La bienfaisance à La Roche |
En 1774, Mgr de La Marche, évêque de Léon, lance une enquête sur la mendicité dans son diocèse. Ce faisant, il satisfait à une demande de Turgot qui vient d'accéder aux affaires de l'Etat. L'évêque adresse un questionnaire à tous ses recteurs, responsables de paroisse. Concernant La Roche et Pont-Christ, qui sont des trèves de Ploudiry, comme Loc-Eguiner, La Martyre, Pencran et St-Julien de Landerneau, c'est donc Guillaume Le Bris, recteur de Ploudiry, qui répondra à son prélat.
Il en ressort, notamment, que les trois quarts de la population des trèves de La Roche-Maurice et de Pont-Christ sont à l'aumône, alors que sur l'ensemble de la paroisse les habitants qui sont dans une nécessité réelle ne représentent qu'une huitème partie de la population.
Par une fondation faite par Mr Arnault du Thoya en 1695, l'hôpital général de Landerneau est obligé d'entretenir 12 pauvres de la paroisse de Ploudiry et de préférence ceux des trèves de Pencran et de La Roche-Morice.
On trouvera l'intégralité des réponses du recteur en cliquant sur le petit livre vert .
Il est intéressant de lire la réponse à la question 4, dans laquelle le recteur propose, pour supprimer la mendicité, de créer "une espèce d'hôpital" où les mendiants seraient nourris et soignés, mais aussi formés pour le travail. Cette idée annonce ce qu'on essaiera de faire au début du siècle suivant.
L'enquête de Mgr de La Marche a été rassemblée dans un ouvrage Les recteurs léonards parlent de la misère par Fañch Roudaut, Daniel Collet et Jean-Louis Le Floch. J'en ai extrait ce qui concerne Ploudiry, et donc La Roche et Pont-Christ. Les questions posées par l'évêque apparaissent ici en italiques et elles sont suivies des réponses du recteur.
(1) Le 27 novembre 1715 est signé le "contrat de vente d'une maison [..] à Landerneau [..] à M. de Thoya, en qualité de gouverneur de l'hôpital pour la somme de 3.000 livres dont 2.000 fera partie des deniers légués par le sieur du Thoya, son oncle, au dit hôpital pour l'entretien de deux pauvres, à joindre à sa fondation pour l'entretien de 10 autres faisant 12 de la paroisse de Ploudiry." H. PERENNES, Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon, dans Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, 1932, p. 62.
(2) La comparaison des réponses des recteurs de Ploudiry et de Plouedern révèle de très nombreuses ressemblances.
(*) Note personnelle : Il semble, cependant, qu'un hôpital se soit créé à Pont-Christ. Cet hôpital se trouvait au bourg de Pont-Christ : car on trouve mention de "liorz an hospital" dans le cadastre napoléonien en 1811, il s'agit de la parcelle 457 qui part de l'Elorn et s'étend vers le sud en longeant la route qui passe sur le pont.
La mendicité était encore importante en France au début du siècle. Aussi Napoléon entreprit de la faire cesser, et par un décret impérial daté de Bayonne, le 5 juillet 1808, il décida que la mendicité serait défendue dans toute l'étendue de l'Empire ; que les mendiants de chaque département seraient arrêtés et conduits dans des établissements auxquels il donnait le nom de Dépôts de mendicité, aussitôt que ces dépôts seraient établis. On devait en créer un dans chaque département.
En conséquence de ce décret, 77 dépôts de mendicité furent successivement organisés pendant les années 1809 à 1813. Tous ces dépôts étaient institués sur le même plan. Un règlement commun, en date du 27 octobre 1808, déterminait en détail le régime économique, industriel et moral de ces maisons de répression.
Suite à l'injonction impériale, le préfet du Finistère, Honoré-Gabriel de Miollis, va tout mettre en oeuvre pour créer un dépôt dans le département. Le 6/11/1809, il rédigera un rapport, destiné au ministre de l'intérieur, "sur les moyens de pourvoir aux dépenses de différentes natures nécessaires pour l'établissement du dépôt de mendicité de ce département, lesdites dépenses calculées sur la réclusion présumée de 800 mendians" (AN F/16/1084).
En 1809, trois établissements ont été retenus pour être candidats à devenir le "dépôt de mendicité" du Finistère. Ils sont présentés dans le rapport que le préfet a rédigé à l'intention du ministre de l'Intérieur : la préférence du préfet Miollis c'est le château de Brezal (voir le chapitre dédié à ce sujet).
Mais, il n'y eut pas de "dépôt de mendicité" en Finistère. Cette institution, née de la volonté de Napoléon, ne devait pas lui survivre.
La commune de La Roche va donc devoir trouver des solutions pour venir en aide à ses mendiants et à ses indigents.
Le 13 novembre 1839, le sous-préfet de Brest, Cogagne, adresse une lettre au maire de La Roche pour connaître la situation de la commune. Elle commence par cette introduction :
"C'est un devoir pour une administration d'étendre sa sollicitude sur tous ceux qui souffrent et de veiller, autant qu'il est en elle, à ce que les objets de première nécessité ne manquent à personne. L'approche de la saison rigoureuse, pendant laquelle les travaux deviennent plus rares est l'époque naturelle où cette sollicitude doit se montrer d'une manière plus spéciale".
Je désire en conséquence que vous me fassiez connaître prochainement dans un rapport concis et vrai :
1° quel est le nombre de familles indigentes de votre commune
2° quel est le nombre d'indigents
3° par quel moyen les malheureux pourvoient à leurs besoins : de nourriture, de chauffage et de vêtements.
4° s'il existe quelqu'atelier ou quelques ouvrages auxquels on pourrait les employer tous ou quelques-uns
5° si généralement ils se livrent volontiers au travail
6° si la caisse communale leur donne des secours
7° si les aumônes sont nombreuses.
Voici en retour la lettre du maire qui a sollicité le recteur pour participer aux réponses, comme le suggérait le sous-préfet :
J'ai dressé un état de la population de cette commune que j'ai divisé en 3 catégories :
1. les journaliers sans état qui ont presque toujours de l'occupation,
2. ceux qui sont souvent sans travail,
3. ceux qui mendient habituellement.
Pour répondre à votre 1ère question, je vous dirai que 24 chefs de famille sont presque toujours occupés, 19 ne le sont que temporairement et 23 mendient habituellement, parmi ces derniers 5 sont infirmes. Je dois vous faire observer de plus que je ne mentionne que les chefs mendiants tandis que dans presque toutes les catégories les enfants mendient ; et d'après cela en faisant cas des variations qui peuvent arriver faute de travail, je crois pouvoir répondre à
Il serait vraiment nécessaire que le gouvernement s'occupât sérieusement des moyens d'éteindre la mendicité que je regarde comme une plaie rongeante et dont la pauvre Bretagne est fortement atteinte. Je crois que pour parvenir à ce but, il serait nécessaire de créer partout des comités locaux de bienfaisance dont les membres seraient choisis par les gens dévoués à cette cause. Quant au moyen ce serait d'empêcher la mendicité, de distribuer des secours aux infirmes incapables de travailler, d'employer les gens valides de préférence aux travaux des routes vicinales, départementales et royales, ainsi qu'aux travaux des ports, etc. Car journellement nous voyons, lorsqu'on entreprend des travaux de ce genre, que plusieurs fermiers attirés par l'appât du gain vont s'offrir à exécuter ces travaux et négligent fort souvent leur ferme. On pourrait aussi engager les habitants de chaque ville, village, à verser à la caisse communale de bienfaisance le montant des aumônes qu'ils distribuent, cela éviterait souvent les inconvénients qui résultent du mode actuel : l'encouragement accordé ainsi à la mendicité et quelquefois il arrive que ceux qui ont le moins besoin sont ceux qui en ont le plus.
Conséquences de cet échange
Il semble que cet échange entre la sous-préfecture et la mairie ait fait prendre conscience aux autorités supérieures qu'il était nécessaire d'intervenir pour proposer des aides aux communes. Voir :
- la lettre du préfet datée du 31/1/1846, qui propose une aide financière à trois communes de l'arrondissement de Brest, pour "extrême misère", dont La Roche
Nous Préfet du Finistère.Quimper, le 31 janvier 1846
Vu les renseignements qui nous ont été fournis par M.M. les sous-préfets de Brest et de Morlaix, sur l'extrême misère qui règne dans quelques communes de leurs arrondissements respectifs.
Vu le crédit qui nous a été ouvert à l'article 3, sous-chapitre 21 du budget départemental de 1845, pour secours effectifs en aliments dans le cas d'extrême misère, avons arrêté et arrêtons
Art. 1er - Les sommes suivantes sont accordées, à titre de secours par imputation sur le susdit crédit, aux communes ci-après, savoir :
Brest | Ploudalmezeau, section de Portsall | 100,00 |
Ile Molène | 50,00 | |
La Roche | 50,00 |
Ces secours seront immédiatement mis à la disposition de M.M. les maires là où il n'y a pas de bureau de bienfaisance, et en un mandat délivré au nom du receveur municipal de la commune, qui fera le recouvrement de la somme et en justifiera l'emploi par pèces régulières de la même manière que pour les autres dépenses communales.
Art. 2 - M.M. les Maires organiseront et présideront une commission de quatre membres pris dans le conseil municipal, pour opérer la distribution des secours dans la proportion des besoins de chaque famille. Les pièces de dépenses, arrêtées par cette commission seront admises à la décharge du comptable.
Art. 3 - Les commissions adhoc, comme celles des bureaux de bienfaisance, ne pourront faire leurs distributions en argent : elles devront être faites en aliments et vêtements pour ceux qui s'entrouveraient complètement dépourvus.
Art. 4 - Des expéditions du présent arrêté seront transmises à M.M. les Maires qui sont chargés d'en assurer l'exécution.
- et, plus tard, la décision de créer un "bureau de bienfaisance.
Décision :
La décision de créer un bureau de bienfaisance a été prise lors de la réunion du conseil municipal du 26/12/1846. Cette réunion du conseil faisait suite à une circulaire du préfet relative aux mesures à prendre pour secourir les indigents, et particulièrement pendant la mauvaise saison de l'hiver.
Lors de cette réunion, le conseil considérant que le nombre de mendiants est déjà important dans la commune et que "la grande quantité de manoeuvres qui, jusqu'à présent ont travaillé à la journée, soit dans les ateliers particuliers, soit aux travaux de la campagne, ne tarderait pas à doubler le nombre des mendiants, si l'ouvrage leur manquait", décide :
- de voter, pour l'exercice 1847, un crédit extraordinaire de 200 francs, qui serait utilisé à l'entretien des chemins vicinaux, afin d'occuper les journaliers au fur et à mesure qu'ils manqueraient d'ouvrage.
- de créer un Bureau de Bienfaisance sur le modèle que le sous-préfet propose dans son mémorial n° 404. Pour ce bureau, il propose au préfet les membres suivants :
1° Elie Combot, desservant 2° François Goavec, charbonnier 5° Yves Coloigner, cultivateur 4° Paul Cozic, revendeur 5° Ollivier Cessou, cultivateur |
6° Vincent Perramant, cultivateur 7° Allain Jezegou, cultivateur 8° François Abgrall, cultivateur 9° Jean Peron, cultivateur 10° Allain Gueguen, cultivateur. | Parmi ces personnes, le préfet a retenu : |
Mise en oeuvre et première action :
Puis le sous-préfet, dans une lettre du 11 janvier suivant, invite le maire à procéder rapidement à l'installation de ce bureau qui devra lui adresser la situation des indigents valides sans travail et des indigents invalides ou infirmes, avec un état indiquant le chiffre des nécessiteux et la somme indispensable pour satisfaire à leur besoin dans un temps donné. Et, si le bureau n'a pas de quoi couvrir l'intégralité de cette somme, il pourra demander une aide "à titre de secours sur le crédit d'un million ouvert pas l'ordonnance royale du 18 décembre dernier pour les établissements de bienfaisance". Le sous-préfet ne doute pas que cette aide arrive rapidement.
Effectivement, par sa lettre du 20 février, le sous-préfet annonce que le ministre de l'intérieur a accordé une aide de 200 francs et invite le bureau de La Roche à définir le mode d'emploi de cette somme.
Le 7 mars, les 5 membres du bureau réunis sous la présidence du maire, Lucien Bazin, décident "à l'unanimité que ce secours sera affecté en achats d'aliments tels que pommes de terre, pain, viande, riz ou autres substances analogues, et que les distributions en seront faites aussi souvent que possible, sur les listes dressées et révisées chaque fois par le bureau en ayant pour base les catégories suivantes :
1° les indigents infirmes et malades ;
2° les orphelins et fils de veuves ;
3° les indigents sans travail ;
4° les indigents non mendiants dont le salaire ne serait pas suffisant pour l'existence de leurs familles".
"Le bureau décide aussi que dans chaque catégorie les indigents chargés de famille seront inscrits avant ceux qui n'en auraient pas. Le bureau adopte aussi que chaque ration sera calculée par tête et par personne afin que les nombreuses familles soient secourues dans la proportion de leurs besoins".
Il décide d'acheter 500 kg de pommes de terre pour servir aux premières distributions et procède ensuite "à la distribution de 175 kg de pommes de terre réparties entre 70 indigents, à raison de 2,5 kg par personne ; ces pommes de terre ont été achetées avec les fonds provenant de l'allocation municipale et de quelques souscriptions particulières".
Objectif premier : extinction de la mendicité
L'objectif premier du bureau de bienfaisance est l'extinction de la mendicité. Une lettre au préfet nous renseigne sur les progrès réalisés en ce sens : "le nombre de nos pauvres s'élevait en 1847 au chiffre effrayant de 200 sur une population de 900 habitants dont on pouvait à peine compter 25 familles assez à leur aise.
Peu à peu le nombre des indigents a diminué parmi nous : en 1856, le nombre de pauvres n'était que de 75, en 1857 de 60, en 1858 de 51, en 1859 de 23, en 1860 de 14 et aujourd'hui ce nombre n'est que de 12.
Cependant, il faut aussi dans ce prodigieux décroissement du nombre de nos pauvres faire la part des travaux que le chemin de fer est venu faire exécuter chez nous".
Cette lettre précise aussi les principes retenus pour aboutir à ce résultat, dont le système d'aide individuelle nominative (voir plus bas). Les archives départementales à Brest conservent de nombreux documents, datés de 1858, qui ont servi à inventorier les pauvres et leurs besoins. Tous n'ont pas été retenus dans le système d'aide individuelle.
Distribution de denrées alimentaires et de vêtements
Cf notamment la distribution de pommes de terre en 1846 détaillée dans le paragraphe consacré à la création du bureau.
Création d'ateliers de charité
Travaux d'utilité communale exécutés dans le but de procurer des moyens de subsistance à la classe ouvrière
Détail des ressources
1° Prélèvements sur les fonds communaux | 400,00 fr. |
2° Prestations en nature affectées à ces travaux | 0,00 fr. |
3° Produit des souscriptions volontaires | 200,00 fr. |
4° Dons faits par les particuliers en argent, en matériaux | 0,00 fr. |
Total des ressources locales | 600,00 fr. |
Subvention accordée sur les fonds du trésor | 300,00 fr. |
Total général des ressources | 900,00 fr. |
Dépenses effectuées
Nature des travaux exécutés | Longueurs | Quantités | Dépenses |
1° Extraction des 2 rochers gisant dans la roche n° 3 de La Roche à Pont-Christ | 64,00 m3 " " 32,00 m3 | 51,90 fr. 30,00 fr. 39,87 fr. | |
2° Terrassements sur les routes n° 2 et 4, curages des douves, redressements | 1.200 m. | 36,75 fr. | |
3° Nivellement de la place aux foires près du presbytère | 800,00 m. | 36,75 fr. | |
4° Clôture du terrain de Kan Botloïs | 1.167,00 m. | 220,00 fr. | |
5° Extraction de moellons pour pontceaux (60 j. Plantec et fils, Cozic) | 64,00 m3 | 80,00 fr. | |
6° Terrassements du chemin n° 2 à Parc Huella (26 j. 3/4 Poisson, Lamy, Pilvin) | 200,00 m. | 25,30 fr. | |
7° Extraction de pierres blanches (70 j. Messager père et fils, Quillien) | 65,00 m3 | 99,50 fr. | |
8° Travaux de creusement pour les 2 grands ponceaux et les 6 moyens | 64,00 m3 | 27,75 fr. | |
9° Brisage de pierres à 1 franc le mètre (240 j. par les mêmes) | 180,35 m3 | 180,35 fr. | |
10° Répandage de pierres et curage des douves le long de diverses routes | 1.500 m. | 60,75 fr. | |
11° Achat de 3 pelles à attraits chez M. K/rien et réparation d'outils à Caroff | 7,93 fr. | ||
12° Creusement de douves sur la partie tracée du chemin n° 4 à K/aoul (15,5 j.) | 225 m. | 11,60 fr. | |
Totaux | 5.092 m. | 469,35 m3 | 900,00 fr. |
Dans le cadre des ateliers de charité, les travaux confiés aux personnes dans le besoin sont des travaux réalisés en extérieur (routes, clôtures) ne demandant pas une spécialité ou une qualification particulière.
N.B. - D'autres habitants de la commune s'occupaient aussi des chemins vicinaux.
A cette époque, le principe des "prestations" affectait au contribuable un travail d'entretien des chemins. Celui-ci pouvait se soustraire à cet impôt "en nature" par le versement d'une taxe.
Création d'un système d'aide individuelle nominative
Le principe est de sélectionner les vrais pauvres, ceux qui utiliseront l'aide à bon escient (et non pour persévérer dans leur paresse ou leur intempérance) et de les affecter à un ou deux bienfaiteurs. Voir l'explication détaillée de ce principe dans la lettre de 1861 et son application dans le tableau qui suit :
Répartition des pauvres entre les propriétaires et les fermiers de la commune qui se sont
chargés de fournir à leur première nécessité pendant l'année 1858-1859, comme suit :
N° | Noms des propriétaires et fermiers | Nombre | Noms de ces pauvres |
1 | Mme de Lavillasse du Pontois | 2 | Calvez Jeanne et Guillot François |
2 | M. de Lavillasse Léon du Pontois | 1 | Cueff Joseph |
3 | M. de Lavillasse Paul de K/nevez | 1 | Coloigner Olivier |
4 | M. Combot, curé | 2 | Roignant Marie et Le Bris Joseph |
5 | M. Coloigner, maire, du Quilloc | 1 | K/marrec Louise |
6 | M. Bodenez Jean du moulin du Caan | 1 | Buzaré Aline |
7 | Péron Jean de K/guinou | 1 | Blunven Françoise |
8 | Maguet Jean Marie du Cosquer Bian | 1 | Guevel Jean |
9 | Billon Hervé de Bot-Loïs | 1/2 | Calvez Hervé |
10 | Le Menn Jean-Marie du Frout | 1/2 | |
11 | Goavec, veuve François, de Baly-Cloatre | 1 | Plantec Izabelle |
12 | K/baol Jean de K/faven | 1/2 | K/lann, veuve, Anne |
13 | Cornily Allain de K/faven | 1/2 | |
14 | Le Roux François de Pennarun Huella | 1 | Le Gad Guillaume |
15 | Abgrall Jean de Tregastel | 1 | Le Gad Marguerite |
16 | Coloigner Yves de Pont-Christ | 1 | Le Gad Catherine |
17 | Vezo Jean-Marie du moulin du Frout | 1/2 | Razil Marie Jacquette |
18 | Cleac'h Hervé du Frout | 1/2 |
N° | Noms des propriétaires et fermiers | Nombre | Noms de ces pauvres |
19 | Elleouet François du Verger | 1 | Buzaré Guillaume |
20 | Miossec Jean de K/raoult | 1 | Crenn Jean |
21 | K/ouanton Pierre de K/nevez | 1/2 | Maurizur Yves |
22 | K/ouanton Yves de K/nevez | 1/2 | |
23 | Le Dall Jean du moulin de Ligouvean | 1 | K/marrec Françoise |
24 | Abgrall François de Pesmarc'h | 1 | Meurice Jean-René |
25 | Hamon Jean de K/raoult | 1 | Saout Marguerite |
26 | Gueguen Jean-Marie de K/amer | 1/2 | Floc'h Goulven |
27 | Gueguen Nicolas de K/amer | 1/2 | |
28 | Lidou Jacques de K/huela | 1/2 | Manac'h Christophe |
29 | Dall Yves de Morbic | 1/2 | |
30 | Cessou Olivier du Bas-bourg | 1/2 | Le Naour Hamon |
31 | Berthelot, veuve Allain, du Bas-Bourg | 1/2 | |
32 | Sibiril Guy de K/meur | 1/2 | Le Naour Guy |
33 | Sibiril Jean de K/meur | 1/2 | |
34 | Le Roux Joseph du moulin de La Roche | 1 | Coroller Joseph |
Fait en mairie à La Roche le 20 8bre 1858. Le maire. |
Autres actions diverses
Tanguy Jean Marie admis à une aumône, autorisé à mendier à la gare
M. le Maire expose que l'indigent et infirme Tanguy Jean Marie se plaint de ne pas recevoir d'aumône de la commune ; de ne pas pouvir quêter aux abords de la gare par suite de l'envahissement de ces abords par les enfants du bourg. Le Maire prie le conseil de vouloir bien faire connaître ce qu'il y a lieu de faire pour ledit Tanguy.
Le conseil, après avoir délibéré, considérant que le sieur Tanguy Jean Marie est des plus nécessiteux, qu'en outre il est infirme, déclare qu'il y a lieu de lui désigner une maison où il sera certain de recevoir une aumône et de prendre des mesures de police pour que les enfants du bourg n'aillent plus mendier aux abords de la gare, aux heures de passage des trains. (conseil municipal du 2/11/1896)
Autres actions au 20è siècle
Allocations municipales et subventions des administrations
Quelques exemples :
Dons des particuliers
Quelques exemples :
Attribution de biens immobiliers suite à la séparation de l'église et de l'état
Suite à l'inventaire effectué en 1906 les biens de la fabrique de La Roche (dont ceux provenant de la fabrique de Pont-Christ) vont tomber dans l'escarcelle du bureau de bienfaisance. C'est le cas par exemple :
- des parcelles A472, A473 et A474 (nouveau n° A510)
- et de la parcelle A434 (nouveau n° A448)
L'acquisition réelle de ces biens se fera bien plus tardivement (vers 1924 ou 1921. Voir le contexte sous couvert du petit livre vert). Cela expliquerait la remarque d'A. Fichou en annexe qui indique que les plus vieilles archives du bureau en mairie sont celles de 1921.
Ventes de terrains ou d'immeubles
A Pont-Christ, par exemple, vente des parcelles appartenant au bureau de bienfaisance :
Location de terrains ou d'immeubles
Rentes
Quêtes lors des mariages
Quelques exemples :
Autres recettes au 20è siècle
Voir le titre "Solidarité" sur le site de la mairie :
CCAS, Service d’aide aux personnes âgées, Aide à la personne, Epicerie sociale, Prévention et sécurité,
et le bulletin municipal d'octobre 2021, pages 14 et 15
Lettre au préfet vers 1861
Monsieur le Préfet
Ce document est un brouillon de la main de l'instituteur Cornec, qui était aussi secrétaire de la mairie. Bien qu'il ne soit pas signé l'écriture identifie son auteur.
Ce texte est peut-être incomplet, mais il est particulièrement intéressant par les principes qu'il énonce.
Par votre circulaire du 7 8bre présent inséré au n° 1576 du Bulletin administratif, vous nous engagez à vous faire un rapport sur l'extinction de la mendicité, c'est-à-dire ce que nous avons fait pour arriver à cette fin. Pour vous parler sans détours, Monsieur le Préfet, je vous dirai que l'oeuvre est bonne, et pour vous le prouver il me suffira de vous dire que le nombre de nos pauvres s'élevait en 1847 au chiffre effrayant de 200 sur une population de 900 habitants dont on pouvait à peine compter 25 familles assez à leur aise.
L'administration a commencé alors à s'occuper un peu de cette classe indigente, des secours ont été donnés aux invalides et du travail aux valides, laissant à ceux-ci, comme si je disais, l'honneur de se suffire à eux-mêmes. Peu à peu le nombre des indigents a diminué parmi nous : en 1856, le nombre de pauvres n'était que de 75, en 1857 de 60, en 1858 de 51, en 1859 de 23, en 1860 de 14 et aujourd'hui ce nombre n'est que de 12. Cependant, il faut aussi dans ce prodigieux décroissement du nombre de nos pauvres faire la part des travaux que le chemin de fer est venu faire exécuter chez nous.
Mais, Monsieur le Préfet, ce que je viens de vous dire ne prouve pas que l'oeuvre, toute excellente qu'elle est sous le rapport de l'humanité et de la morale, ne rencontre pas bien des contradictions. Non, Monsieur le Préfet, l'oeuvre ne se poursuit pas sans peine et sans contradiction : contradictions de la part des fermiers auxquels la commission propose de nourrir un pauvre un certain temps de l'année, mécontentement de la part des pauvres qui se trouvent chez des personnes peu aumonieuses, et ce n'est qu'avec la plus grande et en revenant à chaque instant à la charge que nous pouvons convaincre certaines personnes de l'efficacité de l'oeuvre.
Justification du principe adopté :
1. sélection des vrais pauvres
2. affectation à un bienfaiteur
Néanmoins, il est facile de voir qu'en répartissant nos vrais pauvres, ceux qui réellement se trouvent dans une indigence dont ils ne sont pas les auteurs, entre les familles aisées, nous ôtons à ces pauvres plutôt de profession que de biens, le droit de se présenter à nos portes pour escroquer l'aumône du vrai pauvre. Car aura beau chacun dire "je suis libre de faire mes aumônes à qui je voudrai", on pourra toujours, tout en louant la générosité de chacun, lui représenter que, quelque louable que soit l'aumône par elle-même, nous devons craindre de la faire à contre temps, et pour porter préjudice à la société en détournant de l'ouvrage ces lâches qui préfèrent la mendicité au travail, l'ivrognerie à la tempérance. C'est ce que fait l'aumône donnée à volonté. En effet, le vrai pauvre, sachant qu'un tel a déjà donné son aumône à un autre, n'ose se présenter ou ne se présenter qu'en tremblant à sa porte, sa voix est faible et au premier refus il se retire. Ce qu'il fait à cette porte, il le fait à toutes les autres et à la fin de la journée, il n'a quasiment rien recueilli, tandis que son devancier a fait une bonne collecte, pour la raison qu'il a parlé plus fort et mandé plus vite. Et n'est-il pas naturelque celui qui est sain et bien portant crie plus fort que celui qui est malade et infirme. On voit par là que le plus grande part de l'aumône n'est pas celle du vrai pauvre ; mais que s'en suit-il ? Le véritable pauvre est à plaindre, mais ce n'est pas le pis. C'est que cette grande part est tombée entre les mains d'un paresseux, et cette aubaine l'engage à le devenir de plus en plus ; ou est-elle tombée entre ls mains d'un ivrogne, ce sera pour lui un appât de plus pour sa gourmandise.
L'aumône au contraire donnée avec discernement, sur l'avis d'une commission qui aura dressé scrupuleusement la liste des pauvres dont il aura eu soin d'écarter les paresseux, les ivrognes, etc... Cette aumône ne peut produire que de bons effets : d'abord elle écarte de n'en porter les paresseux et les ivrognes qui, sachant qu'ils ne sont pas sur la liste, n'osent se présenter si effrontément et finissent par chercher leur subsistance, l'un dans le travail, l'autre dans la tempérance. Ensuite la vraie misère et soulagée, et puis, comme la commission à soin déliminer de sa liste les enfants, à fur et à mesure, qu'il deviennent capable de gagner leur vie. On les habitue ainsi de bonne heure au travail et à l'économie. On procure des bras au travail, tandis qu'on expose par des défauts, quelquefois assez cruels, les paresseux et les intempérants à subir la peine due à leurs vices.
En conséquence, l'oeuvre de l'extinction de la mendicité est bonne, excellente même. Elle est, il est vrai, bien difficile encore, mais il y a lieu d'espérer que l'autorité supérieure trouvera un moyen de l'adoucir, par exemple, en arrêtant la contagion par une peine ou une grande humiliation infligée à ceux qui se refuseraient à l'oeuvre, quoiqu'au su de tout le monde ils soient capables de sy livrer.
"Le B.A.S. CET INCONNU" par A. Fichou - 1979
Les bureaux d'Aide Sociale trouvent leur origine aux environs de 1905, lorsqu'à cette époque les Terres d'Eglise, appelées "Terres des Saints", deviennent propriété des communes. Ils furent d'ailleurs longtemps dénommés "bureaux de bienfaisance" jusqu'en 1953 pour venir en aide aux indigents, aux handicapés, aux plus défavorisés.
A La Roche, les plus anciennes délibérations du bureau de bienfaisance que l'on puisse consulter en mairie remontent à 1921.
En principe le bureau d'aide sociale fonctionne comme un conseil municipal. Doté de la personnalité morale, il dispose d'un budget propre.
Ses ressources sont constituées par :
- les subventions du conseil municipal ou autres,
- les produits de quêtes ou de collectes,
- les recettes provenant d'une partie des concessions du cimetière, d'une partie des amendes fiscales et des taxes sur les spectacles,
- les ventes éventuelles de terres dont il est propriétaire.
Le bureau d'Aide sociale est géré par une commission administrative composée d'élus municipaux et de membres nommés par la préfecture. Ces membres nommés sont normalent choisis parmi les personnes s'occupant d'oeuvres sociales. L'une d'elles représentant les associations familiales.
A La Roche, le B.A.S. est composé de 4 membres du Conseil : M. le Maire, Mme J. Beaumont, Mme A. Fichou, M. J. Porhel.
Quatre membres désignés : M. Marchadour Joseph, M. L'Her Louis, M. Morvan Louis, M. Abhervé Jean.
Le maire est président de droit.
Que peut faire concrètement le B.A.S. ?
- transmettre les demandes d'aides sociales de personnes résidant dans la commune au directeur départemental de l'action sanitaire et sociale en donnant son avis.
- distribuer des secours urgents en nature ou en espèces à ceux qui peuvent en avoir besoin,
- mettre en oeuvre des actions de prévoyance, d'entraide et d'hygiène sociale.
Comment fonctionne le B.A.S. de La Roche ?
Depuis que j'y suis nommée, c'est à dire depuis 1977, le B.A.S. s'est réuni 6 fois à l'occasion du vote des budgets.
On trouve parmi les activités qu'il a pu financer au cours des années passées :
- le repas des anciens, financé tous les 2 ans,
- des dons aux familles dans le besoin,
- des aides octroyées aux chômeurs (17 personnes pointent au chômage à La Roche),
- l'achat d'une partie du terrain de l'école neuve.
Elargir son rôle ?
Si certains B.A.S., en particulier ceux des grandes villes, font preuve de grande vitalité, force nous est de constater que les B.A.S. des petites communes n'ont pas les moyens suffisants pour mener à bien les actions qu'ils pourraient entreprendre. Cela tient encore au carcan administratif dans lequel ils sont enfermés par la tutelle, mais aussi au peu d'intérêt qu'on lui porte. Le B.A.S. est peu connu dans la commune, il faudrait sans doute réfléchir aux actions à mener pour qu'il sorte un peu de l'indifférence qui l'entoure.
A. FICHOU - Roc'h Morvan n° 22, décembre 1979
André J. Croguennec - Page créée le 7/3/2022. | |