Le transport sur les routes à Pont-Christ |
Nous avons retracé l'évolution des routes autour de Pont-Christ depuis l'origine jusqu'à nos jours, pendant plusieurs siècles donc, et ceci dans un chapitre spécifique. Aussi, est-il particulièrement intéressant de recenser les types de véhicules qui ont emprunté ces routes et ces chemins dans le passé.
Malle-charrette, ses trois chevaux et son postillon. On remarque la botte imposante du postillon : c'était une botte renforcée qui protégeait sa jambe du poids du cheval en cas de chute de la monture.
En ce qui concerne l'ancien régime, les moyens de transport qui pouvaient exister chez nous ne devaient être très différents de ceux qui sillonnaient les routes et les chemins dans l'ensemble du Royaume de France : montures, charrettes, voitures suspendues (diligences, carrosses, berlines, ...), et la recherche de précisions serait nettement plus laborieuse qu'à partir du 19è siècle. Aussi nous contenterons-nous de quelques points remarquables.
La description des moyens de transport, à partir du 19è siècle, est plus facile car on a conservé un document important et incontournable qui est l'Annuaire de Brest et du Finistère, dont le numéros édités entre 1835 et 1851, sont en ligne sur Gallica. Cet annuaire nous permet de connaître le type de véhicules qui circulaient, ainsi que les entreprises de transport, les trajets et parfois le temps de route et le prix.
Dans le tableau qui suit, pour l'année 1836, on trouvera les caractérisques précises de ces types de véhicules qui circulaient à Pont-Christ ou à proximité : le nombre de places, les trajets, ... etc.
S'agissant du passage réel dans Pont-Christ, pour les liaisons qui empruntaient la portion Landerneau-Landivisiau, il faudra attendre 1843 pour que les usagers de la route passent dans le village. Avant 1843, ils utilisaient le grand chemin de La Roche à Landivisiau passant par Saint-Servais, mais dont une partie, on l'a vu, était entretenue par la "corvée" de Pont-Christ. X
Voitures publiques - 1836 | ||||||
Routes desservies | Espèce de voitures | Nb de places | Prix | Départ de Brest | Lieux | Noms des entrepreneurs |
De Brest à Paris, aller et retour par Landerneau, Morlaix, etc. | Malle-poste | 2 places d'intérieur 1 place de cabriolet | 116,65 F. 116,65 F. | Tous les jours à midi. | Brest, rue Voltaire n° 4 Paris, rue Jean-Jacques Rousseau, Hôtel des Postes | |
Diligence | 3 places de coupé 6 places d'intérieur 2 places de banquette | 86,50 F. 78,50 F. 74,50 F. | Tous les 2 jours, à 7 h. du matin. | Brest, rue d'Aiguillon Paris, rue N.D. des Victoires, Hôtel des Messageries | ||
Diligence | 3 places de coupé 6 places d'intérieur 2 places de banquette | 90,50 F. 85,50 F. 78,50 F. | Idem, alterne avec la précédente | Brest, rue de la Mairie Paris, rue de Grenelle-Saint-Honoré, n° 18 et 20 | Lafitte, Caillard et Cie | |
De Brest à Morlaix, aller et retour | Diligence | 2 places de coupé 4 places d'intérieur | 5,50 F. 4,40 F. | Tous les jours à l'ouverture des Portes | Brest, rue du Bois d'Amour, n° 30 Morlaix, place Viarms, au Lion d'Or | Boursicaut |
charrette couverte | 4 places | 2,50 F. | Le samedi, à 18 h. | Brest, rue du Rempart, n° 4 | Laurach | |
charrette couverte | 2 places | 2,00 F. | Le samedi, à 14 h. | Brest, rue du Rempart, n° 5 Morlaix, rue des Nobles | André | |
De Morlaix à Brest | charrette couverte | 6 places | 1,50 F. | Arrivant à Brest la veille des foires et repartant le surlendemain | Brest, rue du Rempart, n° 5 | Kerenné |
De Brest à Landerneau, aller et retour | Voiture suspendue | 2 places de cabriolet 4 places d'intérieur | 1,50 F. 1,00 F. | Tous les jours, à 16 h. | Brest, rue des Portes Landerneau, place de la Pomme | Grall (Allain) |
Voiture suspendue | 6 places | 1,00 F. | Tous les jours à 16h. | Brest, rue du Bois d'Amour, n° 30 Landerneau, rue Neuve | Bousicaut | |
Voiture suspendue | 6 places | 1,50 F. | Tous les jours à 16 h. | Brest, place des Portes Landerneau, place aux Vaches | Bouldé | |
Voiture suspendue | 6 places d'intérieur 2 places de banquette | 1,50 F. 1,00 F. | Aller retour le même jour, partant de Brest à 6 heures du matin | Brest, rue du Rempart n° 4 | Tudal | |
Voiture suspendue | 4 places d'intérieur 1 place de banquette | 1,50 F. 1,00 F. | Partant de Landerneau le matin, et de Brest le soir à 16 heures | Brest, rue du rempart n° 4 | Mélior | |
De Landerneau à Lesneven et Landivisiau | charrette couverte | 8 places | 0,75 F. | Une fois par semaine | Landerneau, rue de l'Evêque n° 4 | Michel |
Autres trajets ... | ... à lire sur Gallica ... |
On se rend compte que le prix de la diligence est moins élevé que celui de la malle-poste, ce qui est normal car la malle-poste était plus rapide. On connaît le temps qu'elle mettait de relais en relais pour atteindre Paris en 1836 (voir en annexe). Et en 1838, l'annuaire nous indique le temps pour la malle-poste, soit 53 heures, tandis que la diligence mettait 80 heures en hiver et 72 heures en été.
Par rapport à cette malle-poste ou par rapport aux diligences, l'arrivée du train à Brest en 1865 fut un progrès considérable. Le voyage de Brest à Paris, en malle-poste, durait plus de 2 jours (53 heures exactement) avec, comme seule vraie halte, un repos de 5 heures à Alençon. Plus tard, avec le train, on pourra quitter Brest à 7 heures du matin pour atteindre Paris à 23h40, soit après 16 heures 40 de voyage à raison de 37 km/h de moyenne. Non seulement le confort en train sera supérieur, mais de plus il pourra transporter nettement plus de voyageurs que la malle-poste et les diligences réunies.
Le prix du billet de train, en première classe, sera de 69,80 F ; en 2è classe de 52,35 F et en 3è classe de 38,40 F. Par comparaison, le prix pour la malle-poste était en 1836 de 116,65 F, les prix pour l'une des diligences étaient de 90,50 F, 85,50 F et 78,50 F pour les 3 classes.
On notera aussi que le trajet de la malle-poste changera en fonction de l'extension de la ligne de chemin de fer, notamment en 1850-51 pour se connecter au nouveau terminus de Chartres. Il faut se rappeler que la ligne de chemin de fer Paris-Brest s'est construite par étapes : Paris-Chartres en 1849, Paris-Le Mans en 1854, prolongé jusqu'à Laval en 1855, puis Rennes en 1857, suivi de Guingamp en 1863, et enfin jusqu'à Brest en 1865.
Il serait vain de vouloir faire l'inventaire des voitures purement individuelles, mais citons un type de service (ici en 1836) qui pouvait, peut-être, ressembler un peu à nos taxis actuels :
Voitures suspendues et autres, à 2 et à 4 roues, partant à la volonté des voyageurs, pour toutes destinations :
A Brest, | chez les sieurs Chessé, Pénel, Tineves, Billand, Tudal, et Castiaux, rue de Siam, au Coq-Hardi |
A Lambezellec, | sur les Glacis, chez le sieur Le Chat |
A Landerneau, | chez les sieurs Boursicaut, Grall, Michel, David et Jezequel |
A Lesneven, | chez les sieurs Buhors, Gautier et Raingoet |
Dans le monde du transport terrestre, le roulage était, autrefois, le transport des marchandises sur route par des voitures hippomobiles. On distinguait le roulage ordinaire (RO), pour le transport de marchandises pondéreuses à petite vitesse, du roulage accéléré (RA), pour le transport de marchandises de valeur ou périssables à vitesse élevée.
Nombre de jours pour se rendre de Brest à | ||
RO | RA | |
Morlaix | 2 | 1 |
St-Brieuc | 6 | 4 |
Rennes | 10 | 6 |
Paris | 25 | 12 |
Rouen | 28 | 14 |
Nantes | 15 | 9 |
Bordeaux | 30 | 15 |
Roulage. Service ordinaire (RO) et accéléré (RA) pour tous pays. (en 1836)
Quand on lit la presse ancienne, celle qui a été sauvegardée, il s'agit essentiellement de celle éditée à partir de la 2è moitié du 19è siècle, on s'aperçoit que les accidents de voitures à cheval étaient peut-être aussi nombreux que les accidents automobiles d'aujourd'hui. Surtout si on les rapporte proportionnellement au volume de la population.
On peut citer les différents cas : les chevaux qui prennent peur et s'emballent, les collisions, les chutes de cocher ou de passagers, les casses de matériel qui occasionnent des accidents corporels, ... etc
Un grave accident de voiture. Trois personnes blessées dont deux très grièvement. (La Dépêche du 16/08/1924)
Avant-hier matin, vers huit heures, six membres de la famille Ménez, habitant le cabaret de Pont-Christ, près de Brézal, rendez-vous si bien connu des nombreux pêcheurs à la ligne de Landerneau et Brest, qui fréquentent les bords de la rivière l'Elorn, se rendaient en voiture à La Roche-Maurice pour assister à un service célébré à l'église du bourg, à la mémoire d'un parent décédé depuis quelque temps.
Arrivés près de l'endroit appelé « Moulin de Le Cann », sur la route de Landerneau, le cheval, un peu ombrageux, attelé au véhicule, prit peur d'une automobile et partit à fond de train, malgré tous les efforts du conducteur.
Les cinq femmes qui avaient pris place dans la voiture s'affolèrent aussitôt et l'une d'elles réussit à sauter à terre sans se faire de mal ; malheureusement, deux autres voulurent l'imiter mais, lancées avec force, elles tombèrent la tête la première sur la route et se blessèrent très grièvement l'une et l'autre ; dans leur chute, elles se fracturèrent la base du crâne.
L'état de la vieille grand'mère, âgée de 65 ans, donne surtout de vives inquiétudes à tout son entourage, car jusqu'à aujourd'hui elle n'a pas encore repris ses sens ; sa fille, âgée d'une trentaine d'année, employée à Paris à la gare des chemins de fer d'Orléans, est aussi sérieusement blessée, mais elle a recouvré toutes ses facultés ; quant au conducteur, le fils Ménez, employé à la compagnie du Nord à Paris, il a reçu des contusions multiplees sur la jambe droite.
Des soins immédiats furent prodigués aux trois victimes de l'accident par M. Le Cann, minotier, en attendant l'arrivée du docteur Tanguy, de Landerneau, appelé d'urgence par téléphone. Nous avons appris, ce matin, que l'état de santé des deux femmes était toujours très sérieux ; quant au conducteur il sera d'ici quelques jours à peu près rétabli.
Historique, qui montre que les transports routiers et ferrés ont toujours été, hier comme aujourd'hui, complémentaires et concurrentiels,
et permettra de mieux comprendre l'article de l'Ouest-Eclair qui suit.
L'arrivée des trains à voie normale - 1,435 m. - dans le Finistère (par le sud, de Nantes à Quimper en 1863, puis jusqu'à Châteaulin en 1864 ; par le nord, jusqu'à Brest en 1865), laisse un manque de communication à l'intérieur du département, comme dans les autres départements. La création d'un réseau complémentaire à voie métrique, car moins coûteuse, permettra de réduire grandement cette pénurie. Cette création est confiée à la fois :
- par la Cie de l'Ouest, à la Société Générale des Chemins de Fer Economiques, de 1893 à 1925, et
- par le département, à 3 compagnies concessionnaires qui vont constituer la Compagnie des Chemins de fer du Finistère sous l'égide du groupe Verney.
Au moment de leur apogée, en 1925, les chemins de fer à voie étroite s'allongent sur 660 km et viennent compléter les 292 km de voies normales.
Mais en 1905, les premières automobiles viennent relayer les diligences autour des gares importantes, et plus tard, on verra s'installer des services d'autocars qui viendront non seulement complèter mais aussi concurrencer le chemin de fer départemental. De nombreuses compagnies prolifèrent :
Les compagnies ferroviaires pour lutter contre cette concurrence s'allient à quelques transporteurs routiers ou bien exploitent elles-mêmes leurs propres services de cars :
Quelques horaires de Morlaix à Brest en 1933
Départs pour Brest :(Ouest-Eclair du 8/11/1933)
En 1934, le groupe Verney (CFT-SAT) exerce un véritable monopole avec 53 lignes. Il assure 49 allers-retours hebdomadaires entre Landivisiau et Landerneau, passant donc par Pont-Christ, qui tomberont à 28 allers-retours, en 1939, du fait de la compétition avec le chemin de fer.
Les chemins de fer départementaux disparaîtront complètement en 1946.
En conclusion, nous pouvons affirmer que toutes ces compagnies d'autocars ont assuré, à un moment ou un autre, le transport des
voyageurs entre Landivisiau et Landerneau, en passant par Pont-Christ.
La Société Satos met en service un nouvel autobus particulièrement perfectionné (source Ouest-Eclair du 29/4/1924) :
Les autobus n'ont guère jusqu'à ce jour été construits dans une forme réellement aérodynamique. La Compagnie des Chemins de Fer Départementaux du Finistère vient de faire un essai dans ce sens, en faisant étudier et carrosser dans ses ateliers du Mans un chassis du dernier modèle.
Vu de l'avant, ce car donne une impression de réelle puissance avec son moteur de grande dimension et sa carrure imposante. De profil tout s'amenuise : carrosserie basse, avant fuyant, arrière d'un arrondi original. Puis, dès que l'on pénètre à l'intérieur on est frappé par la clarté qui d'un bout à l'autre y règne grâce aux larges baies, au plafond laqué blanc, au pare-brise bien dégagé complèté par deux petites glaces biaisées.
L'inclinaison de ce pare-brise et sa disposition spéciale permettent la vision binoculaire, assurent au chauffeur la vue en relief dans tous les sens, lui évitent d'avoir les yeux atteints par le vent et suppriment le reflètement des objets intérieurs si gênant la nuit.
En marche, l'ouverture des deux petites glaces de l'avant en fait deux ventouses. La circulation latérale d'air qui en résulte est facilitée par un évacuateur tournant placé à l'arrière, aération parfaite et évitant l'effet de serre qui, en été, suffoque les voyageurs. D'excellents fauteuils, au nombre de vingt-cinq, une suspension amortie, viennent s'ajouter à ces avantages.
Le moteur grâce à sa surpuissance exige très peu de reprises d'où régularité de marche supprimant les excès de vitesse. Les freins puissants à action progressive permettent des arrêts extrêmements rapides. Enfin la direction spécialement étudiée rend les virages faciles dans les chemins les plus tortueux ainsi que nous avons pu le constater au cours d'un trajet d'essai.
En résumé, ce type nouveau d'autobus d'aspect agréable présente de véritables progrès au point de vue du confort, de la sécurité et témoigne d'un véritable effort dans la vue du progrès. Cet effort se manifeste dans les plus petits détails. Par exemple une lampe est placée au-dessus du marchepied et facilite la montée des voyageurs pendant la nuit ; les glaces s'ouvrent par glissement latéral, etc... Ce nouveau prototype est muni de glaces de sécurité ; seules celles qui se trouvent placées du côté droit peuvent s'ouvrir et cela pour éviter les courants d'air; elles glissent les unes sur les autres, procédé d'ouverture plus pratique que celui employé couramment. Enfin, signalons encore que la carrosserie a 1 m. 84 de hauteur ce qui permet à un voyageur de se tenir debout sans gêne.
La marche de la voiture est très réguliere, pouvant soutenir facilement 50 kilomètres de moyenne horaire ; elle est particulièrement silencieuse. Le nouveau véhicule doit être mis en service mardi prochain sur la ligne Brest-Quimper.
Hier après-midi, les membres de la Presse avaient été conviés aux essais de ce nouveau modèle conçu par les ingénieurs de la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux et réalisés dans ses ateliers du Mans. Ils ont eu lieu sur le circuit Brest-Guipavas-Gouesnou-Brest et ont fait ressortir les multiples qualités de ce prototype. MM. Verney, chef d'exploitation de la Compagnie des Chemins de Fer Departementaux, ainsi que M. Hallouin et Dupuy sous-Chefs d'exploitation, assistaient à ces essais. Au retour à Brest, M. Verney réunit aimablement ses invités au buffet de la Gare où l'on sabla le champagne à l'occasion de l'inauguration de cette voiture. Celle-ci aura, nous en sommes persuadés, la faveur du public qui sera reconnaissant à la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux de s'employer sans cesse à améliorer ses moyens de transports pour lui donner entière satisfaction.
Années 1923 : Citroën Trèfle 3 places |
Remarque : si la voiture est de 1923, les photos ont été prises en 1956 ou 1957. L'auteur de ces pages (à l'âge de 6 ans) est sur les deux photos du haut, le 3è à partir de la gauche.
Cette voiture est une Citroën Type C, second modèle d'automobile conçu par André Citroën, et commercialisé entre 1922 et 1926. Elle est par ailleurs la première voiture fabriquée en grand nombre. En 1923, une version cabriolet de 3 places, 2 à l'avant et une à l'arrière, voit le jour et lui vaut le surnom de 5 CV "Trèfle". Malheureusement pour Citroën, bien que la type C soit un succès, elle n'est pas rentable, et le constructeur français décide de mettre fin à sa production en mai 1926.
Cet exemplaire construit en 1923 avait été acheté par Henri Le Bos, alors directeur de la "Brasserie Flamande Le Bos-Despinoy" à Landerneau et qui possédait une résidence secondaire à Pont-Christ, la maison bourgeoise de Gorrequer. Il n'y avait pas de 3è place à l'arrière car le directeur de la brasserie avait transformée la voiture en fourgonnette (cf la photo couleur), sans doute pour livrer quelques caisses de bière ou de limonade. Tout le monde appelait cette voiture "La Caroline". Pourquoi ? Mystère.
En 1956, Henri Le Bos vendait "La Caroline" sur la place du marché à Landerneau. Son voisin de Pont-Christ Bernard René Le Gall l'acheta. Bernard avait 20 ans, en 1956. La Caroline 34 ans. Elle finira sa carrière en faisant du stock-car.
Après La Caroline, Henri Le Bos s'acheta une Peugeot 203, puis une 403.
Autre photo de "La Caroline". La roue de secours était fixée sur la portière gauche. De ce fait, celle-ci ne
s'ouvrait pas, il fallait rentrer dans la voiture par la droite : pas très pratique !
Années 1960 : Simca Aronde P.60 et Renault 4cv |
En 1960, Joseph Croguennec, le cheminot du passage à niveau de Pont-Christ, acheta une Aronde P.60. Pour l'abriter, il fit construire une baraque en bois au bout du terrain qui était le potager de la famille Fur. La commune de La Roche en était propriétaire, l'autorisation de construction fut donnée au cheminot par le conseil municipal le 16/5/1959, confirmée par le sous-préfet le 12/6/1959.
Marcel Amiry possédait le restaurant de Pont-Christ et y habitait, il était aussi l'un des dirigeants du centre de Keraoul à La Roche-Maurice. Vers 1960, il acheta une 4 CV blanche pour se rendre à son travail. Il était d'une prudence extrême ou voulait ménager le moteur car il roulait très lentement. Quand on le voyait disparaître au bout de la ligne droite de la RN 12, je pense qu'il n'avait pas encore passé la 3è.
|
Je pense plus particulièrement à la tournée des commerçants dans les années 1950-1960.
Dans ces années-là, il y avait peu de voitures individuelles, chez les habitants du village, comment faisait-on pour acheter les produits alimentaires indispensables ? Pont-Christ n'était pas ravitaillé par les corbeaux. Non ... On y voyait des commerçants ambulants qui venaient distribuer leurs produits avec leur camionnette, une fois par semaine. Cela était courant dans les campagnes à l'époque, et même plus tard.
Il y avait :
o Les boulangers :
C'était Albert Guyot de Plouneventer. Il avait son épicerie, au bourg, à gauche de la route venant de Pont-Christ, juste en face de l'église. Il arrivait à Pont-Christ avec une camionnette blanche ornée de son nom, de son activité, et peut-être des quelques légumes peints sur la carrosserie. C'était, je crois, une Estafette Renault ?
Accident à Kerfaven : Un car de la Compagnie des Transports du Finistère et une camionnette entre en collision près de Pont-Christ sur la RN 12. Un mort, deux blessés. (source Le Télégramme des 4 et 5/4/1959).
Un terrible accident de la circulation s'est produit, hier à 18h50, dans le virage de Kerfaven en Saint-Servais, sur la route nationale 12. On a à déplorer un mort et quatre blessés. Voici dans quelles circonstances, le car de la C.A.T. assurant le service régulier Brest-Morlaix conduit par le chauffeur Albert Allain, âgé d'une trentaine d'années, habitant Locquenolé, avait quitté son point de départ à 17h45. Il était environ 18h45 lorsqu'il quitta l'arrêt de Pont-Christ, peu avant Kerfaven.
D'après les dires des témoins et des voyageurs qu'il transportait, il roulait depuis Brest à une allure tout à fait normale et était en possession de tous ses moyens.
Une camionnette qui roulait à gauche. Peu avant d'arriver au virage de Kerfaven, il aperçut, venant en sens inverse, une camionnette 200 kilos Citroën de la maison "A la Peinture Brestoise" qui amorçait ce virage, lorsque brusquement la camionnette quitta la droite de la route et se rabattit complètement sur sa gauche du côté où coule l'Elorn. Voyant le véhicule venir sur lui, le chauffeur du car se rabattit sur sa gauche pour tenter de l'éviter, mais, au même moment, la camionnette reprit brusquement sa droite, et les deux voitures entrèrent violemment en collision.
Trois blessés dans la camionnette. Si le chauffeur et les voyageurs du car s'en tiraient sans égratignure, il n'en était pas de même malheureusement de ceux de la camionnete à l'intérieur de laquelle avaient pris place cinq ouvriers de la maison de peinture brestoise qui revenaient de leur travail sur un chantier morlaisien. C'étaient le chauffeur Jean Marrec, 36 ans, demeurant cité La Flamme à Brest ; Jean Fouquet, 25 ans ; Joseph Mandes, âgé d'une quarantaine d'années, célibataire, domicilié rue de la République à Brest ; Le Roux André, 20 ans, et le jeune André Bescond, 15 ans, également de Brest.
Sous la violence du choc, M. Mandez fut projeté de gauche à droite à l'intérieur de la voiture sur un montant de celle-ci. Il s'affaissa, perdant son sang par une large plaie à la gorge. Le jeune Bescond fut projeté à l'extérieur de la voiture par la portière ouverte. Il tomba fort heureusement dans le fossé et s'en tira sans dommage. Fouquet portait une plaie profonde à la jambe, le chauffeur Marrec portait des blessures sans gravité. Il en était de même d'André Le Roux.
On s'empressa autour des blessés, malheureusement Joseph Mendez ne tarda pas à rendre le dernier soupir. Les blessés furent conduits à la clinique de Landivisiau par des automobilistes de passage. La gendarmerie de cette dernière localité, alertée, s'est rendue sur les lieux pour procéder à l'enquête. Il est à noter que c'est dans ce même virage qu'une automobile se jeta dans l'Elorn il y a un an. On déplora alors la mort de deux personnes.
Sur la route passant par Pont-Christ, la D712, ces transports sont destinés en priorité aux scolaires et sont alignés sur les horaires des classes comme le montre le tableau qui suit. Ils sont assurés par "Les Cars de l'Elorn".
Landivisiau - Landerneau | Jours de fonctionnement >> | LMMeJV | Jours de fonctionnement >> | LMJV | LMJV | Me |
Transports scolaires | LANDIVISIAU, Place Jeanne d'Arc | 07:00 | LANDERNEAU, Gare Routière | 16:40 | 17:40 | 12:20 |
LANDIVISIAU, Rond Point B.S.A | 07:04 | PLOUÉDERN, Kerhamon | 16:48 | 17:48 | 12:28 | |
LA ROCHE MAURICE, Pont-Christ | 07:12 | PLOUÉDERN, Le Forestic | 16:50 | 17:50 | 12:30 | |
LA ROCHE MAURICE, Les Plants | 07:14 | PLOUÉDERN, Pont ar Bled | 16:51 | 17:51 | 12:31 | |
LA ROCHE MAURICE, Moulin de l'Elorn | 07:15 | LA ROCHE MAURICE, Bas Bourg | 16:55 | 17:55 | 12:35 | |
LA ROCHE MAURICE, Bas Bourg | 07:17 | LA ROCHE MAURICE, Moulin de l'Elorn | 16:57 | 17:57 | 12:37 | |
PLOUÉDERN, Pont ar Bled | 07:19 | LA ROCHE MAURICE, Les Plants | 16:59 | 17:59 | 12:39 | |
PLOUÉDERN, Le Forestic | 07:20 | LA ROCHE MAURICE, Pont-Christ | 17:01 | 18:01 | 12:41 | |
PLOUÉDERN, Kerhamon | 07:22 | LA ROCHE MAURICE, Kerfaven | 17:03 | 17:03 | 12:43 | |
LANDERNEAU, Gare Routière | 07:30 | LANDIVISIAU, Rond Point du Canick | 17:08 | 18:08 | 12:48 | |
LANDIVISIAU, Rond Point B.S.A | 17:10 | |||||
LANDIVISIAU, Place Jeanne d'Arc | 17:15 |
Les Cars de l'Elorn transportent tous les jours plus de 5.000 élèves sur près de 68 lignes scolaires. Ils fonctionnent dans le cadre du réseau Penn-ar-Bed, organisé d'abord par le conseil départemental. Cependant, au 1er septembre 2017, la Région Bretagne devient responsable des transports scolaires et interurbains. Les transports scolaires sont ouverts à tous les usagers : depuis septembre 2011, les lignes scolaires du réseau Penn-ar-Bed sont ouvertes à tous publics et apportent ainsi une offre complémentaire de transport collectif en milieu rural.
En effet, depuis 2017, le réseau de transport est devenu régional. Ainsi, c'est le Conseil régional de Bretagne qui agit comme autorité organisatrice de transport pour le réseau de transport routier non-urbain dans le département du Finistère et les autres départements bretons. La région est désormais responsable d'un réseau de transport qui voit circuler chaque jour 350 trains et 2.000 cars, ainsi que les bateaux vers les îles bretonnes.
Le Réseau BreizhGo (ex-Penn ar Bed), dont l'exploitation est confiée à des transporteurs privés, par délégation de service public, est constitué d'un réseau armature de lignes régulières fonctionnant toute l'année et de lignes scolaires à destination des collèges et lycées.
Le réseau BreizhGo, ce sont :
Malles-postes vs diligences de Paris à Brest (Annuaire de 1838)
p. 70 - La malle-poste va de Brest à Paris en 53 heures (avec un arrêt d'un quart d'heure à St-Brieuc et 5 heures à Alençon), elle vient de Paris à Brest en 48 heures.
ITINERAIRE DES MALLES-POSTES DE PARIS A BREST (1849) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
De Brest à Paris, aller et retour par Landerneau, Morlaix, Saint-Brieuc, Lamballe, Dinan, Dol, Pontorson, Saint-Hilaire, Domfront, Prez-en-Pail, Alençon, etc. Malle-Poste, trois places d'intérieur à 104,308 F., départ tous les jours à 7 heures du matin en hiver et à 10 heures en été. Brest, rue Voltaire, 4 et rue de La Rampe prolongée ; Paris, rue Jean-Jacques Rousseau (hôtel des postes). | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Tarif des sommes à percevoir d'après l'itinéraire suivi par les malles-postes de la route de Paris à Brest, tant à l'aller qu'au retour, et de relais en relais, pour le prix des places des voyageurs, arrêté par l'administration le 25 octobre 1846 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Le mardi et le samedi on ne peut accorder que deux places pour Paris, la 3è est réservée pour le bureau de Rennes. Les voyageurs doivent être munis de leur passeport. Avis à MM. les voyageurs admis dans les nouvelles malles-postes, à partir de 1er juillet 1839. MM. les voyageurs sont prévenus que leurs malles ou porte-manteaux ne doivent pas excéder, extérieurement, les dimensions ci-après, savoir : - en longueur, 70 cm (26 pouces) - en largeur, 40 cm (13 pouces) - en hauteur, 33 cm (15 pouces). Le poids du bagage total de chaque voyageur reste fixé à 25 kg. Il est expressément interdit à MM. les voyageurs d'introduire des chiens dans les malles-postes. |
Itinéraires des malles-postes de Paris à Brest en 1850
De Brest à Paris, aller et retour, par Landerneau, Morlaix, Saint-Brieuc, Lamballe, Dinan, Dol, Pontorson, Saint-Hilaire, Domfront, Prez-en-Pail, Alençon, etc.Itinéraires des malles-postes de Paris à Brest en 1851
De Brest à Paris, aller et retour, par Landerneau, Morlaix, Saint-Brieuc, Lamballe, Broons, Rennes, Laval, Le Mans et Chartres.
A propos du changement d'itinéraire annoncé en 1850 et mis en place en 1851
Il faut se rappeler que la ligne de chemin de fer Paris-Brest s'est construite par étapes : Paris-Chartres en 1849, Paris-Le Mans en 1854, prolongé jusqu'à Laval en 1855, puis Rennes en 1857, suivi de Guingamp en 1863, et enfin jusqu'à Brest en 1865.
Il n'est donc pas étonnant que la malle-poste se soit dirigée vers le terminus du train, qui lui servait de relais, au moins pour les voyageurs.
le 26 mars 1791 par Georges-Michel Thomas - Cahiers de l'Iroise 1959
Un homme enveloppé dans un manteau bleu à crochets d'argent - lequel masquait en partie de longues culottes brunes et un gilet rayé bleu et blanc - et coiffé d'un chapeau rond frappé de la cocarde civique, vient de pénétrer dans l'auberge du "Chapeau Rouge", l'une des plus renommées de Landivisiau à l'époque.
Nous sommes le 25 mars 1791. Le jour commence à décliner et notre homme, Pierre-Michel Cathelynais, âgé de 27 ans, commis aux devoirs à Lannion, originaire de Châteaubriant, et époux, depuis le début de cette année 1791, de Marie-Jeanne Coqué, demande à l'aubergiste s'il pourra, ici, trouver le gîte et le couvert (1).
Sur une réponse affirmative de l'hôtesse, Cathelynais s'installe à une table et se fait servir du saumon, plat alors très courant dans la vallée de l'Elorn, des oeufs, de la salade, et, le repas terminé, il gagne sa chambre.
Le lendemain à son réveil, il fait la rencontre du Commandant de la Garde nationale de Plestin, installé dans cette ville comme marchand de vins. Ce notable, nommé Peyron, originaire de Caen et âgé de 32 ans, était vêtu avec recherche d'une culotte de soie noire et d'une veste de soie rayée, le tout rehaussé de bas de soie blanche et d'un feutre retroussé. Un certain Baron, également marchand de vins, mais à Lannion, lui, l'accompagnait. Il était plus modestement vêtu d'un ensemble de velours noir, serré aux jambes par des guêtres de cuir.
Nos trois compères pénétrèrent dans l'auberge où s'arrêtait la diligence "à quatre roues et bien suspendue" - "l'Hôtel du Grand Monarque" - et là, buvant force verres, ils disputèrent plusieurs parties de billard. Puis, sur l'heure de midi, ils se rendirent chez le fermier aux devoirs de Landivisiau, en compagnie du fermier aux cuirs, et, tous cinq, l'appétit aiguisé par un bon plat d'huîtres, firent honneur au menu... Le déjeuner achevé, ce furent de nouvelles parties de billard. Enfin, Cathelynais, Peyron et Baron se décidèrent à enfourcher leur mouture et à prendre la route de Morlaix...
Comme on l'a vu plus haut, la malle-poste de 1791 était plutôt une malle-charrette.
Or, à dix-neuf heures, trois quarts d'heure après le départ des voyageurs, la malle-poste était attaquée et pillée à un quart de lieue de la ville, après le "Moulin aux Prêtres", et non loin du pavillon dépendant du château de Lézarazien.
Le lendemain, bien que blessé, le courrier, Guillaume Levé, âgé de 36 ans, demeurant à Rennes, paroisse de Saint-Aubin et depuis six ans courrier en pied de la malle-poste, allait conter les circonstances de l'attaque.
Vers six heures, le véhicule avait quitté Morlaix, conduit par Yves Lintan, postillon, dit Petit Jean. A bord, avaient pris place un jeune homme, Alexandre Ducrest, marin, originaire du Teil et qui avait embarqué à Rennes, et le sieur Salle, apothicaire à Brest.
Avant d'attaquer la dernière côte menant à Landivisiau, un homme interpella le postillon, le priant de s'arrêter un moment, car il avait "un mot à lui dire". Petit Jean excita ses chevaux. Au même moment, un coup de feu l'atteignit, le culbutant par-dessus son cheval.
Guillaume Levé s'apprêtait à se saisir d'un sabre pour se défendre quand, lui aussi, fut atteint d'un coup de pistolet à l'épaule droite. La voiture s'arrête. Deux des attaquants se précipitent sur Guillaume pendant que le troisième s'empare des papiers. Avant de disparaitre, ils prennent cependant soin de ranger la malle-poste dans un chemin de traverse.
Quelques instants plus tard, sept ou huit paysans, alertés par les coups de feu, arrivaient sur les lieux, remettaient la voiture sur la grand-route et l'un d'eux la conduisait à Landivisiau (2).
Une perquisition opérée chez Cathelynais et Peyron - car les soupçons ne manquèrent pas de se porter aussitôt sur eux - permit de découvrir des paquets d'assignats, des billets à ordre, et, surtout chez le premier nommé, le manteau de l'apothicaire brestois.
Le Tribunal du District de Lannion décréta de prise de corps les trois "soupçonnés". Vers cinq heures du matin, le 29 mars, Cathelynais était appréhendé sur le Marc'allac'h, à Lannion, alors qu'il rentrait chez lui. Il fut trouvé porteur d'un pistolet à deux coups.
Un piquet de huit gardes nationaux, requis pour appréhender Peyron, prit le chemin de Plestin, dès le lever du jour, le 29 mars, sous la direction des officiers de justice.
"A midi, Lannion est inquiet, pas de nouvelles du piquet, et le bruit circule que Peyron s'est barricadé chez lui et préfère mourir plutôt que de se rendre. Trente hommes partent de Lannion pour Plestin, en renfort... Une heure avant l'arrivée du premier piquet de gardes nationaux, Peyron avait pris la fuite. On se contenta d'annoter ses meubles, de saisir ses papiers et ses effets et de mettre son cheval en fourrière" (3).
Ce n'est que le 20 avril que Peyron fut arrêté en rade de Morlaix. Il s'apprêtait à fuir à bord d'un bâtiment hollandais qui faisait voile vers le large, lorsque survinrent les douaniers "souquant" sur leurs avirons. Le navire stoppa, on le visita de la poupe à la proue, et, au bout de trois heures de recherches, on appréhendait Peyron, lequel était armé de pistolets.
D'abord enfermés à Lannion, les deux inculpés - Baron avait réussi à prendre le large - furent transférés à Landerneau où le procès commença. Soixante-dix témoins furent cités et l'affaire se termina le lundi 14 mai 1792, quatorze mois après, devant le Tribunal du District de Landerneau, par la condamnation à mort des trois inculpés.
Pensant gagner du temps, et, qui sait ? sauver peut-être leur tête, Cathelynais et Peyron firent appel du jugement et furent transférés à Lesneven. Que devinrent-ils ? Nous l'ignorons. Les Archives du Finistère et celles des Côtes-du-Nord, consultées, restent muettes sur le dénouement final de cette triste histoire. C'est bien dommage.
Georges-Michel THOMAS.
(1) Archives du Finistère, 71 L 30 et 71 L 31.André J. Croguennec - Page créée le 23/6/2017, mise à jour le 21/10/2018. | |