Jean Le Cocq |
Jean Le Cocq et son frère, Pierre, sont nés, au tout début du 20è siècle, à Bulat-Pestivien dans les Côtes d'Armor. Ce sont les enfants d'une famille qui en comptait dix. Comme beaucoup de jeunes bretons, à cette époque et plus tard, ils prennent la direction de la capitale pour chercher du travail.
Jean trouvera du travail dans l'industrie et s'installera à Clichy.
C'est dans les Côtes d'Armor que les deux jeunes hommes firent la connaissance de deux soeurs qui venaient de Kerdanguy en St-Servais (Kerdanguy, vous voyez cette ferme derrière le bois qui borde l'étang de Brezal, du côté droit).
Plus tard, ils les épousèrent toutes deux en région parisienne : Pierre prit pour femme Herveline Tanguy, le 1er juin 1933 à Clichy. Deux plus tard, Jean épousa Anne-Marie, le 19 janvier 1935 à Neuilly.
Puis, Jean créa le groupe folklorique des Bretons de Clichy, appelé "Treger ha Kerne", dont il prit la direction. Manquait-il de Léonards pour que le nom de "Leon" fut omis ? Pourtant son épouse et sa belle-soeur en étaient de bonnes représentantes.
Avec ce groupe, il organisa de nombreux spectacles et enregistra plusieurs disques de chants et de danses, qu'on verra plus bas. Il était parfois le chef d'orchestre et souvent l'un des musiciens.
Ayant pris sa retraite, il ira habiter définitivement à Keryano en Roscanvel en 1974. C'est grâce à Jean que le disque "Je chante à Roscanvel" a vu le jour en 1980. Il avait non seulement composé la musique mais aussi écrit les paroles. La musique populaire n'avait aucun secret pour lui. Il jouait aussi bien du biniou et de la bombarde que de l'accordéon (la boîte du diable), du saxophone et du banjo.
Jean s'intéressait à beaucoup de choses. A côté du breton (c'était un parfait bretonnant), il étudiait des langues étrangères comme l'anglais, l'espagnol et le russe. A 80 ans il avait fait un voyage en Russie. Il aimait le travail manuel comme notamment la fabrication de girouettes (il y en avait plein son jardin). on le voyait se promener en compagnie de sa femme Anne-Marie sur les chemins de Roscanvel où il aimait engager la conversation.
La signature de Jean Le Cocq
Plus bas, le groupe "Treger ha Kerne", avec Jean Le Cocq au premier rang à gauche. |
Voici comment Jean Le Cocq s'est mis à la musique, d'après sa fille Arlette Cadalbert :
"Mon père était le 8ème d'une fratrie de 10, les parents paysans à Bulat Pestivien puis à La Chapelle Neuve puis à Bégard. A 9 ans, il a eu un accident en jouant à saute-moutons et est resté handicapé le coude bloqué ne pouvant plus allongé le bras (cela ne se voyait pas). Il racontait que, plus grand, sa mère lui avait donné de l'argent pour s'acheter un pantalon et lui il s'était acheté un cornet à piston.
Il dormait dans l'écurie et avait le soir le temps de s'exercer tout à loisir, les chevaux ne lui disaient rien ! Il a du avoir des conseils car il savait déchiffrer les notes. Par la suite, il eut d'autres instruments car avant de quitter la Bretagne il animait les bals du côté de Callac avec un certain Poulichote et après ou avant Daougabel. Il jouait d'autres instruments banjo, mandoline. Après la guerre il déchiffrait, au saxophone, avec moi les chants à la mode ! Pendant un séjour à Kertanguy il avait taillé une tige de bambou de la longueur de pipeau percé des trous et dans une paille de blé fabriqué une anche et joué de ce pipeau, ma foi assez harmonieux. Revenu à Clichy il continua à jouer dans l'appartement et notre voisine du dessus qui était auvergnate, l'entendit et lui proposa une cabrette mais son handicap l'a empêché d'en jouer. Ça lui donna l'idée de rentrer dans le groupe B.A.S de Paris (Bagad Ar Sonerion). Par la suite, il fondera le groupe au sein des bretons de Clichy. Dans la continuité il écrira des chansons".
Un disque dont une chanson a pour objet l'Elorn : "L'Elorn au clair de lune"
Près d'un étang, au bord d'une rivière Cachée dans les collines du Léon Une chapelle aux murs couverts de lierre Semble veiller sur le pays breton. Le soir auprès du clocheton On vient chanter cette chanson Refrain
Non rien n'est plus beau Que l'Elorn au clair de lune Baignant les châteaux Les landes et les côteaux Non rien n'est plus beau Que la rade aux îles brunes Quand au fil de l'eau L'illuminent les bateaux |
On a tout dit du soleil de Provence On a vanté partout la grande bleue On a chanté dans tous les coins de France Les clairs de lune et les printemps joyeux Mais pour le tango des beaux cieux On redira et c'est bien mieux On a rêvé sous le ciel d'Italie Dans le parfum des belles nuits d'été On a aimé la verte Normandie Dans le jardin fleuri de ses pommiers Avide de toutes ces beautés On reviendra pourtant chanter |
Sur la pochette, la photo de Raymond Bonno. |
Bal en Bretagne : Kenavo, La Paimpolaise, Jabadao, Gavotte De Guemene, Valparaiso, L'océan, La Dérobée De Guingamp, Pill ar lann, Fleur de blé noir - 33 Tours
Ci-dessus, Jean Le Cocq et
son épouse Anne-Marie Tanguy.
La chanson des bretons de Paris, 4 titres. Barclay. Ossian.
Chaque année, une jolie bretonne habitant la région parisienne est élue pour personnifier, durant douze mois, la Duchesse de Bretagne. Cette charmante tradition donne lieu à des réjouissances et attire une foule considérable.
C'est au cours de cette fête que fût créée officiellement
LA CHANSON DES BRETONS DE PARIS accueillie avec enthousiasme sous un tonnerre d'applaudissements.
CHANSON DES CERCLES CELTIQUES (De la dispersion) dans ce document sonore, les techniciens ont voulu donner l'impression du " pris sur le vif ", et ils ont réussi.
LA FETE A ROSCANVEL Un coeur + un esprit + une plume subtile = une chanson vivante. Bravo Jean Le Cocq.
KOUSK BREIZ IZEL Chanson trop connue pour être commentée ici.
Les plus jolies chansons de Théodore Botrel
Mes souvenirs : Jean Le Cocq à Pont-Christ un dimanche :
Un jour vers 1970, Jean Le Cocq était venu à Pont-Christ pour assister, et peut-être participer, aux parties de pétanque régulières du dimanche après-midi. Il voulait faire connaître ses dernières compositions aux joueurs de boules. Je l'accueillis donc au PN 289 avec ses amis pour leur permettre d'écouter, sur ma chaîne HI-FI, le disque où se trouve la chanson "L'Elorn au clair de lune".
Les souvenirs d'Arlette, la fille de Jean Le Cocq :
Dans Liou Kraon, Couleurs de Crozon d'août-septembre 2008, Arlette Cadalbert raconte son enfance...
O tiwall ar saout e foennog lenn Brezal. Piv, e-touez an dud erruet war an oad dija, n'eo ket bet o tiwall ar saout war ar maez, e Breizh izel, war dro ar bloavezhioù hanter kant, a-raok ma z'eo deuet ar "po-saout" gant an iliktrisite ? |
En gardant les vaches dans la prairie de l'étang de Brézal. Qui, en Bretagne, parmi les gens d'un certain âge, n'est pas allé garder les vaches à la campagne dans les années 50, avant l'arrivée du "Po-saout" (1) avec l'électricité ? En tout cas, Netig, y est allée, bien qu'elle soit née dans la région parisienne ! La prairie était le lieu préféré des enfants et des vaches ! On faisait un barrage avec des cailloux et de l'herbe. Une truite ou une anguille était attrapée à la fourchette par les cousins ! | |
(1) Nom donné au fil électrique, remplaçant du gardien des vaches. |
Arlette Le Cocq en costume local
"Melle Arlette Le Cocq (photo en costume
avec coiffe n° 8) vient tous les ans passer
ses vacances à Kerdanguy".
(Le Télégramme du 7/10/1954)
Jean Le Cocq et son épouse,
Anne-Marie Tanguy, à Roscanvel
(source Bulletin n° 7)
E koun Jean Le Cocq.
Kement den a zo o chom e Roskañvel a anaveze Jean Le Cocq aet da anaon un nebeut bloavezhioù zo. En tu all da gant bloazh e vefe gantañ hiziv. Goude bezañ bet o labourat er stalioù labour ijinerezh e Paris e oa deuet da chom, evit mad, e Keryanno e Roskañvel, ur wech tapet e leve gantañ e 1974.
Ur c'helc'h keltiek en doa krouet e Clichy, e lec'h e oa o chom. Meur a bladenn kanaouennoù ha dansoù e oa bet savet gantañ d'ar mare-se. Ma'z eo deuet ar bladenn « Je chante à Roscanvel » e-maez e 1980 eo a-drugarez da Jean. N'eo ket hepken ar son met ivez ar pozioù a oa bet savet gantañ war ar bladenn-mañ. Evitañ ne oa sekret ebet gant ar musik-pobl. Kenkoulz e teue biniou ha bombard gantañ hag ivez akordeoñs (bouest an diaoul), saksofon ha banjo.
Dedennet e oa gant kalz a draoù. Ouzhpenn ar brezhoneg (ur brezhoneger eus ar c'hentañ e oa), studiañ a rae yezhoù estren evel ar saozneg, spagnoleg ha rusianeg. Bet oa bet ober an droiad e bro Rusia pa oa 80 bloazh. Plij a rae dezhañ al labour-dorn ha dreistholl ober marc'hoù-avel (leuniet e oa e liorzh ganto). Gant e wreg, Anne-Marie, e veze gwelet o vale war hentoù Roskañvel e lec'h e plije dezhañ toullañ kaoz gant an dud. Trugarez a lavaromp dit, Jean, kement a labour az peus graet evit ar brezhoneg da yezh-vamm (ganet e oa en Aodoù an Arvor, e Bulad-Pestivien).
N'ankounac'homp ket ac'hanout.
Bulletin de Roscanvel N° 7 - 1er trimestre 2013
Sell 'ta pebezh oto iskiz ! Biskoazh kement-all !
War dro bloavezh 1937 eo bet tennet ar foto-se gant va zad, me 'ni eo ar plac'hig vihan (2 vloaz ?) ken moutig all a zo er c'houfr en adreñv, ma maeronez a zo oc'h ober neuz da vleinañ, an div all a zo kenitervezed din.
Ur vélocar eo ar wetur bihan-se e galleg. Graet eo gant koad contreplaqué (ma 'm eus soñj mat) ur c'hapotenn dirollapl en a-dreñv evit nompaz bezañ glebiet gant ar glav.
Mont a ra en-dro gant nerzh an divesker, ret eo pedaliñ ken ha ken ! Ha graet eo bet an dra-se gant va zud e-pad ur pennad mat a amzer.
Pa veze un diskenn vras gant an hent, dalc'het am eus soñj gwelet anezho pedaliñ, pedaliñ ken ha ken, evit kaout lañs da zevel ar c'hra a zeue war lerc'h hag erruet en nec'h tout ez aent goustadig, goustadig, poan gante pouezañ war ar pedalennoù.
Pa oa tost fin ar brezel pe goude, e oa bet lakaet ur moteur bihan war ar c'harr-se, mont a rae en-dro propik, met lazhet e oa diouzhtu pa veze gwelet un archer bennak. Ur soñj am eus e oamp o sevel kra « Sèvres » gant nerz ar moteur pe hini va zud o pedaliñ, Mamm-gozh Bear gant he c'hoef poch azezet er c'houfr fas din, mont a reomp da j/Chaville da di va maeronez. N'on ket evit lavar bremañ hag an dra-se oa iskiz pe get da c'houlz-se !!!
Klevet am eus va zad o lavar o doa klasket tec'hel kuit dirak an alemanted e-pad an exode deus Clichy betek Kallag. Siwazh ar re-mañ a oa erruet ken abred hag int-i.
Arlette, d'ar 5/7/2013
Autres souvenirs d'Arlette Cadalbert à Kertanguy
Jean Le Cocq (de Callac), animateurs des "Bretons de Clichy", vient créer "fête à Roscanvel"(Le Télégramme du 26/4/1962)
"Sous ce printanier frimas des haies et des vergers, Roscanvel, village de la promise et du col bleu, a l'air d'une marquise à l'époque du vertugadin", ainsi chantait Saint-Pol Roux le Magnifique à l'heure où les pompons rouges ponctuaient tous les forts de la côte. Roscanvel avait donc déjà son poète.
Voici que ce nom vient tenter un musicien, un Breton de Callac (1), attiré chaque été par ce bout du monde. Il s'agit de Jean Le Cocq, un fanatique du biniou, président-fondateur du groupe folklorique "Treger ha Kerne" des Bretons de Clichy. Il vient de sortir un disque, "Roscanvel en fête", où il célèbre la joie qui préside à chaque fête annuelle, joie que l'on retrouvera à la mi-août prochaine.
"La fête à Roscanvel" est interprétée par le ténor Raymond Bonno, accompagné par un quatuor à vent, sous la direction de M. J.-A. Driesch, ancien chef d'orchestre des variétés de Radio-Rennes. Les couplets sont touchés par cette nostalgie dont Chateaubriand est le père, mais le refrain, bien enlevé, ne tardera pas à être sur toutes les lèvres dans la presqu'île.
Sur la même cire, Jean Le Cocq, au biniou, et Gérard Bonno, à la bombarde, ont enregistré "Kousk Breiz Izel", "La chanson des Bretons de Paris" et la chanson des cercles celtiques (hors de Bretagne). Toutes les paroles sont en français.
Ce disque dédié à la fédération des Sociétés bretonnes de Paris et de la région parisienne, est appelé, certainement, à connaître un bon succès.
(1) En effet, Bulat-Pestivien, où est né Jean Le Cocq, se trouve près de Callac.
André J. Croguennec - Page créée le 14/9/2018, mise à jour le 26/1/2021. | |