La guerre 1939-45 à La Roche-Maurice |
Une compagnie allemande arrive à La Roche-Maurice le 19 juin 1940.
La ferme du Pontois est investie par les Allemands qui se livrent à un pillage en règle. Deux camps sont installés dans les bois du Pontois.
Pour surveiller les environs, les Allemands investissent les points élevés de la commune. Sur le toit de la chapelle du Pontois, ils construisent un mirador. Sur le château, des mitrailleuses sont mises en batterie.
La commune connaît les rigueurs de l’occupation ennemie : tickets de rationnement, couvre-feu. Les gradés réquisitionnent les plus belles demeures du bourg et des abords : maisons Coat, Kerbrat, Le Gall et Broudin au bourg.
L'école est occupée par l'intendance et le stockage des réserves, les cours ont lieu dans les débits de boissons chez Joséphine Tanguy, au Café des Sports, au Café de la Gare.
La solidarité s'organise notamment envers les prisonniers de guerre de la commune : en décembre 1941, la marquise de Lavillasse organise, dans l'église paroissiale, deux messes avec concertistes suivies d'une quête pour leur venir en aide ; en 1942, il y aura une grande kermesse dans les bois du Pontois.
En 1942, l'armée allemande installe un canon sur le Roc'h Morvan, pour apporter un appui à la défense du port de Brest occupé (source Service d'archéologie de la DRAC Bretagne).
La Roche a été évacuée par les Allemands le 9 août 1944.
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Ci-contre une photo présentée dans une exposition à Landerneau en 2015 :
Des Allemands postés sur le château de Roc'h Morvan. « Cette photo est incroyable, il y a très très peu d'images où l'on distingue si bien les Allemands en poste. Car sous l'Occupation, il était très difficile de photographier l'ennemi sous peine d'être soupçonné de trahison ou d'espionnage » précise Gilles Salaün, le président de l'association Histoire et patrimoine du pays de Landerneau-Daoulas, organisatrice de l'exposition.
La guerre de 39-45 retracée en 200 photos (exposition à Landerneau) :
L'expo sur la guerre 39-45, ouverte depuis vendredi se termine ce soir. L'occasion de découvrir en 30 panneaux, près de 200 photos avec de nombreux clichés inédits.
Un mannequin de soldat Américain. L'Ordre de mobilisation. Et les Allemands en poste au château de Roch Morvan à la Roche-Maurice.
« Des photos avec des soldats allemands, c'est très dur à trouver. Moi j'en achète en Allemagne, et elles coûtent chères, c'est très recherché » explique Gilles Salaun, passionné de cartes postales et de l'histoire du patrimoine du pays de Landerneau Daoulas.
Celui qui a fondé l'association qui présente jusqu'à ce soir une nouvelle exposition sur la guerre 39-45 est intarissable sur le sujet. « L'association a déjà fait une expo sur la première guerre mondiale, mais celle-ci m'a donné encore plus de travail » souligne le président qui aime à raconter, photos à l'appui le quotidien des Landernéens. Sur les panneaux, des témoignages, des courriers et des lettres anonymes de dénonciation, des ordres de mobilisation, des histoires...
Le public pourra découvrir environ 160 photos inédites sur les 200 exposées. Au fil des présentoirs, on découvre l'arrivée des Allemands dans la ville. Dans différents sites très reconnaissables. Impressionnant de découvrir une photographie d'une division blindée entrant dans Landerneau et se dirigeant vers la Roche-Maurice, ou une photo d'Allemands postés sur le château rochois de Roc'h Morvan. « Cette photo est incroyable, il y a très très peu d'images où l'on distingue si bien les Allemands en poste. Car sous l'Occupation, il était très difficile de photographier l'ennemi sous peine d'être soupçonné de trahison ou d'espionnage ».
Une partie de l'expo s'attarde sur Guillaume Roué, résistant, qui cachait des aviateurs américains et anglais « dans sa ferme de Traon Elorn. Sa fille avait à charge de balayer la cour pour surveiller l'arrivée éventuelle de l'ennemi ».
Expo salle municipale de 10 h à 18 h. Entrée : 2 €. (source Ouest-France du 10/05/2015).
Carte postale annotée en allemand :
- Mein Wohnhaus = Ma maison d'habitation
- Mein heutiger Standpunkt zum Photographieren =
Mon poste actuel pour prendre des photos
J'ai pensé que ce "Standpunkt" pouvait être une "position d'observation" et donc de surveillance militaire des environs. Peut-être ?
Cette carte postale a été éditée par "P. Diquelou - Landerneau" et j'ai trouvé une autre du même photographe et de la même édition portant un cachet de la poste de 1942.
Donc, la carte postale était déjà publiée à cette date et les annotations ont pu être écrites par un soldat de l'armée allemande, cantonné à La Roche pendant l'occupation.
D'après L'occupation allemande dans les 162 communes du Nord-Finistère - 1940-1944 par Alain Floch
1 - A la Roche.
Troupe d'invasionPanzer-Division - Panzer-Regiment 15.
Le 15è régiment de la 5è division blindée arrive dans le secteur de Landerneau, lieu fixé pour son cantonnement, dans la nuit du 19 au 20 juin 1940. L'état-major du IIè escadron de chars (unité 23 050), commandé par le Major von Drabich-Waechter, s'instale à La Roche-Maurice et va y rester jusqu'au 2 juillet.
Ci-contre, récépissé du 20 juin 1940 pour l'achat de deux taurillons (Bullenkälber) chez M. Abiven pour la somme de 150 Reichsmark, c'est-à-dire 3.000 fr. de l'époque. Le document est signé par un Obergefreiter (caporal-chef) de l'unité 23 050.
Troupes d'occupation.Les informations sur l'occupation allemande à La Roche sont incomplètes. Nous savons qu'il y avait un camp de 3 baraques de la Kriegsmarine à proximité du bois du Pontois, utilisé par les marins du "Scharnhorst", basé à Brest, jusqu'au départ du croiseur le 11 février 1942. Il y avait également un camp de la Todt dans une vingtaine de baraques au bord de la vieille route de Landerneau, sans doute le camp Chamisso.
Les Allemands ont effectué plusieurs coupes sauvages dans les bois du Pontois, pour construire des casemates, par exemple plus de 50 sapins, hêtres, chênes et châtaigniers en décembre 1943.
Technische-Abteilung V (unité 02 863).
Il s'agit d'une unité chargée de préparer le terrain pour la troupe : déminage, logements, approvisionnement en nourriture, eau, électricité et surveillance. D'abord à St-Pierre-Quilbignon, on le retrouve à La Roche en juillet et août 1942.
335è division d'infanterie (26 décembre 1941 à novembre 1942)
Cette division relève la 251è dans tout le département le 26 décembre 1941. Une compagnie du IIIè bataillon du 682è régiment de la division est cantonnée à La Roche en février 1942.
257è division d'infanterie (septembre 1942 à avril 1943)
Division engagée sur le front de l'Est, au repos dans le Finistère de sepembre 1942 à avril 1943. Infanterie-Regiment 466. L'état-major du 466è régiment de la division (unité 38 493) commandé par l'Oberst Heinrich Götz (1896-1960), qui finira la guerre comme Generalleutnant, est à La Roche en septembre et octobre 1942. Le QG s'installe à Brest en novembre 1942. Il est accompagné de la 2è compagnie (unité 30 839C) qui cantonne à La Roche à la même période.
Sicherungs-Bataillon 5
L'état-major du IIè bataillon du 5è régiment de sécurité (unité 06 458A) et la 8è compagnie (unité 06 458E) cantonnent à La Roche du 30 mars au 23 avril 1943. Nous ne connaissons pas les raisons de la présence de cette unité dans le secteur.
371è division d'infanterie (avril à début octobre 1943)
Cette division anéantie à Stalingrad en février 1943, est reconstituée en Bretagne Nord avec des convalescents et des réservistes. Infanterie-Regiment 671 La 12è compagnie de mitrailleurs du 671è (unité 17 225E) cantonne à La Roche d'août à novembre 1943, puis le régiment 671 est cédé à la 353è division le 2 décembre 1943.
Ost-Bataillon 633 Des éléments de ce 633è bataillon de supplétifs russes, ont cantonné dans une grange du bourg en novembre et décembre 1943, avant de prendre leurs cantonnements définitifs dans le secteur de Ploudalmezeau.
353è division d'infanterie (20 octobre 1943 au 8 juin 1944)
Division formée en octobre 1943 en Bretagne pour renforcer le dispositif de défense côtière. Infanterie-Regiment 943 L'état-major du IIè bataillon du 943è régiment de la division (unité 23 473A) est signalé de décembre 1943 à février 1944 à Kernevez en La Roche-Maurice, puis il part à Landivisiau.
L'aumônier militaire de la 353è division, le Kriegspfarrer Kalh a célébré la messe de Noël 1943 à La Roche le 25 décembre à 9h.
2. Fallschirm-Jäger-Division La 2è division parachutiste rentre de Russie en mai 1944, elle arrive incomplète dans le Finistère vers le 20 juin 1944.
Nachrichten-Abteilung 2 L'état-major du bataillon des transmissions de la division (unité L52 176) est présent au Pontois du 25 juillet au 1er août 1944, puis l'état-major se replie à Brest. Une compagnie est restée à La Roche jusqu'au 8 août 1944, sans doute une compagnie de transmission.
La Roche a été évacuée par les Allemands le 9 août 1944.
2 - Près de La Roche, à Plouneventer.
Occupation du château de Brezal et du monastère de Kerbeneat.
335è division d'infanterie (26 décembre 1941 à novembre 1942)
Sanitäts-Kompanie 335 Le 2è compagnie sanitaire 335 (unité 41 098) arrive à Landerneau en juillet 1942 en provenance de Quimper. On la trouve aussi au monastère de Kerbeneat en Plouneventer en octobre 1942.
Infanterie-Regiment 682 La 12è compagnie du 682è (unité 05 231E) est à Plouneventer de juin à septembre 1942. Cela représente 150 hommes. La compagnie réquisitionne le Café de Mme Le Bihan, transformé en bureaux pour la comptabilité et 2 chambres pour un officier et un sous-officier.
257è division d'infanterie (septembre 1942 à avril 1943)
Infanterie-Regiment 466 Le 466è régiment d'infanterie relève le 682è régiment 335. La 3è compagnie (unité 30 839D) cantonne provisoirement à Plouneventer en septembre et octobre 1942, ainsi que la 14è compagnie antichar (unité 32 498) dont une partie cantonne aussi à St-Derrien avant de partir à Lambezellec.
371è division d'infanterie (avril à début octobre 1943)
Infanterie-Regiment 671 L'état-major du IIIè bataillon (unité 47 225A) arrive à Plouneventer le 8 août 1943 en provenance de Ploudaniel. La 9è compagnie (unité 47 225B) est au couvent de Kerbeneat. La 10è compagnie (unité 47 225C) est aussi à Plouneventer juqu'en octobre 1943.
353è division d'infanterie (20 octobre 1943 au 8 juin 1944)
Infanterie-Regiment 943 Le 943è régiment de la division relève le 671è régiment 371 en octobre 1943. Le IIIè bataillon 671, cédé à la 353è division devient le Ier bataillon 943. L'état-major (unité 47 225A) reste à Plouneventer d'octobre 1943 au 21 février 1944 puis par à Ploudaniel. La 1ère compagnie (unité 47 225B) est à Kerbeneat jusqu'au 29 février 1944. La 2è compagnie (unité 47 225C) est à St-Servais. La 3è compagnie (unité 47 225D) est également à Plouneventer.
L'aumônier de la division, le Kriegspfarrer Kalh, a célébré la messe de Noël 1943 à Plouneventer le 25 décembre à 16h30 pour les unités du Ier bataillon 943 et à St-Servais le 26 décembre à 9h.
Bodilis, Plougourvest et Plouneventer ont été libérés le 7 août, St-Derrien et St-Servais le 9 août 1944.
Daou garr-nij diskaret. - Disadorn 15 a viz c'houevrer, da seiz eur diouz an abardaez, daou garr-nij saoz a zo deut a-zioc'h kêr [Vrest]. Kirri-nij alaman o deus redet war o lerc'h hag o diskaret, unan er Roc'h hag egile etre Sant-Pabu ha Lambaol. Kalz tud, dreist-holl bugale, a oa chomet, moarvat, da zigeri o genou er-maez e-pad ma tenned war ar c'hirri-nij, a zo bet gloazet. (Arvor 23/2/1941)
Un projectile est tombé sur la ferme de M. Yves Léon, 59 ans, cultivateur, demeurant à Kerguinou, en La Roche-Maurice. La ferme a été gravement endommagée. M. Léon, gravement blessé, a succombé à ses blessures, peu après son transport à l'Hospice civil de Brest. Deux de ses filles — car M. Léon était le père de 10 enfants — Adrienne, 12 ans, et Christiane, 8 mois, ont été tuées sur le coup. Leurs corps ont été transportés à la morgue de l'hospice. Mme Léon, née Marie Salaun, 37 ans, a été gravement blessée. Elle aurait un éclat dans le crâne et son état est très grave. Deux autres de ses enfants ont été également atteintes : Marie-Thérèse, 3 ans, dut subir l'opération du trépan ; Jeannine, 6 ans, est heureusement moins gravement atteinte.
Après avoir reçu les premiers soins du docteur Bazin et de M. le Recteur de La Roche-Maurice, arrivé le premier sur les lieux, les blessés ont été transportés à l'hospice civil de Brest. Les six autres enfants, dont l'ainée, âgée de 18 ans, couchait heureusement dans une chambre qui n'a pas été touchée.
(Ouest-Eclair du 04/03/1941)
La mère et la jeune Marie-Thérèse décèderont quelques jours plus tard.
Cf aussi le périodique Arvor du 9/3/1941 : "ROC'H-MORVAN. - Eur vombezenn war eun ti-feurm. Lavaret hon eus uheloc'h eo oa bet lazet pevar den e Roc'h-Morvan gant ar c'hirri-nij saoz a zo deut da vombeza Brest disul ha dilun diweza. An Ao. Erwan Leon, labourer-douar, o chom e Kerginou, an hini eo a zo bet lazet asamblez gant diou verc'h d'ezañ. An Itron Leon a zo bet gloazet en he fenn ha diou eus he merc'hed ivez. Unan anezo, Mari Tereza, 3 vloaz, a zo maro dimeurz. An Itron Leon a zo grevus he stad. Eur ranngalon eo gwelout seurt traou !".
Les Allemands en quête de métaux à fondre pour renforcer leur armement, repèrent la cloche de Pont-Christ (récupérée à La Roche-Maurice et stockée dans un coin de l'église du bourg) et décident de la faire emporter. Mais au moment du transfert, la cloche avait disparu, cachée par des paroissiens.
Les forces allemandes basées au château de Brézal s'exercent dans les garennes en contrebas de Valy-Cloître près de Pont-Christ. Les réquisitions sont multiples et variées : réquisition de bois pour la fabrication de piquets hérissant les plages afin d'interdire le débarquement. Les bois de Pont-Christ et de Brézal, le bois du Pontois nécessitent de nombreuses journées de débardage imposées aux paysans de la commune de la Roche qui doivent fournir des chevaux. L'organisation Todt exploitait la carrière située le long de la RN 12 à la Fonderie, afin de fournir les pierres nécessaires à la construction des blockhaus du «Mur de l'Atlantique» (source Roger Bras).
Les Allemands ont occupé le château de Brezal et brûlé de nombreux papiers (source Daniel Bernard in Cahiers de l'Iroise).
Après la libération, un camion américain est tombé dans l'étang. On dit qu'avant de se replier sur Brest, les Allemands ont jeté dans l'étang des caisses (source site de Plouneventer).
Souvenirs d'un ancien de Pont-Christ :
Quand les Allemands faisaient des exercices de tir à Pont-Christ, ils venaient souvent chez les Le Gall dans le moulin de Brezal. Ils envahissaient le moulin. Ils s'asseyaient autour du feu. Un jour, ils avaient pris la chaîne du chien pour attacher un canot pneumatique. Les Le Gall ont insisté pour récupérer la chaîne, et l'ont récupérée. Avec les Allemands, il y avait un "russe blanc" qu'ils avaient réquisitionné. Il fallait se méfier de lui, il aurait pu dénoncer plus d'un.
Les Allemands avaient aussi réquisitionné des noirs, qui abattaient des arbres autour du château de Brezal. Ces arbres servaient ensuite pour empêcher les avions d'atterrir. Ces noirs recherchaient des "marraines de guerre" avant de retourner dans leur pays, pour profiter ensuite de leurs dons.
Rolland Fur a été prisonnier de guerre, il s'était évadé et revenait dans son village. Les Allemands avaient mis (et ils mettaient souvent) un arbre en travers du pont de Pont-Christ pour empêcher le passage. Quand Rolland Fur est arrivé, il aurait pu s'attendre au pire. Mais non, les deux soldats, qui surveillaient l'endroit, ont retiré l'arbre pour lui permettre de passer. Ils étaient, comme à leur habitude, cachés derrière le grand if qui poussait à cette époque près du pont, face à l'église.
En patrouille à La Roche... Le 12 août 1944 au poste de La Roche-Maurice. Effectif 20 hommes.
A 12 h 30, un cultivateur nous signale deux Allemands aux abords de sa ferme (Kermeur). Je pars en reconnaissance avec 2 hommes. Nous ne trouvons rien, mais le cultivateur pense qu'ils ont pu se replier sur un petit bois, et qu'ils pourraient être plus nombreux. Je vais donc prendre du renfort et une heure plus tard une quinzaine d'hommes remonte à la ferme, fouillant les abords du bois. Sept hommes du groupe "Kerbrat" entendent du bruit derrière un talus et se trouvent en présence de 13 Allemands. Ils ouvrent le feu, deux secondes plus tard 12 boches se rendent, dont 2 blessés, un seul parvient à prendre la fuite, lâchant ses armes. De notre côté aucun blessé. Les Allemands attaqués faisaient partie de la division de parachutistes "CRETA", parmi eux se trouvaient 1 adjudant et 4 sergents.
Les prisonniers ont été amenés à Landivisiau par camion. P. Hugues (source Journal Landi-Eclair, août 1944)
Le monument aux morts de La Roche-Maurice porte les noms de 19 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Parmi les victimes :
Mers-el-Kebir
Les 3 et 6 juillet 1940, au moins 1.297 marins français dont 70 % de Bretons (soit plus de 900 personnes, dont 360 Finistériens) perdaient la vie sous le feu de la flotte britannique dans la rade de Mers-el-Kébir, au nord-ouest de l’Algérie.
L’Angleterre, seule alors en guerre contre l’Axe Allemagne-Italie-Japon, craignait que la flotte française soit livrée à l’ennemi par les nouvelles autorités du pays. Le gouvernement de Philippe Pétain, tout juste formé, venait de signer l’Armistice (dans le wagon de Rethondes, le 22 juin) et allait s’installer à Vichy, le 10 juillet et y obtenir les pleins pouvoirs.
Le premier ministre britannique, Winston Churchill, dans cet entre-deux propice aux basculements aux lourdes conséquences, a fixé un ultimatum à la Marine française, sommée de se rallier à sa voisine d’Outre-Manche, de se saborder ou de rejoindre les Antilles françaises. Le vice-amiral Marcel Gensoul, faute de pouvoir contacter ses autorités, a rejeté l’ultimatum, difficile à accepter du fait de l'armistice qui venait d'être signée par Pétain. Churchill n’a pas fléchi et lancé l’opération Catapult.
A 83 ans, Laurent Leost fait chevalier de la Légion d'honneur par son fils
(Télégramme du 12/11/1980).
La Dépêche de Brest du 5/12/1941 : Landerneau. Un ouvrier serrurier est trouvé mort sur la route nationale. Il porte à la tête de graves blessures qui semblent avoir été faites avec une bouteille.
Hier matin, on a découvert sur la route nationale n° 12 - Brest-Morlaix - à 4 kilomètres de Landerneau, au lieu dit "Ty-Colo", le corps d'un homme dont la tête était complètement écrasée. Les gendarmes de la brigade se sont rendus aussitôt sur les lieux. La victime est un serrurier, Alexis Mazé, né à La Roche-Maurice, âgé de 35 ans, marié, habitant à Landerneau, rue des Boucheries. Le docteur Penquer a constaté que la mort remontait à plusieurs heures. D'après les renseignements recueillis, c'est à la suite d'une bagarre que ce malheureux aurait été tué à coups de bouteille. (note personnelle : bagarre avec les Allemands, je suppose)
Pourquoi les Allemands s'en sont-ils pris à ces trois moissonneurs, alors qu'en passant près de Ty-Menez ils ont ignoré d'autres paysans qui travaillaient dans leur champ ?
On dit que Pierre Cariou avait fêté, la veille, la libération de Plouneventer, qui fut libéré 2 jours avant La Roche. Les Allemands avaient-ils eu une information à ce sujet ? Ou bien Pierre Cariou et ses amis, dans l'euphorie de la victoire, avaient-ils montré une attitude particulière ?
(A COMPLETER)
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Le Télégramme des 21 et 22/04/1945 : Légion d'honneur, croix de guerre, Bronze Star Medal, trois citations
L'enseigne de vaisseau Bernard Goéré est mort au combat près de Colmar, en septembre. C'était un jeune homme simple et modeste, qui a 24 ans était titulaire de la Légion d'honneur, croix de guerre, Bronze Star Medal, deux citations françaises et une américaine. Son père, ancien médecin-chef de la marine, était bien connu à Brest où il mourut en 1938. Son frère Xavier est actuellement aspirant sur le Suffren. Le texte des citations du jeune officier mort au champ d'honneur est un magnifique exemple pour tous.
Dans une lettre à la mère du jeune héros, le capitaine de corvette de Morsier, commandant le 1er régiment de fusiliers-marins, écrit :
"Votre fils était un officier d'élite dont les nombreuses qualités ont été dans de multiples occasions très précieuses au régiment, où il était arrivé le 1er décembre 1943, et où il commandait un peloton de chars. Il a donc pris part à une partie de la campagne d'Italie et au débarquement de Provence, puis aux opérations devant Toulon et devant Belfort. Sa mort est survenue le 30 septembre 1944. Il a été tué alors qu'il se trouvait à proximité de son char au cours d'une opération. Son habileté au combat et sa grande bravoure lui avaient déjà valu une citation à l'ordre de la division (22 juin 1944) et une proposition pour la Légion d'honneur."
A cette lettre était joint le texte de la citation comportant l'attribution de la Légion d'honneur :
"Chef d'un peloton de chars. A fait preuve de qualités exceptionnelles, d'allant, de courage et d'audace. Le 10 juin 1944, à Montefiascone (Italie), par sa progression rapide, a dérouté le tir précis d'armes antichars. Le 14 juin, à Castel Giorgio, a dégagé un peloton de reconnaissance en difficulté, ramenant les morts et les blessés. Le 15 juin, à Torréalfina, a aidé avec succès l'infanterie à nettoyer un taillis et à capturer des prisonniers. A continué les opérations malgré la perte des trois quarts de ses effectifs. Une blessure et une citation durant la campagne d'Italie".
Les Américains, de leur côté, voulurent témoigner de leur admiration en décernant la Bronze Star Medal au jeune Brestois :
"A l'enseigne de vaisseau de 1ère classe Bernard Goéré, du corps expéditionnaire français : il vous est décerné la "Bronze Star Medal" pour conduite héroïque au combat du 10 au 15 juin 1944, en Italie. Au cours de trois attaques, l'enseigne de vaisseau Goéré, commandant un peloton de chars, joua un rôle offensif contrariant la manoeuvre de l'ennemi, contribuant à sa déroute et à la capture de prisonniers. Continuant le combat en dépit de grandes difficultés. - Mark W. Clarck, lieutenant-général de l'armée américaine."
Gabriel Menez, né le 1er avril 1920 à Rohel en La Martyre, était le fils d'Olivier Menez et de Françoise Bonniou, plus tard cultivateurs à Kerfaven en La Roche-Maurice. Olivier, son père, fut conseiller municipal de La Roche.
Dernier enfant de la famille, Gabriel choisit de servir dans la marine comme engagé volontaire en mai 1937. Après une formation d'électricien il est affecté à Cherbourg, le 1er février 1938, à bord du sous-marin "Rubis" sur lequel il va passer la totalité de la seconde guerre mondiale.
Ce sous-marin faisait partie des Forces Navales Françaises Libres pendant la 2è guerre. Les sous-marins des FNFL ont été particulièrement actifs : le "Rubis" effectue 28 missions de guerre, mouille 683 mines auxquelles on attribue la perte de 16 unités ennemies.
Sous le commandement du capitaine de frégate Georges Cabanier, qui deviendra chef d'état-major de la marine de 1960 à 1968, puis du capitaine de frégate Henri Rousselot, futur vice-amiral d'escadre, Gabriel Menez est, avec ses compagnons de guerre, à l'origine d'une des plus belles pages d'histoire de la marine. Il a été décoré par l'amiral Muselier (photo ci-dessus).
Pendant ses opérations en Ecosse, il rencontra Helen Stephen et se marièrent en 1942. Deux enfants, Ronald et Aneke, naîtront de cette union après la guerre.
Puis, Gabriel subira les épreuves de la maladie pendant neuf longues années. En 1958, il commencera une carrière civile qu'il achèvera en tant qu'attaché de direction à l'agence Havas en 1980. Il décèdera à Brest le 12 décembre 2002, à l'âge de 82 ans. Il est inhumé, avec son épouse, dans le cimetière de La Roche.
Roger Bras a rédigé en 2004, à l'occasion du 60è anniversaire de la libération, quelques chapitres relatant de nombreux faits intervenus pendant la 2ème guerre à La Roche. Il les avait publiés sur le premier site internet de la commune. Les voici :
1944 ... 2004 Il y a 60 ans, la libération
Voir le chapitre concernant la guerre 14-18.
André J. Croguennec - Page créée le 10/7/2021, mise à jour le 21/9/2023. | |