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Pierre Le Bris, libraire et éditeur

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A - Biographie de Pierre Le Bris (1918-2012)

Pierre Le Bris fut le fondateur de la librairie de la Cité à Brest. Avec son épouse, Blanche, il a vécu une aventure littéraire, commerciale et humaine qui a marqué Brest et la Bretagne pendant plus de 50 ans.

 La Librairie de la Cité, dans la cité commerciale

Né à Brest en juin 1918, Pierre Le Bris était le dixième enfant d'une famille de douze. Son père, représentant de commerce, avait la passion de la littérature qu'il a su la transmettre à son fils. « Et c'est grâce aux livres que j'ai rencontré ma femme Blanche ». Celle-ci l'aura accompagné pendant plus de soixante-dix ans. « C'est elle, la grande lectrice », expliquait-il.

L'aventure qui s'est étalée sur un demi-siècle avait commencé dans l'immédiat après-guerre, alors que la ville n'était plus qu'un vaste champ de ruines. La guerre ayant empêché Pierre Le Bris d'intégrer HEC, où il était admis, il décide avec sa jeune femme, une fois la paix revenue, d'ouvrir une librairie dans une des baraques de la Cité commerciale de la place de la Liberté. Pierre et son épouse Blanche ont donc créé ce qui allait devenir la Librairie de la Cité, dans un bâtiment provisoire de ce que l'on appelait alors la «cité commerciale».

Pierre Le Bris a souvent raconté que, lorsque par miracle il avait pu se procurer un dictionnaire Larousse, il était hors de question à l'époque de le mettre en vitrine sous peine de voir des dizaines de clients affluer pour s'arracher l'unique exemplaire.

Dans les premiers livres vendus, il y a Autant en emporte le vent. Il en commande 500 exemplaires d'un coup chez Hachette qui le rappelle, croyant à une erreur ! Ils vont être écoulés en quelques jours. C'est la première fois, mais pas la dernière, que la maison d'édition entend parler du jeune libraire brestois. Celui-ci va nouer avec le milieu littéraire parisien des contacts fructueux. L'éditeur Gallimard, conquis par l'enthousiasme de Pierre Le Bris et leur amour partagé pour Saint-Exupéry, lui offre le diplôme de la Légion d'honneur de l'écrivain-aviateur. Le libraire l'affiche en bonne place dans son nouveau bureau quand il s'installe, en 1953, rue de Siam.

 La Librairie de la Cité, rue de Siam

Alors que la télé n'a pas encore fait entrer les romanciers dans les foyers, le libraire brestois en invite des dizaines : Jacques Faizant le dessinateur, Henri Queffélec avec lequel il a grandi, Louise de Vilmorin, Jean Marais, Michel Déon, Tabarly le taiseux... Et Jack Kerouac, avec qui Pierre Le Bris s'était découvert des ancêtres communs, quand il est venu à Brest en juin 1965, sur les traces de ses origines bretonnes. Celui-ci, dans Satori à Paris, dépeint Pierre Le Bris comme « un aristocrate aux manières précieuses et raffinées, véritable élégant, grand seigneur aux yeux bleus languides ».

Ces séances de dédicaces invariablement ponctuées de réceptions données dans les appartements privés du maître des lieux, où les auteurs se sentaient comme des poissons dans l'eau, drainaient une affluence dont on n'a pas idée aujourd'hui. Roger Vercel, l'auteur de Remorques, signa, par exemple, sans désemparer pendant trois jours d'affilée. Un record qui dut attendre la venue de Pierre Jakez Hélias et de son Cheval d'orgueil pour être battu.

Parallèlement, dès 1949, Pierre Le Bris s'était lancé dans l'édition, notamment d'ouvrages sur Brest, sur la Bretagne et la Marine. En 40 ans, plus d'une centaine de titres paraissent aux Éditions de la Cité, sans qu'aucun ouvrage ne soit jamais ni bradé, ni envoyé au pilon. Parmi ceux-ci, un livre marque ce parcours d'éditeur, Vivre en Cornouaille, signé en 1972 par Pierre-Jakez Hélias. C'est la première version de ce qui deviendra Le cheval d'orgueil, à laquelle Pierre Le Bris est associé.

Les Éditions de la Cité comptèrent un catalogue au sein duquel brillèrent force ouvrages de références consacrés à la mer en général et à la Marine nationale en particulier. Le peintre brestois Pierre Péron, dont Pierre Le Bris était l'ami, y fut publié, de même que Georges Lombard, l'ancien maire de Brest, qui écrivit ses mémoires sous le titre Au service de Brest. Dans de cadre de son activité d'éditeur, nous retiendrons plus particulièrement, l'ouvrage remarquable et incontournable de Denise Delouche F.H. Lalaisse et la Bretagne qu'il publia en 1984 (voir plus bas).

Années 1960, Brest est trop petit pour Pierre Le Bris. Il ouvre jusqu'à huit succursales à Quimper, Rennes, Nantes et Paris, au sein de la Maison de la Bretagne. De 1970 à 1985, il se fait le relais de l'enseigne France-Loisirs dans ses librairies. Peu à peu, l'évolution économique l'emmène à ne conserver que celle de Brest. En 1993, à 75 ans, Pierre Le Bris annonce son départ. Une de ses anciennes employées, Martine Tanguy, fera vivre le magasin de la rue de Siam jusqu'à la fin 2003.

D'autres libraires se sont installés dans la cité du Ponant. Pierre Le Bris les a accueillis sans chaleur excessive. Mais on le voyait dans le public du café de Dialogues lors des rencontres avec des écrivains. Comment se passer de ce contact avec les livres quand une carrière qu'on a choisie « sans raison, sans ressources, sans expérience mais avec foi », est devenue sa vie ?

Tous ceux qui ont côtoyé Pierre Le Bris garderont le souvenir d'un homme empreint d'une grande élégance intellectuelle et physique, pour qui la Culture n'était pas un vain mot. Ce formidable amoureux des livres ne laissait pas passer une journée sans lire quelques pages des stoïciens grecs chez qui il puisait une philosophie de vie. Cette passion des livres, l'intéressé avait su la transmettre à son personnel exclusivement féminin. Chaque vendeuse était ainsi invitée à découvrir elle-même les nouveautés. Quand l'unanimité se faisait, le volume s'ornait du bandeau «Conseillé par la Librairie de la Cité». Un choix qui engageait et auquel le lecteur pouvait se rallier les yeux grand ouverts.

Pierre Le Bris était Commandeur des Arts et des Lettres, il est décédé à Brest, le 30 août 2012, à l'âge de 94 ans. D'après des articles d'Ouest-France et du Télégramme et autres sources.

 

B - Une édition remarquable : Lalaisse

 Pierre Le Bris et Denise Delouche en 1984

En 1984, Pierre Le Bris publie le carnet de voyage du peintre François Hippolyte Lalaisse sur les costumes bretons de 1844. C'est ce trésor qui est mis à la portée de tous en sortant du musée après un sommeil de 140 ans.

En 1843 et en 1844, profitant des congés que lui octroyait l'Ecole Polytechnique où il était maître de dessin, François Hippolyte Lalaisse, s'en vint sillonner la Bretagne.

Sur son carnet de voyage, ce peintre né à Nancy, élève de Charlet, lithographe talentueux devenu par la suite spécialiste de la reproduction des uniformes de l'armée française, allait coucher les costumes bretons rencontrés sur son passage.

Ce carnet n'avait jamais été publié. 140 ans plus tard, ce sera chose faite. Après sept ans d'effort, l'éditeur brestois Pierre Le Bris et une universitaire rennaise, Denise Delouche, sont parvenus à exhumer du Musée National des Arts et Traditions Populaires l'oeuvre originale de Lalaisse. Ce véritable reportage sur la Bretagne de la fin de la première moitié du XIXè siècle fut tiré à 3.000 exemplaires et mis en vente à la fin de l'année 1984.

"C'est à la demande de Charpentier, éditeur à Nantes, que Lalaisse s'était rendu en Bretagne", raconte Denise Delouche, professeur d'histoire de l'art à Rennes II et spécialiste des la peinture du XIXè. "Les Charpentier lui avaient proposé de faire une importante enquête sur les costumes originaux et encore mal connus de cette région qui commençait alors à attirer les peintres en quête d'exotisme".

Lalaisse exécuta sa commande à la lettre. Elle paraîtra sous forme de livraisons mensuelles, le peintre se chargeant d'exécuter lui-même à partir de certains de ses dessins les lithographies qui figureront dans un album intitulé La galerie armoricaine. Mais toute la base du travail de Lalaisse, son cahier truffé de notes était, lui, resté invisible... sauf au regard des visiteurs du musée des arts et des traditions populaires de Paris où il était précieusement conservé depuis le début des années 50.

C'est en effectuant des travaux pour une thèse consacrée aux peintres de Bretagne que Denise Delouche découvrit l'ouvage.

 Les deux volumes

Des notes passionnantes

Il s'agit, dit-elle, d'un document exceptionnel sur la société paysanne bretonne. En effet, le dessinateur a pris soin de localiser avec précision tous les costumes étudiés. Mieux, il a accompgné ses croquis de nombreuses notes manuscrites très lisibles et passionnantes. Par exemple, à propos des femmes : "depuis Vannes et avant, les yeux sont un peu à la chinoise" ou devant les hommes de Pont-l'Abbé : "ils ont toujours les mains dans les poches de gilet", ou encore "les cheveux ne sont longs que derrière, excepté Le Faouët". En marge des costumes aquarellés, poursuit Denise Delouche, Lalaisse a multiplié les indications annexes : un détail du vêtement, la coiffe vue de dos et de profil, une boucle de ceinture ou un soulier, un détail du harnachement des boeufs, une jarre, un bol, un fouet..."

Quelques paysages, des projets de compositions, des notes prises à des pardons, complètent cet inventaire des campagnes bretonnes. Et la localisation, minutieuse, on l'a dit, a permis de reconstituer l'itinéraire suivi par le peintre à travers la péninsule.

Sans préjugés

Chemin faisant, Lalaisse laisse libre cours à un certain humour, mais ne verse jamais dans le travers du citadin imbu de sa supposée supériorité. "C'est un ethnologue avant la lettre, observe Denise Delouche. Son carnet échappe à tous les a priori. A l'époque on voyait volontiers un chouan derrière chaque Breton. Pas Lalaisse. De même lorsqu'il représente un pêcheur du pays pagan, il le voit vêtu très normalement et non point sous l'aspect d'un pilleur d'épaves. Sa vision de la Bretagne n'est finalement pas éloignée de celle d'un Flaubert qui y voyagea à peu près à la même époque".

Seule légère restriction : le goût de Lalaisse pour le beau. L'homme était visiblement plus attiré par les costumes du dimanche aux couleurs chatoyantes. D'où une image heureuse, volontiers optimiste de la régon. "Il est vrai, remarque, Denise Delouche, que la richesse du costume était alors à son apogée".

En deux volumes

On se doute que pour Denise Delouche, et son éditeur Pierre Le Bris, il a fallu s'armer de patience pour obtenir l'autorisation de la direction des musées nationaux, évidemment indispensable afin de reproduire un pareil trésor. Mais, comme l'on sait, tout vient à point, à qui sait attendre. Les deux Bretons, la Rennaise et le Brestois ont su. L'institut culturel de Bretagne dans cette affaire, n'a pas ménagé son appui. M. Jean Cuisenier, le conservateur en chef du musée des arts et des traditions populaires non plus. Il signera d'ailleurs une introduction à l'ouvrage qui sera publié en deux volumes, luxueux, sous le titre "De la Bretagne et autres contrées", dessins et aquarelles de Lalaisse (1). Tandis que Mme Lossignol, chargée de mission auprès du musée assurera la rédaction des commentaires de chacune des planches. André Rivier

(1) Les deux tiers de l'ouvrage sont certes consacrés à la Bretagne, mais le complément des dessins provient de différents séjours de Lalaisse en Normandie, en Alsace, en Lorraine, dans le Midi et en Allemagne. Sur les 193 feuillets retrouvés, 134 concernent notre région.

 

Quelques planches trouvées sur internet :

Au dessus Saint-Thegonnec (pays Chelgenn).Au dessous Plougastel.   

C - Un autre éditeur de Lalaisse

Les dessins monochromes de Lalaisse, présentés plus bas, sont extraits de Costumes et coiffes de Bretagne, 100 phototypies d'après les compositions de Hippolyte Lalaisse, préface de Louis Hourticq de l'Institut. Henri LAURENS, éditeur, 6 rue de Tournon, Paris.

Homme de Landivisiau (pays Chelgenn) et artisane de MorlaixFemmes de Plougastel
Femme de Saint-Thegonnec (pays Chelgenn)Homme de Saint-Thegonnec (pays Chelgenn)
Evolution de la Tintaman

Voir aussi la description de Louis Soubigou dans le chapitre relatif au costume à Pont-Christ

La "Tintaman" ou "coiffe n°8" est la coiffe du pays Chelgenn.


1 - En 1850
2 - Vers 1890
3 - En 1950

D - Liens avec Pont-Christ et La Roche-Maurice

  1. C'est la consultation des dessins de Lalaisse, décrivant le costume des femmes de Plougastel, ci-dessus, qui m'a permis d'identifier les costumes des femmes dessinées par Léon-Augustin Lhermitte à Pont-Christ (voir l'intérieur de l'église en 1876) ...et de pouvoir expliquer, comment et pourquoi, Lhermitte avait placé là ces femmes, de façon tout à fait inappropriée.
  2. D'une manière générale, les dessins de Lalaisse contribuent à l'étude des costumes du pays "Chelgenn" et de Pont-Christ en particulier.
    Les costumes décrits ici, à part ceux des femmes Plougastel, sont des costumes qui ont été portés à Pont-Christ et à La Roche.
  3. Pierre Le Bris, son épouse  et ses beaux-parents ont été réfugiés à La Roche pendant la 2è guerre.
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Blanche Le Bris a fêté ses 100 ans le 25/9/2020 (source Le Télégramme du 01 novembre 2020)

À Brest, 100 roses pour Blanche

Elle vient de souffler ses 100 bougies. Un siècle de vie au cours duquel la Brestoise Blanche Le Bris aura subi l’horreur de la Shoah, assisté à l’explosion de l’Ocean-Liberty mais aussi croisé la route de Jack Kerouac et « eu la chance » de connaître ses arrière-arrière-petits enfants...

 Blanche Le Bris fait partie du cercle fermé des centenaires, riche de 21.000 membres en France, dont une écrasante majorité de femmes et 1.500 Bretons. (Photo Le Télégramme/Thierry Dilasser)

Elle s’excuserait presque que l’on s’intéresse à elle. « Oui, c’est vrai, je viens de fêter mes 100 ans. Mais je ne suis pas la seule… », avance-t-elle, de sa voix douce et fluette. Aussi discrète qu’alerte, malgré « des petits soucis d’audition », Blanche Le Bris a rejoint, le 25 septembre dernier, le cercle fermé des centenaires, riche de 21 000 membres en France (selon un décompte de l’Insee), dont une écrasante majorité de femmes et 1 500 Bretons. « Il me semblait normal d’avoir à faire plus d’efforts que les autres pour m’intégrer ».

Blyma, la « fleur » polonaise

Arrivée à Brest à l’âge de 2 ans en 1922, aux bras de parents juifs polonais fuyant les pogroms et aspirant à une vie meilleure, Blanche s’appelle alors Blyma (fleur, en polonais). « C’est quand mes parents m’ont inscrite à l’école qu’on leur a demandé de me donner un nom français », explique, 98 ans plus tard, celle qui, malgré une excellente scolarité, ne s’est jamais offusquée que ses bonnes notes ne lui ouvrent pas de droit à une quelconque bourse. « Il me semblait normal d’avoir à faire plus d’efforts que les autres pour m’intégrer », explique-t-elle dans un ouvrage (à diffusion familiale) rédigé par l’une de ses petites-filles, lors du premier confinement.

Élevée par des parents « pas du tout religieux », elle évoque une jeunesse « douce », entre « vacances à Saint-Pabu » et « balades au Trez-Hir ». Son Brest d’avant-guerre ? « Une ville pleine de bruit, de pluie et de joie », résume-t-elle. « La rue de Siam était alors étroite, très sympathique. Et il y avait le tram déjà. J’aimais beaucoup l’école et mes camarades, j’ai toujours été curieuse », se souvient-elle encore, avant de reconnaître ne s’être « sentie brestoise et bretonne » que bien plus tard.

En 1942, sa vie « bascule »

Rien, toutefois, qui ne l’empêche de se sentir « épanouie », jusqu’à ce que la guerre éclate. Son futur mari, Pierre Le Bris, est mobilisé. Elle fait le choix de partir chercher du travail à Paris : une tâche difficile du fait de « (sa) judéité » et de sa nationalité polonaise. Malgré les combats, Pierre et Blanche - convertie au catholicisme selon les exigences de son beau-père - se marient en 1941, à Quimper. Quand les bombes commencent à pleuvoir sur Brest, toute la famille se réfugie à La Roche-Maurice. Jusqu’à cette sinistre nuit d’octobre 1942, où « (sa) vie bascula ».

« Les gendarmes français sont venus nous arrêter, mes parents, ma fille Jacqueline, alors âgée de 6 mois, et moi », se remémore Blanche. Si cette dernière parvient à s’enfuir avec son mari et sa fille, les soldats français arrêtent ses parents, pour les envoyer en déportation. « Nous ne savions pas bien ce que cela sous-entendait... ». Embarqués en direction d’Auschwitz, ils n’en reviendront jamais. Les époux Le Bris parviennent, eux, à rejoindre Paris, après avoir dû « se cacher dans des talus ».

Les mois qui suivent sont « difficiles », emplis de « peur ». Jusqu’à ce soir de 1944 où, tandis que le couple a trouvé refuge dans une pension de famille, Blanche voit débarquer une milice composée d’un Allemand et de trois Français. Sa fausse carte d’identité ne les convainc pas. « Ils allaient m’embarquer mais la fin de la guerre étant proche, Pierre est parvenu à les soudoyer. On n’a jamais su comment ils m’avaient retrouvée... ».

« Le souffle, énorme, est passé au-dessus de nos têtes ».

À leur retour, Blanche et son mari retrouvent un Brest « dévasté ». Durant les premiers mois, comme il était impossible de s’y loger, ils habitent dans « une mansarde à Landerneau », qu’on leur « louait à prix d’or ». Des années « très difficiles », au cours desquelles le couple finit par s’installer rue Victor-Hugo, à Brest. « C’est de là qu’on était parti voir, avec ma fille alors âgée de 5 ans, le bateau qui brûlait dans la rade ». Au moment où l’Ocean-Liberty implose (26 morts, des milliers de blessés), « on était boulevard Gambetta : le souffle, énorme, est passé au-dessus de nos têtes… ».

Passé ce douloureux épisode, la suite sera plus douce. Parfumeurs puis grossistes, les époux Le Bris ouvrent une librairie, rue de Siam (en lieu et place de l’actuel Carré blanc). C’est là qu’ils feront la rencontre « décisive » d’un certain Jack Kerouac, venu en Finistère sur les traces de ses racines bretonnes, en 1965. Une époque où le couple fréquente aussi l’artiste brestois Pierre Péron, « un homme aussi doué qu’adorable ».

La nostalgie au placard

Près d’un demi-siècle plus tard, Blanche Le Bris, veuve depuis 2012, contemple ce passé sans nostalgie et « avec une vue déclinante : ce qui m’empêche de jouer au bridge mais qui m’évite aussi de voir mes rides », glisse-t-elle dans un large sourire. Les confinements successifs ? « Ils me rappellent la guerre : quand on s’arrête de vivre, sans savoir pour combien de temps… ». Un « mal nécessaire » que l’intéressée vit avec « fatalité », selon sa fille Jacqueline qui lui rend visite très régulièrement. Tout en gardant le contact avec les autres membres de sa famille - dont Oihan, le dernier de ses arrière-arrière-petits-fils - via Messenger. Ou comment regarder devant soi, encore et toujours.

 

E - Sources



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 André Croguennec - Page créée le 19/3/2019, mise à jour le 21/3/2019.

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