être trouverait-on dans l'économie de sa construction le surplus des frais que pourrait nécessiter le passage de la rivière à La Roche.
Et puis, messieurs, mon projet vous paraîtra présenter ou non des avantages, si vous ne l'approuvez pas qu'on l'oublie, mais s'il vous paraissait digne de votre attention vous ne mettrez pas quelques dépenses de plus s'il le faut avec l'utilité que vous lui reconnaîtrez.
Des études ont été faites dans cette direction, M. l'ingénieur, dans son rapport parle de difficultés de l'établissement du pont à La Roche, il pourra donc donner des détails propres à éclairer la question, s'il ne se trouvait pas en mesure de vous satisfaire complètement permettez-moi de vous prier d'ajourner votre décsion pour cette partie de la route jusqu'à ce que vous soyez munis des renseignements que vous pourrez désirer.
Ma proposition se résume ainsi. Je demande que la route à partir du bas de K/hamon tourne le côteau de La Roche, arrive au bas bourg de cette commune et que le pont qu'on voulait établir au point A le soit dans un lieu rapproché de celui existant, et qui ne prive pas le bas bourg des avantages qu'il possède.
Pour l'appuyer, j'observe que la route sera plus directe, plus courte, sur un terrain aussi solide que sur l'autre rive, que devant moins coûter à établir, on doit trouver dans cette diminution de dépense la compensation de l'augmentation des frais que peut occasionner le passage de la rivière à La Roche et que s'il y a un surcroit de frais il sera léger et ne doit pas être mis en balance avec les avantages du projet, que par ce projet Plouedern reste dans sa situation actuelle, que les autres communes de la rive droite sont désinteressées dans ce changement puisque pour elles la direction de la nouvelle route reste la même.
Mais que d'un autre côté il conserve la principale ressource du bourg de La Roche, et pour les communes de Pencran, La Martyre et Ploudiry, et surtout Pont-Christ, les communications qu'elles ont, dont la privation leur porterait un préjudice sans avantages même équivalents pour d'autrs localités.
Je prie Messieurs les membres de la commission de statuer ce qu'elle jugera convenable. A La Roche, le 22 mai 1839. D'Audibert de Lavillasse.
Procès-verbal de la commission d'enquête (ADQ 2 S 34)
Ce jour 28 mai 1839 à une heure après-midi. La commission nommée par arrêté du 25 mars dernier de M. le Préfet du Finistère à l'effet d'examiner les déclarations consignées aux registres de l'enquête ouverts aux sous-préfectures de Brest et de Morlaix sur le changement de direction projeté de la partie de la route royale n° 12 comprise entre Landivisiau et Landerneau ; entendu M. l'ingénieur d'arrondissement ; recueillir auprès des personnes qu'il serait utile de consulter les renseignements dont elle croirait avoir besoin et donner son avis motivé, tant sur l'utilité des changements dont il s'agit, que sur les observations consignées aux registres aux registres de l'enquête, s'est réunie dans l'une des salles de la sous-préfecture de Morlaix sous la présidence de M. le baron Boullé, Préfet du département, qui était assisté de M. Leriard, sous-préfet de l'arrondisssement.
Etaient présents
MM. Danniellou, président de la chambre de commerce de Morlaix, désigné par l'arrêté sus-relaté pour présider la commission,
Gme Le Roux, négociant à Landivisiau, membre du conseil général du département,
Ameline de Cadeville, propriétaire à Landerneau, aussi membre du conseil général du département,
Le Ferec, juge de paix à Landivisiau, membre du conseil d'arrondissement de Morlaix,
Alexandre, fils aîné, négociant à Morlaix,
Mazurié, commissionnaire de roulage à Morlaix,
Duval, négociant à Landerneau,
Le Marchand, D. M. à Landerneau, et
Audibert de Lavillasse, propriétaire à La Roche.
Etait aussi présent M. Gojard, élève ingénieur à Landerneau.
Sur l'invitation de M. le Préfet, il est procédé, par la loi du scrutin, à la nomination d'un secrétaire. M. Alexandre fils aîné ayant obtenu la majorité ???? des votes exprimés, prend place au bureau en cette qualité.
Après que M. le Président a eu placé, sous les yeux de la commission, les divers plans joints au dossier, le secrétaire a donné successivement lecture
1° de l'arrêté de M. le Préfet du Finistère du 23 mars dernier constitutif de la commission
2° du mémoire de M. Gojard, élève ingénieur à Landerneau, joint à l'avant-projet de rectification de la route royale n° 12
3° des observations adressées à M. le Préfet antérieurement à l'enquête par :
les habitants et membres du conseil municipal de La Roche-Maurice
les habitants de la partie de la ville de Landerneau située sur la rive gauche
les notables habitans de Landivisiau
les maires, conseillers municipaux et autrs habitants des communs de Plouneventer, Lanneuffret, Plouedern et Tremaouezan
le conseil municipal de Landerneau
4° des observations déposées à la sous-préfecture de Morlaix par
n° 1 - M. Le Tendre de Landerneau
n° 2 - les maires, adjoints, conseillers municipaux et autres notables de la commune de Plouneventer
5° de cells déposées à la sous-préfecture e Brest par
n° 1 - M. Le Tendre prénommé auxquelles ont adhéré MM. Picquenard et Coué, autres propriétaires à Landerneau
n° 2 - le conseil municipal de La Roche-Maurice
n° 3 - le conseil municipal de La Martyre
n° 4 - M. Hebrard, pharmacien à Landernau, auxquells ont adhéré MM. Dumays, propriétaire, et K/rien, commerçant, dans la même ville
n° 5 - M. Rault, avocat et propriétaire à Landerneau
n° 6 - M. Bazin-Drant, propriétaire de la minoterie de l'Elorn en la commune de La Roche
n° 7 - le conseil municipal et plusieurs habitans de Landerneau
n° 8 - Pierre, aîné, marchand et propriétaire à Landerneau, auxquelles ont adhéré M. K/rien, propriétaire en la même ville et Mlle Desmoulins, propriétaire
n° 9 - le conseil municipal de Pencran
n° 10 - le conseil municipal de ploudiry
n° 11 - M. Croc J. marchand en gros à Landerneau, auxquelles a adhéré M. K/rien, propriétaire
n° 12 - M. Huon, commissionnaire de roulage à Landerneau
n° 13 - le conseil municipal de Plouedern
n° 14 - les membres du conseil municipal et habitans notables de Plouedern
n° 15 - M. Corniiy, maître de port à Landerneau
n° 16 - les maires, conseillers municipaux et autrs notables de Tremaouezan
n° 17 - les habitans de Lanneuffret.
Cette lecture achevée M. les membres de la commission (qui, pour mieux juger du mérite des diverses observations présentées, s'étoient rendu sur les lieux le 16 de ce mois en compagnie de M. le sous-préfet d'arrondissement de Morlaix et tous ensemble avaient parcouru les bords de l'Elorn depuis le village de K/faven jusqu'à Landerneau) reconnaissant l'immense bienfait des changemens proposés, comparativemnt aux difficultés de la route actuelle, et ayant à coeur d'en améliorer l'exécution, autant que cela peut dépendre d'eux, décident d'un commun accord
La commission reconnaît que le tracé rouge depuis Landivisiau jusqu'au point A du plan général n° 1 n'a soulevé dans l'enquête aucune réclamation sérieuse, parce qu'en effet il réunit tous les avantages désirables dans une rectification de route. Elle reconnaît également que des trois lignes rouge, jaune et bleue indiquées sur le même plan pour aller dudit point A jusqu'à Landerneau, la ligne bleue étant celle qui présente le moins d'avantages le projet d'entrée à Landerneau par cette voie doit être écartée.
La question de savoir à laquelle des deux autres lignes, il convient d'accorder la préférence a soulevé dans la commission des débats fort longs et fort animés auxquels M; le Préfet a pris part.
Plusieurs membres de la commission ont représenté qu'en adoptant, en son entier, le tracé préféré par l'administration des Ponts-et-Chaussées, ils se placent réellement au point de vue de l'intérêt général qui veut une route droite, unie, d'un parcours aisé et sûr, et qui par cela qu'elle faciliterait les transports, favoriserait les intérêts du commerce et de l'agriculture. Que le tracé rouge offre à Landerneau une issue nouvelle reconnue ???? utile sous le rapport hygiénique et en même tems nécessaire à une ville industrielle et très commerçante, dont les rues sont peu spacieuses, qui est le centre d'une circulation considérable et qui n'a, pour point de jonction des cinq routes qui y aboutissent, qu'un pont dont l'étroitesse est la cause de fréquens accidens ; qu'il importe d'éviter les inconvéniens, très majeurs, de ce pont ; de celui que, d'après le tracé sur la rive gauche, il faudrait établir à K/hamon (au point A), les deux coudes qui continueraient d'exister dans la traverse de Landerneau en haut de la rue Neuve et au point de réunion du pont avec le quai St-Houardon, enfin, de la pente de ladite rue Neuve, pente qui est au moins de 4 % et qui, à elle seule détruirait les avantages qu'on devrait attendre du tracé général de rectification de la route depuis Landivisiau jusqu'à Landerneau, qu'ils ne sauraient admettre que la crainte de nuire à quelques intérêts particuliers put faire renoncer à d'aussi immenses avantages ; que, d'ailleurs, ils voient de l'exagération dans ce cri d'alarme que jettent, et dans ces mots de désastre et de ruine dont se servent les propriétaires et locataires de la rue Neuve, le seul, en effet, auquel le changement de traverse de le route n° 12 pourrait causer du préjudice. que, sans contredit quelques intérêts seront froissés ; mais que le nombre en est borné ; et que la carte de la ville de Landerneau, ainsi que les statistiques de la rue Neuve à sa main, on peut fair justice de bien des plaintes, que ces plaintes étant bien appréciées et réduites à leur juste valeur on reconnaîtrait qu'il n'y a vraiment pas d'intérêts particuliers assez importans à ménager pour empêcher l'adoption du tracé par la rive droite, dont la supériorité des avantages sur le tracé jaune (abstraction faite de ces intérêts particuliers) n'est ni contesté ni raisonnablement contestable.
Après avoir délibéré et avoir comparé les deux directions sur le triple rapport, de la longueur et de la facilité du parcours, des avantages et inconvéniens de chacune d'elles relativement aux intérêts généraux et particuliers, de la dépense à faire pour leur établissement, statuant sur le tout,
Attendu quant à la longueur et à la facité du parcours, que le pont à construire sur l'Elorn au point A dans la direction de la route indiqué par le tracé jaune, sur un terrain très solide et de la largeur voulue pour les routes de 1ère classe, ne nuirait pas plus à la rapidité et à la sécurité des communications, que les ponceaux et les levées qu'il faudrait établir sur plusieurs points du tracé par la rive droite, que de ce pont au point de jonction des deux lignes rouge et jaune sur le quai de St-Houardon, la distance par la rive gauche est aussi courte que par la rive droite, que de l'aveu de M. l'élève ingénieur de 1ère classe, il n'y aurait par la ligne jaune qu'une pente presque insensible pour aller du point ci-dessus rejoindre la route actuelle vers K/hamon et que cette dernière n'a que des pentes légères jusqu'à Landerneau,
que les détours de cette route sur la Place aux Peaux et à l'extrémité du pont vers la rive droite ayant lieu sur des points où la largeur de la voierie est de 26 mètres et de 14 à 15 mètres pouvant d'autant moins offrir de dangers et d'inconvéniens pour le passage des voitures que Mrs les ingénieurs dans leurs projets de rectification de la même route de Landerneau à Brest ont eux-mêmes conservés les détours que fait cette route à l'extrémité du quai St-Houardon et à l'angle de la place de l'église quoiqu'en cet endroit l'espace soit plus resserré et le passage des voitures bien plus considérable que dans la rue Neuve, et qu'il eut été facile d'éviter ces détours en prolongeant la route le long de la rivière,
Que la pente de la rue Neuve aujourd'hui de 0,043 mètre peut être facilement réduite au-dessous de 0,030 mètres tant par l'abaissement de sa chaussée dans sa partie supérieure que par l'exhaussement de celle du pont, exhaussement d'autant plus indispensable que l'extrémité du pont vers la rive droite est plus élevée que celle qui touche à la rive gauche.
Attendu quant aux avantages et inconvéniens des deux directions pour les intérêts particuliers et généraux, que le prolongement de la route par la rive droite depuis le pont de La Roche jusqu'au point A assurerait aux communes de Plouedern, Lanneuffret et Plouneventer le chemin court et facile qu'elle désireraient voir établir entre les parties de leur territoire qui avoisinent la rivière à la ville de Landerneau, et que la construction d'un pont au point A procurerait à la commune de Tremaouezan (qui 'ailleurs n'a aucun intérêt, vu son éloignement, à ce que la route soit placée sur l'une plutôt que sur l'autre rive) et à celle de Plouedern une communication avec la rive gauche d'autant plus précieuse qu'elle abrègerait le trajet que leurs habitans ont à faire pour se rendre aux foires importantes de La Martyre, La Roche, Sizun, etc
que si la direction de la route de Landivisiau à Landerneau par la rive droite jusqu'au point A et par la rive gauche de ce point jusqu'à Landerneau, offre moins d'avantages que la route actuelle aux communes de La Roche-Maurice, Ploudiry, La Martyre et Pencran, elle leur serait cependant bien moins préjudiciable que la continuation de la route du point A à Landerneau par la rive droite, en ce que l'adoption de cette première direction assurerait, depuis Landerneau jusqu'à K/hamon, le bon entretien de la route actuelle que, sans cela, serait bientôt dégradée par les nombreux charrois de blés et farines opéré journellement par le moulin de l'Elorn, et qu'elle leur offrirait de plus au point A une communication avec la rive droite dont la grande utilité serait encore mieux sentie lorsque le vieux pont actuel de La Roche, cessant d'être réparé viendrait à leur manquer.
Attendu que la ville de Landerneau est séparée par la rivière l'Elorn en deux parties qui n'ont entre elles de communication que par un seul pont, que celle située sur la rive droite entourée d'un pays extrêmement fertile, se trouve en communication directe avec tous les riches cantons du Bas-Léon qu'elle est traversée par la route de Brest, la plus fréquentée de toutes celles qui aboutissent à Landerneau (en ce qu'elle réunit, de Brest à Landerneau, les trois routes royales de Paris à Brest par Morlaix, d'Angers à Brest par Carhaix et de Nantes à Brest par Quimper), et par celle de St-Pol de Léon et Lesneven, par laquelle d'immense quantité de grains et autres produits sont continuellement transportés dans les magasins de Landerneau en échange des vins (?), biers (?), savons, bois, sels et autres marchandises que l'on y vient chercher,
que la partie située sur la rive gauche ne se trouve en communication, par les routes de Quimper et de Carhaix qui la traversent, qu'avec des pays pauvres et mal cultivés ; qu'à part le passage de la diligence de Brest à Lorient et de la malle-poste de Brest à Nantes, il n'y a que très peu de roulage par la première et presque aucun par la seconde de ces routes ; que leur traverse ne procure conséquemment que de très faibles avantages à cette partie considérable de la ville de Landerneau, qui ne doit son bien-être actuel et ses divers établissements de roulage, poste aux chevaux, hôtels, bureaux de diligences et autres industries secondaires, tels qu'aubergss, maréchaux ferrans, débits de vinds, cafés, etc... qu'à la travers de la route royale de Paris à Brest
que si le passage de cette route lui était enlevé pour en doter la rive droite déjà si favorisée par sa position et les avantages qu'elle possède, il résulterait évidemment d'une telle mesure un immense préjudice pour ce quartier populeux qui se verrait promptement déserté par toute les industries que le passage de la route de Paris alimente, et la perturbation dans les intérêts de ses habitans et propriétaires serait si profonde que la seule appréhension de ce mal a suffi pour causer la retraite de l'administration municipale de la ville Landerneau dès qu'elle a été informée que l'autorité supérieure était dans l'intention de proposer ce changement.
Attendu que les intérêts généraux du roulage seraient d'ailleurs complètement satisfaits par l'une ou l'autre des deux directions, puisque leur longueur est à peu près la même et que des deux côtés les pentes sont extrêmement faibles.
Attendu quant à la dépense que le pont de Landerneau sert de traverse aux routes royales de Brest à Nantes par Quimper, et de Brest à Angers par Carhaix ; que cette dernière route qui passe également par la rue Neuve a été récemment rangée en 1ère classe, que dès lors et par ce seul fait l'administration des Ponts-et-Chaussées se trouve dans l'obligation de donner au pont et à la rue Neuve la largeur de 10 mètres exigée par les règlemens et que l'on serait d'autant moins fondé à prétendre que la dépense à faire à ce sujet serait une conséquence de la conservation du passage de la route royale n° 12 par la rive gauche ; que l'élargissement du pont et le rescindement de la rue Neuve serait également opéré dans le cas où ladite route suivrait la rive droite,
que s'il est vrai que pour passer par la rive gauche on soit dans la nécessité d'établir un pont sur l'Elorn vers le point A, la très grande solidité du fond ayant été reconnue par les ingénieurs, la dépense à faire pour sa construction serait peu élevée et procurerait en revanges de très grand avantage de n'avoir, en suivant la ligne jaune qu'un kiloùètre de route à ouvrir sur un fond bien solide et conséquemment à peu de frais. Tandis que par la rive droite, il y aurait plusieurs ponceaux à bâtir, un des moulins de Traon Elhorn et plusieurs maisons à abattre, de fortes indemnités de terrains à payer, des murs de soutennement à construire et environ 3.500 mètres de route à ouvrir en partie dans des prairies basses et marécageuses, ce qui nécessiterait l'établissement d'une levée sur une longueur d'au moins 800 mètres et rendrait conséquemment le percement de la route par la rive droite considérablement plus coûteux, et son entretien bien plus onéreux que pour la rive gauche.
Attendu qu'il résulte de ce qui précède qu'en adoptant pour direction de la route projetée le tracé rouge depuis Landivisiau jusqu'au point A et le tracé jaune de ce point à Landerneau, tous les intérêts se trouveraient satisfaits puiqu'en même tems que l'on obtiendrait pour le roulage une route aussi facile dans son parcours qu'en suivant la ligne droite jusqu'à Landerneau, cette même route répondrait à tous les besoins des communes de la rive droite, serait le moins préjudiciable aux communes de la rive gauche, et préserverait la partie de la ville de Landerneau, située sur la même rive, des pertes immenses que lui causerait l'enlèvement de la route actuelle.
Attendu enfin, qu'à tous ces avantages la direction ci-dessus réunit celui fort important de pouvoir être établi avec infiniment moins de dépenses que celle qui suivrait la rive droite.
Par ces motifs la commission d'enquête adopte à l'unanimité, la ligne rouge qui trace la route par la rive droite de l'Elorn depuis Landivisiau jusqu'au point A du plan.
Reconnait aussi à l'unaminité que, pour elle, dudit point A jusqu'à l'entrée de Landerneau, la ligne jaune offre des avantages à peu près égaux à ceux de la ligne rouge et que pour la traverse de ladite ville, la ligne rouge en présente sur la ligne jaune. Toutefois, elle est d'avis, à la majorité de 5 voix contre 4 que les avantages ne sont pas suffisans pour faire préférer le tracé rouge au-delà du point A en raison du préjudic que ce changement de direction causerait à la partie considérable de la ville de Landernau située sur la traverse actuelle. Fait et clos.
Avant les signatures,
les membres de la commission formant la minorité relativement à l'avis ci-dessus énoncé, consignent au présent l'observation que, dans les considérans qui précèdent, il a été donné une extension outrée aux argumens de la majorité et qu'on y a fait valoir plusieurs raisons qui n'ont point été présentées lors de la discussion.
Les membres de la majorité reconnaissent qu'il est possible que quelques uns des motifs exprimés dans les considérans du présent procès-verbal n'aient point été produits lors de la discussion, mais ils déclarent que les faits mentionnés sont exacts, que c'est l'ensemble de ces faits qui a déterminés leur opinion et qui leur fait donner leur assentiment à la rédaction du procès-verbal.
Pour copie conforme au procès-verbal de l'enquête,
le lieutenant de vaisseau en retraite, membre
du conseil municipal et adjoint au maire.
LETENDRE.
4 - Inauguration de la route royale n° 12 par le prince de Joinville (suite) : réponse du maire de Landerneau au journal L'Armoricain.
Nous recevons de M. le maire de Landerneau la lettre suivante : Landerneau, le 2 août 1843.Monsieur le Rédacteur, les plaintes qui vous ont été transmises, et que vous avez insérées dans votre numéro du 1er courant, contre la conduite qu'a cru devoir tenir l'administration municipale à l'occasion du passage de S. A. R. le prince de Joinville à Landerneau, nécessitent une réponse et des explications que j'ai l'honneur de vous adresser.
Brest, le 23 juillet 1843.
Monsieur le Maire,
LL. AA. RR. partiront de Brest après demain, 25, après leur déjeuner. Elles ne doivent s'arrêter nulle part, mais vous pourriez, avec les autorités, les saluer pendant qu'elles relaieront. J'ai invité M. Helloco à les faire passer par la nouvelle route. Pour cela, il convient que le maître de poste envoit ses chevaux attendre les voitures sur la place. Veuillez le lui faire connaître et veiller à ce que tout se passe bien, et sans que les illustres voyageurs éprouvent aucun retard.
Agréez, etc. Le préfet du Finistère, Signé : Baron G. BOULLE.
M. le préfet, par une dépêche du 23 juillet (1) arrivée seulement le 24 à midi, tandis qu'elle aurai dû m'être remise la veille, faisait connaître que le prince devait partir de Brest le 25 au matin, après son déjeuner. Ce magistrat, en transmettant cet avis, se bornait à prescrire les mesures à prendre pour que les illustres voyageurs n'éprouvassent aucun retard, et il insinuait que l'autorité municipale pourrait profiter de l'instant du relais pour les saluer. Il annonçait en même temps qu'il avait invité M. Helloco à faire passer LL. AA. RR. sur la nouvelle route. Remarquez que dans cette dépêche il n'est nullement question de l'inauguration de cette route. Les prescriptions de M. le préfet ont été suivies par M. le premier adjoint, et l'ordre a été transmis au maître de poste de tenir ses chevaux prêts sur la place en regard de la mairie. Le lendemain le prince arrive, passe devant l'hôtel de ville, et va changer de chevaux sur la nouvelle route. M. le premier adjoint, ne sachant à quoi attribuer ce changement de dispositions, s'en informe et apprend que M. Helloco, de son chef, et contre les instructions de M. le préfet, a donné l'ordre de conduire les chevaux du relais sur la nouvelle route où les voitures du prince ont stationné. Il a donc été impossible à M. l'adjoint Villeneuve de saluer LL. AA. RR. L'inconvenante démarche de M. l'ingénieur lui faisait un devoir de ne pas paraître, et c'est ce qu'il a fait.
Maintenant, monsieur le Rédacteur, M. le secrétaire de conseil d'arrondissement, votre co-propriétaire, se rappellera l'interpellation que j'ai faite devant lui à M. le sous-préfet, dans la salle des délibérations, où nous nous trouvions ensemble. Ce magistrat, avec lequel j'avais eu un entretien la veille du départ du prince, m'avait fait part des intentions de S. A. R. de ne recevoir aucun honneur une fois sorti de Brest, désirant hâter autant que possible son arrivée auprès de son auguste famille. Le 25, ayant eu connaissance de la dépêche précitée de M. le préfet, je me suis de nouveau entretenu avec M. le sous-préfet qui a persisté dans ce qu'il m'avait dit la veille, en m'annonçant qu'il n'avait pas été informé du contenu de la dépêche du préfet. Enfin, devant M. le secrétaire du conseil, il a répété de nouveau que le prince avait témoigné le désir qu'on lui fît rendre aucun honneur dans les villes qu'il devait traverser, voulant conserver en quelque sorte l'incognito. Vous jugerez, d'après cet exposé, si les reproches adressés à l'administration municipale de Landerneau sont fondés, et s'il n'y a pas lieu, au contraire, de taxer d'inopportunes les démarches qui ont été faites près du prince, malgré ses intentions si formellement exprimées.
Veuillez, monsieur le Rédacteur, dans l'intérêt de la justification de l'administration à la tête de laquelle j'ai l'honneur de me trouver, vouloir bien insérer cette lettre dans l'un de vos prochains numéros.
Agréez, etc. Le Maire de Landerneau, F. DUVAL.(L'Armoricain du 5/8/1843)
André Croguennec - Page créée le 20/8/2019, mise à jour le 8/9/2019. | |