Le chant grégorien en Bretagne au Moyen-Age |
A propos de la Psallette grégorienne de La Roche-Maurice, en retraçant l'histoire du chant grégorien, nous avons évoqué l'existence d'une école de chant grégorien spécifique à la Bretagne au Moyen-Age. Qu'en est-il exactement ?
"Une école bretonne de grégorien à St-Vougay" : C'est pourtant ce que semble indiquer Ulrich Michels dans son livre Guide illustré de la musique d'où est extraite la carte qui suit. Mais certains érudits de chez nous en doutent ? Dans un ouvrage aussi généraliste que celui-ci, l'auteur n'a pas pu approfondir tous les sujets. Peut-être a-t-il tiré une conclusion trop hâtive de la découverte d'un vieux missel à St-Vougay (photo d'une de ses pages plus bas, à droite).
La carte est extraite du livre Guide illustré de la musique par Ulrich Michels - Ed. Fayard 1993. Elle semble indiquer Saint-Vougay comme centre de l'école bretonne de grégorien.
La page manuscrite ci-dessus provient du missel de St-Vougay. Avec cet extrait du "Gaudeamus", elle nous montre le style de notation de la musique grégorienne qui a précédé l'écriture en notes carrées et l'utilisation de la portée à 4 lignes.
Le missel se trouve actuellement aux Archives Départementales à Quimper. Il date vraisemblablement du milieu du XIè siècle. Une description très précise en a été faite en 1842 par le comte de Blois, membre de la Société Archéologique du Finistère (ADQ 1 J 768).
Le missel de St-Vougay a été examiné par un certain nombre de spécialistes de la liturgie et du chant grégorien ou des érudits en manuscrits médiévaux.
On peut citer :
1 - Voici quelques extraits de ce qu'a écrit Michel Huglo :
A côté de cette notation spécifiquement bretonne, nous rencontrons des manuscrits de transition qui empruntent certains éléments à la notation bretonne et d'autres formes neumatiques à la notation française.
La majorité des manuscrits en notation bretonne vient de Bretagne, mais la plupart n'y sont plus actuellement conservés. [...] Les incursions normandes de 878-888 et celles du début du Xè siècle, après 907 et surtout 919, avaient incité clercs et moines à émigrer vers l'intérieur des terres, loin des côtes : on fuyait en emportant reliques et trésor, parfois aussi quelque évangéliaire précieux ou un indispensable missel. Les plus anciens sont donc à rechercher hors de Bretagne".
Il explique ensuite les particularités de chaque neume : Podatus (1, 2 et 3), Epsilon (4), Salicus (5), Clivis (6 et 7), Climacus (8 et 9), Quilisma, pressus et oriscus selon le contexte (10), Strophicus (11), Torculus (12), forme particulière (12 bis). Mais nous ne rentrerons pas ici dans ce détail. | |
Le document de Michel Huglo se poursuit par l'inventaire des manuscrits bretons en Bretagne et ailleurs, et la description des notations qui s'y trouvent. L'article de Jean-Luc Deuffic sur la notation neumatique est un complément à celui de Michel Huglo, il donne des précisions sur les manuscrits et surtout des références pour les retrouver. |
En ce qui concerne l'abbaye où a pu être réalisé le manuscrit, Jean-Luc Deuffic avance les arguments suivants : « La place de Corentin par rapport à Pol dans les litanies favorise un scriptorium cornouaillais ; de même celle de Guénolé en tête des non-pontifes milite en faveur de Landévennec ». On pourra constater ce positionnement de nos saints hommes dans le descriptif du comte de Blois, plus bas.
3 - D'autres manuscrits bretons (avec neumes) par origine :
Dans son ouvrage d'une trentaine de pages, Michel Huglo cite de nombreux manuscrits liturgiques. Mais, dans le résumé qui suit, je n'ai retenu que les ouvrages qui comportaient une notation en neumes bretons. On remarquera, étant donné l'ancienneté de la période de référence, essentiellement du IXè au XIIè siècle, que le nombre de manuscrits n'est pas négligeable :
4 - Conclusion :
Commentaires des érudits sur les écrits de Michel Huglo :
"... il ne faut pas oublier que les Bretons ont connu l'une des plus anciennes notations musicales connues, vers les Xè-XIIè siècles. Michel Huglo a mis en évidence l'utilisation d'une notation neumatique bretonne originale. Il faut signaler, ce qui devrait intéresser les historiens que la notation bretonne se trouve utilisée dans deux centres principaux : la Bretagne armoricaine et le diocèse de Pavie en Italie. Michel Huglo remarque cependant que Pavie forme un noyau sans influence alors que la Bretagne exerce son action sur les centres voisins. ..."
dans Église, Éducation, Lumières... Histoires culturelles de la France (1500-1830), en l'honneur de Jean Quéniart par Alain Croix, André Lespagnol, Georges Provost Presses universitaires de Rennes, p. 403.
Après ce court résumé des recherches faites par nos érudits, il est possible de se prononcer sur la vision présentée par l'ouvrage d'Ulrich Michels et qui nous avait interpellés :
Notice historique et descriptive par le comte de Blois - 9/2/1842 (ADQ 1 J 768)
Missel de St-Vougay ou Boga, nommé aussi Nouga en quelques lieux,
livre conservé religieusement dans la paroisse de St-Vougay.
Le livre que l'on conserve de temps immémorial et avec un respect religieux dans l'église paroissiale de St-Vougay, située à environ 6 lieues à l'ouest de Morlaix, à 4 lieues de St-Pol-de-Léon, jadis son évêché, et à 2,5 lieues au N.N.O. de Landivisiau, département du Finistère, arrondissement de Morlaix, est en effet un très ancien manuscrit quoiqu'il ne paraisse pas comporter la haute antiquité que lui attribue la tradition populaire du pays.
Ce manuscrit en parchemin, écrit sur deux colonnes, est du format petit in-folio d'environ un pied de long sur 6,5 pouces de large, il est en très mauvais état et a été endommagé par les injures du temps et de l'humidité au point qu'il y a des endroits où l'écriture est effacée et à peine lisible ; les couleurs et les dorures qui ornaient jadis ses lettrines n'en offrent plus que de faibles traces à peine discernables. Il ne paraît pas que ses marges aient été illustrées de dessins et de peintures comme on en voit en plusieurs manuscrits des siècles subséquents. Ce livre a été relié en veau à une époque assez ancienne, mais le relieur a rogné, outre la marge, 6 à 7 millimètres de l'écriture des colonnes extérieures ce qui gêne pour les lire. De plus des feuillets se trouvent transposés sans aucun ordre, de manière qu'il n'offre aucune suite et qu'il faut connaître parfaitement les matières dont il traite pour pouvoir y retrouver quelque ordre et y comprendre quelque chose.
Ce livre ne contient que 47 feuillets entiers, le premier et le dernier qui sont blancs et sans écritures ; il y en a un qui est coupé en travers par la moitié, d'autres ne tiennent plus du tout et un très grand nombre de ceux qui composaient l'ouvrage lorsqu'il était complet n'y existent plus et se trouvent perdus, mais on peut voir aisément, par les fragmens qui subsistent encore, que ce livre est un Missel Romain en grande partie, mais où le rite est souvent mélangé, d'autres prières et oraisons appartenant au rite gallican qui était en usage dans les gaules avant le règne de Charlemagne. On sait que ce prince ayant désiré établir pour l'uniformité le rite romain dans ses états y éprouva de la difficulté. Plusieurs églises se conformèrent à sa volonté, mais un très grand nombre voulurent retenir leurs anciens usages et modes de prières et de cérémonies auxquels les peuples étaient accoutumés et qu'elles tenaient aussi des disciples des apôtres qui avaient travaillé à leur conversion au christianisme.
Les épîtres et les évangiles ne sont pas toujours les mêmes que dans le missel romain, des collectes et des oraisons y sont plus multipliées : il y a des préfaces propres pour beaucoup de fêtes, même de saints, et de plus quelques unes en usage à Rome pour les grandes solemnités y sont différentes. On y voit aussi quelques prières et cérémonies qui n'appartiennent pas à ce rite. On n'y trouve point de prose comme on en remarque dans les anciens missels des Eglises de France ; au reste la transposition des feuillets et le désordre qui rendent difficile l'examen et les recherches que l'on voudrait faire à cet égard, joint à ce que sur beaucoup d'entr'eux l'écriture en est effacée par le temps et rendue absolument illisible.
Il est à regretter que les feuilles de ce livre qui contenaient la liturgie de la messe se trouvent perdus, il eut été curieux de les comparer ainsi que ses cérémonies à celle dont on se sert de nos jours ; mais parmi les feuillets qui restent il n'en est pas un seul qui ait trait à cette partie de l'office divin ; cependant on ne peut pas douter que le manuscrit n'ait contenu jadis la liturgie du sacrement puisque dans des fragments des messes de Noël, de Pâques, de la Pentecôte on trouve les petits changements relatifs à ces fêtes et qui sont encore en usage de nos jours. Dans les débris qui y restent de l'office du samedi saint on remarque les prières pour l'administration du baptême, prières dont plusieurs sont conformes à l'usage de Rome et d'autres en diffèrent ; elles sont en plus grand nombre que de nos jours et les exorcismes y sont plus multipliés. On y trouve aussi des fragments d'oraisons pour les cathécumènes dont le baptême était encore réservé à cette époque aux veilles de Pâques et de la Pentecôte, à moins qu'il n'y eut quelques dangers, ce qui a été observé jusqu'au XIIè siècle, et l'indication de quelques cérémonies particulières pour cette occasion ; mais ce qui est curieux ce sont les litanies des saints que l'on chante entre la bénédiction des fonds et la messe du jour.
Ces litanies comprennent les noms des saints qui se trouvent dans celles du Missel Romain, d'abord la Ste Vierge et les anges et St Jean ; les apôtres et évangélistes, auxquels on a ajouté St Cléophas (l'un des disciples), les saints papes qui se trouvent dans le canon de la messe, auxquels on a joint St Sixte, St Denys qui divisa le territoire de Rome en paroisses ou évêchés vers le milieu du IIIè siècle, St Agapet, St Eleuthère qui envoya des missionnaires dans l'ouest de l'île de Bretagne sur la demande de son roi Lucius vers la fin du IIè siècle, St Marcelin dont le pape avait envoyé les reliques à l'abbaye de Theden sur la demande du roi Nominoé en 848, St Fabien qui envoya des missionnaires dans les Gaules sous l'empereur Philippe vers le milieu du IIIè siècle. Parmi les saints martyrs, on voit St Martial, St Cyr. Parmi les saints évêques ou abbés, on voit St Martin, St Benoît, St Germain d'Auxerre qui fut envoyé dans l'ouest de l'île britannique par l'Eglise des Gaules, 1° en 429 sous le pape St Sixte III pour y combattre l'hérésie de Pelage, 2° en 434 pour établir dans ce pays la discipline de l'Eglise romaine.
On trouve ensuite les 4 grands docteurs de l'Eglise de Rome, St Ambroise, St Jérôme, St Augustin et St Grégoire, auxquels on a joint St Hilaire.
Après viennent les sept premiers évêques des sièges bretons : St Samson, évêque de Dol alors archevêque ; St Macutas ou Malo, de St Malo ; St Tugdual de Tréguier ; St Brieuc, évêque de St Brieuc ; St Melaine ; St Paterne de Vannes ; St Corentin de Quimper ; St Guenoloc ou Guénolé, abbé de Landevennec en ce diocèse ; St Paul évêque de Léon ; St Paulinien, autre évêque de ce diocèse ; St Colomban ou Coulm, l'ancien patriarche des moines du nord, écossais et breton et apôtre des Pictes septentrionaux ; St Tudy, patron de Tréouttré, à présent Penmarc'h ; St Loheua ou Laouenan, patron de Treflaouenan ; St Cognogan, évêque de Quimper, natif du pays de Léon ; St Houardon, évêque de Léon, patron de Landerneau ; St Bringnaladre ou Brevalzer, patron de Loc-Brevalaire ; St Huarnn ou Hervé, patron de Lanhouarneau ; St Guinou ou Gouesnou, évêque de Léon, patron de la paroisse de son nom ; St Suliau, patron de Sizun ; St Derrien, patron de Commana et du Drennec ; St Eneur ou Eneour, de Ploneour en Cornouaille et probablement jadis de Plouneour-Tres et Plouneour-Menez en Léon. Parmi les saintes, on ne voit de bretonnes que Ste Brigitte ou Berhet, vierge irlandaise, patronne de Loperhet, près Châteaulin. Tous les lieux que l'on cite ici comme dédiés à ces divers saints sont des paroisses qui appartiennent les unes à l'évêché de Quimper, les autres à celui de Léon et dont plusieurs ont encore conservé leurs noms et les autres leur culte. Il y a en outre quelques uns dont les noms sont illisibles et d'autres tels que Sts Becheré, Bodiané, Budmaile (Botmael) qui ne nous sont pas connus comme patrons de paroisses mais auxquels on avait dédié des chapelles dans le pays.
Ces litanies contenant le nom des saints encore honorés dans une partie de la Bretagne prouvent d'une manière incontestable que ce missel a été fait pour et dans ce pays à une époque bien éloignée de nous. La situation des lieux où le culte de ces saints était établi vient encore confirmer le fond de la légende de St Nouga ou Vougay que nos Bretons nomment souvent Bouga. Cette légende dit que ce serait l'un des successeurs de St Patrice, apôtre des Irlandais, sur le siège d'Arnagh, fatigué du fardeau de l'épiscopat qu'il n'avait accepté que malgré lui et désirant mener une vie plus parfaite quitta l'Irlande et vint aborder à la côte de Penmarc'h dans notre Cornouaille au lieu où est à présent la paroisse de Treguennec ; qu'après avoir résidé durant quelques temps dans cet endroit, le bruit de ses vertus, ses prédications et ses miracles ayant attiré auprès de lui une grande quantité de peuple, il résolut, pour s'y dérober et vaquer plus tranquillement à ses exercices de piété, de pénétrer plus avant dans la contrée ; qu'il traversa la rade de Brest et se rendit dans le pays de Léon avec quelques disciples qui l'avaient suivi ; qu'il s'établit dans le lieu qui porte encore son nom et qui était alors au milieu d'une épaisse forêt ; qu'il y édifia un oratoire et quelques cabanes pour lui et ses disciples ; qu'il y mourut saintement et fut enseveli par ses disciples dans son oratoire ; que ses miracles ayant fait connaître sa sainteté, son corps fut tiré de terre et exposé à la vénération publique et que pour le soustraire aux ravages de Normands, qui infestaient la côte et le pays aux IXè et Xè siècles, il fut transporté hors de Bretagne.
Ce missel est écrit en carectères du XIè ou XIIè siècles : les lettres sont généralement bien formées, mais on peut remarquer que quoique du même temps le tout n'est pas écrit de la même main ; l'écriture est nette et serait facile à lire si les nombreuses observations qui s'y trouvent et dont quelques unes sont assez singulières n'offraient pas des difficultés à ceux qui n'y sont pas accoutumés. Cette date qu'indiquent les caractères fait juger que ce missel n'était pas celui dont se servait St Vougay qui vivait vers la fin du VIè siècle ; l'écriture de ce temps offrant des différences avec celle des XIè et XIIè, qui peuvent cependant avoir été des copies.
Ce livre paraît avoir été non seulement un missel, mais même un livre de choeur ou de chant. Les parties de l'office qui doivent se lire sont écrites en caractères plus gros que celles qui doivent se chanter. Les interlignes de celles-ci qui offrent plus d'espace sont remplies de caractères musicaux tels qu'ils étaient en usage avant que Guy Darrezzo qui vivait vers la fin du XIIè siècle eut inventé les portées ou lignes sur lesquelles on pose les notes carrées du plain chant qui était la musique d'alors.
Les signes musicaux qui ont précédé ces notes ont varié suivant les temps et peut-être les lieux. On les appelle neumes. Ceux que l'on voit dans ce livre consistent en des points placés tantôt isolément, quelquefois les uns sur les autres dans des directions obliques ou verticales et à différentes élévations probablement pour indiquer celles de la voix en des figures en forme de crochets, de petites lignes droites obliques, d'autres se joignant à des points plus gros et d'autres offrant différentes formes dont il serait difficile de donner une idée précise. Mais ce genre de notation se rapproche assez du specimen indiqué comme du Xè siècle dans l'instruction sur la musique envoyée par M. le ministre de l'instruction publique et annoncée comme étant rédigée par M. Bottée de Toulmon.
Il y a lieu de présumer que ceux qui ont écrit ce livre étaient des moines appartenant à l'ordre de St Benoît autant qu'on peut le penser d'après le nom des saints invoqués dans les litanies qu'il contient. On sait que les moines bretons qui composaient seuls le clergé de l'Armorique et des Iles Britanniques suivaient la règle de St Colomban l'ancien ou des moines d'Ecosse et qu'ils n'adoptèrent celle de St Benoît que par ordre et en vertu d'un décret de l'empereur Louis le Débonnaire lorsqu'il vint en Bretagne en l'an 818.
Du reste ce livre, dans l'état pitoyable où il se trouve et quelqu'ancien qu'il soit, ne peut être que d'une ressource assez faible pour les savants qui trouveront dans les bibliothèques bien des livres aussi précieux pour l'antiquité, mais du moins plus complets et plus en ordre que celui-ci, tandis que ce missel malgré son mauvais état est vraiment un monument pour le pays en faveur duquel il a été fait et qui en conserve les débris depuis si longtemps avec un soin aussi religieux en le plaçant en dessous du tabernacle de l'église paroissiale ; les habitants le regardent comme relique précieuse de leur antique patron à laquelle leurs pères attachaient des vertus particulières, telles que celles de guérir des fièvres ceux qui en étaient atteints : On peut conjecturer que c'est même de cette idée qu'est due en partie la perte de plusieurs de ses feuillets, dont on aura découpé des morceaux pour opérer la guérison de ???. On peut en effet y remarquer un de ces feuillets coupé par la moitié avec des ciseaux et dont l'autre a probablement été employée comme topique à cet usage soit en entier soit par morceaux. On sait aussi que, lors des grandes fêtes et particulièrement à celle de St Vougay, on donnait son missel à baiser aux fidèles comme une relique. La population de nos campagnes y attache toujours un sentiment de vénération que notre siècle a de la peine à comprendre, parce que la foi s'y est éteinte en grande partie, qui n'a rien de dangereux quoiqu'il paraisse ridicule à quelques esprits, mais qui a l'avantage de maintenir la foi chrétienne qui est la base de notre morale et qui la rend obligatoire. Il est un fait attesté par l'histoire, c'est que la doctrine morale des philosophes grecs et romains, quoique pure, n'a jamais pu avoir qu'un assez petit nombre d'adeptes même assez peu d'accord entre eux, tandis que la morale chrétienne attachée à une religion, plus à la portée de tous les coeurs et de tous les esprits s'est répandue par tout le monde et y règne, on peut le dire, en dominatrice.
On pense donc qu'il serait fâcheux et même injuste d'enlever à l'église de St-Vougay ce monument d'antiquité qu'elle conserve avec soin depuis plus de sept siècles, auquel elle attache tant de prix, qui ne peut être que d'un secours très secondaire pour les savants et qu'ils peuvent d'ailleurs venir consulter dans les lieux pour lesquels il a été fait et qui doit être naturellement celui de son dépôt (*).
Signé A. de Blois.
(*) Malgré cette préconisation, le missel se trouve désormais aux Archives Départementales du Finistère et il est consultable sur internet.
André J. Croguennec - Page créée le 28/9/2018, mise à jour le 30/9/2018. | |